- Tout va de paire avec toi ? Dit-il en rigolant, à vrai dire, moi aussi, j'ai quelque chose à te dire, mais vas-y, commence.
- On va commencer par la pire des deux : pourquoi t'es-tu énervé hier soir ?
- Je m'attendais à cette question, c'est pour ça que je suis allé courir, pour réfléchir.
- C'est bien à cause de cet écrin ?
- Oui, ça l'est.

Je ne peux pas m'empêcher de me dire que j'ai fait une bêtise, que j'aurais dû tout laisser tel quel, mais maintenant que le mal est fait, à part m'excuser, encore, je ne peux plus rien y faire.

- Encore une fois, je ne l'ai pas ouvert, je l'ai seulement posé à côté de ton téléphone, rien de plus.
- Cet écrin, c'est pour Jake. Il veut l'offrir à Inna, mais il l'a oublié chez lui, à L.A. Il m'a demandé de le récupérer et de lui apporter en Russie, d'où mon passage par ici.
- Quelle tête en l'air, ce Jake, dis-je en rigolant.
- Si je me suis emporté, c'est parce que j'ai eu peur que tu t'imagines des choses... que ce soit pour toi, pour t'acheter...
- Je ne vais pas te cacher que j'y ai pensé, l'espace d'une seconde puis je me suis rendue à l'évidence : pourquoi m'offrirais-tu un collier ? Il n'y a aucune raison valable, donc j'en ai déduit que ça n'était pas pour moi.
- Tu me rassure, avoue-t-il, penaud. Bon et cette deuxième question ?

Je pique un far et me lance, la phrase sort un peu trop vite de ma bouche, mais je suis sûre qu'il comprendra :

- Tu pourrais m'expliquer pourquoi je me suis réveillée dans mon lit et pas dans le canapé ?
- En me levant cette nuit pour prendre un verre d'eau, j'ai vu que tu étais agitée, tu avais l'air de faire un cauchemar ou je ne sais quoi. Tu n'avais pas l'air bien en tout cas. Je me suis dit que tu serais mieux dans ton lit, il est assez grand pour deux.

- Avec toi ?!

- Oui, pourquoi ? Ça te gênes ?
- Hmmm, je sais pas... Est-ce qu'il .... Est-ce que j'ai fait quelque chose de... déplacé ?
- Non, il ne s'est rien passé du tout, me rassure-t-il. Je t'ai porté du canapé jusqu'au lit, j'ai replié le canapé et je me suis couché, rien d'autre.
- Rien du tout ?
- Je te promets Amalia, que malgré la réputation de coureur de jupon et de chaud lapin qui me suit, je ne suis pas le genre de personne à tenter quoi que ce soit sans le consentement de ma partenaire, me dit-il en me regardant dans les yeux.

Je ne sais pas si c'est un message qu'il veut me faire passer ou juste une mise au point sur le fait que rien n'arrivera au court de cette semaine, mais quoi qu'il en soi, ça m'enlève un poids.

- Hmmm... Merci, dis-je en rougissant. Qu'est-ce que... hmmm et toi, que voulais-tu me dire ?

- Je voulais te remercier pour hier matin.
- C'est à dire ?!
- De m'avoir enlevé ma veste et mes chaussures quand je me suis endormi. Je n'avais pas prévu de tomber comme une masse, désolé pour ça, me dit-il, gêné.
- C'est tout à fait compréhensible, avec le voyage et le décalage horaire, c'est normal d'être crevé.

- C'est pour ça que j'ai voulu te rendre la pareille et te ramener dans ton lit.
- Tu es la personne la plus adorable que je connaisse Ashton Ace Parker

- N'en sois pas si sûre.

- Pourquoi ça ?!
- Parce que je ne pense pas que ça soit vrai. La personne la plus adorable que tu connaisses se serait-elle énervée sans t'expliquer le pourquoi du comment ? Je crois pas.
- Okay, alors tu es la personne la plus méchante et désagréable que je connaisse. Ça te va ? Dis-je en rigolant.
- Parfaitement, dit-il en me faisant un clin d'œil.

On termine de manger, on débarrasse, je fais la vaisselle et on se pose dans le canapé. J'allume la télé et j'essaie de trouver un programme qui puisse l'intéresser étant donné qu'il ne parle pas beaucoup, voir pas du tout français, je décide donc de mettre le film « Le Nombre 23 » avec Jim Carrey par chance, je l'ai en anglais. Ce n'est peut-être pas le meilleur des films à regarder, dans ce genre de moment, mais je n'ai pas d'autres idées.

- Le film n'a pas de sous-titre ?! Demande Ashton, étonné.
- Non pourquoi ?
- Je ne remets pas en question ton niveau d'anglais, mais tu vas tout comprendre sans sous-titre ?
- Oui, oui ne t'inquiète pas ! Je le connais par cœur aussi bien en français qu'en anglais.

C'est la seule discussion qu'on a pendant le film. À un moment, je le vois réfléchir, compter sur ces doigts, ça me fait rire et lui aussi. Je me lève pour prendre une bouteille de thé glacé, je nous en sers un verre. On s'échange quelques regards aux scènes clé et nous nous comprenons sans un mot. Le film se termine, il part comme une flèche sur le balcon après m'avoir piqué un calepin et un crayon. Je le suis et je le vois en train de calculer. Il se demande si cela marche aussi avec les plaques d'immatriculation et je me mets à rire, ça y est, lui aussi est obsédé par ce nombre, comme Jim Carrey.

Il revient au salon cinq minutes plus tard. Il s'assoit à coté de moi et se met à écrire à toute vitesse. Je jette un petit coup d'œil, vite fait, ça ressemble à un poème ou peut-être une chanson ? Puis, il pose mon calepin et me demande :

- Dis Amalia, je peux te demander un truc ?
- Oui bien sûr, tout ce que tu veux.
- Tu pourrais me raconter ton histoire ?