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32.

Elle était allongée sur le ventre, au-dessus de cette horrible grille dont je ne voulais pas savoir ce qu'il y avait en dessous. Sa sombre crinière pendait sur le côté et son regard était tourné vers moi.

Lorsque cet homme — qui allait être le premier à mourir de ma main si je réussissais à m'en aller d'ici — avait commencé à la torturer en faisant je ne sais quoi sur son dos, j'avais eu envie de lui crier de me prendre à sa place de me torturer dix fois plus fort qu'elle s'il en avait envie. Mais pas elle, pas Diane... pas ma Diane.

Et vous voulez savoir ce qui m'en a empêché ?

La peur.

Cette peur qui vous glace jusqu'à la moelle des os, cette même peur que la plupart des hommes redoutent plus que tout dans ce monde cruel.

Je n'avais pas réussi à prononcer ces mots qui auraient peut-être pu la sauver. Mais je savais qu'elle m'aurait haï si je l'avais fait. Je savais qu'elle préfèrerait mille fois être sur cette horrible grille en métal froid et rouillé que d'être à ma place, à regarder quelqu'un qu'elle, peut-être, aimait également.

Je n'arrivais pas à savoir ce que faisait ce sac de merde sur son dos, mais je ne m'autorisais pas à fermer les yeux. Je ne devais pas, je ne pouvais pas. Et pourtant, je le voulais atrocement. Il fallait que je regarde et ressente chacun de ses hurlements remplis de tristesse et de colère qui reflétaient une douleur que j'étais incapable de comprendre totalement.

Durant cette torture interminable, si nos geôliers avaient voulu que je souffre autant qu'elle, voire peut-être même plus, c'était un échec cuisant. Je savais qu'elle souffrait bien plus que moi en ce moment même. Même si le simple fait de penser une telle chose ne faisait qu'accentuer ma propre douleur. Mais garder les yeux ouverts avaient été un choix personnel, pour me punir personnellement des mauvais choix que j'avais faits, pour ne pas avoir su empêcher cette infâme torture d'arriver.

Elle criait, pleurait et tremblait de tout son corps, et moi j'étais là, me débattant de toutes mes forces contre ces chaînes qui me paraissaient invincibles, totalement impuissant face à ce qui était en train de se dérouler sous mes yeux. Pourrais-je encore dormir après cela, après tout ce qui se passait dans ce cachot pourri ? Je n'étais plus sûr de rien et cela me désarmait encore plus. Mais s'il y avait bien deux choses qui ne pourraient jamais changer malgré la situation, c'était mon amour envers elle et qu'être avec elle guérirait toutes mes blessures, même celles les plus anciennes et les plus profondes, quoi qu'ils nous arrivent.

Lorsqu'il eut enfin fini son travail, les mains ensanglantées, il se releva. Et alors, toutes les personnes encore présentes dans la cellule quittèrent la pièce sauf le second et cette mystérieuse fille qui étaient restés près de la porte du début à la fin de la séance.

Cette dernière me paraissait assez jeune, et la tresse de cheveux noir jet qui dépassait de son capuchon rabattu sur sa tête ne faisait qu'accentuer cette pensée.

Elle n'avait pas dit un seul mot de toute la soirée depuis son arrivée avec ses autres compagnons et était simplement restée planter devant cette porte. En fait, « soirée » était un grand mot, car je n'avais absolument aucune idée d'où nous étions dans la journée. Si l'opération m'avait semblé durer plusieurs heures, nous pouvions tout autant nous trouver au beau milieu de l'après-midi qu'en début de soirée. J'avais totalement perdu la notion du temps.

Mais à l'instant, ce n'était pas ce qui me préoccupait le plus. Non, ce que je voulais savoir plus que tout au monde était si la jeune femme avec des gènes humaines et des gènes de fauves couchée sur le ventre devant moi était vivante... Savoir si elle m'aimait comme moi, je l'aimais et si elle le savait, que je l'aimais par-dessus tout.

Qu'attendais-je pour simplement le lui demander ?

Alors que celui qui devait être le général de l'armée des guerriers sous la montagne donna encore deux violents coups de poignard dans les cuisses de ma belle, je chuchotai dans ma tête, essayant par-dessus tout de contrôler ma respiration et priant pour qu'elle m'entende :

« Oh, Diane... je suis vraiment, vraiment désolé. Pareille chose n'aurait jamais dû arriver. Ni à toi ni à personne d'autre sur cette maudite planète. Je t'aime, Diane. J'espère que tu le sais après tout ce que nous avons déjà traversé. J'espère que tu ne l'oublieras jamais, même si nos chemins s'arrêtent ici. Je t'aime, et personne ne pourra m'en empêcher. »

Je pensais tous les mots que je venais de lui dire et c'était ce qui comptait le plus pour moi, pour nous. Elle avait ouvert les yeux pour me regarder, comme choquée de cette soudaine déclaration que j'hésitais à lui faire depuis un moment.

Je voyais qu'elle n'avait jamais autant souffert de toute sa vie. Cela transparaissait sur son beau visage où étaient marquées la douleur, la fatigue, la faim et la soif. Les émotions comme la colère et la tristesse avaient également assombri son visage. Une fois de plus, je regrettais. De ne pas lui avoir laissé plus d'eau dans la gourde, de ne pas lui avoir dit ces mots plus tôt, de ne pas avoir pu la sauver de tout ce malheur. De ne pas avoir pu être à la hauteur de ses attentes et de la merveilleuse personne qu'elle était.

Elle regarda un peu autour d'elle, comme pour savoir qui était encore dans le cachot. Mais elle n'eut même pas le temps de me regarder que le général s'approchait à nouveau d'elle, un lasso à la main.

Je murmurai :

— Non...

C'est grâce à ce murmure aussi silencieux qu'une feuille morte sur une herbe encore fraiche, c'est grâce à ma voix fluette d'habitude forte et portante que je compris que j'étais également à bout de force. Le fait de m'être débattu comme un dingue contre mes chaînes n'avait servi à rien à part me fatiguer davantage. Il ne pouvait pas, il n'avait pas le droit de continuer à lui faire du mal.

Je poussai un peu plus sur mes cordes vocales.

— Non... !

Puis de toutes mes forces, je criai :

— NON !

Ce n'était plus de la peur. Ce n'était plus cette peur qui m'avait empêché d'obliger le garde à me prendre à sa place qui m'animait maintenant. Ce n'était plus cette sensation que trop de gens redoutaient encore. Non, c'était de la colère. De la colère pure et simple. Celle qui ne savait pas si elle m'entendait. Celle qui était en train de se dire que la femme qui se faisait torturer sous mes yeux avait l'air encore plus déboussolée qu'il y a deux minutes.

Le chef de la bande qui nous avait attaqués continua de s'approcher du corps de ma dulcinée qui souffrait le martyre. Mes poignets brûlaient et saignaient abondamment, mais j'ignorai la douleur, sachant pertinemment que celle-ci n'était rien par rapport à ce que Diane ressentait.

Le seul monstre dans la pièce eut un petit sourire aux lèvres, lui donnant légèrement un air de psychopathe, faisant la sourde oreille à mes cris. Je me levai d'un coup sous la puissance de la colère, continuant perpétuellement à me débattre contre ces chaînes de l'enfer. Me débattant dans tous les sens, faisant ressortir l'animal qui vivait en moi, je rugis de désespoir. Ce fut la dernière force qu'il me manquait. Mon poignet droit se libéra dans un élan de détresse, faisant exploser les bracelets de métal qui me retenaient.

Le chef, qui avait levé son lasso pour l'abattre sur ma dulcinée, se tourna vivement vers l'animal qui se débattait contre sa seconde menotte avec un espoir nouveau. Un unique bond suffit afin de m'atteindre. Il abattit son lasso à toute allure, profitant de mon second poignet attaché pour garder l'ordre dans la cellule. Une douleur violente au niveau du cou me prit de cours, mais je l'ignorai pour continuer à m'acharner sur le métal. Mais les forces et le courage me manquaient sous les coups de lasso répétitifs que l'on m'accordait. Je heurtai le mur de mon front dans un quatrième coup de cet objet de chanvre si effrayant. Les crochets à l'extrémité de la ligne se plantèrent dans ma peau pour retirer les bouts de peau et de pelage qui s'y trouvaient.

Je fermai les yeux, comprenant que je ne pouvais pas aller plus loin. Une main inconnue attrapa mon poignet libre pour le remettre à sa place, contre le mur, attaché par une nouvelle chaîne.

Malgré la profonde colère rugissante qui me brûlait le corps, j'essayai de calmer ma respiration tandis que les pas de l'ennemi s'éloignaient de ma dépouille à nouveau gisante contre le mur. Un claquement dans l'air ainsi qu'un hurlement strident me firent grimacer d'amertume. Mais la promesse que je m'étais faite me revint furtivement et je m'obligeai donc à rouvrir les yeux, respirant bruyamment en voyant son doux visage se tordre sous l'effet de la douleur du coup suivant.

Les coups suivirent, aussi intenables et puissants les uns que les autres. Des larmes coulèrent silencieusement le long de mes joues alors que le dixième coup intervint. Je fronçai durement mes sourcils en remarquant tout à coup que la jeune fille, postée à côté de la porte, trembla. Un petit, léger et rapide frisson, mais il n'échappa pas à mes yeux...

Pourquoi avait-elle tremblé ? M'étais-je trompé sur son compte ? Était-elle en fait de notre côté, celui des perdants ? Ou était-ce simplement une sorte d'exercice pour elle, comme pour la mettre à l'épreuve ?

Au dix-huitième coup, je criai son nom à plein poumon. Par-dessus mon regard flou, j'observai son visage tordu par la haine et la douleur. Je repensais à la cruelle enfance qu'elle avait eue et aux personnes qu'elle avait tant attendues.

Lorsque le dix-neuvième coup arriva, il n'y eut plus aucune émotion sur son visage, plus aucune marque de la douleur constante qu'elle avait subie. Elle s'était affaissée, évanouie. Mon visage s'était également figé.

Cela faisait maintenant vingt coups.

Le général s'arrêta, car il savait, tout comme moi, qu'il perdait son temps. Puisqu'elle était évanouie, elle ne ressentait plus la douleur. Pas jusqu'à son réveil en tout cas et cela me rassura profondément.

C'était fini, tout était fini.

L'homme qui prenait ce malin plaisir à la torturer essuya son front dégoulinant de nombreuses perles de sueur avant de sortir de la prison. Il jeta un regard haineux à la fille près de la porte qui avait les yeux rivés vers le sol, n'osant pas le regarder en face. Celle-ci suivit ensuite son maître en sortant à son tour pour nous laisser seuls et referma la porte derrière elle.

Diane était toujours couchée sur le ventre, couverte de sang, ne montrant comme signe de vie plus qu'une simple respiration fort ralentie. Il lui fallait de l'eau, il lui fallait des soins... sinon elle allait mourir. Et si elle mourait, je mourrais avec. Je regardais la lourde porte du cachot en fronçant les sourcils, espérant sans vraiment y croire que quelqu'un allait rentrer pour lui donner un peu d'eau, ou simplement la bouger de cette plaque qui commençait à dégager une puanteur écœurante. Je ne pouvais moi-même pas bouger, mes chaînes toujours attachées au mur. Je ne voulais pas crier ou même lui parler par la pensée pour ne pas risquer de la réveiller de ce sommeil qui devait plus être proche du coma. Mais eux ? N'avaient-ils même pas la pitié de lui donner un peu d'eau ? Je n'en pouvais déjà plus de cet endroit, de ces gens et des évènements qui s'y passaient.

Lorsque la porte s'ouvrit à nouveau pour laisser entrer la fille aux cheveux noirs, un nouveau sentiment de soulagement et d'espoir me réchauffa le cœur. Diane allait enfin avoir un peu de soin et je remerciai les cieux pour cet acte de bonté. Mais la fille n'accorda qu'un faible regard à la mourante avant de s'approcher de moi à petits pas pressé.

Mais que faisait-elle ? Elle n'allait tout de même pas confondre les blessés !

La colère me prit à nouveau de court et je faillis lui crier d'aller au diable lorsqu'elle mit son index sur ma bouche. Si elle voulait que je me taise... était-elle ici sans que ses supérieurs ne le sachent ? Je fronçai à nouveau les sourcils en la regardant plus attentivement.

Elle enleva le bouchon de la gourde qu'elle tenait à la main et me rapprocha celle-ci des lèvres. Je n'hésitai pas un seul instant et fis non de la tête en serrant celles-ci l'une contre l'autre, tel un gamin qui ne voulait pas manger sa soupe. Mais la raison était différente ce jour-là : je voulais simplement que ce soit Diane qui bénéficie de cette précieuse eau et non moi.

Elle me regarda et recula la gourde de ma bouche, contrariée, elle aussi.

— Si tu ne bois pas au moins une gorgée, tu vas t'évanouir au moindre effort, murmura-t-elle. Et si tu veux sortir d'ici, avec elle sur ton dos — elle désigna Diane d'un regard —, il va falloir que tu boives un minimum. Je lui donnerai ensuite le reste de cette gourde pour qu'elle n'ait pas la douleur de la soif à son réveil. Cela suffira à ce qu'elle puisse sortir sans encombre supplémentaire. Je lui donnerai ma gourde personnelle pour qu'elle continue à tenir le coup jusqu'à ce que vous trouviez un médecin compétent.

Dit-elle en me désignant une deuxième gourde accrochée à sa ceinture.

Je ne comprenais pas pourquoi cette fille nous aidait, mais si elle le faisait, alors nous profiterions de cette chance, sûrement unique, sans aucune hésitation. J'arrêtai de faire l'enfant et reniflai l'eau qu'elle me présentait une nouvelle fois avant d'en boire deux petites gorgées. Puis je repoussai la gourde et murmurai :

— Tu peux me libérer et tu peux également donner le reste à Diane.

J'avais espéré ne pas avoir été trop sec envers notre sauveur, mais elle appuya son regard encore plus intensément et me présenta une nouvelle fois la gourde. Je grognai en comprenant où elle voulait en venir et m'obligeai à boire encore deux autres gorgées. Elle hocha la tête, satisfaite de se faire enfin respecter et sortit ensuite un trousseau de clés avec lequel elle ouvrit la serrure de mes chaînes. Je frottai mes poignets ensanglantés par ma stupide tentative de la sauver et me relevai presque instantanément pour courir, à moitié tremblotant, vers celle que je voulais à tout prix sauver.

La fille s'approcha elle aussi rapidement et détacha Diane avec précaution pour la mettre sur le dos d'une délicatesse intriguante. Elle lui releva la tête pour lui faire avaler plusieurs gorgées de cette eau qui aurait peut-être le pouvoir de la sauver.

On se releva après quelques minutes et je pris Diane dans mes bras avant de sortir de la cellule au pas de course. Je suivis la traîtresse de son propre clan à travers les nombreux couloirs avec une confiance totalement aveugle.

De nombreuses fois, on dut se coller contre les parois intérieures de la montagne pour éviter les patrouilles qui rôdaient par centaines de nous repérer inutilement. C'était une vraie forteresse et je ne pense pas que quelqu'un ait réussi une fois à s'échapper de cet endroit qui ressemblait cruellement aux enfers. Mais l'espoir fait vivre ! Et c'était sûrement une grande partie de cet espoir qui me donnait actuellement ma force.

À nouveau écrasé contre un mur en serrant le ventre pour éviter de nous faire repérer, j'admirais pour la millième fois le visage de la belle femme que je portais dans mes bras — rudement durci par la douleur et par la colère — en attendant que le danger passe.

C'est alors que quelqu'un cria :

— Alerte ! Prisonniers qui s'échappent !

Je regardai le maigre soldat en face de nous qui nous regardait les yeux grands ouverts, horrifié de cette situation. Un horrible bruit suivit la flèche qui se planta dans la poitrine de ce dernier et notre guide-sauveur me cria de la suivre. En rangeant son arc qui venait de tuer son coéquipier, on se mit à courir comme des fous à travers ce labyrinthe sans fin. Elle avait l'air de bien avoir étudié le terrain, mais savait-elle vraiment comment nous sortir de cet endroit avec une armée entière à nos trousses ?

On se mit donc à galoper de plus belle alors que de nombreux bruits de pas commençaient à affluer. J'aurais même pu dire que la montagne tremblait légèrement, mais cela me paraissait plutôt gros. Je remarquai tout de même des centaines d'hommes et de femmes tout au fond du couloir derrière nous, nous fonçant dessus en criant à pleins poumons.

La fatigue commençait dangereusement à me rattraper et le doute s'immisçait en moi sur le fait de venir à bout de cette évasion.

Après des dizaines de tournants et de couloirs sans fin, on aperçut enfin la lumière du soleil à la suite de toutes ces torches artificielles, seules sources de lumière des tunnels creusés dans la montagne. Il ne restait pas plus d'une centaine de mètres entre l'armée des hommes en noir et nous et je n'avais toujours pas la moindre idée de comment on allait se débarrasser d'eux. Je priai en mon for intérieur que la jeune fille qui courait devant moi savait réellement ce qu'elle faisait et avait un plan pour se débarrasser de tous ces gens innombrables.

Alors qu'il ne restait plus qu'une petite vingtaine de mètres entre nous et la sortie et plus de septante entre nous et l'armée, je lui criai, presque à bout de souffle :

— Est-ce que tu as un plan pour te débarrasser de ces chiens derrière nous ?

— Oui, et heureusement pour nous. Mais il n'y a que 70% de chance que celui-ci fonctionne correctement. J'aurais bien voulu attendre les 100%, mais j'étais assez pressée et vous m'aviez tout de même l'air d'avoir besoin d'aide.

Cette fille n'avait donc aucune arrière-pensée négative : elle nous avait bien sauvés par simple pitié envers nous. Peut-être même que nos corps — qui n'avaient presque plus rien d'humain — l'avaient intriguée et lui soufflaient qu'elle n'aurait rien à craindre de nous après s'être enfuie. Il ne nous restait plus qu'une chose à faire : espérer que son plan marche correctement. Espérer, espérer encore et courir.

On arriva enfin dehors. Le soleil m'éblouit fortement sous cette matinée de juillet et je mis un peu de temps avant de m'habituer à nouveau à autant de luminosité. Il n'y avait que deux gardes à l'entrée et la mystérieuse fille n'en fit qu'une bouchée grâce à des techniques de combat tout simplement parfaites. Cela me surprit légèrement que nous n'ayons pas affaire à plus de gardes, mais ils avaient tous dû rentrer à l'intérieur à l'alerte. Ce qui avait été extrêmement stupide, si vous voulez mon avis.

Je m'arrêtai net sur le chemin rocailleux qui serpentait à la sortie des tunnels, juste derrière cette fille que nous ne remercierions jamais assez pour son aide. Elle se retourna et avança alors de deux ou trois pas pour se retrouver parfaitement en dessous du perron, face à l'entrée. Les hommes à la tête de l'armée qui nous poursuivait hurlaient à plein poumon en courant à toute vitesse pour nous rattraper. Il ne restait pas plus d'une cinquantaine de mètres entre la sortie et ces guerriers noirs. La situation était pressante. À peine eus-je le temps de penser cela que notre sauveur planta son épée dans le sol de toutes ses forces, ce qui provoqua un étrange bruit de craquement ainsi qu'un tremblement. Un de ces tremblements que vous sentez partir de vos pieds et remonter jusqu'à la pointe de vos cheveux.

Mais rien ne se passa.

Les 70% de chance de réussite n'avaient apparemment pas été suffisants. Je regardai l'armée qui avait ralenti au milieu du couloir sous le grondement qu'avait produit leur demeure. Mais, comprenant que notre plan avait échoué, repartit sur nous à toute allure. Un autre craquement suivit ainsi qu'un second grondement tel le tonnerre, mais à nouveau rien de plus.

La montagne avait donc un problème de consolidation et c'était là-dessus que comptait cette jeune femme ! Mon cerveau réfléchit à toute vitesse. Si nous ne faisions pas quelque chose maintenant, cette armée allait réussir à sortir en grand nombre, et cela allait fortement poser problème.

Il me vint une idée. C'était un coup de désespoir, mais un coup tout de même. Alors que la fille de noir reculait en ouvrant de grands yeux remplis de terreur en voyant que son plan n'avait pas fonctionné correctement, alors que l'armée était à seulement quelques mètres de nous, je jetai un dernier coup d'œil à Diane, étalée sur le sol de graviers et fonçai à pleine vitesse vers l'entrée. Dès que je fus juste devant l'épée toujours plantée dans le sol, sans pour autant m'arrêter, je sautai le plus haut possible en poussant de toute mes forces sur le peu de forces qu'il me restait. Je produisis un rapide tour sur moi-même pour que mes talons atterrissent parfaitement sur le dessus du pommeau de l'épée. Le choc me fit atrocement mal, mais grâce à ce dernier acte de désespoir, l'épée s'enfonça de vingt bons centimètres supplémentaires dans la terre. Je retombai alors sur le sol dans une douloureuse posture, ce qui n'arrangea pas le piteux état dans lequel je me trouvais déjà.

Un bruit terrifiant déchira l'air alors que le sol tremblait soudainement bien plus violemment sous nos pieds. Je me relevai sans trop forcer en plaçant mes mains bien à plat sur le sol pour m'aider. Je reculai ensuite à pas lents alors que mon pied qui avait atterri sur le pommeau de l'épée me promit de me faire regretter d'être encore debout. La fille se plaça devant moi pour me protéger alors que l'armée atteignait enfin la porte de sortie de leur propre demeure.

Je m'assis à côté de Diane et caressai son épaisse chevelure, tout aussi hors de combat qu'elle. Pour le coup, j'étais las de me battre. Je voulais seulement continuer la route que nous avions commencée. Cette route lointaine où nous étions tous les deux encore en vie et en pleine santé.

Les plus rapides arrivèrent finalement sur celle qui s'interposait entre nos ennemis et nous. Une dizaine de mètres nous séparaient de l'entrée, mais on pouvait déjà remarquer que la montagne commençait grandement à s'écrouler sur tous ceux qui étaient encore à l'intérieur. Les plus lents se faisaient déjà étouffer par la poussière et la roche. La mystérieuse fille combattait ses anciens compagnons avec vitesse et aisance, pas le moins du monde touchée par le fait de tuer des membres de son clan. Mais leur nombre surpassait ses techniques et si la montagne ne s'était pas totalement écroulée dans un immense grandement de tonnerre, formant une gigantesque vague de poussière, je crois que ce combat aurait fini tout autrement. Chacun dut d'ailleurs se cacher le visage pour éviter de se faire aveugler par les microscopiques détritus qui constituaient le déferlement de sable et autre. Cette diversion permit à notre nouvelle amie de se reculer de plusieurs pas pour nous rejoindre sans qu'aucun de ses adversaires ne la remarque.

Elle attrapa Diane à une vitesse justifiée et me releva également sans la moindre arrière-pensée. Des voix s'élevaient autour de nous alors qu'il nous était impossible de voir à plus d'un mètre.

— Nous n'avons pas le temps, il faut aider nos compagnons !

— Non, ces moins que rien doivent payer pour ce qu'ils ont fait ! Nous ne pouvons pas les laisser s'enfuir sans punition.

— Nous les ferons payer un autre jour ! Pour l'instant, notre priorité est de dégager les survivants de ce tas de décombres.

Si mes comptes étaient justes, ils n'étaient pas beaucoup plus de dix. Mais leur santé physique par rapport à la nôtre dépassait l'entendement et les combattre aurait été pure folie. Si toutes ces misérables vies ennemies perdues me réchauffaient le cœur, nous ne pouvions rester beaucoup plus longtemps ici. Mais tout de même, quelle ironie de finir ensevelit sous ce qui avait été autrefois leur plus grand chef-d'œuvre défensif !

La jeune femme à la tresse noire m'obligea à passer mon bras autour de ses épaules pour m'y appuyer et c'est sans un bruit que nous accélérâmes le pas en entendant les voix désespérées de nos ennemis derrière nous.

— Prends la gourde à ma ceinture, me chuchota-t-elle à l'oreille alors que nous arrivions enfin à voir plus clair autour de nous. De l'eau va être la meilleure que je puisse faire pour toi pour l'instant.

Je grinçai des dents en voyant celle que j'aime dans ses bras, couverte de sang, presque ou déjà, sécher. Je la pris à contrecœur, mais évitai tout commentaire qui nous ferait remarquer. Je bus donc quelques précieuses gorgées de cette eau miraculeuse avant de tenter de donner le reste à Diane. Mais elle m'arrêta gentiment avant que je puisse le faire et je la fusillai du regard.

— Ne me fais pas cette tête, me dit-elle. Si tu veux qu'on atteigne un médecin correct sans que tu perdes toi aussi connaissance, il va falloir que tu boives toute cette gourde.

Je n'avais qu'une envie : me laisser aller, sombrer dans ce monde parallèle, comme Diane en ce moment. Mais c'était justement pour elle que je n'avais pas le droit. Il fallait que je tienne jusqu'au bout sinon elle allait périr, elle aussi.

Je hochai finalement la tête et bus une seconde partie de la gourde. Je fis également boire une gorgée à notre sauveur qui allait sûrement faire le plus d'efforts ces prochaines heures.

La poussière était maintenant entièrement dispersée et nos ennemis derrière nous réussirent enfin à nous voir. C'est donc dans un dernier cri de colère pour nous qu'ils conclurent notre entrevue :

— Nous vous retrouverons et vous ferons payer pour ce que vous avez fait ! Votre amie pourra même avoir une seconde marque, si elle le demande gentiment !

L'ancienne guerrière noire frissonna à côté de moi et je fronçai les sourcils. La marque était donc ce qu'ils avaient osé poser sur le dos de ma dame. Mais que signifiait-elle ? Je ne l'avais qu'entrevue dans la cellule et espérais bien avoir des détails là-dessus. Je posai un regard amoureux sur celle que j'aimais sous le regard amusé de notre nouvelle amie, mais celui-ci se transforma rapidement pour devenir plus dur et sérieux. Je m'obligeai donc à lui demander justification de cela :

— Qu'est-ce qui te fait garder un tel sérieux ?

Elle ne parut pas le moins du monde dérangée par ma question plutôt brutale et me répondit gentiment :

— Excuse-moi, mais, même si c'est l'amour que tu as pour elle et non la force qui fait que tu peux encore marcher, je vais tout de même avoir besoin que nous accélérions pour éviter que les parasites derrière nous nous suivent.

Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule pour observer nos ennemis dégager les nombreux morceaux de roches sur leurs compagnons. Je me demandai combien des leurs ils allaient réussir à sauver.

— Je ne connais pas vraiment les bons médecins des environs, mais j'ai encore la force de te porter ainsi que ton amie. Alors, si tu réussis à accélérer et nous conduire au meilleur médecin que tu connais, cela nous serait des plus avantageux.

Je la regardai un instant, souriant bêtement face à cette chance inouïe que nous avions pu avoir en l'ayant dans notre cellule. On accéléra donc le pas alors que je sentais déjà une pointe de côté naitre sans invitation. Mon corps n'était pas autant meurtri que celui de mon amie, je n'avais donc aucune raison de me lamenter sur mon sort. Mes pieds avaient réussi à survivre à cette course sur cette roche si rude grâce à toutes ces années que j'avais passées à courir dans les montagnes enneigées. Mais mes poignets et mon dos étaient en sang et mes genoux éraflés pour être tombés si violemment dans la cellule avant mes coups de fouet.

— Qui es-tu ? osais-je enfin lui demander.

Notre jeune sauveur abattit totalement sa capuche pour me montrer son visage. Je ne me retins pas de l'observer, sans aucune gêne. Elle possédait des traits assez fins, sauf sa bouche qui me paraissait plus épaisse que la moyenne. Elle avait des yeux bruns et des cheveux noirs comme le charbon ardent. Elle me dit :

— Je m'appelle Line Rugose, fille de Arte Rugose. Je suis née dans cette montagne et je ne l'ai jamais quittée sauf pour les missions auxquelles je devais participer.

Je pouvais maintenant l'associer à un nom et je trouvais cela plutôt agréable. Cette présentation était le début de toute relation respectable et c'était également une prise de sécurité importante. Mais je comptais bien en savoir plus sur sa personne.

— Mais pourquoi nous as-tu aidés à nous échapper aujourd'hui ? continuais-je, avide d'en savoir plus sur elle. Pourquoi as-tu tué la seule famille que tu possédais ?

— Lorsque tu rentres dans cet ordre, tu n'en ressors jamais, m'expliqua-t-elle. Cela fait un moment que j'essaie de trouver un moyen pour m'échapper. Un jour, il y a plus ou moins six mois, mes supérieurs ont fait une annonce à tous ceux qui étaient dans la montagne. Ils nous apprirent que des fissures avaient commencé à apparaître. Nous étions devenus trop nombreux pour vivre dans cette montagne et nos ancêtres n'avaient pas été assez prudents en construisant leur demeure. La montagne était donc devenue trop fragile et nos dirigeants nous ont imposé certaines règles pour ne pas empirer notre situation fort délicate, juste le temps de se trouver un nouvel abri pour en faire notre nouveau camp de base. Mais ils ne trouvèrent rien de suffisamment grand que pour tous nous accueillir et les fissures continuaient à grandirent. Ils décidèrent alors quelque chose ce que je n'aurais jamais pu imaginer de moi-même : tuer les plus faibles pour que les plus forts puissent survivre jusqu'à ce qu'ils aient trouvé un nouvel abri. Un tel massacre me fit ouvrir les yeux sur la réelle cruauté de mon peuple. Notre nombre diminuait et par conséquent, l'apparition des fissures ralentissait. Leur initiative semblait marcher. Si l'on pouvait croire que je vous ai aidé parce que j'étais la prochaine sur la liste, c'est totalement faux.

J'étais heureux de l'apprendre, même si j'avais néanmoins déjà pu le deviner. Cette femme était forte. Elle ne faisait sûrement pas partie de ceux sacrifiés pour sauver ses anciens camarades.

— J'ai été en fait témoin d'une discussion que je n'aurais sûrement pas dû entendre. Mes supérieurs parlaient en murmurant et je ne peux le nier, ma curiosité a pris le dessus. C'était le roi de notre armée ainsi que son sous-chef, celui qui a torturé ton amie. Ils parlaient de Dieugo. Grâce à cela, j'ai appris grand nombre de choses que je n'aurais jamais pu découvrir en tant que simple soldat. J'ai pu deviner le regard de mes supérieurs sur moi ces derniers temps et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'ils m'avaient vue, malgré ma discrétion. Je crois qu'être témoin de la torture de ton amie était ma dernière punition avant ma mort. Une personne en moins les arrangeait plus que tout, surtout s'il la soupçonnait d'espionnage.

Alors elle savait des choses. Des choses qui allaient nous permettre d'avancer. C'était rassurant. Après être tombés au plus bas, nous pouvions enfin commencer à remonter la pente.

— Mes informations ne m'étaient point utiles, mais à de tels prisonniers comme vous, c'était la meilleure chose que je pouvais vous apporter. Quand je vous ai aperçu dans votre cellule, que j'aie senti le regard de mon chef sur moi, j'ai su que c'était aujourd'hui. Aujourd'hui que j'allais m'évader et devenir fugitive. Aujourd'hui que j'allais enfin mettre mon plan à exécution qui était de faire effondrer totalement la montagne en tuant le plus possible des miens. Mais les fissures n'étaient pas encore assez profondes, c'était donc délicat... Mais tu as réussi à nous en sortir et je te remercie pour ça...

— Non. C'est moi qui te remercie.

Son histoire était touchante. Elle n'avait plus l'air d'avoir de famille ou d'amis sur qui compter et avait tout fait pour sortir des inconnus de la situation fort délicate dans laquelle ils se trouvaient. La sienne l'était également en effet et je me promis de l'accueillir dans notre groupe, si Diane donnait également son accord, bien sûr.

— Ta cause est juste et nous te devons la vie. Tu sais de plus des informations pour lesquelles nous donnerions cher et cela, c'est le plus important, car ce sont tes dires qui vont peut-être faire tourner la roue du destin pour notre futur combat contre Dieugo.

Elle hocha la tête, sachant très bien qu'au moment où elle nous avait sauvés, elle était devenue essentielle à notre groupe.

— Ce n'est pas Dieugo qui a demandé à vous éliminer, c'est notre ancienne rancœur envers le père de cette fille. J'ai entendu parler d'une ancienne promesse envers elle qui était de la retrouver et la liquider pour de bon.

Évidemment. Diane m'avait déjà parlé de cette histoire et cela ne m'étonnait pas de voir que les anciens ennemis de son père avaient mis un point d'honneur à terminer le travail demandé il y a bien longtemps déjà. Et je ne pouvais pas ignorer déjà savoir que ce n'était pas Dieugo l'auteur de cette capture. S'il voulait apparemment notre mort, le faire de sa main propre pour des raisons que je soupçonnais seulement avait l'air de lui tenir à cœur. Cela lui compliquait évidemment la tâche, mais ce plus grand dieu du monde avait un certain honneur à ne pas briser et je pouvais presque comprendre cela.

— Dieugo n'y est donc pour rien, répétais-je après avoir repris contenance.

— En effet. Même si sa priorité est votre mort, il ne peut y donner l'entièreté de son temps.

C'était une question que nous nous étions posée avec Diane il y a déjà longtemps de cela.

— Mais pourquoi ?

— Parce que c'est le plus grand dieu du monde bien sûr ! s'exclama-t-elle comme si cela se trouvait être une évidence. Vous ne croyiez tout de même pas qu'il doive s'occuper que de votre cas ! Il est le gardien de l'équilibre de notre monde. Ce sont les cieux eux-mêmes qui l'ont nommé ! Il reçoit de nouvelles missions à effectuer par centaines. On peut très bien lui demander de se retrouver à des centaines de kilomètres de cela pour tuer un nouveau dieu qui aurait simplement eu le malheur de raconter ce qu'il s'était passé aux cieux à sa femme. Cet homme ne connaît pas la tranquillité et s'il n'est pas sur nous en ce moment même alors que nous sommes dans un état de faiblesse total, c'est parce qu'il doit se trouver à l'autre bout de la terre à régler un problème qui l'empêche de nous rejoindre.

C'était impressionnant. Dieugo vivait depuis plusieurs siècles maintenant et je ne pouvais imaginer combien de personnes il avait dû tuer pendant toutes ces années. C'était un assassin spécialement formé par les cieux.

— Mais comment fait-il pour se retrouver à l'autre bout de la terre dans la minute ?

— Lors d'une mission, les cieux procèdent à une téléportation qui va lui permettre de se retrouver à l'endroit précis sans devoir faire plus d'un pas. Mais ceux-ci ne s'occupent apparemment que de l'aller. Après avoir accompli ce qu'il avait à faire, Dieugo est libre d'aller où bon lui semble jusqu'à la prochaine mission. Il peut très bien prendre jusqu'à une dizaine de jours juste pour nous rejoindre alors tu m'étonnes qu'ils ne vous attaquent pas à tout bout de champ !

J'acquiesçai. C'était rassurant d'entendre cela d'une bouche qui savait ce qu'elle disait et je pouvais maintenant être rassuré plus qu'auparavant.

— En plus des trajets, il doit sûrement procéder à un quelconque plan pour vous aborder. Jamais il n'oserait s'en prendre à vous sachant que Diane est l'enfant de la prophétie !

Je fronçai les sourcils.

— Je te demande pardon ?

Elle éclata d'un air franc, comprenant enfin que nous ne connaissions presque rien de notre situation.

— On a un bon bout de chemin à faire, non ? dit-elle pour toute réponse. Alors, dirige-nous vers le meilleur médecin de la région et je t'en dirais plus.

— Il y en a un très bon à une demi-heure tout au plus.

J'avais bien un médecin en tête. C'était celui-là même où j'avais voulu emmener notre amie décédée il y a quelques jours à peine. Cette pensée me fit serrer les mâchoires, mais je me concentrai rapidement à nouveau sur Line qui cherchait les mots parfaits pour me faire comprendre ce qui nous arrivait.

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