7 - Mariage
~ Wyer ~
Les secondes passent...
Les minutes font avancer les aiguilles de l'horloge...
Les journées défilent, et inexorablement...
Arrive ce jour fatidique où nos vies se lient pour toujours.
Les lustres éclairaient la cathédrale de leurs centaines de petites bougies, donnant un aspect irréel à la lumière colorée provenant des vitraux. Lorsque la musique du grand orgue eut fini de résonner, le silence emplit la salle, seulement troublé par le froissement de la robe du prêtre qui s'avançait vers nous.
Il se mit à réciter le rituel de cérémonie, tandis que mon cœur battait de plus en plus vite. Enfin, il marqua une pause, je cessai de fixer le sol et relevai la tête vers lui. La question qui suivit me terrifia :
- Votre Altesse Royale Wyer Ayden Kade De Welborn, Prince héritier de la couronne, consentez-vous à prendre pour épouse Ezilly Hortensia Eleanor De Carminn ?
Un violent frisson me secoua, et la panique enfla en moi. Je jetai un œil vers mon père, le Roi. Ses yeux noirs étaient braqués sur moi comme une menace. J'avais la désagréable impression qu'un couteau acéré dansait sur la peau de mon cou, exerçant une pression de plus en plus forte, comme une danse mortelle.
Je n'avais pas le droit de refuser.
Je tournai la tête vers la jeune fille qui me faisait face. Elle était petite, et son visage était masqué par un voile. Je fermai les yeux une fraction de seconde, le temps de renoncer à mon rêve de bel avenir. Toute la salle était suspendue à mes mots et le prêtre attendait ma réponse. Je n'avais pas le choix.
- Oui.
Un grand sourire éclaira le visage du roi. Je ne l'avais jamais autant détesté qu'à cet instant.
- Mademoiselle Ezilly Hortensia Eleanor De Carminn, consentez-vous à prendre pour époux Son Altesse Royale Wyer Ayden Kade De Welborn, Prince hérité de la couronne ?
Je serrai les poings, les yeux rivés sur le voile.
Je t'en prie, refuse...
- Ou... Oui...
Mon dernier espoir venait de s'envoler.
Sa voix vacillait, et je remarquai que ses mains serrées l'une contre l'autre tremblaient aussi. Elle paraissait fragile, comme une poupée de porcelaine qu'on aurait pu briser en la laissant tomber. Elle n'avait pas la prestance pour devenir la princesse, et encore moins la future Reine d'un si grand pays. Pendant quelques secondes, j'eus pitié d'elle, mais ce sentiment fut vite chassé par ma haine. Elle était une De Carminn, et cette famille était aussi détestable que la mienne.
Les spectateurs applaudirent, et la boule de panique explosa soudain en moi.
Il fallait que je parte. Je ne pouvais plus supporter ce supplice.
Je voulais hurler, m'enfuir, briser tout ce qui m'entourait, déchirer ce costume trop serré dans lequel on m'avait engoncé, renverser les bancs de l'église et faire peur à tous ces gens pour qu'ils partent, puis enfin courir, le plus loin possible de ce destin qu'on m'imposait...
J'aurais aimé faire tout ça, mais mon corps refusait de bouger. J'étais paralysé.
Le prêtre asséna alors l'ultime phrase, celle qui marquait la fin de mon enfance :
- Je vous déclare ainsi, mari et femme.
J'écarquillai les yeux.
C'était fini. J'étais marié.
Quelqu'un apporta le coussin de velours rouge sur lequel étaient posées les alliances, et on me demanda de prendre la plus petite et de la passer à ma femme. Ma main obéit, bougeant toute seule. Je saisis l'alliance, et tendis mon autre main vers la jeune fille. Sa main tremblante se posa dans la mienne. Elle était gelée.
Je glissai la bague à son doigt. Elle était en or massif, et sertie de diamanst, tel qu'il le fallait pour un mariage royal.
Elle fit de même avec mon alliance. Elle tremblait si fort qu'elle n'arrivait pas à la passer à mon doigt. N'en pouvant plus, je lui pris la bague et me la mis moi-même. Je laissai ensuite ma main retomber le long de mon corps, pour éloigner l'alliance de mon champ de vision.
- Vous pouvez relever le voile de la mariée, déclara le prêtre.
Je me figeai, et lui jetai un regard étonné. Il hocha discrètement la tête. Il fallait aussi que je fasse cela ?
Je rivai mes yeux sur elle, et levai lentement les bras.
Je suis désolé.
Je relevai son voile. Des applaudissements et des hourras résonnèrent alors dans toute la cathédrale, et la musique débuta. Je ne prêtais pas attention à la foule qui célébrait notre mariage. Mon regard était figé sur celle qui me faisait face.
Comme me l'avait écrit mon père dans sa lettre, elle était très jolie, mais ce n'était pas cela qui me gênait. Personne, depuis les bancs de l'église, n'avait pu le remarquer... Mais moi, debout devant elle, je le voyais parfaitement.
Ses magnifiques yeux bleus étaient noyés de larmes.
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