Décisions hâtives
[TW : long message un peu plaintif à propos de mes sagas fantasy, avec récapitulatif subjectif de mon année WP, puis question existentielle à laquelle vous pouvez répondre - à propos de ma nouvelle histoire, la romance surnaturelle psychotique]
Y'a un concours participatif auquel je souhaite m'inscrire la semaine prochaine.
L'année dernière, avec la première version brouillonne de La prunelle de vos yeux, j'avais reçu quelques propositions constructives pour améliorer l'histoire. Perdues entre plusieurs tas de :
(i) compliments, pas vraiment utiles, sans les votes face à mon adversaire (genre, tu aimes les deux, mais tu votes pour l'autre sans m'expliquer ? Pourquoi pas égalité, alors ? Bah tant pis, je vais pas mendier une explication ou ton vote, c'est pas mon style, mais tes compliments ne m'apportent rien, tu vois, et par politesse je vais quand même être obligé de perdre du temps à dire merci, vu que tu as passé du temps à les écrire) ; ou
(ii) de critiques provenant de personnes qui ne savent juger que par l'aune de leurs propres expériences limitées (genre, les reproches principaux sont la rupture de concordance de temps au prologue, mon perso principal qui n'est pas attachant en quinze minutes, et les clichés que tu crois avoir décelés au bout de 1500 mots lus ? So what, c'est fait pour. D'ailleurs, la catégorie de mon livre, c'est Dark fantasy décalée, l'organisateur a bien voulu le signaler pour moi, en plus).
Je n'étais pas parti pour aller bien loin dans ce truc (je ne pars jamais gagnant de toute manière), mais mon but principal n'a été atteint que très timidement, uniquement parce que je me suis accroché jusqu'à la fin du concours : deux, trois personnes ont pu me donner trois, quatre trucs adaptés à mon histoire pour l'améliorer. Après trois putains de mois de concours participatif où j'ai lu et commenté je ne sais plus combien de pages, en essayant toujours d'argumenter, voire de proposer des pistes. Je ne ferai plus de critique aussi longue. Cinq phrases, ça suffit, pas besoin de trois posts de commentaires (soit 5000-6000 signes).
Entretemps, crises d'angoisse et remise en question de mes choix artistiques m'avaient tellement affaibli que je n'ai toujours pas fini d'appliquer les quelques conseils reçus, puisque je ne les ai regardés à nouveau que des mois plus tard, cet été. Pour le grand public, il fallait aplanir l'intrigue pour expliquer les concepts et expliciter la personnalité d'Ashley. Alors, comme je suis une tête de mule qui aime faire braire son monde, j'ai davantage complexifié l'affaire en y introduisant deux sous-intrigues, en plus du fil rouge déjà existant. Sauf que, étant tout de même pas trop buté pour pouvoir être efficace dans l'amélioration, la sous-intrigue avec Kyle va plus facilement expliquer aux babouins terriens les principaux concepts et idéaux utopiens, ainsi que décaler davantage Ashley, un utopien hors normes, par rapport à Kyle, un humain normal et déjà plus intelligent que la moyenne.
On me lâchera peut-être enfin les baskets sur le fait qu'on n'aime pas Ashley dans le premier chapitre alors que c'est un pauvre orphelin de dix ans que le lectorat voudrait normalement prendre sous son aile. Je rappelle que l'histoire est racontée par Laekh, pas par un narrateur à peu près objectif. Je veux pas qu'on aime Ashley quand il est un enfant abandonné, poli, obéissant et plus ou moins gentil. Je veux qu'on s'attache à lui ou qu'on le déteste, quand il sera au sommet du monde, voire de l'univers, après avoir fait des choses plus que critiquables, et qu'on se pose des questions sur les limites floues de notre propre moralité !
La conclusion que j'ai tirée de cette expérience, et de l'année passée ici à publier des trucs plus ou moins hors normes, était qu'on allait me juger sur les dix premières minutes de lecture (ce que je savais déjà), mais que je n'obtiendrai jamais ce que je veux ici en participant aux concours (ce que je ne savais pas). Je ne veux pas gagner : vu que les récompenses sont virtuelles, je m'en balance du succès et de la reconnaissance de mes pairs. Je veux juste des avis sincères et des réactions personnelles, provenant de personnes sans préjugés. Sauf que l'humanité a prospéré avec ses préjugés. Mais on n'est plus au moyen âge. Le grand blond n'est pas un vandale qui va tout voler, et le black baraqué n'est pas là pour envahir. Ils veulent peut-être juste être ignorés, vivre leur vie tranquille !
Donc ce sera la croix et la bannière d'avoir un avis cohérent sur mes sagas fantasy : l'intrigue et les personnages principaux sont souvent incompréhensibles avant le deuxième tiers de l'histoire, j'ai tout fait pour, et je l'assume. Mais, en tant que faible humain et non utopien sage, les réactions me font chier quand même. C'est rarement virulent, au contraire ! C'est juste... inutile. Je sais que j'écris bien, que mes techniques sont loin de la médiocrité, que parfois, après avoir bu suffisamment d'alcool mais pas trop, mes phrases sont poétiques et pas trop alambiquées pour pouvoir être jolies. J'ai passé mon enfance et mon adolescence dans les livres, au lieu d'avoir des amis. J'avais tout le temps de me cultiver et de savoir écrire à peu près correctement quand je le veux bien, hein. Mais c'est pas ça, ce que je cherche... Je cherche les skills que je n'ai pas, grâce aux avis et retours de gens amicaux.
Je veux provoquer des réactions. Je veux la surprise. Je veux des questions qui perdurent. Je veux une envie de relire pour vérifier ses théories. Je veux du contentement d'avoir repéré LA phrase d'indice une dizaine de chapitres plus tôt, qui reliait à LA révélation qu'on vient de lire. Par exemple, y'a pas une demi-douzaine de personnes qui ont capté que le premier chapitre présente la dépression de Maewon ! C'est pas de la faute de qui que ce soit, surtout par celle du lectorat, soyez en sûrs. C'est juste que ça me déprime... parce que c'est la vérité de ce monde. J'en ai juste marre de continuer à être maladroit, après avoir pris des heures à essayer de m'exprimer au mieux, par écrit, dans ce monde. Récemment, un commentaire d'une autrice (pour laquelle je suis en retard sur l'échange promis, j'ai honte) l'a remarqué : Maewon est blasé, ses sentiments paralysés, et le merle qui vient de s'encastrer dans sa vitre va réveiller tout ça. J'ai failli ouvrir une bouteille pour fêter ça ! (J'ai bien ouvert une bouteille. Mais de bière.)
Je me console avec les mots de soutien trop adorables de mes lectrices régulières - même quand vous ne comprenez pas tout. Parce que vous n'avez pas à tout comprendre, ni à tout accepter. Les échanges, c'est fait pour justement mieux se comprendre. Vous avez simplement l'ouverture d'esprit nécessaire pendant la lecture ou les interactions, pour vous dire que ce que vous savez, n'est pas forcément adapté à une situation donnée, que ce que vous avez vécu peut servir d'experience à une autre personne si vous la présentez avec bienveillance, et qu'il faut une adaptation des deux côtés - pas simplement de l'autre parti !
Je suis venu ici par besoin de publier par écrit ce que je ne voulais pas hurler à la face du monde. J'arrive à un moment où je suis à peu près capable d'écrire sans crier mes peurs ou cracher mes angoisses face à l'univers. Mes histoires peuvent donc se présenter d'elles-mêmes de façon plus accessibles.
Éclosion était le premier pas. Mettre en scène mes personnages tarés dans le monde réel leur permet d'avoir des réactions moins extrêmes, car même décalés, ils sont humains et non, littéralement, des extra-terrestres. J'utilise le terme tarés en toute conscience. Ils ont des tares mentales, peut-être des manques qui requièrent une aide médicale pour certains. Et puis, ce sont mes persos, j'ai pas à prendre des pincettes pour les qualifier, je suis offensant si je veux.
Le concours participatif de haut niveau que je vise me permettrait d'améliorer Mon oiseau blessé pour l'édition. Mais je crains, à bon escient, qu'il ne passe même pas les vingts premières minutes de lecture. Où il se passe tout plein de choses, sans rien présenter à part les deux personnages bizarres. Je songe donc à présenter au concours une autre histoire plus accessible, pour utiliser les avis sur la saga de Maewon.
Tout ça pour en venir à la question, plutôt courte, qui m'a fait développer tous les longs apartés des paragraphes précédents. Mon cerveau insomniaque a beaucoup digressé...
Ma prochaine histoire, Can I touch you, servirait le projet "Fouetter le merle pour en faire un canari domestiqué". Sauf que je ne l'ai même pas commencée. Dois-je encore être dos au mur, pour avoir d'ici deux semaines suffisamment de matière de ma romance psychotique, à présenter au concours ? Ou alors, je présente Éclosion. Que je n'ai pas forcément envie de promouvoir.
Votre avis, s'il vous plaît ?
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