CHAPITRE 42 :
CHAPITRE 42 :
*Grayson*
J'arrêtais ma voiture en plein milieu de l'allée de la maison des Reynolds, aucune voiture n'était présente si ce n'était que la mienne et celle d'Ali. Alison était assise sur son perron, sa chienne dans les bras. A peine avais-je ouvert ma porte qu'elle s'élançait vers moi.
Les battements de mon cœur étaient bien trop élevés et l'expression faciale de la fille que j'aimais ne faisait que les augmenter.
Elle se plaqua contre moi, entourant mon torse de ses bras, son visage enfoui dans mon cou, elle laissa le silence nous envelopper.
Je la blottis contre moi, cherchant à lui apporter tout mon soutien possible. Je ne savais rien, je ne connaissais rien, j'étais un inconnu à qui elle refusait l'accès à ses pensées. Son simple message m'avait poussé à me précipiter chez elle.
« J'ai besoin de toi... »
Sur le peu de trajet qui séparait nos maisons, j'avais eu le temps de me faire un millier de scénarios, tous plus délirants les uns des autres.
-Je suis désolée, murmura-t-elle sa voix brisée par les sanglots.
Une bouffée de chaleur se répandit dans l'ensemble de mon corps. Je l'écartais de moi, cherchant à capter le vert de ses yeux, celui qui me donnait la sensation d'être constamment au printemps.
-Ali ? Comment ça ? Qu'est-ce que tu as fait ? demandais-je sentant la panique qui avait gagné mon cœur, grimpé jusqu'à ma gorge.
Elle secoua la tête et détourna les yeux, des miens m'empêchant de me ressourcer.
-Ali ?
-Je suis désolée...
-Bordel Alison ! Qu'est-ce que tu as fait ?
Elle secouait la tête comme si elle était montée sur un ressort.
-Ali... S'il te plait, tentais-je en calmant l'énervement cuisant qui fulminait dans mon cerveau. Alison... Qu'est-ce que tu as fait ? Pourquoi t'excuses-tu ? Je te préviens si tu essayes de m'annoncer que c'est fini entre nous parce que tu t'engages dans la base militaire, je vais te suivre ! Je te jure que je vais te suivre ! Tu ne vas pas pouvoir te débarrasser de moi comme ça. T'as vu ton frère ? Ça s'est mal passé ? Le Général t'a refusé une entrevue ?
Alison continuait de secouer la tête, me faisant déblatérer toutes les idées fortuites que mon esprit m'avait soufflé.
Un courant d'air fit voler ses cheveux laissant apparaitre son cou. Il me fallut que quelques instants pour découvrir les traces rouges qui couvraient sa peau.
-Bordel qu'est-ce que c'est que ça ?! m'écriais-je en lui faisant tourner la tête.
Elle déglutit avant de faire un geste de main par-dessus son épaule, comme si de rien n'était.
-Alison, je t'en prie... J'ai peur, soufflais-je ma voix montant dans les aigus.
Les larmes d'Alison dévalaient ses joues rougies. Elle était dans tous ses états, et cela me faisait mal. Elle était perdue. Perdue dans un flot d'émotions qu'elle n'arrivait pas à canaliser.
Je me baissais légèrement pour la soulever derrière les genoux. Elle se retrouva blottie contre mon torse, ses jambes enroulées autour de mon bassin. En temps normal, j'aurais fait une remarque quant à la position dans laquelle nous étions, mais je sentais que ce n'était pas le moment. Et puis mon corps était dans un tel état de stress que je n'aurais pas su aligner deux mots. Toujours blottie contre moi, je fis le chemin d'un homme seul, mais avec la femme de sa vie dans ses bras, ce qui fit que je n'étais pas si seul que ça. Mais pour combien de temps ?
Dobrynya me suivit tandis que j'allais nous asseoir sur le perron, elle dans mes bras et moi au bord du gouffre.
Je passais doucement ma main dans ses cheveux pour tenter de la calmer, mais ses pleurs redoublèrent d'intensité. Elle était inconsolable, elle sentait la boue, la forêt et j'étais déjà accro à cette odeur.
Elle me rendait accro, tout simplement car elle était mon âme sœur et qu'elle venait combler la distance séparant mon cerveau et mon cœur, me rendant ma raison et mon univers.
Elle était cette pièce de puzzle qui manquait à mon corps pour fonctionner à bon escient. Elle était la pièce centrale, celle qui assurait le maintien de toute la sculpture corporelle. Elle était la base, le trépied de mon âme. Elle était mon âme sœur, celle qui possédait la clé pour le commencement d'une vie en duo.
Et à tout moment, à toutes paroles qui allaient suivre, tout pourrait s'effondrer. Alors je m'attachais à elle, à son odeur, à ses pleurs et à son corps contre le mien pour profiter.
L'avenir était incontrôlable. Peut-être avait-elle découvert que Blake était celui qui lui correspondait le mieux... Peut-être était-elle venue m'annoncer qu'elle s'engageait. Et dans ce cas, j'étais sûr que je la rejoindrai.
J'avais besoin d'elle.
Ce n'était même pas une question à poser. Elle était une partie de moi. Et la distance qui nous avait séparés pendant le week-end n'avait fait que me le confirmer. L'étude était réelle, l'amour que je ressentais pour elle était palpable, et leurs sérums n'avaient fait qu'amplifier ces réalités.
-Je suis désolée, commença-t-elle se faisant interrompre par un sanglot.
-Tout va bien, Alison. Quoi qu'il se passe dans ta tête à cet instant. Ne doute pas que tout va bien. Tu vas bien.
Elle releva la tête et plongea ses yeux embués de larme dans les miens.
-Je m'en veux tellement Gray...
Je l'encourageais d'une caresse sur sa joue. Mon cœur s'était serré à l'idée qu'elle mette fin à notre relation, mais je me devais d'être là quelle que soit sa décision et quelle que soit la chose qui la traumatisait autant.
Elle fronça ses sourcils, inspira un bon coup et laissa les mots s'échapper de ses lèvres.
-Je suis tellement désolée Grayson. Je suis qu'une pauvre conne. Je ne te mérite tellement pas. Tu ne peux pas savoir à quel point je m'en veux, à quel point je m'en veux de ne pas pouvoir te dire ces trois petits mots. Je n'y arrive pas, j'essaie de tout mon cœur, j'essaie vraiment. Mais ils ne sortent pas, ils ne franchissent pas mes lèvres. Et j'ai peur, j'ai tellement peur que tu m'abandonnes, parce que je n'arrive pas à te les dire. Alors que j'essaie bordel ! J'essaie mais je n'y arrive pas. Je rêverai de te les dire, mais je rêverai aussi de te dire quelque chose qui nous corresponde mieux. Je tiens à toi, mais je tiens tellement à toi, et je ne veux pas que tu partes. J'ai besoin de toi, j'ai ses putains de sentiments pour toi, mais je n'ai pas ses trois petits mots à te donner. Je n'ai pas ce que tu attends le plus. Alors que... Bordel ! s'énerva-t-elle malgré les sanglots qui l'interrompaient sans cesse.
Elle attrapa ma main et la plaça au niveau de son cœur.
-Tu les sens, Grayson ? demanda-t-elle en relevant les yeux vers moi. Ils battent à cette vitesse là parce que je ressens tout un tas de chose pour toi. Je ressens de la sérénité, de la chance et du plaisir. Pas le genre de plaisir auquel tu pourrais penser mais celui qui me fait me sentir bien et à ma place. Grayson je te jure que ces trois petits mots que tu souhaites entendre, ils se font entendre au fond de moi, mais je n'arrive pas à les dire. Je n'arrive pas à les employer pour décrire ce que je ressens pour toi. Je ne comprends pas comment tous les êtres humains ressentant ce que je ressens peuvent utiliser ce même mot. Nous sommes tous uniques, tous différents, alors pourquoi utiliser la même formule, alors que ce que je ressens pour toi, est totalement différent pour quelqu'un d'autre. Je n'arrive pas à admettre que je partage peut être les mêmes sentiments que quelqu'un. Parce que c'est inconcevable. Ce que je ressens pour toi, Grayson, je ne l'ai jamais ressenti auparavant. Alors je ne peux pas te dire les mots que tu attends, mais j'attends de trouver ceux qui nous correspondront davantage au cours de notre relation. Mais s'il te plait ne pense pas que notre relation est à sens unique, parce que ce n'est ABSOLUMENT pas le cas.
Son regard planté dans le mien, les larmes coulant sans arrêt, elle rayonnait, comme si un poids venait de s'enlever de ses épaules.
Elle venait de prendre sur elle, mais à un point... Elle était éblouissante et étonnante. Ce qu'elle venait de me dire correspondait probablement à la plus belle déclaration qu'on ait pu me faire. Elle valait tous les je t'aime du monde, toutes les larmes du monde et surtout tous les baisers du monde.
Je l'embrassais alors, doucement pour lui montrer la douceur que ses mots avaient eue sur moi. Elle s'agrippa à moi comme si j'étais à nouveau sa bouée, comme si, elle ressentait le besoin d'être contre moi.
Je détachais mes lèvres des siennes, les yeux brillants, le cœur lourd de remerciements et chuchotais :
-Il nous reste plus qu'à trouver notre propre formule.
Un sourire éclaira son visage tandis qu'elle glissa ses mains sur mon thorax.
-Maintenant tu as un tas de choses à m'expliquer je crois, annonçais-je en désignant son cou meurtri.
Son téléphone sonna dans sa poche arrière venant rompre notre bulle de tendresse.
D'une main, j'allais le chercher et lui tendis. Elle décrocha et la voix de son frère à l'autre bout du téléphone s'éleva.
Après quelques échanges et la fin de la conversation téléphonique, Alison m'annonça que ses parents et son frère arrivaient dans quelques instants à peine. Elle me fit entrer chez elle, suivie par sa chienne et nous allâmes nous installer sur le canapé. Ce fut seulement à ce moment-là que les battements de mon cœur s'apaisèrent. Jusqu'à ce qu'elle me raconte l'ensemble de son week-end, l'origine de ses marques et que des envies de meurtres vinrent s'insinuer en moi envers Melvyn, le Général et ses cons de militaires.
*Alison*
Mon séjour à la base militaire m'avait totalement chamboulée. Mes insomnies étaient revenues, m'enlevant toute source de repos. Le visage de mon frère mort au combat restait ancré sur mes paupières. J'avais réussi à contenir mes émotions durant la totalité du week-end passé là-bas, mais mon retour à la maison, mon éloignement de l'atmosphère militaire avaient marqué une libération de mes émotions. Je ne contrôlais plus rien et me laissais couler dans un flot de doutes et de douleur.
Je n'avais pas tout raconté à Grayson, étant totalement incapable d'aligner des mots sur certains passages. Mais il était au courant du dilemme que m'avait posé le Général. Il était au courant et il était énervé. Mes parents avaient reçu le même discours que Grayson. Ma mère arborait une expression de soulagement sur le visage, une expression qui ne quittait plus les traits de son visage fatigué.
Nelly m'avait appelé pour me tenir au courant, quant à la mission que je lui avais confié.
Les jours de la semaine s'étaient effacés à une vitesse fulgurante. J'avais la sensation de passer plus de temps dans mon lit à tenter de trouver le sommeil, qu'en cours à écouter.
Je redoutais l'arrivée des jours de neiges, j'avais peur de ne pas pouvoir contenir mes émotions à ce moment-là. J'étais devenue une sorte d'arme à retardement, qui me poussait à m'interroger quant à ma place dans la vie de ma famille. J'étais instable et particulièrement sur les nerfs.
Je restais souvent plongée dans mes pensées, ressassant l'épreuve du discours de James, ainsi que mon cauchemar. Parler avec Grayson m'avait totalement soulagé sur un point. Mais ma peur restait présente, elle me tournait l'estomac, me criant de fuir, de prendre mes clics et mes clacs et de m'enfuir très loin d'ici.
L'une des peurs les plus horribles était définitivement celle de l'abandon. Je n'osais plus m'attacher à quiconque, parler avec quiconque de peur de le voir un jour partir. La vie était faite de départ, d'arrivée et de disparition. C'était un code par lequel chaque être humain était touché, pourtant j'avais l'impression qu'il s'était acharné sur moi, voulant à tout prix me faire payer mes démons.
J'avais essayé de m'en affranchir. De faire déguerpir mes démons, en tout cas une partie de ceux qui limitait mon histoire avec Grayson. Tout ça à cause d'un satané défi. Quel était mon but dans tout ça ? Montrer que j'avais raison, montrer que les limites étaient faites pour être franchies, pour en créer de nouvelles.
Mais je n'arrivais pas à franchir cette limite en particulier. Elle m'empêchait d'avancer, de me consacrer à nous. Mon esprit me ramenait sans cesse à ce soir-là, où j'avais accepté ce défi.
J'étais conditionnée dans cet univers, que je m'étais imposé à moi-même. Et ça depuis des années.
Cet état qui m'habitait était resté me hanter durant les jours qui avaient suivi le week-end à la base militaire. J'avais passé une semaine plongée dans une dimension parallèle, répondant seulement quand on m'adressait la parole et carburant aux boissons énergisantes. Mon entraineur de basket m'avait remonté les bretelles, voyant disparaitre au fur et à mesure l'éclair de joie qui occupait mes yeux lors des séances.
Il m'avait même menacé de me cribler de balles tant que je ne recouvrais pas ma volonté.
Avec Nelly et Gray, nous profitions des derniers instants avec Hugo, sentant l'arrivée de son départ.
La semaine avait été ponctuée par des réunions de notre groupe d'amis, cherchant par-dessus tout à ne pas perdre d'instants. Nelly était dans tous ses états. Elle était extrêmement proche d'Hugo et son départ l'affectait bien plus qu'elle ne le laissait entrevoir.
J'avais l'impression de retourner quelques semaines en arrière, les semaines précédant le départ de Shawn. Nous avions agi de la même façon, formant de nouveaux souvenirs pour pouvoir mieux les regretter par la suite.
Nous avions eu seulement droit à une semaine de répit. En effet, le lundi de la dernière semaine de cours avant les vacances de Noël avait fait face à une nouvelle crise, bien plus douloureuse.
Nous venions de rentrer en classe après avoir déjeuné, et avoir pris une rafale de photos tous ensembles, lorsque la professeur de français entra dans la classe le visage fermé.
Elle avait commencé son cours gardant cette expression fermée et ne prenait même pas la peine de répondre aux questions. Quelque chose l'oppressait, quelque chose la dérangeait.
En plein milieu de l'heure, les hauts parleurs de l'école s'étaient réveillés, nous sortant de notre torpeur par un bruit strident.
-Grayson Sky est attendu dans le bureau du directeur. Il est prié de récupérer l'ensemble de ses affaires et de se rendre immédiatement dans le bureau du directeur.
La voix de la secrétaire du directeur résonna plusieurs fois dans le lycée avant de s'éteindre suivie d'un deuxième bruit strident.
Grayson fixait la professeur attendant un signe de sa part. Puis son regard dévia vers le mien et j'y découvris une panique extrême.
-Grayson vous avez entendu, prenez vos affaires et direction le directeur, annonça la professeure en commençant à distribuer de nouvelles feuilles pour la suite du cours.
Grayson rassembla ses affaires et ouvrit la porte de la classe en jetant un dernier regard à Nelly, Hugo et moi.
Il referma la porte derrière lui et il ne réapparut pas durant les différentes heures de cours restantes.
Aux pauses, il ne répondait pas à son téléphone et je tombais directement sur sa messagerie.
J'avais dû attendre la sonnerie de 18heures pour courir jusqu'au bureau du directeur. J'étais terrifiée. Et si l'étude était venue prendre Grayson, s'il avait été arrêté pour avoir frappé Blake ou autre. J'étais dans tous mes états lorsque j'avais toqué pour entrer dans le bureau du directeur.
Ce dernier était assis derrière son bureau en pleine réflexion face à son écran. Il releva brusquement la tête et me toisa.
-Mademoiselle Reynolds ?
-Monsieur, excusez-moi de venir comme ça, mais... Euh... Je n'arrive plus à joindre Grayson, je m'inquiète et je n'ai pas de nouvelles depuis qu'il est venu ici... Je...
Le directeur me regardait attendant que j'énonce clairement ce que j'attendais de lui.
-Tu aimerais savoir ce qui se passe n'est-ce pas ?
J'hochais la tête tout en déglutissant.
Le directeur se tourna vers moi mettant sa chaise de fauteuil en face de moi. Il déposa ses lunettes sur son bureau et joignit les mains.
-Je sais que tu es proche de lui, autant grâce à l'étude, mais c'est également ton ami et plus. D'ailleurs c'est drôle comme vous avez changé. Je vous voyais constamment ici avant, toujours à vous détester et maintenant... Bref. Ton ami vient de connaitre un drame familial. Sa grand-mère est décédée.
Je déglutis à nouveau sentant les larmes se débattre pour dévaler sur mes joues. Je savais à quel point il tenait à sa grand-mère. Je savais à quel point perdre un être proche était dur. Et bordel de dieu, j'avais mal pour lui. Je ressentais toute la douleur que j'aurais moi-même ressentie à sa place. Je n'étais pas soulagée, j'aurais à la limite préféré toutes les idées qui avaient pu fuser dans ma tête au lieu de celle-ci.
Je remerciais le directeur et me dirigeais en courant vers ma voiture. J'allumais le moteur et sortis du parking. D'un geste j'appelais Nelly et Hugo pour les tenir au courant et je me rendis chez Grayson. Il y avait peu de chance qu'il soit chez lui avec sa famille, mais je devais tenter. Je devais être là pour lui.
Je garais ma voiture sur le trottoir devant leur maison et m'élançais vers la porte d'entrée. Je m'arrêtais devant, inspirant un grand coup.
Je ne savais pas comment il allait réagir, comment sa famille allait réagir, ou bien même s'ils étaient présents. Mais d'après les voitures garées, c'était le cas.
J'appuyais sur la sonnette retenant ma respiration et attendis. Des pas derrière la porte se firent entendre puis la porte s'ouvrit sur une femme aux cheveux blonds, madame Sky.
-Bonjour madame... commençais-je.
Son visage s'éclaira brièvement derrière toute la tristesse qui s'y trouvait.
-Je... Toutes mes condoléances. Je suis tellement désolée.
Elle sanglota avant de m'attirer dans ses bras. Elle m'étreignit me remerciant sans mot, incapable d'en prononcer. Elle s'écarta finalement de moi et m'invita à entrer d'un geste.
-Grayson est là-haut, m'apprit-elle d'une petite voix. Bon courage...
Je la remerciais à nouveau et la regardais s'éloigner dans le salon tenant son mouchoir en main. Cette femme était dévastée. Elle arrivait à garder bonne figure mais... Elle était profondément touchée. J'enlevais mes chaussures et grimpais les marches de l'escalier, laissant mon regard parcourir les photos qui y figuraient. Arrivée en haut, je découvris l'ensemble des portes du perron closes. Une musique de rock émanait de la porte de Lindsay, comme si son moyen de noyer son chagrin était de couvrir tous les bruits qui pouvaient l'entourer. La musique avait le don de nous emporter dans des univers parallèles et je savais que trop bien comment ce don pouvait faire du bien.
Je soupirais pour calmer les battements de mon cœur. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais pouvoir dire à Grayson, je savais juste que je saurais être là pour lui, comme il l'avait été pour moi et car il en avait besoin.
Je m'avançais jusqu'à la porte de sa chambre mais je m'arrêtais devant. Dans quel état allait-il être ? J'avais peur pour lui, j'avais mal pour lui et j'avais envie de le serrer contre moi.
-Tu es Alison ? demanda une petite voix me faisant sursauter.
Je me tournais vers la gauche et je découvris Kimy qui tenait dans sa main l'une de ses nombreuses peluches : une licorne avec un manteau jaune.
J'acquiesçais et me mis à sa hauteur.
-Gray il parle beaucoup de toi, annonça-t-elle fièrement.
Du haut de ses six ans, Kimy semblait ne pas comprendre ce qui l'entourait. Elle attrapa ma main et m'emmena dans sa chambre. J'entrais sans protester et m'asseyais sur une montagne de doudous.
-Je crois que Grayson il est amoureux de toi, continua-t-elle en attrapant des poupées pour jouer.
-Je crois aussi, lui répondis-je.
-Et toi tu l'aimes ?
Je contemplais cette enfant, dont la bouille était à croquer et me retins de soupirer. C'était la question à un million d'euros.
-Tout comme.
-Ça veut dire quoi tout comme ?
-Ça veut dire que je ressens pour ton frère de nombreux sentiments mais que je n'arrive pas, pour l'instant, à lui dire que je suis...
-Amoureuse de lui, termina-t-elle.
J'acquiesçais et laissais le silence nous envelopper. Elle continuait de jouer avec ses poupées, oubliant à la limite ma présence.
-Alison ? demanda-t-elle finalement. Il y a quoi après la mort ?
Elle leva ses grands yeux bleus vers moi, attendant avec avidité la réponse.
Les enfants avaient toujours le don de poser les questions les plus compliquées mais les plus réalistes. Effectivement que répondre à ça ?
-Tu sais Kimy, chaque personne pense différemment. Certaines personnes sont croyantes, c'est-à-dire qu'elles vont croire en un ou plusieurs dieux et souvent elles vont suivre ce que ce Dieu ou ces Dieux aura/ auront annoncé à leur prophète. Pour certaines religions, on pense par exemple qu'il y a un monde après le nôtre dans lequel les défunts qui ont fait de bonnes actions se rendent. D'autres personnes ne croient pas du tout en ça. Je ne suis pas croyante, et par exemple, je préfère croire au fait que les personnes qui décèdent et que nous aimons fort, restent avec nous, jusqu'à ce que nous n'ayons plus besoin d'elles. Le plus important c'est de savoir ce que toi tu veux après la mort. Après tout personne ne sait réellement ce qu'il y a après puisque personne n'est revenu d'entre les morts pour nous le dire. Alors Kimy, qu'est-ce que tu voudrais qu'il y ait après la mort ?
-Des licornes ! Et si toutes les personnes qui mouraient, se transformaient en licorne ? s'exclama-t-elle des étoiles dans les yeux.
-Donc un monde avec pleins de licornes ? lui proposais-je.
-Oui, s'écria-t-elle.
-Alors voilà, tu sais ce qu'il y a après la mort, lui souris-je.
Elle me remercia avant de me proposer de jouer avec elle.
-Je vais aller voir ton frère, lui annonçais-je alors en me relevant.
Elle acquiesça.
-Ali, mon frère il te préfère toi plutôt que les licornes. C'est qu'il t'aime beaucoup, me raconta-t-elle en me souriant.
Je lui embrassais la joue avant de sortir de sa chambre, le cœur un peu moins lourd que tout à l'heure.
J'ouvris sans bruit la porte de chambre de Grayson. Il avait fermé les volets et se trouvait dos à moi, emmitouflé sous sa couette.
La lumière de dehors entra le temps que je rentre dans la chambre et que je referme la porte derrière moi. J'avançais jusqu'à son lit et posais mon genou dessus, méticuleusement. Mon ventre était noué comment allait-il réagir?
Je m'allongeais sur la partie du lit qu'il n'utilisait pas et me collais contre son dos. Je glissais ma main le long de son bras jusqu'à atteindre sa main à laquelle je liais mes doigts.
Un sanglot secoua son corps, envoyant une décharge dans mon cœur. Je n'avais jamais vu Grayson pleurer. Je n'avais jamais vu la personne pour laquelle je ressentais tant de choses pleurer. Et ô combien ridicule que cela soit, je tombais un peu plus sous son charme. Il serra ma main comme si j'étais devenue sa bouée, comme si pour une fois, les rôles étaient inversés.
Je sentais toute sa détresse et sa peine à travers son étreinte.
Je m'approchais davantage de lui mais me retrouvais rapidement allongée sur le dos, Grayson au-dessus de moi.
-J'ai besoin de toi, sanglota-t-il.
La pénombre m'empêchait de discerner son visage mais sa voix brisée témoignait qu'il avait et pleurait probablement.
-Je suis là, Grayson. Je reste là.
Il acquiesça et il posa sa tête sur ma poitrine, son corps venant se positionner sur le mien.
Je posais un bras dans son dos et laissais mes doigts caresser ses cheveux. Son visage contre ma peau, je sentais chaque larme finir son chemin jusqu'à moi.
Ses bras autour de ma taille me tenaient fermement contre lui.
-Je suis tellement désolée, chuchotais-je en caressant ses cheveux. Je sais que ça fait mal, je le sais vraiment. Alors pleure Gray. Pleure si ça te fait du bien, dors si tu en as besoin, fais ce qui te fera aller mieux. Je suis là et je serais là jusqu'au jour où tu n'auras plus besoin de moi.
Il leva son visage vers moi et me remercia. Nous restâmes à nous contempler dans le noir, comme si nous étions en plein jour. J'avais la sensation de plonger au fond de son gouffre, me faisant happer par le vide considérable qui s'était installé en lui. Et je savais que ce vide pouvait rester pendant des années. Ça avait été mon cas lorsque mon oncle s'était pendu. J'avais laissé mon corps se faire happer par cet immense gouffre, jusqu'à perdre toute notion de réalité.
Et je savais que si j'avais pu en parler, cela aurait été différent. Parler d'un décès n'alimentait pas la douleur, non cela permettait de s'en libérer.
-Comment elle était ? demandais-je finalement.
-Magique. C'était une personne fantastique. Une grand-mère gâteau, une grand-mère affectueuse. Elle était notre deuxième maman, elle était d'une douceur extrême. C'était une femme extraordinaire, avec un caractère bien trempé. Toujours de bons conseils, toujours présente. Elle aurait aimé te rencontrer, annonça-t-il sa voix tressaillant. Elle t'aurait adoré. Quand je lui parlais de toi, elle n'arrêtait pas de me dire que tu étais une grande femme et qu'elle savait que tu finirais par tomber sous le charme du grand homme que je suis. Elle était constamment en mouvement, toujours en train de travailler, de faire le jardin. Elle était infatigable, toujours partante pour se lancer dans des aventures. Elle gérait à elle seule l'ensemble de la maison et était toujours contente de recevoir du monde. Elle nous gâtait de câlins et de bisous. Elle était autant contente de nous voir que nous nous l'étions. Et pourtant... J'aurai tellement pu aller la voir plus souvent. J'aurai dû comprendre qu'elle n'était pas éternelle.
Il enfouit son visage dans mon cou, cherchant à cacher les larmes qui coulaient sur son visage.
-Elle le savait Grayson. Elle savait que tu tenais à elle. Ce n'est pas comme si tu n'allais pas la voir. Tous les souvenirs que tu as avec elle, elle les a aussi. Penses à toutes les fois où tu l'as vu, penses à tous les sourires, qu'elle gardait après votre venue. Même si c'était votre départ, elle était tellement contente de vivre autant de choses avec vous, qu'elle souriait alors que vous rentriez chez vous. Elle est rentrée dans un nouveau chez elle, aujourd'hui. C'était son tour, alors penses à son sourire et je t'assure que ça ira mieux. Parce qu'elle est partie avec un tas de souvenirs à vos côtés. Et ça c'est ce qu'il y a de plus beau. La douleur est peut-être là, le manque également, mais les souvenirs et les moments de joie restent présents. Ils sont au fond de toi, au fond de ton cœur et ils resteront à jamais ici, expliquais-je en plaçant ma main sur son cœur.
Il acquiesça lentement et se colla un peu plus contre moi, comme si j'étais son doudou.
- Ca va aller Grayson, je te promets que ça ira.
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Bonjour à vous ! J'espère que vous allez bien, que vous passez de bonnes vacances.
Je reviens aujourd'hui avec un nouveau chapitre. J'espère qu'il vous plaira. Je me dépêche de vous écrire les derniers qui restent pour vous les poster et pour mettre fin à cette histoire.
J'essaie de la terminer le plus vite, pour me lancer dans deux nouveaux projets.
Bientôt les 50K de vues... Vous êtes largement fous. Ma mère n'en revient pas. Quand je lui a dit que j'écrivais sur Wattpad et que j'avais 29K de vues, elle m'a dit que j'aurais jamais les 50K. Elle m'a lancé le défi et grâce à vous, j'y suis dans "quelques centaines" de vues.
Alors merci beaucoup pour tout.
Vous allez bientôt découvrir sur la couverture un logo... En effet j'ai gagné le concours organisé par leighxsa
Si je suis aujourd'hui la gagnante c'est grave à vous, à ceux qui sont allés voter. ALORS MERCI PUTAIN!
Bonne journée! Je vous aime fort
Morgan.xx
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