J'ouvre la porte d'un coup sec d'épaule, avant de me glisser dans l'appartement, les bras chargés de mes trois seuls cartons. Flocon miaule désespérément au sommet de la pile, toujours réfugié dans sa boite. Je referme la porte avant de tituber maladroitement jusqu'au centre de la pièce et dépose les boîtes, tout en lâchant un grognement épuisé. J'étire mes épaules endolories, une grimace au visage : monter deux étages alourdie de trois cartons remplis n'a pas été une mince affaire. Il a fallu que je choisisse un immeuble où l'ascenseur était cassé.

-Avec la chance que j'ai ces derniers temps, ça ne m'étonnerait pas de tomber sur un appartement moisi... je soupire en me redressant pour prendre le temps de regarder mon nouveau chez moi.

Aussitôt, le sourire exaspéré me quitte et l'envie d'hurler me prend ; il n'y a qu'une seule pièce. Pire encore : le parquet est humide et recouvert d'une épaisse couche de poussière. Deux fenêtres s'alignent sur le côté gauche, mais leurs volets sont cassés et les vitres si délavées que je ne peux même pas voir au travers.

D'une main tremblante, j'ouvre le carton de mon félin avant de m'avancer lentement, sur la pointe des pieds, vers la première fenêtre. J'ai comme peur que le sol ne s'écroule, vu son état.

Je frotte sur la vitre avec mon poing, ignorant la saleté qui s'amasse sur ma peau. Je plisse les yeux pour tenter d'y voir à travers, mais rien n'y fait : elle est trop sale. Je lâche un soupir de désespoir puis, une grimace au visage, tire sur le bas pour relever la vitre. Un cri s'échappe de ma gorge lorsqu'elle remonte brusquement, me projetant en arrière par la même occasion. Flocon s'approche, fébrile, et me lèche le nez pour s'assurer de mon état. Je le rassure avec un simple grognement et me relève non sans difficultés.

Un vent frais balaye l'appartement, m'arrachant un frisson par la même occasion. Je passe la tête par la fenêtre et mes yeux s'écarquillent de surprise : il y a un balcon ! Stupéfaite, je me glisse par l'ouverture et me relève sur une terrasse métallique, entourée d'une rambarde rouillée. De vieux pots de fleurs garnis de mauvaises herbes s'y suspendent tristement. Je m'accoude alors à la barrière, plissant les yeux sous le vent nauséabond qui me fouette le visage. Je ne réagis même pas lorsque Flocon saute sur mon épaule, blottis au creux de ma nuque et réchauffé par mes cheveux. Pour la première fois depuis des jours, je l'entends ronronner.

Un sourire triste me monte aux lèvres :

-Bienvenue dans notre nouvelle maison, mon Flocon.