- Je suis k.o, souffla Devon en se laissant lourdement tomber au sol. Et je meurs de faim !
Sur ces mots, Devon se rua sur les sandwichs mis à disposition pour les participants. La pause de midi était une véritable bénédiction pour tout le monde alors que nous avions enchaînés trois épreuves à la suite. Nous avions gagné la première avec Devon, la seconde avait été remporté par l'équipe d'Andrew et la dernière avait finit en ex æquo entre nous et Luka. Pour l'instant, nous nous en sortions bien mieux que ce que j'avais espérée et j'étais donc bien plus détendue comparé au matin même.
Kenan à côté de moi portait une jolie estafilade le long de la joue droite, mais la blessure se résorbait déjà alors qu'il s'était retrouvé à faire la course avec Tamara. La jeune fille n'avait pas été tendre et n'avait pas hésité à lui balancer poing et pied pour s'assurer la victoire. Qu'elle avait obtenue. Kenan avait été furieux de perdre, mais il s'en était mieux remis que je ce que je craignais, n'ayant même pas brûlé la moitié de Dacer surtout qu'il s'était finalement fait distancer par Jena et un membre de l'équipe de Luka. La troisième épreuve avait été remporté par Mikaël à égalité avec une louve, et Uriel et Andrew avaient suivis de peu. En réalité, la compétition ne laissait que peu de doute sur les quatre premier : nos trois équipes et celle de Luka. Bien qu'il fallait aussi noter que durant notre épreuve, l'équipe de Camillien était arrivée seconde mais n'avait pas brillé dans les épreuves suivantes.
Je me laissai tomber au sol alors que toutes les équipes s'étaient réunis en de petit cercle dans le grand parc du château, profitant d'un moment de repos largement mérité. Sans me surprendre, le groupe d'Andréa s'approcha de nous et mon lié se laissa tomber à côté de moi, sans même prendre la peine de me demander de me décaler. Son épaule effleura la mienne mais j'étais trop épuisée pour réagir. Rapidement, Kenan se rapprocha et posa familièrement sa main sur ma taille, rassurant. Je laissai tomber ma tête sur son épaule avec désinvolture, appréciant sa façon de me montrer qu'il me protégeait. En très peu de temps, nous furent rejoins par le groupe d'Andrew et les conversations fusèrent en tous sens.
Mon plan semblait plutôt bien fonctionner. Pour l'instant ils étaient encore tous un peu divisés, restant en de petit groupe comme Tamara qui restait proche de Cyriel et d'Andrew mais veillait à maintenir une petite distance avec Saphira. Cependant, l'ambiance légère apaisait les tensions. Maël parlait avec entrain avec Andrew, souriant avec un naturel qui était réellement réconfortant. Même Mikaël semblait trouver une vague place dans le groupe, discutant avec Josh et Lubia, assis côte à côte. Mieux encore, Uriel semblait bien moins récalcitrant à se mêler à nous, il était bien évidemment collé à Jena mais il adressait un minimum la parole à Epona qui faisait des efforts pour lui faire ouvrir la bouche. Je souris malgré moi en les contemplant.
- Il faut reprendre des forces ! M'ordonna Devon en me tendant un énorme sandwich bourré à ras bord d'un nombre incalculable d'aliment. On sait jamais, on pourrait avoir besoin de toi dans les deux dernières épreuves !
- Si tu n'avais pas peur d'avoir besoin de moi, tu me laisserai mourir de faim ? Rétorquai-je en attrapant ce qu'il me tendait dans un sourire en coin.
- Je doute que tu te laisse mourir de faim, rétorqua-t-il en louchant vers négligemment vers ma taille. Tu feras attention, le bourrelet à gauche commence sérieusement à se voir. Tu t'es relâchée depuis ton retour, non ?
Son faux air sérieux ne cadrait pas avec le sourire qu'il m'offrit, ses yeux brillant d'espièglerie. Je haussai les épaules avec désinvolture en le décevant aussitôt. Quoi ? Il me pensait aussi superficielle pour m'alarmer pour un bourrelet ? Il me connaissait mal. Je n'avais jamais été très inquiète sur mon poids et ce fameux bourrelet avait été mon meilleur ami pendant des années. Bien évidemment, face au miroir je regrettai toujours de ne pas faire plus attention, de ne pas être plus svelte, plus jolie. Comme toutes les filles de mon âge, je suppose. On veut toujours être différente, être à l'image de cette actrice ou de cette chanteuse qu'on admire tant. Ou simplement comme la fille populaire de notre lycée qu'on envie secrètement. Mais je ne comprenais pas qu'on puisse se pourrir la vie juste pour cela. J'aimais manger. J'aimais mon bol de céréale et la tartine de pain pleine de confiture le matin. J'aimais le bon gros choux à la crème que je mangeais tout les week-end avec ma mère. J'aimais les churros bien gras que je dévorais lorsque la foire venait s'installer en ville. Et j'adorai, par dessus tout, les paquets de pop-corn à dévorer devant un bon film. Et pour rien au monde je ne me priverai de manger.
- Rien de féminin, grimaça faussement Tamara en face de moi.
- Tu parles, comme si tu te souciais de ton poids, toi, rétorquai-je dans un sourire moqueur en pointant du doigt l'amas de nourriture qu'elle avait entassée devant elle.
- Je peux manger pour dix, je prends pas un gramme, affirma-t-elle platement.
- Elle dépense tout en hurlant après tout le monde, si tu veux mon avis, murmura Devon à mon oreille alors qu'il poussait Andréa pour s'installer à côté de moi, malgré les grondement de mon lié.
- Je t'entends, si tu as un problème le cabot, on peut régler ça tout de suite ! Vociféra Tamara prête à bondir sur ses jambes.
- Qu'est-ce que je disais, soupira Devon en levant les mains au ciel de façon exagéré.
- Calme-toi, ordonna Andrew avant de venir déposer un baisser sur la joue de sa petite-amie. Ne l'écoute pas, toi et moi nous savons parfaitement comme tu te dépense.
Pardon ? Mes joues virèrent aux rouges alors que le sous-entendue était plus qu'évident au sourire charmeur qu'il lui lançait. Tamara fixa Andrew avec autant d'incrédulité que moi et piqua un fard en faisant aussitôt rire le directeur de Dacer dont la liberté me laissa bouche-bée. Jamais je n'aurai cru que Andrew pourrait être aussi... pervers ? Taquin ? Les deux mots me semblaient tout aussi improbable l'un que l'autre en parlant de ce si sérieux homme que j'admirai énormément. Par contre, je fus bien moins surprise de sentir les lèvres de Kenan glisser prêt de mon oreille pour enchaîner :
- Mange autant que tu le souhaite, susurra-t-il en me faisant frisonner. Je me chargerai aussi de tout te faire perdre.
Merde. Merde. Merde. Mes joues me brûlèrent intensément et tous les regards braqués sur moi ne laissait aucun doute sur le fait que cela se voyait très clairement. Tamara et moi échangions un regard, toutes deux dans la même galère. Nos petits-amis respectifs ayant clairement décidés de se liguer pour nous rendre ridicule. Tamara finit par réagir la première, me témoignant de la grande différence qui nous séparait : elle débordait d'une assurance constante, même dans les moments de gêne.
- C'est dommage que tu ne tienne pas toujours le coup jusqu'au bout des entraînements, asséna-t-elle lourdement sans qu'Andrew ne s'empourpre.
- Tu es bien farouche, enchaîna-t-il sans se démonter. Ça change de nos fameux entraînements.
- Ouuuuh, siffla Devon en ricanant comme un adolescent. Ça balance !
Je levai les yeux au ciel avant de lui balancer un coup de coude significatif auquel il ne réagit même pas. Tamara semblait un peu plus gênée encore, ses joues presque de la même couleur que ses cheveux, mais Andrew l'apaisa en riant négligemment et venant l'embrasser tendrement. Elle se laissa faire, bougonnant à voix base plus pour la forme que par réelle conviction. Andrew et elle débordait d'une proximité nouvelle. L'assurance nouvelle dont faisait preuve Andrew semblait, au final, énormément plaire à la rouquine qui se laissait étrangement mener par le bout du nez. Cependant, quand Tamara s'écarta et que les autres sifflèrent à l'intention d'Andrew, il rougit à son tour retrouvant son apparence candide.
Pour ma part, je passai ma main dans ma nuque atrocement gênée alors qu'il fallait admettre que j'étais probablement assez prude. J'avais vingt ans passé et mon expérience la plus intense avait été un remonté de T-shirt. Rien de palpitant. Et je devais admettre que mon inexpérience faisait que je rougissais pour un oui ou pour un non dès que le sujet était abordée. J'étais vraiment une adolescente. Et encore. Une enfant qui entrait dans l'adolescence serait plus exact. Je soupirai alors qu'ils chahutaient joyeusement, les anecdotes salaces fusant en tout coin. A croire que l'activité intense des jeux avaient mis en ébullition leurs hormones.
« - Tu veux faire un tour ? Le temps qu'ils se calment. »
Je me tournai un peu vers Andréa, dont les yeux me fixèrent quelques secondes avec douceur. Il était très calme. Et c'était plutôt rassurant. Malgré le sujet plus que tendu, il ne semblait aucunement intéressé et je ne perçus dans ses gestes aucune raison de m'inquiéter. Faiblement, je hochai la tête, plus parce qu'il semblait avoir besoin de discuter, que par réelle envie de fuir les discutions gênantes. Enfin, quoique. Je grimaçai violemment en entendant Shayna raconter avec négligence ses nombreuses péripéties de jambe en l'air. Elle n'avait clairement pas froid aux yeux.
Andréa se redressa donc le premier, époussetant vaguement son pantalon brun avant de me tendre la main. D'un bref regard vers Kenan, je signalai mon départ et, s'il sembla mécontent, il retira quand même sa main de ma taille pour me permettre de me relever avec l'aide d'Andréa. Ses yeux sombres fixèrent celui-ci en coin et Andréa hocha, imperceptiblement, la tête. Promettant, de cette façon, qu'il ne me ferait rien. Bien sûr, Kenan ne lui ferait aucunement confiance et je savais déjà que son esprit ne quitterait pas le mien.
Paisiblement, Andréa m'invita à passer devant lui et je ne me fis pas prier, marchant lentement à ses côtés alors que nous nous dirigions vers l'orée de la forêt. Il restait silencieux mais son esprit semblait tourmenté, bien évidemment j'aurai pu directement cherché ce qui clochait mais je préférai lui laisser le temps de s'exprimer de lui-même. Je détestai toujours autant l'idée de forcer quelqu'un à dire des choses qu'il ne souhaitait pas me confier.
- Luca et moi avons longuement discuté, débuta-t-il après quelques minutes supplémentaires. Et je crois qu'on est parvenue à se comprendre.
- Il semble plus calme, approuvai-je. Il n'a rien tenté pendant les épreuves et ne nous à même pas fusiller du regard. Tu as bien fait de lui parler.
- J'aurai du le faire depuis longtemps mais je n'en avais pas le courage. Je me sentais responsable au fond. Et je ressens toujours de la culpabilité...
- Ce n'était pas ta faute, affirmai-je doucement en venant prendre sa main dans un geste purement instinctif. Tu ne pouvais rien faire.
- J'aurai pourtant voulu, soupira-t-il en serrant ses doigts sur les miens.
Mes doigts caressèrent sa peau avec douceur alors qu'il était plus chamboulé encore que je ne l'imaginai. Non, en réalité je ne l'avais pas imaginé. Andréa était doué pour faire croire que le passé était enfoui, que le passé n'existait pratiquement plus pour lui. Mais c'était faux. Et si j'étais heureuse qu'il semble décider à faire face, je ne pouvais qu'avoir la gorge serré devant sa souffrance que je percevais aussi nettement que si elle était mienne. Il redressa ses yeux marrons vers les miens et je ne su pas réellement quoi dire.
Je comprenais. Je comprenais ce sentiment d'impuissance, ce sentiment qui faisait qu'on se sentait misérable. Je l'avais ressenti quand mon père était partie en laissant ma mère dans une tristesse que je ne pouvais pas combler. J'avais dû l'entendre pleurer pendant des heures sans pouvoir rien y faire. La situation n'avait pas la même ampleur, j'en avais conscience mais pour autant je savais ce que cela faisait de devoir assister à une situation sans pouvoir intervenir.
- Cette après-midi soit prudente, reprit-il en changeant de conversation, encore trop sensible pour réellement tenir une conversation sur le sujet. Je n'aime vraiment pas que ce type soit dans les environs.
D'un vague signe de tête il me désigna Gareth, installé avec les autres arbitres. Bianca était positionnée entre ses jambes alors qu'elle discutait joyeusement avec ma mère. Mon corps se tendit violemment alors que l'homme qui m'avait fait tant souffrir, se tenait à quelques pas de ma mère. Les paroles de Geoffrey me revenant comme un avertissement. Je secouai la tête. Gareth n'oserait pas agir trop impulsivement, pas quand l'endroit était remplis de marqué, tous prêt à lui tordre le cou à la moindre occasion. Et puis mon père veillait sur ma mère, ne la quittant pas une seule seconde. Il était assis à côté d'elle, discutant lui-même avec des loups-garous arrivés quelques jours plus tôt.
Ma mère tourna son visage dans ma direction. Son esprit devenait de plus en plus vivace et je n'étais pas surprise de la voir s'inquiéter alors que je la contemplai avec ce même sentiment. Elle me sourit, cherchant visiblement à comprendre ce qui n'allait pas mais je me contentais de sourire à mon tour, affirmant ainsi que tout allait bien. Évidemment elle ne fut absolument pas convaincu, mais la présence d'Andréa à mes côtés semblait la dissuader de se ruer dans ma direction pour me bombarder de question. Je souris plus sincèrement. En réalité, j'étais extrêmement soulagée. Elle était comme avant. Elle n'avait pas changée. Le fait de retrouver sa nature de marquée avait bouleversée son monde et j'avais bien conscience qu'elle était encore très incertaine face à tous ces gens si bizarre pour elle, mais ce que j'avais crains ne c'était pas réalisée. Elle semblait heureuse autant d'être à mes côtés que de retrouver mon père, plus encore elle semblait doucement s'épanouir dans ce monde qui était le sien. Cependant, il faudrait du temps et il faudrait aussi que je l'aide, afin qu'elle s'adapte complètement. Ce serait ma prochaine priorité.
- Je serais prudente, affirmai-je en me détournant vers Andréa. Mais je doute qu'il soit assez fou pour tenter quelque chose maintenant.
- Ce type ne pense pas comme nous, dit-il en le fixant avec froideur. Reste méfiante.
Je hochai la tête, consciente qu'il pouvait avoir raison. Gareth ne pensait pas comme nous, il n'était pas comme nous. C'était un monstre. Je me mordis l'intérieur de la joue alors que j'avais du mal à avoir ce genre de penser quand il traitait Bianca avec une telle douceur, veillant toujours à répondre au moindre de ses besoins. Je ne le comprenais pas. Et c'était peut-être ce qui m'inquiétait le plus. Je ne parvenais pas à savoir s'il était sincère ou si tout ça n'était qu'un piège.
- J'ai une question à te poser, souffla Andréa en posant ses yeux sur moi.
- Laquelle ? Répondis-je négligemment sans cesser de regarder dans la direction de Gareth.
- Toi et le démon, c'est du sérieux ?
Je mis quelques minutes à réaliser le sens de sa question et je me tournai vers lui, surprise. Ses yeux esquivèrent les miens et je portai mes doigts à mon médaillon pour le tirer nerveusement. Il était blessé. Il souffrait. Et c'était ma faute. Je me rendis compte que j'aurai dû le lui dire. J'aurai dû être la première à lui apprendre, plutôt qu'il le découvre comme tous les autres. Je finissais par soupirer en me rapprochant de lui, laissant nos épaules se frôler alors que je lui faisais un vague pour que nous continuions à marcher. Il obéit sans se faire prier, attendant visiblement une réponse de ma part.
Du sérieux ? Oui. Il était évident que cela en était, j'étais décidée à avancer et j'étais convaincu que c'était le mieux à faire. J'aimais Kenan. Et il m'aimait en retour. Nous avions nos problèmes, mais il commençait doucement à mieux s'exprimer, à comprendre ce que je ressentais moi-même. Maël avait peut-être précipité un choix que j'aurai pris. Le lien avec Kenan avait toujours été puissant. Il avait aussi été instable, mais désormais j'avais foi en ce lien. Il nous reliait depuis que j'étais une enfant et j'espérai qu'ils nous uniraient jusqu'au bout. Je finissais par inspirer longuement et de me lancer malgré l'appréhension que j'éprouvai à le blesser :
- C'est du sérieux, commençai-je doucement en le sentant se crisper. Je suis désolée.
- Je comprend, affirma-t-il alors que ses yeux refusaient de se tourner vers moi. Je suppose que je m'y attendais. Tu as toujours été attiré par lui plus que par moi.
- Je tiens énormément à toi, soufflai-je en venant attraper sa main.
- Et cela ne changera rien à notre relation, compléta-t-il en me souriant calmement. Ne t'en fais pas. Je tournerai la page. Il me faudra juste du temps.
Andréa était solide. Il se tenait toujours la tête haute et malgré la douleur qui lui broyait l'estomac, il me souriait comme si de rien n'était. Il me protégeait de sa propre souffrance. Et je ne m'en sentais que plus responsable. Il me lança un dernier regard alors que Devon le hélait, agitant les bras en tout sens pour attirer son attention. Andréa fit mine de bougonner mais sautait sur l'occasion pour me signaler qu'il allait le rejoindre, j'acquiesçai simplement alors que Devon conservait son rôle d'excellent ami. Autant pour moi que pour Andréa.
Je me retrouvai donc seule au milieu de tous les groupes, fixant un point invisible devant moi. J'étais nerveuse. Et malheureuse, je suppose. Je n'avais jamais voulu le blesser, comme je n'avais jamais voulu blesser qui que ce soit. Je soupirai lourdement. Les sentiments étaient beaucoup trop dur, trop difficile à gérer. Mais je ne pouvais pas rester à l'écart de mes amies trop longtemps, Tamara brailla mon nom, à son tour et je tâchai de retrouver ma bonne humeur pour me diriger vers eux. Andréa s'était décalé, ayant préféré se glisser vers Josh et Lubia plutôt que de récupérer sa place à mes côtés. Mon esprit fut plus morose et je ne pu faire autrement que de me demander si je parviendrai réellement à faire que tous soient heureux, un jour. Le reste de la journée me sembla plus longue et je fus heureuse de ne pas avoir à participer aux deux dernières épreuves, laissant Nathan remporté une nouvelle victoire pour notre équipe et Devon se retrouver troisième dans la dernière. Mon esprit redevenait celui d'un adulte dont l'inquiétude restait enfoui dans ma poitrine.
Directement après les épreuves, j'allais me coucher, expliquant à Maël que j'avais besoin de me reposer. Il n'insista pas mais me fit promettre que ce n'était que partit remise au lendemain. Je promis cette fois d'avoir cette fameuse discussion que j'avais finalement fuis. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée, je trouvai l'excuse de mon inquiétude comme parfaite justification mais quelque chose sonnait étrangement faux. Mais je chercherai à comprendre plus tard. Beaucoup plus tard. Je me laissai tomber dans mon lit, me lovant contre Isidora dont la chaleur était rassurante et m'assoupissant lourdement.
♫
- Première épreuve du jour ! Annonça Bianca avec dynamisme. Combat à main nue ! Pas de don et pas de transformation possible !
- C'est pour moi ! Gronda Tamara en bondissant sur ses deux pieds. Je vais les massacrer !
Je levai les yeux au ciel alors que ma bonne humeur était revenue ce matin quand Devon était venu toquer à ma porte et était rentré furibond à l'intérieur en sautant en tous sens. Un vrai gamin. Mais il m'avait rappelé que moi aussi je voulais m'amuser, profiter un peu de la douceur de ses derniers jours avant que la guerre n'éclate réellement. Je m'étais donc levée avec autant d'entrain que possible et j'étais désormais assise auprès de mes amies alors que Bianca annonçait enfin ce qui nous attendait, les épreuves de force succédant à celle de vitesse.
J'appréhendai un peu plus cette journée, consciente que tous ne se montreraient pas tendre les uns envers les autres. Tamara la première. Cette fille était une machine de guerre et si elle se retrouvait à affronter quelqu'un qu'elle ne portait pas dans son cœur, elle se transformerait en tapette à mouche et son adversaire en moustique. Le résultat final ne serait pas beau à voir. Pas beau du tout. Mais j'étais visiblement la seule à penser ce genre de chose, tous les visages étaient marqué par l'impatience de se jeter dans la bataille. Je soupirai distraitement alors que Bianca reprenait :
- Chaque équipe proposera deux personnes et tout le monde affrontera trois personnes. Seules ceux qui remporteront leurs trois combat, pourrons participer à la finale où le dernier debout sera le gagnant.
Le dernier debout. Cette phrase me fit frémir légèrement alors que Tamara trépignait sur place, annonçant déjà à son équipe qu'elle était obligatoirement une des deux participantes. Elle était vraiment incontrôlable quand il s'agissait de pouvoir se battre. Mais elle n'était pas la seule. Beaucoup de personne s'était déjà levé, s'avançant vers Bianca pour que l'épreuve débute le plus rapidement possible. Je fixai Shayna au côté de Tamara, pas vraiment étonnée qu'elle se soit proposée. Dans l'équipe d'Andréa, j'étais plus surprise de voir Uriel et Dewei. Je les connaissais tout deux assez peu, mais j'estimai aisément qu'ils n'étaient pas les plus puissant du groupe. La majorité des heureux élues était des loups-garous ou des vampires. Seul Camillien tâchait dans le groupe, ses grandes ailes blanches attirant le regard.
- Qui se dévoue ? Questionna Mikaël alors que personne ne se levait dans notre groupe.
- Pas moi, grimaça Devon en me surprenant. Si je me retrouve contre Tamara, elle va me défigurer. Cette fille est folle a lier quand il s'agit de se battre.
- Moi non plus, bougonna Nathan en fixant ses pieds. J'ai pas le niveau si je ne peux pas me transformer en loup.
- Je veux bien me dévouer, affirma Cyriel platement.
- Je serai le deuxième alors, ajouta Kenan en se redressant.
- Cyriel, je peux y aller à ta place ?
Mikaël redressa des yeux halluciné vers moi alors qu'il me prenait clairement pour une folle de demander ce genre de chose. J'avais une carrure chétive, surtout si on me comparait à Shayna ou aux nombreux loups qui s'échauffaient joyeusement, montrant leurs muscles saillant. Mais je préférai éviter d'ajouter à cette brochette d'instabilité, un Cyriel qui était un chasseur. Pas que je n'avais confiance en Cyriel pour se maîtriser, il était probablement celui le plus à même à veiller à ne pas céder à la colère où l'impatience d'en finir. Pour autant, je savais aussi qu'il ne contrôlait pas toujours sa force où ses capacités d'elfe. J'en avais fait les frais. Mon corps se souvenait à la perfection des multiples bleu qu'il m'avait infligé sur l'île de Toutatis. J'évitai simplement à d'autre ce châtiment douloureux.
Cyriel hocha la tête sans montrer la moindre émotion, il se fichait bien de participer ou non, il était plus là pour me rendre service que par réelle envie. Enfin je crois. Non, en faite je n'en savais rien, c'était ma simple déduction. Mais je n'avais pas le temps de chercher à le comprendre, Kenan avançait pour se joindre aux autres concurrent et je le suivais pour rester à ses côtés, constatant que ses yeux sombres n'étaient provoqués que par ma unique personne.
- Tu as pas intérêt à te trouver en mauvaise situation, me lança-t-il dans un regard en coin.
- Cela devrait aller, affirmai-je calmement. Je pense que tu es sûrement celui qui a le plus conscience que j'ai grandement changée à ce niveau.
- Probablement, concéda-t-il. Mais méfie-toi quand-même, ne m'oblige pas à venir te sauver les fesses.
- Tu aimerais bien, souris-je. Mais je ne te ferai pas ce plaisir.
Kenan sourit légèrement alors que j'avais pensée le surprendre, mais finalement c'est lui qui me surprenait. Se penchant en avant, ses lèvres vinrent se poser sur les miennes. Naturellement. Et devant tout le monde. Un sifflement me fit rougir et je fusillai Devon du regard alors que Kenan pouffait moqueur. Je marchai sur son pied en signe de protestation alors que mes joues rougissaient. Mais je me calmai rapidement, c'était naturelle, je crois ? Il m'attira contre lui, me surprenant un peu plus par ses gestes qui me confortait sans doute dans mon statut de petite-amie. Puis, je remarquai pourquoi il agissait de façon si démonstrative.
Maël. Au côté de Tamara, il semblait avoir pris la place de Shayna. Pourquoi ? Je le devinai aisément. Il avait vu son frère se lever. Je fermai les yeux, anxieuse. Un mauvais pressentiment me serrant la gorge, mais je tentai de l'enfouir. Leur relation c'était améliorée c'est dernier temps et ils agissaient moins gaminement, je n'avais pas à m'inquiéter, tout irait bien. Je posai ma tête contre le torse de Kenan dont les yeux ne retournaient pas au vert.
- Tu seras raisonnable aussi, n'est-ce pas ? Tentai-je dans un regard accusateur.
- Moi, raisonnable ? C'est mon deuxième prénom, ironisa-t-il cyniquement.
- Kenan, je suis sérieuse.
- Je verrais ce que je peux faire.
Je le regardai en biais mais il ne me rendit même pas mon regard, m'exaspérant. Il avait le don pour ne pas me rassurer. Mais je n'avais pas le temps de le sermonner. Bianca levait la main pour instaurer le silence, qu'elle obtient facilement malgré le brouhaha qui régnait avant son geste. Elle souriait pleinement, m'épatant un peu plus par sa facilité à faire face à une assemblée.
- Voici les noms de nos premiers combattant : Keylinda contre Maël. Tamara contre Galbin. Uriel contre Camillien. Léandre...
Elle énuméra un à un chaque nom, je retenais simplement que Kenan se retrouvait opposé avec un loup-garou de la bande à Luka. Et moi j'allais devoir affronter Maël. Je grimaçai. Je n'en avais aucune envie. Notre relation était déjà extrêmement compliqué, je n'éprouvais donc aucune envie de me battre contre lui d'une quelconque façon. Surtout que j'avais esquivée notre conversation d'hier, alors j'étais d'autant plus mal à l'aise.
Néanmoins, je m'avançai vers lui quand Bianca ordonna que chacun trouve son adversaire. L'ange me sourit gentiment, réalisant aisément ma gêne. Je restai silencieuse en attendant que tout débute, réfléchissant au moyen d'en terminer le plus vite. Je pouvais toujours déclarer forfait ? Et me faire étriper par Devon. Non, ce n'était pas envisageable. Nous ne pouvions prendre le risque de perdre trop d'épreuve, Luka nous avait déjà bien prouver qu'il était motivé à remporter les jeux. Kenan était doué pour se battre, mais face à une Tamara en pleine forme, il ne ferait peut-être pas le poids. Il fallait donc nous laisser toute les chances possible.
Pensive, et surtout les yeux rivés sur mes pieds, je n'avais pas réalisée que Maël s'était avancé et sa main glissa sur mon avant-bras. Son contact me fit frisonner et je relevai enfin mes yeux sur lui. Son visage doux était d'un calme qui contrastait avec le mien, totalement nerveux. Mes doigts vinrent porter mon médaillon à mes lèvres alors que je n'avais pas senti le goût du métal depuis très longtemps.
- Pourquoi tu es si nerveuse ? Soupira-t-il. Tu as peur de moi ?
- Non, m'offusquai-je aussitôt surprise en écarquillant les yeux. J'ai simplement pas envie de me battre avec toi.
- Ne t'en fais pas alors, me rassura-t-il en venant caresser mes cheveux avec douceur.
Je fronçai les sourcils, mais n'obtient pas d'explication. Bianca annonçait le début des affrontements. Maël se recula à bonne distance, se voûtant en avant dans une position d'assaut que je reconnus pour être celle qu'adoptait souvent Damona, la déesse liée à Maël. Ses ailes se déployèrent et aussitôt je me voûtai à mon tour, mes instincts agissant à ma place devant la menace. Mais je fus totalement déstabilisée quand il fonça sur moi, sans aucune logique d'attaque. Ses ailes le portèrent à quelques centimètres de moi alors qu'il devait forcément avoir un plan pour risquer une telle attaque directe. Mais par pur réflexe, je levai le poing, prête à réagir au moindre changement de comportement. Mais ce ne fut pas nécessaire. Mon poing venait d'atterrir dans sa mâchoire. Il avait foncé droit dessus.
J'écarquillai les yeux alors qu'il se retrouvait assis au sol, gémissant lourdement en portant ses doigts à son visage. Je retins un pouffement. Pas crédible du tout. Je secouai la tête alors que Bianca me déclarait victorieuse, sous les hurlements féroces d'une Shayna folle furieuse quand il était évident que le combat avait été truqué. Je souris pleinement en tendant ma main vers un Maël qui cessa de gémir de douleur dès l'instant où je fus déclaré gagnante. Renforçant le chiqué de ses réactions. Ses yeux bleu rieur me contemplèrent et il se redressa avec mon aide, un large sourire ornant ses propres lèvres.
- Devient jamais acteur, soulignai-je taquine.
- Quoi ? Je ne suis pas aussi doué que Legolas ? Je trouvai que je me débrouillai pas mal pourtant, rétorqua-t-il faussement sérieux.
- Tu lui arrive même pas à la cheville, ris-je en le poussant légèrement d'un coup d'épaule. Compare pas l'incomparable.
- Admet que j'ai au moins autant de charme que lui, bougonna-t-il.
- Hmmm. Laisse moi réfléchir, soufflai-je en me plaçant face à lui naturellement. Hmm. Oui tu es plutôt pas mal, mais y a encore du travail à fournir.
Mécontent, il attrapa ma taille avec familiarité et ébouriffa mes cheveux avant que je ne réalise brutalement. Nous agissions comme avant. Avant qu'il ne me rejette. Avant que je ne décide d'être réellement la petite-amie de Kenan. Maël se crispa aussitôt mais retira sa main de ma taille, me souriant plus platement. Ma main se glissa dans ma nuque dans un soupir alors que la situation avait été si naturelle que j'avais réellement eu l'impression de remonter un an auparavant. Et mon cœur battit la chamade d'un bonheur qui me semblait bien lointain. Maël me manquait. Très clairement.
- Merci, affirmai-je doucement en restant à bonne distance cette fois-ci. Tu fais toujours attention à ce que j'éprouve.
- C'est normal, déclara-t-il en secouant la tête négativement. Pas besoin de me remercier.
- Je le fais quand même, désapprouvai-je dans un mince sourire.
- Tu devrais aller voir où en est ton coéquipier, enchaîna-t-il sobrement.
Je hochai vaguement la tête, hésitante malgré tout à l'idée de m'écarter. Je n'en avais pas envie. Je voulais juste que notre relation s'apaise et retrouver ce garçon si doux et rassurant qu'était Maël. Je crois qu'il essayait de faire attention aux sentiments de tout le monde mais négligeait les siens, comme si ceux-ci n'avait pas d'importance. Je soupirai mais finissait par m'écarter, ce n'était pas le moment pour ce genre de chose et je regrettai sincèrement d'avoir fui hier soir. C'était une erreur.
Lentement, je m'avançai vers Devon qui me félicita chaudement sans que je ne réagisse. Il n'y avait aucun mérite à remporter un tel match. Je n'avais rien fait de spectaculaire, Maël avait simplement agit de façon à me simplifier la vie, répondant à l'angoisse qui m'avait serrée le ventre. Distraitement, je regardai Kenan qui balançait un violent crochet du droit dans la figure d'un type dont l'arcade saignait déjà. Je grimaçai aussitôt alors que le démon n'hésitait pas à y mettre toute sa force, envoyant valdinguer le pauvre loup-garou à plusieurs centimètres en arrière. En voyant cela, je n'osai même pas tourner mon visage vers Tamara qui devait être entrain d'arracher la tête de sa victime.
- Tamara à déjà gagnée, m'annonça Mikaël sobrement alors qu'il me surprenait toujours par sa facilité à lire n'importe qu'elle esprit, même le mien. Elle t'a suivit de peu.
- Cela ne me surprend guère, grimaçai-je. Il est dans quel état ?
- Vivant, répondit-il platement.
Génial. Je supposai que c'était au moins ça. Rapidement, Kenan fut déclaré vainqueur sans vraiment me surprendre devant l'incapacité du loup à répondre à ses coups. Il était évident qu'a force d'en recevoir il finirait par ne plus se redresser. Néanmoins il fit preuve d'une grande résistance et n'abandonna qu'au bout du cinquième, c'était déjà un bel exploit quand Kenan était dans une colère sombre. Sans doute m'avait-il vu avec Maël. Je soupirai en le voyant me dévisager avec froideur. Merveilleux. Encore des problèmes en vue.
Mais Bianca ne lui laissa pas une seule seconde pour venir se jeter sur moi et m'incendier, elle annonçait déjà nos futurs adversaires alors que les différents combats se terminaient tour à tour. Mon deuxième adversaire fut un loup dont le précédent combat avait été rude. Les nombreux hématomes qui se dessinaient sur sa peau, m'indiquant qu'il ne tiendrait pas le choc. Sans forcer mon talent, je me contentais de l'épuiser, le laissant frapper dans le vide pendant de longues minutes alors qu'il ne parvenait jamais à me toucher. Trop lent. Trop irréfléchi. Trop brusque. Les multiples coups qu'il avait déjà dû encaisser ajouter à la fatigue, il se rétama au sol de lui-même et fut incapable de se relever. La victoire me fut acquise aussi aisément tandis que Tamara, ayant rétamée son propre adversaire en deux coup de cuillère à pot, était venu m'encourager. Où plutôt me hurler dessus afin que je frappe mon adversaire et lui « dévisse la tête et lui fasse vomir son estomac », comme elle me le suggéra si gentiment. Cette fille était une barbare dans l'âme.
Bianca enchaîna en annonçant les noms des futurs opposants, et je crois sincèrement que le dieu des céréales était entré dans le corps de cette frêle jeune fille car il n'y avait que lui pour me maudire à ce point. Après Maël, j'avais l'immense chance de me retrouver en face à face avec Tamara. Je grimaçai alors qu'elle grognait de contentement. Bon sang. Elle était remontée comme jamais et la lueur de plaisir au fond de ses yeux ne trompaient pas. Elle allait se donner à fond. Cette fois je n'allais clairement pas m'en tirer aussi aisément. Et au fond, cela me plaisait plutôt. Enfin un vrai combat intéressant. Je finissais par sourire. Peut-être que le dieu des céréales était avec moi en réalité.
Tamara se plaça devant moi, retroussant les manches de son vêtement alors que ses canines remontaient sur le haut de ses lèvres dans un signe avant-coureur d'intense satisfaction. Il était évident que c'était sa manière de me dire qu'elle ne prendrait aucun gans parce que c'était moi et qu'elle comptait bien me mettre au tapis aussi rapidement que ses deux autres adversaires. Mais il était hors de question que je la laisse faire. Sans me soucier de savoir contre qui Kenan et Maël se retrouvait, je décidai de jauger le terrain. Avançant lentement, je fixai les réactions de la vampire qui, méfiante, ne fonçait pas sans réfléchir. Elle savait que j'étais plus redoutable que les autres et qu'il ne fallait pas me prendre à la légère.
Mais je la connaissais bien. Je connaissais ses défauts et son manque de patience était le premier. Patiemment, j'attendais le moment où elle ne pourrait plus se contenir, la seconde précise où elle ne pourrait plus s'empêcher de se jeter sur moi. Et il arrivera bien plus vite que je ne l'avais imaginée. Fatiguée de notre jeu du chat et de la souris qui se tournaient autour, elle me fonça dessus, tous crocs dehors. Je restai immobile, d'un calme presque inquiétant d'un regard extérieur. Certain ricanement me faisant comprendre que tous pensaient que j'étais probablement tétanisé par la peur. Mais ils se trompaient. J'attendais juste le bon moment.
Quand Tamara fut à ma hauteur, elle tenta de me surprendre en venant saisir mon poignet plutôt que directement chercher à venir saisir ma nuque dans un geste qui lui était propre et surtout typique. Elle changeait ses habitudes en sachant que je les connaissais. C'était malin. Je fus réellement étonnée de son geste, mais cela restait une technique qu'elle utilisait. Elle bloquait son adversaire, puis lui balançait un coup suffisamment puissant pour le mettre directement à terre. Si je me le prenais, je n'étais pas certaine de pouvoir me relever suffisamment rapidement avant qu'elle ne se jette sur moi. Mais je parviens à parer de justesse le coup de poing qu'elle voulut me décocher, mes doigts se fermant sur sa main avec une facilité qui suffit à faire cesser les commérages moqueurs. Mes yeux étincelèrent alors que la vampire feulait à mon égard, totalement furieuse.
- Tu as perdu, murmurai-je.
- Cela ne fait que comm...
Avant qu'elle n'ait le temps de finir, d'un coup sec, je la faisais relâcher mon poignet et habillement, mon corps se faufila derrière le sien. D'un geste brusque, je tirai de sa veste un poignard qu'elle avait dissimulée malgré les consignes d'Andrew et glissait la lame sur sa nuque. Un long sourire éclairant mon visage alors que je savais qu'elle allait être furieuse de s'être fait avoir aussi aisément. Elle tenta de se débattre mais la lame érafla sa peau en la clouant sur place. Ses yeux me fixèrent avec une colère noire.
- Tu avais tout prévu, grogna-t-elle.
- Disons que je me doutais que tu agirai de façon imprévisible, affirmai-je en écartant l'arme quand Bianca m'annonça victorieuse à la surprise générales. Et puis, tu me sous-estime beaucoup, c'était un avantage. Plutôt que d'utiliser toute tes capacités, tu as voulu privilégier l'idée d'en finir vite avec un coup puissant, plutôt que d'assurer tes arrières et tes positions.
- J'ai encore l'image de la gamine qui refusait de se battre contre moi, maugréa-t-elle avant de me balancer une grande claque sur l'épaule dans un sourire franc. La prochaine fois, je ne ferai pas la même erreur.
- Je compte sur toi, souris-je sincèrement à mon tour. Si je ne te connaissais pas aussi bien, j'aurai eu du mal à parer ton coup.
- Tu parles, marmonna-t-elle.
Elle n'aimait pas du tout l'idée que je tente de la réconforter et je pouffais devant son comportement. Elle me bourra un coup de poing dans l'épaule et j'éclatai de rire, devant son mauvais caractère. Elle était géniale. Clairement géniale. Bien sur, elle était bourrue et pouvait se montrer très cruelle à certaine occasion, cependant Tamara était aussi une amie incroyable. Je pouvais compter sur elle. Même si elle m'avait sous-estimée quelques secondes auparavant, elle n'avait eu aucun doute à l'idée que je serais une adversaire à la hauteur. Elle avait pris le risque de se mettre directement en danger, car elle voulait en finir rapidement avec moi. Elle ne voulait pas prendre le risque de me laisser le temps de l'analyser.
Et Tamara était aussi quelqu'un de très doux, si on prenait le temps de chercher au-delà de l'armure en béton dont elle s'affublait. D'ailleurs, elle pâlit brutalement quand Andrew vociféra son nom. Elle me fixa, suppliante et je grimaçai en lui rendant son poignard, source de son problème. Andrew allait la sermonner, c'était évident. Il avait interdit le port d'arme. Mais alors que j'allais regarder leurs querelles se terminer en effusion d'affection, quelque chose me fit pâlir à mon tour. Une voix résonna à mes tympans, me glaçant le sang :
- écoute bien, petit frère. Je vais la faire mienne, je vais coucher avec elle.
Si la phrase, de base était gênante, ce n'était pas ce qui me fit me retourner violemment, l'angoisse venant me broyer l'estomac. Le mauvais pressentiment avait son fondement. Il l'avait même totalement. Kenan se tenait devant Maël alors que Bianca semblait paniquer devant ses deux frères qui avaient déjà quitté le cadre du jeu. La fureur de Kenan était effrayante, son visage défiguré par la colère qu'il éprouvait avec force. Mais ce n'était pas la sienne qui me faisait peur. C'était celle de Maël.
Il luttait, la mâchoire crispé alors que des images se bousculaient dans son esprit, imposé par Kenan. Il lui montrait des choses qui s'était passé. Et d'autre qu'il espérait voir très bientôt. Je ne rougissais pas devant les scènes audacieuses, murmurant tout bas le nom de Dana pour qu'elle intervienne dans la catastrophe que je pressentais. Mais il était trop tard. Kenan était aller trop loin. Maël éclata, laissant s'écouler toute la colère qu'il éprouvait envers son frère. Laissant transparaître tous les sentiments qu'il voulait enfouir. Et sa magie allait éclater avec lui.
- Couchez-vous !
Ma voix avait claquée dans l'air et je fus soulagée de voir que tous obéirent d'un même geste, s'allongeant violemment au sol en se laissant tomber contre l'herbe duveteuse. Je me penchai aussi, vivement, alors que les pieds de Maël venaient de quitter le sol, ses yeux bleu devenu presque blanc. Un premier jet de lumière fusa et je dû me décaler brusquement pour l'éviter de justesse alors que d'autres explosèrent en tous sens, un cri rauque s'échappa des lèvres de Maël. La panique fit trembler mes mains. C'était comme lorsqu'il s'était retrouvé face au roi Fomhoire. La même rage. La même colère. Mais je me résonnais aussitôt. C'était franchement pas le moment de ce mettre à paniquer.
Les jets de lumière fusaient en tout sens, venant lourdement se fracasser sur les arbres arborant l'orée de la forêt. Je fixai les troncs se liquéfier sur place alors que l'acide les rongeaient entièrement jusqu'à les faire tomber au sol. Je regardai autour de moi activement et grondai tout bas. Il fallait mettre tout le monde en sécurité. Brusquement, je me redressai malgré que mon nom fuse en tout sens. Un jet me fonçait droit dessus. Mes mains se plaquèrent au sol et je grimaçai sous l'effort brusque, mes yeux devenant deux billes sans couleur. Mais un mur de terre, épais et large vint faire rempart, me protégeant quand l'acide avait faillit rencontrer ma peau et tenter de me défigurer. J'aurai dû être soulagée, le mur semblait résister alors qu'il s'étalait sur une bonne longueur, suffisante pour protéger tout le monde. Mais il ne protégeait pas tout le monde. Kenan. Mon cœur se glaça, cessant de battre. Mon souffle se bloqua alors que j'étais incapable de respirer dans ses conditions et je me précipitai sur le côté, fonçant directement sur les deux frères.
Je repris lourdement mon souffle en voyant Kenan indemne, volant en l'air et essayant d'arrêter son frère. Il me fusilla du regard alors que je ne cessai pour autant pas d'avancer, pousser par la volonté de les protéger. Tous les deux. Brusquement, je me ruai vers Maël. Mais pas pour le frapper. Pas pour l'arrêter. Du moins, pas comme ce que tous imaginaient déjà. Sobrement, mes bras vinrent vivement s'enlacer autour de son cou et je me glissai contre son torse, mes propres ailes me portant tandis qu'elles étaient apparu dans mon dos sans que je ne m'en rende compte. J'inspirai longuement.
- Maël, murmurai-je dans sa nuque, mon souffle s'écrasant sur sa peau. Arrête.
Il tressaillit. Ses mains retombèrent le long de son corps alors qu'il les avait légèrement levé, mais rapidement elles vinrent s'aggriper à mon vêtement. Je me détendais. C'était finit. Nos pieds retournèrent sur la terre ferme mais ses jambes vacillèrent et il tomba à genou. Paniquée, je faisais de même, l'appelant doucement pour qu'il me regarde mais je me stoppai vite. Je serrai les dents alors que ses yeux, embués de larme, regardait les dégâts qu'il avait causé. Monstre. Ce mot résonna dans son esprit et je serais vivement sa tête contre mon épaule, refusant totalement cette appellation. Il s'aggripa encore un peu plus à moi. Ses larmes tombèrent sur mon épaule alors que mon cœur battait à tout rompre dans une angoisse encore trop présente, une adrénaline trop brusque et un sentiment de tristesse qui me déchirait. Sa souffrance me déchirait. Et je présageai que ce n'était que le début.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro