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39.

Il avait un haut léger, ouvert amplement jusque le haut de son nombril. Blanc et aussi fin qu'une chemise de soie, son torse ainsi que ses bras étaient dénudés. Ce manque de vêtements au niveau de ses muscles n'était pas inutile. Cela suffisait amplement pour effrayer l'ennemi, si son simple nom ne suffisait pas. Aucune cape ou autre pour cacher son identité, aucun bandage pour camoufler sa marque. Il ne craignait pas les autres. C'était les autres qui étaient effrayés par sa simple mention.

Ses cheveux châtain clair cachaient toujours le haut de son front, tandis que ses yeux nous forçaient à les observer de plus près tellement ceux-ci étaient magnifiques.

Autour de la marque à son poignet, sur toute la longueur de ses bras se trouvait une quantité innombrable de tatouage. Je ne pouvais voir ce qu'ils représentaient de mon point de vue, face à cette panthère menaçante, mais les rayons de ce splendide début de lune me firent observer leur couleur légèrement bleutée. C'est grâce à eux que je pus remarquer leur légère luminescence dans ce commencement de crépuscule. Je ne pouvais savoir s'ils possédaient une signification quelconque, mais une légère impression de mouvement pouvait me parvenir. Ces animations prenaient la forme d'un océan infini en ondulant le long de ses bras, tels des serpents à la recherche d'une proie.

Si son visage reflétait une puissante forme de victoire, je crus également déceler de nombreuses émotions. Tout d'abord, un profond calme. Cette paix intérieure que certaines personnes pouvaient trouver comme un apaisement. Si cette émotion m'était parvenue, notre rencontre ne devait pas y être anodine. Mais face à cette béatitude, se trouvait une seconde émotion en miroir. Un regret ? Ou peut-être une profonde empathie. Cet homme possédait quelque chose que même les cieux ne pouvaient comprendre, et je ne pus m'empêcher de penser que c'était cette même chose qui m'avait tellement intéressée en lui. Quelque chose que seul lui pouvait interpréter, que seul lui pouvait suivre. Cette chose que je ne pouvais comprendre, elle brillait de mille feux dans son cœur. Elle lui torturait l'esprit et réduisait son courage et son honneur en poussière. C'était plus qu'une émotion, c'était une douleur. Cette douleur intérieure qu'aucune médecine ne pouvait sauver.

C'est de ce déroulement de pensée que je pus comprendre que, malgré l'apparence calme que donnait Dieugo, au fond de lui, c'était une véritable émeute.

Il observa un instant mon regard perçant qui le détaillait de tout son long.

— Je vois que mes tatouages ne passent pas inaperçus à tes yeux... Mais, va savoir pourquoi, je vais t'en parler. Prends cela comme une dernière volonté, car je ne perdrais plus mon temps suite à cela. Ce serait une terrible erreur de ma part.

Sans que son compagnon bouge la moindre moustache, il s'approcha de moi. La longueur exacte pour que je ne puisse exactement pas l'atteindre.

Lorsque ma vue sur ses bras se fit plus nette, je compris que j'avais interprété correctement le mouvement de ses tatouages. Ils se déplaçaient sur les muscles de ses bras et de ses épaules comme l'eau à la surface d'un long fleuve tranquille. C'étaient des images, des dessins... Ils représentaient des humains (ou des dieux) qui vivaient, dormaient, combattaient, parlaient avec d'autres, marchaient seuls sur la route, prenaient un délicieux repas dans une auberge... C'était la vie de centaines de milliers de personnes qui vivaient dans ce monde. Et tout cela... sur le corps de celui qui voulait ma mort.

Cette capacité d'une vue totale sur le monde était des plus avantageuses. Il voyait tout, savait tout et comprenait tout ce qui était en train de se passer dans ce monde sans fin. Il avait un œil à chaque recoin de la terre.

— J'ai hérité de cette puissance lorsque je suis devenu un dieu. En tant que premiers dieux, premier ressuscité, les cieux m'ont offert ceci en échange d'une promesse, d'un devoir. Protéger le monde des mauvaises personnes de ton genre au péril de ma vie. C'était la tâche d'une vie entière, mais comment aurais-je pu refuser ? Faire régner la paix dans le monde était quelque chose de préférable pour les personnes de mon genre. Avec ce devoir, je n'avais rien à craindre des cieux tant que je ne faisais pas quelque chose qui les dérangerait. Je savais que, en acceptant cette charge, je vivrais longtemps. Les cieux me déblayeraient la route tant que je respecterais leurs règles et les ordres qu'ils me donnaient.

Il fit une pause pour planter son regard dans le mien. Ses yeux bleu ciel me transpercèrent jusqu'au plus profond de mon être, ce qui fit naitre une certaine anxiété en moi. Je me sentis nue face à cette puissance humaine et cela n'arrangeait pas le moins du monde ma situation.

— Grâce à ces tatouages, je peux voir n'importe qui dans le monde et tout ce qu'il fait précisément en ce moment. Je peux surveiller chacune des missions que je donne, chacun de mes subordonnés ainsi que toutes les personnes qui troublent l'équilibre du monde. Exactement les personnes dans ton genre.

Nous savions l'un comme l'autre que s'il voulait me tuer, c'était parce que mon visage était apparu dans l'invocation de la voyante qu'il avait consulté, pas parce que j'empêchais une paix dans ce monde de lutte.

— Tout ça pour te dire que tu n'hériteras jamais de ce pouvoir, comme toute personne peuplant ce monde, car seul le gardien de l'accalmie du monde possède une telle puissance.

Je souris face au terme qu'il venait d'utiliser : hériter. Cela signifiait que pour posséder ce pouvoir, sa mort suffisait...

Je regardai à nouveau ses tatouages. Ils me paraissaient tellement resplendissants maintenant que je connaissais leur signification. Ils regorgeaient de tant de secrets... et c'est ce qui me faisait ressentir le besoin de posséder une telle capacité. Je savais comment la posséder, il ne restait plus qu'à joindre le geste à la parole...

Je remarquai sur les tatouages un visage familier. Une personne que j'étais venue oublier en venant dans ces bois. Cette personne criait à plein poumon deux syllabes qui m'étaient des plus familières. Cette situation devenait des plus ironiques. La personne que j'avais « failli » tuer venait à présent à mon secours. C'était donc son cri que j'avais entendu tout à l'heure alors que mes pensées m'étouffaient.

— Honnêtement, j'espère tout comme vous que personne n'arrivera à prendre la place du plus grand de ce monde... Ce serait une perte démesurée pour notre monde.

J'avais dit ces quelques phrases d'une voix forte, légèrement envoutante. Tout cela avec un sourire en coin que je ne pus effacer face à l'ironie de la situation. Mon sourire se refléta sur son visage alors qu'il s'abaissa légèrement vers moi. S'il avait dit qu'il ne perdrait plus son temps, il avait l'air de bien plus apprécier la situation avec cette discussion, plus que ce que je ne l'avais espéré. Mais ce rayon de bonheur qui était né à la prunelle de ses yeux disparut lorsqu'il les ferma pour se redresser derrière le prédateur au pelage aussi sombre que le mien, toujours crocs à l'air.

Son sourire disparut entièrement lorsqu'il souffla de désespoir en comprenant ma tentative de ruse. Je compris alors à mon tour qu'après tant de temps en compagnie de ces tatouages, il n'avait même plus besoin de les regarder pour comprendre la situation de certaines personnes, il pouvait aussi les ressentir en fermant les yeux. J'eus un moment d'admiration pour cet homme qui donnait finalement sa vie pour repousser le ravage que pouvaient causer les humains sur le monde. C'est dans le souffle qu'il lâcha que je compris qu'il en avait également assez de ne pas remédier à son réel souhait : l'amour. Il avait la puissance en abondance, la vie éternelle ainsi que de profondes relations qui lui permettaient de grandes choses. Mais il lui manquait cette chose essentielle au bonheur de tout être.

— Faire gagner du temps à ton ami ne te sera pas d'une grande aide... je te tuerai avant qu'il arrive. Et même, je ne crois pas qu'il pourra t'aider à quoi que ce soit. Seul un puissant dieu le pourra.

Sa façon d'appuyer sur le mot « puissant » me répugna.

Foutue règle.

Il leva rapidement sa main droite vers mon cou. Et alors qu'il n'y avait aucun contact entre nos deux corps, une puissante prise entoura mon œsophage. Je sentis une poigne invisible se refermer sur mon cou alors que l'air rentrait de moins en moins bien en moi : le pouvoir d'Athan. Ce même pouvoir qui avait tué Hémon. Celui-là même que j'avais déjà réussi à déjouer. Mais cette situation-ci était plus compliquée. Si je pouvais voir le fils qui reliait nos deux corps, ma queue était extrêmement mal placée pour m'aider.

Je commençai à la déplacer petit à petit derrière moi en essayant de ne rien faire remarquer à mon ennemi. Cela prenait un certain temps, et je n'en avais plus. Mais Dieugo était des plus hésitants, car s'il ne l'était pas, je ne serais déjà plus de ce monde. Quelque chose le bloquait, mais quoi ? Qu'est-ce qui pouvait à ce point freiner le plus puissant des dieux ?

Alors que mon plan se déroulait en silence, je sentis son souffle sur ma peau. Je me demandai alors de quelle manière Dieugo me voyait avec ce pouvoir de la Force. Aussi proche que le laissassent paraître son souffle et sa poigne sur moi ? Ou aussi loin que moi, je le voyais ? Malgré tout, l'air plus chaud qui se posait sur moi prouvait que son visage n'était à pas plus d'un centimètre du mien. Si la douleur qui prenait mon cou était des plus violentes, quelque chose de doux et furtif effleura mes lèvres. Quelque chose d'aussi aigre que ce vent léger et chaud que vous receviez dans des moments de calme et de sérénité. Mais je ne pouvais plus différencier le réel de l'irréel, tellement la brûlure que me renvoyait mon cou était puissante.

Mon nom résonna dans la nuit alors que mes pensées commençaient à divaguer.

Comprenant qu'il n'aurait plus de seconde chance avant longtemps, Dieugo sortit un poignard de sa botte et donna un coup devant lui, dans l'alignement de mon cœur. S'il avait compté sur ce coup bas pour en finir, il n'en fut rien. Malgré la vitesse à laquelle il avait accompagné son geste, ma queue coupa le lien bleuté que je pouvais voir grâce à mon changement d'apparence avant que la lame n'effleure ma poitrine. Changée en pierre, elle était aussi fine qu'une épée. Comprenant que j'allais pouvoir continuer à profiter de mon avantage, mon arme secrète continua son geste pour arriver sur le fauve en face de moi. Si celui-ci recula d'un bond en évitant mon coup, le sang de son museau coula malgré tout. Il s'enfuit au pas de course pour laisser son maître s'occuper de mon cas sans un regard en arrière.

Je me relevai d'un bond en respirant à nouveau alors que mes yeux se posèrent sur mon agresseur. Son expression me laissa de marbre. S'il devait être en colère pour le fait de ne pas avoir réussi à en finir, l'expression qu'il affichait me convainquait qu'il n'en était rien. Il affichait sur son visage son sourire habituel, et ses yeux rieurs face à ma défense inattendue ne passèrent pas non plus inaperçus.

Sur son visage, deux émotions puissantes ressortaient. Un profond soulagement d'abord, comme lorsque vous retrouviez quelqu'un que vous croyez mort. Et une profonde et sincère fierté ensuite, celle-là même que l'on reçoit lorsque notre enfant a fait quelque chose qui est digne de l'amour qu'on lui porte. Mais cet inattendu ne dura pas longtemps lorsqu'il fit un bond en arrière pour produire un mouvement inconnu à mon égard. Ma queue passa à une allure folle devant moi lorsque la chaleur de la boule de feu me frappa. Si l'épée n'était pas passée au bouclier, j'y serais sûrement passée.

Cette boule était des plus étendues. Rapide et puissante, elle avait rasé deux arbres aux alentours ainsi que celui derrière moi. Dieugo contrôlait son pouvoir parfaitement, on ne pouvait nier pareil fait. Si je n'avais vu que quelques de ses nombreuses attaques pour le moment, elles avaient toutes été pour l'instant des plus impressionnantes.

Il fallut un certain temps à son lancer pour se disperser derrière moi, mais lorsque la chaleur retomba, je pus prendre les devants en décalant légèrement ma queue pour apercevoir mon ennemi qui me regardait avec un certain amusement. C'était sans compter sur son intelligence et sa puissance qui m'avaient déjà faite prisonnière sans que je ne le remarque. En effet, une série d'épaisses racines m'avaient enroulé les jambes ainsi que la taille, empêchant tout mouvement. Comprenant ce qui m'attendait si je ne me dégageais pas dans l'immédiat, ma queue s'acharna sur ces arbres naissant en laissant champ libre à mon adversaire. Celui-ci en profita sans pouvoir s'empêcher d'élargir son sourire splendide et une rafale de vent me frappa en pleine poitrine. Il avait libéré sa prise terrestre au dernier instant pour laisser sa naissance de tornade m'emporter sans retenue à plusieurs vingtaines de mètres.

Si la souffrance précédente avait entièrement disparu, ce qui suivit son attaque me rappela de mauvais souvenirs. Je ne pouvais ignorer mon corps tout à coup tremblotant, mes quelques côtes cassées et mon pelage noir taché de sang pour m'être pris autant d'arbre et de roche en un même élan.

Comment avais-je pu croire que j'avais une chance de combattre Dieugo ? Je n'avais même pas eu le temps de placer la moindre attaque que j'étais déjà presque entièrement hors de combat. À vrai dire, c'était impressionnant et cette correction était méritée, mais cela me fit du mal d'admettre ma stupidité.

Comme promis, Dieugo ne perdit pas plus de temps avec moi et un puissant jet d'eau naquit de sa paume pour foncer vers moi à une allure impressionnante dans les airs. Presque entièrement hors de combat, j'avais à peine la force de tenir mes yeux ouverts. Tout cela était fort problématique vu ce qui se dirigeait vers moi, mais il me restait toujours un atout dans ma manche. Je relevai tant bien que mal ma jambe gauche et appuyai ma queue de pierre sur le sol pour me projeter plus loin en évitant l'attaque de Dieugo, tout cela en un seul et unique mouvement parfait. L'eau passa à côté de moi en fendant l'air sifflant aux alentours et vint détruire les trois arbres qui se trouvaient derrière moi dans une explosion d'écorce. Je regardai un instant la puissance innocente de ce pouvoir. Jamais je n'aurais pu imaginer que l'eau pouvait être aussi rapide et dévastatrice.

Heureusement que je n'avais pas eu la naïveté de l'intercepter...

Mes pensées me firent oublier la présence de mon ennemi qui en profita pour lâcher une nouvelle rafale de vent qui zigzagua dans les airs en s'avançant vers moi. À peine eus-je le temps de tourner la tête vers ce changement de pression, que la distance m'en séparant ne dépassait pas le mètre. Ma queue se plaça in extremis devant moi, comme de nombreuses fois et l'attaque vint s'écraser sur la pierre. S'écraser ? Pas tout à fait. Le vent, qui avait emporté plusieurs détritus avec lui, rebondit instantanément sur ma défense pour attaquer le buisson à côté de moi.

Je restai ébahie face à ce spectacle et un coup d'œil vers mon ennemi me fit comprendre qu'il l'était également. On regardait tous les deux ce buisson qu'avait attaqué son coup dévié.

C'était comme une sorte de miroir qui renvoyait l'attaque où la queue la dirigeait. Je pouvais peut-être donc tuer un dieu sans en être un ? Les personnes des cieux auraient finalement rendu cela possible. J'avais donc une chance de tuer Dieugo et celui-ci l'avait bien compris. Il me regardait à présent comme si tout s'éclairait enfin. S'il lançait une attaque trop puissante et que j'arrivais à l'intercepter de ma queue, c'en était peut-être fini pour lui. Mais j'étais encore loin d'une telle maîtrise et je savais avoir besoin d'entraînement pour un tel exploit. Beaucoup d'entraînement.

Ma réflexion traîtresse me fit perdre un temps précieux dont l'ennemi profita pleinement : de nombreux rochers se séparèrent de la terre pour errer dans l'air telles de petites îles flottantes. Il avait compris qu'il fallait à présent éviter toute attaque directe. Mon regard s'agrandit face à ses projectiles qui s'avancèrent lentement vers moi pour m'entourer complètement. Je les regardai, impuissante, sentant la peur grimper en moi telle une flèche. J'en comptai seize et savais que je ne pourrais tous les éviter. Je ne connaissais pas encore la réelle ampleur de ma queue, mais savais que sa limite était bien trop courte pour me sauver. Dieugo en était tout autant conscient. Il n'avait pas lancé cette attaque par hasard.

Alors ma queue prit la forme d'un long pic d'acier et virevolta autour de moi, à l'affut. Mes griffes déployées, j'espérai sincèrement qu'elles pourraient également m'aider.

Le premier bloc de terre fonça à toute allure sur moi et ma queue le transperça en le transperçant entièrement afin de le briser, alors que je plaçais mon avant-bras devant mon visage pour me protéger des débris. Pendant ce temps-là, trois autres morceaux m'attaquèrent simultanément et je n'eus le temps d'intercepter que la première avant d'éviter les deux suivantes qui me frôlèrent de justesse. Mais Dieugo n'en resta pas là : six autres rochers m'avaient pris pour cible dans un élan consécutif, et je sentis plusieurs gouttes de sueur couler le long de ma tempe. J'évitai la première d'un saut, brisai la seconde de ma queue, laissai la troisième m'écorcher violemment le bras pour intercepter de mes propres mains la quatrième, n'ayant pas le temps de l'éviter. Le timing de mon adversaire était précis, parfait. Mes griffes se plantèrent dans la roche de l'amas de terre devant moi tandis que Dieugo augmentait la pression de son attaque, me laissant glisser sur l'herbe sous mes pieds. Mais je tiens bon, malgré la douleur que me renvoyaient mes bras en supplément du reste de mon corps.

Ce que je n'avais pu prévoir, c'était les deux plus gros morceaux de roche et de terre m'attaquant des deux côtés. Mes mains violemment encrées dans la roche de devant, il ne me restait plus aucune autre possibilité que de me laisser écraser.

C'était sans compter sur l'homme vers qui ma colère et ma haine se dirigeaient.

— Baisse-toi !

Le projectile face à moi me l'interdisant, je ne pus que baisser ma tête, réduisant ma vue à néant. Mais je compris ses intentions et connaissais le danger qui m'entourait. Alors je le laissai prendre les choses en main et lui offris ma confiance uniquement pour les quelques instants qui suivirent. Il avait empoigné les épées dans mon dos dans un saut au-dessus de ma tête. Il les lança un instant dans les airs pour ensuite les empoigner par le milieu de la lame et ne laisser plus qu'une dizaine de centimètres dépasser de ses doigts. Leurs pointes dirigées vers les deux projectiles qui nous fonçaient encore dessus à toute allure, bras écartés, en plein vol juste au-dessus de moi, les yeux fermés, il était prêt. Prêt à recevoir le choc qui allait suivre et me sauver la vie.

Le mélange de pierre et de terre s'écrasa sur les pointes de mes épées. Celles-ci fendirent les blocs assez violemment pour que ces derniers se séparent en deux dans un bruit intense. Ils glissèrent ensuite le long de ses bras, les griffant à sang. Les bandages arrachés, ses anciennes blessures prouvant qu'il s'était débattu de toute son âme furent une nouvelle fois violemment attaquées. Oubliant de les faire soigner par ma sœur, ses blessures s'étaient remises à saigner et la douleur infligée fit grogner mon partenaire.

Toute cette mise en scène dura seulement quelques instants et les roches finirent par s'écraser les uns contre les autres, formant de nombreux débris autour de nous. Le danger qui passa sous nos yeux me fit revenir à la réalité et ma queue réussit à protéger le corps au-dessus de moi qui avait les mains en sang pour avoir serré aussi fort le métal de mes lames. Certains pourraient trouver cela un peu rapide de sauver celui qui avait tué ma mère, mais à vrai dire, je n'avais juste pas réfléchi. C'était mon instinct protecteur qui voulait sauver les personnes qui m'étaient chères, et mon sauveur de cette nuit en faisait amplement partie. Mon geste m'obligea à recevoir les restes en plein dans le dos alors que le bloc devant moi interceptait les autres morceaux. Même si mon dos ne me faisait plus souffrir, j'allais sûrement avoir besoin d'un second soin.

La roche et la terre finirent par retomber et je posai par terre un Nese totalement perdu par mon changement d'attitude envers lui. Je tombai ensuite à genoux en ressentant les effets secondaires des nombreuses blessures que j'avais pu avoir durant ce court combat. Ma queue reprit sa forme initiale, et Nese s'agenouilla en prenant ma tête entre ses mains, inquiet.

Dieugo n'était pas du même avis.

Il envoya les six derniers blocs sur nous sans retenue, et nous laissa nous débrouiller pour le reste. Comprenant que j'étais hors de combat, c'est Nese qui se chargea de la suite. Il me prit dans ses bras sans que j'aie la force de le repousser, et sauta de toutes ses forces à plus de deux mètres de haut avant l'impact. En dessous de nous explosèrent les derniers morceaux dans une vague de débris et de poussières qui ne réussirent tout de même pas à nous atteindre.

On retomba rapidement, mais Nese ne se résigna pas à me reposer sur le sol. Je dus donc le pousser de force et chuter de moi-même avant de me remettre tant bien que mal debout en refusant son aide. Il fronça les sourcils face à mon refus, contrairement à Dieugo qui émit un faible sourire derrière moi.

La préparation de son attaque suivante avait demandé une dizaine de secondes entières qu'on lui avait gentiment donnée en se chamaillant bêtement. Il n'en fut évidemment que plus satisfait et un gigantesque tsunami d'une cinquantaine de mètres s'éleva à une trentaine de mètres de nous. On ouvrit tous les deux de grands yeux face à la suprématie de son attaque. En effet, tout ceci n'était que miettes et détails face à l'immense pouvoir qu'il possédait, et j'espérais un jour pouvoir être témoin de sa grandeur. Mais pour l'instant, nous avions beau cherché solution, nous étions faits comme des rats. À l'exception d'un miracle, une attaque de telle ampleur n'était pas à prendre à la légère. Le seul point positif sur cette vague industrielle était qu'elle avait dû prendre une grande partie de l'énergie adverse, mais cela ne nous était pas d'une grande utilité sur le moment.

Le temps était contre nous, et nos chances de survie étaient en train de se réduire à néant. Je pouvais ressentir la peur de mon allié comme il pouvait ressentir la mienne. Il avait les mains et avant-bras en sang tandis que de mon côté, il était difficile de trouver un endroit de mon pelage sans ce liquide écarlate qui coagulait tranquillement. Être dans une position si délicate avec lui ne m'arrangeait guère. Cet homme était meurtrier et faux. Je n'avais plus rien à faire avec.

Mais on était bien là, s'obligeant à ne pas fermer les yeux, se prouvant à soi-même que l'on pouvait être plus fort que la mort.

Tout arriva très rapidement.

Deux personnes se précipitèrent autour de nous. Une femme et une petite fille. Deux déesses. La plus jeune s'avança sous le regard intrigué de l'autre ainsi que des nôtres. Dos à elle, je ne pouvais pas encore mettre un visage sur sa personne. Celle-ci s'abaissa sans crainte pour placer ses petites mains sur le sol. Ma sœur, juste derrière elle, suivit son geste en se mettant à genoux, et posa ses propres mains sur les épaules de la première. Alors qu'un mur de glace grandissait de la terre elle-même, des filaments verts entourèrent le corps entier d'Ariana afin de se diriger lentement vers la seconde déesse. On les regarda s'échanger leur pouvoir pour les unir en ne faisant plus qu'un immense mur bleu clair transparent de la même hauteur que l'attaque ennemie.

Produire une telle défense seule n'était possible que pour le plus grand dieu du monde, mais le pouvoir de ma sœur était la guérison, et vous apportait une force nouvelle. Cela suffisait amplement à générer en continu du pouvoir pour transmettre l'énergie nécessaire afin de bloquer le tsunami d'en face.

L'eau entra en contact avec la barrière de glace qui avait viré au vert grâce au mélange des pouvoirs. Si l'eau était un élément vif et puissant, la glace était elle-même une amélioration, déjà endurcie. Mais le pouvoir de Dieugo prenait largement le dessus sur cette froide défense et sans le pouvoir familial pour régénérer les parties en difficulté, nous serions déjà tous noyés.

Je comprenais enfin la règle de « Seul un dieu peut tuer un autre dieu ». C'était par pur principe, par pure logique que les cieux l'avaient établie, pas seulement pour empêcher de simples accidents d'arriver. Rare sera l'humain arrivant à tuer une de ces sources de puissance.

Le tsunami disparut petit à petit contre la barrière magique. Le soulagement fut général, mais, dès que Dieugo revenu dans note champs de vision, on vit deux nouvelles concentrations d'énergies de feu et de terre — de pierre, plus précisément — augmentant leur expansion à vue d'œil. Elles étaient la prochaine attaque et je peux vous dire que la défense allait être compliquée...

C'était son plan depuis le début : profitant de notre aveuglement par la vague, il avait gagné un temps précieux pour préparer ces dominations à l'état pures qui prenaient un certain temps comme une quantité phénoménale d'énergie. C'était le secret de son pouvoir, sa réelle puissance. À partir de maintenant, plus le temps passerait, plus l'avantage sera pour notre ennemi.

Il fallait agir vite.

Le ciel gronda au-dessus de nous. La petite fille avait levé les bras vers celui-ci en faisant disparaître sa barrière de glace qui lui demandait beaucoup d'énergie ainsi qu'à ma sœur. Un changement de climat put se faire ressentir alors que l'air aux alentours devenait plus lourd. Le ciel se recouvrit d'épais nuages noirs tandis que notre sauveur se concentrait face à l'ennemi qui profitait de la nature alentour pour continuer agrandir son pouvoir.

Je sentis un léger froid d'hiver se lever, puis devenir plus puissant, plus vif, plus fort tandis que le sang qui recouvrait mon pelage coagulait plus rapidement à cause de cette soudaine baisse de température. En supplément de l'air qui s'était alourdi, les arbres de cette immense forêt s'étaient mis à frémir. Notre sauveur avait fait appel au pouvoir du ciel ainsi que celui du froid. Mélangés, ils formaient une forte pression qui vous faisait certainement remettre votre vie en question. La température avait un tel point chuté qu'elle faisait trembler chaque corps présent jusqu'aux entrailles. Si l'attaque était censée viser entièrement Dieugo, là était la preuve que son pouvoir était encore incomplet.

Nous pouvions pleinement ressentir le pouvoir de notre allié et je pouvais deviner que Ariana n'y était pas totalement innocente. Ses mains toujours posées sur celle de la fille, elle attendait patiemment. Concentrée, elle offrait de son pouvoir pour nous assurer la victoire et nous lui en étions tous reconnaissants. Ce n'était pas rien, mais face à Dieugo, cela ne servirait qu'à peut-être le faire suer.

Une neige imprévue naquit autour de nous, une neige du moment. Légère, discrète, pourtant inhabituelle en cette saison. C'était le secret du groupe des Achidels pour éparpiller son pouvoir autour de nous. Maintenant que ses deux attaques étaient prêtes, notre amie put passer à l'action. Dieugo était encore en train de se concentrer pour faire grandir ses concentrations. La petite fille toisa un instant le dieu en face d'elle, comme pour essayer de faire disparaître la peur qui avait pu monter en elle.

C'était la dernière chose que j'avais pu voir avant de tourner mon regard vers celle qui avait posé sa main sur mon épaule pour attirer mon attention.

— Nous sommes inutiles ici. Il faut aller vous faire soigner avant que le combat ne commence réellement.

Je fronçai les sourcils, mais savais très bien que c'était la pure vérité. Ce qui allait suivre ici pouvait plus nous tuer que nous pouvions l'aider. Aggraver la situation n'était pas la priorité.

Ses bras entourèrent lentement mon corps pour me porter, mais je l'arrêtai en plein geste.

— Attends. Il me reste une dernière chose à faire ici.

Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas où je voulais en venir.

Quant à moi, je me retournai pour tapoter le bras de la petite fille qui réfléchissait à sa prochaine action. Elle mit un instant ses yeux sur ma main qui l'avait touchée avant de les poser sur moi, bienveillante. Son regard froid ne m'était évidemment pas inconnu et je me souviens tout de suite de sa douceur irréfragable. La petite fille que nous avions libérée lors de notre fuite du château de Phares, le jour où j'avais éveillé les gènes de ma mère. Elle était venue rembourser sa dette. Elle se tenait là, devant moi, devant nous, face au plus grand dieu du monde, sans la moindre crainte. J'eus un faible sourire face à cette constatation, mais me rappelai bien vite que le temps était contre nous. Alors je me penchai près de son oreille en avançant à quatre pattes. Les forces me manquaient, mais laisser Dieugo avec mes amis et fuir le combat n'était pas mon genre.

La jeune déesse hocha la tête face à ma demande et la seconde suivante fut la bonne : le ciel se déchira dans un grondement de tonnerre pour en laisser sortir deux éclairs bleus. Le premier se trouvait juste au-dessus de Dieugo, qui dut sortir un instant de sa profonde concentration pour l'éviter. Le second s'abattit juste au-dessus de nous et c'est ma queue qui l'intercepta à une vitesse foudroyante. Dirigée avec précision et rapidité, la foudre se dirigea de pleine puissance sur notre adversaire dont l'adrénaline monta un instant. Enchaîner deux défenses aussi rapides lui avait fait prendre conscience de certaines choses et j'en fus extrêmement ravie. Car tel était mon but. Lui rappeler que je le retrouverais et le tuerais une bonne fois pour toutes. Nos regards se croisèrent et je lui souris sincèrement. Je pouvais maintenant m'en aller en ayant la certitude qu'il ne m'oublierait pas. Car la prochaine fois que nous nous verrons, je me chargerai de sa personne.

— Essaie seulement de prouver que ta petite technique peut réellement me tuer et là je te considérerais comme mon égale ! me cria-t-il par-dessus les grondements de ses préparations de pouvoirs. Il va t'en falloir plus, sache-le ! Tu n'es pour l'instant qu'un jeu pour moi et tu n'es pas près de devenir intéressante !

Ses paroles me firent froid dans le dos, encore plus que me le permit le pouvoir allié. Je grimpai sur le dos de Line sans plus un regard en arrière, et on disparut au pas de course dans les bois suivis de près par le meurtrier de ma mère.

On laissa derrière nous un combat sans plus aucune pitié de la part de l'adversaire.

Les filaments de la concentration de feu ainsi que ceux de la concentration de pierre se ruèrent les uns sur les autres en une parfaite harmonie. Celle-ci grandit pour prendre le diamètre d'un lasso avant de réunir les assemblages jusqu'à une seule et même attaque. Puissante, dévastatrice et vaniteuse : Dieugo lui-même. La fin de cette formation donna un art gigantesque de flammes et de petits rochers, c'est-à-dire un mur enflammé de centaines de mètres de haut se dressant devant nous avec prestance. L'Achidel fit de nouveau un mur de glace pour tenter de bloquer l'attaque beaucoup plus puissante que la précédente. Mais, si la dernière fois, ce coup avait marché, cela ne m'aurait pas étonné que Dieugo ait pris ses précautions. Je réfléchis et compris. Si la pierre allait former le poids pour casser la glace, le feu allait la faire fondre. Cette défense ne marcherait donc pas une seconde fois.

Ariana qui était restée accroupie durant le combat pour puiser la magie de la nature se releva d'un bond et posa ses mains sur les épaules de celle qui nous défendait au péril de sa vie. Elle parla à toute vitesse à notre nouvelle alliée en voyant l'attaque s'agrandirent un s'élargir de plus en plus pour prendre une ampleur si phénoménale qu'il nous était devenu impossible de voir la lune et ses étoiles.

La barrière tient bon face aux premiers écroulements. Mais déjà de nombreuses fissures pouvaient se faire apercevoir.

Rappelez-moi un peu ce que j'étais venue faire au fond de ces bois ? À part causer la mort des seuls amis qu'il me restait, bien sûr.

À quoi servais-je vraiment ? Qui étais-je pour mettre la vie de mes compagnons en danger ? Stupide, égoïste, rancunière, impatiente... et incroyablement colérique. Si je n'étais pas tout cela, que faisais-je au fond des bois en plein milieu de la nuit ? Excepté venger mon père, ma mère, ma sœur, Athan, Hémon... et tout ce qui sont morts à cause de cet homme. Comme mon amour envers Nese. J'avais appris à contrôler mes émotions, à ne plus regretter, à trouver rapidement des solutions. Cela me permettait de ne pas m'accabler sur la mort de mes proches où sur mes propres problèmes. Mais tout ceci n'était-il pas devenu la cause première de ceux-ci ?

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