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30 - La Nuit des Étoiles Filantes

~ Ezilly ~

À cet instant, j'aurais dû savoir que l'amour est éphémère.

Je plongeai la tête sous l'eau chaude avec un soupir de satisfaction. Le bac était rempli de bulles, ce qui, la première fois que j'avais eu cette expérience, m'avait stupéfié. Un vrai bain était si rare à la ferme... Ma cousine et moi nous lavions dans le petit étang derrière la maison, au soir tombé, alors que l'eau était encore tiède.

- Mademoiselle, voulez-vous que l'on vous ajoute de la chaleur ? me demanda timidement une petite chambrière.

- Je vous remercie, mais il est bien assez chaud comme cela, fis-je avec un petit rire. Que diriez-vous d'aller vous reposer, plutôt ? Je m'occuperai de moi-même.

Elle s'inclina puis disparut derrière le rideau de la chambre.

Cela faisait deux semaines que j'étais de retour au Palais. Seulement quatorze jours... Quand je me disais cela, je n'en revenais pas. J'avais l'impression qu'une éternité s'était déroulée depuis que nous avions quitté Kerslovaz... Tant de choses s'étaient passées. Les journées ici étaient longues, et chaque pas semblait me faire découvrir de nouvelles choses.

Cette semaine s'était révélée relativement calme. Depuis ma crise à la réception royale, ma nouvelle réputation de folle avait fait le tour de la Cour ; et j'étais assez surprise de ne pas en être dérangée. Il fallait dire que cela me tenait à l'écart des nobles... Les rumeurs qui se chuchotaient de couloir en couloir rapportaient que l'agressivité et la démence de mon époux m'avaient corrompue. Cela suffisait pour dissuader même les plus curieux de m'approcher. Et ma foi, je ne m'en portais pas plus mal !

Je finis par me relever et enjamber le bac, avant de m'enrouler dans une serviette. Lorsque je croisai mon regard dans le miroir embué, j'éclatai de rire. Mon visage rougi par la chaleur et mes longs cheveux dégoulinants ne ressemblaient à rien. Je m'approchai et frottai le verre pour détailler mon portrait. J'avais rarement eu l'occasion de me voir dans un miroir. Ceux-ci étaient chers et précieux ; on n'en trouvait pas dans une ferme ni dans un petit village de campagne.

Il me semblait découvrir une inconnue face à moi. Depuis mon arrivée à la Cour, j'avais beau prendre l'habitude de passer du temps à m'observer ainsi, je n'arrivais pas à me dire « qu'elle », c'était moi. Je posai mes doigts sur le verre, à l'endroit où se trouvait ma joue. Une étrangère. J'étais une étrangère pour moi-même.

Je me détournai du miroir et finis de me sécher, avant d'enfiler ma longue chemise de nuit blanche. Quand je tirai le rideau, j'eus l'agréable surprise de découvrir que j'étais seule dans ma chambre. Tant mieux. Je supportais de moins en moins que les femmes de chambre et les domestiques qui s'occupent de moi épient le moindre de mes faits et gestes.

J'eus à peine le temps de fermer les paupières, confortablement glissée dans mes couvertures, qu'un frappement me fit sursauter. J'ouvris grand les yeux, inquiète. Un nouveau frappement retentit, et tout en me redressant, je compris que cela venait de ma fenêtre. Je m'approchai silencieusement, et lorsque je tirai d'un coup sec le rideau, je poussai un petit cri avant de m'esclaffer. Le visage presque collé à la fenêtre, le poing levé prêt à frapper de nouveau, Wyer me dévisageait d'un air déconcerté.

- Pourquoi ris-tu ? me demanda-t-il après que j'aie ouvert la fenêtre.

- Pourquoi es-tu là ? répliquai-je sur le même ton.

Il esquissa un petit sourire.

- J'ai une surprise pour toi. Viens.

- Je suis en chemise de nuit. Je m'apprêtais à dormir. Et tu es sur mon balcon.

- Je ne vois pas où est le problème, fit-il innocemment.

Je secouai la tête, à la fois exaspérée et amusée. Avant même que j'eus le temps de protester, il se glissa à côté du balcon, sur le mur, et le désescalada aussi simplement que s'il s'était agi d'une frivolité. Une fois au sol, il leva la main et l'agita vers moi.

- Alors ? Qu'est-ce que tu attends ? Ne me fais pas croire que tu ne peux pas faire ça, tu es encore plus habile que moi.

Prise au jeu du défi, j'en oubliai ma fatigue et laissai échapper un sourire espiègle. J'enjambai à mon tour le balcon en pierre blanche sculptée, et sans une seule hésitation, j'imitai les gestes de Wyer. Lorsque je fus à son niveau, il me saisit par la taille pour me faire descendre au sol en douceur. J'étais rassurée que l'obscurité masque mes joues rouges... Il me semblait que mon cœur battait si fort que cela m'étonnait que Wyer ne l'entende pas.

Il me saisit la main et me sourit. Puis, sans rien ajouter d'autre, il m'entraîna à sa suite.

Il faisait si sombre que, sans la main de Wyer, je n'aurais plus su où j'étais. Tout en me demandant comment il faisait pour se repérer, je fixais son dos. Avait-il toujours été aussi grand ? Étrangement, la vision de son dos qui paraissait fort me rassurait.

Les petits cailloux blancs crissaient sous la plante de mes pieds. J'étais pieds nus, j'avais oublié ma cape, mais cela ne me gênait pas le moins du monde. La légère brise dansait dans mes cheveux lâchés, se faufilait sous ma chemise de nuit, provoquant de doux frissons. J'avais l'impression d'être de retour au temps où mon seul souci était de savoir s'il allait pleuvoir le lendemain... Ma cousine et moi passions nos journées à parcourir la forêt, pieds nus, cheveux lâchés dans le vent, vêtues de braies d'homme et de simples chemises. Filles de la nature, nous étions de véritables sauvageonnes, comme le disait Délia... Mais c'était la plus belle époque de ma vie.

Au bout d'une dizaine de minutes à marcher en silence, Wyer s'arrêta brusquement et je me cognai contre lui.

- Nous sommes arrivés, fit-il tandis que je me frottais le front.

- Je ne vois rien, marmonnai-je.

- C'est normal...

Je l'entendis ouvrir quelque chose, et soudain, une petite lumière volante en sortit. Puis deux, et trois, et bientôt, ce fut une dizaine de petites étoiles volantes qui flottaient autour de nous. J'ouvris la bouche, ébahie. Je me mis à tourner lentement sur moi-même. Qu'est-ce que...

- Wyer... Ne me dis pas que...

- Ce n'est pas aussi beau que des feux d'artifice, enfin, les lucioles ont leur charme aussi, répliqua-t-il comme s'il cherchait à se justifier. Il n'y en a pas autant que j'aurai voulu, mais j'ai eu du mal à en trouver. J'espère que tu...

Je lui saisis le bras et rivai mon regard émerveillé dans le sien pour l'interrompre.

- C'est pour moi que tu as fait ça ?

À travers la pénombre, je le vis se frotter la nuque, un brin embarrassé. Les lucioles à la douce lueur dorée brillaient autour de nous. Dès que ces petites lumières étaient sorties de la boîte, j'avais pu découvrir l'endroit où nous étions : le fameux petit étang, sur lequel retombaient magnifiquement les longues feuilles du saule pleureur. Je savais qu'il y avait peu d'espaces que Wyer aimait au sein de ce grand Palais... Et celui-ci était son préféré. Ce n'était pas étonnant : la beauté et la douceur qui émanaient de cet endroit avaient quelque chose de fascinant. Cet endroit merveilleux, les belles lucioles qui illuminaient cette nuit d'encre, et tout simplement le sourire de Wyer... Définitivement, quelque chose de magique émanait de ce moment.

- Merci, lui soufflai-je, des larmes d'émotion perlant à mes yeux.

- Et autre chose...

À la lumière des lucioles, je pus voir la lueur de tendresse qui traversa les yeux du jeune homme. Sans rien ajouter, il posa ses doigts sur ma main toujours sur son bras, et m'attira en avant, jusqu'à ce que nous soyons face au petit étang. Il me regarda un instant, d'un regard indéchiffrable, puis fixa ses yeux sur l'eau calme. Je l'imitai, et aussitôt, mon cœur se mit à battre un peu plus fort. Sur l'eau, des centaines de minuscules lueurs blanches se reflétaient.

Je levai les yeux vers le ciel.

- Cette nuit n'a lieu qu'une fois l'an. La nuit des étoiles filantes.

Le souffle coupé, le regard perdu dans la Voie lactée, j'étais bouleversée.

Pour la première fois de ma vie, je venais de voir une étoile filante.

Sans même réfléchir, sans rien dire, je me glissai à terre et m'étendis sur le dos. À mes côtés, je sentis Wyer en faire de même. Je n'avais plus de mots. Personne ne m'avait jamais montré autant de merveilles dans ma courte vie. Personne n'avait jamais fait battre mon cœur ainsi. Je n'arrivai même plus à savoir si j'étais autant chamboulée par ce que Wyer avait fait pour moi, simplement à cause de sa présence, ou pour l'incroyable beauté de ce ciel éclairé de milliers de petites étoiles. C'était sûrement un mélange de tout ça.

Un deuxième météore fila dans le ciel, si furtif que je doutai presque qu'il eût existé. Je me redressai, espérant peut-être encore le voir.

- Tu as vu ça ? 

- Je l'ai vu, fit-il doucement dans mon dos. Les étoiles filantes portent bonheur... Tu peux faire un vœu, elle le réalisera.

Je fermai alors les yeux, quelques instants, le temps de formuler ma pensée dans ma tête. Je le pensai fort, de toutes mes forces, comme si ma vie en dépendait. Je souhaite que mon existence soit emplie de beaux moments comme celui-ci.

- Toi aussi, tu dois faire un vœu.

- Je voudrais passer toute ma vie à tes côtés.

Je restai immobile quelques secondes. Peut-être avais-je mal entendu ?

- C'est mon unique souhait.

Je tournai la tête vers mon mari, ne parvenant pas à croire qu'il avait réellement parlé.

Je retins mon souffle quand je me retrouvai à quelques centimètres de son visage. Il était trop proche. Et le pire, était que j'aimais cela.

Les yeux dans les yeux, aucun de nous deux ne se décidait à s'éloigner. Le noir autour de nous semblait nous protéger, comme si tout ce qui se passait à cet instant n'était pas vraiment réel, comme si nous allions chacun nous réveiller d'un moment à l'autre dans notre lit, en nous demandant pourquoi nous avions fait un tel rêve...

Mon cœur battait la chamade, tandis que sans même baisser les yeux, je vis la main de Wyer se lever d'un geste lent. Délicatement, elle se posa sur la ligne de mon menton. Un frisson, qui n'était ni de froid ni de peur, me traversa. À cet instant, alors que Wyer approchait lentement son visage du mien, j'aurais peut-être dû m'éloigner, ou dire quelque chose pour briser l'action, mais je ne parvenais plus à maîtriser mes pensées. Je n'en avais même pas envie. À vrai dire, dans mon esprit confus, la seule chose que je voulais réellement, était ce que Wyer s'apprêtait à faire. Alors, sans bouger, je fermai les yeux.

Et Wyer m'embrassa.

À cet instant, je me remémorai les feux d'artifice que j'avais observés lors de la fête. J'éprouvais la même sensation que lorsqu'ils avaient explosé dans le ciel. Un doux et brûlant sentiment de surprise, d'émerveillement et de bonheur.

Puis tout s'arrêta brutalement. Il s'écarta, et j'eus soudain l'impression de ne plus savoir respirer.

- Excuse-moi, souffla-t-il. Je... Je ne...

Je voyais son visage paniqué, ses yeux inquiets. Mais pourquoi ? Regrettait-il ce qu'il venait de faire ? Une immense tristesse m'envahit. Le temps d'une seconde, j'avais cru que son geste signifiait quelque chose...

Mais quand je vis la lueur dans le regard de Wyer, je compris. C'était comme toutes ses fois, lorsqu'il croyait que je n'aimais pas qu'il me touche. Il avait peur et se sentait coupable.

Alors je lui souris.

Et la lueur dans ses yeux disparut.

Je m'approchai de lui. Enfin, d'un geste encore prudent, il m'attira à lui et me prit dans ses bras. Seuls les lucioles, le ciel et ses étoiles filantes étaient témoins de cette déclaration d'amour silencieuse. Car ce ne fut que lorsque je posai mes lèvres sur les siennes, que je réalisai alors une chose, une chose qu'au fond de moi, j'avais toujours su :

J'aimais Wyer.

*°*°*°*°*

Nous avions dormi l'un contre l'autre. Lorsque je m'étais réveillée, le lendemain matin, j'avais eu le doux plaisir d'admirer le visage apaisé de Wyer, plongé dans son sommeil. Je l'avais contemplé ainsi jusqu'à ce que le petit jour se lève, jusqu'à ce qu'il batte des paupières et émerge doucement.

Aujourd'hui, plus rien n'importait. Les nobles, la Cour, le goûter auquel nous étions censés participer... Wyer m'avait entraîné vers les écuries ; le temps d'un après-midi, nous nous échappions du Palais.

Le soleil dardait ses rayons dorés dans les cheveux de Wyer, leur donnant un aspect plus clair que jamais. Penché vers moi, il me tendait la main, un sourire au bord des lèvres. Je le savais déjà, mais je ne pouvais m'empêcher de le remarquer à nouveau : il était vraiment beau.

Je ramenai une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et lui sourit à mon tour, sentant mes joues rosir. Puis j'entrelaçai mes doigts aux siens, et lorsqu'il fut sûr que je le tenais bien, il me tira vers lui et je me retrouvai assise juste derrière l'encolure d'Onyx.

- Tu es sûr qu'ils ne remarqueront pas notre absence, au Palais ?

- Même s'ils la remarquent, il sera déjà trop tard pour nous courir après, répliqua-t-il avec un petit rire.

Puis, d'un cri, il lança notre monture au galop.

Ses mains serraient les rênes, posées par-dessus les miennes. Je sentais son cœur battre fort contre mon dos. Le vent que nous procurait la vitesse soufflait dans mes cheveux, simplement retenus par un ruban. Même si ce n'était qu'une balade, j'avais l'impression que nous venions de nous enfuir de notre prison. L'imposant Palais et sa grande capitale rétrécissaient derrière nous. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi libre...

Je fermai les yeux quelques secondes, suffisamment pour savourer les bras de Wyer qui m'enlaçaient, son souffle chaud contre mon oreille, et l'amour qui nous entourait à cet instant.

Non.

À cet instant, j'aurais dû savoir que l'amour était éphémère.

J'aurais dû me douter que tout cela était trop beau pour être vrai.

Car chaque fois que j'avais effleuré le bonheur de mes doigts, celui-ci était tombé en poussière sous mes yeux et avait été emporté par le vent.

Je rouvris les yeux en souriant.

Et je me figeai sur un cri d'effroi qui ne sortit jamais, tandis que la flèche filait à toute vitesse vers moi.

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