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10 - Gouvernante & Professeur


~ Ezilly ~


Un rayon d'espoir peut sauver du plus noir des enfers.


- Votre Altesse, réveillez-vous, fit une désagréable voix rauque près de mon oreille.

Je grognai et remontai la couverture jusqu'à mon nez.

- Réveillez-vous ! cria la voix.

Je sursautai tellement fort que je faillis tomber du lit. Je me redressai aussitôt, pour me retrouver face à face avec une femme au visage sec et maigre, habillée tout de noir.

- Que faites-vous là ? fis-je bêtement tout en me frottant les yeux.

- Je suis votre gouvernante, répondit-elle d'un ton sans émotion.

J'ouvris grand la bouche, puis la refermai, ne sachant que répliquer.

Aujourd'hui était le premier jour de ma nouvelle vie. Une nouvelle vie en tant que Princesse, dans un palais auquel je ne connaissais rien. Cela s'annonçait... compliqué.

- Levez-vous, Votre Altesse. Vous devez être présente pour le petit-déjeuner royal.

D'un geste presque brutal, elle tira mon édredon vers elle. Je me redressai péniblement, réprimant tant bien que mal l'envie de me cacher sous mon coussin.

- S'il... S'il vous plaît, demandai-je d'une petite voix, ne pourrai-je pas rester dormir encore quelques minutes ?

Le regard qu'elle me lança me fit comprendre que ce genre de question était totalement déplacé. Même si cela ne faisait que quelques heures que le palais était couché... Dormir un peu plus ? Enfin, quelle drôle d'idée !

Je me mis debout, répriment un bâillement, puis me dirigeai vers ma coiffeuse et plongeai mon visage dans une bassine d'eau. Le froid acheva de me réveiller. Je n'avais pas fini de me sécher le visage que la gouvernante, d'une pression sur mes épaules, me fit m'asseoir sur le petit tabouret.

- Mais... Vous...

Sans me laisser le temps de comprendre ce qu'elle faisait, elle attrapa un peigne et l'enfonça dans ma chevelure, m'arrachant à la fois un cri de surprise et quelques cheveux.

- Vous me faites mal ! m'écriai-je, révoltée.

- Toutes mes excuses, Mademoiselle, répondit-elle sans aucune sincérité, mais vous devez être prête dans un quart d'heure.

- Cela ne vous autorise pas à m'arracher les cheveux... Je préférerais d'ailleurs me coiffer moi-même.

La gouvernante fit semblant de ne pas m'entendre, et continua de me passer le peigne sans aucune délicatesse. Lorsqu'elle eut fini, j'avais perdu plusieurs poignées de cheveux, j'avais très mal à la tête et j'étais définitivement de mauvaise humeur.

Quinze minutes plus tard, j'étais assise sur une luxueuse chaise, et face à moi s'étalait tant de nourriture qu'un village entier n'aurait pas pu tout manger en une journée. Autour de la longue table qui faisait la taille de la pièce étaient assis de nombreux nobles. Le déjeuner du Roi était un événement important, et aucun ne souhaitait rater cela... Surtout si c'était l'occasion de quémander une quelconque aide financière, ou bien quelques privilèges.

On m'avait placée sur le côté droit du Roi. Celui-ci était assis entre deux chaises vides ; celle de sa femme et celle de son fils. Pour la première, on m'avait dit qu'elle était malheureusement malade et qu'elle devait garder le lit, mais pour le second, son absence ne faisait aucun doute : il me fuyait.

Ce qui n'était pas étonnant quand on savait ce qui s'était passé la veille.

J'avais parfaitement compris qu'il ne m'aimait pas. Pour lui, je devais juste être une chose gênante et désagréable qui avait fait irruption dans sa vie. Enfin, cela m'était égal : je n'étais pas ici pour le plaisir, et encore moins pour les beaux yeux du prince. S'il voulait m'éviter, je ne m'en porterais pas plus mal.

Je n'avais pas faim. Depuis que j'avais quitté Délia et Yas, j'avais perdu l'appétit. J'avais à présent accès à la nourriture des « riches », celle que l'on ne pouvait justement pas se permettre à la ferme, mais maintenant qu'elle était devant moi, je n'en avais plus envie. Elle me dégoûtait : elle me rappelait ce que je faisais dans ce palais.

Je remuai faiblement la cuillère dans ma tasse de thé, le regard fixé sur le gâteau dans mon assiette. Les rares fois où j'avais pu en goûter, j'avais adoré ça. Seulement, celui-ci était écœurant, et beaucoup trop sucré.

Je repoussai mon assiette. Je n'avais rien mangé, mais le nœud dans mon ventre ne voulait pas se desserrer. J'avais mal quelque part, mais je ne savais ni où ni pourquoi. Comme une maladie invisible...

Le déjeuner me sembla durer des heures. Enfin, quand je pus m'éclipser, la gouvernante apparut comme par magie devant moi.

- Votre Altesse est attendue par son professeur dans la bibliothèque.

- Mon professeur... ?

Bien sûr, elle ne me répondit rien, et se contenta de me montrer le chemin d'un pas rapide. Je la suivis donc, un peu dépassée par le nombre de couloirs que nous dûmes traverser pour arriver à la fameuse bibliothèque.

Elle ouvrit la porte et entra dans la pièce, moi sur ses talons.

Je fus aussitôt éblouie par la beauté de la salle.

Les grandes étagères en bois sombre étaient remplies de livres, tous aussi différents les uns que les autres. La salle était éclairée par la lumière chaleureuse des lustres aux mille bougies. Et les murs... Ils étaient recouverts de magnifiques peintures représentant tantôt des paysages, tantôt des animaux, et même parfois des anges et d'autres personnages. L'ensemble était magnifique.

Au centre de la pièce se trouvaient plusieurs tables d'étude, et sur l'une d'elles travaillait un homme. Sans doute mon professeur...

En effet, lorsqu'il nous vit, il se leva et s'approcha, avant de se plier en une profonde révérence à mon égard.

- Je suis enchanté de vous rencontrer, Votre Altesse. Avoir une élève aussi distinguée que vous est un véritable honneur pour moi...

Je rougis et saluai à mon tour l'homme.

Il n'avait pas l'air d'avoir plus de la vingtaine. Il ressemblait plus à un étudiant qu'à un professeur, avec sa chemise mal boutonnée, son col un peu de travers, et ses cheveux blonds qui, malgré leur coupe sage, étaient plus qu'indisciplinés. Je fus rassurée : il avait l'air très gentil, bien que sans doute un peu tête en l'air. De plus, il me souriait...

La gouvernante n'avait pas l'air de mon avis. Elle le fixait d'un regard noir, comme si sa présence ici était anormale. Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour prendre la parole, je crus d'abord qu'elle allait le sermonner sur sa tenue.

- Ce professeur a été choisi en personne par le Roi, me dit-elle d'un ton qui me laissa penser que selon elle, le Roi avait des goûts étranges. Il est chargé de vous enseigner les savoirs essentiels, soit la langue et les mathématiques, mais il s'occupera aussi de vous apprendre les bases de la politique, et toutes ces autres choses que vous aurez besoin de savoir pour être une bonne Reine. Vous le rejoindrez ici chaque jour excepté le dimanche, après le déjeuner.

Je hochai la tête, et après une raide révérence, elle sortit de la salle. Je ne pus retenir un soupir de soulagement.

- Je suppose que cette dame était votre gouvernante, fit le professeur, curieux.

- Oui, et je crois bien qu'on l'a chargée de me surveiller dans tous mes déplacements...

L'homme reporta son regard sur moi, et son sourire s'agrandit encore plus.

- J'ai comme l'impression que nous allons bien nous entendre, vous et moi. Oh, mais à ce propos !

Il se frappa le front.

- Je manque à la plus simple des politesses ! Laissez-moi me présenter : je me nomme Alphonse Guévindor, j'ai vingt-et-un ans, et je suis d'origine Hoslwarde. Sa Majesté le Roi m'a donc engagé pour, tel que l'a dit votre gouvernante, vous enseigner tout ce dont vous aurez besoin pour survivre ici, déclara-t-il avec un clin d'œil.

Je lui fis un grand sourire.

- Je suis ravie de vous avoir pour professeur, monsieur Guévindor. Bien que je m'appelle Ezilly De Carminn, je suis moi d'origine fermière, et j'ai quatorze ans. J'espère que nous nous entendrons bien !

Je lui tendis la main, et il la serra avec un petit rire.

- Je ne voudrais pas gâcher nos présentations, dit-il un peu plus sérieusement, mais j'ai dû mal comprendre... Vous venez de dire que vous êtes d'origine fermière ?

- C'est bien ce que j'ai dit. Je n'ai pas grandi avec mes parents, mais avec ma tante, qui tient une ferme. Contrairement à ce que veut faire croire mon père... Je n'ai rien d'une aristocrate.

Alphonse cligna plusieurs fois des yeux, comme pour digérer la nouvelle. Il avait l'air surpris.

- Oh... Je vois...

Il se pencha vers moi et murmura, tel un comploteur :

- Ça restera entre nous, ma chère, mais c'est plutôt une bonne chose : je n'aime pas trop enseigner à tous ces petits nobliaux. Je préfère les gens simples et gentils : les gens du peuple, comme vous et moi !

Nous échangeâmes un long sourire complice.

Je sentais que j'allais beaucoup apprécier ce professeur...


*°*°*°*°*


Il faisait beau. Même si le vent d'automne refroidissait l'air, le ciel était dégagé et le soleil brillait à en faire rougir une statue de glace. Je pris une grande goulée d'air frais : je n'avais pas profité du dehors depuis que j'étais partie de la ferme.

J'avais réussi à échapper à la surveillance de ma gouvernante. Après avoir passé la matinée avec mon professeur, j'étais allée prendre le repas. Encore une fois, je n'avais pas faim, il y avait trop nourriture, et les nobles parlaient fort, cherchant à tout prix à attirer l'attention du Roi. Moi, au contraire, j'essayais de me faire la plus petite possible pour que personne ne me remarque.

Je m'étais ensuite enfuie si rapidement de la salle que ma gouvernante n'avait pas eu le temps de me rattraper. J'avais erré longtemps dans le palais, avant de trouver une petite porte qui menait aux jardins. J'étais donc en ce moment en train de me balader dehors, profitant d'un rare instant de liberté, de douceur et de calme.

Les jardins du palais étaient magnifiques. Chaque buisson, chaque fleur, chaque plante étaient travaillés, de manière à ce qu'aucun brin d'herbe ne dépasse et ne gâche le résultat. Même si je n'étais pas une adepte de ce genre de jardin aux formes géométriques et aux plantes sculptées, j'étais forcée de reconnaître que le spectacle était superbe.

Au gré de mes déambulations, je croisais des jardiniers, des serviteurs, et des gens de la Cour. Tous me regardaient bizarrement, comme s'ils savaient que je n'étais pas censée être là. Peut-être était-ce parce que j'étais si jeune, ou parce qu'ils me reconnaissaient, toujours était-il que je me sentais mal à l'aise sous leur regard. Ils me scrutaient comme si j'avais un gros bouton sur le nez, un troisième bras, ou toute autre quelconque bizarrerie...

Alors que j'arrivais sur une allée de petits cailloux blancs, un bruit reconnaissable entre mille me fit me figer. Le claquement régulier des pas d'un cheval.

Je tournai la tête dans tous les sens, alerte. Ce bruit faisait remonter tellement de souvenirs en moi... Toutes mes promenades avec ma cousine, les moments passés avec Mythe, mon cheval... Ma passion pour ces animaux n'avait pas de limite. Si, par pur hasard, je pouvais aussi profiter des chevaux au palais... Ma vie ici en serait peut-être moins triste que je ne le pensais.

Je le vis sortir de derrière une haie, conduit par un écuyer. C'était un magnifique cheval noir, au poil brillant et à la longue et belle crinière ébène. Il marchait avec élégance, la tête haute, et dans son regard brillait une vive lueur. Je restai ébahie devant tant de beauté.

Sans plus me soucier de rien, je me précipitai vers le cheval.

- Ouh là, faites attention, petite demoiselle !

Malheureusement, je me pris les pieds dans ma robe, et je me retrouvai par terre. Je relevai la tête vers l'homme qui venait de parler : c'était l'écuyer. À côté de lui, le cheval me détaillait d'un regard doux, peut-être un brin moqueur.

- Oh, pardon... fis-je, le regard toujours rivé dans celui de l'animal.

Il rit un peu, et me tendit une main pour m'aider à me relever.

- C'est vous qui avez glissé, pas moi, alors pourquoi vous excusez-vous ? me demanda-t-il en souriant.

- Ah... Je suis un peu étourdie, c'est vrai...

Je décrochai enfin mon regard des yeux noirs du cheval, et essayai ma robe. Ce n'était pas la tenue la plus pratique pour se promener dehors...

- Ce cheval est superbe, déclarai-je à l'écuyer. Vous croyez que je pourrais le monter ? Je suis plutôt à l'aise en équitation, vous savez...

L'homme parut embêté.

- Je suis désolé, mais cela ne va pas être possible. Le maître de cet animal n'a pas très bon caractère, si vous voyez ce que je veux dire, et il m'a formellement interdit de laisser son cheval aux mains de quelqu'un d'autre.

Voyant mon expression déçue, il s'empressa de rajouter :

- Mais si vous le souhaitez, il y a d'autres chevaux dans l'écurie royale...

J'ouvris des yeux immenses.

- C'est vrai ? m'écriai-je, ravie.

- Bien sûr !

Je n'eus pas le temps de me réjouir plus longtemps, car une voix m'appela avec sévérité : sans trop de surprise, je vis ma gouvernante surgir au bout de l'allée. Elle avait l'air essoufflée, et son visage en colère ne présageait rien de bon...

- Vous pouvez être sûr que vous aurez bientôt de mes nouvelles, chuchotai-je à l'écuyer avant d'être entraînée par la gouvernante.

Alors que j'agitais la main pour lui dire au revoir, je pensai :

Cette vie au palais serait peut-être moins terrible que je ne l'avais imaginé...


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