Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

9 - Les Fantômes de mon Passé


~ Ezilly ~

J ~ J


- Ha... Havin ?

Je ne comprenais plus rien. Non, c'était impossible. Ça ne pouvait pas être lui.

Je clignai des yeux, figée.

Immobile, il me dévisageait comme s'il venait de voir un cadavre se relever de sa tombe.

- Miss Sia, est-ce que je dois l'égorger ?

Je faillis m'étouffer en réalisant que le jeune Ryan, le plus sage des orphelins, avait rivé sa dague sous le cou du voleur en même temps que moi. Encore un qui avait passé trop de temps avec Sho...

Je balbutiai quelque chose d'incompréhensible, qui ressemblait approximativement à des excuses, et éloignai ma lame du voleur. Celui-ci ne poussa même pas un soupir de soulagement. Il gardait les yeux rivés sur moi, paraissant totalement bouleversé.

Je rangeai mon arme ainsi que celle de Ryan, et pris le petit garçon dans mes bras pour le calmer. Ma petite troupe nous dévisageait avec de grands yeux effrayés. Le plus âgé, Pierre, serrait même dans ses bras la sensible Steele pour la rassurer.

Je balayai le voleur du regard. Ce n'était qu'un enfant. Mais il était plutôt grand et n'était pas rachitique, ce qui était étonnant pour un gamin des rues. Il devait avoir une douzaine d'années... Je déglutis, réalisant qu'Havin avait onze ans, aujourd'hui. Et il lui ressemblait tellement... Ses cheveux blonds étaient sales, mais bouclés comme l'étaient ceux de mon petit frère, et il s'agissait exactement des mêmes yeux noirs, ce regard si profond et brillant que je pouvais y voir mon reflet. Comment était-ce possible ?

Il s'approcha lentement de moi. Même si mon esprit rationnel refusait d'y croire, mon cœur savait, lui. C'était bien mon petit frère que j'avais devant moi. Car lors de notre petite altercation, ce qui m'avait fait hésiter était les mots qu'il avait prononcés. Les mots qu'il avait prononcés en Weldrissien.

- Tu es vivante... murmura-t-il. Ezilly... Tu es vivante.

Une boule d'émotion se forma dans ma gorge. Je n'arrivai pas à dire un mot. Mon petit frère. Comme il avait grandi...

- Je savais bien que je ne devais pas croire Hew. Il disait que ton mari t'avait tuée... Mais ce n'était qu'un mensonge pour me rendre triste, une fois de plus. De toute façon, Hew me déteste, alors il est vraiment méchant avec moi. Mais Ezilly... Qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi ne nous as-tu jamais envoyé de lettres ? Pourquoi as-tu disparu du Palais ? Alors tu étais vraiment en voyage ? Tu vas revenir, n'est-ce pas ?

- Havin, le coupai-je.

Je secouai la tête pour reprendre mes esprits, et posai à terre le petit Ryan. On ne devait pas rester ici. J'attrapai la manche de mon frère, et saisis la main de Pierre en demandant aux enfants de bien me suivre.

- C'est qui ? fit Jean en fronçant les sourcils. Pourquoi vous parlez bizarrement ?

- Ce n'est personne. On va à la forge rejoindre Sho, d'accord ? Son maître ne devrait pas être là, à cette heure. Vous pourrez regarder l'atelier, mais sans toucher à rien, compris ?

Ils hochèrent joyeusement la tête, l'étrange voleur aussitôt oublié. Je murmurai à Havin de ne pas dire un mot avant que je ne l'y autorise, et avançai d'un pas pressé dans la rue en jetant des coups d'œil autour de moi. Espérons que personne ne nous ait entendus... Et surtout personne qui ne parlait Weldrissien. Le moindre élément suspect mettrait ma couverture en danger... Avec son allure, Havin pouvait très bien passer pour un orphelin : mais son teint clair détonait dans ce village Malaïen. Ici, en été, le soleil était fort et à l'exception des nobles, tous avaient la peau hâlée. Les gens du village savaient que Sho et moi étions étrangers, alors personne ne s'était grandement étonné de ma peau claire ; mais pour un orphelin, cela était vraiment étrange.

Lorsque je poussai la porte de la forgerie, un grand soulagement m'envahit. Ici, nous ne risquions rien.

- Sia ! entendis-je crier à l'autre bout de l'atelier. Pourquoi m'as-tu ramené ces gosses ici ? Y'en a qui travaillent, tu sais !

Le visage noir de cendre de Sho apparut, et je me retins de rire.

- Tu es seul ? m'assurai-je en m'avançant vers lui, tirant toujours un Havin déboussolé derrière moi.

- Je l'étais, avant que ces petits diables ne débarquent. Le maître est parti vendre à la foire de la capitale... Tiens, c'est un nouvel orphelin ?

- On peut aller dans un coin tranquille discuter un instant ? marmonnai-je en avisant les enfants qui avaient envahi l'atelier. Ne touchez surtout pas aux armes ! leur criai-je. Pierre, je compte sur toi pour les surveiller.

- Bien, Miss Sia !

Je suivis Sho dans une pièce, entraînant Havin avec moi. Enfin, quand la porte se referma, je soupirai et m'avachis sur un tabouret.

- C'est quoi toute cette mascarade ? grognèrent mes « frères », l'un en Malaïen et l'autre en Weldrissien.

Je souris en réalisant que ces deux-là avaient exactement le même caractère bougon.

Sho fronça les sourcils et se retourna vers Havin.

- Tu viens de Weldriss ? gronda-t-il, sur ses gardes.

- Havin De Carminn en personne, renchérit mon demi-frère avec un rictus ironique.

Je tiquai. Cette expression... Un instant, j'avais cru voir notre père, Radley.

Sho nous dévisagea tour à tour, éberlué.

- C'est... Ton frère ?

- Quelle perspicacité, observa Havin avec sarcasme.

En plus d'avoir mauvais caractère, mon frère était devenu insolent, à ce que je voyais. À moins qu'il ne soit juste énervé de ne rien comprendre à la situation... C'était sans doute un peu des deux.

- Encore un abruti des De Carminn, à ce que je vois, déclara sèchement Sho en le foudroyant du regard.

- Ce n'est pas le moment, m'énervai-je. Havin, peux-tu nous expliquer ce que tu fais là ?

- Je te retourne la question.

Je soupirai. Décidément, il avait l'air d'être d'une humeur de chien.

- Je... J'ai fui le Palais, murmurai-je. Shovaï ici présent, le maître d'armes royal, et moi nous sommes réfugiés à Malaï sous une fausse identité. Personne ne sait qui je suis réellement, d'accord ?

- Tu aurais pu donner signe de vie ! Sais-tu à quel point j'ai été triste ? cria Havin, hors de lui.

- Je suis désolée... Mais, Havin... Je ne compte pas revenir à Weldriss. Je ne veux plus jamais entendre parler de mon pays natal. Weldriss me rappelle tant de souvenirs douloureux...

- Le Prince était si méchant que ça avec toi ?

Je souris tristement.

- Non. Au contraire. C'est bien ça qui me fait souffrir...

- Je ne comprends rien, souffla-t-il, agacé.

- Et toi, petit nobliau ? renchérit Sho. Qu'est-ce que tu trafiques, affublé en gosse des rues, à des milliers de lieues de ton somptueux manoir ?

- Je voulais m'enfuir, fit-il en se renfrognant. Alors Yasmine m'a dit que je pouvais me cacher dans un attelage royal qui partait le lendemain. Et puis quand je me suis rendu compte que nous étions sortis de Weldriss, j'ai voulu faire demi-tour, alors j'ai attrapé une autre calèche en espérant qu'elle me ramènerait dans mon royaume... Mais elle m'en a encore plus éloigné, au contraire, maugréa-t-il. J'ai atterri ici. Et comme je n'avais pas la monnaie du pays, j'ai fini comme ça, à la rue.

- Quel aventurier, mon p'tit gars ! se moqua Sho en lui donnant une tape dans le dos.

Havin lui renvoya un regard noir.

- Une seconde. Tu as dit... Yasmine ? C'est Yasmine, notre cousine, qui t'a aidé ? Elle travaille au Palais ?

- Oui. Je l'ai rencontré là-bas, parce qu'avant, Père ne voulait pas que je la voie. Elle m'a fait penser à toi, sourit-il.

- Pourquoi a-t-elle quitté la ferme ?

- J'ai entendu Maman dire que les récoltes avaient été terribles ces dernières années. Peut-être qu'elle avait besoin d'argent ?

Une boule d'inquiétude se noua dans mon ventre. Je ne parvenais pas à croire que la ferme, qui était auparavant si fructeuse, soit en difficulté... Je songeai à tante Délia, qui était toujours d'une énergie incroyable, secondée des six travailleurs de la ferme. Ça me paraissait impossible que tout cela s'arrête un jour...

- Bon, monsieur De Carminn, ici, je suis Sho, le grand frère de ta cousine Sia, compris ?

- Ma cousine Sia ?

- Ta sœur. À Malaï, son nom est Hortensia, et tout le monde l'appelle Sia. Quant à toi, tu es un cousin qui vient nous rendre visite depuis Weldriss, déclara Sho d'un ton sans appel. Sia, tu ramènes les enfants à l'orphelinat, puis on se retrouve à la maison pour faire le point avec ton frère, d'accord ? En attendant, je vais voir si je peux trouver un moyen de le renvoyer chez lui.

- Je ne veux pas rentrer, gronda Havin.

- Tu ne vas pas nous faire de caprice, menaça Sho. C'est toute notre vie ici que nous risquons de compromettre avec ta présence. On m'a chargé de veiller sur la Princesse, pas de m'occuper d'un morveux de riche qui se croit le bienvenu chez les autres !

- Je ne veux pas retourner dans une maison où mon frère me bat ! hurla mon petit frère, les larmes aux yeux.

Je me figeai. Son frère... Hew ? Il le battait ?

Je revis les images de la torture que m'avait fait subir mon père, et je ne pus réprimer mes tremblements. Hew ressemblait trait pour trait à son père.

- Hew te fait du mal ?

Havin se tut, les poings serrés et la tête vers le sol, comme s'il regrettait d'en avoir trop dit. Je l'attrapai par les épaules et le forçai à me regarder. Je plongeai mon regard dans ses yeux noirs. Et aux larmes qui les baignaient, je compris sans qu'il ait besoin de le confirmer. Une scène me revint en mémoire. Le dernier instant où j'avais vu mon petit frère.

C'était le soir de mon mariage, à la grande réception royale : les De Carminn étaient rapidement partis, pressés par Radley. Havin et moi nous étions disputés la veille ; et à ce moment, j'avais cru que je le quitterais sans même lui dire au revoir. C'était alors que mon petit frère avait surgi du couloir, revenant sur ses pas, et s'était jeté dans mes bras.

Puis notre père l'en avait arraché, avant de le gifler violemment.

- Ça va aller.

Je glissai mes mains autour du visage de Havin, qui me dévisageait avec désespoir.

- Je ne te laisserai jamais retourner à un endroit où l'on te frappe, murmurai-je. Tu m'as bien comprise ?

Sho eut un claquement de langue désapprobateur, avant de se retourner et de marmonner : « Je comprends pourquoi ils s'entendaient si bien, maintenant. Aussi inutilement sentimentaux. »

- Une objection ? demandai-je en tournant la tête vers lui, sur le ton de la question qui n'en était pas une.

Il leva les mains en soupirant, les yeux au ciel.

- Aucune, Votre Altesse. Vos désirs sont des ordres.

J'eus un sourire en coin, et pris Havin par la main.

- Allons-y. C'est bientôt l'heure de manger.

Nous sortîmes de la pièce et je réunis ma petite troupe autour de moi, avant de saluer Sho. Les enfants regardaient Havin en fronçant les sourcils, ne comprenant toujours pas qui était « personne ».

Je fis la route sans rien dire, sans même jeter un regard à mon demi-frère. Mon cœur battait la chamade à l'intérieur de ma poitrine. Quatre ans... Quatre ans que j'avais coupé les ponts avec ma véritable identité. Quatre ans que je n'avais plus eus de nouvelles de ma famille. Quatre ans que je vivais dans le mensonge et l'insécurité.

Et voilà qu'un fantôme de mon passé débarquait, bouleversant ma fausse petite vie tranquille : mon petit frère.

Dix minutes plus tard, les enfants poussaient le portail branlant de l'orphelinat en piaillant, ravis par l'odeur de potage qui émanait dans la maison. Havin me regarda sans comprendre, désorienté. Je lui fis signe de se taire et l'entraînai avec moi.

- Tu as trouvé un nouvel orphelin sur la route ? plaisanta Toa, une louche à la main, en découvrant le garçon.

- Pas cette fois... Ce blondinet est mon cousin, qui nous arrive tout droit de Weldriss.

- Oh, enchanté ! s'exclama mon ami avec un grand sourire. Je suis Toa.

Je traduisis à mon frère, en précisant pour Toa qu'il ne parlait pas un traître mot de Malaïen. J'inventai un prétexte pour justifier sa visite, et précisai qu'il logerait avec Sho et moi. À ce moment, Eck arriva, et il salua à son tour « mon cousin ».

Nous nous installâmes à table dans une ambiance joyeuse. Feignant de lui traduire les conversations, je racontai à Havin les grandes lignes de ce que j'avais vécu depuis que j'étais partie de Weldriss. Il m'écouta sans m'interrompre, sans ne sourciller une seule fois. Ce ne fut que lorsque je me tus, avec l'impression d'avoir vidé mon sac de souvenirs et de secrets, qu'il me sourit. Je revis, le temps d'une fraction de seconde, ce petit blondinet aux grands yeux noirs, grognon, mais intelligent, que j'avais rencontré quatre ans auparavant. Il avait beau avoir pris de nombreux centimètres et perdu ses rondeurs de l'enfance... Il était resté le même.

Une porte claqua, et nous nous retournâmes tous pour voir débarquer Sho de l'arrière, le visage et les vêtements noirs de cendre.

- Qu'est-ce que tu fabriques ? questionnai-je en me retenant de me moquer de lui.

Il ne me répondit rien, figé en fixant la porte. Je commençai à m'inquiéter en découvrant l'épée qu'il tenait à la main. Il était raide, sur le qui-vive. Comme s'il redoutait quelque chose...

C'est à cet instant que les petits Jean et Gustavio, qui étaient allés donner aux poules les peaux de carottes et de patates que Toa avait pelées, surgirent en fracas, faisant sursauter pour la seconde fois la petite Steele.

- Miss Sia ! Miss Sia ! Y'a des gens bizarres qui vous cherchent !

- Que...

- Laisse.

La voix de Sho avait sifflé, tendue. Il s'avança lentement vers la porte, tandis que je me levais, mon verre toujours à la main. J'avais un mauvais pressentiment.


Je me souviendrais toute ma vie de ce moment. De ces quelques secondes qui avaient bouleversé ma vie. Du bruit de foule qui parvint à mes oreilles quand Sho ouvrit la porte en grand. Celui de mon verre qui se brisait au sol après que le maître d'armes m'ait appelé par mon vrai nom. Et le bourdonnement qui emplit ma tête lorsque je découvris qui était derrière la porte.

Mon « Pourquoi m'appelles-tu... » fondit dans ma gorge. Je ne réalisai même pas que mes jambes avançaient toutes seules. Mon esprit s'était comme détaché de mon corps, dans un tel état de choc que je ne me sentais même plus respirer.

J'avais l'impression de flotter dans un drôle de songe.


Lorsque je m'arrêtai enfin sur le pas de la porte, celui qui avait été mon frère pendant quatre ans, ainsi que la garde royale de Weldriss, étaient agenouillés à mes pieds.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro