8. A little too much
Ma tête était lourde, très lourde. J'essayais d'ouvrir lentement mes yeux mais une vive douleur me transperça le crâne. Je portais vivement une main à ma tête mais l'impression qu'une flèche venait de se heurter contre mon corps s'empara de moi. Je gémissais doucement et écoutais attentivement les bruits alentours afin de tenter de me calmer. Un lent « bip » résonnait dans l'endroit où je me trouvais ainsi que le léger grondement d'un ventilateur. Je restais ainsi, immobile, ne détectant aucune présence à mes côtés, laissant la douleur s'envoler.
Je tentais de me rappeler le lieu dans lequel je me trouvais, en vain. Bizarre, je ne devais pas être chez moi. Je ne disposais pas d'un climatiseur et comme nous étions en octobre, je n'aurais pas vocation de l'utiliser même si j'en avais un. Le matelas sous moi était assez dur, et l'oreiller sous ma nuque crissait au moindre de mes mouvements endoloris. La couverture rêche qui semblait étendue sur mon corps comme anesthésié me grattais et je priais pour que quelqu'un pénètre dans cette pièce qui m'était inconnue et m'enlève cette horreur.
Un bruit de porte attira mon intention et bien que je fus toujours aveugle, je devinais qu'il provenait de ma droite. Des bruits de pas sur ce que je supposais être du lino se rapprochèrent et deux voix masculines conversèrent entre elles. Mon cerveau étant embrumé, je ne parvenais pas à identifier si je connaissais ces timbres. Une main chaude se posa sur mon front que j'imaginais fiévreux. Elle se retira mais je distinguais une silhouette à mon chevet qui faisait de l'ombre sur mes paupières closes. Les bruits de pas s'éloignèrent et la porte se referma doucement. Pourtant, j'entendais toujours une respiration à mes côtés. J'essayais de tourner mon corps vers mon visiteur mais la douleur fût telle que j'eus l'impression d'avoir bougé d'un centimètre à peine. Le bruissement de vêtements sur ma gauche m'indiqua que l'inconnu se déplaça.
- Honey... Doucement, va pas te faire encore plus mal...
Shawn. Je parvenais tant bien que mal à lui formuler une réponse à peu près audible.
- Shaaaaawn. T'es là ?
- Bien sûr que je suis là, tu croyais pas pouvoir te débarrasser de moi aussi facilement tout de même ?
J'esquissais un semblant de sourire avant d'entrouvrir légèrement mes yeux.
- Ah, je crois bien que mon plan a échoué.
Son rire parvint jusqu'à mes oreilles et réchauffa mon corps glacé. Je frissonnais malgré moi et je sentis ses doigts s'entremêler aux miens.
- Merci pour tout, Mendes. Au fait, quelle heure et quel jour est-il ?
- De rien, Clarks. Il est 12h34 et nous sommes le jeudi 12 octobre.
- Ah. Je crois que c'est mort pour l'invitation de tes parents non ?
- Effectivement.
Son sourire illumina la pièce et je pris soudain conscience que je ne savais absolument pas où et pourquoi je me retrouvais dans ce lit d'hôpital. Je posais la question à mon voisin qui soupira longuement avent de passer comme à son habitude une main dans ses cheveux. Il me tendit un verre d'eau suite à la demande que je lui avais formulée et je mis au moins 5 minutes à le terminer tant j'avais la gorge nouée. Il attendit que j'aie finis mon breuvage avant de débuter son récit.
- Je me rappelle seulement que je te regardais à la télé avec Sasha, que j'ai paniqué et puis, plus rien.
- Ah. Et bien, j'étais dans l'avion pour revenir quand la voix paniquée de ton amie m'a appelée. Elle disait qu'elle t'avait amenée ici après que tu aies fait un malaise en regardant l'émission. À peine atterris j'ai foncé te retrouver mais on m'a dit d'attendre dans la salle réservée à cet effet.
- Et où sommes-nous exactement ?
- Dans une clinique privée de la banlieue de Toronto. Les urgences de l'hôpital public étaient bondées donc les secours t'ont déposé ici.
- Ok...
- Je suis entré dans la dite-salle où j'ai retrouvé Sasha en larmes sur l'un des fauteuils. Elle m'a expliqué que vous regardiez tranquillement la télé et que tu discutais avec Aaliyah quand d'un coup, tu t'es levée et puis tu t'es effondrée au milieu de la pièce.
- Je me rappelle vaguement de ça...
- Là, les médecins sont entrés et nous ont demandés de les suivre. Ils nous ont expliqués que tu avais fait une crise d'angoisse qui s'était terminée en malaise. Ils t'ont fait passer une batterie d'examens pour vérifier que tu n'avais rien d'autre avant de te garder en observation pour la nuit.
- Ah ok. Donc j'ai mal partout à cause du choc de ma chute qui devait être mémorable et des médicaments dont ils m'ont sans doute gavée mais sinon j'ai rien. Je peux sortir maintenant ?
- Et bien, j'étais sensé attendre le retour de Sasha-
- C'est vrai ça ! Où est ma sauveuse ?
- Chez elle, elle se repose après t'avoir veillé toute la nuit. Mais Charlie, il y a autre chose que je dois t'annoncer, je-
La porte de ma chambre s'ouvrit et une femme d'une trentaine d'années que je soupçonnais être médecin de par sa blouse blanche fit son entrée et vint prendre de mes nouvelles. Elle prit ma tension, écouta mon cœur et d'autres petites choses dans un silence seulement rythmé par ses observations. Elle me posa quelques questions avant de lentement me mettre en position assise. Je me tournais vers elle, sentant à son air grave que je n'avais pas fait qu'une crise d'angoisse. Elle se tourna vers moi et reprit la parole.
- Mademoiselle Clarks, les résultats de vos examens ne sont pas très satisfaisants.
- C'est-à-dire ?
- Nous avons fait des examens plus poussés au niveau de votre coeur et nous avons découvert que vous souffrez d'une maladie nommée valvulopathie aortique.
- Vavilupatatie acronique ?
- Valvulopathie aortique mademoiselle. Il s'agit d'une maladie génétique qui agit entre le ventricule et l'artère aorte. Le passage entre eux est réduit et le sang circule mal. Chez certains patients, cette malformation est détectée dès la naissance, d'autres restent non-symptomatiques toutes leurs vies, chez d'autres comme vous elle est détectée par des examens poussés et se manifeste à cause d'une forte montée de stress. Donc ma première question mademoiselle est importante : Avez-vous paniqué récemment ?
J'assimilais tant bien que mal toutes ces informations qu'elle venait de débiter.
- Je, euh, et bien j'ai fait une crise d'angoisse hier soir mais je n'en avais pas fait depuis mon adolescence.
- D'accord, et savez-vous à quoi est due cette montée soudaine de panique ?
- Comment dire, je,
Je tournais ma tête vers le canadien qui serrait ma main et lui demanda gentiment s'il pouvait nous laisser quelques instants. Il accepta non sans rechigner avant de regagner le couloir. J'expliquais alors au docteur la raison de mon stress qui me nouait les entrailles depuis mon arrivée dans ce pays. Que j'angoissais sans cesse que ma meilleure amie restée en France découvre que lui mentais, que Shawn panique à la vue des paparazzis et de réussir mes examens de début de semestre. Elle me conseilla ensuite d'aller voir un ou une spécialiste afin de gérer ce trop plein d'émotions. Puis, je lui ai demandé comment résoudre mon problème médical. Ce à quoi elle a répondu qu'il n'existait qu'un seul moyen de me guérir. Un greffe. Ma phobie des anesthésies allait m'être assez embêtante sur ce coup là. Et le fait qu'il n'y est comme aux Etats-Unis, pas de sécurité sociale au Canada.
- Combien coûte t'elle cette intervention ? Me renseignais-je, soucieuse de mes maigres économies d'étudiante.
- 6 000 dollars mademoiselle.
Ma tête recommença à tourner avant que je sombre une nouvelle fois dans les méandres de ma conscience déjà affaiblie.
***
J'attachais mes cheveux en queue de cheval bien haute comme à mon habitude, avant de relâcher les mèches de ma frange qui s'étaient prises dans l'élastique et de les laisser tomber sur mon front puis les plus petites sur mes tempes. J'hésitais à me maquiller, trouvant que cela ferait peut-être trop. Oh et puis zut, je faisais ce que je voulais. J'appliquais donc du fard à paupière brun, de l'eye-liner sombre et du mascara sur mes yeux, ainsi que du blush sur mes joues et un peu de gloss sur mes lèvres fines. Je vérifiais que mon pull n'était pas tâché et ne comportait pas de trous avant de m'assoir le plus confortablement possible sur mon lit, préalablement fait avec soin. Je plaçais mon iPad contre un coussin, vérifiant que j'étais bien dans le champ et lançais le live. Des centaines de personnes se connectèrent immédiatement, rejointes par encore plus d'autres dans les minutes qui suivirent. Je parcourais rapidement les messages d'accueil que beaucoup m'envoyaient. Je les saluais, un sourire sincère plaqué sur mon visage. J'attendais encore quelques instants que tout le monde soit arrivé avant de débuter ce que je voulais dire. Je réitérais mes salutations avant de les remercier du plus profond de mon cœur pour tous leurs messages de soutien, leurs commentaires sous mes reprises et de s'être abonnés à moi. Beaucoup commentèrent « de rien » et me remercièrent de les remercier. Puis, je m'excusais pour avoir mis plus d'une semaine à leur répondre, leur évoquant vaguement des problèmes de santé. Je leur expliquais ensuite que je ne pourrais malheureusement pas répondre à tout le monde tant les messages étaient nombreux. Ils se montrèrent compréhensifs puis me posèrent quelques questions basiques et banales auxquelles je leur apportais des réponses en rigolant parfois. Puis, une fan me posa la question que je redoutais.
-Shawn-mavie❤️✨ : Dis Charlie 😇 c koi la natur de ta relation avec Shaaaawn 😍 ????
Je tressaillais discrètement avant de lui répondre.
-Et bien, « Shawn-mavie❤️✨», nous sommes voisins et amis. Nous ne sommes que des amis.
Nous discutions encore quelques instants avant que je leur dise au revoir. J'ajoutais un dernier message avant de couper la vidéo.
- Aaliyah, répond-moi, je t'en supplie. Il faut vraiment que l'on parle.
« Sometimes it all gets a little too much"
"But you gotta realize that soon the fog will clear up"
"And you don't have to be afraid, because we're all the same"
"And we know that sometimes it all gets a little too much »
¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨¨
Voilà !!!
J'espère que ce chapitre vous a plût ! 🔥
Kiss 💜
Kat 🤪
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro