- Tu ferais mieux de t'asseoir alors, c'est long à raconter.

Elle s'exécuta sous mon regard apeuré. Je fermais alors la porte puis m'y adossais, y puisant la force d'avouer à ma copine que je l'avais trompé avec notre meilleur ami et que ni l'un ni l'autre ne nous souvenions de rien. Je lui racontais alors tout, de la soirée où elle était partie ramener Aaliyah et où Shawn et moi avions commis une erreur, à notre dispute où il m'avait débité des horreurs, au harcèlement que nous subissions depuis, tout. Je parlais en fixant mes pieds, n'osant lever la tête par crainte de croiser son regard où j'y lirai forcément quelque chose qui me déplairai. Je lui racontais la débâcle de Camila à la télévision, mon immense sentiment de culpabilité dont je n'arrivais à me débarrasser et qui me rongeait jour et nuit, notre admission au niveau supérieur, la date de l'opération, l'arrivée de mon frère.

Mes mains se tordaient en tous sens pendant que le flux de paroles franchissait mes lèvres et que jamais il ne se tarissait. Les larmes roulaient sur mes joues comme la tristesse envahissait mon cœur par vagues à mesure que les mots sortaient. Je lui disais à quel point je m'en voulais, à quel point je regrettais, je lui promettais de ne jamais recommencer mais surtout, je lui disais combien je l'aimais. Combien j'avais peur de la perdre, qu'elle sorte de ma vie par ma faute. Combien l'imaginer triste à cause de moi me terrorisais et combien je souhaitais qu'elle ne pleure pas, que je ne méritais pas ses larmes. Je ne voulais pas qu'elle me pardonne à tout prix, je voulais juste qu'elle soit heureuse, tout ce que je souhaitais, c'était son bonheur et si elle était heureuse sans moi, si j'étais nocive pour elle, alors qu'elle s'en aille.

J'arrivais à la fin de mon récit et mes épaules tressautaient à cause des sanglots qui m'échappaient. La boule dans ma gorge ne m'avait jamais parue prendre autant de place et mon nez coulait. Ma tête était toujours fixée vers le sol et mes yeux étaient embués par les larmes. Comme je reniflais, je n'entendais pas si Sasha pleurait aussi, si elle restait de marbre ou même si elle riait. Je laissais passer un long moment dans le silence, seulement ponctué de ma tristesse, pendant lequel aucune de nous deux ne bougea. Au bout d'un moment, n'en pouvant plus de rester debout sur mes jambes flageolantes, je me laissais lentement glisser contre le panneau de bois, mon crâne cognant la surface dure. Je plongeais mon visage entres mes genoux et mes bras vinrent l'entourer. Mes sanglots redoublèrent dans la pénombre que je m'étais créée et je sentais son regard posé sur mon pauvre corps agité.

Elle ne disait rien, n'émettait aucun son, ne bougeait pas. Elle me laissait m'apitoyer sur mon sort, m'humiliait presque à me laisser désespérer ainsi. C'était sûr, elle avait fait son choix, elle m'abandonnait ici, me laissais pleurer toutes les larmes de mon corps, me regardais me vider de mon chagrin, attendant que je sois au fond du trou pour m'achever. Elle allait me quitter au moment où j'avais le plus besoin d'elle et je l'avais bien mérité. Cette rupture me tuerait, et je n'aurai plus la force de me relever après cela. Elle était mon premier véritable amour, je n'avais jamais ressentis de pareils sentiments avant pour quelqu'un. Certes, j'avais eu quelques histoires, au lycée essentiellement, mais jamais rien d'aussi fort. Elle m'avait fait prendre conscience que j'aimais les femmes, mais outre cela, elle était avant d'être ma petite amie, ma confidente, mon amie. Et à cause de ma stupidité, j'allais la perdre. Elle était la meilleure chose qui m'était arrivée depuis longtemps et moi j'avais trouvé le moyen de la briser.

Shawn aussi avait été impacté par notre erreur, il avait rompu avec Camila et beaucoup de personnes le détestait mais son ex copine n'était pas une sainte non plus malgré le rôle de victime qu'elle endossait pour susciter la pitié. Elle était toxique pour lui et leur séparation était presque une bénédiction. Et, ses fans le soutenaient toujours, il avait le don de rassembler des gens bienveillants autour de lui qui ne le lâcherait pas. Je n'étais pas comme lui, je n'étais qu'au début de « ma carrière » et l'opinion du public à mon égard se formait maintenant. Or, à cause de cette histoire, je n'étais pas persuadée qu'elle soit de mon côté.

Alors que je m'étais faite à l'idée d'être célibataire, j'entendis Sasha se lever et s'accroupir à mes côtés. Elle passa une main dans mon dos tandis que l'autre se ficha sous mon menton pour le relever et plonger ainsi ses yeux océans dans les miens que je savais rouges et bouffis. On resta là un moment, nos regards mêlés l'un dans l'autre avant qu'elle se recule légèrement et prenne la parole pour la première fois depuis mon aveu.

- Heyyy, Sweetie, arrête de pleurer veux-tu ? Je n'aime pas te voir comme ça, sèche donc tes larmes et redresse toi.

Entendre de nouveau sa voix enfantine dénuée de colère fît sursauter mon cœur et j'obtempérais en m'essuyant le visage, à l'aide d'un pull que j'attrapais alors qu'il traînait dans ma chambre. Son regard était bienveillant et je ne comprenais pas pourquoi. Soit elle ne m'en voulait pas ce qui serait un miracle, soit elle me relevait pour mieux m'achever après.

- Je suis désolé Sash, si tu savais à quel point je m'en veux...

- Non, c'est moi qui m'excuse Charlie, si j'avais su ce que tu traversais, jamais je n'aurais agis de cette façon. Tu as vu dans l'état dans lequel tu te mets par ma faute ? Arrête de pleurer Sweetie, ça me brise de te voir comme ça.

Elle me prit par les épaules et m'aida à me remettre debout. Je passais une main dans ma chevelure, y remettant un peu d'ordre, déboussolée par ce qu'elle venait de me dire.

- J'ai du mal à comprendre... Tu ne m'en veux pas ?

Elle rit doucement, attisant mon sentiment d'incompréhension.

- Évidemment que je t'en veux Charlie, tu m'as trompé et tu me l'as caché ! Mais je te comprends aussi, ça demande un énorme courage de faire ce que tu viens d'accomplir : me parler franchement, te mettre ainsi à nu en révélant tes fragilité et je prends cela comme une preuve d'amour incorrigible. Et puis, je n'imagine même pas ce que tu as dû affronter seule, la pression des médias, Shawn qui devait t'en vouloir, ta maladie, l'attente des résultats de nos examens, ton casting, tu te rends compte que c'est beaucoup trop pour une seule personne !

Les larmes recommencèrent à couler sur mes joues mais cette fois elles étaient de soulagement. Elle ne m'en voulait pas, c'était un miracle ! Je l'aimais tellement et j'étais si heureuse de l'avoir à mes côtés. Sasha s'approcha de moi et passa ses bras autour de mon cou avant de déposer un chaste baiser sur mes lèvres auquel je répondis avec grand plaisir. J'enroulais mes mains autour de sa taille et l'attirais plus près de moi si bien que je sentais son pouls battre à mes oreilles. Sa douce odeur que j'appréciais tant emplit mes narines et je me sentais enfin bien, sensation qui avait disparue depuis longtemps.

Elle se recula à regret entremêla nos doigts avant de reprendre la parole.

- Je te pardonnes mais je n'oublie pas d'accord, je t'aime Charlie Clarks, plus que tout.

Un sourire fît son apparition sur mes lèvres à l'entente de ces mots et je ne pus empêcher mon cœur de faire un salto.

- Je t'aime Sasha Underson et je jure que plus jamais je ne te décevrais.

Elle sourit également avant de sceller nos lèvres dans un baiser qui avait le goût du pardon, mais surtout de l'amour.

***

J'ouvris mes yeux au son d'une voix qui chantait doucement non loin de moi. Je frottais mes paupières encore endormies puis pris connaissance de mon environnement. Je tournais la tête à ma gauche et une sublime créature y dormait paisiblement, ses boucles dorées éclairées par le soleil qui se frayait un chemin sur son visage d'ange. Sa poitrine se soulevait lentement au rythme de sa respiration apaisée et je regardais dormir ma petite amie quelques instants avant de me décider à me lever puisque je n'avais toujours pas réglé le problème de cette voix dans mon appartement. J'attachais rapidement mes cheveux en une sorte de chignon et passais une main dans ma frange pour tenter de l'aplatir avant de balancer mes jambes de l'autre côté du lit et d'en sortir. J'attrapais le même pull qui m'avait servi à essuyer mes larmes la veille et l'enfilais par-dessus mon débardeur avant de quitter la pièce le plus discrètement possible.

Je fermais la porte derrière moi et me dirigeais tout en baillant vers mon salon, suivant la voix mélodieuse de mon voisin qui chantait. Il était assis tranquillement sur mon sofa, la tête penchée sur un carnet, ma guitare entre les mains et faisait résonner des accords. Je haussais les sourcils face à cette scène qui devrait me stupéfier mais venant de Shawn, je trouvais cela presque normal. C'était vrai, qu'y avait-il d'étonnant au fait mon voisin soit paisiblement en train de faire de la musique à 8:00 du matin dans un appartement qui n'était pas le sien ?

Je le saluais distraitement en passant devant et entrais dans ma cuisine où mon jumeau prenait son petit-déjeuner. Je pris place à ses côtés après m'être munie d'un bol et y avoir versé des céréales. Je me saisis alors du lait sur la table et l'ajoutais à ma préparation. Alors que je commençais à manger, Anatole me supplia de lui faire des pancakes, ce que je refusais puisque d'un : il n'avait qu'à se les faire tout seul et de deux : je n'en avais absolument pas l'envie ce matin. Il bouda et enfourna sa brioche grillée tout en me lançant un regard noir auquel je répondis d'un doigt levé.

Une petite heure plus tard, Sasha, Anatole et moi étions lavés et habillés et nous n'attendions plus que Shawn pour partir en ville comme prévu. Il nous rejoints peu après et nous purent y aller. Le trajet en voiture se passa normalement et nous arrivèrent dans le centre de Toronto qui grouillait déjà de touristes en cette fin de matinée. Nous flânâmes un moment, déambulant dans les rues, nous arrêtant quelques fois pour admirer une ou deux boutiques puis nous repartions. Je marchais main dans la main avec ma copine, savourant le plaisir retrouvé de son contact, tandis que les garçons trainaient dernière, parlant de je ne sais quoi dont on ne devait rien savoir.

Un moment après que nous ayons commencé notre balade, nous arrivèrent devant notre destination, à savoir un disquaire. Nous entrâmes dans la petite boutique colorée et commencèrent à fouiller dans les bac, nos yeux s'écarquillent devant tous ces vinyles, ces artistes parfois oubliés ou la culture musicale de Shawn qui était impressionnante. Nous sortions les pochettes des bacs, échangions nos impressions, nos goûts, admirions les couvertures ou les noms des chansons tout en tapotant sur la mélodie qui se diffusait lentement dans le magasin. L'atmosphère était douce et propice aux rires, la maladresse de mon frère nous faisant bien rigoler aussi.

Je ne sais pas combien de temps nous passèrent là-dedans mais nous nous y sentions tellement bien, comme protégés contre le monde extérieur, les médias, les fans en colère, les histoires. Nous étions dans notre bulle, les oreilles pleines de bons sons et la tête pleine de joie. Je remplissais le petit panier prit à l'entrée de mille et un album, me délectant de la bonne affaire que je faisais là, imaginant déjà comment les pochettes orneraient les murs de ma chambre tandis que le disque tournerait tranquillement à sa place.

Lorsque nos bras furent remplis et nos portes monnaies vides, nous nous décidèrent à sortir, nos achats en mains et reprîmes la route vers chez moi, nos estomacs gargouillant, nous réclamants à manger. Sasha voulus prendre le volant tandis qu'Anatole, désireux de faire sa connaissance, grimpa à l'avant, nous laissant Shawn et moi sur la banquette arrière.

Nous comparâmes nos acquisitions avant que la curiosité l'emporte et que j'engage la conversation sur un autre terrain.

- Dis-moi Mendes, de quoi parliez-vous avec l'autre boulet tout à l'heure ?

Il me sourit d'un air malicieux avant de remonter un doigt sur ses lèvres et de me répondre :

- Ça c'est un secret Mlle Clarks...                       

"I can't imagine what a world would be"

"No, I can't imagine what a world would be"

"No, I can't imagine what a world would be"

"Without you"

"I'd always be alone"

"Without you"

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Et voilà la fin du chapitre 25 ! Whaou, déjà 25 chapitres ! Brefons, en espérant qu'il vous ait plût !

Avouez vous avez eu peur que je les fasse rompre, surtout toi lii_sonne  !

Et merci, le #1 puis #2 dans Shawn Mendes c'est juste un rêve, vous êtes géniaux 💜
Aller,
Kiss mes Mendesarmy 💜

Kat 🤪