Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

36 - Les Ruines de Weldriss


~ Ezilly ~


— Je déclare officiellement le seigneur Hew De Carminn coupable de haute trahison. Sa tentative d'homicide sur un membre de la famille royale, ainsi que son deuxième attentat qui, en plus de blesser grièvement ma personne et mes proches, a causé d'irrémédiables dégâts collatéraux, seront punis par la peine de mort. Les De Carminn seront dès aujourd'hui dépossédés de leurs titres et leurs richesses seront confisquées. Il s'agit maintenant de capturer au plus vite ce criminel. Puis-je compter sur nos soldats pour mener à bien cette mission, monsieur le commandant de la garde royale ?

Ce dernier hocha la tête et ouvrit la bouche pour répondre, quand un des ministres prit la parole, l'interrompant brutalement :

— Sauf votre respect, Votre Majesté, nous n'avons aucune preuve de la culpabilité de Monsieur De Carminn.

Je me redressai sur le trône, dardant mon regard brûlant de rage contenue sur le vieil homme.

— Les agents de renseignements envoyés par mon époux viennent de nous le confirmer : parmi la clientèle restreinte qui a eu en sa possession l'arme à feu utilisé par l'assassin se trouve le nom de mon frère. Et j'ai en Mademoiselle Holly De Carminn un témoin précieux qui m'a confié que cet incident était bel et bien du fait de Hew. Nous avons également retrouvé d'autres témoins affirmant l'avoir aperçu en compagnie d'un homme suspect durant un diner à l'Auberge de l'Ombre, il y a une semaine précisément, ce qui prouverait qu'il serait en contact avec un gang d'assassins. Nos agents sont actuellement sur les traces de ce clan en question. D'autres preuves nécessaires, Monsieur le Ministre ?

Il grogna puis se tut, baissant la tête. Seule sur ce trône, j'avais la terrible impression que personne ne me prenait au sérieux. Peut-être était-ce parce que Wyer n'était pas là ? Parce que j'étais une femme ? Tous ces hommes poudrés et engraissés jusqu'au coup me dévisageaient avec une moue moqueuse et hautaine, comme s'ils ne voyaient en moi qu'une imposture. Je leur disais qu'on avait tenté de nous tuer, et ils souriaient.

— Majesté, je comprends le besoin de justice que vous ressentez, mais punir les De Carminn serait de la folie ! Weldriss ne tiendra pas une journée sans l'appui du Duc. La moitié de l'armée royale lui appartient, sans compter les millions dont il approvisionne régulièrement les caisses du royaume. Je regrette de vous le dire, mais la couronne n'a pratiquement plus de pouvoir sur le pays.

— J'en suis parfaitement consciente. Mais si nous n'attaquons pas directement les De Carminn, ils s'en chargeront en premier. Vous n'ignorez pas... Je veux dire, je crois que vous avez tous connaissance de l'acte de violence dont s'est rendu coupable mon époux le Roi envers Hew De Carminn. Mon père ne restera pas sans agir face à une telle attaque. Il est trop tard pour faire demi-tour, désormais. Nous devons maîtriser ma famille, sous quoi... Weldriss s'écroulera.

Un lourd silence pesa dans la salle de réunion, et je fermai les yeux pour prendre une longue respiration. Ce que je m'apprêtais à faire risquait de précipiter la fin du royaume, mais je ne voyais pas d'autres solutions.

— J'y ai longuement réfléchi, messieurs, et j'ai un projet à vous proposer. Aujourd'hui, le peuple craint le Roi. Il le considère comme un tyran et a peur de nous, ce qui fera de la moindre de nos erreurs une étincelle qui embrasera le pays tout entier. Avant même que nos voisins nous envahissent, Weldriss se soulèvera lui-même pour renverser le pouvoir et semer le chaos. Alors j'ai pris une décision. Comme vous le savez tous, les dix régions de nos royaumes sont fondamentalement différentes. Chacune a son histoire et ses héros. Et c'est d'eux que nous allons avoir besoin. Des hommes et des femmes du peuple, qui sont le symbole de la révolte et de la colère, du courage et de la bonté, qui sont aimés et qui savent mener le peuple. Les porte-paroles de ceux qui n'ont jamais eu le droit de hausser la voix.

À cet instant, ce n'était pas la Reine de Weldriss qui parlait. Ce n'était pas Ezilly De Welborn non plus. Non, c'était Sia, la jeune lavandière de Malaï, celle qui vivait dans le deuil et la misère en s'occupant d'un orphelinat, qui leva les yeux vers ces ministres orgueilleux.

— Je vais dissoudre ce gouvernement. Et je vais former le nouveau de ces héros du peuple qui sauront parler et nous dire comment gouverner. C'est pourquoi, messieurs, une fois vos travaux achevés, vous serez congédiés du Palais.

Un murmure de consternation parcourut la pièce, et les hommes se levèrent et crièrent, hors d'eux. Une volée d'insultes me tomba dessus, et un brouhaha indescriptible résonna dans la pièce. Sans la présence rassurante de Sho dans mon dos, j'aurais sans doute été terrifiée par cette dizaine d'hommes rouges de colère qui semblaient vouloir me tuer. Je serrai les poings. Observai calmement l'assemblée révoltée. Puis abattis violement mes paumes sur la table.

Le silence se fit aussitôt. Ils ne semblaient pas habitués à voir une femme faire preuve de brutalité.

— Ah, et j'oubliais, ajoutai-je avec un rictus moqueur. Pour vos bons et loyaux services, chacun de vous sera récompensé d'une terre et d'un titre prestigieux. Vous serez les nouveaux grands nobles de Weldriss. Et il va de soi que vous continuerez à siéger à la Cour.

Aussitôt, les lions se calmèrent, apaisés par la promesse d'une vie de luxe et de pouvoir. Ces hommes me révulsaient, mais je faisais mine de leur être reconnaissante. Cependant, au fond de moi, je savais pertinemment que si le royaume était si dépendant de ses aristocrates, c'était de la faute du régime de ces ministres dont la vie tournait autour de l'argent et de l'opulence. Ils semblaient avoir oublié que Weldriss était un pays composé de milliers de vies humaines. Ils gouvernaient un peuple dont ils n'avaient jamais fait partie.

Les heures qui suivirent furent plus apaisées. Je leur exposai la liste de ceux que j'appelais « les héros de Weldriss », et nombres d'entre d'eux firent débat. Des femmes au pouvoir ? Le royaume courait à sa perte. De simples roturiers à la Cour ? Dieu nous pardonne. Des anarchistes face au trône ? Vous n'avez plus toute votre raison, Votre Majesté !

En un après-midi, j'épuisai tous mes pouvoirs de négociatrice, et ma capacité mentale par la même occasion. Lorsqu'enfin, plusieurs heures après le coucher du soleil, l'assemblée se dissout, je crus m'écrouler de fatigue.

— Je dois être folle de réformer le gouvernement en pleine crise diplomatique et économique, soupirai-je en me prenant la tête entre les mains.

— Tu as bien agi. La première chose dont le peuple a besoin, c'est de pouvoir faire confiance à la couronne. Et si ton plan réussit, les fractures de Weldriss se résorberont enfin.

— Tiens donc, je ne t'aurais jamais cru d'une telle éloquence... Sho.

Devant moi apparut celui que j'avais cru perdre à jamais, il y avait quelques jours. J'esquissai un sourire fatigué, et son doux regard noir apaisa légèrement ma lassitude.

Quand Shovaï était revenu en sang du manoir des De Carminn, j'avais cru que mon monde s'écroulait une fois de plus. En un instant, j'avais perdu le peu de sang-froid qu'il me restait. Le médecin avait beau me garantir que la blessure de l'ancien maître d'armes était superficielle, ma nervosité avait déjà explosé. Si bien que même la détresse de Wyer n'avait pas su me détourner de ma colère. J'avais vu celui que j'aimais s'écrouler, se noyer dans sa culpabilité, mais je n'avais pas tendu une seule main pour le pardonner. C'en était trop.

La situation au Palais était si tendue que j'avais dû m'y précipiter dès le lendemain, et Sho avait tenu à m'accompagner malgré sa blessure. Depuis ces trois derniers jours, je n'avais que peu dormi, enchaînant les réunions pour tenter de maîtriser la situation du royaume qui s'aggravait chaque instant. Hosloward avait rompu toute communication, et la menace d'une invasion était imminente. Après que mon père se soit enfui avec ma famille en direction de la frontière Hoslowarde, le seul obstacle à la guerre restait la présence de la princesse Mélodie, qui, malgré son évidente hypocrisie, m'avait bien aidé ces derniers jours. Elle aussi était déterminée à conserver la paix sur le continent.

D'autres révoltes avaient germé aux quatre coins du pays, clamant que la couronne était corrompue et qu'ils refusaient d'être dirigés par un tyran comme Wyer. Et la quelque centaine de soldats qui étaient encore fidèles à la famille royale étaient déjà trop occupé à protéger les frontières pour gérer les conflits intérieurs.

Alors j'avais réfléchi encore et encore, songeant à comment de mes petites mains, seule sur ce trône vide, je pourrais redresser le pays. Car je ne pouvais pas compter sur Wyer : enfermé dans son bureau, il s'enivrait depuis que nous étions rentrés. Son état mental était bien trop instable pour que je lui demande quoi que ce soit.

De toute manière, j'avais refusé de le voir depuis qu'il avait blessé Sho.

Et c'est ainsi que j'avais eu l'idée de réunir ces mêmes personnes qui hurlaient à la corruption et qui voulaient réformer le pays : les rebelles. Ceux qui aux yeux du peuple, étaient le symbole de la liberté. Pour les dix personnes que j'avais choisies, j'avais rédigé des dépêches leur proposant de me rencontrer.

Je n'avais plus qu'à espérer que leur haine ne soit pas trop féroce.

Car la situation était désespérée.

— Sia, je crois que nous devons parler sérieusement.

Je relevai les yeux vers Sho. Quand il m'appelait ainsi, je savais qu'il ne s'adressait pas à la jeune reine Ezilly De Welborn, mais à sa sœur de Malaï.

— Tu ne peux pas continuer à ignorer Wyer. Il est dans un état inimaginable et je crois qu'il ne réalise plus ce qu'il fait. Cet incendie et l'état de Havin l'ont rendu fou, et il n'a pas pu contrôler sa colère envers Hew. S'il m'a blessé, c'est simplement parce que je me suis jeté devant lui pour l'empêcher de tuer ton frère. Il ne...

— Je sais tout ça, le coupai-je. Je sais, Sho, mais je suis trop en colère pour le pardonner. Quand je t'ai vu... Quand je t'ai vu en sang, je... J'ai revécu sa mort.

Je baissai la tête et me mordis les lèvres. Mon dos me brûlait. Sous la fatigue, mes cicatrices se réveillaient. Et celles de mon cœur aussi.

— Sia... Je crois que tu ne lui as jamais pardonné ce qu'il s'est passé il y a quatre ans, et que c'est cela qui te met en colère aujourd'hui. Ce n'est pas qu'il ait blessé Hew, qu'il ait compliqué la situation diplomatique, ou même qu'il m'ait enfoncé ce poignard dans le ventre. Cesse de te mentir. Tu lui en veux toujours et tu as peur que tout recommence.

— Je... Je...

Un sanglot nerveux causé par l'épuisement gonfla dans ma gorge. Sho se baissa vers moi, avec une grimace mal cachée quand la table effleura son ventre. Avec une douceur inhabituelle, il glissa ses doigts sous mon menton pour relever ma tête.

— Va le voir. Il t'attend. Il n'a toujours attendu que toi.

Je le fixai dans les yeux durant une longue minute.

— Sho, peux-tu me faire apporter ma chaise roulante ?


*°*°*°*°*


Je pris une longue respiration, puis ouvris lentement la porte de la chambre royale. Je savais qu'il était là. Comme l'avait dit Sho, il n'attendait que moi.

Car j'étais la seule à pouvoir le sortir de son désespoir.

Je tournai les roues de la chaise roulante et m'avançai doucement dans l'obscurité de la pièce. Arrivée à la hauteur de la table d'apparat, j'allumai l'unique chandelier qui y trônait, et le saisis dans une main. Contournant lentement l'imposant lit, je m'approchai de la grande ombre qui gisait sur le sol. Je me baissai pour poser le bougeoir sur le parquet lustré. Puis, tout en m'accrochant au bord du lit, je me laissai glisser à terre. Je retins un gémissement de douleur quand mes genoux blessés touchèrent le sol. Cette souffrance n'était rien face à celle de mon cœur. Je relevai la tête vers la silhouette. Je comblai la distance qui nous séparait en me trainant jusqu'à lui. La tête retombant sur la poitrine, il était évanoui ou endormit. Il puait l'alcool.

Je caressai tendrement ses cheveux.

Puis je me blottis contre son torse et fermai les yeux. Aussitôt, une vague de soulagement m'envahit, et ma colère se dispersa dans l'air comme un vulgaire souvenir. J'avais retrouvé ma place.

— Cesse de te torturer, Wyer, murmurai-je. Tu sais bien que quoi que tu fasses, je suis incapable d'arrêter de t'aimer.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro