- Depuis quand nous as tu repérée ? Me questionna une voix féminine.

- Un moment, soufflai-je calmement.

- Alors pourquoi avoir laissé ton ami partir ? Nous sous-estime tu ?

La voix rauque était menaçante mais je ne me démontai pas, mes épaules restant immobiles alors qu'un homme sautait habilement des branches d'un arbre pour se planter devant moi. Grand. Mince. Il n'avait pas l'allure d'un guerrier mais son assurance ne laissait aucune place au doute : il n'avait clairement pas peur de moi. Et je doutais en réalité qu'il ait peur de quiconque. La tête droite, ses yeux claires tranchaient avec sa peau mâte. Des cheveux bruns tombaient en cascade dans sa nuque alors qu'une mèche épaisse barrait son front. Il faisait dans les vingts cinq ans et une fine cicatrice se glissait dans sa nuque juste au-dessus de l'encolure de sa chemise blanche. Je ne reculai pas quand il avança dans ma direction, sa langue passant sur ses dents de façon visible pour me signaler qu'il n'était pas aussi fragile qu'il en avait l'air. Un vampire.

- Calme-toi Keona, ordonna la voix féminine. La tuée serait regrettable.

- Tu parles, tu es aussi en colère que moi, gronda l'homme. Elle pense pouvoir faire le poids contre nous.

Je plissai vaguement les yeux alors que la femme apparaissait à son tour, se mouvant élégamment. Petite. De long cheveux raides et des yeux aussi sombre que ceux de Kenan quand il était en colère. Sa peau était pâle. Ses yeux bridés ne trompaient pas sur ses origines. Sa taille était fine mais ses jambes étaient musclées, tout autant que ses bras. Elle était une guerrière. De petites oreilles pointus dépassaient de ses longs cheveux, me donnant l'information que je cherchai plus précisément.

Un vampire. Une elfe. Tout deux armées. Elle avait une lame glissée dans les plis de sa jupe, la forme légèrement recourbée du vêtement ne laissant guère de doute. Lui avait ses dents et cela lui était clairement plus utile que toutes les armes crées par des mains. Mais je savais a quoi m'attendre dès l'instant où j'avais perçu leurs présences, je savais que je faisais le poids. Il n'y avait aucun doute a avoir, aussi prétentieuse que soit cette pensée.

- On ne doit pas s'énerver, articula la femme alors qu'elle détestait visiblement le manque de peur dans mes yeux. Elle est une gamine, elle n'a pas conscience de ce qu'elle fait.

- Et je me fiche profondément de son âge. Daichi nous a demandé de la ramener vivante, mais il n'a rien précisé sur son état globale. 

- Ce n'est pas faux, sourit la femme avec un rictus de plaisir. On peut bien s'amuser un peu.

Plus vive que je ne l'avais pensée, elle se jeta dans ma direction. D'un mouvement brusque je m'écartai, évitant de justesse le pied qu'elle tentait de me balancer en plein visage. Je me penchai en arrière, ma main glissant sur le sol pour me permettre de m'appuyer et dans une acrobatie élégante de me retrouver sur mes pieds. L'elfe me toisa aussitôt, fronçant ses épais sourcils noirs. Ce n'était pas moi qui les avais sous-estimés, c'étaient eux qui débordaient d'une arrogance que je commençai à penser propres aux marqués.

Elle fonça à nouveau dans ma direction, balançant cette fois ses poings en alternant vivement la gauche et la droite. J'esquivai simplement, tapant dans son poignet avec sobriété quand je jugeai que je ne pouvais pas l'esquiver. J'étais calme. Mon cœur ne tambourinait pas dans ma poitrine et j'analysai simplement les capacités de mon adversaire comme on me l'avait enseignée. Habile. Rapide. Mais trop impulsive. Ses coups partaient en tout sens, elle semblait vouloir établir un plan mais il était bien trop prévisible. Elle me forçait a reculer, du moins était-ce ce qu'elle espérait. Violemment, je me retournai alors que le dénommé Keona s'était glissé dans mon dos, mon genou atterrit dans son abdomen sans aucun scrupule et ma main libre appuya sur sa nuque pour le forcer a se courber en avant. Mes yeux devinrent aussi blanc que neige et la jeune femme se stoppa nette dans son mouvement de vouloir m'éloigner de son ami, qui était désormais dans l'incapacité de bouger. Je pointai mon arme dans sa direction, méfiante, malgré tout, face à ses réactions.

- Un seul pas dans ma direction et il est mort, articulai-je. A toi de voir si tu veux prendre le risque de mettre sa vie en danger.

- Tu ne peux pas tuer un marqué aussi aisément, cracha-t-elle avec méprit sans pour autant oser s'avancer. Tu bluffes.

- Alors tu prends le risque ?

Ma main appuya plus fermement sur sa peau et il gémit de douleur, j'écartai cependant aussitôt mes doigts, m'éloignant a une bonne distance alors que tous deux se replaçaient déjà en positions défensives. Elle s'assura, d'un bref regard, que son ami allait bien et il hocha lourdement la tête sans détourner ses yeux de mon visage. Je souriais vaguement alors qu'ils étaient désormais hésitant à me foncer dessus sans réfléchir. C'était eux qui me sous-estimait, pas moi. Je savais qu'ils étaient dangereux mais je n'avais plus l'intention de laisser quelqu'un penser que j'étais une cible facile. Je ne serais plus jamais une cible facile. Plus jamais. Je serrai les poings, la mâchoire crispée et le vampire feula a mon attention, percevant le changement dans mon comportement.

Je secouai la tête. Ce n'était pas le moment d'avoir de sombres pensées, ni le moment de me rappeler tout ce que m'avait fait subir Gareth. Sa présence me chamboulait bien plus que je ne voulais me l'avouer, mais je devrais régler ce problème plus tard. Je me détendais un peu et pour calmer le jeu, rangeait mon arme. Je n'avais aucune intention de les blesser, je ne faisais que mettre les choses aux claires.

- Devon manque de patience, soufflai-je sobrement. Il n'aurait pas écouté si vous m'aviez menacé, j'évitais simplement les conflits.

- Et tu avais malgré tout la prétention de pouvoir t'en tirer seule, cracha l'homme avec dédain.

- C'est vrai, admis-je en passant ma main dans ma nuque un peu gênée. Je suppose que je suis devenue arrogante, mais j'ai décidée que je ne serais plus faible, rajoutai-je en cessant de triturer ma nuque pour planter mes yeux dans les siens. Je dois protéger mes amis. Et des gens comptent sur moi, je n'ai plus le droit de jouer les enfants.

Mon ton était calme, ni hautain, ni froid. Juste calme. Keona me fixa une longue minute avant de changer enfin de position, tirant vaguement sur sa chemise pour la remettre en place. La femme qui l'accompagnait se détendit aussitôt. Ils étaient proches. Peut-être un couple. Cela expliquerait leurs aisances a agir ensemble sans que la moindre parole ne soit échangée.

- Puis-je savoir qui vous êtes ? Interrogeai-je au bout de quelques minutes.

- Je doute que nos noms te parlent, affirma la jeune femme en posant ses mains sur ses hanches avec désinvolture. Mais je me nomme Akina et lui c'est Keona. Nous faisons partie d'une organisation qui dirige plus où moins la partie asiatique du monde marqué. Daichi est notre leader et il souhaite te rencontrer.

- Et pourquoi n'a-t-il pas pris la peine de se déplacer en personne ?

- Nous sommes une organisation puissante, siffla Keona avec fierté en bombant le torse. Beaucoup de nos membres sont puissants, il est donc aisé de deviner que nous avons aussi de nombreux ennemis.

- Daichi n'a jamais voulu prendre part aux guerres qui ravagent encore notre monde, rajouta Akina. Il maintient simplement une certaine paix dans les pays asiatiques, veillant a en faire une terre d'asile pour ceux qui le souhaite. Mais tu te doutes que ce n'est pas au goût de tout le monde et il ne pouvait pas prendre le risque de venir lui-même, sa vie est bien trop précieuse.

Sa voix se faisait plus douce quand elle parlait de cet homme. Elle le respectait, l'admirait et le considérait probablement comme aussi précieux que quelqu'un de sa famille. Ce simple fait emplissait ma poitrine d'un sentiment : la confiance. Daichi n'était pas quelqu'un de mauvais, on ne pouvait pas aimer quelqu'un avec une telle sincérité sans que cette personne soit totalement mauvaise.

Je hochai donc la tête, un peu négligemment alors qu'ils me fixaient en cherchant probablement à me sonder. Chose bien vaine, mon esprit était fermé, aucune de mes pensées ne m'échappait. Ils durent donc renoncer à cette idée et ce fut Akina qui s'avança la première, reprenant la parole sans que la moindre animosité ne se glisse sur son visage sérieux et froid :

- Il nous a demandé de t'amener à lui. Nous avons mal agi envers toi en t'attaquant et je comprendrais ton refus de nous accompagner, nous avons été menaçant alors que nous avions pour ordre de juste venir pacifiquement. Cependant, je me vois malgré tout dans l'obligation d'insister. Daichi souhaite réellement te rencontrer, Keylinda Tuatha de Dannan. Et il est hors de question que je le déçoive, ajouta-t-elle finalement redevenant plus intimidante.

- Vous manquez pas de cran, siffla une voix masculine que je reconnaissais sans surprise. Vous savez a qui vous avez a faire ? Elle a peut-être l'air d'une princesse, mais en vérité c'est un vrai bûcheron.

Devon glissa son bras autour de mon cou alors qu'il n'avait aucunement caché son arrivé, avançant sans la moindre hésitation vers nous. Son esprit effleurait le mien et je savais qu'il pouvait y accéder. Je faisais partie de sa meute en tant qu'alpha. Si l'idée ne me plaisait toujours pas, je devais admettre que cela avait un côté pratique. Devon me lança un regard en coin, hochant la tête a mes directives muettes.

- Nous ferons le nécessaire pour la ramener, articula Keona.

- Elle n'ira nulle part, souffla Devon avec plus de froideur en plantant ses yeux dans ceux du vampire. Je veux bien me montrer gentil, mais si vous posez vos salles pattes sur elle, je n'hésiterai pas une seule seconde.

- Le petit toutou à sa mémère sort les crocs ? Lança Keona en souriant. Je t'attends mon tout beau, montre-moi tes talents.

- Elle me drague la sangsue ? Sourit à son tour Devon sans se démonter. Je suis désolé, je me fais pas les vampires, ça tient pas assez le rythme.

Keona se voûta en avant, n'appréciant visiblement pas les paroles de Devon qui étalait son plus beau sourire avec un calme sidérant. Je levai vaguement les yeux au ciel et me plaçait un peu en avant, glissant un bras devant cet idiot de loup-garou. Il plaça ses mains derrière sa tête négligemment alors qu'il m'offrait toute sa candeur habituelle. Il était vraiment une catastrophe ambulante. Je le fusillai du regard alors qu'il avait clairement envenimé la situation quand j'avais expressément dit que je ne voulais pas de conflit. Je soupirai. Néanmoins, j'avais conscience qu'il avait ressenti le besoin de lancer un avertissement. Il ne laisserait plus personne m'enlever, plus personne me séparer de lui. Non. D'eux.

J'aurai dû me douter qu'en laissant accès à mes pensées à Devon, le premier informé serait Kenan. Puis le reste du petit groupe. Au grand complet. La porte de l'hôtel se fracassa contre le mur alors que Kenan la poussait violemment, ses ailes déployées le portèrent juste devant moi, me laissant le plaisir d'admirer son dos. Je fermai les yeux et inspirai brutalement. Ne le transforme pas en merguez. Tu as réussi à l'épargner jusque-là, tu peux encore le faire. Pas de merguez. Pas de chipolata. Peut-être juste le bas du pantalon ? Je me mordais la lèvre.

Une main se glissa sur mon épaule et je n'ouvris même pas les yeux, sachant pertinemment que Maël venait de se placer a mes côtés. Je n'osai pas répondre a ce geste, toujours trop incertaine face à lui. Je hochai sobrement la tête pour le remercier alors qu'il influait du calme à mon esprit, veillant ainsi à la survie de son frère.

- Barrez-vous, ordonna la voix rauque de Kenan.

- Pas sans elle, assena Akina avec un calme parfait.

- Vous êtes suicidaire ? Gronda Tamara. Vous n'avez aucune chance.

- La petite aurait déjà pu nous tuer si elle l'avait souhaitée, ne respectez-vous pas les envies de votre dirigeante ? Rétorqua-t-elle froidement.

- Elle n'est pas no...

- C'est bon, assenai-je en coupant la parole à un Kenan qui me fusilla aussitôt du regard. Je ne suis pas leur dirigeante, ils sont libre de faire ce qu'ils souhaitent. Cependant je suis libre aussi. J'accepte de vous accompagner.

- Je te l'interdis ! Gronda sourdement Kenan en attrapant mon poignet que je lui retirai d'un geste sec. Ne recommence pas tes histoires !

- Mais j'émettrai deux conditions, soufflai-je sans me soucier de ses paroles.

- On t'écoute, affirma Akina.

- J'emmène avec moi une escorte, annonçai-je alors que Kenan s'adoucissait légèrement. Tout comme Daichi, j'ai des ennemis et je ne prendrai pas le risque de me déplacer seule. Sept personnes m'accompagneront.

- Très bien, approuva-t-elle en haussant les épaules. Je n'y vois aucun inconvénient. Quelle est ta seconde exigence ?

- J'aurai besoin de trente minutes, annonçai-je. Le temps de parler avec mes amis et de m'organiser.

- Cela me convient, nous ne sommes pas pressés. Cependant, ajouta-t-elle en détournant ses yeux des miens pour les poser sur ma droite. Lui ne vient pas. C'est notre condition.

J'acquiesçai sans avoir la moindre envie de protester, ce n'était pas comme si je comptais emmener cet homme avec moi. Mes yeux croisèrent ceux de Gareth dont l'indifférence restait la même. Bianca tenta de me sourire pour attirer mon attention et je tâchai de lui rendre son sourire gêné malgré mes réticences, mais me détournai rapidement. Je n'avais que peu de temps et j'avais besoin d'établir un plan cohérent. Je savais que je jouais un jeu dangereux. Je ne savais rien de ce Daichi et j'avais conscience que tout cela pouvait être un piège, cependant mon instinct me disait de foncer. Que je devais le rencontrer.

Marchant en tête, je ne fus guère surprise d'être suivit par la majorité du groupe. Seuls quelques loups-garous restèrent sur place, veillant probablement à ce que la vampire et l'elfe ne tentent rien, bien que je doutai qu'ils agissent en sachant qu'ils avaient eu gain de cause. Pourquoi prendre un tel risque quand ils avaient obtenu ce qu'ils souhaitaient ? Andrew accéléra le pas pour se placer a mes côtés, ses yeux se faisant inquisiteur.

- Tu es sûr de toi ?

- Oui, affirmai-je sereinement. Kenan, Andréa, Mikaël, Devon, Tamara, Nathan et toi vous m'accompagnerez là-bas. Les autres vous restez ici en attendant l'arrivée d'Epona et de Saphira. Nous reviendrons rapidement.

- Je devrais venir avec vous, souligna Maël en saisissant mon bras, ses sourcils largement froncés. Si l'un d'entre vous est blessé, vous n'aurez pas de guérisseur sous la main.

- Faux, rétorquai-je en me dégageant sans le regarder. Si blessure il y a, je serais apte a les soigner.

- Si tu dois combattre, tu ne pourras pas faire les deux, rétorqua Maël platement. Ne soit pas imprudente, Keylinda. Laisse-moi t'accompagner.

- Écoute, soupirai-je en me retournant face à lui. Je sais ce que je fais. Je ne t'écarte pas parce que je n'ai pas envie que tu m'accompagnes. Je suis juste logique. Bianca et Gareth resteront ici, j'ai besoin d'être certaine que tout se passera bien ici pour pouvoir gérer ce problème en toute sérénité. De plus, je ne peux pas laisser Kenan se charger de ça à ta place, il est trop instable avec Gareth, à la moindre provocation il exploserait.

- Tu peux nous emmener tous les deux, rétorqua Maël sans se démonter.

- Et laisser votre sœur seule, c'est vraiment ce que vous souhaitez ?

Kenan et Maël échangèrent un bref regard, l'ange soupirant aussitôt. J'avais vu juste. Jamais ils ne laisseraient leur sœur, fraîchement retrouvée, seule. Je me détournai donc, jugeant que la conversation était close. Maël ne protesta plus mais je perçu bien son mécontentement et son inquiétude. Il détestait l'idée de ne pas pouvoir veiller sur moi. Je serrai les poings, plantant mes ongles dans mes paumes.

- Tu n'as plus a avoir ce genre de penser, assena brutalement Kenan.

Je me stoppai, le cœur battant a tout rompre dans ma poitrine. Je fermai les yeux et tentai de me calmer. Ce n'était pas le moment, ni pour eux, ni pour moi, d'avoir ce genre de conversation. Maël allait ouvrir la bouche mais Tamara se glissait déjà entre les deux frères en se faisant fusiller du regard par le démon qu'elle ignora royalement.

- Vous n'en faites qu'a votre tête l'un comme l'autre, balança-t-elle froidement. Je me fiche pas mal de vos sautes d'humeur où que vous ayez envie de vous étriper l'un l'autre. Faite vous plaisir et arrêtez de venir chouiner dans ses jambes. Elle n'a pas besoin de ça, encore moins en ce moment.

Elle attrapa mon poignet et me tira derrière elle sous le regard médusé de Maël et Kenan, mais elle ne leur laissait pas la moindre occasion de protester. Elle fonçait jusqu'à la chambre, Andrew sur nos pas tentant de canaliser sa furieuse petite amie. Je souris en coin. Tamara était réellement une bonne amie, n'est-ce pas ? Elle me lança un regard en coin, mécontente de ma penser et je serai plus fort ma main sur la sienne, sincèrement reconnaissante. Elle rougit légèrement et se détourna, maugréant tout bas quelques insultes.

J'avançai plus sereinement, essayant de me concentrer sur ma tâche principale. Il ne fallait rien laisser aux hasards. Gareth pouvait très bien avoir fait appel à  eux pour nous guider droit dans un piège et profiter que notre groupe doivent se séparer en deux. Plus silencieusement, je marchai mon esprit encombré de pensée et une fois dans notre chambre je me dirigeai aussitôt vers mon lit, dégageant de sous le matelas mon arc. Je le glissai autour de ma poitrine et fis face aux autres qui attendaient patiemment mes consignes. Mon cœur se gonfla. J'avais tort. Peut-être que Kenan ne me considérait toujours pas autrement que comme une gamine, mais les autres avaient désormais fois en mes décisions.

- Josh, soufflai-je pour le faire s'avancer. Pendant mon absence tu seras le dirigeant de la meute, cependant obéit a Maël. Il saura prendre les bonnes décisions.

- Bien, approuva-t-il d'un petit mouvement de tête.

- Accentue la surveillance de Gareth, enchaînai-je. Place au moins trois autres loups avec toi et ne le lâcher pas d'une semelle tout le temps de mon absence.

- J'y veillerai personnellement, affirma-t-il ses yeux étincelants de contentement.

- Isidora, continuai-je en m'accroupissant face au griffon qui grogna aussitôt. J'aimerais que tu restes ici, tu seras mes yeux et mes oreilles.

« - Et tes griffes, ronronna-t-elle aussitôt. Je protégerai ton cher petit ange.

- Merci, ajoutai-je simplement par la voie de la pensée. »

Je me redressai et fixai le petit groupe qui restait étrangement calme. J'inspirai longuement et passai ma main dans ma nuque. Il était difficile d'être celle qui devait faire les choix, prendre les bonnes décisions. J'impliquai dans chacune de mes paroles tout un groupe, ce n'était plus seulement moi. C'était aussi eux. Je ne pouvais définitivement plus agir à la légère, chacun de mes pas aurait de l'importance. Et ce n'était pas le moment d'être nerveuse, nous n'avions que peu de temps.

- Kenan, je peux compter sur toi pour me coller comme mon ombre ? Questionnai-je.

- Comme si tu avais besoin de le dire pour que je le fasse, rétorqua-t-il froidement. Tu es une catastrophe ambulante, bien sur que je vais devoir te coller pour te sauver les fesses, comme toujours. Stupide gamine.

- Un simple d'accord aurait suffi, soulignai-je platement. Andrew, j'aurai besoin que tu m'aides si une quelconque décision doit être prise. Je ne connais encore que peu le monde marqué, les coutumes, les règles...

- Je m'en charge, me coupa-t-il alors que j'hésitais dans le choix de mes mots. Je m'occuperai du protocole a suivre et je tâcherai de veiller a aiguiller la conversation sur les points qui me sembleront opportuns.

- Tamara, continuai-je après avoir souri à Andrew, reconnaissante. Tu ne le lâche pas, même si un combat éclate et que je suis en danger, c'est lui ta priorité.

- D'accord, murmura-t-elle me surprenant par sa passivité.

- Mikaël, lançai-je. Je sais que tu n'es pas vraime...

- Je t'arrête. Je suis des votre, lâcha-t-il alors qu'il était dans un coin les yeux clos et un air agacé sur le visage. Alors donne tes directives, je les suivrais.

- Bien. Tire le maximum d'informations de tous ceux que nous rencontrerons. Je ne sais pas si ce sont des alliés ou des ennemis, mais toi tu pourras le savoir rapidement.

- Cela me semble dans mes cordes, approuva-t-il.

- Et il ne reste plus que vous trois, assurai-je en faisant face au petit groupe.

Andréa se tenait en avant, fier et arrogant comme toujours. Devon plus en retrait me décocha un sourire flamboyant et tapa familièrement dans le dos d'un Nathan très nerveux. Je m'avançai et posai ma main sur son épaule, me voulant aussi rassurante que possible. Il était jeune. Plus jeune que la plupart d'entre nous, mais je savais que là aussi je faisais le bon choix. Timidement, il planta ses yeux dans les miens, triturant ses mains en tout sens avant d'enfin oser me poser la question qui lui brûlait les lèvres :

- Pourquoi m'avoir choisi ? Je ne suis pas le plus puissant, ni le plus intelligent. Josh aurait été plus judicieux pour vous accompagner.

- Parce que je vais avoir besoin d'un groupe solide pour m'assurer une protection efficace, souris-je sereinement. Tu es proche de Devon et Andréa t'apprécie, je suis persuadée que vous êtes les plus aptes a me défendre si nécessaire.

Devon passa son bras autour du cou du jeune garçon et frotta sa main dans ses cheveux, Nathan gronda aussitôt de mécontentement et le fit reculer en tapant dans sa main, boudeur. Il n'aimait pas être traité comme un enfant. Je souris plus négligemment. Il ressemblait beaucoup a Devon. Andréa glissa sa main sur mon épaule et j'eus un léger mouvement de recul, il la retira aussitôt mais ne détourna pas le regard.

- Si c'est un piège, une si petite escorte ne suffira pas, affirma-t-il.

- Je doute que cela en soit un, avouai-je. J'agis prudemment, mais en réalité je n'ai aucun mauvais pressentiment.

- Tes instincts peuvent te jouer des tours, princesse, souligna Devon.

- C'est sûr, approuvai-je. C'est pour cela que je reste prudente. Pour cette fois, faite moi confiance.

- Je te fais confiance, affirma Tamara en posant sa main sur mon épaule. Je te suis.

- Moi aussi, approuva Andrew.

- De toute façon avons-nous le choix ? Soupira lourdement Andréa en passant sa main dans sa nuque avant de se tourner vers Josh. Si nous ne sommes pas de retour dans les vingt quatre heures et que tu n'as aucune nouvelle, venez a notre rencontre, je ferai en sorte de laisser des indices sur la direction a suivre.

Le loup approuva lourdement alors que je me laissais tomber sur mon matelas en soupirant. Pensive, je remontai mes jambes contre ma poitrine et fixai un point devant moi. Faisais-je le bon choix ? Nous séparés était-il réellement une bonne idée ? J'angoissai, non pas a l'idée de me jeter dans la gueule du loup, mais de laisser certains de mes amis avec Gareth.

Et en parlant du monstre, on en voit toute la splendeur. Gareth entra dans la pièce, Bianca le devançant d'une tête. Elle se rua dans ma direction et Kenan se plaça aussitôt devant moi, protecteur. Bianca lui décocha un regard glacial mais Kenan ne bougea pas d'un cil alors qu'il ne fixait qu'une seule et unique personne : Gareth. Alors il avait réalisé. Je baissai un peu les yeux sur mes pieds, me sentant réellement dans la peau de cette gamine qu'il voyait encore en moi. Les souvenirs qui me revenaient par vagues me broyaient de l'intérieur.

- A quoi tu joues ? Gronda Bianca. Je veux lui parler !

- Calme-toi, souffla la voix douce mais ferme de Maël. Ce n'est pas le moment de faire des histoires, Bianca.

- Gareth et moi pourrions vous accompagner ! Assena-t-elle. Nous sommes puissants, Gareth notamment. Il pourrait assurer sa protection.

- Hors de question, assena Andréa avec froideur. Tu te prends pour qui au juste ? Tu n'as toujours pas compris que la présence de ce type la faisait souffrir ? Elle l'a acceptée pour toi, tu veux en plus qu'elle le traite d'égal a égal ? N'en demandes tu pas un peu trop ?

- Je sais bien ce qu'elle ressent, affirma Bianca. Mais Gareth veux se rattraper, comment le pourrait-il si elle ne l'accepte pas ?

- Tu ne sais pas, soufflai-je a mon tour plus froidement en me redressant pour écarter Kenan et poser mes yeux sur elle. Tu ne sais pas ce que j'ai subi. Tu ne sais pas ce que cela fait. Lui as-tu demandé de te raconter ce qu'il a fait ? Lui as-tu demandé de te décrire le plaisir qu'il prenait a me voir souffrir ?

- J-je ne l'ai pas fait, admit-elle en baissant vivement le regard.

- Il a peut-être changé, répondis-je platement. Avec le temps, j'arriverai peut-être à lui pardonner, peut-être même à lui faire confiance. Mais pour le moment je haïs cet homme. Il a faillit tuer tes frères. Tiens-tu si peu à eux pour faire comme si de rien n'était ? Ton aveuglement devient blessant. 

- J-je tiens juste à lui aussi, murmura-t-elle.

- Et je peux le concevoir, mais ce que je ne tolère pas c'est que tu juges que notre comportement n'est pas correct envers lui. Défends-le autant que tu le souhaites, mais ne nous juges pas pour des actes qu'il a commis.

Je passai à côté d'elle avec calme, mon épaule frôlant la sienne. Elle n'osa rien redire alors que si je m'étais montré étrangement sereine, mon regard était sombre. Elle se permettait d'émettre un jugement sur un sujet qu'elle ne comprenait qu'a demi. L'amour nous rendait aveugles. L'amour nous rendait fous. Je ne pouvais pas réellement lui en vouloir pour simplement aimée quelqu'un, mais je pouvais lui en vouloir de ne même pas remarquer la souffrance des autres. 

En passant à coté de Gareth, ses yeux glissèrent sur moi et je ne pris pas la peine de lui rendre son regard meurtrier. Comédie ? Réalité ? Il semblait vouloir me faire penser qu'il était en colère de mon manque de tact envers Bianca, mais quelque chose sonnait étrangement faux. Si tu souhaitais la défendre, tu n'aurais jamais dû commettre des actes aussi horribles. Exprime des regrets avant de te permettre de me toiser de cette façon.

Une fois en dehors de la chambre, j'inspirai une grande bouffée d'air alors que ma poitrine était comprimée et ma gorge serrée. Dès qu'il était dans la pièce, je respirai plus difficilement. Je passai mes doigts dans ma nuque, caressant ma peau frigorifiée. Avais-je amoindri l'impact qu'avait eu mon enlèvement ? Je n'avais pas réellement eu le temps de m'apitoyer sur ce qui c'était passé là-bas. En rentrant a Dacer, Kenan m'avait fourni de quoi m'occuper l'esprit avec l'affaire Shayna et ensuite les choses s'étaient emballées. Je m'étais retrouvée dans un engrenage qui m'avait permis, d'une certaine façon, d'oublier bien plus rapidement. Mais aujourd'hui, je devais affronter ce passée. Et je le surmonterai.

- Keyli.

La main de Maël glissa sur mon poignet et je croisai ses yeux bleu soucieux. Je tâchai de rester impassible alors que ma gorge se nouait un peu plus. Je ne m'enfuyais cependant pas, le laissant influer des sentiments sereins a mon esprit. Ses doigts délicats et fins glissèrent jusque sur ma main qu'il serra un peu trop fermement.

- Bianca est jeune, avoua-t-il. Je sais qu'elle t'a blessé mai...

- Tu n'as pas besoin de la défendre, rétorquai-je en retirant ma main de la sienne. Si c'est ce qui t'inquiète, je ne compte pas lui demander de partir ni a lui, ni a elle.

- Tu penses réellement que c'est ce qui me préoccupe ? Rétorqua-t-il un peu sèchement. Ne te montre pas plus idiote que tu ne l'es.

- Depuis quand tu te permets de me traiter d'idiote ? Assenai-je en le fusillant du regard.

- Depuis que tu te comportes comme telle, affirma-t-il en me rendant mon regard avant de soupirer en passant sa main dans ses cheveux. Écoute Keyli, je sais que ce que je t'ai dit t'a surprise et que ... en fait j'en sais rien. Je ne pensais pas que tu réagirais ainsi.

- Tu ne pensais pas que je serais blessée de me faire rejeter ? Grimaçai-je septique.

- Rejeté ? Répéta-t-il surpris. Je ne t'ai pas rejeté.

- Oh si tu l'as fait Maël et dans les règles de l'art, tu m'as clairement dit que tu ne voulais plus être intéressée par moi, répondis-je avec une rancœur qui m'étonna profondément.

- Je n'ai jamais dit ça ! S'offusqua-t-il. J'ai dit que j'abandonnais.

- Quelle grande différence, soulignai-je en me détournant. Peu importe, ce n'est vraiment pas le moment. On en discutera une autre fois. On doit y aller.

- Keyli, tu n...

- J'ai dit, plus tard.

Mon ton était ferme et sec. Pas question que j'envenime mon état actuel, je devais me concentrer et être prête a m'opposer un homme qui devais posséder une grande prestance. J'avais besoin de calme. Besoin de réfléchir. Besoin d'avoir la tête froide. Lentement, je le laissai dans le couloir de l'hôtel et retournai dans les jardins où l'ambiance était quelque peu tendue. Le silence qui régnait dans la cour cadrait assez mal avec le nombre de personnes présentes. Les loups-garous inclinèrent leurs têtes dans ma direction, comme pour me souhaiter, de façon inaudible, bonne chance. Quoi de mieux pour se détendre que d'avoir la sensation que tout le monde pensait ne jamais me revoir vivante.

Akina se pencha a son tour, m'invitant rapidement a la suivre. Je me tournai vaguement et, une fois assurée que ceux que j'avais choisis pour m'accompagner étaient là, j'obtempérai en suivant le rythme qu'imposa aussitôt la jeune femme. Je les laissais mener, restant à côté de Kenan dont les ailes lui permettaient de suivre la cadence. Andréa, Nathan et Devon formaient un parfait triangle, Nathan et Devon dans mon dos, Andréa courant devant. Andrew avait choisi de se métamorphoser, conscient qu'il ne pourrait pas suivre un tel rythme et ainsi un corbeau noir reposait sur l'épaule de Tamara qui se tenait à ma gauche.

Nous ne mirent pas plus de trente minutes avant d'arriver à ce qui ressemblait à un temple. Majestueux. Immense. Fait de bois et d'or, il resplendissait au cœur de la forêt. L'architecture japonaise était vraiment celle que j'aimais le plus, les courbes longilignes, l'harmonie du décor, tout inspirait un sentiment de calme et de sérénité. Akina nous invita la première a entrer alors que Keona avait déjà disparu, probablement parti prévenir notre hôte. Toujours dans un parfait mutisme, nous suivions l'elfe en regardant attentivement autour de nous, cherchant le moindre signe d'un danger quelconque. Et enfin nous fûmes arrivés à notre destination finale.

- Bienvenue dans mon humble demeure, souffla un homme en s'avançant devant nous.

- On doit le remercier pour l'accueil chaleureux de ses charmants amis ? Ironisa Devon dans un murmure à l'unique intention de Kenan.

- Je suis désolé, reprit l'homme alors que je balançai un coup de coude a Devon. Keona et Akina n'ont guère l'habitude d'avoir des guerriers a leurs hauteurs, ils ont été un peu trop émoustillés par la chose. Je vous prie de les excuser.

Kenan ouvrait déjà la bouche, prêt a lancer des accusations mais je posais simplement ma main sur son épaule. Il se dégagea d'un geste sec mais referma au moins la bouche. Je soupirai. Je pouvais aisément comprendre celui qui semblait être Daichi, il n'était pas facile de surveiller ceux avec qui nous étions liés.

Je reposai mes yeux sur lui. De taille moyenne, la peau pâle, les cheveux noir et lisses. Pas d'oreille pointue, et si l'élégance de ses gestes pouvaient laisser penser a un vampire, je n'étais pour autant pas convaincu. Il ne dégageait pas la même prestance que Tamara ou que Akina. Alors il ne restait que deux options : loup-garou ou métamorphe. Il avança un peu plus ses yeux cherchant les mêmes réponses que moi. Nous nous jugions ainsi, cherchant les failles de l'un et de l'autre. Je restai la tête haute alors que je comprenais aisément pourquoi cet homme était dirigeant d'un groupe. Il était assuré, il ne doutait pas de lui une seule seconde mais ne laissait pas apparaître la moindre animosité ou arrogance. Il inspirait juste de la confiance. C'était un homme adulte a l'apparence respectable.

- J'en oublie les politesses à mon tour, reprit-il au bout de quelques minutes. Je me présente Daichi Ogme.

- Ogme ? Soulignai-je aussitôt.

- Est-ce important ? Rétorqua-t-il en haussant les épaules.

- Pour moi, approuvai-je. Je suis Keylinda, mais vous devez déjà le savoir puisque c'est vous qui avez souhaité me rencontrer.

- Effectivement, sourit-il. J'ai beaucoup entendu parler de toi. Les rumeurs circulent de plus en plus a ton sujet, le monde marqué est en effervescence. Lorsque j'ai appris que tu étais au Japon, j'ai tout de suite voulu te rencontrer.

- Des rumeurs ? Questionna Andrew qui avait repris sa forme humaine dès que nous étions arrivés. Je n'ai pas eu le plaisir de les entendre.

- Oh elles sont diverses : élue de Dana, enfant d'un Dieu, descendante de l'incroyable Eleonora, mais la plus envoûtante serait qu'elle serait une déesse, murmura-t-il alors qu'un sourire s'étendait sur son visage asiatique.

- Et qui propagent ce genre d'idée saugrenue ? Continua Andrew placidement.

- Je ne sais pas d'où ses rumeurs tiennes leurs origine, affirma Daichi et un simple coup d'œil a Mikaël me suffit a me convaincre qu'il disait la vérité. Je sais cependant qu'elles sont propagées au-delà de toutes les frontières. Je sais aussi que Geoffrey a mis une option sur ta tête. De nombreux mercenaires sont à ta recherche.

- Nous sommes au courant, affirma Kenan en me faisant braquer mes yeux vers lui, incrédule.

- Nous ? Articulai-je. Moi, je ne l'étais pas.

- Vraiment ? J'ai dû oublier de t'en parler alors, ce n'était pas important.

- Bien sûr, murmurai-je en levant les yeux au ciel avant de soupirer lourdement. Peu importe. Maintenant que vous m'avez rencontré, qu'est-ce que vous attendez de moi ?

- Une simple réponse me suffira, affirma-t-il. Es-tu prête a me prouver que tu mérites un quelconque intérêt ?

Mes yeux se plissèrent et violemment j'attrapai le bras de Kenan pour le forcer à se courber n avant. Une flèche siffla au-dessus de nos têtes. Agis. Vite. Mon corps s'élança de lui-même dans un réflexe purement instinctif. En quelques secondes je me retrouvai vers Daichi mais c'était trop facile. Il était trop calme. Trop immobile. Sa main se tendit dans ma direction et je ne pu qu'éviter partiellement la lame qui se déploya soudainement dans ma direction. Je grimaçai en m'écartant de quelques centimètres, passant mes doigts sur ma lèvre qui saignait faiblement.

- Keylinda ! Vociféra Kenan.

- Recule, aboyai-je.

Il n'allait pas obéir, brutalement je posais ma main au sol. Un parquet. Du bois. Je fermai les yeux et du sol se dégagea des lianes. Vivement l'une encercla la cheville d'un Kenan prêt à me foncer dessus, et je le projetai en arrière alors q'un nouveau piège se déclenchait. Les flammes frôlèrent le visage du démon et je me penchai en grondant, menaçante.

La plaie a ma lèvre ne se refermait pas. Du moins, pas aisément. Il n'était donc pas compliqué de déduire que sa lame était imbibée de poison. Il était plus dangereux que je ne l'avais imaginée, peut-être n'avait-il pas nos capacités mais il était doué, c'était certain. Cet endroit regorgeait probablement de piège et je ne pouvais les prévoir que quelques secondes avant qu'ils ne se déclenchent.

- Ne bougez pas, ordonnai-je.

- Du calme, du calme, avoua Daichi en lâchant son arme en me faisant froncer les sourcils. J'ai ma réponse.

- Ta réponse ? Gronda lourdement Tamara les poings serrés. 

- Peu de personne aurait été capable de prévoir ces deux attaques. Mieux, peu de personnes seraient capables de tenir debout et de bouger avec ce poison dans leurs veines.

- P-poison ? Bégaya Andrew en fixant brusquement ses yeux dans les miens. Tu vas bien ?

- Ça va, affirmai-je avant de le questionner en perdant toute once de politesse envers cet homme. A quoi jouais-tu ?

- J'avais juste besoin d'être sûr de ce que tu étais avant de faire cela.

Daichi posa ses deux genoux sur le parquet, courbant la tête en avant et s'inclinant totalement devant moi. J'écarquillai les yeux, la surprise se lisant sur mon visage. 

- Je suis votre humble serviteur, déesse.