[03/04/2022 : j'ai très peu dormi depuis trois jours, je suis particulièrement honnête et décousu aujourd'hui.]
Aujourd'hui, il fait un temps superbe ! Ma flemme m'empêche de sortir en profiter. Et puis danser seul sous le soleil, c'est encore plus triste que pleurer sous la pluie. Une telle dissonance amplifie mes émotions.
Hier, le temps était très correct. Mon rythme chaotique et trop court de sommeil m'a empêché d'en profiter hier aussi... Belle excuse ! Manque de sommeil, rasseyez-vous. Nouvel accusé, présentez-vous à la barre.
Bonjour, je suis l'Angoisse sociale, et j'emmerde tout le monde ! Enfin, c'est plutôt le monde entier qui m'emmerde. Ou qui m'impressionne. Ou qui me rend confuse. Ah, je ne sais plus... Trop de questions ! Je peux partir m'isoler, Votre Honneur ? Les trois personnes qui lisent me stressent, là. Pourtant, je sais qu'elles ne me jugent pas. (Uniquement vous, Votre Honneur.) Et j'agis sans prendre en compte leurs avis ! Oui, j'admets que j'adapte au locuteur mes paroles. Mais pas mes actes ! C'est uniquement mon niveau de discussion qui est influencé. Parce que c'est la seule façon de me faire comprendre. C'est à moi, toujours, de faire l'effort d'être comprise et entendue ! Les autres ne semblent pas vouloir comprendre. C'est peut-être pour cette raison qu'au-delà d'une personne à qui parler, c'est fatigant pour moi ? C'est peut-être pour ça que je suis fatiguée d'avoir à communiquer ? Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, c'est moi, l'Angoisse sociale, et je vais m'absenter dans un coin un tout petit moment (ou dans le petit coin un moment). Ne m'oubliez pas trop vite, je vais revenir.
Nous remontons le temps. Après aujourd'hui et hier, vient avant-hier... Vendredi, j'ai laissé le destin décider. Presque. Ça faisait un petit moment que je voulais partir sur les traces de moi-même. Parce que trop longtemps, je me suis perdu. Trop longtemps, j'ai refusé le dialogue avec moi-même. Un voyage très court, trop lointain. Seul, avec nos anciens Nous. Aller à notre rencontre, après le travail, un vendredi après-midi. Car il finit commodément plus tôt avant le week-end pour moi... quand on ne m'embête pas avec une urgence de dernière minute.
Prendre le Métro. Sortir à ton ancienne station. Acheter un thé, plein de billes de tapioca, et beaucoup trop sucré, à aspirer (bruyamment) élégamment avec une paille (en papier, 2022 oblige). Comme je le faisais avant. Avec une paille en plastique verte. (Quelle ironie !) Avant de ne plus supporter les goûts trop sucrés. Avant de ne plus supporter l'évocation de ton nom. Avant d'éviter ces lieux qui me reliaient à toi. À présent, y retrouver peut-être les morceaux de moi-même. Les ramasser. De la musique dans les oreilles. Les rempocher. Du sucre en bouche. Essayer de les réassembler. Peut-être dans cette même odeur de pluie parisienne, et non de colle. Ces larmes joyeuses du ciel, qui avaient signé l'une de nos rencontres, que tu qualifiais de destinées. J'aurais ouvert un parapluie si la météo l'avait décidé à cette heure-là. La pluie ne me dérange plus.
Cependant, quelques jours avant l'escapade prévue, on m'a parlé de possibilité de neige. Gambader dans la boue, y laisser mes traces physiquement pour retrouver les autres métaphoriques, me semblait plus ennuyant que délicieusement ironique. Tu vois, je ne chéris plus suffisamment nos souvenirs, je ne maudis plus assez notre passé, pour me lancer dans cette escapade contre l'avis de la météo. Alors, je l'ai laissé décider. S'il pleuvait ou neigeait au moment de ma sortie du bureau, je rentrais vers mon gris. S'il avait cessé de pleuvoir à ce moment-là, je revenais visiter ton spectre.
Quelques gouttes d'eau, à une certaine heure, ont décidé que nos fantômes pouvaient bien attendre encore un peu.
Ou bien était-ce ma lâcheté ? Qu'est-ce le destin, finalement, à part celui qu'on veut bien prendre la peine de suivre ? Celui pour lequel on veut bien faire l'effort de croire ?
J'aurais tellement voulu croire à notre destin quand tu m'en parlais. J'ai eu peur d'y croire. Puis j'ai eu peur de ne pas te croire. Maintenant, je veux bien y croire si ça m'arrange. C'est une excuse comme une autre. Comme l'une des nombreuses pour lesquelles il t'était plus simple de partir, détruire, puis revenir pour faire face à ma vexation. Plutôt que rester, construire, et faire face à notre avenir.
J'aime à croire que c'est mieux ainsi. Même si j'ai du mal à l'admettre, je veux croire qu'il est mieux pour moi d'avoir parcouru cette route loin de toi. Vendredi, la météo me semblait d'accord. Mais je reviendrai. J'essayerai à nouveau de me retrouver, sans chercher des fausses excuses pour te fuir.
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