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11 - L'Appât

~ Wyer ~


Je fus réveillé par un jet d'eau glacé. Une toux terrible s'empara de ma gorge, et me secoua tant que je crus que j'allais en cracher mes poumons. On me tapota dans le dos, avant de passer un tissu sec sur mon visage pour m'essuyer.

— Allons bon, mon garçon, respirez.

J'attrapai au vol la main inconnue qui touchait mon visage, et lui arracha son mouchoir en dentelle, avant de me sécher le visage moi-même. Bordel. J'avais tellement soif ; et il avait fallu que cette eau atterrisse sur mon corps au lieu de ma bouche.

J'ouvris douloureusement les yeux, et mis plusieurs secondes avant de pouvoir adapter ma vision à la luminosité basse. Bizarrement, aucun lien ne me retenait ; j'étais assis, ou plutôt affalé sur un fauteuil en velours. Tiens. Il semblait que nous étions arrivés à notre port.

— Me reconnaissez-vous, Wyer ? questionna une voix à l'accent qui m'était familier.

Un pourpoint d'un blanc immaculé, étiré sur un ventre généreux ; un visage aussi rond que rouge, des traits mous et des petits yeux perfides : je hochai la tête. Je reconnaitrais mon oncle même au milieu d'une foule dense. Incapable de parler, je me contentai de détailler du regard son front dégarni, son double menton pendouillant et les anglaises blanches de sa perruque ; je plissai le nez pour tenter de résister à son parfum entêtant tandis que j'essayais de me remémorer à quand remontait la dernière fois que j'avais croisé ce vautour.

Oui, je me souviens de toi, enfoiré. Tu avais insulté mon père sous mes yeux.

Je découvris alors le visage de Mélodie, dont le doux regard inquiet me détaillait avec une certaine tendresse. Elle avait repris son apparence distinguée de Princesse. Ses cheveux blonds étaient bien coiffés, et sa robe, quoique pour une fois simple, provenait des plus belles soies de l'Empire. Elle s'assit élégamment devant moi, et posa sa main sur mon genou.

— Je craignais que vous ne reveniez jamais à vous, murmura-t-elle.

— Sommes-nous à Hoslward ? parvins-je articuler, ignorant son inquiétude.

— C'est exact, répliqua mon oncle, l'Imperator, avec un sourire.

Un rire sec s'échappa de ma bouche, et je passai les mains sur mon visage d'un geste fatigué.

— Alors je suis votre prisonnier.

Les yeux de vipère de mon oncle s'arrondirent d'un air faussement offusqué.

— Voyons, cher neveu, vous êtes avant tout ici pour être protégé. Je redoutais que vous ne vous blessiez, sur le front.

— De vous à moi, Votre Excellence, il n'y a plus lieu de sauver les apparences. C'est votre armée qui nous a attaqués, soutenant ces traîtres de De Carminn, en pénétrant sur notre territoire. Ne faites donc pas semblant de me soutenir, encore moins de me sauver. Vous n'êtes qu'un traître avide de pouvoir, prêt à profaner la tombe de mon père pour assouvir vos désirs.

Un éclair mauvais passa dans son regard, mais il ne se départit pas de son sourire.

— Je me désole de constater que vous avez une bien mauvaise image de moi. Puisque vous vous êtes assis sur le trône, vous l'avez compris : le pouvoir ne se joue pas avec les sentiments. Mes actions ne sont en aucun cas liées à votre personne, comprenez-le... Cela m'a fait de la peine de devoir m'attaquer à ma propre famille.

Pour toute réponse, je lui crachai sur les chaussures. Cette fois, son sourire tomba.

Ainsi, Hew m'avait bel et bien livré à son partenaire militaire. Je retroussai les lèvres, grimaçant un rictus. À sa place, j'aurais plutôt choisi de me venger. Il semblait plus discipliné que prévu. Ou bien était-ce les ordres de son père, le grand Radley De Carminn ?

Je ne me rappelai même pas des derniers jours du « voyage ». En discutant avec Mélodie, je compris que cela s'expliquait par mon état : il semblait que j'avais perdu connaissance il y avait plusieurs jours, et que mon geôlier n'avait pas pris la peine de me nourrir ou de me soigner, espérant sûrement que je crève sur le chemin. Comme je n'avais plus la force de me lever, la princesse Hoslwarde m'apporta un plateau avec une assiette qui me parut absolument délicieuse, après des jours de diète. Une fourchette à la main, je m'apprêtais à dévorer ce véritable festin quand je réalisai alors que j'allais encore une fois me restreindre : j'avais tellement peu mangé, depuis ma capture, que cette assiette pourrait bien me tuer. Tentant d'ignorer mon corps épuisé et pratiquement hypnotisé par cette nourriture, je me contentai de quelques bouchées et d'un verre d'eau. Il allait falloir y aller lentement.

Si un médecin semblait avoir soigné mes blessures, en particulier ma plaie à l'épaule, j'étais tellement faible que je fus incapable de me rendre dans un lit seul. Ma cousine dut requérir l'aide des gardes qui surveillaient ma porte, qui, à deux, finir par me trainer jusqu'à la chambre. Je dus m'allonger aussitôt, tant ma tête me tournait ; et je crus que j'allais à nouveau perdre connaissance. Mélodie tira une chaise et s'assit près de moi, trempant un linge dans une bassine d'eau et me l'appliquant sur mon front dans l'espoir de faire baisser ma fièvre. Je rivai un regard flou vers elle, et observai son visage concentré. Mon corps entier avait beau me faire souffrir le martyr, mon esprit se perdant dans les méandres de la souffrance et de la faim, le plus douloureux était cette inquiétude sourde qui me perçait le cœur. J'étais si loin... Si loin de ma famille. Ne pas savoir où pouvait être mon épouse me crevait le cœur. S'était-elle faite capturée par son père ? Ou avait-elle fui hors du pays ? Était-elle toujours avec Shovaï, était-elle allée chercher son frère ? Alors que je fixais le plafond blanc aux magnifiques sculptures, de lourdes larmes coulèrent le long de mes joues.

Ezilly me manquait.

Je veux rentrer chez moi.

Je restai de longs jours ainsi, prostré dans ce lit froid, le cœur vide. Je mangeais chaque jour davantage, si bien qu'au bout d'une semaine, je fus à nouveau capable de marcher normalement. Mais on avait beau m'avoir sauvé, cela ne signifiait pas que j'étais libre : ma chambre de rétablissement était devenue ma prison. On avait clouté ma fenêtre, tandis que l'appartement était bien évidemment placé suffisamment haut pour que je ne puisse pas sauter. À ma porte, deux gardes surveillaient les entrées et les sorties. Je n'aurais sans aucun doute eu aucun problème à les assommer et sortir, mais dans cet endroit inconnu, truffé d'étrangers et d'ennemis, je serais rapidement repéré. À vrai dire, j'étais déjà venu dans cet immense palais, lors d'un voyage officiel avec mes parents, il y avait quelques années. Seulement, nous n'y avions passé quelques jours, et je n'avais pas eu suffisamment de temps pour découvrir les lieux – l'ensemble du palais d'Hoslward faisait cinq fois la taille de celui de Weldriss. Un grand palais pour un grand empire, dirigé par un empereur avide.

Quoiqu'il en fût, j'étais résolu à survivre. Même si pour cela, il me fallait me détourner de mes principes.

Je compris alors quelle serait ma planche de salut quand l'Imperator requit ma présence lors d'un diner avec des invités. Mélodie m'apporta une tenue – une de celles que j'exécrais, similaires à celles que mon père m'obligeait à porter lorsqu'il était encore en vie – et, escorté de mes deux fidèles gardes du corps, je me rendis à la salle de diner. Je blêmis en découvrant alors qui siégeait en face de l'Imperator : le Roi de Malaï. Ce même salaud qu'Ezilly détestait, et dont elle avait subi la politique dure et autoritaire lorsqu'elle vivait avec les plus pauvres de ce pays. Alors comme ça, lui aussi s'était ligué contre mon royaume ?

Cela signifiait-il que la résistance que j'avais abandonnée quelques jours plus tôt aurait pu provoquer une guerre continentale ?

— Votre Majesté, m'inclinai-je avec ironie en parvenant devant lui. Je vois que vous savez choisir vos amis.

— Apparemment mieux que vous, se moqua le porc face à moi dans sa langue, espérant sans doute que je ne comprenne pas.

Masquant tant bien que mal l'effroi et le dégout que m'inspirait cet homme, je m'assis à côté de ma cousine, jetant à peine un regard à mon ancien allié.

— Vous avez bien raison. J'ai sans doute été trop naïf, pensant que les décennies d'alliance entre nos pays me protégeraient des traitrises, répliquai-je en Malaïen.

Le Roi de Malaï se saisit d'une cuisse du cygne qui trônait au centre de la table et découpa méticuleusement la viande fraîche, avant d'enfourner une grosse bouchée dans sa gueule abjecte. Avisant l'oiseau dont la splendeur me passionnait, enfant, j'eus un haut-le-cœur et compris que je ne mangerai pas ce soir.

— Sans doute est-ce lié à votre inexpérience, mais vous comprendrez, si vous avez la chance de vivre quelques années de plus, qu'il n'y a rien de sentimental dans une alliance. Il ne s'agit que d'intérêts qui convergent, ou non, en fonction de la conjoncture politique, économique et sociale du continent et des nations qui le composent. Puisque depuis la mort de votre père, le pays s'effondre, nous, souverains limitrophes, n'avons plus d'intérêt à vous soutenir. Au contraire. Le peuple weldrissien vivra mieux sous la coupe d'un Roi expérimenté, en intégrant le système valide et ancien de plusieurs décennies du pays en question, plutôt qu'en suivant un adolescent qui ne pourra que le mener à sa perte. Je suis profondément attristé pour vous, mais l'histoire était écrite d'avance, Wyer. À l'instant où votre père est mort, Weldriss s'est écroulé. Mes alliés et moi-même n'avons fait qu'en protéger les ruines.

J'avais baissé la tête. Je savais que mon oncle avait raison. Là était la dure loi de la politique. Il n'y avait ni ami ni ennemi. Pourtant, je ne pouvais empêcher la rage de m'animer, en songeant à tous ces innocents qui avaient été maltraités par l'armée des De Carminn, ces prétendus « alliés » qu'évoquait l'Imperator Hoslward. À la mère de cette fillette qui avait été violée puis assassinée sans aucune raison. Que des souverains puissants m'arrachent le pouvoir, soit. Mais qu'ils l'offrent à un tyran tel que Radley De Carminn... Non. Nul raisonnement pragmatique ne pouvait justifier une telle décision.

Je repoussai mon assiette vide, et laissai échapper un rire sec.

— Arrêtez vos mensonges. Je me fiche que vous justifiez vos actes. Je n'ai aucune estime pour vous, et ce n'est pas en adoucissant nos relations que je vous respecterai davantage. À mes yeux, nous sommes tous semblables, dans notre espèce : des égoïstes répugnants et cupides qui ne se soucient que de leur richesse et leur pouvoir, ricanai-je.

Mélodie me jeta un regard alarmé que j'ignorai.

— Venez-en au fait. Dites-moi pourquoi vous m'avez épargné, et pourquoi vous me retenez prisonnier ici. Vous auriez pu me trancher la tête et l'exposer fièrement au bout d'un pic en guise de trophée. Qu'est-ce qui vous a empêché de le faire ?

Même si je me doutais déjà de la réponse, je voulais l'entendre de leur propre bouche.

L'Imperator et son collaborateur échangèrent un regard, pris de cours. Puis, lentement, mon oncle attrapa son fin couteau et caressa la lame, avant de la retourner vers moi. Je ne bougeai pas, impassible.

— Vous êtes un piètre diplomate, mon pauvre neveu. Si cela avait été un autre que moi, votre insolence vous aurait déjà valu pire que cette décapitation que vous semblez envier.

Il siffla, et riva ses petits yeux intelligents de vautour sur moi.

— Je vais être honnête avec vous. Votre vie n'a plus aucune valeur. Vous n'êtes plus rien sur l'échiquier politique. Vous êtes blessé, prisonnier, sans plus d'allié, de pouvoir ou de richesse. Si nous n'avons cure que vous respiriez ou non, ce n'est en revanche pas le cas de votre épouse. Ezilly De Welborn est, aux dernières nouvelles, libre et en cavale. Et contrairement à vous, elle représente une menace. Ainsi, selon nos renseignements, elle serait en compagnie d'un ancien membre des Orhs, ces nomades criminels, et aurait trouvé refuge au sein de ce clan, où elle préparerait une insurrection. Comptant le fait qu'elle est accompagnée de la Reine Mère, que le peuple la respecte et voit en elle le symbole d'une victime de la monarchie – en tout cas pour certains ; qu'elle reste la Reine, mais également une De Carminn, elle est une redoutable adversaire pour la nouvelle couronne. Tout ce qu'elle est représente une menace, car elle conserve un pouvoir dangereux, que même son père est incapable de contrecarrer.

J'avais caché mon bras tremblant sous la table. J'avais beau tenter de masquer l'émotion qui m'avait saisie quand l'Imperator avait évoqué Ezilly, cela semblait vain. Mélodie m'avait pris la main, serrant d'une poigne à la fois puissante et tendre ma paume, tenter d'apaiser la fièvre qu'avait provoqué la révélation de mon oncle.

Ezilly était toujours en vie.

— Mais cette jeune fille, aussi menaçante qu'elle soit, a une faiblesse, poursuivit mon oncle avec un rictus.

Brutalement, il planta la pointe de son couteau sur la table, juste devant moi.

— Vous.



Je fermai un instant mes paupières, tentant de reprendre contenance. Mais c'était impossible.

J'avais deviné juste quant à la raison de ma survie.

— Vous allez vous servir de moi comme appât pour tuer Ezilly, murmurai-je d'une voix tremblante.

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