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Le spectre de souvenirs

[19/01/2022 – je préviens : texte long, et je rassure : je vais plutôt pas mal en ce moment]

Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler et d’insister sur le fait qu'un récit fait par un humain est subjectif. Même avec la meilleure volonté de rester impartial, d’éviter d'analyser une situation. Dans ce qui suit, je vais tâcher d’être sincère. Mais les faits remontent à longtemps, et même s'ils ne dataient que de deux minutes… le cerveau joue des tours. Il interprète les signaux internes, externes, en des sensations qui ne sont que des impulsions électriques, qu'il va ranger ensuite dans des cases à souvenirs suivant un ordre que lui seul comprend, puisqu'adapté au vécu et habitudes du propriétaire du cerveau, un simple humain faillible.

Ce matin à la maison puis dans le train, certaines scènes à écrire dans mes histoires, même si elles ne sont pas auto-biographiques, ni même une adaptation romancée de mon passé, ont déclenché chez le collectionneur maladif de mauvaises expériences qu'est ma cervelle, certains souvenirs amers. Je vais les écrire ici, comme une tentative d'exorciser ces spectres qui sont revenus plusieurs fois m’embêter ces dernières années.

Nous étions aux environs de 2005. Je n’ai aucune idée précise de la date, ni même de l’année. Je ne suis même pas sûr de la saison. Peut-être parce que ma mémoire mélange plusieurs scènes similaires disséminées sur une certaine période. C’est ainsi que la mémoire fonctionne, en vérité : lier, faire des recoupements, se souvenir. Même quand on voudrait oublier, s'assommer, s'abrutir. Par la boisson, par le travail, par le manque de sommeil. Mais non, la mémoire retient, et, parfois, déforme, enlaidit, blesse. Est-ce parce que ma cervelle retient les mauvais souvenirs que je suis pessimiste et déprimé ? Ou est-ce parce que je suis trop triste, depuis trop longtemps, bien avant 2005, pour pouvoir engranger des souvenirs joyeux ? Whatever. C’était dans ces eaux-là, parce qu'on sortait ensemble depuis un certain moment, et qu'on allait encore rester ensemble, malgré tout, encore un moment.

Il connaissait mes craintes et mes insécurités. Ou peut-être pas, engoncé qu'il était dans les siennes. ll aimait plaire. Il en avait besoin. Pour se rassurer, peut-être, sur sa valeur d’enfant qui s’était senti abandonné. Pourtant, quand il me regardait, j'avais l’impression qu'il ne voyait que moi. Ou peut-être pas. Je m'illusionnais peut-être. Je voulais, peut-être, me rassurer sur ma valeur d’enfant qui s’était senti abandonné.  Nous sortions assez régulièrement. Je buvais déjà beaucoup. Quand on est heureux, on n'a pas besoin de boire autant. Le pire était que je le savais. Je savais que j’étais malheureux. Et je savais aussi à quel point je ne pouvais me détacher de ses bras qui me rendait si heureux. Était-ce une question d'hormones ? On couchait régulièrement ensemble. Beaucoup trop. Au lieu d’alchimie, notre dépendance était-elle chimique ? Aucune idée.

En couple exclusif et officiel, la donnée basique était que nous devions rester fidèles. Il n’était pas infidèle. Malgré toutes mes craintes, et expériences avec lui qui me rendaient incertain sur l'avenir, il ne me trompait pas. J'en suis convaincu maintenant, comme je le savais avant. À 99,9%. Car, comme expliqué plus haut, mon merveilleux et effroyable amour aimait plaire. Papillonner, faire des sous-entendus aux personnes des deux sexes, lancer des œillades – sans conséquence mis à part sur mon estime de moi-même et ma foi en notre couple. En public, tout le monde était bien au courant de notre relation : il me tenait la main, me câlinait, me répétait qu'il m’aimait. Ça m’embarrassait. Il le faisait également en privé. Ça me gênait beaucoup moins. Et régulièrement, il me répétait de lui faire confiance. Sur n’importe quel sujet, pas uniquement la fidélité, comprenez le bien. « Fais-moi confiance. » Pendant une décennie après notre rupture, entendre cette phrase, même dans des situations totalement différentes et sans aucun lien, déclenchait en moi crises d’angoisse et de violence. Fais-moi confiance. Oublie ton ressenti, tes sentiments sont subjectifs, ils ne sont pas importants. Tu n'es pas important. Fais-lui confiance. Bullshit!

Bref. La période : aux environs de l'année 2005. Le lieu : l’appartement d'un ami commun qui était attiré par nous deux, mais respectueux. Le contexte : une fête – avec trop de monde pour moi, seulement animée de l'avis d’autres gens ; trop d'alcool pour certains, trop peu de mon point de vue. Et mon amoureux qui commençait à papillonner de groupe en groupe, comme s'il cherchait une fleur ou une ronce à butiner. Mais aucun geste trop limite. Et j’étais trop loin pour savoir si ses paroles auraient pu être déplacées.

Trop de monde, trop peu d'alcool. J'ai eu envie de lui coller une droite dans sa jolie petite gueule, ou un grand coup de pied à son cul bien moulé dans son pantalon. Trop de monde, trop peu d'alcool. Et aucun comportement vraiment problématique ni apparent de mon copain. Alors je n'allais pas créer une scène. Me donner en spectacle ? Pas mon style. Et puis, il allait argumenter qu'il n'y avait rien. Il avait tendance à m'opposer ce mot pour tout. Je faisais des histoires pour rien. Pourtant, il connaissait ma tendance à la jalousie. Il est vrai que je lui avais fait très peu de scènes. Uniquement en privé. Mais violentes. Je regrettais ensuite mes débordements. Tellement honteux de se laisser aller à ses mauvais penchants ! En public, je prenais garde d’ironiser au lieu de faire des scènes. À cette occasion, après mes envies de violence physique contre sa personne, j’ai ressenti l'envie d'aller le pousser dans les bras de n’importe qui. Juste pour voir. Ou, juste pour rigoler, rouler une pelle à l'un de ceux qui avait émis, voire répété (j’étais très naïf et ignorant à l’époque), un certain intérêt pour ma personne. Trop de monde, trop peu d'alcool. En public, sans excuse. Pas mon style.

Alors j’ai fui. Discrètement, calmement, j’ai fui. Je me suis dirigé vers le fond de l’appartement, je me suis réfugié seul dans la chambre de l'ami chez qui se déroulait la fête. J’aurais voulu crier, j'aurais voulu pleurer, j’aurais voulu frapper un mur, j'aurais voulu quitter cet endroit. Alors j’ai pris un livre de poche qui traînait sur le chevet et j’ai fait semblant de lire. Étais-je debout, assis, à ce moment-là ? Aucune idée. Pendant que je feuilletais les pages en essayant de rassembler les lettres entre elles, j’avais envie de partir en courant, de disparaître. Peut-être serais-je finalement parti en catimini, s'il avait mis plus de temps à me rejoindre. Mon petit ami était surpris en me voyant là. Pourquoi était-il parti à ma recherche, était-ce ce que j’espérais ? Peut-être. Ce n’était pas la première fois que je l'obligeais à me courir après, me rechercher après que j'aie fui. Il m'a demandé ce que je faisais là. J’aurais voulu l’embrasser, j’aurais voulu le frapper, j’aurais voulu lui expliquer. J’ai simplement murmuré une excuse : j’étais un peu fatigué, trop de monde. Pourquoi devais-je me justifier quand je voulais l'accuser ? La force de l'habitude, peut-être. On est resté un peu de temps dans la pièce. Je ne me souviens plus si on s'est peloté. Rien d'indécent, juste pour passer le temps. On le faisait beaucoup trop souvent. Et, comme expliqué plus tôt, il venait souvent me rechercher quand il avait fini de papillonner. Alors toutes ces occurrences se confondent peut-être dans ma mémoire.

Puis, comme il avait décidé qu'on avait passé assez de temps à attendre que je me remette, ou peut-être parce que je lui avais menti en affirmant que ça allait mieux, il m'a emmené rejoindre les autres. Ma main tenue par celui que j'aimais, entrainé vers une fête et des gens joyeux, j'avais l’impression de me rendre à l’échafaud. Je ne lui en ai jamais rien dit. À quoi ça aurait servi ? Ce que je ressentais n’était pas important. C’est ce qu'on pensait tous les deux. Parce que lui, comme bien des personnes dans d’autres circonstances avant lui et après lui, m'ont répété que ce n’était rien. Que ce que je ressentais n’était rien, alors pourquoi perdre du temps à en parler ?

Seul, j'ai mis quinze ans à comprendre un point. J’aurais voulu que quelqu'un me le dise ou me l’écrive. Alors maintenant, laissez-moi vous dire, vous la répéter s'il le faut, une bonne chose. Elle est destinée à vous, tout comme à moi-même : ce que tu ressens est valide. Les sentiments que tu veux exprimer sont valides. Si ce que tu exprimes par rapport à tes sensations est problématique pour toi ou pour d’autres, alors il faut en parler ensemble. Afin de diagnostiquer, puis accompagner voire résoudre le souci ; ou de se mettre d'accord sur le fait qu'il ne s’agissait pas d'un problème, uniquement d'une différence de perception ; voire de valider ta perception à toi, ensemble. Tu es important, et tes sentiments, même les plus extrêmes ou théâtraux, sont importants. Ils ne sont pas « rien ». Cet amour que tu ressens si intensément ne doit pas te faire sentir que tu es « rien ». Cette incohérence de sensations pourrait te déchirer. Les morceaux sont ensuite très compliqués à rassembler. Je parle par expérience.

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