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19 - Tu es l'Impasse de ma Vie


~ Wyer ~


Les yeux grands ouverts, cela faisait plusieurs heures que je contemplais son visage, dont la pâleur était accentuée par la lueur blafarde de la lune qui se glissait dans la chambre. Écouter son souffle paisible m'apaisait, sa respiration était pour moi comme une berceuse rassurante. Je ne parvenais pas à détacher mon regard d'elle. Elle ressemblait à un ange blanc. Et dans le silence de la nuit, à cet instant, j'avais l'impression de baigner dans un rêve, hors du temps.

Je n'avais pas été aussi heureux depuis des années... Pourtant, paradoxalement à ce bonheur de voir Ezilly dormir près de moi, j'avais la sensation d'agoniser. Tout mon corps me brûlait, à l'image de mon cœur qui souffrait le martyre. Elle était là, à quelques centimètres de moi... Mais je ne pouvais la prendre dans mes bras.

Je ne pus en supporter plus. Je me glissai hors des couvertures sans la quitter du regard, et rejoignis le fauteuil en velours qui trônait à l'extrémité de la pièce. Je m'y blottis, cherchant un quelconque réconfort dans ce siège moelleux, mais je n'y trouvai que l'absence de la chaleur d'Ezilly. Elle dormait toujours aussi sereinement, mais sa frêle silhouette paraissait désormais se noyer sous l'édredon, seule dans ce grand lit.

Durant cette nuit interminable, je l'observai voyager dans ses rêves, j'admirai sa peau de porcelaine et ses yeux fermés, je somnolai sans doute un peu, puis je la détaillai encore, et puis à nouveau, dévorant du regard cette femme que je n'avais pas pu voir pendant quatre ans, avec la soif d'un ivrogne, comme si j'allais mourir demain et que je devais graver son image sous mes paupières pour m'accompagner sur le chemin de l'au-delà.

Quand l'aurore vint, j'éprouvai une profonde colère contre le soleil qui m'arrachait à cette nuit unique, ce premier depuis une éternité et dernier pour toujours moment où Ezilly serait à moi. Alors, sans même ressentir la fatigue de ma longue veille, je me levai et sortis sans un bruit de la chambre royale.

Ainsi s'acheva ma nuit avec Ezilly.


*°*°*°*°*


Il y avait une chose qui m'avait toujours aidé à me détourner des pensées douloureuses qui m'encombraient, des jours comme celui-ci où je n'avais en tête que son visage. Le travail. Assis à mon bureau, entouré de plusieurs conseillers, je torturais mon cerveau depuis des heures pour répondre aux problématiques qu'on me présentait. J'avais l'impression d'avoir été désigné comme le sauveur d'une fourmilière écrasée et recouverte d'eau brûlante. Peu importe à quels points je prenais la situation sous des angles différents, j'avais beau m'efforcer d'être optimiste, elle me paraissait toujours aussi désespérée. Était-ce cela, un Roi ? Un homme qui portait, seul, à bout de bras, un royaume ? Comment pouvais-je relever un pays qui s'écroulait de lui-même ?

Un spasme nerveux agitait ma main droite. Cela était l'une des multiples séquelles du poison qui manqué de me tuer, quatre ans plus tôt. Si grâce à de nombreux entrainements, mon organisme avait réussi à le vaincre, cela ne s'était pas fait sans conséquence. Depuis, je subissais régulièrement des pertes de mémoire, durant quelques minutes où j'oubliais parfois jusqu'à mon nom, des jours où cloué au lit, je revivais la douleur de ce moment où je m'étais senti mourir, quand le poison rongeait mon corps et me faisait sombrer dans la folie... J'étais aussi la proie d'hallucinations, de paralysies passagères et enfin, séquelle qui me gênait au quotidien : à la moindre émotion forte, à la moindre faiblesse, au moindre sursaut de mon cœur, ma main se mettait à trembler. À tel point que j'avais dû réapprendre entièrement le maniement de l'épée ; traditionnellement tenue par la main droite, contraint par mes tremblements, j'avais dû modifier toutes mes habitudes de combat prises depuis l'enfance. Personne ne maniait l'épée à gauche, et encore moins les gens comme moi – les droitiers – et tout réapprendre avait été une longue épreuve.

- Votre Altesse, j'ai une bien mauvaise nouvelle...

Je frottai nerveusement ma main tremblante contre ma cuisse, dans le vain espoir de la faire revenir à la normale.

- Je suis tout ouïe, soufflai-je d'un ton las en masquant un bâillement d'épuisement.

- Les coffres du royaume sont pratiquement vides, mon seigneur. Je crains que les derniers fonds aient été utilisés par feu le Roi pour engager de nouveaux soldats.

- Et où sont-ils donc ?

- N'ayant point reçu l'ordre de s'enrôler dans l'armée royale, la majorité d'entre eux a déserté.

Je me pris la tête entre les mains.

- Vous êtes en train de me dire qu'en plus de n'avoir qu'une centaine de soldats à notre disposition, nous n'avons également plus un sou ?

Les trois ministres qui me faisaient face acquiescèrent. Je me redressai brusquement de mon fauteuil et plaquai mes poings sur le bureau avec fracas.

- Vous plaisantez, n'est-ce pas ? sifflai-je en abordant un sourire glacial.

Ils secouèrent la tête avec véhémence, comme trois enfants qu'on aurait pris en faute, la main dans le sac de sucreries. Je me laissai tomber sur la chaise avec un bruit sourd, qui refléta tout mon désespoir. « Une impasse, c'est une impasse, je suis dans une terrible impasse.» marmonnai-je à l'intention de personne. Ma main était devenue si incontrôlable que lorsque je voulus me servir une tasse de thé, celle-ci glissa entre mes doigts gours et s'écrasa au sol. Les ministres sursautèrent, les nerfs à vifs. Je la fixai du regard durant un long moment, absorbé par cet objet brisé, qui ressemblait tant à l'image que je me faisais de ma vie. « C'est une impasse infranchissable», répétai-je. Et parmi cette montagne d'ennuis, la seule chose qui me vint à l'esprit fut son visage. J'observai intensément cette porcelaine cassée et seul le bleu de ses yeux apparut distinctement dans mes pensées, telle l'unique solution à cette vie brisée. Ezilly était ma solution, et pourtant, elle était aussi mon impasse. L'impasse de ma vie.

Je secouai la tête avec un soupir, puis déclarai-je :

- Je vais prendre l'air. De plus, chers ministres, si votre incompétence maladive était certainement tolérée du temps de mon père, sachez que pour ma part, les personnes inutiles et incapables comme vous ne font pas long feu à mes côtés. Suis-je clair ?

- Parfaitement, bredouilla un conseiller, rouge de honte. Nous allons travailler d'arrache-pied pour régler ce problème.

Ils s'inclinèrent devant moi, et je sortis de la pièce d'un pas raide et lourd de fatigue. Dans deux jours avait lieu le couronnement. Comment pouvais-je bien devenir Roi sans le moindre allié, sans armée et sans argent ? Je n'étais pas sans savoir que j'étais considéré par tous comme la bête noire du Palais. Partout sur mon passage on chuchotait que le « Prince sombre » était effrayant et dangereux. Personne ne voudrait qu'un tel personnage monte sur le trône. Ce n'était que deux ridicules jours, et pourtant, ils me semblaient semblables à une montagne infinie, qu'il me faudrait gravir pour en voir la fin. Entre la pauvreté et le crime qui s'accroissaient de jour en jour dans tout le pays, les nobles qui désertaient la Cour, les caisses du Palais vide, l'armée royale à l'abandon, et ma plus grosse préoccupation, Ezilly, j'étais devenu une boule de nerfs, au bord du précipice du désespoir. J'étais noyé sous les problèmes, et à ce rythme, j'en finirai étouffé.

Je me sortis de mes noires pensées en entendant les pas feutrés derrière moi. On me suivait. Je songeai à ma récente confrontation avec Shovaï, et un frisson glacial me parcourut l'échine. À l'instant où la personne s'approcha d'un pas de trop, je fis volte-face, mon poignard tendu devant moi.

La domestique lâcha un gémissement de terreur.

- Vo... Votre Altesse...

J'étais vraiment paranoïaque. Je secouai la tête, épuisé, et rangeai mon arme, avant de m'excuser et de rassurer la pauvre femme.

- Je... On m'a envoyé vous prévenir de l'état de votre épouse, balbutia-t-elle, encore sous le choc.

- De quoi parlez-vous ? frémis-je.

- Elle est souffrante, Votre Altesse. Les médecins sont à son chevet dans la chambre royale.

J'écarquillai les yeux. Malade ? Comment était-ce possible ? Je l'avais veillé toute la nuit, comment aurais-je pu ne pas m'en apercevoir ? Un souvenir du passé me revint alors, et je revis son dos couvert de plaies rougeâtres à peine cicatrisées, ses cauchemars terribles, ses crises d'angoisse. Que savais-je d'elle, maintenant ? Que savais-je de tout ce qu'elle avait traversé ces quatre dernières années ?

Pris d'un effroi soudain, je pressai le pas, puis me mis à courir vers les appartements royaux. Non. Pas mon Ezilly. C'était ma pire crainte, la raison de toute cette comédie, ce pour quoi je n'aurais jamais dû la retrouver... Je savais pourtant très bien que sa vie était en danger.

Les gens que je croisais dans les couloirs me dévisageaient avec de grands yeux. À peine s'inclinaient-ils que j'étais déjà rendu dans une autre galerie. Pourquoi diable le Palais est-il aussi vaste? pensai-je. Quand enfin j'atteins les appartements royaux, je me précipitai vers la chambre conjugiale, avant de me figer devant la porte. Un mauvais pressentiment grondait dans ma poitrine. Si Ezilly était malade, ne devrait-il pas y avoir des médecins et de l'agitation autour d'elle ? Or, il n'y avait personne dans l'antichambre...

L'inquiétude prenant le pas sur la prudence, j'abaissai la poignée et m'avançai lentement dans la pièce. Je fronçai les sourcils. Il n'y avait personne, et encore moins Ezilly.

Je l'entendis avant de le voir. La lame siffla derrière moi, et instinctivement, je m'écartai ; mais pas assez vite, car une douleur sourde fusa dans ma tempe gauche. Je grimaçai en sentant un liquide chaud couler sur mon oreille. Je fis volte-face, mais fus brusquement arrêté par quelque chose de froid sur mon front :

Une arme à feu.

Pendant quelques secondes, tout mon corps se pétrifia, à l'exception de ma main droite, violemment secouée de soubresauts. Ces nouvelles armes venaient de Hosloward. Moi-même, je n'en avais encore jamais touché.

L'homme face à moi n'avait même pas pris la peine de masquer son visage. Il souriait, d'un rictus triomphant. Cela signifiait que son but était clair : m'éliminer.

- Qui vous envoie ? questionnai-je d'une voix sourde, espérant gagner du temps.

- Une dernière volonté ?

Je grinçai des dents, les yeux fixés sur son doigt tranquillement posé sur la gâchette. Il ne tremblait pas, sûr de son geste. Cet homme avait déjà tué. Et je compris en croisant son regard sans la moindre émotion qu'il n'hésiterait pas à faire de même pour le Prince Héritier.

- Laissez-moi accueillir la mort avec honneur. Je veux savoir qui en est l'instigateur.

Il éclata d'un rire gras, et appuya avec force le canon de l'arme sur mon front.

- Bien joué, Votre Altesse. Mais les monstres n'ont pas besoin de panache pour mourir.

Tout se passa en une seconde. Son doigt pressa la gâchette. Ma vision se troubla. Le coup de feu retentit dans la grande chambre royale. Et lorsque je repris mes esprits, mon regard était rivé dans les yeux écarquillés de l'assassin. Il tomba lourdement au sol, une tache rouge s'étalant sur la poitrine.

Sans même le réaliser, j'avais retourné son arme contre lui, en un geste de survie instinctif.

Je lui avais tiré dessus de sang-froid.

Je fis deux pas chancelants en arrière. Puis je levai mon regard, et en fus pétrifié. Ezilly était là, figée dans l'encadrement de la porte. Sa bouche entre-ouverte devant l'horreur, elle tremblait. Je battis des paupières.

Elle venait de me voir tuer un homme.


*°*°*°*°*


Et Ezilly hurla, fui le royaume de Weldriss et nos deux héros ne se revirent plus jamais. Fin !


Ah ah, c'est bon, j'arrête mes bêtises ^^ 

Cela me fait plaisir de retrouver enfin un peu d'action, après ces chapitres un peu plats. Comment pensez-vous qu'Ezilly réagira ? Les pronostics sont ouverts ! XD 

Je ne sais pas si vous l'avez déjà remarqué, mais je m'applique depuis le début de ce second tome à mettre en avant l'évolution des personnages, que ce soit dans leur personnalité ou dans leurs relations. Et pour Wyer - outre les quelques verres de vin par-ci par-là - cela se caractérise notamment par sa vision de la mort ! Après son passage en enfer, nous assistons maintenant à un meurtre - bien qu'accidentel... Malgré la gravité de la chose, c'était pour moi important de le mettre en avant, pour représenter sa perte d'innocence, notamment aux yeux d'Ezilly. Car en effet, à mon grand dam, mes bébés grandissent et perdent peu à peu leur insouciance, au fil des épreuves qu'ils rencontrent -c'est en fin de compte autour de cette évolution que tourne cette histoire. 

D'ailleurs, nous ne sommes pas dimanche, comme vous le savez sûrement... XD J'avais une certaine avance dans l'écriture, et puis en si jour si particulier pour moi, je me suis dit "pourquoi pas ?" 

Alors voici un petit cadeau, et bien entendu, la suite arrive dimanche prochain ! En attendant, je vous souhaite une merveilleuse soirée ^^

Kissss ❤

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