𝟏. 𝐖𝐢𝐥𝐥 𝐈 𝐠𝐞𝐭 𝐭𝐡𝐞𝐫𝐞 ?
"Les passagers en direction de Séoul sont priés de descendre au prochain arrêt. Terminus, tout le monde descend, s'il vous plaît. Prochain arrêt Séoul."
En voyant du mouvement dans le train et les passagers se lever, j'enlevai mon casque et mis en pause ma musique. Je rangeai rapidement mon livre dans mon sac et pris ma valise en me levant. J'essayai de me faufiler entre les personnes pour pouvoir me mettre en rang, pour sortir en plus vite de ce train. L'atmosphère devenait suffocante après avoir passé deux heures enfermées là-dedans. Le train commençait à ralentir et je voyais la gare de Séoul. Cette ville que j'avais tant voulu visiter depuis mon plus jeune âge. Me voilà enfin. Le train s'arrêta complètement et je suivis les personnes devant moi pour descendre à mon tour du train. La grande horloge, pendue au milieu de la gare, m'indiquait qu'il était déjà sept heures et demie du matin. Bordel, il ne me restait plus qu'une heure avant la rentrée. Je tirai ma valise pour me dépêcher de monter rapidement par les escalators. Je sortis de la gare après cinq minutes de marche et fus directement éblouie par le soleil matinal de Séoul. J'aurais le temps d'admirer la ville plus tard, il fallait d'abord que je puisse trouver un taxi qui puisse m'emmener vers la SMAC, autrement dit la Seoul Martial Arts College. Je vis un taxi au loin, et m'approchai précipitamment. Après lui avoir donné ma destination, je remis mon casque et attendis que les trente minutes de trajet passent rapidement.
J'enlevais enfin le mode "ne pas déranger" sur mon téléphone et ne fus pas surprise de constater les appels manqués et messages de ma mère. Je soupirai avant de poser ma tête contre la vitre pour ne pas pleurer. Je n'avais pas le droit. Pas maintenant. Je reportai mon attention sur mon téléphone et vis les messages de celui dont je ne voulais plus en entendre parler. Celui qui était la raison principale de mon départ de Daejeon. Je ne voulais plus rien en avoir avec lui. Mais, je n'avais pas le choix et ne pouvais pas le bloquer. Juste l'ignorer. Je savais qu'une fois à l'intérieur de cette Fac, je n'aurai plus à le craindre.
C'était ma seule solution.
Après une trentaine de minutes, j'étais enfin arrivée devant la fac en question. Je remerciai le conducteur et lui tendis l'argent avant de sortir du taxi, valise en main. Je soufflai un bon coup avant de regarder les immenses grilles qui me séparaient de ma nouvelle vie. C'était maintenant que tout allait changer. Une fois mon pied posé de l'autre côté, je pouvais oublier mon ancienne vie. Je sortis de mes pensées et remarquai enfin le nombre de personnes entrer. J'avais l'air de rien en me tenant là. Je me sentis soudainement honteuse de m'être tenue là comme une bonne à rien. Qu'est-ce que les gens avaient dû penser de moi...? Ce n'était pas grave, me répétai-je dans ma tête. Personne t'avais regardé. Je tenais fermement ma valise et après un énième soupire, j'entrai dans la cours. Je ne savais pas vraiment où aller et suivais juste les personnes devant moi. Il y avait énormément de garçons mais beaucoup de filles aussi. Je me sentais nerveuse d'un coup. Je n'aimais pas la foule. Je ne me sentais pas à ma place mais savais que je n'avais pas d'autre choix. Il fallait que j'y arrive.
Si je voulais changer de vie, je devais également changer mes habitudes.
Quand j'avais reçu ma lettre de confirmation suite à mon inscription, j'étais allée faire des recherches sur Google. À vrai dire, je ne savais rien de cette Fac, juste qu'elle était la plus prestigieuse concernant les sports de combat de tout Séoul et qu'il avait étudié ici avant moi. Je voulais suivre ses traces. J'avais vu sur le site de l'établissement que la Fac était divisée en trois groupes. La boxe, le Taekwondo et la lutte. Chacun devait choisir le sport qu'il voulait et en vu de nos résultats scolaires et nos compétences dans le sport en question, la direction faisait le choix de si oui ou non elle nous prenait. Les places étaient limitées. Il y avait au total 900 élèves qui étaient divisés en trois groupes pour que chaque sport puisse contenir 300 élèves. J'avais été chanceuse d'être prise, mais je ne savais pas pourquoi. À vrai dire, ça faisait depuis mes douze ans que je ne boxais plus. J'espérais encore avoir quelques techniques. Nous avions cinq années à faire et chaque année contenait soixante élèves. Nous étions placés dans des bâtiments allant par A, pour les premières années, jusqu'à E, pour les cinquièmes années. Les dortoirs étaient pareilles sauf que les filles et les garçons étaient séparés, logiquement.
Je continuai de suivre les pas des personnes devant moi et je vis enfin du mouvement. Énormément de personnes étaient là, devant neuf stands. C'était les cinquièmes années qui donnaient les badges et les clefs de chambre pour leurs camarades. J'avais vu la veille que les premières, deuxièmes et troisièmes années allaient faire leur rentrée à huit-heures et demie et que les deux dernières années commenceraient à dix heures. Ce n'était pas vraiment une rentrée pour nous, les premières années. C'était juste pour que les enseignants puissent nous fournir toutes les informations et règlement à propos de la fac et qu'on puisse s'y installer. Il y avait seulement les autres qui allaient réellement commencer.
Je vis sur ma montre qu'on allait commencer dans dix minutes et je me dépêchai d'aller vers le stand des premières années. Une jeune femme et un jeune homme se chargeaient du travail. La femme donnait les badges et les clefs de chambre, tandis que l'homme s'occupait de noter les prénoms des élèves pour confirmer leur présence. Je me préparais mentalement à ma première discussion. Ça devait aller, il fallait juste que je dise mon nom et mon sport. Je pouvais le faire. Je pris une grande inspiration en voyant la personne devant moi finir et se diriger de côté et je m'avançai timidement vers les deux cinquièmes années.
- Salut, tu es ? L'homme me demanda en me lançant un rapide regard.
- B-Bonjour..Yun Ayumi.., première année en option boxe.
Je l'avais fais. Ma première discussion avait eu lieu. J'avais l'impression que ça faisait des années que je n'avais pas parlé. Je ne me rappelais presque plus de ma propre voix. Je me mordillai la lèvre inférieure, nerveuse. Je n'aimais pas le contact humain, je ne l'aimais plus. La femme me tendit mon badge, en me souriant amicalement, après avoir cherché mon nom et vu ma photo.
- Tiens, t'es dans la chambre A18, donc au deuxième étages du bâtiment A, elle m'informa. Vous êtes vingt cette année dans les filles, de base vous deviez être plus mais bon, on espère quand même que vous vous entendrez toutes et tous très bien, elle finit de dire en souriant.
Je ne savais pas quoi lui répondre. Qu'on soit plus de filles ou moins, ça n'allait rien changer à ma situation. Je ne voulais parler avec personne et encore moins faire copine-copine avec quelqu'un. J'avais toujours été seule et ça me convenait amplement.
- Je vois.., merci.., je forçai un sourire en prenant le badge et mes clefs.
Je m'inclinai et ils me saluèrent en retour en me souriant. Je laissai ma place à la personne derrière moi et vis l'emplacement des premières années et me dirigeai vers eux en rangeant mes clefs dans ma poche. Je me demandais pourquoi elle avait pris le temps de me parler alors qu'ils devaient se dépêcher. Je m'inclinai légèrement en arrivant vers mes nouveaux camarades et certains firent pareille. Je me mis dans un coin et regardai mon badge. Il y avait ma photo avec mon nom et ma spécialité. Je regardai mon nom de famille en soupirant et mis le badge autour de mon cou avant d'observer mes camarades de classe. Je savais que pour ce qui étaient des cours nous serions les soixante ensemble, dans le même amphi, mais pour ce qui était des options, je n'en savais toujours rien. Je parcourus mon regard dans la cours et vis les deuxièmes années à ma gauche. Leur badge était violet, alors que la notre était bleu. Ils se parlaient entre eux et certains avaient vraiment l'air ravis de se retrouver. Il était vrai qu'ils se connaissaient déjà depuis l'année dernière, contrairement à nous qui ne connaissions personne. Je ne m'attardais pas sur eux plus longtemps et mes yeux se posèrent sur le groupe en face de moi, les troisièmes années. Leur badge était noir et ils avaient l'air tout aussi banal que les deuxième années. Ce que je notais était que leur physique était vraiment remarquable. Contrairement aux garçons de mon année, les deuxièmes et troisièmes années avaient un physique plus avantageux.
J'allais porter mon attention sur d'autres choses quand je croisai le regard d'un homme en face de moi. Il était un peu éloigné de ses camarades et se tenait droit avec les bras croisés, qui mettaient en valeur ses muscles. Je ne savais pas pourquoi il me regardait et ça me rendait nerveuse. Je détournai le regarde pour fixer un arbre. Peut-être qu'il allait arrêter de me regarder si j'arrêtais de le regarder ? Après quelques instants, je tournai doucement la tête vers lui et je fus surprise de le voir me fixer encore. Qu'est-ce qu'il me voulait ? Pourquoi j'avais l'impression qu'il me jugeait ? Je sentais mon cœur battre rapidement. Je n'aimais pas ça. Je baissai mon regard en essayant de calmer ma respiration. Tout allait bien. Je croisai mes bras contre mon ventre après avoir mis la capuche de mon sweat.
Pitié, arrête de me regarder.
J'avais l'impression de me faire juger ouvertement. Il jouait à l'aide de sa langue avec son piercing à la lèvre. Il ne me regardait pas bizarrement, mais de façon curieuse je dirais. Mais je ne savais pas pourquoi. En entendant des pas s'approcher, je relevai la tête et vis enfin des enseignants. Je lançai un regard devant moi et vis que l'homme ne me regardait plus. Enfin. L'un d'eux pris la parole et nous demanda de laisser nos affaires ici pour nous diriger vers le bâtiments F, là-où il y avait le réfectoire, la salle des enseignants ainsi que la salle de rassemblement. Nous marchions tous en suivant les professeurs et je trainais un peu à l'arrière pour observer les différents groupes, et pour ne pas me retrouver à côté de cet homme. Je ne parlais pas beaucoup, j'observais. Je vis quelques premières années parler ensemble, sûrement pour se lier d'amitié. Je remarquai le fameux homme marcher en compagnie de deux autres hommes et j'entendis rapidement les messes-basses provenir d'autour d'eux. Je vis quelques-uns les pointer du doigt tandis que d'autres se contentèrent de parler en les regardant. Pourquoi ils agissaient comme ça ? J'étais curieuse mais d'un autre côté, je m'en foutais un peu, c'était pas de moi qu'ils parlaient.
Nous arrivâmes dans le bâtiment F et les enseignants nous demandèrent de nous asseoir par année. Des chaises étaient disposées en ligne et elles correspondaient aux couleur de nos badges. Il y avait un espace entre chaque année. Il y avait douze chaises par lignes et je m'asseyais à la troisième colonne, à côté d'une fille, à qui je ne prêtais pas vraiment attention, et regardai en face de moi. Je vis du coin de l'œil que quelqu'un s'était mis à ma droite. Je vis seulement ses jambes et remarquai que c'était un homme. Je ne fis pas plus attention et attendai que les enseignants parlent.
Un homme se leva, il avait l'air d'être dans la quarantaine, et prit un micro. Je vis les deuxièmes et troisièmes années se lever et s'incliner, alors je fis de même. Après que l'homme nous ait autorisé à nous asseoir, il sourit en se raclant la gorge.
- Bonjour à toutes et à tous. Tout le monde me connaît déjà, à part les premières années, mais je vais tout de même me présenter. Je suis Kang Sujin, directeur de la SMAC.
Les applaudissements retentirent dans la salle et le directeur s'inclina. Plus je le regardais, plus j'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part.
- Comme vous le savez, la SMAC est la faculté la plus prestigieuse de Séoul et pour ceci, j'aimerai déjà vous féliciter d'être le futur de notre école ! J'espère qu'après ces cinq ans, vous pourrez vous aussi avoir votre nom dans l'histoire de la SMAC. En attendant, avec les enseignants, nous sommes là pour vous guider tout en long de votre apprentissage, ils les regarda en leur lançant un regard avant de se concentrer sur nous et son discours. Ce n'est pas seulement le sport qui compte, mais également vos capacités pour ce qui est de l'apprentissage dans les cours, comme les maths, l'histoire et j'en passe.
Il continua son discours de rentrée pendant environ une quinzaine de minutes. Je voulais m'endormir sur place. Après son speech, il passa le micro aux divers professeurs qui nous expliquèrent quelle branche ils enseignaient ainsi que les mêmes bla-bla que le directeur. Je plaignais les autres années, ils devaient à chaque fois entendre le même discours. Quand je pensais que ça serait à moi désormais chaque année de le faire. Je soupirais déjà. Le directeur repris le micro pour, enfin, nous expliquer les règlements de l'établissement.
- Pour commencer, le réveil est à la même heure pour tout le monde, c'est-à-dire six heures. Vous avez une heure pour vous préparer et le petit-déjeuner sera servie à sept heures jusqu'à sept-heures et demie. Les cours commencent à huit heures. Vous terminez les cours à onze heures et quart et vous avez une pause de deux heures, il nous informa sérieusement. De treize heures et quart jusqu'à seize heures et demie vous avez sport, avec des cours de théories et l'histoire du sport que vous aurez choisi, avec bien entendue les entraînements. Vous êtes libre après seize heures et demie pour faire ce que vous voulez mais sachez que les grilles de l'établissement ferment à dix-neuf heures. Vous devez être rentré d'ici-là. Le couvre-feu est à vingt-deux heures.
Je notais toutes ses informations dans ma tête. Ça en faisait beaucoup. Je m'attendais honnêtement à pire, comme terminer à dix-huit heures ou ne pas avoir assez de temps pour soi mais dans le global, tout allait bien. Je pouvais gérer, normalement.
Le directeur finit ses dernières explications concernant les bâtiments avant de clore le discours de rentrée.
- Dès lors, vous pouvez aller vous installer. Les deuxièmes et troisièmes années, vous commencez les cours dans trente minutes. Les premières années vous avez le choix entre visiter le campus ou la ville. Mais si vous décidez de rester ici, je ne veux pas que vous dérangiez vos aînés qui seront en cours, il nous le demanda. Toutes personnes qui ne rentrent pas avant dix-neuf heures, seront sanctionnés et exclus au bout de la troisième fois. Sur ce, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne rentrée !
Tout le monde applaudit et se leva. Nos aînés sortent rapidement pour aller chercher leurs valises tandis que nous prenions plus notre temps. Je marchais en retrait en observant le paysage. Je n'avais pas pu le faire quand on allait jusqu'au bâtiment à cause de toutes les personnes qui m'entouraient. Il y avait un terrain de foot énorme et beaucoup d'arbres. Les bâtiments étaient en forme de "ㄷ" quand on voyait depuis la face mais une fois dans la cours arrière, il y avait énormément de bâtiments dans tous les sens. Je visiterai mieux le campus une fois m'être installé dans la chambre. Je pris ma valise et me dirigeai, suivi de mes camarades féminines, jusqu'au dortoir. Nous devions un peu plus marcher car les dortoirs étaient éloignés des bâtiments principaux. C'était comme si nous vivions dans un quartier. Arrivée en-bas des immeubles, nous vîmes les deuxièmes et troisièmes années en train de rentrer dans leur bâtiment respective. Les bâtiments étaient disposés en carré, autour d'un petit jardin avec une fontaine en milieu. C'était très chic. Au-dessus des bâtiments, il y avait les lettres de nos années. Je me dirigeai vers le bâtiment A et une fois à l'intérieur, une dame était assise à l'accueil. Nous devions dire notre prénom pour qu'elle puisse noter notre présence. Après avoir donné mon nom, je montai par l'ascenseur jusqu'au deuxième étage. Avant que les portes ne se fermèrent, une fille, la même qui était assise à côté de moi, me demanda de garder l'ascenseur ouvert. Je fis ce qu'elle me dit et elle entra en me remerciant. Elle-aussi allait au deuxième étages. Nous étions silencieuse et je ne voulais pas me retourner vers elle. J'espérais qu'elle ne me parlerait pas. Nous arrivâmes rapidement à notre étage et elle sortit en première et je ne fis pas plus attention à elle et sortis à mon tour. C'était un étage basique, avec des murs blancs et les portes de couleurs beige. À côté de l'ascenseur, il y avait également les escaliers. Je sortis mes clefs et cherchai la porte dix-huit. Je la vis vers le fond et m'avança vers celle-ci. La fille qui était avec moi était juste en face de ma chambre. Je passai la clef dans la serrure et avant que je ne puisse ouvrir la porte, quelqu'un éleva la voix.
- Salut ?
Je me retournai pour voir si c'était avec moi qu'elle parlait et vis la fille me sourire. J'inclinai ma tête en étant nerveuse. Pourquoi elle me parlait ?
- Moi c'est Yunli, et toi ?
Elle avait toujours ce sourire rassurant sur le visage. Pourquoi elle se présentait à moi ? Je ne voulais parler avec personne..
- Ayumi.., je soufflai doucement.
- Il est grave beau ton prénom ! Sa voix était plus enjouée qu'avant. T'as quel âge ?
Bon sang, pourquoi elle continuait à m'interroger comme ça ? Comment je devais faire pour qu'elle puisse enfin me laisser tranquille ?
- Dix-neuf ans..et toi ? Je demandai par politesse.
- J'ai vingt ans ! Elle continua de sourire et m'analysa. J'ai l'impression que t'es pas vraiment à l'aise..Tu sais, je voulais juste qu'on puisse commencer à discuter tranquillement pour apprendre à se connaître mais pas grave ! Elle haussa les épaules.Viens me parler quand tu te sentiras prête okay ? Je veux pas te mettre mal-à-l'aise.
Elle continua de sourire avant d'incliner sa tête. Ok..C'était quoi ça ? Elle avait engagé la discussion pour maintenant me quitter. Bon, c'était ce que je voulais mais peut-être qu'elle voulait arrêter de me parler tout court vu que je n'étais pas vraiment réceptive. J'inclinai ma tête à mon tour avant de la remercier timidement et d'enfin entrer à l'intérieur. C'était une petite chambre basique avec un lit dans le coin et un bureau juste à côté. Il y avait également un armoire et une porte avec une petite salle de bain. Heureusement que nous n'avions pas de salle de bain commun, ça aurait été la galère de toujours descendre et se retrouver avec toutes ces filles. Je déposai ma valise dans un coin et avançai vers la fenêtre pour regarder la vue. Je voyais le bâtiment C en face de moi, il me semble que c'était le bâtiment des garçons. Je voyais également le centre du jardin avec la fontaine. C'était une belle vue.
Je soupirai avant de m'asseoir sur le lit. Il fallait d'abord que je range ma chambre avant de sortir visiter le campus. Je sortis mon téléphone de ma poche et regardai mes messages. Je vis un dernier message de ma mère et décidai de le lire.
« Pourquoi t'es partie ? Je t'avais dit que j'allais régler ce problème ! Tu pouvais pas partir comme ça Ayumi. Tu m'as même pas dit que tu partais ! »
Je soufflai un bon coup avant de jeter mon téléphone sur le lit. Il fallait que je la laisse faire sa vie et qu'elle me laisse faire la mienne. Il fallait que j'oublie mon passé. Je me levai et ouvris ma valise avant de ranger mes vêtements dans l'armoire. Je pris mes affaires pour les poser sur le bureau et mis les draps sur le lit. Ça rajoutait déjà un peu de couleur. Je n'avais jamais fait ça mais, je décidai pour la première fois de ma vie, à accrocher des lumières dans ma chambre. Chez ma mère, elle avait toujours été sombre, depuis ce qu'il s'était passé..Je secouai ma tête avant de mettre ma main dans mon sac. Je sortis des livres et les mis sur une étagère avant de continuer mes rangements. Une fois satisfaite de ce que j'avais fait, je m'assis sur mon lit et regardai le résultat. Personne ne pouvait comprendre à quel point j'étais fière de ce que je faisais. Depuis mes quatorze ans, c'était la première fois que je sortais de la maison, loin de ma mère. Je devais absolument changer la moi du passé. Le seul problème était ma timidité, je devais me forcer à parler avec de nouvelles personnes. Mais le plus gros problème était les traces de mon passé..Je savais que je pourrais jamais les cacher et encore moins les faire disparaître, mais je devais apprendre à les assumer. Je mis de nouveau ma main dans mon sac et sortis celle qui était devenue ma meilleure amie depuis maintenant sept ans. Je regardais le bout de la lame en soupirant. Je ne devais plus le faire. Je me levai en soupirant et rangeait la lame dans le tiroir de ma chambre. Ayumi..Tu pouvais y arriver sans.
Je regardai l'heure sur mon téléphone et vis qu'il était onze heures. Les autres années auront bientôt les cours, ce qui me laissera le temps de bien visiter le campus, sans personne pour me déranger. Je mis mes chaussures et pris mes clefs avant de sortir de ma chambre. Au même moment je vis Yunli sortir de la sienne et elle me sourit. Je lui affichai un petit sourire en retour avant de descendre par les escaliers, je n'étais pas encore prête. Je sortis du bâtiment et après avoir marché jusqu'à la fac, je vis quelques autres années dans leurs salles. Je ne prêtai pas plus attention à eux et avançai en regardant les autres bâtiments. La construction de la SMAC était vraiment quelque chose d'incroyable. Les bâtiments étaient soit beiges, soit blancs. Je remarquai le bâtiment A, celle où j'allais être demain, et vis qu'il y avait une passerelle qui menait vers le bâtiment C. Demain mon enseignant me donnerait mon emploi de temps ainsi que mon bâtiment pour le sport. Il y avait beaucoup d'arbres autour et mis-à-part l'énorme terrain de foot, il n'y avait rien. Bon..Rien d'autre à voir. Je remarquai certains garçons de ma classe en train de discuter ensemble et je ne m'attardai pas plus sur eux et marchai rapidement de l'autre côté. J'étais devant le bâtiment C et vu qu'elle se situait en face du terrain, je m'assis sur les escaliers. J'observai l'horizon pendant quelques minutes en soupirant. Je me demandai comment allait se passer ma vie ici. Est-ce que j'allais enfin être heureuse ? Je n'en savais rien. J'enlevai mon badge que je portais autour de mon cou et regardai une nouvelle fois ma photo. Je faisais pitié à voir.
Aucun sourire, aucune expression, aucune âme.
Je posai le badge sur le côté et posai ma tête dans mes bras. Que c'était ennuyant. Je me redressai en entendant la sonnerie sonner, annonçant la fin des cours pour les autres années et décidai d'aller dans ma chambre en attendant qu'il y ait moins de monde. Je commençai à marcher en direction des dortoirs quand j'entendis des pas s'approcher rapidement de moi.
- Ayumi !!
Je me retournai surprise ne sachant pas qui m'appellerait, surtout que c'était la voix d'un homme. Comment il connaissait mon nom ? Je sentis mon cœur s'accélérer. Non, non, je ne voulais pas parler à un individu du sexe masculin. Pas maintenant. Je vis un garçon blond s'approcher de moi rapidement et me tendre quelque chose.
- T'as oublié ton badge. Ça serait dommage de se faire engueuler dès le premier jour à cause de ça.
Merde mon badge c'est vrai ! Quelle conne d'avoir laissé ça là-bas. Je pris mon badge de ses mains et vit que le garçon me souriait. Il était grand et avait les cheveux blonds. Son visage semblait s'illuminer à chaque fois qu'il souriait, en montrant ses fossettes sur ses joues. Il avait une voix assez grave mais douce. Je le reconnu ! C'était le garçon qui était assis à côté de moi ce matin. Je ne l'avais pas bien vu de face mais savais que c'était lui. Je déglutis en me forçant à lui parler. Tu pouvais le faire Ayumi.
- M-Merci..
C'était timide mais j'avais réussi, c'était le plus important ! Depuis ce qu'il s'était passé à mes quatorze ans, je n'étais plus vraiment en contact avec le sexe opposé de mon âge. Ça faisait si longtemps que je n'avais plus côtoyé personne. J'avais peur mais en voyant le sourire que m'offrait le blond je me dis qu'il ne devait pas être comme on m'avait décrit les garçons..? Ils sont pas tous pareil non ? Je m'inclinai pour le remercier une nouvelle fois avant de me retourner pour aller jusqu'à ma chambre. Je croyais qu'il allait rien dire mais c'était tout le contraire, le garçon trottina et se mit à côté de moi.
- J'ai vu sur ton badge que t'étais en boxe. Moi aussi j'ai choisi ça, on sera ensemble, le ton de sa voix montra qu'il était ravi de cette nouvelle.
Par pitié, je voulais juste être seule et ne pas parler. Je ne dis rien et fixai droit devant moi en marchant. Je ne savais pas quoi faire.
- En faite, moi c'est Park Jimin !
Je m'arrêtai et le regardai. Pourquoi il tenait tant à se présenter à moi ? Je ne voulais pas encore parler avec quelqu'un.
- Pourquoi.., j'osai commencer avant de m'arrêter.
C'est alors que je le vis de côté que je remarquai que c'était le garçon qui était avec celui qui m'observait ce matin ! Il était avec l'homme au piercing. Je ne savais pas pourquoi mais un stresse me parcourut. Peut-être qu'il venait me parler parce que l'autre garçon lui avait dit ?
- Pourquoi quoi ? Il demanda en me regardant.
Je n'osai plus lui parler. Le garçon au piercing ne m'inspirait pas confiance. Son regard me faisait peur.
- R-Rien..oublie..
Je m'inclinai avant de marcher rapidement vers les dortoirs. Je ne devrais pas lui parler. J'espérais honnêtement qu'il ne me suivrait pas et heureusement c'était pas ce qu'il fit.
- À demain alors ! Il cria de loin.
Je ne me retournai pas et entrai rapidement dans mon bâtiment et m'enfermai dans ma chambre. Je tirai légèrement les rideaux et vis que Jimin observait l'entrée de mon bâtiment. Pourquoi il agissait comme ça ? Alors que j'allais retirer les rideaux, je remarquai un garçon venir rapidement vers Jimin et passer son bras autour de son cou. Il était plus grand que lui et avait des cheveux noirs qui lui tombaient légèrement sur le front. Lui aussi était avec le garçon au piercing. En parlant du loup, je le vis s'approcher vers ses deux amis avec un sac de sport. Il n'affichait aucune expression. Il avait une main dans ses poches et l'autre tenait son sac. Tout son bras contenait des tatouages. Je n'avais pas le temps de bien voir ce matin mais c'était vraiment beau. Mis-à-part le piercing à la lèvre, il en avait également sur l'arcade droite. Cet homme dégagea quelque chose. Ses cheveux étaient noirs, légèrement frisés et descendaient jusqu'à sa nuque.
Je vis l'ami de Jimin, celui qui avait le bras sur ses épaules, pointer le doigt vers mon bâtiment et tout les trois tournèrent leur tête pour regarder l'entrée. Qu'est-ce qu'ils me voulaient ? Alors que les deux commencèrent à s'éloigner, je vis l'homme en piercing lever le regard et me fixer directement, droit dans les yeux. Je ratai un battement et me baissai directement pour être hors de sa vue. Comment il avait su que j'étais là ? Nous sommes à peine le premier jour que je ne me sentais vraiment pas à l'aise. C'était vraiment con de ma part de m'être fait choper comme ça. Je posai ma main sur mon cœur pour essayer de calmer mes battements. Après quelques minutes, j'osai regarder, discrètement, à travers les rideaux et heureusement, il n'y avait plus personne. Je soufflai de soulagement en me laissant tomber sur mon lit. Heureusement qu'il était mon aîné et que je serai jamais dans sa classe. Il fallait juste que j'esquive du mieux que je pouvais Jimin. Je ne savais pas pourquoi mais je ne les sentais pas.
J'avais passé le reste de ma journée dans ma chambre à lire divers livres. Je ne savais pas quoi faire d'autres. J'avais également pris le temps d'aller voir quelques vidéos sur les différents techniques à avoir en boxe, pour les débutants. J'avais fait quelques mouvements mais ne savais pas si c'était vraiment comme ça. Dans tous les cas, on allait pas directement commencer dans l'extrême non ? Je savais me défendre et donner des coups, c'était l'essentiel. La nuit était tombée depuis maintenant une bonne heure et j'étais assise à fixer le ciel en pensant à ma vie. Bon sang qu'est-ce qu'elle était ennuyeuse ! Je ne savais pas où me mettre la tête.
Demain allait avoir lieu ma véritable rentrée et j'avais une boule au ventre. Pour ce qui était des cours, j'étais pas mal débrouillarde. En même temps, qu'est-ce que j'avais de mieux à faire que d'aller en cours et rester chez moi ? Étudier avait toujours été ma seule solution, si je voulais quitter l'enfer qu'était devenue ma vie. J'allais devoir être plus qu'excellente en cours pour pouvoir bénéficier d'une bourse. C'était notamment grâce à elle que j'avais pu passer ma candidature ici. S'il fallait que je fasse confiance à ma mère pour qu'elle me laisse étudier si loin de la maison, à l'âge de quarante ans je serai toujours en train de la supplier. Il fallait compter que sur soi-même. Personne n'allait être là pour nous, même pas notre propre famille. À la moindre occasion, ils pouvaient nous rabaisser et nous faire sentir comme une moins que rien. Je dirais que j'avais abandonné mon adolescence trop vite. Je n'avais pas eu le temps d'être heureuse, de profiter comme toutes ces filles qui m'entouraient. Bien sûr, j'allais seulement débuter ma vingtaine et j'avais encore la vie devant moi. Mais comment je pouvais espérer vivre alors qu'à l'intérieur j'étais juste morte depuis bien longtemps ? Je ne savais rien. On m'avait tout pris me laissant juste ces séquelles et ce coeur meurtri qui portait les marques de la noirceur de ce monde effréné. Il était brisé et subissait ces douleurs sans pouvoir sortir un seul son désespéré. Depuis longtemps maintenant, je me sentais délaissé dans un océan de détresse, là où chaque vague d'amertume ne faisait qu'accroître ma tristesse.
Je souffrais. Toujours en silence mais je souffrais. Et je voulais qu'on m'aide.
On m'avait toujours fait me sentir différente, j'étais là, sans vraiment être là. Trop mature pour une enfant. J'étais différente parce que je ne souriais pas. Mais est-ce qu'ils savaient pourquoi je ne le faisais pas ? Personne ne voulait de moi. Quitter mes vingt années de vie que j'avais passé à Daejeon était sûrement ce qu'il me fallait. Les visages changent et les cœurs s'emballent. Je devais changer et prouver que malgré tout ce que j'avais subi, j'avais réussi. Je voulais être forte, quitte à y laisser ma vie. Parce qu'honnêtement, je l'avait perdu depuis longtemps. Je savais que grandir n'allait pas être facile. Mais devoir prendre le rôle d'une adulte alors que je n'avais seulement huit ans était inimaginable. Pourtant, c'était comme ça que je me considérais. J'avais grandi trop vite. Et il était trop tard maintenant, je n'avais qu'une seule vie et elle avait été gâché, par une seule personne. En grandissant peu à peu, j'avais commencé à faire face à la réalité. Je ne savais pas qu'à ce moment-là, la petite Ayumi de huit ans n'allait plus jamais avoir le temps d'être heureuse. Je voulais à présent effacer toutes mes peurs et toutes mes larmes. Quand j'étais petite, dans les bras de mon père, je me sentais en sécurité. Mais dès le moment où il m'avait posé et avait décidé de me laisser voler de mes propres ailes, j'avais compris que j'avais beaucoup à faire face et qu'on allait jamais être là pour me relever. Je devais avancer seule. Toutes mes cicatrices étaient là, et avaient chacune leur propre histoire à raconter. Je savais que la vie sans souffrance n'existait pas, mais je me demandais moi-même pourquoi j'avais voulu prouver le contraire. Je ne savais pas.
Je savais que je m'étais promis d'être forte, je me le disais tout le temps, même quelques minutes plus tôt mais, je n'avais pas réussi à tenir cette promesse après une nouvelle coupure, là, seule, à minuit passé dans mon dortoir. Je ne pouvais pas y arriver. Le bout pointu s'enfonçait dans ma chair et je me retenais d'hurler. De quoi est-ce que j'avais mal ? Des coups de lames ou alors de mon passé ? Je n'en savais rien putain. Je voulais arrêter, je me l'étais promise mais, je ne pouvais pas y arriver. C'était devenu mon quotidien et ça bordel, ça me faisait si mal de me dire que je n'allais jamais passer à autre chose.
J'avais mal. Je souffrais en silence depuis sept ans maintenant et il était le seul responsable.
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