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9.

Je me réveillai la tête lourde, sans que je puisse calmer le tournis qui m'emprisonnait. Puis ce son aigu, presque un cri, qui contrait les bruits alentour. Être une seconde fois sonnée en peu de temps, avec un mal crânien encore plus ambigu, me donnait fortement envie de rester au sol.

Me mettre debout pour regarder autour de moi me demanda une force que je ne possédais en si petite quantité, alors commencer à courir, c'était impensable.

Puis la vue et l'ouïe me revinrent petit à petit, et après avoir regardé autour de moi, j'avançai d'un premier pas. Puis d'un second, aussi maladroit que le premier. Si peu de grâce en une simple marche que cela en était honteux.

Je me ruai sans grand équilibre vers l'ombre blanche étendue sur le sol non loin de moi.

Je m'accroupis à ses côtés en me remémorant son geste qui m'avait assurément évité de nombreux dégâts supplémentaires. Il m'avait sauvé la vie... sans me connaître ou même se justifier. Nous combattions à présent ensemble et il avait décidé de me sauver, de se sacrifier en se jetant entre le danger et une inconnue.

Et tout ce que j'avais de mieux à faire pour l'aider en ce moment était d'espérer et d'attendre.

Piètres remerciements.

Je n'osai pas le toucher, de peur d'empirer ce qui ne devait pas l'être. Je me contentai d'observer son dos pour m'assurer de la superficialité de ses blessures.

Plusieurs entailles rouges barraient son torse et de nombreuses taches plus sombres les entouraient.

Pas de quoi s'affoler.

Le réveil n'allait plus tarder ; peut-être aussi difficile que le mien, mais il était bel et bien en vie. C'était une bonne nouvelle ; maintenant, il en suivrait sûrement des mauvaises...

Où étaient Hémon et Athéna ? Je ne les voyais nulle part.

Le choc les avait emportés au loin, peut-être même tué. Je n'osais y penser. Comment espérer l'éveil d'Hémon si Nese était toujours au sol ? Son état devait être sinistre. Plusieurs images défilèrent sous mes yeux, toutes plus horrifiantes les unes que les autres. Une peau fondue, dont les entrailles laisseraient à penser que l'intérieur avait également eu son coup de chaud. Des organes dégoulinant mollement hors de son corps, du sang noirci cuisant encore sur son cartilage.

Je m'apprêtai à partir et inspectai attentivement les alentours, tentant désespérément de trouver les deux corps de mes amis, morts ou vifs. Puis je me rappelai mon sauveur, étendu par terre, inconscient. Le laisser seul me paraissait de mauvais augure.

Un instinct. Puissante boule encrée dans ma gorge.

Je ne pouvais pas le laisser seul.

Je m'assis à ses côtés et me résignai à attendre. En silence, les pensées sombres.

La tranquillité de la forêt se brisait de temps à autre par des mouvements animaux, ou du vent dans les branches des arbres. Ils n'étaient pour moi plus qu'infime anonymat. Je ne reconnus ni la branche qui tomba, sèche ; ni l'oiseau qui fuit à notre vue de quelques battements d'ailes ; ni le cafard retourné dans son trou. Seul le tigre à mes pieds comptait. Masse étendue, inerte. Précieuse et à la fois subtile.

Comment décrire une relation dont vous-même n'arriviez-vous pas à comprendre le sens ?

Une brindille se brisa, bien plus proche que toutes les autres. Je ne fis que lever deux yeux lourds de fatigues et incapables de comprendre ou d'expliquer ce qui se passait face à eux.

Manque d'attention qui aurait certainement pu me coûter la vie.

Aucune surprise ne se lut dans mes pupilles vides lorsqu'elles rencontrèrent celle de Diego — Diego ou Dieugo, je n'étais plus sûre à présent de comprendre. Il se trouvait debout à une dizaine de mètres de moi, sa panthère noire à ses pieds.

Je me rappelai le regard qu'avait eu Nese lorsqu'il avait aperçu Diego la dernière fois qu'on l'avait vu accompagné. Mais je chassai cette pensée de ma tête pour la remplacer par l'image de l'homme de la taverne, sociale et aimable.

J'aurais dû me douter de sa réelle identité. J'aurais pu. L'abandon qu'avait décidé d'entreprendre mon corps en avait décidé autrement.

Il s'avança doucement vers moi, observant la moindre de mes réactions. Je ne bougeai pas plus à son approche, que lorsqu'il s'accroupit face à moi.

Son animal en retrait, il attendit.

Il n'avait rien à craindre.

Pour qui me retenais-je encore de mourir ? Mon meilleur ami était mort. Ma meilleure amie l'était sûrement également. Je dirais qu'il ne me restait plus que ce tigre que j'avais rencontré aujourd'hui même. Mais est-ce qu'il en valait vraiment la peine ?

Sûrement.

Impossible cependant d'attraper la moindre arme dans mon dos ou à ma ceinture. J'étais totalement vidée de ma force.

L'assassin de mon meilleur ami abaissa son capuchon et m'interdit de quitter ses yeux en relevant mon menton du bout de ses doigts.

Il regarda tour à tour mon œil gauche et mon œil droit avant de prendre la parole d'une voix douce et mélancolique.

— Cela fait si longtemps que je réfléchis...

Sa voix me paraissait lointaine. À peine perceptible, échos entre deux immenses falaises qui m'écrasaient de leur hauteur. Ces falaises ressemblaient affreusement à mes pensées qui dérivaient sans cesse vers la tristesse envers mes amis décédés et Nese qui ne se réveillait pas.

— Et je sais que ce qu'il y a de mieux à faire pour moi, ce serait de te tuer. Maintenant. Tant que tu ne m'as pas encore trop embrouillé l'esprit.

Il avait continué à parler. Mon cerveau me le signala rapidement sans plus s'en préoccuper. Certains mots m'atteignirent, mais ensemble, ils n'eurent aucun sens.

— Mais c'est déjà le cas. J'ai su trop tard que t'observer pendant tout ce temps n'était une bonne idée. Les cieux ont voulu me punir pour ce que j'ai fait, je le sais à présent... et je ne peux que regretter d'être tombé amoureux de toi.

Parlait-il le Xhosa, le Mandarin ?

Mes pensées se dirigeaient inlassablement vers Nese.

— Et même après avoir réfléchi pendant plusieurs heures, je ne sais toujours pas ce que je dois faire. Mon instinct de survie me dicte de te tuer et c'est ce que je ferais si je n'étais pas aussi stupide. Mais... pourquoi aurais-je le droit de vivre et pas toi ?!

Il retira ses doigts suite à sa plainte presque tel un gémissement. Ma tête retomba sur ma poitrine aussi lourde que de la roche.

Il se releva non sans un soupir agacé et après un dernier regard vers moi, partit de la même manière qu'il était venu. Lentement, sans danger, son animal de compagnie à ses côtés.

Le grognement qui se fit entendre à côté de moi mit fin aux questionnements qui s'étaient épris de moi. Je me retournai immédiatement vers la cause de ce râle, qui brisa ma solitude morose. Fatigue et tristesse disparurent à cet appel.

Je le regardai se réveiller avec la même douleur que moi quelques auparavant. Penser au supplice dans lequel il se trouvait me donna envie de me recroqueviller, le laisser émerger, mais je me jetai sur lui, bien trop heureuse de le revoir parmi le monde des vivants. Je n'aurais pas apprécié le voir disparaître pour de bon. Contrairement à mes deux amis humains, lui n'avait plus aucune chance de retourner aux cieux. Il aurait usé de sa seconde chance en se sacrifiant pour moi... ?

Nese grogna plus encore face à ce geste d'affection un rien trop poussé, mais le dressent de babines en coin qui ne m'échappa pas. Je faillis pleurer de joie en m'écartant pour le laisser respirer.

Je ne sus qu'articuler :

— Tu es en vie...

— Oh... parce que tu en as douté un instant ? me taquina-t-il.

Mon sourire s'accentua face à son corps qui s'apaisait de plus en plus face à moi.

— Pas vraiment. L'attente a juste été longue...

— Désolé, alors. Ça va, toi ?

Je grimaçai.

— Plus que toi, sois-en certain. Et encore plus que Hémon et Athéna... je crois.

— Je suis désolé, Diane. Les choses ne se sont pas passées comme prévu pour un début d'aventure ensemble.

— En effet...

Je me relevai et voulus l'aider à faire de même. Je regrettai aussitôt. Tout d'abord parce que c'était inutile, et, car un sérieux embarra apparu entre ses fines moustaches. Ses yeux perçants me mirent mal à l'aise. Cela le gênait-il de se faire aider par... moi ? Une humaine comme les autres, qu'il connaissait encore bien trop peu pour lui faire confiance ou lui sauver la vie...

À la vue de mon regard triste, sa méfiance disparut aussi rapidement qu'elle était apparue, et il finit par me laisser l'aider sans grande joie.

— Désolée, je n'avais pas l'intention de te contrarier, lui garantis-je.

— Tu ne l'as pas fait, me mentit-il sans essayer de s'attarder sur le sujet.

— Cela fait simplement un moment que la recherche de Hémon et Athéna m'appelle. Je me demandais si tu m'aiderais, tentais-je de lâcher sans trop penser à ce que le futur me donnerait pour ma main gauche.

Mais il n'y avait qu'une seule solution, je ne pouvais pas le nier.

— Oh, pardon, bien sûr. Je ne voulais pas te retenir d'aller les chercher..., me dit-il, déstabilisé.

— Tu m'as sauvé la vie alors je crois que je m'en serais voulu si je te laissais tomber milieu des bois, viande fraiche et facile pour les bêtes qui rodent.

— C'est plutôt gentil de ta part vu la situation.

Je tiquai face à ces propos.

— La... situation ?

— Et bien, ce sont tes meilleurs amis et je ne suis pour l'instant qu'un inconnu pour toi, alors... qu'est-ce qui t'a retenue ?

— Peut-être que ce tigre est quelqu'un de bien et qu'il ne méritait pas un tel abandon ?

Il m'offrit ce sourire qui me fit frémir, et je ne pus m'empêcher d'y joindre le mien.

— Ça me paraît être une assez bonne raison...

Je ris sincèrement.

Légère adrénaline qui me fit enfin remarquer que j'étais encore en vie.

C'était bizarre de rire dans une situation aussi désastreuse, dans un endroit aussi dramatique avec une personne qui m'était quasi inconnue. Plusieurs choses étaient à dire, mais non, on préférait tous deux pencher pour un sujet commun et paisible plutôt que de Diego ou de la mort de mes compagnons.

Il s'arrêta à côté de moi et je fis de même en l'observant du regard à la recherche d'un quelconque message à transmettre.

— Si tu montes sur mon dos, on trouvera plus vite tes amis et l'on sortira plus rapidement de cette forêt de malheur.

C'était véritablement une forêt de malheur.

Je hochai la tête et montai sur son dos. Je m'abaissai ensuite pour ne pas incommoder sa course.

On s'élança.

De longues minutes s'écoulèrent durant lesquelles les arbres qu'on dépassait me parurent un tableau d'acrylique sous la pluie.

L'arrivée fut brève.

On tomba nez à nez avec un groupe d'une dizaine de soldats de l'armée des Lions. Je me présentai rapidement face à leur regard rempli de crainte pour cette impressionnante bête sur laquelle je me trouvais. Ce n'est que lorsqu'ils me reconnurent et comprirent que nous venions en paix qu'ils nous offrirent leur attention.

Je leur demandai alors :

— Est-ce que vous avez retrouvé les corps de la générale Athéna ainsi que du roi Hémon ?

Un homme que je connaissais peu s'avança d'un pas pour me répondre.

— En effet. Ils sont tous deux sont avec l'équipe médicale. C'est vous que nous recherchions à vrai dire.

— Comment vont-ils ? m'empressais-je de leur demander.

Sa mine s'assombrit.

— Je crains que le roi ne nous ait quittés. Quant à la générale Athéna... je vous laisserai le découvrir par vous-même. Ils sont dans cette direction, rajouta-t-il en nous désignant la gauche.

À peine eut-elle le temps de finir sa phrase que nous foncions déjà à toute vitesse vers le campement de mon ancienne armée.

À la vue des premières tentes rouge et or, je descendis de Nese avant qu'il ne s'arrête et me ruai vers la tente réservée à l'infirmerie. Notre nouveau compagnon me suivit à la trace en travers de la foule de gardes qui reculaient à sa vue et arrivés à destination, j'ouvris violemment les pans de l'entrée de la tente pour me précipiter vers mon amie.

L'infirmière parlait en ce moment même à des gardes haut placés, le visage durci par le sérieux de la situation. Elle s'approcha de moi dès qu'elle me vit et me conta les dires de ses différentes sources.

Je fis à peine attention à elle, osai à peine regarder le corps de l'homme sous le drap blanc taché de sang. Je n'eus d'yeux que pour la femme étendue sur le lit de l'hôpital. Son corps était recouvert de ce même drap blanc ; seule sa tête me fut accessible. Son front était bandé ainsi que ses tympans et son menton. Un œil au beurre noir s'étalait sur le côté droit et de nombreuses entailles, néanmoins superficielles, barraient son doux visage.

Je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était à cause de moi si elle était dans cet état-là.

Je regrettai notre départ, sa tournure et le manque de futur.

Je regrettai de l'avoir emmenée avec moi alors que notre ennemi savait qui nous étions, de nom comme de visage, et voulait notre mort.

Je regrettai tout et n'importe quoi, mais pas le fait qu'elle soit encore en vie.

Je me tournai vers Nese et l'infirmière.

— On va prendre une tente et passer la nuit ici ; il ne nous reste pas beaucoup d'heures avant le coucher de soleil, et cela ne sert à rien d'aller payer une chambre au prochain village.

Je marquai une pause pour vérifier qu'aucun des deux n'avait de reproches à me faire et continuai :

— On repartira lorsque Athéna se sera réveillée et qu'elle me donnera sa décision pour la suite.

Je sortis en trombe de la tente après l'annonce d'une tente libre par l'infirmière pour ce soir. Je me dirigeai directement vers celle-ci et enlevai rapidement mes chaussures pour me coucher sur le lit et regarder le plafond pour réfléchir à mon aise.

Aujourd'hui, Hémon était mort. Sous mes yeux. Dans les bras mêmes de notre amie commune.

La sensation de savoir que cet homme, dont j'avais été au service pendant de longues années, que j'avais considéré comme un ami, voir un des meilleurs, n'était plus parmi nous aujourd'hui, m'était insupportable.

Hémon avait toujours été plus qu'un chef pour moi, c'était un frère avant tout. Il m'avait fait grandir, m'avait même ouvert les yeux sur certaines choses dont je m'étais longtemps résigné à éviter.

Je n'oublierais jamais ce qu'il m'avait apporté...

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