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Rebondissement. Cela m'avait presque manquée.







- Non, affirmai-je sobrement.

- Aller, cesse donc de faire des jérémiades et viens danser avec moi.

- Hors de question, répétai-je obstinément à Tamara. A chaque fois que je danse, il y a une catastrophe.

-Elle parle d'elle même, évidemment, murmura Devon à Josh. 

- Je t'entends, soulignai-je.

- Je le sais, répéta-t-il sur le même ton.

Je lui balançai un regard noir qui ne le fit pas frémir une seule seconde, au contraire il se contenta de sourire à pleine dent. Je finis par faire de même avant de rencontrer à nouveau les yeux de Tamara. Elle ne plaisantait pas du tout, elle. Je soupirai alors que j'étais assise sur un des larges canapés dispersés dans le jardin, installée entre Andréa et Kenan. Bonjour l'ambiance. Mais je suppose que tous deux avaient opté pour une brève trêve le temps de la soirée et ils ne s'étaient lancés qu'un unique pique. Ce qui était un véritable exploit pour eux. 

Mais le calme de la soirée semblait vouloir s'interrompre alors que Tamara était extrêmement motivée à l'idée de me faire danser. Et c'était une idée totalement folle. N'avait-elle pas déjà suffisamment réalisée que j'étais une catastrophe ambulante quand il s'agissait de bouger mon corps d'une quelconque façon ? 

- Dépêche toi de te lever sinon je te force et cela risque de ne pas être beau à voir, menaça-t-elle alors que ses épaules se voûtaient déjà avec impatience à l'idée d'un quelconque affrontement. Pour une fois qu'on peut agir comme des filles normales, c'est toi qui devrait sauter sur l'occasion.

- J'ai compris, soupirai-je en me redressant. Je tiens a garder ma tête sur mes épaules.

- Avec cette coupe de cheveux, moi j'y tiendrai pas, murmura Devon en me faisant aussitôt planter mon talon sur son pied.

Il glapit légèrement avant de rire aux éclats devant mes yeux accusateur, je finissais par sourire en coin. Il avait pas tort, il fallait le reconnaître. Mais avant que je n'ai le temps de me morfondre sur mes pauvres cheveux, Tamara m'entraînait derrière elle, sa main tenant fermement mon poignet. Elle avançait sans la moindre gêne, adorant au contraire les regards que l'on glissaient obligatoirement sur elle.

Elle resplendissait. Plus encore que dans mes souvenirs. Ses cheveux étaient plus longs, coiffés d'un headband, blanc à fleur, leurs couleurs chatoyaient. Sa peau était toujours aussi pâle mais ses tâches de rousseur me paraissaient plus marquées qu'auparavant, rehaussant avec élégance son regard brun très claire. Mes yeux tombèrent sur le visage d'Andrew, alors que Tamara m'entraînait vers un coin dégagé qu'ils avaient établi comme « piste de danse ». Ses yeux ne quittaient pas celle qu'il aimait. Un amour si pur, si franc. Andrew avait réussi à se défaire de sa vie passée. Définitivement. Bien sûr Aria, Susan et ses sœurs, resteraient toujours ancrées au plus profond de lui, mais désormais il était tourné vers le futur. Vers son futur. Vers leur futur. Un jour, Tamara et lui auraient des enfants. Un jour ils avanceraient ensemble, avec leurs familles. J'en étais persuadée et j'espérais sincèrement pouvoir faire partit de ce décor idyllique. 

Mais pour le moment, le décor n'était pas idyllique. Pas pour moi. Je me retrouvai plantée face à Tamara qui commençait déjà à se trémousser, se moquant bien du regard amusée que tous nos amis nous lançait. Car oui, nous étions les deux seules au milieu de ce groupe à être venu nous hum...danser. Mes joues s'empourprèrent alors que je croisai les yeux moqueurs de Kenan. Va te faire voir, fichu démon. Je n'étais pas si catastrophique que ça d'abord. Préférant éviter d'être un peu plus ridicule à ne pas bouger face à une Tamara énergique et pleine d'assurance, je me décidai à suivre le rythme d'une musique entraînante. Je ne la connaissais pas, mais en un an je devais avoir raté plus que le hit de l'été. Et ce fut bien plus facile que je ne le pensais. Je n'eus aucun mal à me vider la tête. A oublier qu'on me regardait. Oublier. Juste vivre. Juste rire. Juste m'amuser. Juste être une fille de vingt ans qui souhaitait profiter de ses amis. 

Bientôt plusieurs louves présentes s'approchèrent, et je ne fus pas surprisse de voir Devon se dévouer pour être l'un des seuls garçons à oser s'immiscer dans le groupe compact de jeunes femmes redevenues adolescentes pour quelques heures. Je ris au éclats. Je m'aggripai à Devon en trébuchant entre les corps qui, malgré l'espace, s'agglutinaient dans un besoin d'être proche. Tout me semblait tellement loin. Plus d'histoire de déesse, plus d'histoire de guerre, plus de problème. Juste un soir, je respirai à plein poumon un air de liberté et d'insouciance. J'avais l'impression de retomber dans une enfance que j'avais quittée trop tôt. 

Mais on revient toujours à la réalité, systématiquement. Alors que Tamara m'attirait un peu à l'écart du groupe de danseur effréné, dont nous faisions partit, je me stoppai légèrement. Tous le monde riait et même Kenan esquissait un vague sourire. Très vague, mais quand même il était là. Si tous nos soucis n'étaient pas oubliés, nous avions tous décidés de s'accorder une pause, de faire comme si nous étions tous normaux. Tous, sauf une personne très particulière. 

Installé dans son coin, personnes n'osaient l'approcher. Où ne voulait le faire, je ne savais pas réellement. Maël avait les yeux rivés sur un point fixe, un verre à la main semblait être la seule preuve de sa réelle participation à la soirée. Je le contemplai, sans même qu'il ne se rende compte que mon regard était tourné vers lui. Légèrement, je me défis de l'emprise de Tamara et indiquai sobrement que je revenais. Elle ne se fit pas prier malgré que je ne pu que constater son désaccord. Il allait falloir que je mette les choses aux claires avec eux, Maël avait déjà assez souffert. Il avait besoin de soutien, pas de rejet. Je comprenais leurs rancœurs et leurs colères, je savais aussi qu'il le jugeait responsable de mon départ il y a un an, mais ce n'était pas le cas. Cette année avait été nécessaire et le fait d'avoir dû m'y rendre pour une autre raison avait été bénéfique. Jamais je n'aurai eu le courage de dire que je partirai un an alors que je savais que ce serait l'horreur. Je ne l'aurai même probablement pas fait. J'avais pris conscience que j'avais longtemps agit comme une enfant malgré ma prétention à vouloir me définir comme mâture. Mais cette année m'avait apportée tellement de chose que je ne pouvais qu'être reconnaissante envers les Dieux. Ils m'avaient fait vivre un véritable enfer, mais aujourd'hui je pouvais dire que j'étais fière de ce que j'étais devenu. 

Lentement, je me dirigeai vers Maël qui redressa aussitôt son attention sur moi en remarquant enfin mon inquiétude. Il tenta de me sourire mais n'en fut pas réellement capable, se contentent finalement d'émettre une vague grimace qui se voulait un sourire. Je grimaçai franchement pour ma part et il sourit cette fois plus naturellement. Sans se faire prier, il se déplaça pour que je puisse m'installer à côté de lui. Mes yeux se fixèrent sur le large groupe que formait mes amis. Mais malgré le bonheur que je lisais sur le visage de chacun d'entre eux, je ne parvenais pas à totalement m'apaiser. 

- Je suis désolée, soufflai-je.

- Tu n'as pas à t'excuser, affirma-t-il aussitôt en se repliant sur lui-même. Il est normal qu'ils me rejettent. En réalité, c'est plutôt ta réaction qui est incompréhensible. 

- Tu sais très bien que ce n'est pas mon avis, soupirai-je. Tu as fait une erreur, cela ne serre à rien qu'on te torture plus que tu ne le fais déjà toi-même.

- Non seulement j'ai commis une erreur mais je t'ai mise en danger, rétorqua-t-il vaguement. Je n'aurais jamais pardonné a Kenan s'il t'avait mit dans la même situation que je l'ai fait. De plus, ils savent tous pertinemment que je suis devenu, moi aussi, un danger. Qui dit que je ne me laisserai pas ronger par les sentiments qui m'ont poussés à aller en Autre Monde ? Où qui dit que je parviendrai toujours à contrôler ma colère où mes émotions ? Si je me laisse aller, les pouvoirs que m'ont conférés les Fomhoires, éclateront.

- Je ne vais pas te rassurer là-dessus, affirmai-je platement sans le regarder. Damona a été claire, tu ne dois user de ces pouvoirs qu'en cas de nécessité. Ils sont trop dangereux et même avec tout l'entraînement du monde, ils le resteront.

- Je sais. Je respecterai ma promesse mais cela ne m'empêche pas de savoir, tout comme eux, fit-il en désignant vaguement les autres du regard. Que je suis un danger pour toi.

Un danger ? Sincèrement, j'en doutais. Je n'étais pas inconsciente, j'avais vu de quoi Maël était capable. Il avait tué le roi des Fomhoires. Le sang avait giclé sur son visage mais il n'avait pas tressaillit. Pas hésité. Pas esquissé le moindre mouvement de recul. En réalité, ce n'était pas tant ses nouveaux pouvoirs qui m'avait inquiété que la haine qui l'avait envahit. Il avait été capable de tuer cet homme avec une telle facilité que cela en était déstabilisant quand j'avais encore l'image d'un Maël un peu frêle, mais au fond je n'avais aucun doute. Maël avait changé, certes. Il était plus froid. Plus distant. Moins expressif. Mais au fond il restait la même personne et je n'avais jamais douté que Maël ne serait jamais une menace. Et je n'en doutais pas plus aujourd'hui. Mais j'étais bien la seule. 

- Tu as parlé avec ton frère ? Demandai-je distraitement. Qu'est-ce qu'il en pense ?

- Il a pas été très causant, souligna-t-il en haussant les épaules. Il s'est contenté de me coller son poing dans la figure, mais je suppose que c'est sa manière de me dire qu'il est heureux que je sois en vie. On a du mal à communiquer autrement tous les deux.

- J'ai cru comprendre, avouai-je dans un maigre sourire. 

- Nous n'avons pas grand-chose à nous dire de toute manière, murmura-t-il. Il est probablement heureux de voir que je suis en vie, mais cela s'arrête là. Il désapprouve mon choix. Et il me déteste probablement de l'avoir toujours considéré comme un monstre alors que c'était notre mère qui le poussait à l'être.

- Sincèrement, rétorquai-je calmement. Je pense que tu te trompe totalement. Kenan tiens énormément à toi, il n'aurait jamais fait autant de sacrifice s'il te détestait, Maël. Je l'ai vu de mes propres yeux, il sacrifierait sa vie pour la tienne. 

- J'aurai voulu être plus comme lui, admit-il en me surprenant.

- Tu ne sera jamais Kenan, affirmai-je en me plaçant légèrement face à lui, mes yeux cherchant les siens. Tu es toi, Maël. Tu n'as pas besoin d'être quelqu'un d'autre.

Il tenta de sourire mais encore une fois, ne parvenait pas à être totalement sincère. Je passai ma main dans ma nuque, nerveuse. Comment le rassurer ? Comment arranger tout ça ? J'avais peut-être grandi sur bien des points mais un an sans réelle relations humaines, m'avait fait perdre toute ma verve habituelle. J'avais perdu l'habitude d'être avec eux. Perdu l'habitude de m'exprimer aussi, je suppose. Tout n'avait pas été profitable durant cette longue année, passée loin de tout et de tous. J'avais l'impression de retrouver ma place, mais pour autant quelque chose semblait vouloir brider ce bonheur enivrant. Je me rendais compte qu'en un an tous avaient changés, tous avaient évolués. Et je ne parvenais plus à les atteindre de la même manière. Peut me faudrait-il simplement du temps. 

Mais me surprenant un peu plus, la main de Maël glissa dans ma nuque. Je frissonnai au contact si doux de ses doigts, ses yeux saphirs me regardant franchement pour la première fois depuis que nous avions quitté l'île Fomhoire. Je me détendis légèrement à la sensation si agréable. Je retrouvai toute la tendresse qui caractérisait Maël. Ses gestes étaient lents et mesurés, ses doigts remontant de ma nuque jusqu'à ma joue. Dans un sourire, il glissa familièrement une mèche vagabonde de mes cheveux qui s'étaient partiellement défait en dansant avec Tamara. 

- Je vais abandonner, souffla-t-il.

Je fronçai vivement les sourcils et me reculai d'un pas, incertaine face à ses paroles qui contrastaient grandement avec ses gestes. Il détourna le regard alors que mon cœur battit à tout rompre dans ma poitrine. J'avais peur de trop bien comprendre ses paroles. Peur qu'il m'échappe encore une fois mais dans une ampleur totalement nouvelle. Mes yeux se faisaient de plus en plus incertains, alors qu'il ne me regardait plus, préférant admirer ses chaussures. 

- Je n'ai plus le courage de me battre, reprit-il en voyant que je conservai le silence, il secoua un peu la tête et rectifia ses paroles. Je n'ai plus le droit de le faire. Kenan a gagné depuis longtemps de toute manière, je n'ai fait que profiter de ta colère envers lui. Mais j'en ai assez de ce jeu, assez de te faire du mal autant que je m'en fait aussi. Il faut que je me rende à l'évidence.

- Est-ce vraiment ce que tu penses de mes sentiments ? Soufflai-je platement. Que tu as juste profiter ? Que, en quelque sorte, tu n'as été qu'une interlude avant que je ne retourne vers Kenan ? C'est réellement ce que tu penses ? 

- Je n'ai pas dit ça, soupira-t-il sans pour autant me regarder. Je sais juste qu'il a plus sa place à tes côtés que moi. Keyli, tu vas devenir une déesse. Pire. La déesse mère. Et tu vas avoir besoin à tes côtés quelqu'un de fiable, de solide. Pas quelqu'un qui a fréquenté les Fomhoires et reçu leur enseignement.

- Maël, soupirai-je. Cel...

- Je ne peux pas, Keyli, coupa-t-il un peu abruptement. Je ne peux pas. 

Je serrai les dents, mes ongles s'enfonçant dans mes paumes. Alors je n'aurai pas à faire de choix. Il le faisait à ma place. Ce qui aurait dû me soulager, me rongeait de l'intérieur. Qu'est-ce que je pouvais dire ? S'il n'avait plus envie, qu'est-ce que je pouvais faire ? Il n'avait plus envie d'attendre. Plus envie de souffrir. Plus envie non plus de ce sentir tout le temps en opposition avec son frère. Un sacrifice pour un sacrifice ? Kenan avait sacrifié son bonheur pour le sien et il semblait lui renvoyer la balle. 

Mais il y avait plus que cela encore. Maël n'avait plus envie. Plus envie de se tenir à mes côtés ? Plus envie de m'aimer ? Non ce n'était pas exactement cela, c'était plus un refus de le faire. Il ne se sentait plus en droit de le faire et il n'avait aucune envie de lutter contre ce sentiment. Avais-je trop attendu ? C'était possible. C'était même certain. Je détournai donc le regard, mes yeux s'embuant légèrement. Qu'est-ce que je devais dire ? Qu'est-ce que je devais faire ? Le retenir ? Où juste laisser les choses ce faire... ? Si c'était ce qu'il souhaitait, qui étais-je pour lui dire de ne pas le faire ? De ne pas abandonner et me rendre un peu plus monstrueuse que je ne l'étais à les avoirs fait attendre aussi longtemps, l'un comme l'autre. Non, ce n'était pas envisageable. 

- Je ne vais pas partir, annonça-t-il comme si mes larmes étaient dû à ce genre d'inquiétude. Je resterai toujours à tes côtés, si tu me le permet. Cela ne changera jamais rien à mes sentiments pour toi et je ferai au mieux pour être un excellent ami.

- Si c'est ce que tu souhaite, murmurai-je en me détournant.

- Keylinda, souffla-t-il en attrapant mon poignet mais je le retirai d'un mouvement brusque.

- C'est bon, affirmai-je. Pas la peine de t'en faire.

Je m'écartai, fuyant inexorablement un sentiment que je ne parvenais pas à enterrer. Je savais que cela arriverait. Je savais qu'un jour ou l'autre, cela arriverait. Je n'avais juste pas envisagée que ce serait moi qui me ferait rejeter, d'une certaine façon. J'allais me dépêcher de m'éclipser, profitant de l'ambiance festive bien installée pour passer inaperçu mais ce n'était pas une tâche si aisée. Une main ferme serrait déjà mon poignet alors que je m'apprêtai à me glisser à l'intérieur de l'hôtel, bien décidée à m'enfermer quelque part. 

J'inspirai longuement. Canalisant la douleur qui me broyait la poitrine. La main ferme qui glissait doucement de mon poignet à ma main m'était tellement familière. Et pourtant elle me procurait toujours cette même sensation violente et électrisante. Ses doigts se nouèrent aux miens sans que je n'ai la force de me retourner face à Kenan. Je n'avais pas envie de sentir sa jubilation, pas envie de voir son contentement. Deux sentiments qui serrait sa poitrine d'un bonheur qui approfondissait mon malaise, bien que je comprenais parfaitement ses émotions. Pour autant, je ne parvenais pas à m'écarter. Sa douceur tranchait avec le sentiment qui l'envahissait. Lentement, il me fit me retourner dans sa direction et ses yeux émeraudes me fixèrent avec beaucoup de plus de calme que je ne l'aurai imaginé. 

- Où comptes-tu aller ? Me demanda-t-il sobrement.

- Respirer, murmurai-je en détournant le regard.

- Suis-moi alors.

Sa main tira vivement sur la mienne, je tentai vaguement de protester mais Kenan m'entraînait déjà derrière lui. Aisément, il se faufilait entre les branches d'un cerisier en fleur, se mouvant avec une élégance et une rapidité que je ne lui connaissais encore que peu. Il avait réellement progressé, c'était une évidence. Je le suivis sans peine malgré tout, évitant sans précipitation les branches et les racines alors que nous arrivions déjà à une porte de service. Sans se soucier de la pancarte blanche à la grosse inscription noir : « interdit », il poussa la porte et s'engouffra dans l'escalier qui s'offrit a nous. 

Je restai silencieuse alors qu'il gravissait les marches une à une, a un rythme qu'aucun humain n'aurait soutenue mais qui, pour moi, était devenu un rythme anodin et aisé à suivre. Ses ailes tremblaient légèrement avec la furieuse envie de le porter, mais il restait pied au sol. Sa main serrait la mienne. Je contemplai son dos alors qu'il ne cessait de me faire monter d'étage en étage jusqu'à une dernière marche. Il poussa une nouvelle porte et mon souffle se coupa. Comme la dernière fois. Je n'avais pas choisis le mot respirer aux hasards. J'inspirai un grand coup l'air frais qui remplit bientôt mes poumons alors que mes épaules se détendaient, s'affaissant lourdement. 

C'était magnifique. Sur le toit de l'hôtel, la vue imprenable sur Tokyo me fit réaliser à quel point j'étais encore insignifiante face à ce monde gigantesque. Cette ville immense, aux immeubles tous plus haut les uns que les autres, les lumières vacillantes, les bruits de la nuit qui résonnait jusqu'à nous. La nuit était tombée depuis longtemps et pourtant j'avais l'impression d'être en plein jour tant cette ville me semblait lumineuse. Le vent frais et léger caressa mes tempes, me faisant parvenir les bruits de la ville et les senteurs des arbres de cerisier qui bordaient l'hôtel. Je fermai les yeux alors que je m'étais approchée du bord en délaissant Kenan, resté en retrait. Mes doigts glissèrent sur le métal froid de la balustrade et je calmai doucement les rythmes effrénés de mon cœur. 

- Tu te sens mieux ? Questionna-t-il en s'avançant dans mon dos, sa main venant se poser sur le bas de mes reins. 

- Je suppose, murmurai-je en rouvrant les yeux, mon corps se penchant en avant pour s'appuyer contre la balustrade. Je respire disons.

- Je suis désolé, souffla-t-il finalement en se détachant un peu pour se glisser à côté de moi.

- Tu ne le pense pas, rétorquai-je sobrement.

- C'est vrai, admit-il simplement. Disons que j'imagine que tu n'apprécierai pas que je te dise que je suis heureux que tu m'appartiennes enfin.

- Kenan, ce n'est pa...

- Je sais, coupa-t-il à peine ouvrais-je la bouche. Ce ne sera pas aussi simple. Cependant, Maël a laissé tombé, sa stupidité est son problème. Pas le tien. Tu n'as pas à te tourmenter. Il s'en mordra les doigts un jour, mais il sera trop tard. Je ne te laisserai plus partir.

Je ne répondis pas. Maël venait en quelque sorte de me rejeter. Je ne pouvais pas faire comme si cela ne me touchait pas. Pourtant, quand Kenan glissa ses bras autour de ma taille, je ne pu résister. Je laissai tomber mon front contre son torse. Chaud. Rassurant. Ses bras plus fort que jamais me serrant contre lui. Et une certaine maturité qui me troublait un peu plus. Il n'allait pas faire plus. Il ne tenterait rien. Il savait que cela me ferrait souffrir, alors il attendrait que je sois prête. Les larmes me montèrent aux yeux, et je les laissai rouler sur mes joues. De la tristesse. De l'anxiété. Du stress. J'évacuai ce que j'avais vécu ces derniers mois, je vidais mon sac un grand coup, et dès demain je retrouverai toute l'assurance que j'avais acquis petit à petit. Je me lovai plus fermement contre son torse et il finit par glisser sa main dans mes cheveux afin de blottir mon visage dans sa nuque. Il ne dit pas un mot, me laissant profiter de longues minutes de ce cocon qu'il créait autour de moi. 

Néanmoins, je rompis le charme de moi-même, posant mes mains sur son torse pour l'éloigner sans brusquerie. Il me fixa, incertain face au comportement à adopter mais je le rassurai dans un vague sourire que je voulais naturel. Il fronça les sourcils pour toute réponse et je grimaçai. Bon d'accord. Mon sourire n'avait rien de naturel. Je me replaçai alors simplement face à la ville, contemplant les lumières scintillantes. 

- J'ai toujours été fascinée par le Japon, murmurai-je. C'est incroyable d'être ici, pour moi.

- Je sais, affirma-t-il avec indifférence avant de me surprendre un peu à sourire en coin en reprenant. Quand tu étais plus jeune, tu n'arrêtais pas de regarder ces trucs là... comment ils appellent ça déjà ? Les dessins animés ?

- Des mangas, rectifiai-je dans une grimace réprobatrice.

- C'est ça. Avec leurs coupes de cheveux bizarre et toujours avec des mecs mystérieux

- Niveau coupe de cheveux, j'ai vu pire depuis que je suis entrée à Dacer, affirmai-je platement dans un mince sourire. Tu ne t'es jamais lassé ?

- De quoi ? Questionna-t-il sans me regarder.

- De moi, lançai-je sans être gênée par ma question. Je n'ai pas eu une vie palpitante. J'ai toujours vécu comme une ombre, vaillant à être invisible aux yeux des autres. Pourtant, tu es resté très longtemps à me surveiller.

Il ne répondit pas tout de suite, cherchant visiblement à trouver la bonne réponse à cette question qu'il jugeait comme un piège. Bien que cela n'en était aucunement un. J'étais juste curieuse de comprendre. Et j'avais surtout besoin de me vider la tête. J'attendais donc sagement sa réponse, jouant avec mes doigts distraitement. 

- Je ne me suis jamais dit que tu étais ennuyeuse, reprit-il. Parfois, j'en ai eu assez et je suis partie. Mais deux jours plus tard j'étais à nouveau à tes côtés. Je crois que je me fiche de savoir si tu as une vie passionnante où si tu es simplement une gamine pleurnicharde.

- Hey, m'offusquai-je vaguement en lui donnant un coup de poing dans l'épaule. J'étais une gamine pleurnicharde.

- Tu viens de chialer dans mes bras, gamine, souligna-t-il dans un fin sourire narquois. Tu seras toujours une gamine pour moi. On a cinq cent ans d'écart.

- Pas de ma faute si tu n'es qu'un vieux croûton alors, rétorquai-je.

- Y a qu'une mioche pour sortir ce genre de truc puéril. 

Je lui donnai un nouveau coup dans l'épaule et il me toisa froidement, avant d'esquisser un sourire en coin et d'attraper ma main, l'enfermant dans la sienne. Je souriais plus doucement alors qu'il nouait nos doigts, avant de contempler le paysage citadin qui s'étendait devant nous. Son visage retrouva rapidement son sérieux et je le laissai terminer : 

- J'ai juste envie d'être prêt de toi, Keyli, murmura-t-il de façon presque inaudible. J'ai juste besoin de te voir. J'ai pu, jusque là, veiller sur toi, te regarder grandir, évoluer. J'ai pu te voir pleurer des millions de fois, souligna-t-il les yeux pétillants de moquerie. J'ai pu aussi te voir sourire. Et tous ces moments me sont extrêmement chères.

- Je t'imaginai pas aussi sentimentaliste, avouai-je alors que je ne pouvais m'empêcher de rougir, serrant mes doigts plus fort entre les siens.

- J'ai changé, admit-il plus sommairement. Comme tous ceux que tu rencontre sur ton passage. Mais c'est surtout parce que je veux que tu comprenne que jamais je ne renoncerai comme Maël vient de le faire. Je me fiche de souffrir. Je me fiche du temps qu'il faudra attendre. Cette année loin de toi m'a fait réaliser à quel point je refuserai toujours de te laisser. Même si tu finissais par choisir quelqu'un d'autre. 

Wahou. Mon cœur tambourina dans ma poitrine, s'envolant sur un rythme trop effréné pour que je ne puisse qu'espérer le calmer. C'était réellement Kenan qui me contemplait avec des yeux aussi tendre ? C'était vraiment lui qui était capable de me faire face à me disant des paroles aussi douce ? Cela ne lui correspondait en rien. Où était passé le démon bourru ? Le démon maladroit ? Le démon qui me faisait toujours le traiter d'abruti ? 

Visiblement gêné par ses propres réactions, Kenan passa sa main dans mes cheveux me forçant à détourner le regard. Je râlai alors qu'il frottait sa main trop durement et tapai dedans avec agacement avant de contempler son visage en écarquillant les yeux. Il avait les joues rouges. Il glissa une main devant sa bouche, comme si cela allait le masquer et se détourna en faisant tomber ses cheveux noirs devant lui. Je me détournai à mon tour, mes joues tirant sur les mêmes teintes. Wahou. Au fond, je n'avais pas tant grandi que ça. J'étais toujours une adolescente pleine d'hormone qui vivait son premier amour. Car oui. Kenan était sans aucun doute mon premier amour. Je finissais par éclater de rire lorsque nous décidions, au même instant, de tourner notre regard vers l'autre, nos yeux se percutant en nous traumatisant un peu plus. 

- Keylinda.

Je me tournai vers lui en stoppant nette mon rire, intriguée qu'il use de mon prénom complet. Avant que je n'ai le temps de réagir, il se glissa dans mon dos, défaisant habilement le crochet qui retenait mon collier. J'allais réagir brusquement, supportant assez mal l'idée de ne plus l'avoir autour du cou mais Kenan le replaçait déjà contre ma peau. Je fronçai les sourcils, septique face à son comportement. A quoi jouait-il ? Le pendentif retomba sur le haut de ma poitrine avec familiarité mais lorsque mes doigts l'attrapèrent je remarquai un léger changement. J'écarquillai un peu les yeux face à la plume doré qui s'étalait désormais au côté de mon « K » calligraphié. 

- Joyeux anniversaire, me souffla-t-il simplement en se détournant.

Je serrai mes doigts sur le pendentif. Un sourire se glissa à nouveau sur mes lèvres. « Merci, Kenan. Pour tout ». Il leva vaguement la main, comme simple de rien. Il s'avança jusqu'à la porte où nous étions arrivés mais se stoppa avant de disparaître derrière. Visiblement conscient que je ne le suivais pas, il se tourna dans ma direction et me tendit la main. Je souriais un peu plus, et m'avançait pour la saisir sans l'ombre d'une hésitation. Il était temps de retourner vers nos amis qui allaient finir par se faire du soucis. 

Mais quelle mauvaise idée. Très mauvaise idée. A peine avais-je eu le temps de retrouver le plancher solide du patio de l'hôtel, que Tamara me fonçait droit dessus. Je me crispai légèrement alors qu'elle allait me faire passer un salle quart d'heure. J'avais encore disparu et elle semblait furieuse. Elle allait me tuer. Du moins, c'était ce que j'avais cru. Mais pour une fois, elle allait faire preuve d'une originalité certaine. 

- Keyli ! Où tu étais passé ! S'époumona Tamara en s'accrochant à mon bras. Tu étais aller flirter avec le démon, hein ! C'était comment ?

Mes joues virèrent aux rouges alors que Tamara semblait avoir abusée sur la consommation d'alcool. Ses pommettes roses et son haleine ne trompant guère. Toute l'attention était tournée sur nous alors que Kenan se tenait toujours dans mon dos, son visage ne trahissant aucune gêne contrairement au mien. Je le fixai en biais à la recherche d'un quelconque secoure, mais il se contenta de hausser les épaules alors que la belle rousse tirait un peu plus sur mon bras pour attirer mon attention. 

- Tu devrais te lancer, brailla-t-elle. A ton âge, être encore vierge c'est vraiment une bêtise monstre. C'est très ag...

- Tamara ! Gronda Andrew dont les joues devaient être aussi rouge que les miennes. Arrête, tu vois bien que tu la gêne.

- Trooop mignon, gémit la vampire en attrapant le bras d'Andrew de sa main libre. J'aime quand tu te mets en colère.

Andrew posa une main devant son visage, un soupir sonore s'échappant de ses lèvres. Un léger sourire se faufila sur les miennes alors que je craignis qu'il ne se transforme en tomate tant il se mettait à penser qu'il rougissait bien trop. La prestance habituelle du directeur de Dacer s'était totalement évaporée alors que Tamara commençait à se coller à lui, provocante. Je ne pu m'empêcher de rire franchement lorsqu'elle voulut commencer à raconter leurs ébats et qu'il colla brusquement sa main sur la bouche de la vampire. 

- Je vais l'emmener se coucher, grogna-t-il vaguement. Je suis désolé pour ça.

- Andrew, soufflai-je. Est-ce que nous pourrons discuter, demain ?

Il se stoppa un peu, Tamara l'imitant pour me contempler avec plus de sérieux. Andrew hocha la tête, souriant simplement en retrouvant sa sérénité. J'avais hâte. Hâte de pouvoir lui parler. Hâte de pouvoir lui dire à quelle point je lui étais reconnaissante. Et lui dire aussi qu'il n'était probablement pas mon père. Que je n'étais pas non plus Aria. Mais qu'il m'avait apporté plus quiconque. Il était celui qui avait construit se foyer autour de moi. Celui qui avait choisi les marqués qui étaient devenus mes créateurs. Une simple chance ? Pas du tout. Andrew avait toujours veillé à ce que je puisse être pleinement heureuse. J'en avais pris conscience il y a peu. 

Mais pour le moment, il semblait urgent que Tamara s'allonge car elle se penchait déjà en avant, prise d'une vive nausée. Je grimaçai alors que Andrew levait les yeux au ciel avec exaspération mais il la prit doucement par les épaules en la guidant avec précaution. C'était aussi sa aimée quelqu'un. Aimée pour tout les inconvénients. Je les regardai se diriger vers la sortie alors que l'animation était retombée. Nous avions passés plus de temps que je ne l'avais pensée, sur le toit. L'endroit c'était déjà un peu vidé, et le peu de personnes encore présentes étaient confortablement installés dans des sièges. Maël n'était pas là. Je fixai vaguement un point, amorphe. Comment allais-je pouvoir lui faire face ? Tout allait changer et cela m'effrayait. Mais ils avaient peut-être raison. C'était mieux ainsi. Je serrai mes doigts. Non. Je n'arrivai pas à m'en convaincre. 

Mais alors que Andrew n'avait pas franchi la porte, je redressai le visage brutalement. Mon dos se voûta. Mes mains glissant sur ma taille pour y prendre un couteau que je laissai bien visible entre mes doigts. Kenan remarqua tout de suite mon comportement, et se tourna dans la direction que je fixai intensément. Quelqu'un approchait. Mais mon cœur se serra dans ma poitrine dans une incertitude violente. Les rebondissements de ma vie de marquée, m'avait étrangement manquée. Mais peut-être pas à ce point. Bon sang Dana. Qu'est-ce qui était entrain de ce passer ?

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