13. Wonder
Quelques semaines plus tard.
J'ouvris péniblement les yeux et la lumière provenant de ma fenêtre éclairée de neige me brûla la rétine. Je me maudissais intérieurement d'avoir oublié de fermer les volets la veille car je le regrettais bien ce matin. Je baillais longuement avant de jeter un œil à mon réveil qui affichait 8:35. Merde ! J'avais rendez-vous avec mon agent dans trente minutes et j'étais encore sous ma couette.
Je me levais rapidement et ne pris pas la peine d'enfiler ma grosse polaire puis fonçais directement sous la douche. J'ouvris le robinet et me fit limite ébouillanter par les gouttes qui ruisselaient maintenant sur mon crâne. Je tournais le bouton puis réglais la température pour qu'elles arrêtent de m'écorcher vive. Mes pensées se dirigèrent vers Shawn qui avait pris sa douche ici la veille. Il n'avait plus aucune sensation sur le corps ou quoi ? Il ne se rendait pas compte de la chaleur de l'eau ou la froideur du Canada l'avait immunisé aux sensations fortes ? Bref, je me lavais, non sans avoir crié à cause du savon me brûlant les yeux.
Cette journée commençait vraiment bien dis donc. Drapée d'une serviette éponge, je tentais d'enfiler mes sous-vêtements, mais ceux-ci collaient à ma peau encore humide et s'enroulaient au lieu de se mettre bien. Je grognais puis réussis enfin à les enfiler. Je jetais un regard méfiant vers mes chaussettes, les défiant de loin. Je renonçais finalement et passais mon gros pull de laine d'un rose pâle que j'agrémentais d'un jean large. J'attachais nonchalamment mes cheveux en une sorte de chignon puis courrais vers l'entrée. Bien entendu, je me pris les pieds dans le tapis au passage et glissais sur le parquet. Un rire moqueur se fit entendre en provenance de ma petite cuisine. Je me tournais vivement et découvris Aaliyah prenant tranquillement son petit-déjeuner, le nez collé sur sa tablette.
- Un problème ma chère ? Lançais-Je en lassant tant bien que mal mes Converses.
- Du tout très chère. Tu tentes le style sans chaussettes ce matin ?
Je soupirais puis regardais mes pieds tout collé dans mes chaussures plus très blanches.
- Pas eu le courage, ni le temps.
- J'ai vu ça, belle course au fait. Me dit elle, un grand sourire étiré sur son visage fin.
- Je t'emmerdes Aali.
- Je t'aimes aussi Charlie. Me lança t'elle en mimant un baiser.
J'enfilais maintenant mon manteau puis mon écharpe, mon bonnet et enfin mes gants.
- Fais attention Princesse, si tu tombes, t'auras du mal à te relever avec toutes ces épaisseurs.
- Je réitère mes paroles Lovely.
Je lançais un au revoir et bonne journée à la rousse qui engloutissait ses toast tranquillement. Je sortis et la température négative me fit frissonner, piquant mes joues. J'avançais lentement sur les trottoirs canadien, ne voulant pas tomber et me retarder encore plus. Nous étions au milieu du mois de décembre et les boutiques étaient éclairées et regorgeaient de cadeaux. Je notais mentalement toutes les choses qui me restaient à faire.
- Continuer d'économiser pour l'opération.
- Finir les présents pour ma famille et mes amis.
- Penser à regarder si les résultats de mes examens étaient tombés.
- Rappeler ma mère qui me harcelait pour savoir si je venais à Noël.
- Ne pas arriver en retard à ce rendez vous et savoir s'il y avait des avancées dans ma pseudo carrière musicale.
- Checker ma boîte mail pour voir si les castings avaient fonctionné.
J'arrivais devant le luxueux immeuble après une dizaine de minutes de marche. Je vérifiais l'heure : 9:02. Parfait. J'appelais l'ascenseur après avoir offert mon plus beau sourire à l'hôtesse d'accueil qui voyait d'un œil douteux ma frange en bataille. Désolé Mademoiselle mais on a pas tous le temps de ressembler à une fille qui joue dans une pub pour dentifrice. Bon, après un rapide coup d'œil au miroir, je pris connaissance de mon allure, comment dire, étonnante et sortis un vieux tube de rouge à lèvres de mon sac. J'appliquais le produit clair sur mes lèvres puis pénétrais dans le bureau de mon agent. Camille était debout devant la fenêtre, téléphone en main, se disputant visiblement avec son interlocuteur.
- Non Sofia, je ne suis pas d'accord ! Tu me règles ça tout de suite ou tu vas devoir trouver un autre boulot. Je suis agent, pas assistante maternelle.
J'étouffais un rire devant l'habituel franchise de celle qui gérait ma carrière d'une main de fer puis elle raccrocha.
- Charlie ! Assieds-toi, vas-y.
J'obtempérais, ne voulant pas la mettre en colère.
- Grande nouvelle Clarks ! Tu viens d'être invitée au célèbre Met Gala !
Ma mâchoire inférieure s'ouvrît toute seule et je restais quelques secondes sous le choc de cette annonce.
- C'est, c'est une blague ?
- Charlie, tu penses vraiment que j'ai le temps de blaguer ?
- Je-
- Attends, laisse-moi parler, faut que j'aille sur un tournage après donc ce sera plus rapide si on passe les questions et qu'on arrive direct aux réponses. Premièrement, à mon avis, ils t'ont invité car tu commences à te faire un nom dans la musique et que quand tu seras une star ils pourront se vanter « d'avoir été les premiers à lui tendre la main ». Deuxièmement, tu es la voisine de Shawn Mendes et son amie, donc ils vont sans aucun doute te faire chier avec ça et troisièmement, je te mettrais en collaboration avec de bonnes marques pour que tu les représentes sur le tapis rouge.
J'acquiesçais et assimilais les informations.
- Je peux venir accompagnée ?
- Oui. Homme, femme, chien, parents, grands-parents, je m'en fous mais faut faire un minimum le buzz pour que tu es une chance de te faire remarquer entres toutes ces stars. Compris ?
Je serrais sa main puis repartie, rêvant déjà de cette soirée qui s'annonçait mémorable...
***
Allongée sur mon lit, mes écouteurs enfoncés dans les oreilles, « I kissed a girl » version Angèle résonnant doucement dans les fils, je me remémorais cette fameuse tempête de neige...
Quelques semaines auparavant.
Nous nous rapprochâmes dangereusement, nos lèvres à quelques centimètres, nos fronts des touchant presque. Là, dans la pénombre, ses yeux brillants, ses lèvres fines et son doux visage, j'avais presque envie de rompre la distance qui nous séparait et de goûter à ses lèvres. Alors que je cédais à la tentation et approchais ma tête de la sienne, la sonnerie de mon téléphone brisa ce moment comme suspendu dans le temps.
Retour au présent.
« I kissed a girl and i like this »
Les paroles flottaient dans mon crâne tout comme le geste que j'avais faillis exécuter cet après-midi-là. Depuis ce jour, Sasha et moi n'avions pas reparlé de cet incident. Enfin incident incident, il ne s'était absolument rien passé ! Mais alors pourquoi j'y repensais autant ? Nous ne nous étions pas embrassées après tout ! Je ne sais pas, cette proximité, le fait d'être coincées ensemble, la pénombre et la chanson, peut être que cela faisait beaucoup pour mon cerveau et que j'avais eu une envie stupide. Mais ça n'expliquait toujours pas pourquoi j'y repensais en boucle. Évidemment, la musique changea à ce moment-là et « Tu me regardes » de la jeune Belge se lança.
« Serait-ce juste dans ma tête ? »
« Ou toi aussi c'est dans la tienne ? »
« Mais chaque fois que je suis seule,"
« Je pense à toi je sais c'est bête »
Elle avait raison, peut être devrions-nous en parler, savoir ce qu'elle ressentait et ce qu'elle ressent toujours. Il était vrai qu'après l'appel de Shawn, elle paraissait froide, distante, comme si elle aurait voulu que nos lèvres se rejoignent.
Mais, je n'aimais pas Sasha comme ça, c'était juste une très bonne amie, il n'y avait rien d'ambiguë ! Après tout, on n'allait va pas se mentir, elle était très belle, attentionnée, gentille et on s'entendait très bien mais je ne voyais pas pourquoi je ressentirai plus que de l'amitié pour elle !
Je, et puis, enfin, j'avais toujours pensé que j'aimais les hommes, je ne voyais pas pourquoi ça changerait ? J'étais ouverte d'esprit et je n'étais pas pour enfermer des gens dans des cases toute leur vie, loin de là, mais je ne me voyais pas aimer les femmes. C'était vrai, depuis toute petite, on m'apprenait que les princesses attendaient leurs princes et je ne m'étais jamais vraiment penchée sur le sujet, n'en ayant pas ressentis le besoin avant. Mais alors, si j'étais purement hétérosexuelle, pourquoi je ne pouvais pas m'empêcher de penser à Sasha et à ses lèvres qui avaient l'air si douces ?
Rhaaa, reprends-toi Charlie ! Ce n'était pas parce que tu avais failli embrasser une de tes meilleures amie que tu devais remettre en doute ton orientation sexuelle !
Je massais lentement mes tempes, sentant que le mal de tête n'était pas loin. Je me tournais sur mon lit et stoppait la musique. J'étais déjà assez mal pour qu'en plus elle me parle de ses histoires d'amour et que cela sème encore plus la tempête sous mon crâne ! Je dûs pousser un long et bruyant soupire puisque la porte de ma chambre s'ouvrît sur Shawn, accompagné comme d'habitude de sa chère Camila qui commençait à me taper sur le système. Je l'avais revu deux ou trois fois depuis ce fameux appel et la savoir si proche de Shawn commençait à m'énerver. Je ne savais pas ce qu'il y avait entre eux et avec mes examens qui s'étaient déroulés il y a deux semaines, je n'avais pas eu le temps de me préoccuper de leur affaire. Mais je me promettais de creuser le sujet.
- Hey Sweetie !
Je me crispais en entendant la cubaine m'appeler ainsi, ce surnom n'était pas le sien, c'était celui que Sasha me réservait.
- Salut Camila, dis-je, un sourire que je m'efforçais de rendre naturel plaqué sur mon visage.
- Hey Honey, tout va bien ?
- Merveilleusement Shawn, tu peux retourner avec ton amie, je suis très bien ici.
Le canadien grimaça mais ne dit rien, mais je vis dans ses yeux qu'il se demandait pourquoi j'étais aussi froide. Il se reprit bien vite et me sourit d'un air inquiet avant de se tourner vers son amie qui prit la parole :
- En fait, on aurait besoin de ton aide, on a écrit une chanson et on aimerait savoir si elle te plairait. Elle s'appelle « Señorita ».
Je me redressais dans mon lit et joignais mes mains sous mon menton, heureuse d'accéder à une avant-première. Shawn passa la sangle d'une de ses guitares à son cou et posa les doigts sur les cordes, prêt à jouer. Je leur fis signe de commencer à chanter et ils me livrèrent une performance qui réchauffa l'atmosphère de ma chambre. Je grimaçais de dégoût tandis que mes entrailles se nouèrent d'une sensation proche de la jalousie. En soi, la chanson était bien, assez géniale pour ainsi dire, leurs voix se mariaient vraiment bien et les paroles aguicheuses réjouiraient certainement les fans mais la façon dont Camila se collait à Shawn ou les regards plus brûlants les uns que les autres qu'ils se lançaient me répugnaient.
- Si ça vous dérange pas, j'aimerais autant que vous alliez ailleurs pour vous sauter dessus. Mais très bonne chanson sinon, je sens vraiment que ça va être le tube de l'été !
Les deux chanteurs tressaillirent puis me remercièrent de ma franchise. Avant de quitter la pièce, le brun me dit d'un ton vexé :
- Camila et moi sommes amis. Rien de plus. Si ça te déranges, dis le moi en face la prochaine fois au lieu d'être aussi mal élevée et acariâtre.
- Shawn je-
Il partit en claquant la porte d'un air déçu. Je fondis en larmes de honte et du trop plein d'émotions que m'avait procuré cette journée. Le Met Gala, Sasha, la maladie et maintenant Shawn, tout cela était beaucoup trop pour moi et je laissais couler mes larmes abondamment.
« Right before I close my eyes »
« The only thing that's on my mind »
« Been dreaming that you feel it too »
« I wonder what it's like to be loved by you »
« Yeahhhhhhh »
« I wonder what it's like »
« I wonder what it's like to be loved by you »
~~~~~~~~~
Et voilà la fin du chapitre 13 ! L'étau se resserre et les questions assaillent Charlie on dirait...
En espérant qu'il vous ait plût !
Merci pour les 600 vues et surtout les 110 votes !!
Je vous nem mes Mendesarmy 💜💜
Kat 🤪
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