Chapitre 28- "Merci pour tout"
Dans les coulisses, tout le monde s'affaire. Les Beatles doivent en effet donner une représentation d'ici quelques minutes et tout doit être réglé à la seconde près.
D'autant plus qu'il s'agit de la première fois que le célèbre groupe va donner un concert depuis que George Harrison est revenu. Ce sera donc l'occasion pour les fans de revoir leurs héros jouer ensemble après ces terribles événements qui ont bouleversé le monde de la musique.
Assis sur un tabouret, George règle sa guitare avec minutie. Le jeune homme est en effet quelqu'un de profondément maniaque lorsqu'il s'agit d'accorder son instrument de musique. Son ouïe fine lui permet d'entendre le moindre désaccord. Mais cela ne suffit pas. Il lui faut en plus astiquer sa guitare avec un soin particulier. Car tout de même, l'instrument de musique est l'allié principal du musicien. On ne peut pas se permettre de traiter son instrument comme un vulgaire objet sans valeur.
Pendant qu'il nettoie sa guitare, George repense à ce qui à suivi sa réapparition dans la sphère publique.
Il y a tout d'abord eu son retour aux studios Abbey Road qui a été très émouvant. Tous les membres du personnel ont été profondément émus de le revoir et tous l'ont serré dans leurs bras avec effusion. Tous, aussi bien Mal Evans, Neil Aspinall ou encore Freda Kelly n'ont pu empêcher des larmes de soulagement de couler. Même George Martin n'a pas su se contenir lorsqu'il a vu le plus jeune des Beatles pour la première fois depuis plusieurs jours. Le jeune guitariste a ainsi pu étreindre ses amis avec émotion.
Cela a été de forts moments pour les Beatles, leur manager et pour tout le reste du personnel.
La principale conséquence qui a suivi le retour de George a été un regain de popularité de la part des fans. D'abord parce que l'un des membres des Beatles, que tout le monde croyait mort, est en réalité vivant, mais aussi à cause du discours prononcé par le jeune guitariste. En effet, le fait qu'il ait fait l'effort de comprendre et de ressentir la douleur de ceux qui ont perdu un être cher leur a donné le sentiment d'être plus proche de lui et de reste des Beatles qu'ils ne l'ont jamais été. Pour les fans et la presse, cela a été une évidence. Les Beatles, malgré leur immense notoriété et leur statut d'êtres quasi-intouchables, parviennent tout de même à garder les pieds sur terre et à rester, d'une certaine façon, en contact avec ceux qui les admirent depuis les quatre coins du monde.
Et aussi, cela a permis de cémenté le statut de George Harrison comme étant celui qui garde la tête sur les épaules et qui donne une dimension plus humaine au groupe que forment les Beatles.
Pas mal pour quelqu'un qui doutait de son utilité, se dit George alors qu'il regarde son reflet à travers sa guitare propre comme un sou neuf.
Et il y a bien sûr eu le procès de son agresseur, Nathan Ritter, lequel a été condamné à quatre ans de prison. Cependant, dans l'assistance, tout le monde a pu constater que le fils du commissaire a accepté sa punition avec la plus grande dignité possible, en ne cherchant pas à se révolter comme cela peut être le cas pour la plupart des condamnés.
Au fond de lui-même, Nathan savait qu'il devait payer pour ce qu'il a failli faire, et pour ce qu'il a causé sans vraiment y penser dans un premier temps, avec les fans qui se sont suicidés. Il espère à présent que ces quatre ans de prison lui permettront de mettre ses pensées au clair et espérer pouvoir reprendre sa vie à zéro une fois libre. Car maintenant, il sait que son père et son jeune frère, la seule famille qui lui reste, seront toujours à ses côtés. Et ce malgré les actes qu'il a commis. Et en plus, ils lui ont promis de lui rendre visite régulièrement. Bon sang, s'est-dit alors qu'il se dirigeait vers sa cellule, quel amour faut-il avoir pour pardonner ainsi à un homme initialement torturé par la vie...
D'ailleurs, le jeune Jonathan Ritter a eu l'occasion de s'entretenir avec George entre deux séances de procès.
-Quoi qu'il arrive, lui a dit le guitariste, j'espère que vous pourrez repartir sur de bonnes bases, tous les trois.
Ému par ce qu'il venait d'entendre, Jonathan a répondu à son héros:
-Et quoi qu'il arrive, je resterai toujours un fan des Beatles.
Il a ensuite hésité avant d'ajouter:
-Excusez-moi mais... est-ce que, enfin... est-ce que ce serait déplacé de vous demander un autographe?
-Non, il n'y a aucun problème, l'a rassuré George. Et honnêtement, ça me paraissait curieux qu'un de mes fans ne me l'ait pas encore demandé, a-t-il ajouté en plaisantant.
Le jeune Jonathan a donc sorti de la poche de son manteau une pochette de l'album A Hard Day's Night avec un stylo, et George a signé sans plus attendre.
Si avec cela, il pouvait essayer de redonner le sourire au jeune homme dont le frère était en train d'être jugé, cela valait la peine pour lui de fournir cet effort.
-George?
Le jeune guitariste relève soudainement la tête. Dans son intense réflexion, il n'a pas entendu son manager arriver près de lui.
-Ça va? Tu m'as l'air ailleurs.
George hausse les épaules, comme pour tenter d'oublier les souvenirs qu'il ressassait il y a quelques secondes.
-Oh, je repensais juste à ce qui s'est passé depuis que j'ai quitté l'hôpital...
Brian le fixe avec sollicitude.
-Comment tu te sens? Tu n'es pas trop angoissé?
Le jeune homme esquisse un rictus.
-Tant que le public ne me traite pas de tous les noms à cause de mon absence, ça me convient.
Le manager pose une main sur l'épaule de son ami.
-Tout va bien se passer, mon grand. Je te le promets. Tu as bien vu comment les fans t'ont soutenu pendant le procès. Il n'y a donc aucune raison qu'ils te reçoivent mal.
-Ouais, on verra bien...
C'est alors qu'un des régisseurs se matérialise à côté des deux hommes.
-Monsieur Epstein? Vous pouvez venir deux minutes?
Le manager lance un dernier regard rassurant au jeune guitariste avant de suivre le régisseur. Alors que George sent une boule d'appréhension lui serrer le ventre, c'est au tour de John d'apparaître près de lui, avec sa guitare autour de lui.
-Bah dis donc, t'en fais une tête. Tu as le trac, c'est ça?
-Tu comprends vite, toi alors, répond son ami, pince-sans-rire.
-Regarde-moi, George.
Il attend que le jeune homme le regarde droit dans les yeux.
-Dis-moi, où c'est qu'on va?
En entendant cela, George ne peut s'empêcher de pouffer de rire. Cette phrase, cette question... Ils n'ont cessé de se la répéter avant que les Beatles ne soient connus, quand ils avaient le moral à plat, quand ils avaient un contrat miteux ou quand ils sentaient que ce qu'ils faisaient ne les mènerait nulle part.
Et en même temps, c'était avec cette question qu'ils parvenaient à stimuler leur énergie et leur enthousiasme.
-On va au top, répond doucement George.
-Non, va falloir le dire plus fort, mon grand!, lance John avec ardeur. Où c'est qu'on va?
-On va au top, Johnny!
-Ah, voilà qui est mieux! Et où est-ce que ça se trouve?
-Au top du top de la pop.
-Quoi? Où ça?, redemande John en mettant sa main en cornet autour de son oreille.
-Au top du top de la pop!, répète son jeune interlocuteur avec plus d'assurance dans la voix.
-Enfin! Je retrouve mon George Harrison!
Là-dessus, John donne une grande tape à la fois amicale et affectueuse derrière le dos de son jeune compère. Ils remarquent avec une demie seconde de retard que Paul et Ringo s'avancent près d'eux.
-Ça va, vous deux?, demande Paul avec sa basse autour de lui. Vous parlez tellement fort qu'on doit vous entendre jusqu'en Antarctique.
-Ça va mieux, oui, répond George. Je me sens un peu plus prêt pour casser la baraque.
-Évidemment. Les Beatles cassent toujours la baraque, rétorque John.
A ce moment-là, un des régisseurs- celui qui a demandé à Brian de venir le voir-, annonce aux quatre jeunes hommes:
-C'est à vous dans quelques instants.
En voyant l'imminence de la représentation, Ringo dit:
-Bon les gars, je propose qu'on se fasse un gros câlin de groupe pour se donner un maximum de force.
Ses trois amis ne se font pas prier deux fois et s'y exécutent avec joie, mais la tâche se révèle être plus compliquée étant donné qu'ils ont chacun leur guitare et basse sur eux. Juste après, ils entendent le présentateur sur le plateau de télévision dire d'une voix forte:
-Mesdames et messieurs... les Beatles!
Et alors que les fans se déchaînent en cris d'excitation, les quatre jeunes hommes quittent les coulisses pour rejoindre le plateau. Ils s'installent chacun à leur place habituelle, c'est-à-dire George au centre, Paul à sa droite et John à sa gauche, tandis que Ringo part s'installer près de sa batterie, derrière eux. Et après quelques salutations toujours sous les cris du public, les Beatles commencent à interpréter l'un de leurs premiers tubes, She Loves You.
Sous le déluge d'acclamations des fans, George remarque les nombreuses pancartes faites par leurs admirateurs. La plupart d'entre elles lisent ce genre de message: "Bon retour George!" "On t'aime George!" "Tu nous a manqué, George!"
Le jeune musicien parvient alors à faire le lien entre les messages à son intention et la chanson qu'ils sont en train d'interpréter. She Loves You. "Elle t'aime". Cette chanson s'adresse à un homme qui pense avoir perdu l'amour de sa vie à cause d'une faute qu'il a commise à son égard et qui, finalement, se rend compte que sa petite amie l'aime envers et contre tout.
Il ne sait pas si c'est une bonne chose de procéder ainsi, mais George a l'impression que le choix de cette chanson n'est pas un hasard. Si ses amis ont choisi d'interpréter cette chanson en premier, c'est pour lui faire passer un message de façon indirecte. Même s'il arrive à George de douter de lui-même, ses amis l'aiment malgré tout et il n'en reste pas moins un excellent musicien et un guitariste hors pair.
Et alors que les quatre musiciens produisent les dernières notes de la chanson, sous un public plus que jamais surchauffé, le regard de George croise celui de Paul, lequel lui fait un clin d'œil discret accompagné d'un sourire, comme pour confirmer ses pensées. Comme s'il avait suivi le processus interne de son jeune ami pour découvrir quelle était la véritable intention de ses amis quant au choix des chansons.
Aussitôt, les inquiétudes qu'a eues George à l'hôpital concernant les chances qu'il a de devenir comme Nathan Ritter se dissipent. Comment a-t-il pu douter ne serait-ce qu'un instant de l'amour qu'éprouvent ses proches à son égard? Tous, aussi bien sa famille que Pattie, Ringo, John, Paul, Brian, leur personnel et les amis qu'il a en dehors d'eux lui ont montré leur attachement pour lui d'une façon ou d'une autre.
Non, jamais il ne sera comme Nathan Ritter.
Il rend son sourire à Paul tandis qu'il commence à jouer les premiers accords de A Hard Day's Night, avec une énergie décuplée.
Parmi les admirateurs qui ont assisté au concert, il n'y a pas seulement ceux qui ont pu être présents sur le plateau de télévision. Au contraire. De nombreux foyers ont allumé leurs téléviseurs pour regarder le célèbre groupe interpréter leurs tubes. Et parmi ces foyers, il y avait celui de la famille Cadbury.
C'était en effet une promesse que leur ami George a voulu tenir. Pour les remercier de leur cordialité et de leur hospitalité, le jeune guitariste leur a offert un nouveau téléviseur, ainsi qu'un téléphone et une radio, le tout accompagné d'une petite note.
Pour mes anges gardiens, merci pour tout
Pour la petite Winona, il s'est plié en quatre pour trouver le même modèle d'ours en peluche que le sien, mais étant en rupture de stock, le musicien a accepté de faire don de sa propre peluche pour l'offrir à sa jeune amie. Il a accompagné ce cadeau avec une note plus longue.
Comme il paraît que tu apprends à lire, voilà qui va t'aider à t'exercer. Il se trouve que je suis trop grand pour avoir un ours en peluche et comme je sais que tu en prendras soin, je te le confie.
Et n'oublie pas, peu importe ce que tu fais, n'abandonne jamais.
Signé: ton grand frère non-officiel et guitariste préféré
Winona, assise à même le sol, serre sa nouvelle peluche contre son cœur. Si le public acclame les quatre Beatles, elle n'a d'yeux que pour George Harrison. Derrière elle se trouvent ses parents, Arthur et Thelma, lesquels ont le regard rempli de gratitude pour ce jeune homme qui leur est arrivé comme un cadeau du sort. Comme il est rare de rencontrer un jeune homme si talentueux et au cœur si généreux. Et comme ils sont heureux d'avoir fait sa connaissance...
-Merci George, murmure Winona, les yeux brillants d'admiration. Merci pour tout.
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