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12 - Le Temps des Confessions

~ Ezilly ~


— Où sont Eck et ma cousine ?

— Ils sont en sécurité, ne t'inquiète pas. Chacun ici respecte Mama Erma, et personne ne fait rien sans qu'elle ne l'ait accepté.

— Cette vieille dame ne semble pas avoir toute sa tête, grinçai-je en revoyant ses mains posées autour du visage de mon petit frère.

Sho secoua sa tête, et s'appuya contre un arbre. Nous nous étions mis à l'écart du camp, et bien que nous avions tous deux conscience que nous étions observés par des membres du clan, nous profitions de ce semblant d'intimité pour faire le point sur la situation – et pour ma part, pour interroger l'ancien maître d'armes sur quelques éléments qu'il paraissait m'avoir volontairement dissimulés.

— Crois-moi, Mama Erma sait parfaitement ce qu'elle dit. Elle est la doyenne du clan, et surtout celle des esprits Orhs.

— Les esprits ?

— C'est comme cela que l'on nomme les membres du clan qui ont des capacités spirituelles. Tu apprendras, en découvrant le clan, que chacun ici possède soit des capacités physiques et techniques qui font de lui un « Guerrier », ou des facultés psychiques qui leur permettent de sonder les âmes, communiquer avec les morts, voir l'avenir, ou encore plein d'autres choses... Ces personnes-là sont appelées les « Esprits ».

— Je ne crois pas à ces bêtises.

— Pourtant, tu vas vite le faire en vivant ici. Personne ne peut mettre en doute la véracité de leurs aptitudes après en avoir été témoin.

Je levai les yeux au ciel et enfonça mes ongles dans la souche sur laquelle je m'étais assise. Si on m'avait dit que Sho croyait au destin et aux fantômes...

— Et toi, tu es quoi ?

Il esquissa un sourire et jeta un regard amusé à l'épée qui pendouillait à sa ceinture.

— À ton avis ?

— Je ne parle pas de ça. Je veux savoir ton nom, ton histoire, qui tu es réellement... Tu sais, toutes ses informations que tu m'as si bien cachées.

— Oh, Sia, ne joue pas à ça avec moi. Il y avait encore quelques jours, je pensais encore que tu étais une petite aristocrate qui avait grandi pourrie gâtée par son gentil et richissime papa. Au lieu de ça, tu as grandi dans une ferme et as déjà été torturée. Question secrets, tu penses que je rivalise avec toi ?

Je baissai la tête vers la mousse qui recouvrait la terre en carrant la mâchoire. Je ne pouvais en effet pas lui faire de reproches à ce propos. J'étais la première à mentir sur mon identité, depuis toujours.

— Excuse-moi, soufflai-je. C'est simplement que j'ai peur de ce que je vais apprendre.

Sho poussa un soupir et m'ébouriffa les cheveux, m'extirpant un autre grognement, avant de s'affaler face à moi, dos à l'arbre. Je levai mon regard dans ses yeux sombres, qui, à la douce lumière du soleil de printemps, prenaient des teintes noisette. Il était temps des confidences.

— Je suis né et j'ai grandi dans ce clan. Mon père était le Patriarche, c'est-à-dire le chef, et mon frère aîné Keraz était censé lui succéder. Mais à cette époque, la royauté commençait à faire la chasse aux nomades. Alors des affrontements réguliers avaient lieu entre les Orhs et les soldats de la couronne.

La respiration de mon frère factice se fit raide et sèche. Je voyais, à la douleur qui traversait ses yeux, qu'il n'avait sans doute jamais raconté cette histoire.

— Un jour, tous les guerriers furent réunis pour repousser les troupes de Weldriss hors du territoire occupé par les nomades. La première bataille est considérée un rite initiatique pour les guerriers. J'avais quinze ans, et je venais d'être nommé guerrier. Je fus le plus jeune à y participer.

— Et que s'est-il passé ce jour-là ? soufflai-je alors qu'il s'était tu.

— Ce fut un massacre total. Les survivants, dont moi et mon père, furent faits prisonniers et envoyés tous à l'est du pays. Le Roi avait ordonné que l'on nous déporte sur les îles Northwest, pratiquement inoccupées, afin que nous ne puissions plus revenir.

Je commençai à comprendre d'où venait la haine des Orhs pour la famille royale.

— Mais après quelques heures en mer, une tempête nous a surpris et le bateau a été basculé par les vagues. Et les Orhs... Les Orhs sont un peuple de la terre. Ils ne savent pas nager. Ils se sont tous noyés. J'ai vu mon père passer par-dessus bord. Peu de temps après, j'ai aussi sombré dans les flots. Mais ma mère, qui était originaire du bord de mer, m'avait appris à nager quand j'étais petit ; alors j'ai réussi à rester à la surface, agrippé à une planche, et à rejoindre la terre à la nage une fois que les eaux s'étaient calmées. J'ai passé des heures dans la mer gelée, en pleine nuit, sous le ciel déchainé. Et quand je suis finalement arrivé sur la plage, épuisé, j'avais perdu toute ma famille et les guerriers de mon clan. J'étais le seul survivant.

Les yeux écarquillés, j'étais incapable de répondre quoi que ce soit. Je m'attendais certainement à quelque chose d'horrible, mais entendre Sho me raconter de telles horreurs me brisait le cœur.

Il poursuivit, perdu dans ses souvenirs :

— Alors je suis rentré. Seul. Au campement du clan, il ne restait plus que les enfants, les personnes âgées, et quelques Esprits adultes qui n'avaient pas participé au combat. Mon père, le Patriarche, était mort, et mon frère avait été tué au combat. Alors les anciens ont pris la décision de céder le pouvoir aux quatre guerriers les plus âgés qu'il restait, divisant le pouvoir en raison de notre jeune âge : il s'agissait de moi et de mes trois meilleurs amis. Ad'makta avait vingt-trois ans, Forst vingt ans, et Onn'matteï avait dix-sept ans. On nous a appelés les Quatre Patriarches. Si eux ont rapidement pris en main leurs responsabilités, ce n'était pas mon cas. J'avais vécu le drame, et je débordais d'une soif de vengeance terrible. J'aimais mon clan, mais à quinze ans, lorsqu'on tue ta famille et ton peuple sous tes yeux, cela ne suffit pas. Alors je suis parti. Une nuit, j'ai fui, abandonnant mes amis et ma fiancée, et je ne suis jamais revenu. Je suppose que c'est pour cela qu'ils m'appellent tous le Patriarche traitre, maintenant.

Sa voix était froide, presque dénuée d'émotions, mais sa main tremblante me révélait combien il était bouleversé par l'histoire qu'il venait de raconter. Le regard perdu dans le sien, j'étais incapable d'articuler un mot. Mille questions se bousculaient dans ma tête, mais parmi elles seule la peine prenait le dessus. J'avais envie de lui dire que j'étais désolée, mais je savais que cela ne changerait rien.

— Et qu'as-tu fait, après avoir fui ?

Une grimace sombre déforma son visage.

— Tu veux vraiment le savoir ?

— Non. Mais je sais que je le dois.

— Je suis arrivé à la capitale, et j'ai vécu un certain temps dans les quartiers rouges.

Je plissai les yeux, me remémorant ce que j'avais autrefois appris lorsque je vivais au Palais. Les quartiers rouges étaient les plus pauvres de la capitale. Ils étaient surnommés ainsi, car le sang y était monnaie courante : lieu de dépravation, on y trouvait les bars aux activités les plus douteuses, des maisons closes, et tout un tas de réseaux plus ou moins hors-la-loi.

— Là-bas, j'ai retrouvé un groupe d'Orh qui avait été rejeté du clan, et j'ai vécu avec eux pendant cinq ans. Ces hommes-là sont des tueurs à gages et des voleurs. J'ai travaillé avec eux, moi aussi. Afin de vivre, j'ai tué, beaucoup ; des innocents, aussi. J'étais un orphelin ivre de vengeance, et j'ai sombré dans les vices les plus sombres. J'étais prêt à tout pour atteindre mon but.

— Ton but ?

À ce moment-là, Sho décocha son regard du mien, et un frisson d'effroi me saisit. Je le savais déjà, mais l'entendre me fit plus mal que je ne le pensais.

— Tuer la famille royale.

J'eus soudain peur de découvrir jusqu'où allait la vérité. Si Sho était devenu un des membres les plus importants de la Cour, ce n'était certainement pas une coïncidence. L'était-ce aussi, son amitié avec Wyer ?

À quel point nous avait-il menti ?

— À vingt ans, j'avais obtenu le rang le plus haut du clan. Avec quelques-uns de mes subalternes, nous avons monté un stratagème pour prendre en otage le Roi.

— Afin de le tuer ?

— Non. Afin de le sauver. À cette époque, je ne voulais pas me contenter de le supprimer. Je voulais me rapprocher au plus près de lui, pour instiller le mal au plus profond de sa famille, et de le faire souffrir comme il avait fait souffrir mon clan. Afin de me remercier, et après avoir été témoin de mes capacités de combat, il a décidé de m'intégrer à l'académie royale formant l'élite de l'armée. En un an, je suis devenu un des soldats les plus efficaces. C'est pourquoi je fus le premier désigné lorsque fut venue l'heure de choisir un nouveau maître d'armes.

Une larme coula sur ma joue, et Sho s'arrêta subitement de parler. Les yeux écarquillés d'effroi, je le dévisageai comme si cet homme qui me faisait face était un total inconnu. Cette histoire de haine et de vengeance ne pouvait pas être la sienne. C'était impossible... Le Shovaï que je connaissais était un homme un peu rude, mais qui était véritablement attaché à ses amis et à ceux qu'ils considéraient comme sa famille. Il était celui qui avait travaillé pendant quatre ans dans le plus total anonymat, dans l'unique but de faire vivre l'épouse de son ami et de soutenir un orphelinat. Il aimait les cheveux, et jouait avec les enfants. Jamais il n'assassinerait de sang froid des innocents pour de l'argent. Jamais il ne passerait six ans à préparer la plus horrible des vengeances, allant jusqu'à mépriser l'honneur et l'amitié. Cet homme-là n'était pas Sho. Je refusais d'y croire.

— Sia... Je t'en prie, ne me regarde pas ainsi.

Il tenta d'attraper mon bras, mais je me dégageai dans un pur réflexe. Je le regrettai aussitôt.

— Je ne veux savoir qu'une chose. As-tu atteint ton but ?

Il ne releva pas la tête. Je frémis.

— Non. Je ne l'ai pas atteint. J'en ai été incapable.

Je le dévisageai longuement, lui, sa peau tannée et ses cheveux qui ondulaient sur ses épaules. Je savais qu'il me mentait. Sho me regardait toujours dans les yeux quand il était sincère. Je me mordis la lèvre, et un goût de sang emplit ma bouche.

Je savais que son mensonge cachait un terrible secret. Et que ce dernier pourrait tout détruire. Ce fut peut-être par lâcheté, mais je n'eus pas la force d'insister.

Ce soir-là, alors que je posais des yeux étrangers sur celui que j'avais considéré comme mon frère, je me tus.

*°*°*°*°*


Le soir même, nous fûmes tous réunis sous la plus grande tente du campement. Un silence glacial régnait sur cette immense table autour de laquelle étaient assemblés aussi bien les Orhs que mes compagnons. Encadrée par Sho et Havin, je faisais face, en digne représentante de la famille royale, aux trois patriarches du clan. Forst, jeune homme aux yeux si plissés qu'il était difficile de percevoir la couleur de ses iris, avait un grand corps sec et un crâne dont les cheveux avaient été coupés à ras, laissant entrapercevoir une longue cicatrice qui coulait de son oreille gauche à sa tempe droite. Un peu en recul, il était appuyé contre les peaux tendues de la tente et observait la scène avec son regard de rapace. Le deuxième patriarche, un certain Onn'matteï, semblait davantage loquace. Vraisemblablement le plus jeune d'entre eux trois, il me dévisageait d'un regard curieux. Il devait être étonné de découvrir que la Reine, qu'il imaginait sûrement pleine aux as et hautaine jusqu'au bout des ongles, n'était en réalité qu'une jeune fille frêle et blessée. Avec ses longs cheveux noirs attachés en un chignon désordonné et sa peau encore marquée des taches de l'adolescence, il avait sans aucun doute l'allure la moins effrayante des trois chefs.

Je déglutis en reposant les yeux sur celui qui me faisait face : Ad'makta. Il dévorait depuis cinq minutes une cuisse de lapin ensanglantée à pleine main. Chaque fois qu'il y plantait ses dents acérées, il me jetait un regard de fauve, comme pour me faire comprendre qu'au moindre écart, je pourrais remplacer ce lapin. Ses bruits répugnants de mastication me donnaient des haut-le-cœur, mais je me fis violence pour ignorer sa provocation. Brisant l'immobilité dans laquelle mes compagnons et moi étions figés, je retroussai mes manches et attrapant la cuisse de lapin pour en retirer la fine couche de peau. Il n'y avait évidemment pas de couverts. Le visage totalement détendu, je plongeai la viande dans le gras qui faisait office de sauce avant de mordre dans la tendre chair. Plusieurs regards surpris, en premier lieu ceux de Sho et d'Eck, me fixèrent tandis que je dégustais ma nourriture avec les mains. Eux qui me prenaient tous pour une petite noble.... Je n'étais en réalité qu'une enfant qui gambadait autrefois pieds nus dans la forêt et se nourrissait de baies et de grillons grillés au soleil. J'avais grandi les mains dans la terre, portant les culottes trop grandes des fils de nos travailleurs. Une reine ? Quelle bonne blague.

Moi aussi, je pouvais manger comme une sauvage.

— Maintenant que nous sommes tous ici, j'aimerais bien savoir ce qui vous a donné le culot de venir nous trouver, cracha Ad'makta en toute diplomatie, entre deux morceaux de lapin.

Je reposai ma viande dans mon assiette et essuyai mes doigts sur le bout de ma robe, prenant mon temps avant de reposer le regard sur l'aîné des patriarches.

— Nous voulons que vos guerriers s'allient à nous pour mener une insurrection.

Sho manqua de s'étouffer avec l'eau qu'il était en train de boire. Du coin de l'œil, je le vis me dévisager, estomaqué par mon manque de tact. Forst émit un drôle de sifflement qui aurait pu s'apparenter à un ricanement si son visage n'avait pas été aussi raide. Quant à Ad'makta, il me jaugea une seconde d'un air sérieux, avant d'éclater d'un grand rire moqueur.

— J'apprécie ton franc-parler, fillette, mais je crois que tu n'as pas bien saisi la situation. Ta famille a massacré la mienne. J'ai davantage de raisons de te brûler vivantes que de te venir en aide.

— Cet homme, cette dynastie qui a longtemps pris pour cible votre clan, n'existe plus. Le précédent Roi est mort, déclarai-je en ne pouvant retenir un regard à Sho. La couronne revient alors à mon époux et moi-même. Avant que la guerre civile n'éclate, nous avions déjà amorcé des réformes, afin de remplacer les ministres actuels par des gens du peuple, des meneurs et des symboles de la justice et la liberté. Car c'est ce que nous voulons. Les massacres, le monopole de richesse et de pouvoir des élites, l'asservissement... Nous souhaitions abolir tout ça. Croyez-moi ou non, mais nous voulions changer ce pays.

— Quelle bonté, se moqua le chef Orh.

— L'homme qui attaque aujourd'hui la couronne est mon pire ennemi, et sera bientôt le vôtre si nous n'agissons pas. Il vous tuera, tous, parce que vous êtes une menace à son pouvoir. La répression que vous avez subie reprendra, et cette fois... Vous ne serez pas les seuls à être anéantis. Ce pays entier sera en proie au chaos.

Cette fois, personne ne rigola. Un long silence plana au-dessus des tables, autour desquelles personne n'osait plus manger. Après m'avoir longuement fixé d'un regard grave, Ad'makta se pencha vers moi en plantant ses coudes autour de son assiette.

— Poulette, tu m'auras presque fait pleurer. Mais tu sais, tu as beau me parler d'un ton sérieux, je ne vois en toi qu'une sale nobliarde désespérée parce qu'on lui a pris sa couronne. Tu viens ici, dans mon camp, accompagnée d'un gosse aveugle, d'un traitre, d'un étranger et d'une autre fillette tout aussi inutile et ridicule que toi. Tu es à peine plus âgée que ma fille et tu me dis être Reine. Tu me parles de danger et de souffrance, mais que sais-tu de la vie ? Tu pleurniches parce que tu as peur, mais la vérité c'est que tu n'as jamais souffert, sale aristocrate.

J'avais baissé la tête, assenée par ses insultes et moqueries. Des larmes de rage émergèrent de mes yeux. Mais au lieu de me laisser écraser par ses propos, je fis basculer ma chaise et me levais d'un geste raide. Puis, brutalement, je fis craquer les boutons qui attachaient ma robe dans mon dos, avant de laisser tomber cette dernière à mes pieds.

La tablée entière écarquilla les yeux en me découvrant ainsi, simplement habillée de mon jupon et bandeau de poitrine. Alors, je me retournai.

Et un silence plombant tomba quand ils découvrirent les horribles cicatrices qui recouvraient mon dos. Après de longues secondes, je fis volte-face. Le regard d'Ad'makta avait changé. Il ne contenait plus aucune lueur de moquerie.

— J'avais quatorze ans quand on m'a torturé, et que ces cicatrices ont été gravées sur ma peau. Et la personne qui m'a fait cela, c'est l'homme qui cherche aujourd'hui à s'emparer de Weldriss. Mon pire ennemi.

Je levai les yeux pour les planter dans ceux du grand patriarche.

— Mon père.

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