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4 - Rejet


~ Wyer ~


« Le manque d'amour est la plus grande pauvreté »

Sainte Mère Teresa


J'avais signé ce contrat.

J'avais l'impression d'avoir creusé un trou, de m'être mis dedans et d'y avoir moi-même jeté la terre pour m'enterrer vivant. J'avais longuement réfléchi, pesé le pour et le contre, mais je revenais sans cesse à la même réponse : je ne pouvais pas me passer du tant soit peu de liberté que j'avais. Comme l'avait si bien dit mon père, je m'étais finalement résolu à jouer le jeu au mariage, et à lui faire des enfants lorsqu'il le faudrait. Même si ces deux points me répugnaient tout autant l'un que l'autre, je n'avais guère le choix. C'était mon avenir qui était en jeu, et je préférais vivre en faisant semblant d'aimer cette fille plutôt que passer le restant de mes jours enfermé dans ce lugubre château. De plus, les avantages que m'offrait le Roi si j'acceptais étaient non négligeables : une simple maison dans la campagne avec quelques chevaux... C'était mon rêve depuis tout petit.

Tous ces faits réunis faisaient que j'avais fini par céder à son horrible chantage. J'avais honte de l'avouer, mais je venais ainsi de condamner le destin d'une jeune fille innocente, à qui l'on n'avait sûrement pas demandé l'avis. Enfin, on pouvait me le reprocher, mais je n'avais jamais prétendu être quelqu'un de bien, et encore moins quelqu'un de gentil. Je n'étais pas un De Welborn pour rien...

J'étais allé apporter le contrat à mon père alors qu'il était en entretien avec l'un de ses ministres dans son grand bureau. Cela était toujours un plaisir pour moi de contrarier le roi, et aujourd'hui plus encore, cela prenait la forme d'une petite vengeance. J'avais frappé à sa porte poliment, puis traversé la pièce le plus lentement possible sous son regard irrité, avant de déposer la maudite feuille bien au milieu de ses multitudes de papiers administratifs avec une révérence moqueuse. Le ministre avait été choqué, car personne n'osait se comporter ainsi, avec tant d'insolence, devant le roi, excepté – il venait par cette belle occasion de l'apprendre, moi. Si de nombreux professeurs avaient tenté de m'inculper la politesse, tous avaient échoué, et étaient repartis autant blessés dans leur ego de précepteur que par tout ce que je leur avais fait subir. J'avais aussi vite compris, que malgré toutes mes bêtises et mon arrogance, je ne me ferais pas punir par mon père. Cela m'avait permis d'enfreindre toutes les interdictions et les règles idiotes qui gâchaient ma vie depuis que j'étais né. Le Roi laissait tout passer, et seul son regard énervé me faisait comprendre que je l'embêtais. Ce que j'étais, bien entendu, très heureux de faire.

Lorsque j'étais sorti de son bureau, un grand poids m'avait soudainement pesé sur les épaules. Encore une fois, je m'étais soumis à mon père, comme si j'étais incapable de faire preuve de volonté. J'avais l'impression d'avoir cédé le contrôle de ma vie au plus machiavélique et puissant homme du royaume. Et je craignais que ce ne soit pas qu'une impression... Par ma décision, je venais d'enchaîner ma vie à une parfaite inconnue. Une jeune fille de la plus haute aristocratie, de surcroît ; elle était de ceux que je détestais le plus au monde. Je ne la connaissais pas encore, et j'étais déjà sûr d'une chose : jamais je ne l'aimerais. Que je le veuille ou non, ma haine envers elle était insurmontable.

J'ouvris lentement les yeux.

L'église du palais venait de sonner les treize heures de l'après-midi, mais ce n'était pas ce qui m'avait sorti de mes pensées négatives : trois coups venaient d'être frappés à ma porte.

Ce midi, à la table du repas, j'avais prétexté un mal de tête pour me retirer dans ma chambre. Aussitôt, je m'étais allongé sur le lit et avais commencé à somnoler, la fatigue de ma courte nuit d'hier me pesant. J'aurais sans doute pu finir par m'endormir, si quelqu'un n'avait pas eu la mauvaise idée de me déranger dans mon repos.

- Entrez, grognai-je.

Je redressai la tête pour voir un messager pousser la porte, s'incliner longuement, avant de déclarer :

- Comme vous avez demandé à ce que l'on vous prévienne lorsqu'un tel événement arriverait, me voici, Votre Altesse : Madame la Reine a eu un léger vertige, et elle est au lit avec un peu de fièvre. Le médecin est à son chevet, il dit qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter...

Je bondis hors de mon lit, poussai le serviteur pour sortir dans le couloir, et me mis à courir vers les appartements de la Reine.

Depuis ma naissance, ma mère était devenue très faible, et elle était souvent malade, au point qu'il me soit arrivé de craindre pour sa vie. J'avais donc demandé à ce que l'on m'informe lorsqu'elle rechutait, même quand il s'agissait d'un simple rhume.

J'ouvris en trombe sa porte, et me retrouvai nez à nez avec le médecin, qui me rassura après m'avoir salué :

- Vous n'avez rien à craindre, Votre Altesse. Votre mère va bien, elle a juste eu une faiblesse passagère, et elle a besoin d'un peu de repos.

- Puis-je tout de même la voir ? demandai-je, légèrement essoufflé.

- Bien sûr, cela lui fera sûrement plaisir.

Je grimaçai, mais le remerciai avant qu'il ne sorte. Cela m'étonnerait grandement que ma vue réjouisse ma mère : depuis que j'avais l'âge de m'en souvenir, elle ne m'avait jamais souri, et n'avait jamais paru heureuse de me voir. Je ne voyais pas pourquoi cela aurait soudainement changé...

Je traversai son salon, avant d'arriver à la porte de sa chambre. Je frappai, et une faible voix demanda : "Qui est là ?".

- Wyer, votre fils, Votre Majesté.

Un silence passa, et elle m'autorisa finalement à entrer. Je poussai la porte et pénétrai dans la pièce.

Le beau visage pâle de ma mère semblait perdu parmi tous les coussins de son lit. Ses longs cheveux noirs étaient étalés autour de sa tête, telle une auréole, et ses cernes paraissaient encore plus grands que ses yeux. Ma gorge se serra. J'avais maintenant l'habitude de la voir ainsi, mais chaque fois, je me rappelais que si elle était si malade, c'était à cause de ma naissance. C'était l'une des raisons pour lesquelles je me détestais tant.

- Comment vous sentez-vous, mère ? fis-je doucement en m'approchant du lit.

- Bien, juste un peu fatiguée, répondit-elle comme si elle parlait au mur.

Le médecin s'était bien trompé, elle n'était pas heureuse de me voir. Comme toujours, elle faisait comme si j'étais invisible.

- Vous devriez faire plus attention à vous...

- Je sais, Wyer, me coupa-t-elle. Merci d'être venu prendre de mes nouvelles, mais je vais bien.

Son regard glacial me transperça plus douloureusement que l'aurait fait une épée. Sans cesse, depuis mon plus jeune âge, elle prenait soin de mettre une distance entre nous, comme pour me punir d'une faute que je n'avais pas commise volontairement. Pourtant, cette mère froide était bien celle qui m'avait donné la vie, et je l'aimais comme telle... Mais ce n'était pas réciproque.

- Et bien... Tant mieux, commentai-je. Reposez-vous bien, mère. Je vais me retirer.

Je ne bougeai pas. Elle hocha la tête, puis ferma les yeux. Notre brève discussion était terminée.

Je tournai les talons et sortis de la pièce, puis une fois la porte fermée, me laissai glisser contre le mur. Je me pris la tête entre les mains.

Je n'en pouvais plus. J'avais tout tenté pour me rapprocher d'elle, pour avoir une place dans son cœur, mais jamais, quoi que je fasse, elle ne m'avait souri ou montré une quelconque forme d'amour. Lorsque j'étais petit, j'avais enchaîné les bêtises pour qu'elle me remarque, qu'elle me voie ou même qu'elle me gronde. Je n'en avais gagné que la réputation d'enfant impossible, et dès lors, adultes et enfants s'étaient mis à m'éviter... J'étais devenu la bête noire du palais et de sa Cour.

J'ai tant fait pour elle, en vain. Avant, je pensais vraiment qu'un jour, elle verrait mes efforts et qu'elle m'aimerait enfin, mais j'avais fini par comprendre que je me faisais des illusions. Ma mère était la Reine, elle avait mieux à faire que de se soucier de son fils.

Je me relevai lentement et sortis dans le couloir. Je me mis à errer dans le palais, sans destination précise. Je voulais juste marcher, oublier ce gros trou qui se creusait un peu plus chaque seconde dans mon cœur. J'étais vide. Il me manquait une mère qui m'aimait, un père qui s'occupait de moi... Quel garçon pitoyable.

Des voix me sortirent soudainement de mes pensées. On m'appelait.

Je fronçai les sourcils, et me mis à courir. À cette heure, j'étais censé être au cours du professeur de latin. Cette leçon était si inintéressante qu'il m'arrivait très souvent de m'endormir sur mon pupitre. Cela ne me ferait aucun mal de ne pas aller à ce cours...

Je préférai me rendre à la salle où j'apprenais tous les jours à me battre, la salle d'entraînement du palais. Autour d'un sol recouvert de sable, un amphithéâtre permettait d'observer les soldats travailler. Justement, à cette heure de l'après-midi, ils s'entraînaient.

Shovaï, le maître d'armes, me vit arriver, mais ne fit aucun commentaire. Il me demanda simplement d'aller se placer avec ses élèves, et me lança une épée. Le cours reprit, et je commençai à me battre avec un soldat qui paraissait gêné de se retrouver avec le prince héritier. Il modulait ses coups, et cela m'énervait. Pour lui prouver que j'étais tout à fait capable de me battre comme lui, je lui assénai un violent coup qui envoya valser son épée à l'autre bout de la salle.

Je passai l'après-midi à travailler avec les élèves du maître d'armes, pour évacuer toute la colère qui pulsait dans mes veines. Alors que les dernières lumières du soleil éclairaient faiblement la salle, et que le dernier soldat refermait derrière lui la lourde porte, je m'étendis dans le sable, les mains sur mes yeux fermés.

- Que vous est-il encore arrivé, Altesse ? demanda le maître d'armes en s'asseyant à côté de moi dans un nuage de poussière.

- Pourquoi penses-tu qu'il me serait arrivé quelque chose ?

- Et bien, c'est que vos humeurs sont plutôt faciles à deviner, répondit-il de son accent qui le rendait si particulier. Lorsque tout va bien, vous râlez en permanence, surtout lors de mon cours, mais quand il y a un problème, vous venez ici et vous ne parlez pas pendant des heures tout en mettant toute votre énergie à défier mes soldats. Je vous connais plus que vous ne le pensez, Altesse, ajouta-t-il avec un petit rire.

Je marquai ma désapprobation d'un grognement.

- Alors, dîtes-moi : quel est le malheur qui vous est tombé dessus ?

J'ouvris les yeux, tâchant de bien montrer à quel point il m'embêtait.

- Tu es trop curieux, Shovaï.

- Et vous, vous êtes bien mystérieux.

Je sentis un sourire percer sur mon visage. Depuis ma plus tendre enfance, c'était cet homme qui m'avait appris à me battre. Ce savoir était l'un des plus importants pour un futur Roi, alors mon père avait sélectionné le meilleur maître du pays. Au fil du temps, il était devenu un peu comme un grand frère pour moi. Il n'avait qu'une dizaine d'années de plus que moi, mais, contrairement à la plupart des adultes que je côtoyais, il n'avait pas peur de me contredire et même de me gronder lorsque je dépassais les bornes.

Je soupirai devant son insistance, et finis par lâcher :

- Il se trouve que le Roi a envie de me marier.

Shovaï fronça les sourcils.

- Mais vous n'avez... Vous n'êtes qu'un adolescent !

- Il dit qu'il a besoin de cette alliance maintenant, et qu'il ne peut pas attendre. Je n'ai pas eu le choix, ajoutai-je en ouvrant les yeux. Il a mis ma liberté en gage contre ce mariage.

Le maître d'armes secoua la tête, outré.

- Et la jeune fille ? Qui est la malheureuse élue ?

- Malheureuse ? répétai-je en me redressant vivement.

- Sans vouloir vous vexer, être votre femme ne doit pas être très agréable, répondit-il franchement. Vous n'êtes pas de très bonne compagnie, et la vie à la Cour est véritablement détestable, avec tous les hypocrites qui la peuple, et même dangereuse, s'il l'on n'y prend pas garde.

J'étais heureux de voir qu'il partageait mon point de vue sur la Cour et le palais. Je ne fis pas attention à sa première phrase, et répliquai :

- Je ne pense pas que celle qui a été choisie par mon père sera grandement dépaysée. C'est la dernière fille de la famille des De Carminn.

- Ah, les De Carminn... C'est la plus riche famille du royaume après la vôtre, non ?

- Si. C'est bien ce qui me fait peur. Tu sais à quel point j'ai horreur des nobles...

- Presque autant que moi. Mais, je vous rappelle que vous êtes aussi un noble, Altesse...

- Je sais, grognai-je. C'est bien pour ça que je déteste ma vie.

Shovaï me frotta le dos avec compassion, et je tournai vers lui un regard surpris.

- Soyez courageux. Qui sait, peut-être que votre femme sera meilleure que ce que vous pensez ?

Je baissai la tête.

- Je l'espère...


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