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23 - Danger


~ Wyer ~


Elle est ma famille, et ma famille est la seule chose qu'on ne peut menacer.


La mélodie du piano résonnait dans la grande salle. Au centre de celle-ci, tourbillonnant dans sa jolie robe rouge, Ezilly ressemblait à un coquelicot. Elle avait beau grimacer à chaque pas qu'elle faisait, elle restait toujours aussi belle... Et toujours aussi maladroite.

- Enfin, Votre Altesse ! se désola son professeur de danse. Cela n'est pas si compliqué, enchaîner trois pas doubles et simples avant un tour et une révérence !

Ezilly pencha la tête en arrière et posa sa main sur son front, essoufflée.

- Je suis désolée, monsieur... Je n'ai pas bien appris à danser, et je ne suis pas à l'aise...

- J'avais cru le remarquer, soupira-t-il en retournant s'asseoir devant son piano. Allez, recommençons encore une fois. Et sans erreur, je vous prie !

Je souris tendrement en observant la mine lasse de la jeune fille. Elle lâcha un petit soupir, puis se remit en position et reprit son exercice, accompagnée du piano.

Elle ne savait pas que j'étais là. Accoudé au balcon de la salle de danse, j'espionnais la scène avec discrétion. Je m'étais encore une fois enfui de mon propre cours, errant dans le Palais en quête d'une chose pour me remonter le moral... Et l'on pouvait dire que j'avais trouvé encore mieux que ça.

Un bruit dans mon dos me fit sursauter, et je me retournai.

- Ah, Altesse... grogna Shovaï en maintenant ouverte la porte par laquelle il venait d'entrer. On m'a dit que vouliez me voir pour une affaire urgente, mais vous étiez introuvable ! J'ai bien cru qu'il vous était arrivé quelque chose...

J'esquissai un sourire taquin.

- Tu t'es inquiété pour moi ? Comme c'est adorable...

Le maître d'armes me frappa gentiment le front tout en fronçant les sourcils.

- Ne vous imaginez pas des choses. Si vous mouriez, je n'aurais juste plus d'utilité au Palais et je perdrais mon boulot. Et malgré tout, il paye bien, ce foutu boulot, maugréa-t-il.

- Bien sûr... ironisai-je.

- Et donc, éluda Shovaï, pour quelle raison vouliez-vous me voir ?

Je perdis soudain mon sourire, et mon point se resserra sur le papier que je tenais dans ma main. Je fis signe à mon ami de sortir, et après un dernier regard à Ezilly qui valsait au centre de la salle, je refermai la porte derrière moi. Le couloir était désert. Je pris une grande respiration, avant de lâcher d'une voix sourde :

- J'ai une faveur à te demander, Shovaï...


*°*°*°*°*


Le soleil s'était couché depuis une bonne heure déjà. La veille avait eu lieu une petite réception qui s'était poursuivie jusqu'à la fin de la nuit, et la Cour, fatiguée, s'était donc couchée tôt aujourd'hui. Cela tombait au bon moment : je ne risquais pas de croiser grand monde ce soir.

Je me laissai tomber du chêne, et atterris en silence sur le sol. Après un coup d'œil autour de moi pour vérifier que j'étais seul, je rabattis la capuche de ma cape sur ma tête et m'élançai dans le parc endormi du Palais.

Petit, j'avais tant gambadé dans ces jardins que je connaissais la moindre plante, le moindre passage et recoin caché entre les fleurs et les buissons. L'enceinte du Palais était grande, et il y avait nombre de secrets à l'intérieur de ses hautes murailles. J'avais ainsi découvert, un soir pluvieux, ce vieux donjon abandonné à l'orée de la forêt. La première fois que mes yeux s'étaient posés sur les ruines de cette tour, il m'avait semblé me retrouver dans l'un de ces endroits hantés dont parlaient tant les histoires que je dévorais en cachette. À ce moment, il faisait sombre et il pleuvait à verse, j'étais à moitié perdu... Je mentirais si je disais que je n'avais pas eu peur.

J'y étais rarement retourné. Bien que depuis, j'avais grandi et cessé de croire aux fantômes, pour une étrange raison, cet endroit m'effrayait toujours autant. Et voilà qu'aujourd'hui, on me faisait m'y rendre pour un motif dix fois plus suspect et inquiétant que ces vieilles pierres...

« La révélation du secret de votre femme, Votre Altesse, serait désastreuse, n'est-ce pas ? Nous savons tous à quel point la belle Cour peut être cruelle avec les traîtres, et ceux qui ne méritent pas la place qu'on leur a attribuée...

Votre épouse est – et il en est regrettable – un de ces imposteurs. Si ce secret venait à être appris de tous, au mieux, vous et elle seriez déshonorés. Mais au pire des cas... Ne risqueriez-vous pas de perdre le trône ?

Bien évidemment, nous ne souhaitons pas qu'un tel malheur se produise... Il serait donc préférable que vous obéissiez, non ? »

C'était la lettre que j'avais reçue le jour suivant de la première menace.

J'étais terrifié. Ils disaient connaître l'identité d'Ezilly... Sans doute était-ce le fait qu'elle avait grandi dans une ferme, et qu'excepté son nom, elle n'avait rien d'une noble... À la Cour, cela était digne d'une imposture. La future Reine de Weldriss, une fermière ? Cela ferait un si gros scandale qu'il était très probable que je sois déshérité. Non pas que je tienne au trône... Mais si cela se produisait, Ezilly et moi n'aurions plus rien, si ce n'était une très mauvaise réputation qui nous empêcherait de vivre normalement. Peut-être même que certains aristocrates conservateurs chercheraient à nous faire du mal...

Je secouai la tête, tentant de faire disparaître la peur qui me serrait la poitrine. Je n'avais aucune idée de ce que voulaient ceux qui m'avaient envoyé ces menaces... Mais s'il y avait bien une chose dont j'étais sûr, c'était qu'ils étaient dangereux.

Joint à ce message, se trouvait un autre papier, où était seulement inscrit un lieu, une date et une heure. « Donjon perdu, 3 mars, 23 : 00 »

Ici, aujourd'hui et maintenant.

Je n'aimais pas ça. Cela ressemblait trop à un piège... Mais l'enjeu était trop important pour que je sois prudent.

Je me glissai dans la petite entrée formée par des pierres écroulées du donjon. La vieille tour était grande, et je ne connaissais pas bien les lieux... À chaque pas supplémentaire que je faisais, je me sentais d'une idiotie sans pareille. Je savais très bien de quoi étaient capables mes pires ennemis, et j'en avais malheureusement beaucoup... N'importe qui pouvait vouloir s'en prendre à moi pour n'importe quelle raison. Céder aux menaces était la pire des solutions, et je le savais parfaitement, néanmoins...

Ils menaçaient Ezilly.

Et cela changeait tout.

Je tournai sur moi-même, pour observer l'espace où je me trouvais, tous mes sens aux aguets. Une vieille tour à moitié écroulée et perdue au milieu d'un parc désert, recouverte de lierre, laissant passer le pâle halo de la lune... L'endroit parfait pour un enlèvement, un meurtre, ou tout autre chose illégale.

- Eh, lançai-je d'une voix forte. Je suis à l'heure. Alors veuillez éviter de me faire attendre, je vous prie.

Personne ne me répondit. Étais-je vraiment seul dans ce donjon abandonné ?

Un craquement se fit alors entendre, et j'esquissai un mauvais sourire. Non... Bien sûr que non. J'étais loin d'être seul.

Je me laissai tomber à terre, évitant de justesse le poignard qui cingla l'air au-dessus de ma tête, et roulai aussitôt en avant pour me relever face à mon agresseur.

- Meurtre, alors ? lâchai-je d'un ton nonchalant en époussetant mon pourpoint. Je me doutai bien que l'endroit et le moment étaient trop bien choisis pour une simple affaire de chantage... Même le décor est parfaitement adapté à la situation.

Je fis quelques pas en arrière, glissant discrètement ma main dans mon dos pour saisir ma dague.

- Combien êtes-vous ? questionnai-je en scrutant les silhouettes qui se distinguaient dans l'obscurité. Cinq ? Oh non, plus. Une dizaine d'hommes, peut-être... N'est-ce pas un peu trop pour un simple gamin comme moi ? fis-je avec un petit rire.

- Un simple gamin ? répliqua aussitôt une voix grave. Vous êtes trop humble, Votre Altesse...

Je me figeai. Cette voix... Non, c'était impossible.

- Gray, quel honneur, grinçai-je. As-tu ressuscité, à moins que ce ne soit là ton fantôme ?

- Enfin, mon cher, vous savez bien que les morts ne parlent pas. C'est d'ailleurs bien pour ça que je les préfère aux vivants...

Je sentais le rythme de mon cœur grimper. J'étais tombé dans un mauvais, un très mauvais coup. Gray Corez, le plus grand tueur à gages de Weldriss, qui avait sévi d'innombrables fois et trempé dans les affaires les plus sombres... Il y avait un an, après des années de cavale, lors d'une tentative d'assassinat ratée, il avait enfin été capturé et jugé ; puis condamné à mort.

Je me souvenais parfaitement de cet homme, et pour cause : j'étais sa dernière victime. Afin de pouvoir me tuer avec facilité, il s'était fait employer par mon père comme professeur. Sans me douter une seule fois de ses véritables motivations, j'avais suivi ses cours avec le sourire aux lèvres... Par sa joie de vivre et sa gentillesse, Gray avait la faculté de donner vie à ses leçons et je ne m'ennuyais jamais avec lui.

Je m'étais même pris à le considérer comme un ami. Jusqu'au jour où, lors d'une soirée particulièrement humide, il m'avait demandé de le rejoindre dans la bibliothèque royale pour discuter. Discuter... Je laissai échapper un rire noir à cette pensée.

Ce soir-là, il m'avait littéralement poignardé dans le dos. Si je n'avais pas eu le réflexe d'arracher l'arme de mon propre corps et de la planter à mon tour dans celui de mon agresseur, je n'aurais plus été en vie à ce jour.

- Sale traître, grondai-je. Une fois ne t'aura pas suffi, tu veux à nouveau ma peau ?

Gray fit quelques pas de sa démarche boiteuse et sortit de l'ombre, révélant son regard à l'éclat sanguinaire et sa carrure de géant.

- Votre peau ? Non, pas aujourd'hui... Une autre fois, peut-être, mon ami ? répondit-il tranquillement, comme si nous parlions d'un dîner convivial.

Un frisson me parcourut. Je me remémorai les menaces que j'avais reçues. Oui, c'était vrai, après tout je n'étais pas leur cible...

- Que veux-tu à ma femme ? lâchai-je d'une voix brûlante de colère.

- Votre femme... Je vois qu'il n'y a pas là qu'une alliance officielle, répliqua-t-il. Cela va compliquer un peu les choses. Enfin, me direz-vous, cette Ezilly est bien jolie et sa compagnie doit être agréable, ajouta-il avec un rire gras. Je peux comprendre que vous vous soyez attaché à elle.

Je serrai les poings en tentant de refouler ma rage. Prudent, je devais être prudent... Je ne savais toujours pas ce qu'il voulait à Ezilly. Enfin, il... Gray Corez n'était qu'un tueur à gages, opérant sous les ordres de quelqu'un d'autre. C'était cette personne la véritable menace : pour avoir de quoi utiliser l'homme qui avait terrifié un pays entier, il fallait avoir de quoi le payer. Or, argent rimait avec pouvoir... Quelle que soit la personne derrière ce complot, elle devait être dangereusement influente et riche. Un aristocrate.

- Ne prononce pas son nom de ta bouche impure, menaçai-je sourdement.

- Oh, mais c'est qu'il est protecteur... Mon cher élève, vous vous êtes trouvé une muse à la hauteur de votre intelligence et prestige. Toutes mes félicitations !

- Tais-toi ! Que veux-tu ?

- Vous abrégez nos retrouvailles, remarqua Gray avec un soupir faussement déçu.

La dizaine d'hommes derrière lui n'avait pas bougé depuis le début de notre conversation. Ils semblaient plus présents pour m'impressionner que pour me tuer ou me blesser... Tant mieux. Contre dix mercenaires armés, survivre quelques minutes aurait été un exploit.

- Et bien, reprit Gray de sa voix grave, je suppose que nous devrions commencer à parler affaires...

- Que faudrait-il que je fasse pour que tu ne t'approches jamais d'Ezilly ? Et que tu ne révèles jamais son secret ?

- Quelle perspicacité... ironisa le tueur à gages. C'est simple : répudiez votre femme.

Je cillai, et Gray le remarqua. Un sombre sourire s'étala sur son visage.

J'avais l'impression qu'un terrible poids compressait ma poitrine et m'empêchait de respirer. Comme si une chape de glace s'était jetée sur moi, une peur gelée envahit mon corps. Mon cœur paraissait au bord de l'explosion. La rage bouillonnait dans mon sang.

- Qu'est... ce que tu... viens de dire ? lâchai-je avec difficulté, tremblant de fureur.

- Répudiez Ezilly De Welborn. Et elle restera en sécurité.

Je ne parvins plus à me contrôler. Je bondis sur cet homme, ce traître que j'avais un temps considéré comme un ami, dague au poing. Je le haïssais, au point de vouloir le tuer. Il n'avait pas le droit. Personne n'avait le droit de menacer ce que j'avais de plus précieux au monde. Pas elle. Et la répudier ? La chasser du Palais, l'éloigner à jamais de moi et l'envoyer à une vie de misère, sans plus aucune chance de retrouver une existence convenable ? Me séparer d'elle, me séparer de celle qui illuminait mes journées ? Qui, d'un seul sourire, rendait ma vie plus douce et heureuse ? Jamais.

- Jamais ! hurlai-je, enragé.

Avant que quiconque n'eût le temps de réagir, j'avais enfoncé ma dague dans sa poitrine. Nous tombâmes au sol. Les yeux écarquillés de colère, je resserrai brutalement mes doigts autour de son cou, tandis qu'il crachait du sang et tentait de reprendre son souffle.

- Meurs. Meurs pour tous ces gens que tu as tués pour de l'agent. Meurs pour avoir menacé Ezilly ! lâchai-je avec un rugissement de colère, incontrôlable.

Du coin de l'œil, je vis les hommes se précipiter sur moi, et bientôt les coups se mirent à pleuvoir sur mon corps, mais je ne bronchai pas. On essaya de m'arracher à ma victime, de retirer mes mains de son cou, mais je hurlais, me débattais de toutes mes forces et refusais de lâcher prise. Il fallait qu'il meure. Il le fallait...

Un violent coup à la tête me sonna tant que mon corps s'écroula en arrière, et je perdis à moitié connaissance. J'avais conscience des cris, de la douleur dans mon corps, des coups qui continuaient de m'assaillir, mais je ne voyais plus rien, j'avais trop mal pour comprendre.

Ezilly. Ils ne devaient pas faire de mal à Ezilly. Ils n'en avaient pas le droit.

La dernière chose que j'entendis avant que le noir envahisse définitivement mes pensées, fut un ordre sec lancé par la voix grave de Gray :

- Non, ne le tuez pas ! On a encore besoin de lui.

Puis je perdis pied et sombrai dans une lourde obscurité.

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