21.
J'étais partie en éclaireur lorsque je remarquai quelques cailloux qui commençaient à trembler sur le bord de la route. Je ne faisais tout de même pas trembler toute la route à moi seule ?! C'était tout bonnement impossible.
Je m'arrêtai et sautai de Shadow dans un atterrissage réussi, si je n'avais pas été blessée. Je m'accroupis en regardant ces petites pierres sautiller les unes autour des autres.
Au loin, Nese — qui se trouvait légèrement en retrait — remarqua mon arrêt et courut rapidement vers moi pour voir ce qu'il se passait. Je m'étonnai qu'il n'eût pas encore senti l'arrivée de nos ennemis, mais je ne m'attardai pas sur ce détail.
Il s'accroupit à côté de moi sans un mot et regarda à son tour les cailloux trembler. On se regarda un moment pour être sûr que l'autre avait compris la même chose.
Je me relevai et regardai dans la direction de nos amis. J'observai encore plus en arrière-plan et m'attardai un instant sur le nuage de poussière qui se rapprochait de nous rapidement.
— Je dirais qu'il y en a une bonne quarantaine... estimais-je, plutôt sûr de moi.
Il se concentra un instant sur les pas des ennemis qui approchaient et finit par me dire :
— J'en compte même une cinquantaine, corrigea-t-il en profitant de sa magnifique ouïe de tigre des neiges.
— Dans les deux cas, nous sommes en danger.
Athan et Athéna arrivèrent au galop, alertés par mon arrêt soudain et les chevaux qui commençaient à secouer la tête avec crainte.
— Quelqu'un m'explique ce qu'est ce gros nuage de poussière derrière nous ? nous demanda Athan.
— Des doubles-loups, dit tout simplement Nese.
Ce qui suffit amplement pour les alerter entièrement.
Ces bêtes étaient la rapidité et la force même. Nos chevaux étaient bien trop lents pour ce genre d'ennemis.
— Nous n'avons pas le choix, me dit Nese. Nous sommes à côté d'un très petit bois qui ne nous permettrait pas d'éviter le groupe qui nous fonce droit dessus et opérer un demi-tour nous ferait perdre trop de temps.
Je le laissai prendre les choses en main en lui disant :
— Que proposes-tu ?
— Ton cheval est le plus rapide et si nous voulons être le plus discret possible, il faudra en garder seulement un sur trois.
Je voyais déjà où il voulait en venir, mais je le laissai tout de même continuer par pur respect envers lui.
— Si Athan et Athéna passent par la forêt en s'éloignant le plus possible jusqu'au village prochain, nous pourrons attirer l'attention des doubles-loups sans qu'ils se retrouvent en danger.
Je hochai la tête. C'était un bon plan, Nese et moi étions beaucoup plus en danger que nos deux compagnons, et cela me suffisait pour approuver son idée.
— Tu proposes donc que nous abandonnions les deux autres chevaux pour que toi et moi ne fassions plus qu'un.
— Nous irons sûrement plus vite.
Je lui souris. Ça l'arrangeait bien ! Et moi aussi, je ne pouvais pas le nier.
— Si tu crois que tu peux supporter mon poids dans ta nouvelle apparence, cela me convient parfaitement.
Il me renvoya mon sourire et nos amis descendirent de leur monture pour monter tous les deux sur Shadow.
Je m'approchai tout de même vers Athéna.
— N'allez pas plus loin que le prochain village, lui dis-je. Les doubles-loups, n'y rentre jamais parce que les villageois l'ont interdit au roi.
— Je ne m'inquiète pas pour nous, me répondit-elle franchement. Nous n'avons rien à faire dans votre plan de fou. C'est vous qui allez vous farcir toute cette armée de doubles-loups.
Je lui souris en comprenant que ce que nous allions faire était tout simplement du suicide, mais si nous ne le faisions pas, c'est les quatre qui ne se réveilleraient pas demain matin. Mais je n'eus pas la force de lui dire au revoir et je donnai une claque au train de Shadow et il s'en alla au galop.
Les bêtes sauvages se rapprochaient rapidement. Je montai sur Nese et il partit doucement pour laisser nos assaillants nous rattraper.
— Prépare-toi à ce que je ne reste pas assise pendant toute la course, car je ne compte pas mourir en me laissant faire.
— Au moins, on mourra ensemble, me dit-il dans un murmure que je trouvai très paisible à entendre.
Les doubles-loups nous aperçurent rapidement et accélérèrent leur vitesse tandis que Nese accéléra également pour ne pas leur laisser le temps de penser que nous les attirions.
Quand il ne resta plus qu'une bonne trentaine de mètres entre nous, on accéléra et je me décidai à déployer mon arc qui était accroché à ma ceinture, replié sur lui-même. J'ouvris également mon carquois, puis encochai deux flèches en me retournant sur Nese avec toute la stabilité dont ma blessure était capable. J'ignorai cette horrible douleur que me renvoya mon ventre ainsi que celle de ma main sur l'arc et je me mis debout sur le tigre en pleine course. Je fermai ensuite un œil et visai les ennemis qui se trouvaient les plus proches, trouvant l'équilibre parfait.
Je tirai en visant du mieux que je pouvais et en gardant mon total équilibre en essayant de ne pas trop faire attention à tous les mouvements rapides que Nese faisait inconsciemment dans sa course folle.
Grâce à mon expérience infaillible, les deux flèches arrivèrent en plein sur les fronts des animaux qui s'écroulèrent avant de se faire écraser par leurs camarades de derrière.
Je pris encore deux flèches de mon carquois et après une petite seconde de réflexion, je lâchai la corde pour voir les deux flèches atteindre chacune leur cible.
Je répétai le mouvement jusqu'à ce que mon carquois soit vide. Puis, j'appuyai de nouveau sur le bouton sur le devant du band de l'arc, ce qui relâcha la pression et mon arc retrouva sa forme de voyage, c'est-à-dire, un gros tube en bois fait de hêtre et de chêne.
Je me retournai à nouveau, m'abaissai pour qu'il aille plus vite et lui soufflai à l'oreille :
— Ils nous ont vus...
Il sourit en m'entendant dire ce qui était flagrant. Il accéléra et donna de sa puissance pour aller le plus vite possible.
Les doubles-loups avaient une force et une vitesse assez effrayante. Natal des contrées du charbon, Phares avait payé de son sang et de ses hommes pour pouvoir les « acheter » avec la permission de leur chef de meute. Nous pouvions dire qu'entre les cavaliers et les montures, c'était sûrement la monture qui était la plus redoutable. Car même sans cavaliers, les doubles-loups étaient assez puissants pour sans sortir contre toute une armée d'hommes. Je me souviens d'avoir entendu une fois que les doubles-loups étaient des descendants des tigres assez éloignés. Des bâtards en quelque sorte. Ces légendes pouvaient tout à fait être vraies, pour avoir autant leur force et leur rapidité. Mais comme ils n'avaient pas l'air de ressembler à Nese et à ses compagnons, un autre animal devait également faire partie de leurs ancêtres.
Les doubles-loups éclaireurs nous rattrapèrent en premiers. Ceux de derrière continuèrent de courir comme des lapins jusqu'à ce que le début de ce petit groupe arrive, lui aussi, à notre hauteur.
Épées à l'air, j'étais prête à les affronter.
Deux cavaliers sur un cheval noir jais surgirent d'entre les arbres à notre gauche, deux routes à côté de nous. Ils se dirigeaient à toute vitesse vers le village suivant, mais peut-être pas assez à mon goût.
Un double loup sauta sur nous. Ma lame le transperça en un rien de temps.
Je sautai de Nese sur une créature de Phares pour lui laisser la possibilité de combattre lui aussi au lieu de me servir de monture, et tranchai la gorge du double loup sur lequel j'étais avant qu'il ne puisse réagir. Je tuai ensuite très rapidement son voisin de gauche qui n'eut pas le temps de comprendre où je me trouvais avant de sauter sur un autre des leurs.
Nese, quant à lui, fonça dans le tas et de ses griffes, de sa force ainsi que de sa rapidité en tua plus d'un en quelques secondes à peine.
À présent, je ne pouvais nier ce que je voyais : Nese était vraiment extraordinaire.
Durant ce combat acharné, nous n'arrêtions pas de nous croiser, une fois je sautai au-dessus de lui pour en tuer un de plus, et l'autre fois nous étions dos à dos, entourés de doubles-loups assoiffés de sang qui n'attendaient qu'une chose : que nous foncions sur eux pour venger la mort de tous leurs camarades.
Et ce qui devait arriver arriva, on choisit tous les deux un petit groupe d'ennemis sur qui s'abattre et on fonça chacun de notre côté, décidés à en finir.
Mais hélas, nous croulions sous le nombre et mes blessures ne nous aidaient pas. Les doubles-loups, puissants et nombreux, avaient beaucoup plus de chance de gagner que nous.
La victoire allait nous passer sous le nez.
J'avais parlé trop vite.
D'épais pics durs tels de la pierre sortirent du sol et transpercèrent nos ennemis par le bas sans qu'aucun de nous ne puisse se douter de quoi que ce soit.
Chacune de ces attaques Élémentaires étaient contrôlées. Aucune ne nous touchaient. Toutes nous entourant en formant deux cercles autour en nous prenant chacun pour centre. Quant aux doubles-loups, ils moururent sans exception.
Un sauveur tombé du ciel, il n'en était pas possible autrement.
Un sauveur ?
Non. Le mot plus exact serait... un dieu.
Nese et moi nous retournâmes et regardâmes bouche bée celui qui nous avait sauvés d'une mort certaine.
Un homme se tenait là, à peine une dizaine de mètres de nous, vêtu d'une élégante tenue noire en continu de ses cheveux et yeux foncés également.
Il nous regardait avec un petit sourire aux lèvres, fier de l'entrée qu'il avait faite et de l'incompréhension qu'il avait produite chez nous.
— Bonjour, je m'appelle Odin. En tant que dieu Élémentaire et de la terre en particulier, je me suis permis de vous donner un léger coup de main. Mais dites-moi, pourquoi attaquiez-vous ce petit groupe de doubles-loups ?
Aucun de nous ne répondit tout de suite. Sa question me troubla plus qu'autre chose et je fronçai les sourcils face à son visage serein et amical. Nese, voyant que je ne réagissais pas, répondit à ma place en lui disant exactement ce que je pensais dans ma tête.
— Cela ne vous certainement regardait pas.
— Oh, je vois... un simple « merci » m'aurait suffi. Mais évidemment, tout allait bien pour vous, vous aviez le dessus sur le combat et vous n'aviez pas le moins du monde besoin de mon aide, ironisa-t-il.
Je baissai les yeux en comprenant que l'homme face à nous n'avait pas de mauvaise intention, et même si ma confiance envers lui n'augmenta pas, je me forçai à souffler un :
— Merci.
Son sourire s'agrandit d'une traite.
— Avec grand plaisir mademoiselle. Où allez-vous comme ça ?
— Comme l'a dit mon compagnon ici présent, ce que nous faisons ne vous regarde pas.
Mon ton n'appelait aucune réponse.
Le fait qu'il s'intéressait à nous ne me donnait toujours aucune raison pour me porter amicalement vers lui, comme il le faisait avec nous.
— Excusez-moi, je voulais juste paraître poli.
— Vous me rappelez vaguement quelqu'un... Ne seriez-vous pas de la famille du roi de ce royaume ?
— Phares ? Oui, c'est mon père.
Cela expliquait ma méfiance envers ce parfait inconnu.
— Oh, je vois. Alors pourquoi avez-vous éliminé tous les prisonniers de votre père ?
Le terme « prisonnier » avait parfaitement été choisi.
— Je viens de me disputer avec lui.
Je n'y croyais pas un traître mot, mais continuai pour ne pas éveiller ses soupçons. Nese se taisait, de peur de dire quelque chose qui trahirait mes plans.
— Cela explique ceci. Mais, dites-moi, sans paraître impolie, comment êtes-vous mort ?
— Diane, s'exclama Nese, tout à coup surprit de la façon dont j'appliquais mon plan.
Demander la façon dont quelqu'un est mort est intimement personnel et personne n'oserait demander cela à un dieu s'il ne le connaissait depuis au moins trois jours.
Je lui intimai le silence d'un regard. Ma question, des plus impolies, avait un but bien précis.
— Ce n'est pas ce que vous croyez... s'embarrassa Odin.
— Oh, justement si.
— Et bien non, me répondit-il sèchement en plantant ses yeux dans les yeux.
S'il voulait prouver son innocence, il allait falloir un peu plus de preuves qu'il n'était pas ici sous les ordres de son père.
— Ce n'est pas mon père qui m'a tué. J'avais mon avenir tout tracé en tant que seul héritier du roi. Et évidemment, il voulait à tout prix que je prenne le royaume en main. C'est moi qui n'ai pas voulu. Il me mettait trop de pression... à chaque repas il ressortait le sujet. Il disait que ma mère ne serait pas morte en vain.
Une vague de tristesse passa dans le regard de notre hôte.
Je commençai seulement à croire en lui.
— Elle est morte en vous donnant la vie..., compris-je.
— Oui. Et puis, un soir, dans ma chambre, au bord de la folie... je... je me suis pendu.
Aucun de nous deux ne sut quoi répondre à cet aveu qu'il venait de nous faire.
— Mais me revoilà, se reprit-il en inspirant plus intensément. Le destin fait bien les choses, car en tant que dieu je ne peux plus monter sur le trône.
— Pourquoi ? demanda Nese apparemment pas au courant de ce détail.
— Un dieu qui devient roi est totalement interdit par les cieux, lui expliquais-je par les connaissances des vieux livres familiaux. Si un dieu devient roi, et qu'il enfante des héritiers, il verrait toute sa descendance et toute sa descendance verrait la sienne.
— Évidemment, l'immortalité des dieux bloque pas mal de choses, pensa-t-il tout haut.
Je laissai passer un moment avant de revenir sur le sujet principal.
— Et vous avez donc revu votre père après ça ?
— Évidemment, c'est mon père.
Ma question paraissait idiote, mais cela faisait un intervalle pour ma question suivante.
— Et avez-vous déjà entendu parler d'un... marché que Phares fait avec certains dieux ?
Deuxième question piège. Qui se trouvait être plus une accusation ou une mise en garde. Je regardai attentivement sa réaction, qui fut tout à fait à la hauteur de mes attentes.
Une légère crainte traversa son regard sans qu'il ne s'en rende compte. Son compte était bon.
Je sortis mon épée de ma main droite et lui fonçai dessus. Mais évidemment, je n'avais aucune chance. C'était un dieu et moi une femme, humaine et faible.
Malgré cela, Nese me retint de toute ses forces pour m'empêcher de tuer notre « sauveur » avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.
— Diane, qu'est-ce qui te prend ? me gronda-t-il, ne comprenant pas pourquoi j'avais réagi comme cela.
Je l'ignorai.
Je regardai notre hôte droit dans les yeux, un calme surprenant sur mon visage. Aucune chance de sortir de la poigne de fer de mon compagnon et je n'arriverais certainement pas non plus à faire quoi que ce soit d'intelligent en repartant à l'attaque sur le dieu.
Une certaine colère pouvait malgré tout se lire sur mes traits contrôlés.
— Tu veux que je t'explique ? lançais-je à Nese.
Il m'en supplia d'un regard, puis me relâcha.
— J'ai entendu plus d'une fois que des dieux faisaient des marchés avec Phares.
— Quel genre de marché ?
— Phares a des cages qui suppriment le pouvoir des dieux. Il lui suffit de faire sa petite enquête sur le quotidien de certains dieux. Puis, dans leur sommeil il les assomme, les mets entre les barreaux et les ramènent à son palais pour les offrir à d'autres dieux. En échange, ceux-ci vont chercher eux-mêmes de doubles-loups dans les contrées du charbon. Parfois, il leur demande des renseignements sur la reine Zirra ou encore des hommes, rapportés de différents royaumes.
— Et vous faites partie de ce marché ? demanda-t-il à Odin.
Il éclata d'un rire franc, une seconde avant que son visage ne reflète plus aucune joie et pour ne laisser que de la concentration.
— En effet.
— Combien de dieux vous a-t-il offerts pour le moment ? lui demandais-je, en essayant de ne pas passer trop vite aux choses sérieuses qui pourraient rapidement dégénérer de notre côté.
— Je dirais... Une demi-douzaine ?
Puissant, trop puissant. Cet homme était encore bien trop jeune pour une telle emprise sur ce monde.
Cela vous laissait-il une image de la chance que nous avions ?
Tout simplement aucune.
— Vous êtes déjà bien avancé... pour votre âge, commentais-je.
Il leva un sourcil et à demi-sourire leva les yeux au ciel avant de les reposer sur nous.
— Je vous ai regardé tous les deux, pendant votre combat et j'ai même pensé que vous n'auriez pas besoin de moi pour vous défaire de ces créatures.
Il nous complimentait pour une raison qui m'échappait. Voulait-il nous déstabiliser ? Je ne m'attardai pas plus sur cette nouvelle crainte et lui dis :
— Votre père ne sera pas content de voir que vous avez tué autant de ses doubles-loups.
Il ne parut pas beaucoup de soucier de ce détail et il me répondit mollement.
— Ce n'était même pas une vingtaine et vous me servirez d'excuse, car vous auriez très bien pu les tuer.
... si je n'étais pas blessée. C'est ce que je compris sous ses paroles. Comment expliquer que ce dieu continuait tout de même à me faire peur.
— Mais passons aux choses sérieuses voulez-vous. Je vous propose un marché.
Il me regarda dans les yeux, ne laissant aucune émotion traverser ce regard perçant. Je n'eus pas d'autre solution que de lui rendre son regard et d'écouter très attentivement ce qu'il avait à me dire.
— Je vous emmène au château de mon père. Vous discutez de femme à homme, ou d'homme à homme avec lui. Sans verser de sang, bien sûr. Et... je ne sais pas moi, parlez de banalité, puis il fera de vous ce qu'il veut, je n'aurais plus rien à voir avec cela.
— Vous appelez cela un marché ? l'interrogeais-je en comprenant le sens de ses paroles.
— En effet. Vous être très perspicace, lady Warck. Ce n'est pas un marché, c'est une obligation.
— Et, après quoi, vous recevrez en échange un dieu pour ma capture ?
— Même deux, à vrai dire, me répondit-il franchement avec un sourire.
— Vous me dégoûtez.
— J'en ai bien conscience...
Je sortis ma lame de son fourreau que je venais de ranger il y a quelques instants à peine, de nouveau prête pour combattre, même si je savais que je n'avais aucune chance contre lui. Mais c'était nettement mieux que de se laisser prendre en salissant l'honneur des Warck.
Je sentis Nese se décaler légèrement pour se mettre en posture de combat.
— Vous m'avez tout à fait l'air d'avoir du cran, vous d'eux, nous dit-il en souriant jusqu'aux oreilles. Je vais donc vous faire une faveur en vous laissant me combattre. Mais je n'ai pas que ça à faire aujourd'hui, alors si nous accélérions le pas, ça m'arrangerait beaucoup. Merci bien.
Son culot me fit serrer les dents.
Je fus la première à attaquer, suivie de très près par Nese, surveillant à jamais mes arrières.
Mon épée manqua évidemment sa cible et je me sentis des plus bêtes de ne pas m'être assez entraînée ces derniers temps.
Mais il n'y avait rien à faire. Nous avions beau être deux et toujours revenir à la charge, nos coups n'atteignaient jamais leur cible. Je cherchai une solution à notre nouveau problème, mais mon arc et mes flèches ne me seraient sûrement pas non plus d'une grande utilité dans des moments comme celui-ci. Et mon carquois, toujours vide...
Je reçus de nombreux coups, aggravant mes blessures en un rien de temps. Le dieu n'avait pas encore utilisé ses pouvoirs que nous étions déjà tous les deux à bout de souffle, avec du sang qui coulait le long de nos visages comme sur l'entièreté de nos corps. Des bleus et des os brisés.
C'était un véritable massacre.
Gagnant du temps, Odin se décida enfin à utiliser ses pouvoirs.
Un trou. Un véritable. Ma cuisse gauche perdait une si grande quantité de sang que ma tête commença à tourner et je tombai à genoux, main à terre, retenant de m'évanouir.
Son attaque avait été simple et rapide. Presque inexistante.
L'eau. Un jet, unique, concentré en un trait si fin que sa puissance s'en était presque quadruplée. Net et puissant, il avait traversé ma jambe à la vitesse de la lumière sans qu'aucun de nous deux ne puisse l'empêcher de me transpercer.
— Diane !
Le dieu tendit son bras à une vitesse hallucinante vers Nese et un fin lasso de terre et de pierre sortit de sa main (ou de sa manche, je n'eus pas le temps de le voir) pour entourer son corps sans retenue.
— C'en est fini pour aujourd'hui, commenta-t-il. Mais j'espère que nous combattrons à nouveau très vite, c'était des plus amusants.
Nous étions en effet tous les deux hors de combat. L'un grimaçant de douleur sous la pression des liens qui le compressait et l'autre tout simplement au sol, à moitié inerte.
— Je vous emmène maintenant au château de Phares. J'espère que vous ferez bon usage de l'hospitalité de mon père.
Puis plus rien.
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