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Bonus I : Ma reine de cœur.

BONSOIIIR,

Mon dieu. Qu'est-ce que cela fait du bien de retrouver le monde de WL. Cela m'avait manqué d'écrire avec mes bébés T___T xD Vous l'aurez donc compris, voici le premier bonus tant attendu (ou pas) et surtout promis précédemment pour vous remerciez de l'aide que vous m'avez apportés pour mon mémoire !

Je me suis permise de supprimer la partie concernée (pour plus de clareté, ne pas encombrer, ect) mais ne vous en faite toutes vos réponses sont soigneusement consignés et très sincèrement je n'espérai avoir autant de réponse ... alors merci mille fois, cent mille fois pour votre aide. Si j'ai mon année, ce sera en partie grâce à vous ! TwT Toutes vos réponses étaient très riches et m'ont permis d'explorer des idées que je n'avais même pas envisagée ! Donc réellement merci encore énormément pour tous !

Sans trop de surprise le premier personnage ayant été plébiscité pour ce remerciement a été *roulement de tam-tam* : DEVON BOUBOUNET D'AMOUR. xDD Le second reste secret jusqu'au poste du futur chapitre *w* xD Je ne peux pas dire quand il arrivera cela dit ! TwT

Enfin, avant de vous laissez entre les mains du Dieu des céréales, ce chapitre est assez... plat. Il y a peu d'action. Mais j'espère qu'il vous plaira malgré tout, j'ai pris personnellement beaucoup de plaisir à le rédiger ! :3

EN VOUS SOUHAITANT PLEIN DE BONNE CHOSE ET QUE LE DIEU DES CÉRÉALES SOIT AVEC VOUS.

Edit : petite précision -> Ce chapitre est en continuité avec le prologue de Kenan. Donc se place dans une vie où Keyli est en couple avec celui. Le prochain chapitre bonus sera en continuité de celui de Maël donc pas de panique *o* xD 

Edit 2 : et voici un petit dessin tout mignon de Keyli et de Devon, que je trouvai bien représentatif de l'esprit de ce chapitre *_* Réalisé par unepetiteetoile04 qui fait profiter, à mes petits personnages, de son talent de dessinatrice *_* Encore merci à toi pour tous ces dessins dès plus adorable ! 



Vautré dans l'un des canapés installés dans la chambre que Keyli et Kenan partageait depuis quelques années, je haussai un sourcil alors que ma soit disant meilleure amie ne daignait pas m'accorder son attention puisqu'elle restait focalisée sur un livre posé sur ses genoux. Je bougonnais. Elle ne releva pas les yeux. Je grognais. Elle haussa un regard inquisiteur mais se détourna avant même que l'espoir qu'elle s'intéresse à moi ne naisse dans mes pensées. Je grognais plus fort et elle soupira en retour, refermant son livre d'un geste sec pour enfin laisser ses yeux dans les miens. 

- Tu as une langue je te signale, me souligna-t-elle en me faisant faire la moue. Tu n'as pas ouvert la bouche depuis que tu as déboulé ici et tu oses râler. 

- Il te suffirait de lire dans mes pensées, rétorquai-je en croisant mes bras sur mon abdomen, marquant mon désaccord.

- Et tu sais que ce n'est pas une méthode que j'aime utiliser, soupira-t-elle lourdement.

- Et je ne comprends définitivement pas pourquoi.

- Parce que cela intensifie le lien de meute.

- Et qu'est-ce que cela à de mal ?

- C'est Josh le chef de meute, pas moi. Je ne veux pas empiéter sur son rôle, soupira-t-elle une seconde fois.

- Comme si cela le dérangeait. Tu sais parfaitement que si cela n'avait tenu qu'à nous, tu serais notre chef de meute.

- Et tu sais parfaitement que cela n'aurait pas été l'idéale pour les loups-garous de Dacer, continua-t-elle fermement en accentuant ma moue insatisfaite.

Obstiné, je lui adressai un regard qui se voulait noir mais qui ne devait pas tant l'être puisqu'elle se contenta de sourire. Presque malgré moi, je l'imitai, incapable de rester boudeur avec elle. Peut-être en réalité avec n'importe qui. Ce n'était pas dans ma nature. D'un bond je délaissai mon confortable fauteuil et m'avançai vers elle, très satisfait d'avoir enfin son entière attention. Immobile, elle me toisait avec méfiance, me vexant grandement. Que pouvait-elle craindre ? Bon. J'admettais lui avoir joué quelques tours. Parfois. De temps en temps. D'accord. Souvent. Mais elle n'avait aucune raison de se plaindre. Après tout, ce faire taquiner par un Dieu vivant, qui pouvait avoir plus grand honneur ? Bon. D'accord. Elle. Plus que quiconque puisqu'elle fricotait avec grand nombres de nos Dieux. Je grimaçai en constatant que je devais faire pâle figure à côté d'un Ogme décidé à lui en faire voire de toutes les couleurs. 

- Rabat-joie, finis-je par lancer, dans une répartie cinglante à laquelle elle ne trouverait rien à redire, enfin du moins dans ma tête.

- J'endosse le titre avec plaisir, assura-t-elle désinvolte avant de planter ses yeux dans les miens, m'offrant un visage plus féminin que quelques années auparavant. Alors, tu comptes me dire ce qu'il se passe ?

Je la contemplai un instant. Keylinda Leilani. Non. Keylinda Leilani Tuatha de Dannan. Non encore. Mon bûcheron. Ma petite princesse pleurnicheuse. Qui n'avait plus pleuré devant moi depuis bien longtemps. Elle avait changé. Tellement changé. Parfois, lorsque je marchai à côté d'elle je ne pouvais m'empêcher de sentir mon cœur se serrer dans ma poitrine. Ce n'était pas le genre de sentiment que j'avais pour habitude de ressentir, mais elle était unique et elle le serait toujours alors je ne m'en alarmai pas plus que de raison. Après tout, elle était ma meilleure amie et l'âme sœur de mon lié. Il était normal qu'elle soit plus que particulière pour moi. 

Quoi qu'il en soit, lorsque je me retrouvai à ses côtés j'avais toujours cette crainte lorsqu'elle passait devant moi. Mes yeux rivés sur son dos la peur irrationnelle de ne plus pouvoir l'atteindre me saisissait de plein fouet. Elle avançait chaque jour un peu plus loin, arpentant de nouveaux chemins. Et nous peinions à la suivre. La petite fille d'il y a plus de dix ans était devenue une femme assurée qui n'avait plus autant besoin de nous. Bien sûr, jamais elle ne nous laisserait en arrière. Jamais elle ne placerait une distance suffisante pour que nos mains ne viennent pas s'aggriper à son épaule pour la faire ralentir et marcher à nos côtés. Mais cela restait effrayant. C'était comme si à chaque instant elle pouvait s'envoler et disparaître. 

Nous avions tous, dès lors, développés des techniques différentes pour s'assurer sa présence. Andrew affirmait avoir besoin d'elle durant ses cours, prétextant que son statut de futur potentiel déesse et la légende créée autour d'elle depuis notre victoire sur Geoffrey, permettait la concentration de ses étudiants. Et ce n'était pas totalement un mensonge puisque désormais Keylinda était devenue une véritable célébrité dans le monde marqué. Nombres d'élèves étaient venus et revenus à Dacer dans l'unique espoir de l'apercevoir. Kenan avait été furax lorsque des prétendants – ou, selon mon humble avis, de pur suicidaire – s'étaient bousculés à la porte de leur chambre sans savoir qu'elle la partageait avec le démon. Souvent, lorsqu'une odeur de brûlée s'insinuait dans les couloirs des dortoirs, nous pouvions être assuré qu'un nouveau fou avait eut la folie de tenter sa chance. Et que Kenan avait su le recevoir avec les honneurs. 

Tamara, moins subtile que son mari, comme souvent – pardon. Toujours –, affirmait qu'elle ne parvenait pas à encadrer ses marmots et réclamait l'aide de Keyli, étrangement douée avec ces deux garnements. Même si elle ne voulait pas d'enfant elle-même. Heureusement car trois bambins en couche culotte à Dacer m'avait amplement suffit pour les dix décennies futures. Jamais je n'aurai cru qu'un marmot pouvait avoir autant de bave en lui. Et toutes autres genres de choses. Je grimaçai de dégoût. 

Saphira et Epona avaient réussis à susciter son intérêt en organisant une fois par semaine des ballades à cheval où elles disparaissaient en forêt durant des heures. Josh et la meute l'accaparaient aussi régulièrement, sollicitant son avis pour des sujets tous plus dérisoires les uns que les autres. Andréa... était Andréa. Il attirait son attention en grognant et en faisant la tronche. Le pire ? Cela marchait du tonnerre. Alors que si je faisais la tronche, elle venait me pincer la joue avant de retourner à ses occupations initiales. Cyriel nous avait même tous surpris en réclamant sa présence depuis quelques semaines. Car il ne trompait personne en affirmant qu'il était inquiet à cause d'une apparition massive de plusieurs espèces de créature dans la forêt entourant le château. Rien de plus normal quand la concentration de marqué dans ce lieu ne cessait de croître d'année en année. Mais Keyli devait être la seule à ne pas se rendre compte de la duperie. 

Enfin Jena et Uriel avaient sollicité, récemment, sa venue en Inde. Elle n'était pas encore décidée à s'y rendre mais elle le ferait tôt ou tard, ne pouvant refuser une demande à ce couple disparaissant et réapparaissant dans nos vies aussi brutalement que brièvement. Mais à chaque fois que nous l'avions revue, Jena semblait un peu plus épanouie. Et j'en étais sincèrement heureux. Plus aucun autre sentiment ne venait obstruer ce contentement sincère. J'étais passé à autre chose. Et puis Uriel était pas aussi chiant qu'il en avait l'air. Il était juste exécrable. Nuance qui changeait grandement la donne. 

Et puis enfin, il y avait moi. Ma méthode était plus radicale que les leurs, plus enfantine aussi. Mais n'était-ce pas plus amusant de retomber en enfance que de faire semblant d'être un adulte que je ne serais jamais ? Je souriais donc énigmatiquement alors qu'elle arquait un sourcil, très sceptique face à mon comportement et attendant le que je me décide à ouvrir la bouche. J'avais toute son attention. 

- J'ai organis...

- Oh pas encore, geint-elle vivement en se laissant retomber sur le dos. Devon, c'est le troisième depuis le début du mois. 

- Allez ! Admets que c'est amusant ! Et puis cela permet de rencontrer un peu les petits nouveaux !

- C'est surtout l'occasion pour toi d'en mettre plein la vue aux louves, rétorqua-t-elle sans se redresser, soupirant lourdement.

- Aussi, souris-je à pleine dent. Je met juste à profit mon dur labeur.

- Tu parles, souffla-t-elle d'un sourire en coin en m'adressant un regard en biais.

- Alleeez. Cède. Participe avec moiiii, princesse.

D'un bond je m'étais redressé pour venir me laisser retomber sur son matelas, à genou. J'attrapai ses épaules pour la secouer et elle grogna sans pour autant réagir, laissant son corps mou valdinguer au grès de mon agitation. Mécontent, je cessai mon manège alors que, depuis le temps, elle avait finit par comprendre que réagir à mon comportement était me faire gagner. Quelque soit la réaction. Ainsi, elle se laissait simplement faire jusqu'à ce que je me lasse. Fourbe princesse. Mais je n'avais pas dit mon dernier mot. Si elle voulait jouer, nous allions jouer. 

Mes doigts délaissèrent ses épaules et elle fronça les sourcils aussitôt, jugeant que j'abandonnai bien trop vite pour que ce soit plausible. Mais, jouant sur l'attaque surprise, mes doigts se placèrent sur sa taille et chatouillèrent la zone sensible avec énergie. Son rire éclata aussitôt, se répandent dans la pièce en me faisant un peu plus sourire. Je riais à mon tour alors qu'elle commençait à gesticuler, geignant pour que je cesse alors que son rire ne s'arrêtait pas pour autant. 

- Arrête ! Supplia-t-elle au bout d'une longue minute de torture.

- Seulement si tu cèdes !

- Devon !

- Princesse.

Elle me fusilla du regard entre deux crises de rire, ses mains attrapaient mes poignets mais elle n'y mettait pas une conviction suffisante pour me faire cesser mon petit jeu. Pourtant, elle n'aurait eu aucun mal à m'écarter. Elle ne le faisait simplement pas. Au fond, elle se faisait juste un peu désirer. Et je lui offris mon plus beau sourire lorsqu'elle finit par soupirer lourdement, m'annonçant ma victoire : 

- Très bien, très bien je le ferai. Mais c'est la dernière fois !

- Jusqu'à la prochaine fois, complétai-je tout bas avant de lever les mains en l'air, innocent devant son regard accusateur.

Elle leva les yeux au ciel et je ne pu retenir un nouveau sourire. Qu'est-ce que je pouvais aimer passer du temps avec elle. Dès le départ cela avait été fusionnelle. Peut-être était-ce un résidu du lien qu'elle entretenait avec mon propre lié ? Une sorte de répercutions ? Au fond, j'en doutai. C'était juste elle. Juste moi. Nous étions différents mais j'avais toujours l'impression qu'elle pourrait me comprendre, qu'elle saurait me comprendre. 

Lourdement, je me laissai tomber sur le côté, m'allongeant sur le dos, laissant nos épaules côtes à côtes alors que je contemplai le plafond vide puisque cette pièce était anciennement un bureau austère, quelque peu abandonné comme de nombreuses autres salles du manoir. De toute façon, je doutais fort qu'aucune créature ne souhaite s'éveiller pour Kenan. Après tout la licorne de sa chambre, que j'occupai toujours, n'avait jamais daignée pointer le bout de son museau. Et il en était le premier ravi. Kenan avec une licorne. J'avais toujours trouvée l'idée très séduisante. Qu'est-ce que je me serais fichu de sa tronche. 

- Et si tu me disais ce qui n'allait pas ?

Surpris, je tournai la tête sur le côté et rencontrai ses iris si particulières. Avec le temps, on s'était tous habitués à cette multitude de couleur ayant décidé de s'accaparer ses yeux mais j'étais toujours étonné de découvrir une nouvelle couleur en les contemplant. Aujourd'hui, c'était un vert foncé. Un vert qui me rappelait une forêt dans laquelle je n'avais pas été depuis de nombreuses années. Je me détournai rapidement, reposant mes propres yeux sur le plafond. 

- Tout va bien, je ne vo...

- Ne me prends pas pour une idiote, me sermonna-t-elle doucement en venant pincer mon épaule, m'obligeant à reposer mon attention sur elle. Je sais que tu adore t'amuser, mais en ce moment tu ne cesse de t'agiter en tout sens... je n'ai pas besoin de lire dans tes pensées pour savoir que tu tentes de t'occuper l'esprit.

Mon sourire joviale se dissipa, le creux qui n'avait cessé de croître dans mon estomac s'agrandit un peu plus encore. Je serrais les dents. C'était donc si visible que cela ? J'avais pourtant parié avoir agis le plus normalement possible. Après tout, même Kenan ne semblait pas s'être aperçu de mon changement de comportement. Ou peut-être ne m'en avait-il pas fait part. Il n'était pas du genre à exprimer clairement son inquiétude. Contrairement à Keyli. 

Son regard posé sur moi ce faisait soucieux. Elle ne me voyait que rarement offrir de telles expressions. Mélancolie. Nostalgie. Souffrance. Tristesse. Je fermai les yeux, détestant réellement lui donner un tel spectacle. Je voulais être son rayon de soleil, son énergie, son pilier. Et comment l'être si je m'effondrais trop régulièrement ? Je m'étais déjà effondré à de trop nombreuses reprises par le passé et j'en avais payé le prix fort. Il était hors de question de recommencer. J'allais donc me redresser, décidé à lui faire penser qu'elle se trompait mais avant même que je n'esquisse le mouvement, sa main venait fermement agripper la mienne. Ses doigts étaient froids. L'hiver commençait à faire son apparition et cette fille était un véritable glaçon ambulant dès que la température chutait en-dessous de quinze degré. Je reposai mes yeux dans les siens et me mordais durement la lèvre en me détournant prestement. Elle savait. Elle savait déjà que j'allais tenter de mentir. Je soupirai avant de sourire en coin. Je ne pouvais pas lui mentir. Pas à elle. 

- Dans une semaine... ce sera l'anniversaire de la mort de ma tribu.

Ma voix n'avait pas tressauté bien que ma gorge ait tenté de l'enfermer en se resserrant brusquement, mais mes yeux fuyant furent tout aussi parlant. Ses doigts se serrèrent plus fort sur les miens et je répondais à son geste. Je me rallongeai, préférant continuer d'admirer le plafond alors qu'il était encore difficile de parler de cela. Même après toutes ces années. Même dans cent ans. Même dans mille. Ce jour resterait gravé dans ma mémoire à tout jamais. Je me crispai vivement mais sa tête venant se caler contre mon épaule m'apaisa presque aussitôt. 

- Tu parles peu souvent d'eux, souffla-t-elle en constatant que je ne reprendrai pas la parole de moi-même. Je ne savais même pas que cela s'était produit à cette période de l'année.

- C'est toujours difficile... de se souvenir, avouai-je doucement, ne cherchant plus à feindre une quelconque gaieté. Les bons comme les mauvais, ravivent juste leurs absences. Mais je ne suis pas le seul dans ce cas, tous les marqués ont a subir ce genre de désagrément. Je n'ai pas à me pl...

- Ce n'est pas parce que ton cas n'est pas unique que tu n'aurais pas le droit de te plaindre, me désapprouva-t-elle. De plus... Isabelle Ogme... il n'y a pas de mot suffisamment fort pour décrire l'horreur de ce qu'elle t'a fait vivre.

Je ne répondais pas, la gorge cette fois bien trop nouée pour y parvenir. Isabelle Ogme. Sa mort m'avait réjouit, m'avait fait bouillir d'une joie sombre. Pourtant, là où j'avais été certain que voir son cadavre sans vie apaiserait un tant soit peu les émotions noires qui m'envahissaient parfois, cela n'avait rien changé. Ni apaisement. Ni soulagement. Elle était morte. Celle qui avait tué toute ma famille était morte. Elle ne pourrait plus nuire à qui que ce soit et j'en éprouvais une joie immense. Mais la même souffrance revenait chaque année à cette période. La même honte de me plaindre alors que j'étais l'unique survivant de ce massacre perpétré à cause de mon unique personne. La même rancœur envers moi-même de n'avoir pas su les défendre. Elle était morte. Mais eux aussi. Et le poids sur ma conscience resterait le même. Ce n'était pas elle qui n'avait pas su les protéger. C'était moi. 

- Comment était ton petit-frère ?

Un peu surpris, je tournai à nouveau le visage vers elle et son doigt vint appuyer sur mon nez avec familiarité. Son naturel et sa douceur calmaient mon désarrois et je finissais par réfléchir quelques instants à sa question. Il était vrai qu'elle ne savait rien sur lui autrement que par la conversation que nous avions eu il y a quelques années, durant notre réunion des vénérateurs du dieu des céréales anonymes pas si anonymes. Et même si je n'avais jamais parlé plus de lui ou de cet événement, elle avait continué de porter le petit anneau que je lui avais confié ce jour là. Il trônait à son oreille fièrement et je ne pouvais qu'en éprouver un pincement de bonheur. C'était comme s'il était un peu avec elle. Que, tout comme moi, il la protégeait, veillait sur elle. J'en étais convaincu. 

- Il s'appelait Onacona... cela signifie Hibou Blanc. Ma mère l'a appelé ainsi parce que à la naissance il avait la peau très pâle et de grand yeux scrutant tout autour de lui.

- Nashobatekoa... que signifie ton propre prénom ? M'interrogea-t-elle.

- Nashoba signifie loup comme je te l'ai déjà dit, soufflai-je sobrement. Et Tekoa signifie magnifique.

- Ta mère a vraiment eu de l'instinct, siffla-t-elle en me faisant pouffer.

- Je sais que tu me trouve magnifique mais ne me drague pas aussi ouvertement, Kenan risquerait d'être jaloux, soufflai-je en un clin d'œil séducteur qui la fit sourire en coin. 

- Heureusement, tu ne parlais pas encore, sinon elle aurait probablement remplacé magnifique par « crétin et prétentieux ».

- Hoy, bougonnai-je. Je suis merveilleux. Voilà le vrai adjectif qui me qualifie le mieux.

- Merveilleusement stupide, oui ça passe, sourit-elle.

Je lui balançai un coup de coude et elle rit sobrement avant de venir poser sa tête plus franchement sur mon épaule. Je passai mon bras autour des siennes, plus détendu. Elle était douée. Elle veillait à détourner mon esprit quelques secondes, rompant le tourment chaotique de mes émotions et de mes pensées. 

- Onacona était fragile à la naissance, repris-je finalement alors qu'elle restait silencieuse, réinstallant une ambiance plus intimiste. Il souffrait d'albinisme mais à cette époque je n'en avais aucune idée, tout comme mes parents. Il ne pouvait pas s'exposer au soleil, voyait très mal et ainsi de suite... pendant plusieurs mois nous avons tous été convaincus qu'il allait mourir.

- Mais... cela n'a pas été le cas ?

- Non. Un miracle c'est produit, soufflai-je dans un maigre sourire. Il a commencé à aller mieux. Ses cheveux qui poussaient claires se sont foncés, sa peau a commencé à se colorer... il était soudainement plein de vie sans que personne n'ait la moindre explication.

- Les loups-garous ont de puissant don de guérison, commenta-t-elle en me faisant hocher la tête.

- C'est aussi ce que j'ai pensé. J'ai donc déduit qu'il allait être comme moi et j'en étais tellement fière ! Je savais que cela pouvait être un poids lourd à porter car être un loup à son lot d'inconvénient... mais il allait pouvoir diriger avec moi la tribu et voir quelqu'un d'autre comme moi... me rassurait. Jamais personnes n'avaient entendus parler d'être se transformant en animal. Certes j'ai été bien accueillie par ma famille mais il n'en restait pas moins que je ne comprenais pas ce que j'étais. Qui j'étais.

- Je comprends, assura-t-elle. J'aurai été totalement paniquée si j'avais dû affronter seule la découverte de celle que j'étais sans point de repère.

- Déjà que tu as pas été un cadeau, grimaçai-je faussement avant d'éclater de rire quand elle me balança son poids dans le torse.

- Que c'est-il passé ensuite ? Bougonna-t-elle.

- Il a grandit. Vite. Me confirmant ma pensée, sa croissance était similaire à la mienne et il a eu sa première transformation à six ans. Cela a été assez dur à gérer car il était encore plus jeune que je ne l'avais été ... mais j'ai pu l'aider et le guider, le rassurer aussi sur toutes les sensations qui le submergeaient soudainement. Il n'a pas été ... aussi en difficulté que je l'ai été avant lui et j'étais heureux de pouvoir lui apporter le peu de savoir que j'avais sur nos capacités.

- Cela a dû vous rapprochez. 

- Nous étions déjà proche mais effectivement, approuvai-je. Très peu de temps après sa transformation le lien télépathique de la meute c'est établie et nous l'avons cachés au reste de la tribu. C'était notre petit secret qui nous permettait toujours de les surprendre, de nous amuser à leurs dépends et aussi de discuter pendant des heures dès qu'un sujet effleurait nos pensées. Il avait dix ans de moins que moi mais nous étions identique en tout point. La même envie de s'amuser, de rire... ce besoin de le faire.

- J'aurai voulu le rencontrer, murmura-t-elle en venant reposer sa main sur la mienne, me permettant de m'y agripper fermement. Bien que vous deviez être infernaux. 

- J'admets, ris-je naturellement avant de la serrer contre moi, mon expression ne cessant de changer d'une seconde à l'autre. Il m'a tellement apporté. La charge du rôle de chef était lourde à porter, surtout quand je n'avais aucune envie de le devenir. Mais... il m'a permit de rester moi-même quand tout le monde attendait que je devienne un adulte sérieux et responsable. Soit tout ce que je ne voulais pas devenir. Sa présence... a apaisé toutes mes inquiétudes.

Elle ne répondit pas, n'émettant pas même la moindre approbation voulant me signifier qu'elle comprenait. Et je trouvais cette décision extrêmement juste. Aucun mot n'avait jamais pu combler le vide, aucun comportement, aucune attention n'avaient su annihiler ma peine. Mais son silence lui, me rassurait étrangement. Au fond, je crois que peut importait comment elle aurait pu réagir. Tout comportement venant d'elle aurait eu le même effet, j'en étais intimement convaincu. Elle. Elle seule pourrait nous délivrer de nos souffrances les plus ancrées, les plus enfouies. Elle l'avait déjà fait pour Andrew et sa crainte profonde de perdre ses proches qui l'avait longtemps poussé à instaurer une grande distance entre lui et les autres, bien qu'il ne s'en rendait pas compte lui-même. Chose forte idiote quand son attirance pour Tamara, et la réciprocité de celle-ci, était une évidence pour toutes personnes les voyant dans la même pièce. Pourtant il avait fallut que notre princesse apparaisse pour qu'il se décide enfin à s'approcher de sa sangsue préférée. Elle nous changeait, nous permettait de nous tourner vers un avenir que nous avions tous décidé de fuir. Ou peut-être était ce juste le passé que nous fuyons et le futur se dérobait alors sous nos pieds car si nous n'étions pas apte à retracer notre passé, comment pouvions-nous espérer arpenter un quelconque futur ? 

- Comme tu sembles plutôt parti pour les confidences, qu'est-ce que Nathan voulait que tu fasses ?

- Tu abandonnes jamais, hein ? Souris-je en lâchant un petit rire franc alors qu'elle braquait ses grands yeux sur moi, pleine d'espoir.

- Tu es pas drôle ! Geint-elle en me donnant un petit coup sur le torse. Tu n'as jamais voulu me le dire ! Qu'est-ce que vous me cachez tous les deux !

- Je ne vois absolument pas de quoi tu parles, affirmai-je dans un sérieux parfait.

Elle me fusilla brièvement du regard et je souriais à pleine dent, de plus en plus satisfait de mon petit manège. Je savais parfaitement que cette question la turlupinait depuis des années désormais, mais je n'avais pas cédé. C'était beaucoup trop gênant pour être avoué à haute voix. Mécontente, elle chercha à se dégager mais je la ramenais bien contre moi en passant mes mains derrière sa tête en la blottissant contre mon épaule. J'ébouriffai énergiquement ses cheveux et elle pesta un peu plus alors que enfin mon cœur semblait léger. Libérer d'un poids qu'elle était venue partager avec moi. Nathan avait eu raison. J'avais eu raison de le faire. 

♫ 

- Keyli n'est pas encore réveillée... nous sommes tous assez inquiet, murmurai-je en jouant de mes doigts sur mon avant-bras nerveusement. Maël n'a rien pu faire... il semblerait que son inconscience ne soit pas dû à des séquelles physiques... mais du coup, nous sommes tous impuissant. Enfin peut-être pas toi ? Si tu la voie, botte lui les fesses de ma part et dit lu de se ramener ici pour que je puisse enfin la prendre dans mes bras.

J'essayai de paraître enthousiaste mais n'y parvenais que mal. Mon sourire se dissipa alors que je contemplai la pierre tombale où s'étalait en grosses lettres noires le nom de Nathan. Je n'avais pas besoin de faire semblant. Je n'avais pas besoin de faire comme tous les autres personnes vivant actuellement à Dacer. Nous tâchions tous de paraître serein, d'être comme d'habitude alors que nous mourions, en réalité, d'inquiétude. Rien ne nous garantissait que Keyli se réveillerait. Elle avait vu sa mère mourir sous ses yeux et, pour le peu que Maël nous avait dévoilé, elle avait réellement cédée à une douce folie que je connais plus que quiconque. Et parfois il était dur d'en revenir. Il fallait en avoir l'envie. Mais un monde que l'on savait absent de ceux que nous aimions n'incitait pas au retour, il poussait à s'enfoncer dans la noirceur. Je secouai la tête vivement. Elle n'était pas comme moi. Elle était plus solide. Et elle avait encore beaucoup de personne qui l'attendait. Je l'attendais. Alors elle reviendrait. Elle se réveillerait. 

- N'est-ce pas ... ?

Ma voix se perdit dans un silence de marbre. Je soupirai, me laissant tomber en arrière, mon dos contre l'herbe humide d'une rosée fraîche. Il était tôt. Dacer était encore endormi. La forêt tout entière émergeait encore à peine alors que le soleil s'était levé depuis seulement quelques minutes. Je n'arrivai pas à dormir. Kenan non plus d'ailleurs. Lui et Maël faisait les poireaux dans sa chambre tandis que moi je n'arrivai plus à rester dans cette pièce à la contempler, impuissant. Je n'osai plus y mettre les pieds. Ma gorge se noua et je fermai les yeux précipitamment. Elle reviendrait. Elle reviendrait forcément. Elle ne nous abandonnerait pas. Elle ne m'abandonnerait pas

Mais savait-elle seulement que je l'attendais ? Mes doigts se crispèrent, se refermant dans mes paumes. Elle me pensait morte. Avant de sombrer dans un état proche de celui dans lequel elle était actuellement, j'avais ressenti toute sa peine, toute sa souffrance de penser que j'étais mort. Si j'en éprouvai une part de satisfaction malsaine, j'étais surtout incroyablement inquiet. J'aurai voulu la rassurer, lui faire comprendre que tout allait bien. Mais je n'en avais pas eu la possibilité. C'était tellement rageant. J'allais bien. Et je ne pouvais même pas la rassurer. 

- Je me sens seul.

Terriblement seul. À tel point que je parlais à une tombe. À un mort qui ne me répondrait jamais. Cela en devenait ridicule. Pourtant, j'étais plus serein que lorsque j'étais arrivé ici, presque inconsciemment. Mes pieds avaient bougés tout seul, me guidant jusqu'ici. Je me redressai sur mes coudes pour fixer la tombe avant de me hisser définitivement pour m'asseoir en tailleur, soupirant. 

- Tu veux bien m'écouter encore peu le môme ? Questionnai-je dans un maigre sourire. J'ai quelques services à te demander.

J'attendis une brève seconde, décidant que le silence serait sa manière de me dire qu'il était d'accord. De toute façon, c'était mon cadet, il obéirait à son aîné. Je conservai le silence deux minutes supplémentaires cherchant les mots pour tout ce que j'avais à dire. J'avais tant de demande à formuler. Je voulais qu'il trouve mes parents. Qu'il trouve mon frère. Je voulais que tous deux deviennent amis. Ils se ressemblaient tellement que j'étais certain qu'ils pourraient s'entendre. Onacona prendrait soin de lui et Nathan lui permettrait de compenser mon absence. Tout comme il m'avait permis de compenser la sienne, même si ce n'avait été qu'infiniment. Je voulais aussi qu'il rassure mes parents, ils avaient toujours été très soucieux de moi bien que je n'en avais guère conscience. S'ils m'avaient parfois poussé sur un chemin qui n'était pas le mien, c'était uniquement par crainte que je ne parvienne pas à m'intégrer, à trouver ma place. Il devait donc les rassurer, leur dire que j'étais heureux, que j'avais trouvé un endroit que je ne voulais pas quitter. 

Ensuite, il devait retrouver Mikaël. Lui mettre un grand coup dans la face de ma part. Et de celle de Keyli. Il était mort. Presque trop aisément. Ce type était probablement le plus doué d'entre nous, alors comment avait-il pu mourir aussi facilement ? Personnes ne comprenaient. Enfin. Andrew avait émit une hypothèse. Il était mort peu de temps après la mère de Keyli. L'avait-il ressenti ? L'avait-il senti partir ? Était-ce ce qui l'avait perturbé ? Je soupirai encore alors que je ne commençai à comprendre pourquoi Keyli le faisait si souvent. Cela avait quelque chose d'agréable de soupirer. 

- Je... avant tout j'ai une question pour toi.

J'hésitai. Je ne m'étais jamais confié à qui que ce soit sur ce sujet. J'aurai voulu pouvoir le dire à Andréa, mais c'était difficile de lui parler quand cela concernait sa lié. Je me mordais la lèvre, mes yeux fouillant un instant l'endroit pour m'assurer que personne ne se trouvait dans les alentours. J'inspirai longuement, expirai. 

- Cela fait un moment que je me demande... si je ne devrais pas... prendre un peu mes distances avec Keylinda, murmurai-je faiblement, les doigts crispés. Pas que j'en ai envie..., ajoutai-je d'un rire nerveux. Pas le moins du monde... mais... je ne supporterai pas de la perdre. Je suis déjà attaché à elle plus que je ne le serais à quiconque... sans vraiment que je ne comprenne pourquoi.Et on a toujours la sensation que si nous aimons quelqu'un de façon aussi intense, personnes ne pourra nous l'arracher. Mais je sais à quel point cette pensée est étonnée... j'ai trop souvent perdu des gens que j'aimais. Si je m'attache encore plus à elle et qu'elle venait...

Je me mordais durement la lèvre. Mon cœur se serrait lourdement alors qu'il refusait cette possibilité. Je m'étais relevé à de trop nombreuses fois. J'avais réussi à relever la tête, à me tenir droit malgré toute la souffrance qui avait voulut m'écraser au sol. Je ne supporterai pas une énième chute. Et son inconscience actuelle avait ravivé cette peur profonde qui était née à la mort de Nathan. Sans elle, comment étais-je censée me relever ? Je soupirai lourdement. Et depuis quand cette année était-elle devenue aussi importante ? Je retenais un sourire en coin tant la réponse me semblait évidente : dès le premier soir. Kenan ne m'avait pas ordonné de la réconforter si nécessaire, pas plus qu'il ne m'avait dit de lui parler. Je devais juste rester en retrait pour veiller à ce que personne ne lui arrache la tête. Mais je n'avais pas su résister. J'avais ressenti ce besoin violent d'aller vers elle, de faire disparaître les larmes qui couraient sur ses joues. 

Tout semblait aujourd'hui arrangé, Geoffrey était mort, les partisans de Borvo si affaiblit que je doutais qu'aucun ne tente de reprendre le flambeau laissé tiède par Geoffrey. Pourtant, j'étais persuadé que Keylinda restait en danger. Elle le serait toujours. Le monde marqué regorgeait d'être corrompu par le désir de puissance ou de domination. Et ces deux termes étaient l'apanages de ma  cher princesse. Elle représentait ce qu'ils ne pouvaient réellement atteindre. Ils voudraient donc la faire disparaître. Je me crispai. Combien de fois allais-je devoir supporter de voir son visage blême et son corps immobile dans un lit dont elle ne ressortirait peut-être pas ? Elle n'était pas égrotante, mais elle attirait un danger plus grand que de simple maladie. 

- Mais... en réalité, je suis incapable de m'éloigner, ris-je nerveusement. Cela ne fait que quelques jours qu'elle dort et j'ai déjà l'impression d'être incomplet. Comment pourrais-je envisager de la laisser ? Surtout qu'il est hors de question que je l'abandonne. Je ferai tout pour que mes craintes ne se réalise pas... c'est juste...

Je me stoppai. Encore. Il était difficile d'exprimer des sentiments que j'enfouissais depuis des mois. Je n'avais pas voulu me focaliser sur ces pensées durant la guerre qui nous opposait à Geoffrey, mais désormais, en attente de son réveil, j'avais un temps libre plus que conséquent. Je fixai intensément la tombe qui me faisait face, comme si, soudainement, il allait en surgir pour m'intimer de continuer. Mais il ne le ferait pas. Je baissai les yeux, contemplant mes jambes repliées avec un intérêt nouveau. 

- C'est juste que je ne sais pas s'il est raisonnable que je reste aussi proche d'elle, repris-je plus calmement. Et pourtant, ma question ne va pas être de savoir si je dois m'éloigner. Je sais que, en toute logique, si je souhaite me protéger, je dois le faire. Ma question est tout autre.

Je marquai un plus petit temps d'arrêt, volontaire. Je savais déjà quels mots allaient former ma demande, mais mon cœur battait dans ma poitrine dans une impatience profonde d'enfin les formuler à voix haute. J'inspirai longuement, mes doigts crispés sur mes cuisses. Et je me lançai : 

- Je veux devenir plus important pour elle. Je veux être là à chaque instant où elle en aura besoin. Je veux faire plus encore partie de sa vie... est-ce que tu pense que j'en ai le droit ? 

Cette question n'avait aucune logique. Ça allait contre tous ces sentiments qui m'assaillaient, contre cette peur profonde que j'avais de la perdre. Je savais que si cela advenait, je ne m'en remettrai pas. Aucun de nous ne le pourrait. Mais il m'était plus insupportable encore d'imaginer m'éloigner d'elle. Et au fond, n'était-il pas trop tard pour envisager nous écarter ? Je l'aimais déjà plus que de raison. Pas besoin d'être un fin psychologue pour le remarquer. Lutter ne servirait sans doute à rien. Alors toute la question reposait sur cette interrogation : est-ce que j'avais le droit de m'immiscer un peu plus dans sa vie ? 

Elle avait déjà nombre de personne lié à elle. Kenan et Maël en tête de liste, suivit de près par un Andréa peu désireux de se faire déloger de sa troisième place. Plus problématique encore, elle était vouée à une destinée que nous ne comprenions encore que mal. Il y avait une chance qu'un jour elle soit notre déesse, qu'elle soit si importante quand pauvre petit loup ne trouve pas sa place à ses côtés. Pouvais-je prétendre m'imposer ? Je me mordais la lèvre. Oh que oui. Et c'était mal me connaître de penser que j'allais gentiment me faire discret. On ne mettait pas de côté le fabuleux loup-garou que j'étais. Elle avait déjà besoin de moi. Enfin. Je crois. Je soupirai. D'accord. C'était surtout moi qui avait besoin d'elle. 

Mais si j'étais peu soucieux du regard des Dieux sur mon comportement, j'étais inquiet du regard des autres. Je voulais agir capricieusement. Je voulais m'imposer. Je voulais exiger d'elle une attention particulière, une place particulière. C'était digne d'un enfant en bas âge qui quémandait une chose qu'il n'était pas en position de recevoir. Je fis la moue. Et puis, pourquoi n'aurais-je pas eu ce droit ? J'étais fichtrement classe pour un loup-garou. D'accord, je n'étais pas rattaché a à quelconque Dieu, mais je rivalisai en classe et en beauté avec n'importe quel marqué. Enfin la classe dépendait des jours. Mais j'étais drôle. Personne ne pouvait la faire rire autant que moi. Si ça ce n'était pas l'argument ultime. 

- Je veux vraiment faire partie intégrante de son futur, murmurai-je, mes doigts se serrant. Mais j'ai de plus en plus la sensation que je ne dois pas le faire...

Kenan resterait à ses côtés, tout comme Maël et Andréa. Eux étaient en droit d'être à ses côtés. Mais moi, je n'avais pas été choisi par Dana pour avoir un lien si unique avec elle. Et j'étais foutrement jaloux. Je n'étais peut-être pas amoureux d'elle, mais je n'étais stupide au point de ne pas me rendre compte qu'elle était unique en son genre. Une meilleure amie. Une petite sœur. Plus encore, une reine de cœur. J'aimais cette appellation qui faisait écho à son surnom de princesse. Ce premier titre lui avait été acquit dès la première seconde où je l'avais vu. Pleurnicheuse. Fragile. Un petit côté précieuse ridicule et naïve. Je souriais en coin. Si elle savait pourquoi j'avais commencé à la surnommer ainsi, elle me tuerait sur place. J'avais bien mal analysée le monstre qui se dessinait sous ces larmes de crocodiles. Je grimaçai. Depuis quand je faisais des métaphores animalières, moi ? Je pouffais. Je crois que je devinai aisément d'où provenait cette nouvelle habitude langagière. 

Princesse était finalement devenu un surnom emplit de sentiment. C'était le surnom que j'étais le seul en droit d'utiliser. Moi, son premier preux chevalier quant elle avait été entouré de faux prince charmant. Je n'avais ni l'armure, ni l'allure, ni même le cheval blanc. Mais j'étais terriblement heureux de pouvoir arborer ce titre quand j'avais à cœur de la protéger et de veiller sur elle. Plus seulement parce que Kenan me l'avait ordonné, mais bel et bien parce que j'en éprouvai l'envie. 

Et puis la princesse était finalement montée sur le trône. Elle était devenue reine. Ma reine de cœur. Après Jena, je m'étais promis de ne plus tomber amoureux. Trop de problème, trop de souffrance, trop de règle. Je n'avais aucune envie de retenter l'expérience. Une fois. Pas deux. Je préférai largement batifoler à droite et à gauche. La séduction était un jeu que j'appréciai tout particulièrement. Après tout, ce sentir désiré n'était-il pas la chose la plus délectable qui soit ? Ainsi, je donnais mon corps à ce jeu. Et je donnais mon cœur à la seule personne qui ne le briserait pas. La seule personne à qui j'avais encore envie de le donner. Elle. Elle et elle seule. Je rougissais légèrement et grognai en contemplant la tombe de Nathan : 

- Je te voie venir, assurai-je plus fortement. Je ne suis pas amoureux d'elle ! C'est pas dans ce sens là ! Cette nana a rien de sexy, elle se comporte comme un bûcheron et elle a un caractère de vrai louve durant une pleine lune ! Je n'ai sinistrement aucun désir envers elle et jamais je ne pourrais l'envisager comme une petite-amie ! Donc me soûle pas ! C'est juste... qu'elle est vraiment importante pour moi et que je ne sais pas trop comment l'exprimer autrement.

Ma voix avait finit par retrouver un ton plus calme. Il était dur d'exprimer ses sentiments quand nous en avions guère l'habitude. Je fis la moue avant de me redresser, époussetant distraitement mon pantalon tâché. Et qui le resterait. Je m'en fichai pas mal car rien ne pouvait gâcher ma beauté naturelle. Je patientai une minute supplémentaire mais dû me rendre à l'évidence. Nathan n'allait pas soudainement réapparaître pour me dire que je devais le faire, que je devais tout mettre en œuvre pour rester dans la vie de Keylinda. Coûte que coûte. 

Je me détournai donc, enfonçant mes mains dans mes poches et me rendant jusqu'à la chambre de celle qui me tourmentait tant. Il allait falloir que je me décide seul. Étais-je assez digne pour me tenir à côté d'elle toute sa vie ? Je me renfrognai alors que la réponse qui voulait me sauter aux yeux étaient un non immense. Après tout, comment pouvais-je me penser digne d'une telle chose quand je n'avais pas été capable de sauver Nathan ? Je ne l'étais pas. Il fallait sans doute que je me fasse une raison. Au dernier moment, plutôt que de m'engouffrer dans le couloir qui me mènerait à la chambre de Keylinda, je déambulai dans le manoir. Le regard vide et le cœur trop lourd. 

♫ 

- Est-ce que tout le monde a compris ?

Un grand oui général me fit frisonner d'impatience. Ils semblaient motivés, cela promettait. Je me frottais vivement les mains alors que, à ma droite, Keylinda soupira lourdement en attirant mon regard. Je lui balançai un coup de coude en lui décochant un sourire resplendissant. Elle ne daigna même pas y répondre, conservant une expression agacée. Je redonnai un coup et elle osa grogner alors qu'elle était devenue ma coéquipière attitrée. C'était un honneur incroyable, elle aurait dû bondir de joie. Surtout que ce titre lui garantissait pratiquement la victoire. Sur dix jeux que j'avais organisé, nous étions sortit victorieux sept fois. Score qui aurait pu être plus important si Tamara n'était pas venue gâcher mon plaisir à trois reprises. Cette sangsue était dès plus coriace. Je me massai la nuque, douloureuse au souvenir d'une Tamara prête à me dévisser la tête. Elle savait que cela ne me tuerait pas. Donc aucun scrupule. Je grimaçai. Folle furieuse

D'un regard en coin, je la contemplai alors que, évidemment, elle participait encore une fois. Tss. En plus, elle avait réussi à convaincre Cyriel d'être son partenaire. Habituellement, elle parvenait à traîner Andrew mais celui-ci avait une réunion importante. Malheureusement. Je préférai largement l'intelligence implacable d'Andrew que l'imprévisibilité fourbe de l'elfe. Mais, fort heureusement, mon choix d'activité était propice à notre victoire, je pouvais donc fanfaronner sereinement : 

- Cette fois le gagnant aura le droit d'infliger un gage à tous les autres participants, repris-je donc avec entrain alors que Keylinda écarquillait les yeux tandis que j'avais omis de la prévenir de ce petit détail sans importance. Et comme j'aurai cet immense plaisir, je vous annonce déjà votre supplice : le prochain d'entre vous qui aura un enfant, devra le nommer Androush.

Un silence plat fit écho à mon annonce, me décevant grandement. J'avais espéré une vague de protestation. Mais rien, juste un silence plat alors que tous tournaient leurs yeux vers Keylinda, comme si celle-ci allait ouvrir la bouche dans une action divine. Mais elle était impassible. Quelle déception. Androush était pourtant un nom particulièrement affreux, non ? Qui voudrait appeler son môme ainsi ? D'accord nous étions à une époque où Google, Katana, Jedi, Clitorine, Paracétamol et Zelda se côtoyaient dans la cours de récrée. Mais quand même. Androush. Je savais que j'aurai dû choisir Justinique. Un mélange entre « juste tu niques » et « juste unique » au choix. 

- Il plaisante, finit par soupirer Keylinda en venant appuyer sur main sur l'arrière de mon crâne. Votre gage sera simplement de manger quelque chose cuisiné par Kenan.

Cette fois, des gémissements de dégoût se firent entendre et je croisai les bras sur mon torse. J'admettais que la cuisine de Kenan était affreuse, nous en avions déjà fait les frais une unique fois. Mémorable. Après une dispute houleuse avec Keylinda, il c'était mis en tête de lui prouver qu'il pouvait aussi être un mari idéal. La catastrophe avait été total quand les cuisinières de notre cantine ont intervertit les plats par mégarde. Intoxication alimentaire de tous ceux ayant eu la malchance d'être les premiers à entrer dans la cafétéria. Cela avait concerné moins d'une dizaine de personne mais cela avait suffit pour répandre une réputation parfaite au démon. Mais quand même. Androush était plus subtile que la simple menace de manger quelque chose de répugnant. C'était tous des petits joueurs. 

- Je ne plaisantai pas ! M'indignai-je donc en chassant sa main de mon crâne.

- Je sais, affirma-t-elle naturellement. Mais ce futur enfant ne t'a rien fait, laisse-le donc tranquille. Tu ne peux pas impliquer quelque chose d'aussi important qu'un prénom. 

- Je m'appelai bien Nashobatekoa, j'ai survécu, désapprouvai-je avant de bougonner. Tu es vraiment pas drôle.

- Si tu râles, je ne participe pas.

Je grognai et elle fit de même. Nous nous affrontions du regard un instant et je ne pu m'empêcher de sourire avant de passer mon bras autour de son cou pour venir frotter, vigoureusement, ma main dans ses cheveux. Elle protesta vaguement mais j'annonçai déjà le top départ de notre compétition consistant à réunir le plus rapidement possible diverses objets répartis dans la forêt. Tous les coups étaient évidemment permis. Mais ils n'étaient pas au bout de leurs surprises. Je n'avais aucunement précisé quel type d'objet il devait trouver. Je souriais à pleine dent. Il était tellement aisé de dérober quelques affaires à mes amis lorsqu'ils m'invitaient dans leurs chambres. Lorsque Keyli réalisa enfin ce que j'avais fait, je me mettais à courir en éclatant de rire, poursuivit par une princesse vociférant que je n'étais qu'un crétin. 

Je venais de la motiver à trouver la première son short à motif fraise qu'elle utilisait parfois pour dormir. Mais elle ne devait pas se plaindre, ce n'était pas l'objet le plus honteux que j'avais subtilisé pour mon petit jeu. Tamara était sans doute celle qui allait le plus rougir de constater que l'un de soutien gorge ultra-rembourré allait confirmer ce que tout le monde pensait : Tamara était plus plate qu'une limande mais essayait tant bien que mal de faire croire l'inverse. Bien évidemment, pour rendre cela plus amusant j'avais inscrit le nom de chaque personne à qui appartenait le vêtement, l'objet ou toute autre chose que j'avais jugé intéressant d'emprunter. Je n'étais pas un voleur, ils allaient tous récupérer leurs affaires. Je bouillonnais d'impatience de voir leurs visages rougissants ou déconfits. 

J'éclatai un peu plus de rire alors que Keyli finissait par simplement lever les yeux au ciel, un large sourire aux lèvres alors que mes gamineries l'amusait tout autant que moi, même si elle ne l'avouerait pas. Et puis, je n'étais pas cruel. Moi aussi j'avais mis un objet m'appartenant. Un magnifique slip éléphant. Avec la trompe et les oreilles. Le plus beau de ma collection. Et je savais d'avance qu'il m'était obligatoire de remporter ce jeu car mon gage serait, sans aucun doute, de le porter si j'avais le malheur de perdre. Le pari était risqué. Mais n'était-ce pas plus amusant ainsi ? Je souriais béatement en me retournant vers Keylinda, attrapant sa main pour la pousser à avancer plus vite. 

Je ne savais pas si j'avais réussis à m'assurer une place définitive à ses côtés. Mais ce dont j'étais certain, c'était que j'étais heureux. Réellement heureux. Tout comme elle. Et je ferai tout mon possible pour que cela perdure encore des centaines de millions d'années. 

Elle était ma reine de cœur. Et j'espérai être son bouffon.

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