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37.

Je fis évaporer la peur et les questions qui pouvaient encore se lire sur mon visage et lui retournai son regard sans expression. Celle-ci ne réagit pas à cette technique et n'attendit pas plus longtemps pour me tendre la boule de sa main droite.

Je regardai l'objet à quelques mètres de moi seulement. Je savais que je devais l'attraper. Je savais que je devais prendre ce globe qui allait m'ouvrir de nouvelle porte et répondre à des questions qui avaient émergée depuis longtemps déjà.

Mais quelque chose m'en empêchait.

Si, finalement, je devais tout à cette femme, je ne connaissais rien d'elle. Mais si, malgré ce mystère qui tournait autour d'elle, elle pouvait m'éclairer sur certains points, je n'allais pas refuser cette main tendue.

J'avançai d'un pas. Un pas hésitant. Des centaines de questions se bousculaient dans ma tête alors que je m'approchais encore un peu plus de la solution d'un mystère supplémentaire. Mes pensées s'arrêtèrent là et j'avançai encore, ne pensant plus le moins du monde à toute cette douleur qui était encore présente quelques instants plus tôt.

Je pris alors la sphère de verre à pleines mains. Une immense puissance se déferla ensuite dans mon corps alors que le contact entre le verre et mes doigts se produisait. Je tombai à genoux face à cette force digne des cieux, totalement impuissante à ce qui était en train de m'arriver. Mes mains tremblèrent violemment contre le verre et tout mon corps semblait brûler. Arrêter de souffrir un instant était-il donc trop demandé ?

Cela changea une nouvelle fois autour de moi alors que je me permettais à peine de cligner des yeux pour retenir chaque détail de ce que l'on me présentait.

Je me trouvais à présent dans une grande salle. Très chic, de très bon goût. Les murs étaient blancs et brillaient légèrement. Une femme, habillée de la même couleur que les murs, se dressait devant moi, la tête haute. Je ne pus m'empêcher de remarquer que ses vêtements étaient exactement les mêmes que ceux de la dame en blanc qui avait offert à Nese sa mutation de ses deux apparences.

Elle s'approcha de moi d'une lenteur telle que je me demandais si elle n'était pas somnambule. Lorsqu'il ne resta plus que quelques mètres entre nous, elle posa sur moi un regard bienveillant.

— Diane Warck.

La façon dont elle prononça mon nom me fit frissonner de la tête aux pieds.

— Cela ne m'étonnerait pas que vous vous demandiez ce que vous faites ici, mais l'inconscience est quelque chose de très dangereux pour les personnes de votre... style. Alors, je suis là pour y remédier.

Cela commençait bien. Des réponses, c'était tout ce que je demandais.

— Votre sœur, Ariana, est morte à la veille de son neuvième mois dans le ventre de votre mère, alors que celle-ci se faisait assassiner dans sa propre chambre. Un évènement de la sorte se trouve être des plus rare. Et pour tout vous dire — car telle est ma mission —, les cieux ne sont pas totalement insensibles et ils ont trouvé son cas d'une grande injustice.

Elle allait donc m'éclairer sur mon passé, sur ma famille... Les mots me manquaient pour dire combien mon excitation était grande. Une sœur ?!

— Les habitants du ciel ont donc décidé de lui donner une seconde chance. Ou simplement une première, si vous voulez. Mais donner un pouvoir pour survivre et tuer des gens à une enfant a toujours été une règle à ne pas appliquer. Surtout que, de plus, l'enfant garderait toute sa vie sa forme et son âge initial, en tant que déesse immortelle. Nous avons donc décidé de lui donner le pouvoir de la vie, de la guérison ainsi que de la téléportation. Ces différentes capacités ont été choisies pour qu'il sauve des gens au lieu de les tuer, où qu'il soit et en un temps record. Elle a été la première à recevoir ces pouvoir et reste pour l'instant la seule. Ensuite, pour régler le fait qu'elle n'allait plus grandir physiquement, le Grand Conseil des Anciens a décidé de lui offrir une vie humaine. C'est-à-dire qu'elle grandirait et apprendrait comme les autres peuples de ce monde.

Cela expliquait le fait qu'elle n'avait que quelques années de plus que moi. Si les cieux l'avaient ressuscitée peu de temps après sa mort et celle de maman. Cela voulait dire que celle qui m'avait enfanté était en fait déjà à sa seconde vie. Donc en plus de ma sœur, les cieux avaient également ressuscité ma mère.

Je n'osais imaginer toutes les joies et peines que mon père avait dû ressentir.

— Votre sœur n'est donc pas immortelle comme les autres et ne le sera jamais. Nous l'avons gardé aux cieux pendant ses cinq premières années. C'est pendant ce court laps de temps que nous lui avons appris tout ce qu'elle devait savoir sur la vie et le monde dans lequel nous allions l'envoyer.

Cinq ans... Cela voulait-il dire que même mes parents ne savaient pas que le grand conseil des cieux avait choisi de la renvoyer sur terre ? L'envoyée des cieux continua après un regard entendu dans ma direction :

— Ta mère, morte en même temps que sa fille, est également montée aux cieux. Bons que les cieux sont, ils lui ont permis de se réincarner, car sa vie était méritante. Mais son cas était des plus spécial, car nous savions que dès son arrivée sur terre, elle retournerait auprès de votre père. Les cieux ont donc décidé qu'elle incarnerait une toute nouvelle espèce pour empêcher de briser leur lien si elle devenait animale : les Kusinthas. Elle a été la première de sa lignée, vous êtes la troisième. Cette nouvelle espèce a pris un certain temps à se former, mais la décision a finalement été prise et les Kusinthas sont un mélange entre fauve et humain. On différencie les femelles des mâles par leurs longues crinières, ou simplement une chevelure humaine plus épaisse qui reflètent leur passé humain. Pour votre mère, il a été décidé d'un fauve au pelage aussi noir qu'une nuit d'hiver dont seuls la queue et les yeux avaient la couleur du soleil.

Tout s'éclaira enfin. Dans l'arène avec les doubles-loups, ce sont les gênes endormies en moi de ma mère qui s'étaient enfin réveillées. C'était celles-ci même qui m'avaient sauvée de cette situation critique. Son apparence, son sang. J'étais maintenant ce qu'elle avait été autrefois. Je ne pouvais rêver meilleur héritage.

Je voulus lui poser une question, mais je me rendis compte que j'étais dans l'impossibilité de prononcer le moindre mot. Sûrement une précaution des cieux pour gagner du temps. La dame en blanc continua sa mission avec acharnement.

— Elle a donc ensuite retrouvé votre père et vous à créer, vous, Diane Warck, fille de Aaron et Lierne Warck ...

Rare était les fois où j'entendais le vrai nom de mes parents.

— ...fille d'un humain et d'un Kusinthas. À votre naissance, vous avez évidemment hérité des traits de votre père, tout comme votre sœur. Mais comme vous avez sûrement pu le deviner, cela a pris fin ce jour-.

L'arène de Phares avait été un fameux évènement.

— Cinq ans après votre naissance, un individu s'est introduit dans la chambre principale de votre maison. Un individu — dont vous saurez bientôt l'identité —, qui avait l'ordre de vous tuer. Votre père ainsi que votre mère également, mais vous en particulier. J'espère ne pas vous l'apprendre, mais c'est donc Dieugo qui a donné cet ordre...

Elle dit ces derniers mots avec un profond regret dans la voix. Pourtant, Dieugo était sous les ordres des cieux. Ils auraient très bien pu arrêter le massacre avant que Dieugo n'ait eu l'idée d'aller voir la voyante.

Quelque chose ne tournait pas rond avec cet homme, comme si les cieux ne pouvaient pas avoir un contrôle total sur lui, malgré son obligation d'accomplir les missions qu'ils lui donnent.

— Vous allez assister à l'entièreté de la scène dès que j'en aurais fini avec vous, mais pour l'instant, je vous demanderais de rester bien attentive. Votre sœur est revenue dans le monde des vivants un peu moins d'un an après l'assassinat de votre mère. Elle est revenue sur terre avec une mission bien concrète que nous lui avions donnée : vous donner cette boule de cristal, qui allait vous expliquer le passé. Aujourd'hui, la vérité a été révélée et bonne à vous de l'utiliser comme vous le souhaitez. Nous ne pouvons qu'espérer vous voir le plus tard possible dans le monde des morts et que la suite de ce que nous appelons la vie vous soit favorable.

Je n'eus que le temps de comprendre pourquoi la femme s'était arrêtée de parler.

Le décor changea à nouveau.

Je me trouvais à présent dans une chambre de taille moyenne. J'étais à genou devant un lit double. Les murs et le sol étaient d'un bois fraichement verni. Plusieurs meubles comme des étagères, des armoires et des chaises se dressaient autour de moi. L'unique fenêtre de la pièce était ouverte et laissait échapper les profonds rayons de la lune. Deux êtres étaient profondément endormis sous les couvertures d'un même lit, les bras au-dessus des autres. Ils étaient paisibles et heureux et les petits sourires qui voyageaient sur leurs lèvres le prouvaient. Si l'homme n'avait pas l'air totalement endormi, le fauve à côté de lui bien.

À ma droite, dans le coin de la pièce, se trouvait un plus petit lit construit de la même matière que le reste de la pièce. Sans devoir aller jeter un coup d'œil à l'intérieur, je sus déjà que l'enfant qui s'y trouvait n'était autre qu'une petite fille de l'âge de cinq ans qui portait le nom de Diane Warck.

La fenêtre grinça tout à coup derrière moi. Un bruit léger, presque inaudible. Si discret qu'aucun des êtres de la pièce ne se réveilla. Un léger vent entra alors que l'intrus, perché sur le bord de la fenêtre, observait les environs.

Un fourmillement descendit le long de ma colonne vertébrale alors que j'observai avec intensité celui qui allait changer le cours de ma vie en quelques minutes à peine.

Je voulus crier, les réveiller, les secouer ou même casser quelque chose autour de moi qui aurait pu changer le cours de l'histoire. Mais, même si les cieux m'avaient permis de le faire, je n'aurais pu. J'aurais simplement été paralysée par cette peur et cette colère immense que je ressentais en ce moment même.

L'assassin de celle qui m'avait enfantée s'approcha à pas de chat sur le plancher qui ne pensa même pas à grincer tellement sa grâce était telle.

J'observais le criminel qui possédait une démarche je connaissais extrêmement bien. Cette démarche légère que seuls les combattants hors pair possédaient. C'était un homme. On le voyait au contour de ses formes. Il était enseveli d'un grand nombre de tissus qui servaient tous à camoufler sa véritable identité. Mais de tels yeux ne pouvaient tromper personne...

L'imposteur s'approcha du lit dans le coin de la pièce dans le même silence que son entrée. Sans plus attendre, il sortit un couteau de sa ceinture. Le bruit de la lame contre le fourreau émit un léger grincement qui résonna plusieurs fois dans mon cœur qui battait à toute vitesse. Un petit poignard. La dernière lame qu'il allait utiliser pour le reste de sa vie, tellement il avait été traumatisé par cette mission.

Je tournai la tête dans sa direction pour le voir se pencher légèrement au-dessus de sa victime, comme pour vérifier que c'était bien cela sa mission. Il se redressa et leva sa dague au niveau de sa tête, juste au-dessus de mon cœur, celui de l'innocent bébé endormi. Il regarda cet enfant, cet enfant qu'il n'allait pas tuer... Peut-être se crut-il incapable d'une tâche aussi infecte. Peut-être se dit-il simplement qu'il allait tuer les parents en premier. Mais, il finit par souffler sans un bruit tel un mime et me tourna le dos pour s'approcher du second lit sans le moindre bruit, le moindre autre souffle. Il referma plus durement sa poigne sur le manche du poignard et le plaça à hauteur de sa taille, à seulement quelques dizaines de centimètres du dos de la femme endormie. Cette fois-ci, il n'hésita pas. Il ne lui fallut qu'un temps, un regard assoiffé de sang qu'on ne lui avait pas appris à contrôler, qu'on avait même essayé d'accentuer. Rien de plus, rien de moins. Il planta sa lame entre les omoplates de ma fondatrice dans un geste parfaitement maîtrisé.

L'odeur du sang qui se répandit sur les draps fit réveiller mon père en sursaut. Il n'eut pas le temps de regarder son aimée qu'il passa sa main dans l'étagère derrière lui avant de passer au-dessus de la défunte d'un bond. Le fait qu'il dormait encore il y a quelques instants ne lui posa aucun problème et il se jeta à la gorge de l'assassin.

J'étais toujours accroupie devant ce lit double — que je voyais à présent comme une scène de crime —, témoin de l'horrible scène qui se déroulait sous mes yeux. L'odeur âcre qui m'emplit les narines me monta immédiatement à la tête, mais je me retins de tomber dans mon subconscient et reposai mes yeux perçants sur le combat qui se déroulait face à moi.

Mon père et l'intrus se bagarrèrent à une vitesse que très peu auraient réussi à suivre. Un meuble tomba lorsque mon ascendant envoya son ennemi contre celui-ci qui se brisa en deux. Si l'escroc possédait la force et la puissance, mon père avait plus d'atouts dans sa manche que n'importe qui et l'assassin comprit rapidement qu'il ne faisait pas le poids contre le père de famille.

Mais avant de s'en aller comme un lâche, il tenta un dernier coup. Une lumière blanche éblouissante partit du plus profond de son corps pour remonter à la surface et ensevelir les occupants de la salle, les forçant à fermer les yeux. Lorsque ceux-ci rouvrirent les yeux, ce n'était plus un homme qu'ils avaient en face d'eux, mais un tigre. Un prédateur puissant et rapide. Un des animaux les plus redoutés pour les proies qu'étaient les humains. Mais la bête était déjà presque à bout de souffle de son combat précédent. Si sa force avait décuplé, il restait le même au fond de lui. Comprenant que son cas était perdu, il tenta une dernière attaque que mon père évita sans une once de problème et ce fut la fin de ce combat lorsqu'il s'enfuit comme un lâche dans la nuit.

« Ce qui peut te paraître faible, tel que la lâcheté, peut-être le plus intelligent en fin de compte, me rappelais-je. »

C'était l'exemple parfait.

Mon géniteur se retint de le suivre et se rapprocha de sa femme avant de la prendre dans ses bras. Il s'assit au bord du lit et posa doucement la tête semi-animalière similaire à la mienne sur ses genoux. Ce geste rempli de fidélité serait insignifiant s'il n'avait pas également caressé la crinière noire de la défunte, laissant les premières larmes couler.

Il resta un moment de la sorte à s'apitoyer sur son sort. Mais le temps lui manquait pour faire son deuil et il se leva d'un bond pour presque se jeter sur le second lit de la pièce. Il prit sa fille dans ses bras qui venait à peine de se réveiller. Son jeune âge ne lui permit pas de comprendre la situation. Cela, le père le comprit instantanément. Il allait devoir lui faire comprendre ce qui venait de se passer dans cette chambre, mais ce soir-là, les forces lui manquèrent. Alors il la serra encore plus fort dans ses bras et enfouis sa tête dans le cou de la jeune fille. Cette marque d'affection laissa libre cours aux secondes et dernières larmes du père alors que celui-ci prononçait une promesse qu'il tiendrait effectivement :

— Diane... que les dieux et les cieux soient avec toi. Que toutes les forces du ciel, de la nature, de l'eau et des flammes te protègent. Moi aussi je te protégerai des dangers qui parcourent ce monde. Je t'apprendrai à survivre et je te préparerai à endurer la vie que, plus tard, tu posséderas. J'empêcherai les malfaiteurs et les maraudeurs de t'atteindre, et cela, au péril de ma vie.

Le souvenir s'arrêtait là.

La salle s'évapora dans son entièreté et le blanc reprit forme dans une étouffante vérité. Je mis un moment à retrouver l'usage de mon corps et comprendre qu'il n'y avait de nouveau plus personne autour de moi à part le Dr. Kcraw. Celle-ci se trouvait devant moi, exactement de la même manière que la dernière fois, à attendre patiemment que je retrouve l'entièreté de mes esprits.

Ma sœur... Je remarquai avec nonchalance que Kcraw était en fait Warck à l'envers. Ce détail me fit penser qu'elle avait sûrement changé de nom pour que certaines personnes mal intentionnées ne se chargent pas de la retrouver... Mais, aujourd'hui, avait-elle encore besoin de se cacher ? Après tout, j'étais enfin là, pour la protéger, comme l'avait fait mon père avant moi.

J'avais une sœur. Une sœur sur qui je pouvais compter. Cette sœur que j'avais tant espéré avoir tout le long de ma tendre enfance. Rigoler avec elle, comprendre des choses que celles les plus grandes personnes savaient, avoir une seconde expérience de la vie grâce à qui on pouvait grandir et éviter les nombreuses erreurs. Être enfant unique m'avait toujours tué de l'intérieur et pareille nouvelle en un jour aussi atroce faisait naitre un profond sentiment d'apaisement en moi. C'était comme si elle remplissait enfin le vide qu'avaient laissé tous ceux que j'avais abandonnés. Notre mère, notre père, Hémon, Athan, Athéna. Tous avaient emporté une part de moi-même avec eux. Sans compter les nombreux morts des membres de l'armée des Lions. J'avais l'impression qu'elle était le pont de toute ma détresse. La voir face à moi me faisait prendre en compte certaines choses et l'amour que je portai pour elle sans réellement la connaître était indiscutable.

Elle me sourit et s'approcha de moi sans que je n'ose bouger. Elle posa lentement ses mains sur la boule de cristal que je tenais encore en main et me la retira lorsqu'elle fut certaine de ma stabilité mentale.

Le monde tourna autour de moi pour la quatrième fois de la soirée alors que le blanc disparaissait. Nous nous retrouvâmes à nouveau toutes les deux dans le présent, devant sa maison, dans le petit jardin à l'herbe d'une beauté extraordinaire.

Il ne me fallut pas plus d'une demi-seconde pour planter mon regard sur un des arbres face à moi qui vivait dans cette forêt. Un petit Chêne, qui ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'années. Et je savais déjà que je pourrais le regarder aussi longtemps que me le permettait le temps. Ce Chêne, aussi petit qu'il pût être, allait me permettre de ne pas regarder celui qui me donnait une envie meurtrière que je n'avais encore jamais ressentie jusqu'à présent. Cet être vivant face à moi était une échappatoire et une précieuse aide pour contenir ma colère profonde.

Je remarquai sans le voir que Nese et Line s'étaient approchés de moi. Mes pupilles n'avaient toujours pas bougé lorsqu'ils me posèrent un tas de questions qui rentrèrent et sortirent de ma tête sans y rester. Tout ce qu'il y avait dans mon esprit à ce moment-là se trouvait être ce petit arbre qui se dressait royalement devant moi ainsi que ces multiples images qui tournaient en boucle dans ma tête. Ces images de l'homme que j'aimais, abattant son poignard sur ma mère, celle que je connaissais à peine, sans la moindre hésitation.

C'était absurde.

Je fis craquer ma nuque des deux côtés, essayant de rester calme le plus longtemps possible avant que la rage ne prenne possession de moi, et que je fasse quelque chose que je regretterais, tout comme Athan... Je remarquai que celle qui portait le nom d'Ariana expliquait rapidement quelque chose aux deux autres. Je ne compris évidemment rien à ses chuchotements, mais cela ne devait pas être différent du fait de « ne pas me brusquer », car un court silence me parvient distraitement. Plutôt inhabituel, après un tel abord de paroles. Mais, même si je ne pouvais pas comprendre ce qu'il se prononçait, je me demandai si tout comme moi, ma sœur avait vu la femme en blanc et le lointain souvenir.

Après avoir tendu l'oreille pendant de longues minutes, la seule chose que je réussis à comprendre fut mon nom, pas loin de moi. La voix qui le prononça était douce et suppliante, et celui qui avait osé cet acte n'était autre que la raison de ma fixation sur la nature devant moi. Je l'avais entendu telle une plainte, ce qui ne fit que dupliquer la colère qui montait en moi. Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. Ce sont mes doigts que je fis craquer cette fois, tout en abordant un petit sourire malsain à pleines dents. Voulez-vous savoir la cause de cette entrevue de bonheur ? Je m'étais simplement rappelé que nous n'étions pas encore complètement sûrs que c'était le venin de mes griffes qui avait été effacé. Alors qu'est-ce qui me retenait de ne pas l'essayer sur la personne que je détestais à présent le plus au monde ? Même Dieugo était redescendu sur cette échelle !

Ne jamais succomber à la rage.

Je me répétai une dernière fois les paroles de mon ascendant, alors que je me retournais vers mon interlocuteur pour le griffer de toutes mes forces. Mais là, ce n'était pas de la rage, c'était de la haine.

S'il ne vit pas le coup venir, celui-ci ne fit que légèrement l'égratigner. Mais la réelle douleur de son regard ne vint pas de son bras, elle venait de la compréhension de la situation. Pas du fait que je m'en prenais à lui, mais du fait que j'avais mis les choses au clair en le griffant, le fait que j'avais réellement essayé de l'assassiner.

Mais ce n'est qu'après avoir élucidé la chose que les choses commencèrent à réellement s'assombrir. Ce n'est qu'après avoir compris que le poison n'agissait pas que je passai réellement à l'attaque : je lui sautai à la gorge dans un bond rapide et vif, profitant pleinement de mon nouveau corps. Il était à présent totalement perdu et il se pouvait que ce fût en partie la même chose de mon côté : je ne comprenais toujours pas comment il avait pu faire semblant d'être heureux en ma compagnie. Feindre de prendre du plaisir à m'embrasser, à rire avec moi, à passer de bons moments ensemble, alors qu'il savait que derrière tout cela, il y avait plus que du hasard... Car il devait le savoir. Il devait savoir qu'il avait tué ma mère alors que je n'étais qu'une enfant. Il n'avait pas le droit d'être dans l'ignorance.

Le combat faisait rage sur les terres familiales. Il était encore bien plus fort et plus rapide que moi, malgré le fait que les ressemblances entre nos deux corps n'avaient jamais été aussi proches. Il avait été tigre des neiges auparavant, et cela lui apportait des techniques de combats au corps à corps que je ne possédais pas encore en tant que Kusinthas. Mais il se voyait être beaucoup plus hésitant. C'était à un tel point que lorsqu'il me griffa au bras, il échappa un léger : « Désolé... »

Je reculai de quelques pas, à bout. Pas pour conséquence de notre combat acharné, mais de sa personne. Je n'en pouvais plus de son amour envers moi. De ses gestes gentils qui contredisaient son passé douteux. De tous ces moments que je n'oublierais jamais qui ne me permettrait jamais de le détester entièrement. Et je le détestais pour ça. Je le haïssais même. Parce que je ne pouvais pas imaginer pire personne pour tomber amoureuse.

Après ce faible moment de répit, je me ressaisis et repartis à la charge, davantage sur mes gardes que les fois précédentes. Je savais pouvoir terminer le combat immédiatement en utilisant ma queue, mais c'était bien la dernière chose dont j'avais envie de faire. Même s'il méritait de mourir, je ne m'en chargerais pas. Je voulais le blesser, le faire payer. Mais surtout lui prouver que je n'étais plus la petite personne faiblarde qu'il avait eu le malheur de rencontrer. Et pour cela, il m'était nécessaire de ne pas utiliser ma queue.

Ses nombreuses hésitations me permirent de lui donner un violent coup dans l'estomac alors qu'il évitait mon coup précédent. Si une glaire de sang sortit de sa bouche, cela ne l'empêcha pas de continuer à se défendre et à contrer nombre de mes attaques.

Je profitai d'un court moment sans défense de sa part pour tenter de lancer mon poing dans son magnifique visage neige, mais il attrapa celui-ci en l'enroulant d'une main ferme sans le moindre problème. Il profita de la situation pour faire tourner mon bras au-dessus de sa tête, et se faufiler derrière moi dans un élan gracieux pour coller mon dos contre son ventre en faisant bien attention de mettre nos avant-bras sur mon ventre pour m'empêcher de bouger. La chance de ne plus avoir ce dos douloureux était grande. Et pour le coup, je n'aurais jamais été capable de lancer toutes ces attaques...

Je me débattis autant que je le pouvais sans grand changement. Ce moment de faiblesse de ma part prouvait bien sa rapidité et sa force, mais je ne voulais toujours pas l'attaquer de ma queue, cherchant un autre moyen pour lui faire comprendre la haine qui vivait en moi. Je finis par trouver le bas de son ventre de mon coude pour le frapper de toutes mes forces. C'est grâce à cela que je réussis enfin à me libérer. Mais le repos n'était pour l'instant pas au rendez-vous et il se jeta de nouveau sur moi. Je ne pouvais pas cacher le fait que je lui fus reconnaissante pour cela, car j'avais une plus grande facilité à stopper ses attaques qu'à en donner une.

Je m'abaissai rapidement alors que son poing frôla mon épaisse crinière et passai ma jambe entre ses pieds dans le même mouvement avant de mettre sa cheville entre ses jambes. Tout cela à une vitesse hallucinante que seul lui aurait pu suivre s'il n'avait pas été en plein élan de sa dernière attaque.

— Si nous ne les arrêtons pas tout de suite, ils vont s'entretuer...

C'est Line qui avait parlé. Sa voix avait été claire et elle avait accéléré sur les mots finaux, tout le contraire de ma sœur qui lui répondit calmement :

— Non. Laissons-les régler leurs comptes, et si vous voulez une tasse de thé, je serais des plus touchées de vous en préparer une.

Le combat continuait de faire rage entre Nese et moi. Je venais de sauter en évitant une de ses attaques supplémentaires. Je posai mon pied sur son ventre pour le plaquer au sol en revenant immédiatement à la charge. Le poids que j'y plaçai lui fit perdre l'équilibre qu'il possédait, et il tomba sur l'herbe parfaite alors que je retombais calmement de mon saut. Lorsque je fus sûre d'avoir l'avantage sur lui, je plaçai mon corps en allongement du sien, et bloquai le moindre de ses muscles de mes jambes et mes mains. Je remarquai que j'évitais de toucher ses bandages à ses poignets, et cela eut le don de m'énerver encore plus.

Mais, comme prévu, sa force prit le dessus, et il m'envoya plusieurs mètres plus loin devant lui d'un simple coup de pied. Il se releva à la fin de sa défense comme si de rien n'était alors que je faisais de même de mon côté. Aucun de nous deux n'attendit, et, alors qu'il se mettait en position de combat prêt à toute éventualité de ma part, je pris de la vitesse en fonçant sur lui.

Juste avant d'être à destination, je fis valser mon pied vers sa figure dans un retournement où je devais retomber sur les mains afin de revenir dans un flip parfait. Mais ma victime l'évita rapidement, et passa à l'attaque alors que je revenais sur mes deux pieds. Il dut faire quelques pas avant d'être sur moi en entourant mes reins de ses bras. Je venais de perdre l'entièreté du contrôle et ce n'était pas des plus agréable. Je repris conscience de mon corps et tentai de reprendre le dessus en me laissant tomber violemment en arrière, mais rien n'y faisait, j'étais coincée. Il s'était aplati de tout son poids contre moi, les genoux sur l'arrière de mes cuisses, m'empêchant de tenter une quelconque délivrance par mes talons dans son dos. Il entoura mon cou de son bras tout en m'aplatissant totalement face au sol, pour me maîtriser une fois de plus. C'était dans une fin parfaite qu'il m'enroula le bassin de son autre bras, attrapant mes deux bras dans l'affaire...

Je détestais quand l'homme avait le dessus sur la femme dans des combats comme ceux-ci, car ils étaient fiers et sous-estimaient la plupart du temps leurs ennemies du sexe opposé. Mais, même si dans ce cas-ci, la différence des forces était claire, je détestais par-dessus tout que ce soit mon ennemi qui ait le dessus.

— C'est bon, Diane, me souffla-t-il de sa voix essoufflée. Tu vas calmement m'expliquer autour d'une tasse de thé pourquoi tu veux me tuer. Si une pensée contraire te traverse, je te promets que je n'aurais aucun problème à rester dans cette position toute la nuit, si cela peut te remettre les idées en place.

Abandonner et reconnaitre ma faiblesse alors que mon seul souhait était de finir la mission que je m'étais mise en tête était tout simplement au-dessus de mes forces. Je préfèrerais encore rester comme cela toute la nuit...

Mais il avait le dessus sur moi ! Je n'avais plus aucun moyen de pression, et la simple pensée d'essayer de continuer à me sortir de cette situation loufoque me demandait une quantité d'énergie des plus absurdes. Tout ce que je devais faire c'était accepter sa proposition, et s'expliquer autour d'une tasse de thé.

C'était la seule solution.

J'en étais pourtant incapable sur le moment.

Je devais me calmer avant de faire quelque chose que je ne pourrais plus changer. Je devais me calmer avant de finir comme Athan, finir par regretter.

C'est ce que je finis par faire. Je repris lentement mon souffle, et relâchai les muscles qui se battaient encore contre mon ennemi. Lorsque celui-ci comprit que je ne comptais pas aller plus loin et que j'acceptais son offre, il me relâcha — très — lentement pour me laisser respirer à mon aise. Je toussai un coup en sentant à nouveau l'air remplir mes poumons et m'assis sur le gazon en fermant les yeux pour réfléchir plus calmement.

Lorsque je les rouvris quelques secondes plus tard, je fus surprise de trouver une main tendue juste devant moi.

Je la regardai un instant, prise par un profond dilemme. Si je la prenais, cela mettrait fin à cette dispute incessante pour un passé que j'avais à peine connu. Mais si, comme j'en avais l'intention, je refusais son geste, les ennuis n'étaient pas terminés.

Je restai malgré tout de marbre, et voyant que je n'allais pas l'accepter, il fronça les sourcils en la rangeant soigneusement dans son dos avant de se redresser calmement, attendant la suite des évènements.

Je ne lui en laissai pas le temps.

— Laisse-moi seule...

Grâce à son sens de l'ouïe remarquable, il entendit mon faible murmure à travers la nuit, et non sans un dernier regard pour ma personne, se retourna vers la petite maison où l'eau chauffait pour le thé. Ce geste me brisa le cœur, car cela prouvait qu'il ne connaissait vraiment pas la raison de mon attaque comme cela prouvait qu'il possédait encore un profond respect pour moi. Je savais que je devais interpréter son accord comme une preuve d'amour, mais je refusai cette pensée.

Pour ma part, je ne bougeai pas lorsque la porte claqua derrière lui, je ne réussis qu'à ramener mes jambes vers ma poitrine pour enfouir ma tête dans mes bras, sur mes genoux pour réfléchir ardemment, sous cette aimable nuit d'été.

Notre défoulement mutuel n'avait pas réussi à me calmer, et je dus me contenter d'un profond soupir en ces lieux afin de reprendre conscience de mes sentiments et mes pensées.

Je ne pouvais donc pas repousser entièrement l'idée d'aller les rejoindre pour prendre le... thé.

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