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19.

Je me décidai à ouvrir les yeux et le vit, lui, Nese. Toujours la même personnalité, j'imagine, mais plus la même apparence.

Autrefois, il fut homme ou tigre. Mais maintenant, il était homme et tigre. Je le regardai de haut en bas, absorbant les moindres détails de son nouveau corps.

Imaginez les formes d'un homme, l'apparence d'un homme. Rajoutez-y une fine couche de fourrure qui est plus épaisse à certains endroits. Cette fourrure est d'un blanc neige barrée irrégulièrement par les rayures habituelles que possèdent les tigres. Imaginez ce même nez, ces mêmes oreilles humaines, mais rajoutez-y également un fin pelage couleur neige. Pas de moustaches, mais bien une courte crinière de la même ampleur que ses cheveux précédents, simplement plus épaisse que les cheveux humains. Une longue queue animale à l'arrière tout aussi blanche que son pelage. Représentez-vous aussi des crocs blancs, très, très blancs et très, très pointus... Et pour finir des yeux. D'un bleu ciel, très clair, profond... dans lequel vous pourriez vous perdre d'une façon si intense que vous pourriez commencer à un peu trop l'apprécier.

Sa nouvelle musculature me frappa aussi, on pouvait voir ses abdos parfaitement dessinés sous son pelage d'une couleur parfaite. Je remarquai également qu'il n'était pas nu comme un vers face à moi et qu'il portait un pantalon très ajusté à sa taille, ainsi que deux fourreaux avec de magnifiques poignards placés dedans. Le premier se trouvait à sa ceinture et le second contre sa poitrine.

Voilà ce qui se tenait debout, devant moi, me laissant le regarder dans tous ses détails.

Alors je me levai à mon tour pour le regarder vraiment en face, avec difficulté, bien évidemment, mais planter mes yeux bruns dans ses yeux bleus me fit frissonner de satisfaction.

— De quoi ai-je l'air ?

— Tu es... splendide... je veux dire, me rattrapais-je, que ça te change... et que ce changement-là, en tous cas, te va à merveille.

Il eut un petit sourire de plaisir.

Il marcha encore un peu jusqu'à moi et se plaça à mes côtés, contemplant son reflet dans le miroir dans mon dos.

Si je ne me retournai pas pour regarder nos reflets comme il le faisait, c'était profiter pleinement de sa présence si proche de moi.

— Alors je ne fais plus qu'un ? Ces deux mondes si différents en un seul morceau ? me demanda-t-il sans vraiment me le dire directement.

Je ne répondis pas, le laissant dans ses pensées que j'espérais joyeuses.

— Je pense que c'est mieux ainsi, lui dis-je en appuyant mon regard toujours un peu plus.

— Tu crois ? sourit-il.

— De toute façon, je ne pense pas qu'on t'ait laissé le choix... c'est le grand conseil qui a parlé...

Tout à coup, je me demandai de quoi j'étais en train de parler.

— Qu'est-ce que le grand conseil ?

— Seuls ceux qui sont morts le savent, dit-il dans un murmure en se tournant vers moi à son tour. Mais pour répondre à ta question, ce sont les morts qui ont de grandes compétences et qui choisissent, au lieu de revenir sur terre, de vivre mortellement parmi ceux qui font de toi un animal, un dieu ou te laisser dormir dans un profond sommeil sans fin...

— Aux cieux..., murmurais-je pour affirmer ses dires.

— Aux cieux, affirma-t-il comme je l'avais espéré.

— Je peux te poser une question dont je ne suis pas sûr que tu connaisses la réponse ?

Il avait l'air de mieux s'y connaître que moi en cette matière-là, ce qui était évident à première vue.

— Je t'en prie.

— Comment est-ce que ces gens choisissent si on retourne dans le monde des vivants ?

Il eut un sourire.

— Je me suis posé la même question pendant très longtemps.

Nous étions très proches. Vraiment très, très proches. Il ne restait pas plus de huit centimètres entre nos deux visages. Plus grand que moi, j'étais obligée de lever les yeux pour le regarder bien en face. Mais ça ne me posait aucun problème, au contraire...

— Ces personnes regardent la longueur de nos vies, analysent la façon dont nous l'avons vécue ainsi que la façon dont nous avons quitté ce monde. Ils cherchent des réponses. Personne ne peut leur échapper. Ils font de vous ce qu'ils veulent, comme vous accorder des pouvoirs confectionnés encore inexistants sur terre qui compléteront un des trois groupes. Ils peuvent vous faire entamer une nouvelle espèce également, comme moi aujourd'hui.

— Je vois. Le grand conseil n'est que des gens qui choisissent comment notre futur va se dérouler. Il décide de notre destin et donc nous contrôle jusqu'à la moelle.

— C'est cela. Ce sont eux même des anciens morts qui ont décidé de rester dans les cieux et de travailler là-bas en échange de la paix immortelle. Et après un certain moment de travail là-bas, ils ont dû obtenir une promotion si tu veux, grâce à leur expérience.

— Je vois...

Un silence s'installa ou je pus entendre battre une dizaine de fois mon cœur en folie.

Nous étions des inconnus il y a encore quelques jours, mais déjà quelque chose se passait entre nous et au fond de moi, je ne pouvais continuer à le nier.

Je le voulais.

— Est-ce que je te dérange ? me dit-il, tout à coup légèrement moins sûr de lui. Je veux dire, cette apparence, elle te pose problème ?

— Pas du tout, je te trouve même encore mieux qu'avant.

— C'est ce que j'espérais entendre.

Il tourna sa tête vers moi et son souffle se mêla au mien. Je ne savais pas quand la tension avait commencé à être aussi palpable, mais je ne la remarquai qu'au moment où il posa sa patte à moitié main sur ma hanche droite. Nous continuâmes à nous frôler sans pour autant nous toucher, comme deux électrons opposés en train de danser avec les émotions de l'autre.

Il accrocha mon regard pour de bon et je ne lâchai plus le sien. Nous avions pris goût à ce petit jeu et chercher le regard de l'autre pour l'accrocher nous était presque devenu familier. Aucun de nous deux ne sut attendre longtemps avec un si petit espace entre nous et sa bouche entra en contact avec la mienne dans un baiser passionné.

Doux, chaud, intense. Une boule se forma dans mon bas ventre lorsqu'il passa sa main poilue dans mon cou, intensifiant le baiser.

Lorsqu'on se sépara, je ne pus m'empêcher de sourire. Lui aussi ne cachait plus sa joie en affichant ce fameux sourire en coin qui me faisait craquer à chaque fois que je croisais sa route.

Mais ce moment inoubliable se brisa lorsque mon regard dévia derrière lui, sur un homme assis sur une chaise, nous regardant avec tristesse et dégoût. Hélas, pour lui, je ne lui rendis pas son regard, trop heureuse pour être triste à ce point...

J'aurais voulu lui dire que je regrettais, que Nese n'était qu'un ami, mais ce serait un mensonge, car je l'aimais. J'aimais Nese. Et Athan n'était rien de plus qu'un ami pour moi.

Athan se leva sans un bruit et alla allumer. Nese qui était dos à lui, sursauta, ébloui par ce nouveau flot de lumière.

— On ne vous dérange pas vous deux ? nous demanda-t-il sans chaleur.

— Je ne crois pas non, dit Nese content de son petit effet.

Athan le dévisagea du regard, la colère montant en flèche. Ces deux-là n'avaient jamais été faits pour s'entendre et le fait que Athan ait pu développer un quelconque respect approfondi pour moi n'arrangeait les choses en rien.

Nese s'amusa à rentrer dans son jeu en lui souriant pour lui montrer qu'il n'avait pas peur de lui et qu'il lui était supérieur.

Ce fut la goutte de trop pour Athan qui se jeta sur le Kusinthas face à moi qui me lâcha pour se mettre en position de combat, déjà prêt à utiliser sa nouvelle apparence avec tous ses avantages.

Athan n'avait presque aucune chance de gagner et je le savais très bien, si la femme en blanc avait dit que ce serait un mélange entre toutes ses qualités, le tigre avait l'air d'avoir pris le dessus sur l'homme. En prenant, un peu de recul, cela paraissait logique, car le tigre avait bien plus de qualités physiques que l'homme.

Je ne savais plus quoi faire pour éviter que la situation s'aggrave, mais je pris la décision de défendre Nese en me jetant sur Athan avant que catastrophe ne se produise.

— Alors comme ça tu le défends ? Tu me dégoûtes ! me dit-il entre ses dents.

Je le coinçai de mes jambes pour l'empêcher de partir et lui dis :

— Athan, calme-toi, je te défends toi en t'empêchant de le combattre. Regarde-le, il est devenu beaucoup plus fort, tu n'auras aucune chance contre lui.

— C'est ce qu'on verra !

Il utilisa son pouvoir sur moi en me paralysant et en m'éjectant à l'autre bout de la salle. Avec la douleur flagrante que produisit le choc sur la blessure de mon ventre, je pouvais vous assurer que les soins du médecin n'avaient pas tenu.

Hors de combat et obligée de rester au sol, je ne pus que regarder les mâles se combattre sans pouvoir agir, ce qui me déplut fortement. Athan lança un de ses rayons lumineux sur Nese qui le paralysa net. Je fus stupéfaite, Nese n'avait pas su éviter le rayon alors qu'il avait toute la force pour le faire. Je ne pus m'empêcher de penser que mon cri de douleur l'avait distrait lorsque je m'étais écrasée contre le mur. Son regard était tourné vers moi.

Athan envoya Nese à l'autre extrémité de la salle sans que celui-ci ne puisse faire quoi que ce soit. C'est le moment que choisit Athéna pour se réveiller en sursaut et lorsqu'elle m'aperçut, totalement hors de combat sur le sol, elle se rua sur moi pour m'aider. Je l'arrêtai net.

— Il faut que tu aides Nese, reviens vers moi après...

Elle me regarda d'un air dépité dans la totale incompréhension avant de regarder le combat qui se déroulait juste à côté de nous.

— Mais que s'est-il passé ?

— Je t'expliquerai une autre fois ! lui dis-je en serrant les dents. Il faut que tu ailles aider Nese, car il ne s'en sortira apparemment pas face à Athan...

— Je pense que tu devrais observer un peu plus attentivement la scène parce que c'est plutôt Athan que je devrais aider...

— Je m'en fous, mais sépare-les, je t'en supplie ! dis-je à moitié en train de lui crier dessus.

— À vos ordres ma générale, me dit-elle avec un salut parfait.

Alors qu'elle s'en allait, j'eus un petit sourire pour cette amie de toujours, qui m'avait soutenu à chaque instant et qui même après avoir perdu l'homme qu'elle aimait plus que tout, me suivait et m'aidait, malgré tous ses problèmes. C'était ce qu'on appelait une vraie amie, peut-être la meilleure et je me promis de ne plus jamais douter d'elle.

Hélas, elle était impuissante face aux deux autres et je ne pus m'empêcher de penser qu'aucune de nous deux ne l'était vraiment.

Il fallait qu'on trouve une autre technique pour les séparer ou ça allait finir en bain de sang. Mais avec ma blessure je ne pouvais pas compter aller très loin.

Mais je pouvais quand même essayer...

Je me levai et marchai si lentement vers le petit groupe de trois que mon sang avait le temps de faire un lac à chacun sur le sol de mes pas.

Aucun ne me vit arriver et aucun n'avait l'air de remarquer ma présence.

Je criai d'un seul coup de la voix la plus forte dont j'étais capable.

— STOP !

Cela s'approchait certainement plus du hurlement de désespoir.

Aucun ne réagit, toujours totalement absorbé par son combat et la pauvre Athéna fut envoyée à l'autre bout de la salle dans un bruit de côtes cassées qui m'écœura. Cette bataille était en partie à cause de moi, c'était donc à moi de l'arrêter. Et si la manière douce ne pouvait suffire, alors la manière forte devrait les faire réagir.

C'est le violent coup de patte que donna Nese à Athan qui me fit accélérer. Je pris les deux armes posées à côté de mon lit que je remis dans leurs fourreaux. Puis, je pris un chandelier allumé posé sur la table de nuit et m'avançai vers les garçons aussi vite que me le permit ma blessure. C'est-à-dire, de nombreuses secondes d'effort intense et de grimaces.

C'était le moment d'agir. Nese avait coincé Athan de son avant-bras juste en dessous du menton et d'une de ses jambes juste au-dessus des genoux de son adversaire.

J'avançai la bougie près de la queue de Nese sous le regard intrigué d'Athan et touchai son bout avec la flamme. Celui-ci poussa un grognement de douleur face à la chaleur de la flamme, puis, lâchant Athan, se retourna vers moi en me sautant à la gorge à une vitesse dont je n'aurais cru aucun homme capable.

Au détail près, il n'était pas humain.

Il posa sa patte sur ma gorge et commença légèrement à serrer en me bloquant les jambes.

Je savais que lors d'un combat, c'était le prédateur qui prenait le dessus sur l'homme, et le fait que quelque chose se mette entre lui et sa victime ne devait pas du tout lui plaire. C'est pour cela que je comprenais totalement sa réaction à mon égard lorsque j'avais osé lui brûler le bout de sa queue blanche comme neige.

Je le défiai de toute ma souffrance en le regardant bien droit dans les yeux, sans une once de chaleur... juste de la peur et une partie d'inconscience, car il appuyait tout son corps contre ma blessure. Malgré lui, je m'en doutais bien. Mais je ne montrai aucun signe de faiblesse. Je me laissai faire et d'un geste de la main, j'ordonnai à Athan de rester là où il était.

Il ne me restait qu'une seule chose à faire, le regarder bien droit dans les yeux en fixant les profondeurs de ses prunelles où régnaient colère et injustice.

Puis comme un déclic, sa main se desserra de mon coup et il recula d'un pas contemplant la marque rouge qu'il avait laissé sur ma peau.

De la peur avant tout. Mais elle se fit rapidement remplacée par du remerciement et du respect. Une demande de pardon également.

C'est ce moment-là que choisit Athan pour repartir à l'attaque. Je l'en empêchai en laissant ma lame à Nese qui la rattrapa souplement avant de la lâcher immédiatement comme si la lame avait pris feu.

De la peur et de la souffrance dans son regard. Une profonde peine également.

Je ne pus comprendre son geste. Je l'oubliai instantanément, bien trop absorbée par les gestes ennemis.

Nese se reprit pourtant très vite. Il se retourna vers Athan et lui attrapa le cou à pleines mains pour le retourner et l'écraser sur le sol, le faisait cracher du sang.

L'ancien prince des tigres blancs avait perdu son regard précédent.

— Regarde-toi, soufflais-je à mon ami sans qu'il ne puisse me voir sans tourner le regard vers la droite, tu es fier de toi ? Regarde Athéna. C'est en essayant de vous séparer qu'elle s'est sûrement fêlée une côte.

— Ce n'est pas moi qui ai commencé, me répondit-il d'une voix grave en grognant sous la poigne de Nese.

S'il espérait se faire pardonner de cette manière, c'était raté.

— Ce n'est pas la raison de notre problème, le grondais-je comme un enfant. Au lieu de nous entretuer, nous devrions nous serrer les coudes, contre nos nouveaux ennemis communs. Car n'oublie pas que c'est toi qui as voulu nous suivre, c'est de ton plein gré que tu es venu avec nous. Mais si comme je le constate, tu as changé d'avis, tu as la liberté de t'en aller...

Il ne réfléchit pas un seul instant à la proposition.

— Si vous voulez encore de moi dans cette équipe de folie, alors je reste.

J'ignorai sa pique et lui répondis :

— Alors, tiens-toi tranquille.

Ça ne me faisait pas plaisir de lui faire la morale, mais il ne savait pas encore ce que c'était de vivre en groupe. Il allait pourtant vite devoir s'y habituer.

— Bon, dis-je en rangeant mon épée, que quelqu'un m'aide à porter Athéna, on va aller la posée dans le lit.

Des mots bien trop rapidement dis, impossible de me lever ou ne serait-ce que bouger le petit doigt.

— Laisse, me dit Nese, tu ne dois pas forcer sinon tu ne guériras jamais de cette blessure.

— Surtout quand je me fais écraser par quelqu'un juste avant, répliquai-je en levant un sourcil sans pouvoir m'empêcher de lâcher un petit sourire.

Il refléta le mien et amena Athéna sur le lit.

— Elle a juste besoin de repos, laissons là dormir, nous reviendrons demain matin pour voir comment elle va.

Nese m'aida ensuite à me relever pour me poser sur le second lit de la chambre. Ses gestes étaient délicats, précis et il tenait sa tâche à cœur. Il changea mes bandages en sang avec précision et maladresse à la fois, ce qui ne put m'empêcher de me faire sourire. Un sourire qui s'effaça bien rapidement lorsque je me rappelai le regard insistant de l'autre côté de la salle.

Athan était hors de lui, malgré son calme retrouvé et une nuit de sommeil ne réparerait certainement pas les dégâts d'aujourd'hui.

Le Kusinthas au pelage neige passa un linge humide sur ma tête avant de me parler à voix basse pour me murmurer des mots rassurants et désolés, comme je l'avais prédit.

Un besoin d'être seuls, de parlers. Je n'en avais peut-être pas la force, mais avec lui, tout me paraissait possible. Ce n'était pas l'homme à l'autre bout de la chambre qui allait nous en empêcher.

Il alla ouvrir la fenêtre avant de revenir vers moi pour me prendre dans ses bras comme si je n'étais pas plus lourde qu'une plume. Ses muscles sur ma peau sensible me firent frémir, mais je les ignorai en profitant de ce moment délicat. Il m'emmena dehors non sans un dernier égard pour notre compagnon route et la douceur de ce début d'été me fit me coller à son pelage plutôt chaud.

Sans un mot, il alla me poser sur le bord du toit et s'assit à côté, les jambes pendues dans le vide.

Il n'y avait pas de nuages et la lune n'éclairait pas plus que d'habitude, ce qui nous donnait un ciel magnifique. Cela me fit tout de suite penser aux soirées que j'avais passées à regarder les astres avec mes amis, mais je ne dis pas un mot.

Nos deux regards tournés vers la lune et ses étoiles, la discussion mit un certain temps à commencer ce jour-là.

— C'est allé vite, dit-il calmement. Je ne m'attendais à ce qu'il m'attaque.

— Tu l'avais mérité...

— Peut-être bien, sourit-il.

Je réfléchis à reparler de la raison du combat, mais il le fit pour moi.

— Je ne savais pas trop comment te montrer que tu comptais pour moi.

Le sujet était lancé. Plus aucun moyen de faire demi-tour et honnêtement, cela commençait plutôt bien.

— Tu as finalement trouvé le moyen, toutes mes félicitations, le taquinais-je.

Il m'offrit son sourire en coin qui me fit tout aussi fondre que la première fois que je l'avais vu.

— Je veux dire, cela ne fait pas longtemps que l'on se connaît et je ne pensais pas que cela allait aller aussi vite.

— Je comprends, lui dis-je.

C'était la vérité. J'avais pensé exactement la même chose et c'est pour cela que je ne pouvais pas lui en vouloir.

— Tu crois que l'on pourrait... reporter ?

— Faire genre que rien ne s'est passé dans cette chambre d'auberge ?

Aucun de nous deux ne pouvait s'arrêter de sourire, cela nous était tout simplement impossible.

— C'est cela, fit-il tout de même. Profiter encore un peu du fait de se chercher pendant une conversation ou ce genre de chose...

— C'est toujours la meilleure partie quand on aime quelqu'un, approuvais-je.

Il hocha la tête, le fait que nous sachions nous dire les choses, sans gêne et presque sans peur, cela nous rassurait tous les deux et cela mettait une certaine harmonie entre nous.

— On peut oublier, lui affirmais-je pour être sûr que nous étions tous les deux sur la même longueur d'onde.

— Mais Athan, lui, n'oubliera pas, commenta-t-il.

Je savais très bien qu'il s'en foutait totalement de lui et je ne pouvais qu'espérer qu'il ne le taquine pas à ce propos juste pour l'énerver.

Je lui jetai un regard noir qui fit grandir son sourire de plusieurs centimètres et il me dit :

— Ne t'inquiète pas, je ne ferai rien à ton petit protégé.

Je me décalai un peu vers la gauche pour le cogner de mon épaule et il fit semblant d'avoir mal. Mais j'avais certainement plus mal que lui, même si être avec lui et me reposer à ses côtés atténuait certainement la douleur.

Je me replaçai ensuite et regardai encore un moment le magnifique ciel étoilé qui s'offrait à nous.

— Blague à part, me dit-il en tournant la tête pour me regarder. Le fait qu'on oublie ce baiser ne veut pas dire qu'il faut faire comme s'il n'était jamais arrivé.

Je tournai ma tête vers lui et le regardai un instant. Je ne répondis pas tout de suite, profitant de ce moment paisible pour suivre ses rayures noires des yeux. Mais, je finis rapidement par replonger mes yeux bruns dans ses yeux clairs comme une drogue.

— Marché conclut, mais fais-moi signe quand tu trouves que cela suffit et que tu n'as plus envie d'oublier.

Il éclata de rire et je joignis mon rire au sien, sans pouvoir m'en empêcher.

On regarda les étoiles pendant un moment dans un silence complet.

Mais il finit par briser ce silence magique.

— J'ai un doute dont j'aimerais te parler.

Il se tut un instant pour voir si je m'opposais à sa demande, mais je ne fis qu'attendre qu'il continue.

— Où allons-nous ?

La question m'intrigua, car il savait très bien où nous nous rendions.

— Je veux dire... où va ce voyage. Notre destination première est Méryme, mais je ne sais même pas pourquoi, tout ce que je sais c'est que ce voyage ne sera pas des plus tranquilles.

— En effet. Mais, pour ta gouverne, nous allons à Méryme parce qu'Athéna et moi nous sommes rencontrés là-bas il y a maintenant plusieurs années. De plus, Méryme est une ville où la paix règne et où aucun combat sanglant n'est autorisé au cœur de ses murs. Je ne sais pas si tu en as déjà entendu parler, mais la porte qui protège la ville a apparemment un sens du devoir très prononcé. Aucune personne avec de mauvaises intentions n'entrera dans cette ville tant qu'elle sera là.

— Tu dis qu'aucun combat n'a droit dans cette ville, mais les gens doivent s'ennuyer à mourir dans ces tavernes, ces maisons...

— La reine, Zirra, a compris cela alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Elle a alors mis au point une sorte d'arène sous la ville. Une fois tous les deux mois, les mérymiens se rassemblent dans cette grande arène où plusieurs combats se déroulent.

— Mais qui combat dans cette arène ? Des esclaves ?

— Pas vraiment. Il y a toujours une Terreur du combat précédent, des mois, plutôt. Cette « Terreur » revient tous les deux mois pour combattre à nouveau les volontaires qui se croient plus fort qu'elle. Si elle n'est pas au rendez-vous, on procède comme d'habitude en prenant une personne volontaire au hasard. La plupart du temps, la Terreur reste la Terreur, mais il y a aura toujours quelqu'un de plus puissant qui arrivera à la battre.

— Comment es-tu au courant de tout ça ? se demanda-t-il après mes paroles. Tu es déjà arrivée à combattre la Terreur ?

Je secouai la tête. Il n'avait pas tout à fait juste.

— C'est mon père qui était devenu la Terreur plusieurs années avant sa mort, mais cela ne l'empêchait de vivre en famille. Il est resté imbattable pendant de très longues années, le peuple l'adorait, mais ne connaissait hélas pas sa vraie nature...

— Qu'il soit un voleur ? Le Fauve À La Queue Dorée était très respecté lors de ses heures de gloire, tous les nobles avaient peur de lui...

— Et bien, c'est peut-être une des raisons pour lesquelles il s'est fait tuer par ces guerriers noirs.

L'ambiance de la conversation avait pris une tout autre tournure et cela me déplut légèrement. Surtout lorsque je commençai à me rappeler tous ces moments que j'avais passés en compagnie de mon père.

— Il ne s'est donc jamais fait battre dans cette arène ?

— Non, mais lorsque papa est mort, les mérymiens ont choisi une nouvelle Terreur, ceux qui croyaient avoir la force de le devenir se sont portés volontaires pour prendre la relève et la vie a continué son cours normalement, comme s'il ne s'était rien passé. J'ai eu des échos de la nouvelle Terreur. On m'a dit qu'elle était restée la même depuis dix ans, donc depuis la mort de mon père.

— Alors, tu vas également là-bas pour le tuer ?

— Pas vraiment. Les choses se corsent pour notre groupe et nous avons plus besoin d'alliés pour cette bataille.

— Mais est-ce que la reine Zirra, fille de Xémur, sait que tu es la fille du Fauve À La Queue dorée ?

— Je ne pense pas. Elle ne m'aurait jamais demandé d'être la générale de son armée si elle le savait.

— Et si elle en veut à ton père — et donc à toi — pour telle ou telle raison ? Si ton père a causé certains problèmes dans la ville du métal auparavant et que Zirra veut ta mort après l'avoir appris ?

— Je n'en sais rien. Je la convaincrais peut-être que ce n'est que mensonge... Avec Athéna, nous avons toujours refusé de faire partie de ses généraux car nous étions au service de Hémon et c'est là que je me plaisais vraiment, là qu'était ma famille et toute ma vie. Nous n'avions aucune envie de rejoindre ses rangs. Mais j'accepterais peut-être ses conditions pour nous protéger...

— Tu veux mon avis ? me proposa-t-il plus que sérieux. C'est une très mauvaise idée. Si tu veux vraiment protéger ce groupe, reste simplement avec nous et débarrassons-nous des parasites alentour, car si la reine ne digère pas la nouvelle, tu sais ce qui se passera aussi bien que moi. Elle retournera ses armes contre nous, et ça nous fera un poids en plus sur les épaules.

— Peut-être... mais ça vaut le coup d'essayer. Nous n'avons pas d'autre endroit où aller. Je suis sûre que Méryme est la meilleure solution. De plus, j'y connais des gens qui m'ont accueillie alors que mon père venait de mourir. Ils sont devenus comme ma deuxième famille. Nous irons chez eux en attendant que la reine accepte de nous accueillir au palais.

— Si tu crois que c'est une bonne idée, je te suis à 100%. Mais, je pense que nous devrions chercher appuis sur d'autres clans...

— Mais lesquels ? Qui accepterait de nous aider, nous, des fugitifs ? Personne n'a envie de sacrifier les siens pour sauver des personnes dont le sort est déjà scellé. Crois-moi, j'ai déjà tourné la question en tous sens...

Évidemment, il fait la réponse à cela et son regard pétillant lorsqu'il la prononça me fit chavirer.

— Peut-être d'autres clans d'animaux ressuscités ? tenta-t-il. La meute des tigres des neiges n'est pas le seul clan puissant qui existe dans le monde. Mais les autres armées des tigres ne nous aideront sûrement pas, ils sont très solidaires entre clans et dès que ce sont des clans d'humains qui ont besoin d'aide, ils se referment sur eux-mêmes et préfèrent engager le combat que de les aider.

En tant que tigre immortel, il en connaissait plus que moi sur ce sujet-là, malgré mes compétences grâce aux anciens livres de mon père.

— Combien y a-t-il d'armées de tigres dans le monde si chaque race de ces puissants fauves forme un seul et même clan ? lui demandais-je.

— Il y a aussi les tigres des sables (qui viennent du désert, réputé pour leur rapidité), ainsi que les tigres des bois (qui sont un petit nombre, mais sont redoutables pour le camouflage et leur endurance), et je pense qu'il y a aussi les tigres des eaux (qui vivent près des mers, des rivières ainsi que des lacs, réputés pour leur agilité).

— Combien sont-ils dans chaque clan ? Si vous les différenciez par leur capacité, il doit sûrement également y avoir une différence entre leur nombre, non ?

Il réfléchit un instant pour ne pas me donner de mauvaise réponse, car le nombre était des plus importants si nous devions finir par les compter comme des ennemis.

— Et bien, je pense que les tigres des montagnes sont les plus nombreux. Les tigres des sables sont beaucoup aussi, mais une trentaine en moins que ceux des neiges. On doit compter environ huit-cent-soixante tigres des eaux et sept-cent-nonante tigres des bois.

Il y avait donc quatre races de tigre différentes. Quatre clans éparpillés un peu partout dans le monde. Mais tous plus puissants les uns que les autres. Tous faits d'anciens humains morts et revenus à la vie par le mérite et les envies des cieux.

— Combien sont les tigres des montagnes, au total ?

— Mille-cent-septante.

J'en restai le souffle coupé. Même si ce nombre se trouvait être légèrement supérieur à l'armée de la terre des Lions, mille-cent-septante était un nombre ridicule pour une armée composée d'humains. Mais pour une armée de tigre ?! C'était un chiffre des plus impressionnants.

— Comment allons-nous nous en sortir ? dis-je en commençant à paniquer.

Je m'en rendais seulement compte maintenant. Si nous avions une armée de tigres, deux armées entières d'humains et des guerriers surentraînés qui veulent notre mort, combien y avait-il de chance pour que nous puissions nous en sortir ?

Je crois bien que ce serait la fin.

Nous sommes peut-être des combattants hors pair, mais de l'aide ne nous ferait pas de tort.

— Il ne faut pas se tracasser pour l'instant. Le temps que le général de l'armée des tigres blancs rentre pour parler de son échec... Nous gagnons plusieurs jours.

— Ça ne change strictement rien, lui répondis-je. Nous avons tout de même besoin d'aide.

— Nous trouverons cette aide, je te le promets.

Je plantai mon regard dans le sien.

Mais, quelle aide ? me demandais-je.

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