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19 - Dernier Jour de Liberté


~ Wyer ~


L'amour offre quelque chose d'assez extraordinaire : la force d'être heureux, même noyé dans le malheur.


- Tu ne seras plus jamais seul, Wyer.

Ezilly ne réalisait pas à quel point chacun de ses mots me transperçait et pénétrait au plus profond de mon cœur.

Comme toujours, mon visage était froid comme de la glace, mais intérieurement, je fondais sous la chaleur de son sourire. Mes pensées bouillonnaient dans ma tête, frappant tellement fort pour sortir que j'en avais mal. De folles envies me traversaient de part et d'autre : une partie de moi voulait la serrer dans mes bras, lui dire tout ce que je ressentais pour elle, l'embrasser à en mourir, et l'autre souhaitait la repousser, la détester, la protéger de l'être sombre et instable que j'étais... Et enfin, le côté le plus réfléchi de mon être me murmurait que je n'avais d'autre choix que de rester silencieusement à ses côtés pour veiller sur elle.

Pour qu'elle n'ait plus jamais à souffrir.

Je baissai la tête pour éviter de me perdre dans son magnifique regard bleu. Mon cœur battait déjà comme un fou, à un tel point que je craignais qu'il explose... Et si cette fille continuait de me dire des choses pareilles, c'était définitivement ce qui arriverait.

M'arrachant douloureusement à la beauté de cet instant, je tournai brutalement les talons et repartis sur le chemin. Je n'eus pas besoin de me retourner pour savoir qu'Ezilly me suivait, quelques pas derrière moi. Elle n'osait plus rien dire, face à mon silence, mais elle ne se résolvait pas à ne rien faire non plus... Elle s'acharnait à rester avec moi.

- Tu ne seras plus jamais seul, Wyer.

Je secouai violemment la tête pour chasser ses mots. En vain... Sa phrase continuait de tourner en boucle dans ma tête et de bouleverser toutes mes pensées.

- Bon sang, lâchais-je d'une voix sourde, pressant le pas pour distancer ma compagne. Je deviens fou...


*°*°*°*°*


Cela faisait une bonne vingtaine de minutes à présent qu'Ezilly câlinait son cheval. Lorsque nous avions atteint l'écurie, elle s'était aussitôt précipitée à la dernière stalle, avant de se jeter furieusement sur la petite jument qui grignotait calmement ses brins de paille. De l'entrée de l'écurie, j'avais observé la jeune fille aux yeux larmoyants de bonheur se serrer contre son cheval, celui-là même qui avait causé son chagrin, dans la forêt enneigée de Kerslovaz. Elle lui parlait tendrement, avec tant d'amour que je devenais presque jaloux de cette jument.

- Oh, Mythe, si tu savais comme tu m'as manqué... Je t'aime tant, mon cheval chéri ! J'ai pensé à toi tous les jours, tu sais ? J'aurais tant voulu que tu sois avec moi, à Kerslovaz...

J'esquissai un léger sourire en voyant la paisible jument continuer de mâchonner sa nourriture, imperturbable devant la déclaration enflammée d'Ezilly.

Cette dernière se tourna justement vers moi, comme si elle venait subitement de se rappeler de ma présence. Elle me lança alors d'une voix joyeuse, accompagnée de son habituel grand sourire :

– Wyer ! Veux-tu te promener avec moi ?

À ce moment, je n'avais jamais autant regretté d'avoir tant d'obligations. J'aurais tant aimé lui dire oui... Partir avec elle, sans rien pour nous retenir...

- Il va bientôt faire nuit.

- Et alors ? demanda-t-elle innocemment, son sourire tombant un peu devant mon manque d'enthousiasme.

- Et alors, on doit être rentrés pour demain matin au palais, sans faute. Si l'on ne reprend pas la route maintenant, on n'y arrivera jamais à temps...

Son sourire fit place à une triste grimace. Ezilly baissa la tête, sa main caressant mélancoliquement la selle qu'elle venait de passer à la jument.

- Tu veux dire... Qu'on doit repartir tout de suite ?

- Oui, répondis-je de ma voix la plus douce.

Elle serra fort les rênes dans ses mains, ses mèches sombres masquant ses yeux. Je m'approchai lentement, et tout en gardant une certaine distance, déclara gentiment :

- On reviendra bientôt, je te le promets... Cette ferme est moins loin du palais que Kerslovaz.

Ezilly resta silencieuse quelques secondes, avant de relever la tête et de lancer d'une voix faussement enjouée :

- C'est vrai ! Ce n'est pas loin, juste à quelques... Heures de route.

Bien qu'elle tentât de sourire, je n'étais pas dupe : la tristesse qui dansait dans ses yeux me montrait bien à quel point elle ne souhaitait pas repartir. Le plus lentement possible, elle rangea la selle de son cheval, et après un émouvant au revoir, nous sortîmes de l'écurie.

Une demie-heure plus tard, je faisais semblant de ne pas voir Ezilly qui, face à moi dans la calèche, sanglotait silencieusement. Je voulais détourner le regard, plus par pudeur que par gêne, mais je ne pouvais m'empêcher de l'observer d'un œil inquiet. Retrouvailles rimaient inévitablement avec séparations... Un jour ou l'autre, on était forcé de quitter ceux que l'on aimait. Certains avaient la chance de passer de longues années avec eux... Tandis que d'autres devaient se contenter d'à peine une journée.

J'étais aussi un peu triste de quitter cette ferme : la famille d'Ezilly était des plus agréables. Je n'avais aucun mal à comprendre d'où venait la joie de vivre de mon épouse. À croire que cette ferme était enchantée... Ici, le rire et la bonne humeur régnaient en maîtres. Je n'aurais jamais cru que cela arriverait un jour, mais je m'étais senti, pendant quelques heures, comme un garçon normal. Passé les premiers malentendus, personne ne m'avait traité comme le prince héritier... On m'avait accueilli gentiment, et je m'étais aussitôt senti à l'aise.

Décidément, où que j'aille, tant que j'étais aux côtés d'Ezilly, j'étais heureux...

Lorsque ses larmes eurent séché, elle s'endormit. Je continuai de la regarder, observant chaque millimètre de son visage, comme pour le graver dans ma mémoire. Ses longs cils noirs bordant ses grands yeux fermés, contrastant avec sa peau pâle... Son nez fin et petit, ses pommettes qui rosissaient lorsqu'elle était gênée ou qu'elle souriait, ses lèvres parfaitement dessinées, qui s'étiraient pour former son si magnifique sourire... Sans oublier ses longs cheveux sombres, ondulant et cascadant majestueusement sur ses épaules. Tout en elle était merveilleux, d'une splendeur qui m'éblouissait chaque fois que je posais le regard sur elle... À chacune des secondes que je passais près d'elle, j'avais l'impression de tomber encore un peu plus amoureux.

Après de longues heures de voyage, nous nous arrêtâmes enfin dans une auberge. Je ne réussis pas à dormir de la nuit. Demain, je serai de retour au palais... Rien qu'à cette idée, mon esprit se révoltait, et je sentais une sourde tension envahir chacun de mes muscles. Je ne voulais pas rentrer...

Nous reprîmes la route aux aurores, après un maigre déjeuner à l'auberge. Cette fois, j'étais si nerveux que je ne pus rester plus de quelques minutes à l'intérieur de la calèche. Alors que nous venions juste de partir, je fis arrêter le convoi, et m'empressai d'échanger ma place avec le jeune cocher. J'avais besoin de bouger pour oublier ma tension : rester simplement assis était impossible pour moi. Comme toujours, je me sentais mieux à l'air libre, auprès des chevaux.

La capitale finit par apparaître devant moi, et derrière, somptueusement installé en hauteur, l'immense Palais régnant sur elle. Alors que nous approchions des portes de la ville, j'entendais les exclamations et la musique. Comme à chaque arrivée d'un membre royal, une fête avait été préparée...

Je n'en supportai pas plus. Pour la deuxième fois de la journée, je fis arrêter la calèche, et bondis au sol avant d'ouvrir en fracas la porte. Ezilly me dévisagea d'un air étonné.

- Wyer ?

- Tu veux venir avec moi ? lançai-je précipitamment.

- De quoi tu...

- Tu le veux ou pas ?

Le regard perdu, elle m'observa une fraction de seconde, avant de lâcher :

- Je viens. Je ne sais pas où, mais... Je viens.

Je sentis un sourire détendre mon visage, et sans réfléchir, je lui tendis la main. Elle la saisit avec douceur et sortit de la calèche. Tout en détachant Onyx du convoi, j'expliquai rapidement au pauvre cocher qui ne comprenait plus rien :

- Rentrez au palais. Nous arriverons un peu plus tard... Je prendrai toutes les responsabilités de cette petite évasion.

Sur ce, je donnai une petite tape aux chevaux de l'attelage, qui partirent aussitôt au galop. Je regardai la calèche disparaître avec un sentiment de soulagement.

- Wyer... Tu veux bien m'expliquer ce qu'on est en train de faire ?

Je me tournai vers la jeune fille, qui, malgré son incompréhension, souriait. Elle aussi devait redouter le retour au palais...

- On s'échappe, fis-je avec espièglerie.

Un pied dans l'étrier, je lançai mon autre jambe par-dessus la croupe d'Onyx avant de me laisser tomber sur l'arrière de la selle. Au sol, Ezilly me détaillait sans comprendre. Les rênes dans une main, je me penchai vers elle.

- Grimpe, souris-je.

- Mais...

Sans plus attendre, je passai mon bras autour de sa taille et la fit décoller du sol. Je l'assis devant moi, tandis qu'elle essayait de protester, les joues rouges :

- On n'est pas trop lourds ? Et je suis en robe...

- Reste en amazone, alors. Je m'occupe de diriger Onyx.

Un bras autour de sa taille pour la retenir de tomber, l'autre tenant les rênes, je lançai notre monture d'un cri :

- À la ville, mon beau !

Onyx s'élança au galop sur le chemin, ravi d'enfin pouvoir courir librement. Contre moi, je sentais Ezilly se détendre, enivrée par l'euphorie que procurait la vitesse. Son cœur battait follement, à moins qu'il ne s'agisse du mien... Le vent nous frappait le visage, et apportait à nos oreilles la musique et la clameur de la foule. La ville approchait, et, serrés l'un contre l'autre, nous étions plus libres que jamais.

Une fois à la porte de la capitale, nous ralentîmes, et je donnai l'ordre à Onyx de continuer au trot. Au loin, je distinguai alors notre carrosse englouti par la foule. Bien qu'il n'y avait personne à l'intérieur, les gens l'ignorant, les hourras et les acclamations résonnaient, et un petit orchestre de cuivres accompagnait l'avancée du convoi. « Vive le Prince et la Princesse de Weldriss ! » scandait la foule.

- Tu as vu ? soufflai-je à Ezilly. Ils nous acclament...

- Oui, murmura-t-elle, émue.

Partout, de petits étalages avaient fleuri, les marchands profitant de la fête pour vendre. Les maisons et les fenêtres avaient été décorées : il y avait des banderoles, des bouquets de fleurs aux portes, et les gens avaient revêtu leurs plus beaux vêtements... J'observai même des villageois qui dansaient, accompagnés de l'air joyeux d'un violon.

- Mais... Personne ne risque de nous reconnaître ? demanda la Ezilly en se tournant vers moi.

En me découvrant si proche, elle rougit subitement, ce qui me fit sourire.

- Non, la rassurai-je. J'ai toujours refusé qu'on me peigne et qu'on affiche des tableaux de moi : rares sont ceux qui connaissent mon visage. Quant à toi... Puisque tu viens tout juste d'arriver à la Cour, tu n'as pas encore eu de peinture officielle.

- Ce n'est pas si mal, finalement... Ainsi, nous pouvons sortir sans être reconnus.

Certaines personnes se tournèrent vers nous, impressionnées par la beauté d'Onyx. J'eus une tendre pensée pour la petite Rose, à laquelle j'avais donné un prénom la dernière fois que j'étais venu en ville. Elle aussi avait admiré mon cheval...

- Enfin, ce n'est pas pour autant que nous passons inaperçus, sourit Ezilly.

Alors que nous passions devant l'endroit où les villageois dansaient, je remarquai que ma compagne les suivait du regard, admirative. Elle paraissait avoir envie de les rejoindre... Je me penchai vers elle et lui glissai :

- Veux-tu aller avec eux ?

- Je peux ? s'exclama-t-elle, les yeux brillants.

- Evidemment...

Elle bondit aussitôt à terre, et se précipita vers les danseurs. Ils l'intégrèrent dans la ronde avec des exclamations de joie, et elle commença à imiter leurs pas, un grand sourire aux lèvres. Le violon se déchaînait, accélérant le rythme, forçant les villageois à aller plus vite. Un petit groupe de spectateurs admiratifs s'était formé, et ils frappaient des mains pour encourager tout ce beau monde. C'était un spectacle merveilleux.

Ezilly croisa mon regard, et me fit un signe de la main, tout heureuse. Tranquillement assis sur Onyx, insensible à la foule qui se pressait de part et d'autre de ma monture, j'avais les yeux fixés sur cette si magnifique fille, rayonnante de joie et de beauté. Comme un idiot, j'étais suspendu aux moindres de ses gestes, d'une telle délicatesse qu'on aurait dit un ange. Je n'étais pas le seul, d'ailleurs : de nombreuses personnes, dont la plupart étaient des hommes, s'étaient regroupées autour des danseurs pour la regarder et l'acclamer. Quand je pris conscience de cela, je perdis mon sourire. Évidemment... Ezilly était si belle, si gracieuse et pleine de vie qu'elle attirait tous les regards.

Et cela ne me plaisait pas. Mais alors pas du tout. J'avais envie de l'arracher à cette foule, et de l'emporter le plus loin possible pour être le seul à pouvoir l'admirer... Mais je savais à quel point cette envie était ridicule, et surtout impossible. Et puis Ezilly débordait tant de joie... Je n'avais pas le droit de lui retirer cela.

À cet instant, j'étais vraiment rassuré que nous soyons mariés.

Lorsque le violon s'arrêta enfin, je fus tiraillé entre ma déception de ne plus pouvoir la contempler danser, et le soulagement de ne plus voir ces hommes se régaler du spectacle. Je me précipitai aussitôt près d'elle pour la soustraire à ces vautours. Ils la fixaient avec l'air de fauves affamés qui lorgnaient un beau morceau de viande... J'attrapai sa main, et après avoir jeté mon regard le plus noir à ces hommes, je la tirai à travers la foule pour rejoindre Onyx.

- Wyer, attends !

Je ralentis un peu en prenant conscience de la vitesse à laquelle je marchais. Après avoir tant dansé, Ezilly était essoufflée... Je me tournai vers elle, et mon énervement se dissipa aussitôt en croisant ses beaux yeux bleus.

- On ne pourrait pas rester un peu plus ? me supplia-t-elle.

À ce moment, les cloches se mirent à sonner dans la ville. L'église étant juste derrière la place où nous nous trouvions, le bruit résonnait fort et je dus attendre la fin des douze coups pour lui répondre.

- Il est midi, déclarai-je, comme si elle ne l'avait pas remarqué. On nous attend au Palais pour le repas... Et nous sommes déjà en retard.

Ezilly baissa la tête.

- Nous reviendrons, promis-je. Moi non plus, je n'ai pas envie de rentrer, mais nous n'avons pas le choix.

Elle me regarda avec un pauvre sourire, une lueur courageuse dans les yeux. À cet instant, j'eus envie de l'enlacer et de la serrer contre moi pour la réconforter. Mais soudain, je me rappelai ce qu'il s'était passé lorsque je lui avais caressé la joue, à Kerslovaz... Je me figeai alors, immobile, et le cœur à l'agonie. J'avais beau être à quelques centimètres d'elle en ce moment, j'avais beau être son mari, j'avais beau l'aimer comme un fou... À cet instant, j'avais la douloureuse impression qu'un immense vide nous séparait.

- Rentrons, lâchai-je d'un ton sec, luttant pour repousser la tristesse qui m'envahissait.

Nous remontâmes sur Onyx, Ezilly observant avec un sourire peiné les danses qui avaient repris. Presque inconsciemment, je resserrai mon bras autour de sa taille, comme pour la retenir. C'est ainsi que, le cœur serré, nous quittâmes la ville où nous avions passé un si bel instant.


*°*°*°*°*


- Wyer, mon fils ! s'exclama Major en s'avançant vers moi avec une joie que je savais feinte.

Il me demanda des nouvelles de notre voyage, puis, sans attendre de réponse, s'empressa de souhaiter la bienvenue à une Ezilly toute gênée d'être si proche du Roi. Après de longues salutations tout à fait inutiles, mon père me prit par le bras et m'entraîna un peu à l'écart.

- Wyer, te souviens-tu de mon beau-frère, l'Imperator de Hoslward ?

J'acquiesçai, légèrement surpris et agacé qu'il me parle de ça alors que cela ne faisait que quelques minutes que j'étais arrivé.

Major se retourna, et fit un signe à quelqu'un parmi la foule d'aristocrates réunis pour nous accueillir. Une jeune fille s'approcha alors, étincelante de bijoux et de richesse, de longues anglaises blondes tombant sur ses épaules et un grand sourire provocateur sur le visage. Je l'observai avancer d'une démarche majestueuse, sûre d'elle et surtout sûre de ses charmes.

Je savais qui elle était.

- Je te présente sa fille, ta cousine, la Princesse Mélodie De Hoslward.

Elle s'inclina d'une révérence parfaite, avant de braquer ses deux grands yeux de biche sur moi et de déclarer d'une voix de velours :

- Mes hommages, Votre Altesse. Je suis absolument ravie de rencontrer le si illustre Prince de Weldriss, dont on m'a tant vanté le charisme et la magnificence...

Je ne pus retenir une grimace moqueuse. Moi ? Je connaissais ma réputation, et elle était tout le contraire de celle qu'entretenait ma cousine : elle n'était pas belle à entendre. Cette fille aimait décidément les mensonges... Malheureusement pour elle, je ne partageais pas ce dernier point, et j'étais allergique aux flatteries.

Je ne lui rendis pas sa révérence et me refusai de lui faire le baise-main, malgré le regard noir de mon père. Étrangement, cela ne la fit que sourire davantage.

- Bon retour au Palais, Votre Altesse.

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