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Chapitre 6 - Ellen

Hello les amis !

J'espère que vous passez de bonnes vacances et que vous profitez du soleil. Je suis désolée pour mon retard, j'étais en train de terminer mon mémoire et – ô monde cruel – c'était assez compliqué, ce qui ne m'a laissé que peu de temps pour avancer sur Wattpad (un grand merci d'ailleurs à celles et ceux qui ont répondu à mon enquête Instagram).

Mais je ne vous oublie pas et je me suis mise au défi d'écrire cette histoire pour 2024, ce qui me laisse donc seulement quatre mois et demi afin de la finir ! Vos encouragements sont les bienvenus hahaha

Si d'ailleurs, vous avez le moindre conseil à me partager, je serai ravie et touchée de pouvoir le lire, ça m'aiderait même beaucoup !

Je ne vous dérange pas plus et vous souhaite une bonne lecture

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Je n'aurais jamais dû dire oui à Ana.

C'est la seule certitude qui m'anime en cet instant. Tout le monde beugle, ça pue la bière et la transpiration, le sol est poisseux et les gens ivres. Je ne sais pas à quoi je m'attendais en me rendant à cette soirée... J'ai toujours eu du mal avec les fêtes, surtout celles qui se déroulent dans des pubs.

Selon Wes – et je suis de son avis –, le pub anglais, c'est l'endroit où se rejoignent tous les alcooliques de Londres pour se noyer dans l'alcool à partir de cinq heures de l'après-midi. Autant dire que passé dix-neuf heures, la sobriété s'est envolée pour de nouveaux horizons, laissant aux mecs le champ libre afin d'excuser leurs mains baladeuses et leur bisous baveux de navrants petits : « désolé, j'étais bourré ». L'alcool rend les gens cons. L'alcool sert de passe-droit à tous les pervers et agresseurs sexuels du pays.

Après avoir repoussé un énième étudiant louchant sur mon décolleté, j'attrape Ana par l'épaule et lui hurle à l'oreille.

— J'en ai marre. On se tire.

— Oh, allez El', Dean Daniels va bientôt commencer. C'est inédit, il faut en profiter !

Je me remémore le regard sombre du garçon de tout à l'heure. Un frisson me traverse. Rougissant d'embarras, je fronce les sourcils.

— Tu penses qu'il en aura pour combien de temps ? L'air est irrespirable, et ça ne va aller qu'en s'empirant vu l'état de la clientèle !

Ana m'adresse un regard courroucé.

— Écoute, El'. Tu es sérieuse, je sais, tu aimes les choses simples, te reposer et tu ne bois presque pas d'alcool, j'ai bien compris. Mais là, tu t'es enfin séparée de Wes, tu as un peu de liberté, plus personne excepté moi à la fac ne veut te parler, donc la moindre des politesses serait de profiter de cette soirée sans faire la rabat-joie ! J'aime boire, j'aime danser, j'aime faire la fête, ça ne me rend pas plus vulgaire ou je ne sais quelle autre connerie. On est différentes, et j'aimerais ne pas avoir à me prendre ton jugement dans la gueule juste parce que ce sont des occupations qui te déplaisent ! Si cette fête te dérangeait tant que ça, tu n'avais qu'à pas accepter de venir.

J'en reste coite. Incapable de répliquer. Je me rends soudain compte combien ma mauvaise humeur a pu la blesser. Combien mon comportement l'a déjà ennuyée par le passé. Je me sens nulle. Ana est une camarade de classe avec qui je m'entends bien, mais il est vrai que nous sortons peu ensemble, et que mon tempérament pèse souvent sur les gens.

— Je suis vraiment désolée, je ne voulais pas te vexer, je...

— C'est bon, t'inquiètes. Maintenant, s'il te plaît, fais un effort, et amuse-toi. Qu'on profite de cette soirée entre filles !

Je hoche la tête, tentant vainement de repousser mon dégoût lorsqu'un étudiant me frôle la hanche d'un peu trop près. Un mouvement bienvenu attire mon attention sur scène : Dean Daniels est en train de se placer derrière son clavier. Un homme d'une quarantaine d'années, un début de calvitie naissant sur le sommet de son crâne, attrape le micro et annonce :

— Mesdames, messieurs, comme promis, on accueille ce soir Dean Daniels, compositeur et pianiste du célèbre groupe The Crazy Diamonds ! Applaudissez-le !

Alors, l'atmosphère change du tout au tout. Des hurlements de joie, des applaudissements extatiques et des tressautements d'impatience inondent la salle. Dean Daniels a conquis son public avant même d'avoir commencé à jouer. C'est impressionnant. Le présentateur s'éclipse, les projecteurs s'orientent sur le musicien, il appuie sur une note et — fait inespéré — le silence s'impose.

Je contemple ses mains, caresser les touches, ses poignets, se plier et se déplier gracieusement, son visage, concentré, son expression, figée, son corps, contracté. Je retiens mon souffle. Submergée par une étrange tension. Je ne peux plus défaire mon regard de ses mouvements. Je suis comme happée par sa présence, incapable de lui résister. Alors, la musique explose. Ses doigts s'animent, ils virevoltent sur le piano, faisant résonner les premiers accords d'un de mes morceaux préférés : Exit Music (for a film) de Radiohead.

Mon cœur bat la chamade en reconnaissant l'air. Dean Daniels, libérant enfin la pression qui l'habitait, se penche sur son micro dans un geste aérien et chante. Sa voix est grave, douce, fragile. Très différente de ce à quoi je m'attendais. Elle chevrote, grésille, flirte avec le faux pour sonner plus juste encore. La mélodie, déjà magnifique, s'emplit d'émotions et d'intensité. Elle s'élève dans la pièce, navigue entre nous, cogne contre les murs pour rebondir dans nos oreilles. Elle enchante les esprits, envoûte les corps, tirant les épaules dans une chorégraphie instinctive et partagée : un balancement doux et lent qui entraîne la totalité du public.

Je ne fais pas exception à la règle. Portée par cette énergie troublante, je tangue de gauche à droite, j'oscille comme un canot amarré au port qui, balloté par la mer, cherche à se délivrer de son lien, cherche à quitter la rive.

— Je savais que ça te plairait, me chuchote Ana.

Je ne réponds rien.

Je ne peux pas répondre.

Envahie par un raz-de-marée d'émotions, je crains de chavirer si je brise la bulle qui enferme tous les spectateurs, moi y compris. Les chansons s'enchaînent une à une sans que jamais le lien ne se perde. Nous sommes hypnotisés, ensorcelés, portés par la musique qui nous guide dans un périple extraordinaire.

Mes yeux, vissés sur le chanteur, dévorent chaque détail qu'ils peuvent capter : une paupière qui tombe, un mordillement de la lèvre, une narine qui se retrousse. Rien ne leur échappe. Jusqu'à ce que le regard de Dean se lève progressivement, remonte du sol, parcoure la foule et se perde dans le mien. Pétrifiée, je n'ose plus esquisser le moindre geste. Mes pieds s'abîment dans le parquet. Mes poings se serrent. Ma gorge se ferme.

— Je rêve ou Dean Daniels est en train de nous fixer ?

— Je...

Je ne parviens pas à formuler la moindre phrase. Ana attrape mon bras, comblée de bonheur par cette attention et éclate d'un rire surexcité.

— Je suis en train de vivre le plus beau jour de ma vie ! exulte-t-elle.

Je l'entends à peine, sa voix est assourdie, elle m'arrive de très loin. Je n'ose plus bouger. L'instant est trop beau, trop fou, trop magique. Je ne saurais expliquer ce qui se passe. D'un coup, un seul, je comprends pourquoi certains entrent dans des communautés de fans. Cette euphorie généralisée, ces sentiments partagés et concentrés autour d'une personne et de son talent.

Dean Daniels réunit le pub entier et invite celui-ci à fusionner. Je ne sais même plus si c'est moi qu'il regarde ou s'il parvient à contempler la totalité de la salle aussi intimement. J'en viens à me demander si ce n'est pas le pouvoir de sa voix qui nous permet de tous nous sentir proches de lui, bien qu'il soit perché sur sa scène de fortune.

Les morceaux s'écoulent un à un dans cette atmosphère surnaturelle, mon cœur prenant le rythme de la musique, en parfaite symbiose avec l'instant. L'espace de ce concert, tous mes problèmes s'évanouissent. Il n'y a plus de Wes, plus de réseaux sociaux, plus de regards mauvais, plus de moi. Il n'y que ces chansons qui me transportent ailleurs. L'espace de ce concert, je respire enfin. Et lorsqu'il s'achève, je me retourne vers Ana et lui attrape les épaules pour lui crier :

— Merci... Merci, merci, merci mille fois d'avoir insisté pour que je vienne ! C'était génial.

Mon amie en rosit de plaisir. C'est la seule qui ne m'a pas lâchée depuis ma rupture. Après l'esclandre que j'ai faite dans l'amphi, plus personne n'a daigné m'adresser la parole... J'avais déjà du mal avec les relations auparavant – et une réputation assez médiocre à cause de mon sale caractère – mais là, je suis devenue l'ennemie publique numéro un. En un geste, un tout petit geste, j'ai dépassé le peu de bornes qu'il me restait pour être tolérée par la fac. Je suis devenue la risée de UCL.

Il n'y a qu'Ana qui a consenti à ignorer cette information. Nous n'avons jamais été très proches. À vrai dire, j'ai très peu d'amis. Mais elle déteste Wes depuis qu'elle l'a rencontré et je crois bien que ça a joué en ma faveur. Je ne connais pas d'autre personne partageant ce point de vue. Alors j'ai fini par me rapprocher d'elle ces derniers jours, un peu par défaut, bien que cela me fasse honte d'y penser. Et, à présent que nous sommes là, réunies dans ce pub, à profiter de la soirée, je me rends compte que j'ai été injuste. Que je ne lui ai pas dit à quel point je lui étais reconnaissante de m'avoir gardée à ses côtés malgré ma personnalité insupportable. Grâce à elle, je ne suis pas entièrement abandonnée à mon propre sort.

— Oh, mais t'inquiète, El', c'était un plaisir ! Ça fait longtemps que je me dis qu'on pourrait se rapprocher un peu, mais qu'on ne passe pas assez de temps ensemble, hors de la fac. C'était l'occasion ! Je suis vraiment contente de voir enfin un visage souriant et pas ta moue bougonne habituelle !

Je souris de plus belle.

— S'il n'y a que ça qui puisse te plaire, je peux continuer, je réplique.

Et tandis que les enceintes brisent la quiétude que Dean était parvenu à établir sur les lieux, nous entamons une chorégraphie de déhanchements et de secouage de bras qui nous entraîne dans une hilarité partagée et grisante.

Wes n'a jamais aimé ce groupe. Il n'aime pas les fêtes et trouve qu'une femme qui boit est une femme vulgaire. Je pensais comme lui, c'est pour cette raison que ça marchait si bien entre nous. Mais ce soir, glissant sur le parquet laqué, le corps engourdi par les vibrations des basses et le cœur palpitant d'allégresse, je ne suis plus certaine d'aller dans son sens. Je vois Ana, les joues rouges, un peu éméchée, qui rit aux éclats, et je me dis que, peut-être, j'ai eu tort d'être si dure.

Là, perdue dans la foule, me nourrissant de son énergie, je revois mon jugement. Je balance les hanches et les épaules, les yeux fermés, réussissant à perdre un peu de contrôle, ce qui ne m'arrive jamais. Je me laisse aller au gré de la musique, emportée par son élan, prise dans les flots mélodieux qu'elle déchaîne sur moi. Des secondes, des minutes, des heures se sont écoulées lorsque, soudain, un corps frôle mon dos, me ramenant brusquement à la réalité.

Je sursaute, rouvre précipitamment les paupières et constate que ça ne peut pas être Ana, qui s'est maintenant tournée vers un garçon et danse avec lui, ne le quittant pas du regard. Mon cerveau se vide, mon sang se glace. Je fais volte-face et découvre un jeune homme, engoncé dans un sweat-shirt noir bien trop grand pour lui, la tête dissimulée sous une capuche.

Dans le genre méchant de séries télé, il fait fort.

— Hé, toi, tu fais quoi ? je m'indigne.

Parcourue d'un frisson de dégoût à l'idée qu'il cherche à se frotter à une quelconque partie de mon anatomie, j'esquisse un pas en arrière, pour imposer une distance. Malheureusement, le sol couvert de bière s'indigne de ce mouvement et marque son mécontentement en accrochant mes semelles, me lançant dans un dérapage incontrôlé qui manque de se terminer en écrasement facial – la souplesse d'une gymnaste en moins.

Merde.

Je n'ai pas besoin de me faire remarquer.

Pas encore !

La terreur me submerge tandis que déjà, je vois les objectifs des téléphones braqués sur moi, les flashs m'aveuglant sans pitié et les rires crépitant telles des bombes m'explosant à la figure. Sauf que ma chute se suspend. Deux bras s'arriment autour de ma taille et j'ai alors une vue imprenable sur le visage de Dean Daniels, à moitié recouvert par sa capuche.

Le temps s'arrête...

Et une vague d'incertitude, de gêne et d'appréhension s'abat sur moi lorsque je comprends ce qui vient de se produire. Premièrement, Dean Daniels n'a jamais tenté de me tripoter, il cherchait juste à se faufiler discrètement entre les gens pour sortir ; deuxièmement, c'est la deuxième fois que je tombe sur lui dans la journée et que je réagis mal.

Mon malaise augmente encore d'un cran.

— Merci, soufflé-je, la mine déconfite.

— Tu vois que je fais attention.

Quoi ?

Sa réponse me tombe sur la tête, aussi lourde qu'une chape de plomb. Oh non... il se souvient. La gêne remporte le combat, repousse les autres émotions au loin et prend possession de mes joues, les maculant d'une teinte écarlate.

En même temps, c'était il y a seulement quelques heures ! À quoi est-ce que je m'attendais ?

Incapable de répliquer, trop sonnée et atterrée, je le regarde avec des yeux de merlan fris, ce qui semble l'amuser au plus haut point.

— Alors, comme ça, on n'a plus rien à dire sur la façon dont je considère les autres, une fois sortie de la fac ? se moque-t-il.

Sa pique me sert d'électrochoc. Me libérant de son emprise, je lui adresse un regard noir.

— C'est toi qui t'es collé à moi comme un pervers, je te signale.

Il rabaisse sa capuche sur son visage, mais pas assez vite pour cacher son sourire.

— Si tu le dis... Je te laisse, tigresse, j'ai une nuit chargée devant moi.

Et sur ces mots, il s'éclipse, disparaissant de ma vue aussi vite qu'il est apparu. Je reste figée sur place, bouche bée.

— C'était qui ? Il t'a emmerdée ?

Ana, qui s'est apparemment décollée de son partenaire de danse, est plantée à ma gauche, observant l'espace vide que Dean Daniels a laissé avec méfiance. Ne sachant quoi penser des derniers événements, je me tourne vers elle en réajustant mon haut.

— Non, non, c'était juste un mec bizarre, mais pas méchant.

Et tout en lui répondant cela, je décide que cette rencontre n'a pas d'importance et qu'il vaut mieux la jeter dans une poubelle mentale. Après tout, que pourrais-je dire d'autre ? C'est la stricte vérité. Et c'est sûrement la dernière fois que je tombe sur ce type de ma vie ! La fête reprend et nous laissons cet épisode derrière nous.

Je m'abandonne une fois de plus à la musique et à l'euphorie générale, sans me douter une seule seconde de ce qui m'attend cette année... 

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