Bilan et résolution
[2 janvier 2022. Oui, je date mes publications ici à partir de maintenant, c'est nouveau.]
Pour débuter ce premier post de 2022, je ne vous souhaite pas bonne année, ce serait redondant avec l'annonce envoyée ce matin.
J'ai beaucoup dormi en pointillé depuis vendredi 12h56, quand j'ai déconnecté violemment mon laptop professionnel pour éviter de transmettre des choses désagréables par écrit... qui n'auraient même pas servi à me faire renvoyer, en plus. Si elles avaient été efficaces dans ce but, je les aurais écrites et envoyées.
Vous voyez, quand pendant plus de quinze ans, vous avez fait du zèle (à cause de votre perfectionnisme maladif), pas compté vos heures (parce que vous avez oublié que tout travail mérite salaire), rendu des choses plus abouties que ce qu'il était demandé (parce que c'est quand même vachement facile de pas être con), que vous êtes passé par un burn-out (parce que tout le monde, vous y compris, vous croyait invulnérable), envoyé -poliment, par écrit- chier la RH à votre retour (mon e-mail était extrêmement poli, ce n'est même pas ironique), et que, dépressif, vous continuez à faire du bon boulot sans vous plaindre tous les quatre matins... Ben, croyez le, croyez le pas, un employeur pas trop con vous gardera quand même, en vous autorisant certaines libertés, comme par exemple... je ne sais pas, exemples choisis tout à fait au hasard : de répondre "je n'ai pas le temps de le faire" sans proposer d'autres solutions ; d'utiliser le sarcasme par écrit et au téléphone, sans jamais avoir à vous excuser ; de ne pas avoir à justifier que ce mois en télétravail vous avez arrêté de bosser, plusieurs fois, plusieurs heures. Pour contrôler votre hyper-ventilation, puis chialer en hurlant et balançant des choses -fragiles de préférence- contre des murs ou dans les escaliers. Ou que vous partez "faire un tour" sans prévenir quand vous êtes au bureau.
Alors le licenciement après avertissements, etc, c'est pas pour moi. Et comme je ne peux pas -physiquement, il m'est impossible- de faire du sabotage, je ne serai pas viré, ce qui aurait été une bonne nouvelle pour cette année. Alors je reste dans ma situation malsaine, parce que je n'ai pas la force mentale et physique pour aller postuler ailleurs, et que pendant ce temps, je suis quand même pas mal payé pour faire un boulot que je connais tellement bien, que je peux rendre le travail à l'heure, après avoir bu autre chose que de l'eau, et dormi trois heures par nuit. C'est affolant. Ma feignantise est en train de me détruire, juste parce que le semblant de liberté dévoyé que je vois dans ma situation est plus important pour moi que d'aller bien. Je crois ne plus savoir ce que ça signifie. Pour moi, c'est : je peux payer mes factures en aidant d'autres à payer les leurs, je ne suis pas mort, je n'ai tué personne, et je ne suis pas encore interné. Parfois, je me dis que c'est pas mal, et d'autres fois, je me répète que c'est l'enfer. Si ce n'était que professionnel, la situation serait tenable. Avec l'aspect personnel en plus, c'est comme une avancée solitaire dans long tunnel où on ne voit ni le chemin, ni le but, et on se demande pourquoi on avance, quand ça se finira. Comment des gens peuvent supporter le froid, la faim, les sévices dans un pays en guerre ? C'est en me posant cette question que je parviens à continuer chaque jour. M'en souvenir me permet de ne pas abandonner. Mais je n'oublie pas que c'est ce même état d'esprit qui m'a poussé au burn-out et à la détestation de mon propre être. Je ne me suis jamais beaucoup aimé, mais je me suis haï très violemment pendant un moment. Heureusement, ce moment est passé. Il revient, de temps à autres, moins fort, plus contrôlable. Identifiable, surtout. J'ai progressé. Je souhaiterais avoir quelqu'un qui me dise : tu as progressé, continue sans te forcer, et je te tiendrai la main pendant ce temps. Ce n'est pas le style de mon conjoint. Et ce n'est pas mon style de le lui demander. (Alors, avec beaucoup de lâcheté, je l'écris ici en espérant qu'il lise et comprenne. Loleuh)
Je n'ai même pas la motivation d'écrire La prunelle de vos yeux, qui correspond à mon état d'esprit. Un projet aussi long, c'est un pari sur l'avenir. En ce moment, j'ai un peu de mal à me projeter dans un avenir autre que la continuation du tunnel.
À part la bienveillance envers moi-même, je n'ai pas encore trouvé de solution. Ou plutôt, solutions. Mes problèmes sont multiples, emmmêlés avec les années et le déni. Je ne peux progresser que petit à petit. Cette dernière année, j'ai fait beaucoup de progrès dans l'acceptation de mes limites. J'ai donc arrêté de vouloir courir à tout prix. Je ne veux plus tomber à force de courir. Il m'est permis -et s'il ne m'est pas permis, je le fais quand même en pensant "f'ck'em all"- de prendre mon temps, de glander pendant que l'enfer est à ma porte, puis, peut-être même, d'ouvrir la porte pour m'y diriger plutôt que d'essayer de le fuir ou de chercher à gagner le paradis ou le monde normal. Ce que je pense être l'enfer est peut-être simplement ma vision. Je ne peux pas continuer pendant le reste de mon existence à me cacher sous l'escalier, en faisant semblant que l'extérieur n'existe pas ou que je peux y aller armé de ma volonté et que mes actes tous seuls seront suffisants pour arranger les choses qui sont hors de ma portée.
J'ai mal. Et, enfin, je me permets de dire et d'écrire que j'ai mal, de le répéter le nombre de fois qu'il faudra, pendant aussi longtemps que j'en aurai besoin. Ça va, mais j'ai mal. Physiquement et mentalement. C'était le récapitulatif de mon année.
Je vous ai déjà parlé de ma résolution. Elle restera la même aussi longtemps que je jugerai nécessaire : la bienveillance envers moi-même.
Mais, si je pouvais formuler un souhait plus superficiel, ce serait que les lectures de ce rantbook et d'Eclosion soient reportés sur Mon oiseau blessé. Huhuhu.
Ce que j'ai fait entre la nuit de samedi et hier soir : j'ai commencé à lire par curiosité un webtoon BL qui semblait bourré de clichés incohérents limites offensants au début, et en fait... La narration joue extrêmement bien sur la perception faussée qu'on a des gens. Les personnages sont très bien caractérisés. On sent en revanche que pour certains traits... Il y a eu improvisation, puis détournement en pseudo-révélations X) C'est super bien fait quand même. Par contre, zéro décor, et l'anatomie laisse à désirer...
Si vous lisez l'anglais, je vous donnerai les infos à propos de cette BD. J'ai passé une nuit dessus (en buvant de la tisane pour soigner mon estomac), plus une partie de la journée d'hier (en buvant encore de la tisane pour mon estomac, vous voyez l'ambiance), et je n'ai toujours pas fini de lire tous les épisodes publiés !
Je suis très fier d'avoir été sobre hier. C'était malgré moi, mais c'est quand même une réussite. Je ne vous parle pas d'aujourd'hui, pour ne pas gâcher l'effet positif. Huhuhu.
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