La guerrière sursauta en voyant le prince. Il était étendu à même le sol, le dos nu marqué de coups de fouet. Il était vêtu d'un simple caleçon ample en tissu gris. Il gémissait. Weidji s'approcha et s'agenouilla devant lui. Il ne la voyait pas, presque inconscient. Elle leva son visage vers elle. Il ne devait être guère plus âgé qu'elle. Sa peau était plus foncée que la princesse, mais sous ses doigts, était extrêmement douce. Une barbe naissante entourait son menton, ainsi qu'une petite moustache contournait ses lèvres pulpeuses. Il se réveilla et recula sous l'effet de la surprise. La princesse l'observait toujours.

- Qui...qui êtes vous ? Aleta le prince en clignant des yeux.

- Rassurez vous je suis votre amie, déclara Weidji de sa douce voix.

Elle enleva son casque, révélant son visage féminin. Elle sourit en voyant l'expression de surprise se peindre sur le visage du prince.

- Mais qui êtes vous ? Répéta le prince, encore inquiet.

- Je suis Weidji, princesse et fille du roi Peyis II. Je suis venue vous délivrer.

- Princesse ?! Vous plaisantez ?

- Non, je suis bien une princesse. Mais appelez moi Weidji, s'il vous plaît.

- C'est le roi qui vous a envoyé ?

La princesse rit et secoua la tête. Elle rajusta ses tresses et les noua en une queue de cheval.

- Non, je me suis enfuie. Le roi n'était pas d'accord, bien évidemment. C'est, je le crains, une bien longue histoire...

Le prince sourit et s'approcha lentement, afin de ne pas réveiller ses douleurs.

- Eh bien je vous remercie, princesse Weidji. Moi je suis le prince Daby. Et je...

Il s'arrêta soudain et porta la main à son dos. Ses douleurs s'accentuaient. La princesse chercha rapidement quelques huiles et en mit sur ses blessures.

- Excusez moi, murmura Weidji, je vous ai fait mal.

- Non, répondit Daby en posant la main sur la sienne, je vous remercie.

Elle rangea ses affaires, mit son casque et lui tendit une chemise un peu trop grande pour elle.

- Enfilez cette tunique et nous partons.Il faut se dépêcher ; je suis sûre qu'une alerte a déjà été donnée.

Il l'enfila rapidement et se leva. Il s'appuya sur le mur et expira longuement. Weidji, voyant qu'il faisait beaucoup d'efforts, lui tendit sa gourde. Il la remercia et but quelques gorgées de bissap. Elle mit son sac en bandoulière et prit les clefs de la porte. Elle l'ouvrit doucement, de sorte à ne pas faire grincer le portillon. Elle sortit doucement. Et là, une dizaine de gardes l'attendaient, armes à la main.

- Alerte aux intrus ! S'écrièrent-t-ils en swahili.

Weidji jura et sortit son épée. Daby resta derrière, respirant bruyamment. Les soldats se jetèrent sur elle et elle parait les coups tant bien que mal. Cependant, elle chercha Daby du regard pour lui venir en aide. Celui ci prit une torche accrochée au mur et la projeta sur la troupe de gardes. Un des homme s'enflamma et s'enfuit en courant. Dans sa fuite, il entraîna des autres sentinelles qui couraient chercher de l'aide. Daby et Weidji en profitèrent pour sortir à leur tour. Ils arrivèrent bientôt à la cour. Les soldats étaient beaucoup plus nombreux et se tenaient alignés. Ils s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle. Le prince se tourna vers l'écurie. Soudain, il eut une idée.

- Et si nous volions des chevaux ? Nous irions plus vite. Qu'en dîtes vous ?

Weidji sourit. Elle approuva cette idée. Il se faufilèrent dans l'écurie et prirent chacun un cheval. Daby opta pour un pur-sang arabe noir. Weidji choisit un persan-arabe marron. Une fois prêt, ils montèrent dessus. Le cheval de Weidji émit un puissant énissement. La troupe de soldats se retourna d'un seul bloc. Ils s'élancèrent vers les deux cavaliers. Le cheval de Weidji se cabra et s'élança au galop. Le prince la suivit. Ils s'élancèrent dans vers la forêt. Daby la devança en riant. Ils s'amusèrent à faire la course puis, plus loin, les chevaux décidèrent de continuer au trot. Daby se rapprocha de Weidji.

- Qu'allez-vous dire à votre père ? Demanda-t-il.

- Je ne sais pas.

Il l'observa encore et la devança. Ils prirent la route de la vénérable ville de Peyis II.