Chapitre 42 : Une Union Éternelle
1977
Chapter 42 : Une Union Éternelle
James aurait sûrement pleuré toute la journée en imaginant passer une après-midi à Pré-Au-Lard sans Sirius — qui avait préféré aider sa petite-amie plutôt que de rester avec son meilleur ami, une chose tout à fait immorale — si une phrase de Mary au petit-déjeuner ne lui avait pas donné une merveilleuse idée.
La Serdaigle déplorait à voix haute que Lily les ait forcé à partir à Pré-Au-Lard alors qu'elle était coincée à l'infirmerie. Selon elle, Victory devait voir son père — de passage à Londres pour son travail — ce week-end et Lily avait refusé qu'elle manque une occasion de le voir à cause d'elle, tout comme Mary avait reçu l'ordre former de ne pas rater son premier rendez-vous officiel avec Peter. Et en général Alice Weasley profitait des sorties à Pré-Au-Lard pour voir son petit-ami Frank Londubat, ce qui signifiait que la préfète serait seule toute l'après-midi à l'infirmerie. Le jour de son anniversaire.
James s'était offusqué en entendant ça, il faisait lui-même tout ce qui était en son pouvoir pour passer le plus de temps possible avec ses amis quand ils étaient coincés à l'infirmerie. Alors entendre que Lily serait seule le jour où elle fêtait ses dix-sept ans était inacceptable à ses yeux. En plus c'était en partie de sa faute si elle était à l'infirmerie... Sa cheville n'était toujours pas guérie. James devait au moins s'assurer qu'elle passe une bonne journée.
— Oui c'est pourquoi ? Ah c'est vous Monsieur Potter, le salua Madame Pomfresh en ouvrant la porte de l'infirmerie. Un de vos amis s'est encore fait mordre par une quelconque plante ou créature étrange ? Monsieur Black a encore reçu un philtre d'amour raté ?
— Non je viens voir Lily Evans. Pas d'explosions ou de philtre aujourd'hui Madame !
— Je ne suis jamais sûre avec vous... Enfin bon vous pouvez entrer tant que vous me promettez de ne pas embêter Miss Evans. Elle a déjà bien assez à faire avec la cheville que vous lui avez cassé la veille de son anniversaire.
Le ton accusateur de l'infirmière n'échappa pas au Gryffondor qui se contenta de lui sourire avec gêne et de passer une main dans ses cheveux.
— Promis je serai correct.
Madame Pomfresh s'écarta pour le laisser rentrer dans l'infirmerie même si James pouvait voir qu'elle n'était pas convaincue. Heureusement le Gryffondor n'eut pas à se soucier d'elle très longtemps car une autre voix l'interpella.
— Mais qu'est-ce que tu fais ici Potter ? Tu n'es pas à Pré-Au-Lard ?
James se retourna et sourit de toutes ses dents à Lily. La préfète était assisse bien droite dans son lit, sa jambe blessée était allongée devant elle et ses mains tenaient un livre.
— Je me sentais mal que tu sois coincée à l'infirmerie toute seule à cause de moi alors... Joyeux anniversaire Evans !
Le Maraudeur sortit de sous sa cape un panier rempli de gâteaux, de bonbons et de petits cadeaux que lui avaient fait certains Gryffondors.
— Tu n'aurais pas dû faire ça Potter, s'empourpra Lily en avisant la taille exceptionnel du panier. Mary et Vic' reviendront me voir ce soir et Alice a passé la matinée avec moi...
— Personne ne devrait être seul pour son anniversaire même si c'est juste pour une après-midi, répliqua James. Surtout pas toi Evans.
— Décidément tu en as de l'audace Potter... C'est toi qui m'a cassé la cheville, rappela la rousse.
— Techniquement c'était un effort de groupe. Et j'ai aussi essayé de la réparer.
— Mhm...
— Allez Evans, je viens avec une offrande de paix !
— Bon j'accepte... Mais seulement parce que j'ai vu des patacitrouilles parmi tes offrandes.
James sourit avec triomphe et s'assit sagement au pied de son lit. Il se retint même de faire une remarque stupide — du genre « une patacitrouille pour une citrouille » — quand il lui tendit le panier de friandises.
Le Gryffondor se dit qu'il avait eu raison de se taire quand il reçut un sourire radieux de la préfète plutôt qu'un regard incendiaire. Est-ce que c'était ça ce que Remus appelait « le tact » ? Si c'était le cas, c'était merveilleux. Cinq minutes passées ensemble et ils ne s'étaient toujours pas disputés. Même Madame Pomfresh et le Serdaigle qu'elle soignait à l'autre bout de la salle avaient l'air surpris.
— Comment tu savais que je serais seule ?
— J'ai entendu tes amies parler ce midi. Mary était énervée que tu l'aies forcé à partir.
Lily pouffa et croqua dans sa patacitrouille avec énergie.
— Je sais Vic et Mary m'ont fait la tête ce matin quand je le leur ai dis de partir ! Mais Vic' ne voit pas beaucoup son père, je ne voulais pas qu'elle rate une occasion comme celle-ci. Et ça fait longtemps que Mary attendait ce rendez-vous avec Peter. Ce n'est pas parce que c'est mon anniversaire que j'allais leur gâcher leur week-end. En plus j'avais le livre que Remus m'a offert à lire !
— Remus t'a offert un livre ?
— Il le fait chaque année, un livre sorcier et un livre moldu. Cette année c'est « L'Incroyable Variété des Potions dans les Régions d'Asie Mineure » du Professeur Hicks et « Orlando » de Virginia Woolf ! Tu connais ?
— Je sais qui est le professeur Hicks mais pas Woolf, admit James.
— Oh ce n'est pas grave. De toute façon ce n'est sûrement pas ton genre de livre mais...
— Pourquoi tu dis ça ? Parce que c'est moldu ?
— Entre autres...
— J'ai déjà lu de la littérature moldu, protesta James.
— Vraiment ? Qu'est-ce que tu as lu ?
— Sirius m'a forcé à lire « Le Portrait de Dorian Gray », et Remus me donne chaque année un livre dans l'espoir que je lise. Sache que je suis un fan de Janine Austein, Evans !
— Jane Austen tu veux dire ? corrigea Lily avec amusement. Et ça ne m'étonne pas que Black t'es forcé à lire Oscar Wilde, même si c'est surprenant que vous sachiez ouvrir un livre...
— Alors ça c'est vache Evans. Donne-moi ton livre moldu de Woolf, tu verras si je sais pas ouvrir un livre !
— T'es sûr ? Parce que Virginia Woolf écrit un peu spécialement, même moi je ne comprends pas le quart de ce qu'elle dit. « To The Lighthouse » était une horreur...
— Je comprendrai.
— T'es sûr ? répéta Lily avec un sourire. C'est ton enterrement, hein.
James la fixa avec détermination en tendant la main en avant. En voyant qu'il ne bougerait pas, Lily céda à sa requête et lui donna un des livres posés sur sa table de chevet. Elle observa avec surprise le Gryffondor se caler confortablement sur son lit en tailleur et ouvrir « Orlando » d'un air décidé. Cette après-midi promettait d'être beaucoup plus intéressante maintenant.
***
Sirius avait toujours apprécié Castiel, sans doute plus que la plupart des instructeurs du WORLD. C'était un sorcier doué, un bon professeur et un Auror talentueux. Castiel avait le sourire facile et n'hésitait pas à distribuer des tapes dans le dos des personnes qu'il affectionnait — Sirius pouvait affirmer avec fierté en faire partie, même si évidemment il n'était pas au niveau de Camille. Les deux cousins s'adoraient. Castiel était toujours plus enthousiaste quand Camille était présente à l'entraînement ce qui avait tendance à agacer Aleksander et William qui adoraient aussi l'Auror. En fait maintenant qu'il y réfléchissait, Sirius se rendit compte que Castiel était une des personnes les plus appréciées du WORLD malgré son ascendance douteuse. Ça lui donnait de l'espoir pour son propre avenir...
Cependant l'homme qui était venu le chercher à Poudlard n'avait rien à voir avec le Castiel qu'il connaissait. L'Auror lui avait à peine dis bonjour quand il l'avait vu et même Camille n'avait pas eu le droit à l'habituelle étreinte d'ours. Il s'était contenté de rester en retrait derrière Narcisse Fontaine et Charles Light et de fixer le sol avec animosité. Même quand le professeur Slughorn l'avait félicité pour son mariage, Castiel était resté de marbre et avait accepté les félicitations d'un hochement de tête crispé. Camille n'était pas en reste, elle aussi tirait admirablement bien la tronche et évitait à tout prix le regard de son père.
— Camille puis-je savoir qui est ton ami ? soupira Charles Light quand son regard se posa sur Sirius.
— C'est Sirius, rétorqua Camille.
— Tu n'es pas censée avoir de cavalier.
— Ce n'est pas son cavalier, père. C'est le mien, corrigea Sophie.
Charles se retourna vers elle avec un regard interloqué. Les professeurs McGonagall et Slughorn avaient l'air tout aussi surpris par cette information.
— Ton cavalier ?
— Oui.
— Sirius... Comme Sirius Black ? C'est ça que tu as choisi comme cavalier ?
Sirius leva les yeux au ciel alors que Sophie lui jetait un regard en coin qui semblait dire « je t'avais prévenu Black ».
— Vos autorisations de sortie sont bien en ordre. Vous devrez être de retour pour demain midi, déclara soudainement le professeur McGonagall d'un ton sec.
— Ah oui les autorisations, se rappela Charles en s'emparant des papiers. Merci Madame. Ma femme se chargera de ramener mes filles et... Monsieur Black visiblement...
Charles jeta un coup d'œil dérouté au Gryffondor avant de ranger les autorisations dans son veston.
— Je pense qu'il marquera un temps d'arrêt à chaque fois qu'il devra prononcer ton nom, lui lança Camille à voix basse.
Son ton trahissait son amusement même si elle affichait toujours cet air sombre. Sirius se contenta de soupirer. Ce serait un long week-end...
— Monsieur Black, appela McGonagall pour attirer l'attention de son élève, je veux que ce soit bien clair que j'ai accepté de vous laisser sortir sans autorisation parentale uniquement parce que vous êtes majeur et que vous serez encadrés par des adultes. Mais c'est une exception, rappelez-le bien à Monsieur Potter, je crains que cette sortie ne lui donne de mauvaises idées...
— Je lui rappèlerai mais il est probable qu'il choisisse volontairement de l'oublier professeur, sourit Sirius. C'est James après tout.
Le professeur McGonagall pinça ses lèvres et salua le groupe d'un hochement de tête avant de s'éloigner à grands pas — sûrement pour aller mettre James en retenue si elle le croisait en train de faire n'importe quoi.
— Ah oui. Tu vis chez les Potter, se rappela Charles.
Sirius fronça les sourcils, pris de court par le ton familier du Brigadier, même si le plus surprenant restait la pointe d'approbation que le Gryffondor perçut dans sa voix. Camille n'avait pas menti quand elle avait dit que son père avait de l'admiration pour Fleamont Potter.
— Excusez-moi Monsieur Light mais il me semble avoir oublié le nom de votre fiancée, s'enquit subitement le professeur Slughorn. Comment s'appelle-t-elle déjà ?
Castiel se tourna pour dévisager le Maître des Potions avec un regard noir. Mais avant qu'il n'ait pu faire la moindre remarque désobligeante, Narcisse intervint.
— Ce n'est pas un mariage professeur, c'est une cérémonie de contrat.
— Une cérémonie ? Par Merlin ça doit faire des années depuis que j'en ai entendu parler ! Vous devez beaucoup aimer votre fiancée Monsieur Light.
— Oh oui c'est comme si elle faisait déjà partie de la famille, continua Narcisse avec un grand sourire.
— Bien, bien... Ça doit être une remarquable sorcière pour s'intégrer si bien dans une famille comme la vôtre.
Charles Light jeta un regard à sa cadette qui gardait les yeux rivés sur le sol avec colère.
— Une remarquable sorcière en effet, commenta-t-il.
Camille releva la tête et darda un regard étonné sur son père avant de se rappeler qu'elle était en colère et de se renfrogner.
— Bien nous devrions partir maintenant ou sinon votre mère va encore me remonter les bretelles pour être en retard, les filles, ordonna Charles.
— Personne ne veut voir tante Gemma en colère, railla Narcisse.
— Ou Belvina Lestrange, marmonna Castiel.
Cette remarque eut pour effet de faire taire Narcisse qui se renfrogna immédiatement à l'entente du nom. Ce changement d'humeur arracha un ricanement à Castiel.
— Celle-là je vais la... commença Narcisse avec colère.
— On ne t'accueille pas chez nous pour que tu provoques Belvina, Narcisse, interrompit Charles dans un français parfait. Aussi détestable qu'elle peut être, je te prierai de ne pas manquer de respect à la sœur de ma femme. Et ne fais pas de vagues avec les Lestrange ce week-end ou Bellatrix sera le dernier de tes problèmes.
Narcisse se tut et détourna les yeux face au regard intransigeant de son oncle, Camille ne put retenir un rictus satisfait en voyant cela et Sirius remarqua avec surprise que Sophie aussi souriait sadiquement. Décidément personne ne semblait aimer Narcisse ici.
— Bien nous devons partir maintenant. Bonne soirée Monsieur, salua Charles en enfilant son chapeau en feutre.
— Oh saluez votre femme de ma part et félicitez-la pour sa promotion ! intervint le professeur Slughorn avec un sourire. Gemma Lestrange était une de mes meilleurs élèves, une brillante sorcière. Et encore une fois tout mes vœux vont à vous et à votre fiancée, Monsieur Light.
— Je sais. C'est pour ça que nous sommes mariés, commenta Charles. Merci pour vos voeux Monsieur et vous pourrez saluer mon épouse vous-même demain midi.
— Certes, certes... Profitez-en bien jeunes gens. Je suis presque jaloux de ne pas être invité !
— Vous ne devriez pas, c'est juste une petite réunion familiale, lança Narcisse.
— Oh je te jure si tu continues comme ça... Menaça Castiel en se tournant vers lui.
— Castiel, Narcisse, appela sèchement Charles depuis la porte. Nous partons maintenant et je ne me répéterai pas.
Les cousins abandonnèrent leur dispute et rejoignirent leur oncle et cousines près de la sortie. Alors qu'ils se dirigeaient tous vers le portail dans le silence, Sirius se fit la réflexion que les Light étaient quand même beaucoup moins rigides que sa propre famille.
Jamais il n'avait entendu son père complimenter sa femme comme Charles venait de le faire. Orion n'avait jamais tutoyé un inconnu non plus et ne sortait jamais dehors dans autre chose que des vêtements sorciers. Chez les Black on se disputait rarement en public comme le faisait Narcisse et Castiel. De plus le pantalon de Camille n'avait suscité aucun commentaire désapprobateur alors que Sirius savait qu'un vêtement pareil aurait fait évanouir ses tantes et sa mère. Malgré leur rivalité et leur ressemblances, les Light et les Black étaient quand même très différents. Les Light apparaissaient comme le reflet déformé des Black, plus souples, plus familiers... Plus tolérants d'une certaine façon.
Quelle ironie quand Sirius savait qu'ils avaient été de plus fidèles partisans pour Grindelwald que les Black. Car au début du siècle c'était bien les Light qui étaient enfermés dans des idées moyenâgeuses et qui idolâtraient la magie noire comme le faisait aujourd'hui les Black.
Mais tout avait changé après l'arrestation du père de Charles, Louis Light.
Son arrestation pour homicide volontaire d'une dizaine de personnes avait été le plus grand scandale des années 50, tout le monde parlait du grand Auror qui avait sombré dans la folie et assassiné toute une famille pour venger le déchu Grindelwald. Ça avait fait tout les grands journaux français si bien que Charles, le cadet de sa fratrie, s'était réfugié en Angleterre pour échapper au scandale et pour pouvoir continuer sa carrière d'Auror. Sirius connaissait cette histoire par cœur, sa tante Lucretia adorait les potins et cracher sur les Light — elle s'était fait un plaisir de lui détailler le scandale qui avait détruit la réputation de leurs plus grands rivaux. La seule information qui échappait à sa connaissance était le nom de la famille assassinée par Louis, c'était un tabou au sein des Black que Lucretia n'avait pas osé révéler.
Cependant Sirius avait bien deviné que si sa famille détestait tant les Black c'était principalement à cause de cette histoire de meurtre. À chaque fois qu'elle en parlait, Lucretia semblait presque endeuillée. Mais Sirius n'avait jamais cherché à découvrir le nom si secret de cette famille assassinée — tout simplement parce qu'il n'en avait rien faire de cette stupide rivalité et qu'il s'en fichait royalement de toute cette histoire. Regulus devait savoir. Il savait toujours tout sur leur famille, c'était presque effrayant.
En tout cas toute cette histoire avait profondément changé les Light, leur comportement comme leurs idéaux. Ce scandale les avait fait chuter de leur piédestal pendant plusieurs années de quoi les faire revenir sur Terre. Brièvement du moins. Organiser un mariage incestueux les avait fait retomber dans leurs vieux travers...
— Alors Black il paraît que tu t'es enfuis de chez toi, décréta une voix derrière le Gryffondor.
Sirius n'eut même pas le temps de l'identifier qu'une masse sombre lui tombait déjà dessus et passait un bras autour de ses épaules en un geste un peu trop familier à son goût. Sirius fusilla du regard Narcisse Fontaine. Décidément ce type lui était de plus en plus désagréable.
— Pas étonnant que tu t'entendes si bien avec ma cousine. Ou plutôt mes cousines. Tu cherches à te faire les deux ? Pas sûr que ça plaise à oncle Charles ça.
— Je ne cherche pas à me faire qui que ce soit, rétorqua Sirius.
— Bien sûr et je suis Merlin. Sache qu'essayer de rentrer dans une famille comme la nôtre grâce à mes timbrées de cousines c'est juste stupide, aussi jolies soient-elles...
— Laisse-le tranquille Narcisse, intervint Camille.
— Je fais ce que je veux.
— Tu es toujours aussi pathétique Narcisse, soupira Sophie. Au moins on est pas dépaysé...
— C'est moi qui suis pathétique ? Tu as été obligée de prendre un pote de ta sœur comme cavalier parce que personne ne voulait être coincée avec une bêcheuse. Si ça c'est pas pathétique...
— La ferme Narcisse, l'interrompit Castiel.
— Oh si je me lançais sur ton sujet Castiel on y serait encore demain !
— Narcisse tu ferais mieux de respecter tes aînés, appela la voix sèche de Charles. Ne crois pas que l'âge m'ait rendu sourd et si tu continues sur cette voie tu verras que je suis toujours capable de te faire ravaler ton insolence.
Pour la seconde fois aujourd'hui, Charles cloua le bec de Narcisse. Le joueur de Quidditch eut même l'air gêné.
— Castiel, transplane avec Camille, ordonna Charles. Narcisse toi tu t'occupes de... Par Flamel je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il fait là... Tu t'occupes de Sirius Black, Narcisse. Sophie je te confiance pour ne pas atterrir dans un arbre cette fois-ci.
— Ce n'est arrivé qu'une seule fois, marmonna la préfète avant de transplaner.
Narcisse soupira et suivit sa cousine sans prévenir Sirius. Le Gryffondor jura quand il fut brusquement aspiré par la magie du français. Il atterrit en tanguant sur ses jambes devant un manoir victorien qui n'était pas sans rappeler celui des Malefoy. Sirius mit un instant à se rappeler que c'était la demeure des Light, le Manoir Lux selon ses lointains souvenirs.
En même temps il n'était pas revenu ici depuis ses dix ans, depuis le jour où Andromeda et Castiel l'avaient aidé à entrer par effraction dans la maison pour donner un cadeau d'anniversaire à Camille. La blonde avait failli hurler de terreur quand elle avait surpris son cousin en train de hisser son corps par la fenêtre du premier étage alors que Sophie s'était contentée de les fixer en silence depuis le fauteuil où elle lisait. Que de bons souvenirs...
La vieille bâtisse n'avait absolument pas changé. Du moins Sirius ne voyait aucune différence entre cette maison et celle qui hantait ses souvenirs. Toujours la même façade noire légèrement lugubre, toujours les mêmes fenêtres sombres, toujours la même pelouse soigneusement taillée et le même portail repoussant construit en fer... Et pourtant c'était mille fois plus accueillant que le Square Grimmaud. De toute façon rien ne pourrait jamais dépasser le Square Grimmaud en terme de glauque. Sa maison d'enfance était presque aussi effrayante que Walburga.
— Impressionnant, hein ? marmonna Narcisse à ses côtés. Cette baraque m'a toujours fait flipper.
— J'ai vu pire.
— Comme quoi ? Le Manoir des Lestrange ?
Sirius coula un regard vers Narcisse et constata sans surprise que son regard était aussi venimeux que son ton. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir, c'était Bellatrix qui avait tué sa sœur après tout... Et c'était vrai que le Manoir des Lestrange était hideux. De toute façon Sirius avait toujours détesté cette famille. Camille ne comptait pas bien sûr.
Cette dernière se matérialisa justement quelques mètres devant lui, accrochée au bras de Castiel. Ce dernier s'éloigna précipitamment d'elle alors que Camille se penchait en avant, le teint verdâtre.
— Merlin ce que je déteste le transplanage d'accompagnement, gémit la Serpentard.
— Camille ! appela immédiatement une voix.
La sorcière releva la tête en entendant son nom et Sirius put voir son regard se mettre à pétiller.
— Mamie ! Quand est-ce que tu es arrivée ?
— Ce matin. Je ne voulais pas manquer l'arrivée de ma petite-fille préférée. Félicitations pour ton entrée dans le Tournoi, ça ne m'a pas surpris !
— Et nous alors mamie ? s'indigna Narcisse. Tu n'es pas venu nous accueillir nous !
— Toi je viendrais t'accueillir quand tu auras appris à répondre à mes lettres petit ingrat, rétorqua une vieille femme en s'avançant sur sa pelouse.
Sirius fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté en essayant de la reconnaître. Il savait très bien que c'était la grand-mère paternelle de Camille mais impossible de mettre un nom sur son visage impassible. Impossible de lui donner un âge également — cette femme aurait pu avoir cinquante comme quatre-vingt ans. Elle était d'une beauté peu conventionnelle avec ses courts cheveux bruns retombant sur ses épaules et ses traits sévères. La seule chose qui la reliait un tant soit peu à son fils Charles était ses yeux d'un bleu si limpide qu'il paraissait transparent. Sirius retint un frisson. Il détestait les yeux des Light, ils lui donnaient la chair de poule.
— Tu n'envoies des lettres qu'à Camille et Fleur, protesta Narcisse à côté de lui.
— C'est faux. Moi elle m'envoie une lettre tout les deux mois, intervint Castiel avec un regard supérieur pour son cousin.
— Charles ! Pourquoi portes-tu encore cette maudite veste ? Les épaulettes ne sont pas symétriques.
— Je vous assure qu'elles sont symétriques mère, protesta Charles.
— Non, non... Ça ne va pas du tout. Ta tenue est catastrophique, nous devrions annuler la cérémonie, décréta la matrone d'un air impérieux.
— Pour la dernière fois belle-mère nous n'annulerons pas la cérémonie ! refusa une autre voix.
Cette fois-ci Sirius reconnut immédiatement les deux femmes qui se tenaient dans l'encadrement de la porte. Celle qui avait pris la parole était Rhéane Light, anciennement Dolohov, la mère de Castiel. Sirius se souvenait d'elle parce qu'elle avait fait pleurer Regulus quand il avait cinq ans. Ce fait avait déjà suffisamment énervé Sirius pour qu'il retienne son nom mais c'était surtout la gifle monumentale que Regulus avait reçu de Walburga pour avoir pleuré en public qui lui était resté en travers de la gorge. La claque avait été si violente que la lèvre de Regulus s'était fendue. Raison de plus pour Sirius de détester Rhéane Light.
La femme qui l'accompagnait lui était moins antipathique pour la simple et bonne raison que Sirius ne savait pas quoi penser d'elle. Gemma Light n'avait jamais suscité la haine de Camille comme avait pu le faire Charles mais avait plutôt écopé de son mépris. Camille détestait ses sautes d'humeurs imprévisibles et sa passivité face au reste de leur famille. Gemma Light se pliait aux exigences des autres sans s'imposer — contrairement à ses filles aînées — et semblait satisfaite de la vie monotone qu'elle menait. Pourtant de là où il se trouvait, Sirius discernait un certain charisme chez cette femme aux traits fins et aux boucles noires, et ses yeux marrons transpiraient le calme et la bonté — ce qui contrastait fortement avec les descriptions de Camille. Mais la Serpentard avait tendance à exagérer.
— Tout est déjà prêt, continua Rhéane d'un air suffisant. Il suffit que Castiel et Camille revêtent leurs plus beaux vêtements et leurs plus beaux sourires.
Les deux cousins s'accordèrent pour fixer Rhéane d'un air morose qui amusa beaucoup Sirius.
— Camille ma chérie comment vas-tu ? s'enquit Gemma en rejoignant sa fille sur la pelouse. Tu m'as l'air un peu pâle... C'est sûrement le transplanage.
— Oui. C'est le transplanage qui me rend malade, pas le foutu mariage...
— Ce n'est pas un mariage ! s'agaça Rhéane. Franchement Charles si tu ne t'étais pas trompé dans ton choix de mots quand tu as annoncé la nouvelle, je suis sûre que tout ce serait mieux passé...
— Je vais aller voir Hugo et l'administrateur, décréta Charles en s'engouffrant dans sa demeure.
— Ton mari ne m'écoute même pas Gemma !
— Charles fait souvent ça quand il est ennuyé, sourit Gemma.
— Il peut vraiment se comporter comme un enfant capricieux parfois... Sophie, Camille vous êtes attendues dans le petit salon pour vous changer, ordonna Rhéane. Castiel, ton frère et Théodore t'attendent dans la chambre du troisième étage. Toi Narcisse...
— Je vais aller présenter le célèbre Manoir Lux à Black, décida Narcisse en repassant son bras autour des épaules de Sirius.
— Black ? répéta Kamilla avec intérêt. Comme Arcturus Black ?
— Arcturus est mon grand-père, lui apprit Sirius du bout des lèvres.
— Oh il ne manquait plus que ça ! soupira Rhéane. Qui a apporté un Black ?
— Vous connaissez mon grand-père, Madame Light ? demanda Sirius en ignorant la mère de Castiel.
— Madame Cieslak, corrigea Kamilla. Je ne porte plus le nom de mon mari.
Cette remarque déclencha un énième mouvement d'agacement chez Rhéane qui tourna les talons pour s'engouffrer dans le manoir et même Sirius ne put s'empêcher d'hausser les sourcils en entendant cela. C'était rare pour les sorcières sangs-pures de se défaire du nom de leur mari, même après leur mort. La seule sorcière de sa connaissance à avoir osé faire cela était Belvina Lestrange qui avait récupérée son nom de jeune fille et élevée ses deux fils seule après la mort brutale de son mari quinze ans auparavant.
— Après ce qui est arrivé à mon époux vous comprendrez sûrement mon choix, continua Kamilla. Comment vous appelez-vous ?
Ce fut seulement à ce moment-là que Sirius réalisa que cette femme était l'ancienne épouse de Louis Light. Elle avait été mariée à ce sorcier rendu fou par la vengeance et la magie noire. Le Gryffondor fut tellement surpris qu'il en oublia de répondre à la question de Kamilla et se contenta de la fixer stupidement.
— C'est Sirius Black, répondit Narcisse à sa place, le fils aîné de Walburga et Orion Black. Mais si j'étais toi mamie j'éviterais de lui demander de passer le bonjour à sa famille, il s'est fait mettre à la porte par sa mère pendant les vacances.
— Je suis parti tout seul, corrigea Sirius. Elle n'a pas eu besoin de me mettre à la porte.
— Je me souviens de Walburga... Elle m'insupportait au plus haut point. Et je me souviens aussi de vous Sirius, vous étiez un petit garçon énergétique qui riait très bruyamment il me semble... Et vous étiez fiancé à ma petite-fille pendant quelques années, n'est-ce pas ?
— Oui.
— Et maintenant vous venez assister à sa cérémonie de contrat de sang ?
— Oui...
— En tant que cavalier de mon autre petite-fille, Sophie ?
— Je sais que ça peut sembler étrange...
— Oh à mon âge plus rien ne me surprend jeune homme. J'espère au moins que vous vous allez vous rendre utile aujourd'hui.
Sirius fronça les sourcils face à ces paroles énigmatiques mais avant qu'il n'ait pu lui poser une question à ce sujet, Kamilla se tourna vers Narcisse.
— N'oublie pas d'aller faire un petit tour du côté de l'aile droite Narcisse. Nous comptons sur toi.
— Je sais mamie... Je ne suis pas un incapable contrairement à ce que tu sembles penser.
— Je m'assure juste que tu n'aies pas hérité de l'intelligence remarquable de ton père.
— Ne t'inquiète pas, je suis compétent moi mamie, grimaça Narcisse.
— Bien alors dépêche-toi, le temps presse !
***
Sans trop savoir comment, Sirius fut entraîné par Narcisse dans les entrailles du Manoir des Light. Au moins l'intérieur était plus chaleureux que l'extérieur et Sirius comprit immédiatement pourquoi on appelait la bâtisse « Lux » : les fenêtres qui apparaissaient sombres à première vue étaient en fait de véritables puits de lumière.
— Où est-ce qu'on va au juste ? demanda Sirius en examinant du regard chaque porte.
Il essayait de trouver quelle pièce pouvait être le bureau de Charles, il n'avait pas oublié que son principal rôle était de voler le contrat même s'il n'avait aucune idée de ce que Camille et Castiel comptaient en faire. Un Contrat de Sang était indestructible sauf si la personne qui l'avait rédigé révoquait ses paroles. Or Louis Light était mort. Donc à moins que ses petits-enfants n'aient déniché son fantôme, détruire ce papier allait être difficile.
— On va cambrioler le bureau de mon oncle, répondit Narcisse.
— Cool. Attends quoi ? Toi aussi ?
— Évidemment que moi aussi. Tu croyais que t'allais être seul à forcer le bureau de Charles ? Je crois que tu ne te rends pas compte du niveau de paranoïa de mon oncle, Black. On ne sera pas trop de deux pour venir à bout de ses sorts de verrouillages, surtout que Rhéane a tenu à augmenter la sécurité. Elle est vraiment cinglée celle-là, je plains presque Castiel et Gabriel...
— Gabriel c'est le frère de Castiel ?
— Ils s'adressent si peu la parole que j'en doute parfois mais oui ils sont bien frères.
Ces mots résonnèrent douloureusement en Sirius qui ne put s'empêcher de penser à Regulus. Mal à l'aise Sirius décida de changer de sujet.
— Pourquoi tu aides à cambrioler le bureau au juste ? J'ai l'impression que ça t'amuses toute cette situation.
— La première fois que ma mère m'en a parlé, oui ça m'a fait rire... Mais quand j'ai compris que ce n'était pas une blague ça m'a foutu un coup. Je sais très bien que notre grand-père était complètement fou, il suffit de voir l'état dans lequel il a mis Fleur... Mais je ne l'aurais jamais cru capable de rédiger ce genre de contrat. Les trucs tordus dans ce genre c'est plus le style de Kamilla.
— Il a assassiné une dizaine de personne.
— C'était une brute je te l'accorde mais c'est justement pour ça que je ne le pensais pas capable de réussir à manipuler notre famille pour créer ce contrat. Et franchement organiser un Contrat de Sang entre deux cousins c'est complètement tordu, même pour lui...
— Ça t'empêches pas de faire des blagues dessus, marmonna Sirius.
— Ça c'est juste parce que j'adore mettre Castiel en rogne, ricana Castiel. Il est tellement sensible sur ce sujet, c'est trop tentant... Mais bon toute cette situation reste ignoble donc je les aide. En plus Capucine m'aurait mis une raclée si je les avais laissé se débrouiller seuls. Elle était la première furieuse au sujet du contrat...
Sirius garda le silence alors que le regard de Narcisse se perdait dans le vide. Le Gryffondor préféra le laisser à ses souvenirs et ne pas intervenir.
— Tout ça pour dire, se reprit Narcisse, que tu auras besoin de moi pour atteindre ce contrat Black. Même si je trouve toujours dommage que Camille ne puisse pas s'en charger elle-même. Elle a beau être une sale teigne, elle s'y connaît en sortilèges surtout ceux de Charles.
— Camille n'est pas une teigne, s'agaça Sirius.
Narcisse haussa les épaules, un sourire amusé aux lèvres.
— Je crois que je suis mieux renseigné que toi sur le sujet, c'est ma cousine Black. Je la connais depuis sa naissance et je l'ai vu grandir pour devenir une insupportable petite teigne talentueuse.
— Ça ne veut rien dire que tu sois son cousin. J'ai trois cousines et je ne sais pratiquement rien sur elles.
— En même temps la famille ça n'a pas l'air d'être ta tasse de thé. C'est quand même marrant que toi aussi t'aies trois cousines... Dont Bellatrix Lestrange, non ?
Sirius se retint de lever les yeux au ciel en entendant cela. Narcisse essayait sans succès de paraître désintéressé.
— Écoute Fontaine je sais que tu en veux à Bellatrix — ce qui est totalement compréhensible vu ce qu'elle a fait à ta sœur... Moi aussi je l'exècre, Bellatrix est même une des raisons pour laquelle je me suis tiré. Mais je n'ai vraiment pas envie de parler d'elle. Même si c'est pour lui cracher dessus.
— Tu sais ce qui est arrivé à ma sœur ? releva Narcisse avec un regard en biais.
— Camille m'en a parlé.
Narcisse pinça les lèvres en entendant cela et ses sourcils se froncèrent légèrement.
— Ça n'a pas l'air de beaucoup te toucher que ta cousine soit une meurtrière...
— Louis Light, Bellatrix Lestrange... Chaque famille a son lot de psychopathes.
— Et tu ne voudrais pas partager quelques informations sur ta psychopathe de cousine ? demanda innocemment Narcisse. Comme son adresse et les sorts qu'elle utilise pour protéger sa maison ?
— Non. J'ai plus rien à voir avec elle, débrouille-toi tout seul Fontaine.
— Tant pis, fallait bien essayer... De toute façon Castiel m'a promis de me donner le dossier des Aurors sur elle en échange du contrat.
— Ah donc aider tes cousins à annuler leur mariage incestueux n'est pas motivé par le simple désir de faire une bonne action désintéressé ? releva Sirius.
— Il n'y a que les idiots qui font des bonnes actions désintéressées, Black.
Sirius lui accorda ce point et s'arrêta derrière le joueur de Quidditch. Narcisse s'était immobilisé devant deux longues portes en bois et Sirius devina aussitôt que ça devait être le fameux bureau impénétrable de Charles Light.
— Le bureau de l'enfer, marmonna Narcisse en sortant sa baguette. Le nombre de fois où je me suis fais tirer les oreilles par oncle Charles ici...
— Tirer les oreilles ?
— Je n'étais pas un ange quand j'étais enfant et les adultes adoraient me disputer, surtout Charles. C'est le seul que j'écoutais d'ailleurs... Oncle Charles est la seule personne de cette famille que je respecte. C'est un type bien.
Sirius grinça des dents en entendant ça. Selon les histoires de Camille, oncle Charles était loin d'être un type bien.
— Un type bien... Qui accepte que sa fille soit malheureuse ?
Narcisse s'interrompit dans ses sorts et laissa échapper un ricanement sinistre.
— Malheureuse ? Il fait ça pour la protéger. Camille a des positions idéologiques qui sont dangereuses ces temps-ci en Angleterre, surtout pour une sang-pur. Si Charles a accepté le contrat de sang, c'est pour préserver l'image que sa fille se plie aux traditions sang-pur. Je ne dis pas que c'est la bonne façon de le faire mais tout ce qu'il veut c'est protéger sa famille...
— La marier à Castiel c'est pour préserver son image ? C'est stupide, il faudrait la marier à toi. Castiel est autant un traître qu'elle aux yeux des Mangemorts.
Narcisse frissonna en entendant le dernier mot et son visage s'assombrit.
— Cette union a deux objectifs Black... Protéger mes têtes-brûlées de cousins grâce à notre réputation et s'assurer qu'ils ne s'enfuiront pas de notre famille comme toi tu t'es enfuis de la tienne... C'est ça le principal objectif des Light : protéger l'unité de notre famille. Castiel a cherché plusieurs fois à s'émanciper comme tu l'as fais mais à chaque fois les Light l'ont rattrapé. Mais maintenant lui et Camille seront liés éternellement...
— Plus d'échappatoire possible, murmura Sirius. Ils resteront liés aux Light toute leur vie.
— Tu comprends la logique de ma famille maintenant ? Pour eux ce n'est pas la pureté ou la magie le plus important. Le plus important c'est notre famille, notre héritage. Ils sont prêts a tout pour préserver ça, même à user d'un Contrat de Sang. On a déjà perdu trop de personnes à cause de la guerre, on ne peut pas se permettre de perdre deux des héritiers non plus.
— Tu es d'accord avec eux sur ça ?
— Bien sûr. Il faut protéger notre famille, sinon qu'est-ce qui nous reste ? Même les deux frères Lestrange l'ont compris ça, ils ont déjà décidé de protéger Camille. Mais après les moyens qu'ils emploient sont trop extrêmes... On ne va quand même pas se mettre à suivre les ordres de Louis Light, s'indigna Narcisse en crachant ses derniers mots. Alors oui j'ai envie de protéger mes cousins, aussi chiants soient-ils, mais je vais le faire avec décence, sans m'abaisser au niveau moral d'un psychopathe, en cambriolant ce bureau.
Pour illustrer ses propos, Narcisse frappa du poing contre la porte du bureau. Sirius dût se retenir de rire en entendant sa dernière phrase et s'approcha du bureau en retroussant ses manches. Narcisse le regarda faire en silence et arqua un sourcil quand le Gryffondor dégaina sa baguette.
— Autant s'y mettre maintenant alors Fontaine, décréta-t-il en jetant un premier contre-sort.
Narcisse le regarda jeter quelques sorts avec surprise avant qu'un rictus ne vienne retrousser ses lèvres.
— En effet... Que le meilleur cambrioleur gagne Black.
***
Sirius se faufila à travers la foule d'invités en évitant de marcher sur les pieds des autres et parvint par miracle à atteindre Sophie sans causer d'accident. Cette dernière sursauta quand Sirius posa une main sur son épaule pour attirer sur son attention.
— Par Merlin, Black ! jura la préfète en se retournant. Ne fais pas ça !
— Narcisse a donné le Contrat à Castiel.
— Parle moins fort, abruti... Vous avez vraiment réussi à le voler ?
— Non je faisais un trait d'esprit, ironisa Sirius. En fait moi et ton cousin on a passé la dernière heure à jouer au cricket.
— C'est quoi le cricket ?
— Un sport moldu avec une batte et..., commença à expliquer Sirius avant de se reprendre. On a pas le temps pour ça ! C'est quoi la suite du plan ? Vous m'avez rien expliqué. Et tu leur as bien refilé le polynectar que je t'ai donné, hein ?
— Oui, je me demande toujours où ton ami l'a trouvé...
— La réserve de Slughorn.
— Vous avez volé d'un professeur ? s'indigna Sophie.
— Je viens de voler un document inestimable dans le bureau de ton père et tu t'inquiètes pour quatre pauvre fioles de potions ?
— Mais c'est que vous tombez dans la criminalité vous deux.
Sirius releva la tête et dévisagea avec perplexité la personne qui accompagnait Sophie. Une petite voix dans son esprit lui chuchota qu'il aura du la reconnaître vu le sourire qu'elle lui adressait mais son visage ne lui évoquait rien.
— Tu ne te souviens pas de moi, c'est ça ?
— Pas du tout, avoua Sirius.
— Katherine Davies.
— Ah... Oui évidemment. Katherine.
Katherine fronça les sourcils en entendant ça et le dévisagea avec suspicion alors que Sirius cherchait toujours dans sa mémoire qui était cette femme.
— Tu ne sais toujours pas qui je suis, devina-t-elle encore une fois.
— Je connais beaucoup de gens, déclara-t-il en haussant les épaules.
— C'est la petite-amie de Castiel, lui souffla Sophie.
— Tu n'aurais pas pu me le dire plutôt ?
— Tu n'aurais pas pu m'appeler sans me frapper ? rétorqua Sophie.
— Narcisse a raison vous êtes bien des teignes.
— Tu t'entends avec Narcisse alors, pourquoi ça ne me surprends pas ?
— Parce qu'on est tout les deux géniaux et toi nulle, lui glissa Narcisse en surgissant derrière elle. Camille t'attends Davies. Et nous on doit aller s'asseoir, les anglais.
— Ne m'appelle pas comme ça, abruti...
— Est-ce qu'elle traite tout le monde d'abruti ? s'irrita Sirius en se tournant vers Castiel.
— À part ses sœurs ? Oui. La condescendance c'est de famille, tu as déjà dû le voir chez Camille.
Sirius dût lui accorder ce point : les Light étaient bien les personnes les plus condescendantes de sa connaissance. Narcisse lui offrit un sourire ironique avant de disparaître dans la salle alors que Sirius emboîter le pas à Sophie. Cette dernière alla s'asseoir au premier rang de la salle, juste en face de l'estrade réaménagée et d'un long pupitre. Tout au long de leur marche, Sirius ne put s'empêcher d'observer d'un œil critique les moulages qui ornaient les mur de la salle de bal ou même le chandelier qui pendait au-dessus de sa tête, prêt à le tuer en lui tombant dessus au moindre courant d'air. Tout avait l'air si délicat et distingué dans cette pièce, jusqu'aux chaises en bois vernie et au parquet parfaitement cirée, que Sirius avait l'impression d'être à Versailles. Le côté français de l'architecte des Light était fortement ressorti lors de la construction de cette salle.
Ce qui surprit le plus Sirius fut tout de même le nombre réduit d'invités présents dans la pièce. Il ne reconnaissait que des sorciers possédant des liens très forts avec les Light que ce soit financièrement ou filialement. Des personnes fiables mais surtout rompus aux traditions sang-purs depuis un jeune âge. C'était sûr que les sorciers plus progressistes ne devaient pas avoir envie d'assister à un Contrat du Sang entre deux cousins, c'était de plus en plus mal-vu. Ainsi parmi les Vingt-Huit Sacrés, seuls les Fawley, les Lestrange, les Nott, les Parkinson et les Selwyn étaient présents. Ça arrangeait Sirius, aucune famille proche des Black n'avait été invitée, il était sûr de ne pas rencontrer quelqu'un qu'il connaissait ici.
Du moins c'était ce qu'il avait espéré jusqu'à ce n'atteigne sa place.
— Par le caleçon Merlin !
Les deux frères assis en fin de rang se retournèrent en entendant le juron de Sirius et s'accordèrent pour lui adresser le même regard décontenancé. Le plus jeune fut celui qui reprit contenance le plus rapidement et il n'hésita pas à lancer un sourire au Gryffondor.
— Tiens donc si ce n'est pas l'héritier déchu ! Finalement ta femme va être déçue d'avoir raté la fête, Rodolphus.
— Déçue de ne pas avoir pu brûler notre Manoir surtout, marmonna une voix à côté d'eux.
— Mon épouse n'est pas très appréciée ici Rabastan, soupira Rodolphus Lestrange en lançant un regard pour l'inconnu.
— On se demande pourquoi...
— Vous pourriez au moins avoir la décence de faire semblant de l'apprécier, Théodore.
— Je ferai preuve de décence quand votre femme aura appris à respecter notre famille, Lestrange. Même si la politesse élémentaire n'est pas le fort des Black.
Rabastan jeta un coup d'œil à Sirius, toujours debout au milieu de l'allée, et sourit vicieusement.
— En effet. L'héritier déchu en est le parfait exemple. N'est-ce pas, Black ?
— Tu comptes m'appeler comme ça toute la soirée Lestrange ?
— Pourquoi pas ? C'est toujours mieux qu'échec numéro deux.
— C'est toi, Sirius Black ? appela une petite voix.
Le regard du Gryffondor dévia de Rabastan pour se poser sur une petite fille brune aux yeux pétillants. La sorcière lui souriait avec gentillesse depuis son fauteuil roulant et Sirius eut un élan de compassion pour Fleur, le petit ange des Light, la petite sœur adorée de Camille.
— Tu t'assois à côté de moi ?
— Je croyais que c'était moi à côté de toi, protesta Rodolphus.
— T'inquiète pas Rodolphus, tu restes mon préféré, ria Fleur.
— Et moi alors ? intervint Rabastan.
Rodolphus adressa un sourire mielleux à son frère cadet et posa une main affectueuse sur la tête de sa petite cousine.
— Visiblement Fleur a bon goût. Elle a du préféré mon cadeau d'anniversaire au tien.
— Sirius tu viens à côté de moi ? répéta Fleur.
Sirius obéit même s'il ne comprenait pas l'entêtement de cette petite fille. Ils ne se connaissaient absolument pas.
— Camille n'arrête pas de me parler de toi ! Ça fait longtemps que je veux te rencontrer !
Ah. Peut-être qu'elle le connaissait plus qu'il ne le pensait.
— Vraiment ? s'enquit Sirius d'un air gêné.
Cette enfant était beaucoup trop excitée, il avait peur qu'elle tombe de son fauteuil à force de se pencher en avant.
— Oui ! Tout le temps !
— Malheureusement, marmonna Théodore depuis sa place.
Sirius le fusilla du regard. Il n'avait pas oublié que Belby avait été le premier à l'insulter lui et Camille lors du bal de Beauxbâtons. Il avait même essayé de lui jeter un sort. Ce n'est pas comme si Sirius l'aurait laisser s'en tirer, mais il avait tout de même essayer de le blesser et ça avait heurté ses sentiments.
— Pourquoi tu dis ça, Théo ? demanda innocemment Fleur en se tournant vers son cousin.
Théodore fixa la sorcière avec la bouche entre ouverte, l'air d'hésiter à répondre franchement à sa question. Ce comportement surprit Sirius, visiblement Belby faisait moins le malin face à sa cousine. Il pouvait aussi sentir les regards scrutateurs des Lestrange dans sa nuque, ils étaient prêts à bondir sur Théodore si jamais il osait dire un mot de travers à leur cousine.
— Pour rien Fleur... C'est juste que Sirius n'est pas très bien vu...
— Moi je le trouve cool ! déclara la petite fille avant de se tourner vers Sirius. C'est vrai que t'es le petit-ami de Camille ?
— Ne dis pas de bêtise Fleur, ricana Rodolphus.
— Mais comment tu sais ça ? s'étonna Sirius au même moment.
— Aleksander me l'a dit quand il est venu pendant les vacances.
— Ce sale...
— Attends, attends !
Sirius fronça les sourcils alors qu'une main à la poigne d'acier le prenait par l'épaule et le tournait vers la droite brutalement. Le Gryffondor se retrouva face au visage stupéfait de Rodolphus Lestrange.
— Tu sors avec ma cousine ?
— Notre cousine, corrigea Théodore avec un regard enflammé. Cette idiote ! Une Black dans la famille c'est déjà assez, pas besoin de faire collection ! Bellatrix Black est la pire chose qui est arrivée aux Light !
— Surveille ta langue Belby, si tu ne veux pas que je te la coupe, menaça Rodolphus en se désintéressant immédiatement de Sirius.
— Oh tu peux essayer Lestrange mais je doute que tu y arrives. Tu n'as pas franchement brillé pour tes talents de duelliste lors du bal de Beauxbâtons. Tu ne t'es pas fait brûler par un adolescent à tout hasard ?
— Au moins moi je me battais vraiment au lieu de me cacher derrière les autres. Je ne reçois pas de leçon de dignité d'un lâche.
— Tu aurais peut-être dû te cacher, ça t'aurait évité de te ridiculiser devant ta tendre psychopathe de femme...
— Alors c'est vrai que Camille a un copain ? Ça c'est la surprise de la soirée, ria Fleur en ignorant la dispute de ses disputes. Je pensais qu'Aleksander faisait une blague...
— Décidément venir à cette cérémonie est la meilleure décision que j'ai prise cette semaine, se délecta Rabastan en observant son frère se disputer avec Théodore. En plus je vais pouvoir me moquer de Camille... Par contre Black je te préviens tout de suite : si la touches avec tes mains de traîtres à ton sang, moi et ma baguette on viendra te payer une petite visite. Hors de question que tu ne souilles ma cousine encore plus que tu ne l'as déjà fais avec tes idées néfastes.
— La souiller ? Elle est pire que moi ! protesta Sirius.
— Dis c'est vrai que t'as ensorcelé tout les lits des Serpentards pour qu'ils volent dans tout les sens ? demanda Fleur en tirant sur la manche de Sirius.
— Oh par Merlin, tu crois vraiment que c'est le moment de poser ce genre de question ? désespéra le Gryffondor.
— Un peu plus respect je te prie, déclara sèchement Rabastan en gardant son regard rivé sur l'estrade. Tu t'adresses à ma cousine, pas à une de tes connaissances inférieures ou à un autre de tes amis sangs-de-bourbes.
— Retire ce que tu as dit, Lestrange.
— Mhm ? Oh tu parles de sang-de-bourbe ? Je suis d'accord, moi non plus je n'aime pas cette insulte. Elle a trop de charme. On devrait trouver quelque chose de plus dégradant pour désigner nos inférieurs.
— Rabastan, Camille a dit qu'il ne fallait pas dire ce mot, intervint Fleur avant que Sirius n'ait pu se jeter sur le Mangemort.
— Ta grande sœur dit souvent n'importe quoi, Fleur. Ne l'écoute pas.
— Non, insista la sorcière. Si Camille dit que c'est mal alors c'est mal. C'est un mauvais mot. Il faut que tu t'excuses.
Rabastan soupira mais il n'avait pas l'air surpris, plutôt las.
— D'accord je ne le dirai plus en face de toi. Je m'excuse.
Le visage de Fleur s'éclaira et elle se remit à doucher Sirius de questions sur sa vie à Poudlard. Le Gryffondor l'écouta d'une oreille sourde, trop stupéfait par les mots qui étaient sortis de la bouche de Rabastan pour prêter attention à ce que disait Fleur. Le Mangemort s'était excusé. Il s'était excusé d'avoir dit "sang-de-bourbe" simplement parce que sa cousine l'avait voulu. C'était totalement incongru, impensable même. Sirius jeta un regard à Fleur qui papotait toujours toute seule. Quand Camille lui avait dit que sa petite sœur était traitée comme l'ange de la famille, il ne l'avait pas cru. Pourtant ces dix dernières minutes lui avaient donné tort. Cette petite sorcière possédait un pouvoir de persuasion phénoménale.
Même si malgré ses excuses, Rabastan continua de fixer Sirius avec animosité.
Le Gryffondor avait vu plusieurs fois dans sa vie les frères Lestrange et à chaque fois ils lui étaient apparus comme des salauds sans cœurs ni émotions. Ils souriaient sinistrement ou lui jetaient des regards dégoûtés, jamais ils n'avaient l'air détendu ou même à l'aise comme ils l'étaient aujourd'hui. Rodolphus avait même perdu son calme légendaire et semblait prêt à en venir aux poings avec Théodore. La seule chose qui l'en empêchait était la présence de Fleur entre leurs deux chaises.
En définitive, les Light n'avaient rien avoir avec l'image que Sirius s'était fait d'eux. Ils ne ressemblaient ni aux Black avec leurs règles strictes et leur froideur inégalée, ni aux Potter avec leur bonne humeur et leur chaleur. C'était un mélange des deux : une famille certes très dysfonctionnelle, la moitié de ses membres ne pouvant pas se voir en peinture, mais aussi très unie et enflammée. Sirius n'arrivait pas à se faire un avis sur eux.
— Pardon, pardon... On se pousse s'il vous plaît.
Sirius fut ramener à la réalité quand une sorcière s'écroula sur une chaise entre lui et Rodolphus. Ce dernier jetait d'ailleurs des regards mauvais à la nouvelle arrivée.
— Davies, reconnut Sirius avec surprise.
— Super et voilà la traînée de Castiel, grogna Théodore.
— C'est vraiment la foire aux traîtres ce soir, marmonna Rabastan.
— Black. Tu te souviens de mon nom cette fois ? s'amusa Katherine.
— Je ne suis pas un imbécile, hein, s'irrita Sirius.
— Ça c'est discutable, glissa Rabastan.
— Pourquoi est-ce que Camille voulait te voir ? demanda Sirius en ignorant Lestrange.
— Oh trois fois rien. Des préparatifs de dernière minute, le rassura la journaliste avec un sourire tranquille. Ne t'inquiète pas, tout est sous contrôle. Maintenant il faut juste profiter du spectacle.
***
Hey ducks !
Bonne vacances à tous !
Je sais. J'ai mis une citation de Lilo et Stitch. Je n'accepterai aucune critique à ce sujet,
OHANA C'EST LA FAMILLE.
J'espère que vos examens (bac, brevets...) se sont bien passés et que vous pouvez maintenant déstresser en déambulant à l'aveugle sur Internet pendant des heures.
Encore un chapitre en dehors de Poudlard, j'espère qu'il vous aura quand même plu !
N'hésitez pas à voter ou commenter et à dans deux semaines !
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