CHAPITRE 14 :
CHAPITRE 14 :
D'un simple regard, je me précipitais dans le couloir, poussant Connor au passage. Ce dernier se retrouva sur le sol de l'entrée, pendant que j'accourais dans le couloir, menant à la salle à manger. Lorsque j'arrivais je découvris que mon père avait placé Blake et Grayson à ses côtés, de façon à ce qu'ils soient de part et d'autre de lui. Eh merde ! Les problèmes commençaient. Il pouvait à tout moment en poignarder un, avec son couteau si la réponse à une de ses questions ne lui plaisait pas. Ah non il n'avait pas encore de couteaux sur la table !
Depuis que j'étais toute petite mon père m'avait prévenu que mon âme sœur recevrait le plus grand interrogatoire que le monde avait donné. Il s'était toujours considéré comme un père assez ouvert, en effet il n'avait pas bronché lorsqu'il avait appris ma relation avec Nick. Il était simplement allé le voir et était resté une bonne vingtaine de minutes, seul avec lui. Je n'avais d'ailleurs jamais su ce que mon père lui avait dit et il était impossible de savoir ce qu'il s'était passé, puisque Nick refusait de m'en parler.
Depuis que j'avais appris l'existence de l'étude, mon père m'avait toujours promis que cela serait à moi de prendre ma décision : suivre l'étude, ou suivre ma vie et vivre sans mon âme sœur. A la seule condition qu'il devait avoir un entretien avec l'être qui m'était destiné. Contrairement à ma mère, lui, me laissait le choix, j'avais alors accepté et j'avais oublié cette histoire. Mais mon père, lui, ne l'avait pas oublié. Il allait, lors de ce repas, réaliser son entretien avec, non pas une âme sœur, mais deux. Ce qui promettait des éclairs et une tornade de dangers. Ma mère était en train de mettre les couverts lorsqu'elle remarqua enfin ma présence.
-Tiens Alison, viens m'aider s'il te plait, me demanda-t-elle en me tendant une poignée de couteaux.
J'obéissais et attrapais ce qu'elle me tendait. Je me mis à disposer les couteaux sur la table à droite de l'assiette. Je contemplais la vaisselle en porcelaine que ma mère sortait seulement pour les grandes occasions. Pourquoi n'avait-elle pas mis des assiettes en carton ?! Ce style d'assiette ne pouvait pas être utilisé comme arme et en plus je ne voyais pas en quoi ce repas était une grande occasion, digne de la vaisselle de mon arrière-grand-mère. J'allais chercher les verres dans une des armoires qui se trouvaient dans la salle à manger, lorsque ma mère s'écria :
-Non Alison ! Pas ces verres-là. Prends ceux que l'on sort à Noël, s'il te plait.
Je lui lançais un regard choqué, mais pourquoi tant de présentation ? Je l'écoutais malgré mon envie de lui gueuler dessus d'arrêter de tenter de les amadouer avec des ustensiles. J'étais en train de placer des verres à pied, lorsque Connor entra dans la pièce. Son regard meurtrier me fit d'autant plus ressentir l'illusion que je n'étais vraiment pas à ma place dans cette salle à manger.
Mon père était en train de parler avec les garçons, de sujets plus anodins, les uns que les autres. Je savais qu'il gardait le vif du sujet pour le moment, où nous serions tous à table.
-Madame Reynolds, avez-vous besoin d'aide ? demanda Blake en se levant à moitié de la chaise.
-Non non, reste à ta place, le pria ma mère avant de se tourner vers mon frère et moi et de nous faire signe de rejoindre la cuisine immédiatement.
Je soupirais assez fort pour qu'elle m'entende et l'accompagnais, malgré tout dans la cuisine, où elle avait déjà commencé à préparer un repas digne d'une grande fête.
-Connor, fais la vaisselle, s'il te plait et toi Alison, remue la sauce qui se trouve dans la casserole, nous ordonna-t-elle avant de retourner dans la salle à manger.
Je plongeais la cuillère en bois dans la casserole et commençais à touiller son contenu. Je m'amusais à dessiner de jolies formes, tout en remuant pour ne pas que la sauce attache au fond de la casserole, lorsque je sentis un liquide froid et mousseux se déposer sur ma joue. Je laissais un cri s'échapper de mes lèvres. Je me tournais alors vers mon frère, lui lançant un regard meurtrier, dans le but de l'effrayer.
Je lâchais d'un mouvement vif la cuillère et courais vers l'évier, recevant à nouveau un lancer d'eau de vaisselle. Cette fois-ci j'attrapais un verre dans le fond de l'eau et l'en sortait. J'armais mon bras et déversais le contenu du verre sur la tête de mon frère, qui poussa un horrible cri de fille, et ce qui entraîna, bien évidemment, mes éclats de rire. Nous entendîmes alors des bruits de pas se diriger vers la cuisine. Grayson, Connor et ma mère arrivèrent alors dans l'encadrement de la porte de la cuisine. Grayson explosa de rire à la vue de mon frère et de moi-même mouillés, tandis que ma mère et Blake nous regardaient comme si nous étions des enfants.
Une odeur de bruler parvint à mes narines, me poussant à retourner rapidement aux côtés de la sauce. Je remuais vivement le liquide pour tenter de rattraper ma connerie. Je sentis une main se poser sur mon épaule, ce qui eut le don de me faire sursauter. Je lâchais la cuillère dans la casserole, ce qui éclaboussa mes avant-bras. Une douleur fulgurante se propagea sur ma peau. Je gémis et m'écartais de la casserole.
-Bordel Ali ! s'écria Gray.
Je relevais la tête et découvrais Blake désolé de m'avoir fait peur et Grayson aux côtés de mon frère. Le blond accourra vers moi, poussant aux passages Blake. Il s'agenouilla devant moi et ce fut seulement à ce moment-là que je remarquais que j'étais recroquevillée dans un coin de la cuisine.
-Montre-moi ton bras, Ali, me pria Gray' en tendant sa main vers moi.
La brûlure me donnait la sensation de gravir ma peau, de se répandre sans demander son reste.
-Je vais chercher des glaçons, nous annonça Blake en se précipitant vers le frigidaire, qui faisait aussi congélateur.
-Reste où tu es ! Ca ne servira à rien, lui révéla Grayson en levant les yeux au ciel. Ali, ton bras, s'il te plait...
-Tu n'as rien à me dire Sky ! s'énerva Blake continuant à se diriger vers le frigo.
Je vis Grayson soupirer avant de me dire :
-Ali, je te laisse trois secondes pour me montrer où tu as mal, ou je ne vais plus pouvoir me contrôler et je vais aller frapper la tête de con qui ne m'écoute pas, m'annonça-t-il. Et par la tête de con, je pense à Blake, bien évidemment.
Un petit sourire vient étirer mes lèvres. Je lui tendis mes avants bras, découvrant deux brûlures. Elles étaient roses, gonflées et pas très belles à voir. Je reportais mon attention sur le visage de Grayson, dont les sourcils froncés lui donnaient un air d'enfant pas sage.
Il s'approcha subitement de moi et glissa son bras sous mes jambes et l'autre dans mon dos. Il me souleva du sol et sortit de la cuisine, sous les énervements de Blake.
-Je peux marcher, Gray', m'écriais-je.
-Tu es trop lente et trop maladroite, je n'ai pas envie que tu tombes et que tu aggraves tes blessures. Alors reste tranquille, me sermonna-t-il en m'offrant un sourire en coin.
Il grimpa les marches des escaliers et m'emmena dans la salle de bain. Là, il me posa sur le rebord du meuble sur lequel se trouvait le lavabo. Il ouvrit l'eau, tout en jouant avec les deux manivelles pour réguler l'eau chaude et l'eau froide. Lorsqu'il fut satisfait de la température à laquelle l'eau était, il attrapa mon bras gauche et le mit sous le jet d'eau. Je gémis et tentais d'enlever mon bras.
-Ne bouge pas petite sauterelle, m'ordonna-t-il.
-Petite sauterelle, m'exclamais-je. Mais je ne suis pas une sauterelle.
-Si vu comment tu sautes, en ce moment même, tu es une sauterelle, m'avoua-t-il me faisant remarquer que j'étais en train de sauter sur moi-même pour tenter d'enlever mon bras de l'eau.
De ma main libre, je passais mes doigts sous l'eau et venais les poser sur la joue de Gray.
-Arrête d'être gentil, monsieur l'escargot, répliquais-je.
-Monsieur l'escargot ? Tu n'as rien trouvé de mieux que cela, se moqua-t-il.
-Tu es tout mouillé, lui fis-je remarquer. Donc oui tu es un escargot.
-Dit la fille qui est couverte d'eau de vaisselle. Je pense que tu es plus mouillée que moi, Ali... Et dans tous les sens du terme.
-Oh le goujat ! M'écriais-je en lui frappant l'épaule, ce qui provoqua une douleur dans mon avant-bras.
Je gémis à nouveau. La douleur dans mon avant-bras qui se trouvait sous l'eau se dissipait mais celle de l'autre avant-bras, ne faisait qu'augmenter.
-Arrête de bouger, m'ordonna le blond qui décida de s'approcher davantage de moi.
Il m'attira dans ses bras, bloquant ma tête sur son épaule et un de ces bras vint s'enrouler dans mon dos, de façon à me maintenir inerte. Ses muscles se contractèrent contre mon corps de façon à me montrer qu'il était plus fort que moi et qu'il n'hésiterait pas à user de sa force pour me maintenir en place.
Mais à vrai dire, il n'en avait pas besoin. La sensation de me retrouver dans ces bras était déjà tellement étrange que je n'avais en aucun cas l'envie de bouger, de peur de ressentir le besoin d'y rester.
-Alors maintenant on va rester dans cette position encore une dizaine de minutes, avant de faire la même chose pour l'autre bras, m'énonça-t-il comme pour briser le silence pesant qui s'était installé entre nous.
-Gray', commençais-je.
-Oui je sais Alison... Pas besoin de me dire que tu veux que je me décolle de toi, je le sais déjà. Par contre je ne vais pas le faire, donc oublie tout simplement cette idée. Au pire si tu ne veux pas t'imaginer les raisons pour lesquelles je fais ça, dis-toi que c'est à cause du sérum amorem, m'avoua-t-il.
J'hochais simplement la tête et m'appuyais davantage contre lui. Bah quoi ?! Il n'avait qu'à ne pas m'immobiliser dans cette position. J'étais obligée de l'utiliser comme oreiller.
Je vis légèrement la porte de la salle de bain, s'entrebâiller. Les visages de mes parents, de mon frère et de Blake se présentèrent à moi, me faisant baisser les yeux. Mais leur image était restée imprégner dans ma rétine.
Le visage souriant de Connor me faisait regretter de ne pas m'être battue avec Grayson contre cette position. Les visages inquiets de mes parents, quant à eux, me gênèrent. Je m'étais tout simplement brûlée. Certes ça me faisait un mal de chien mais ce n'était pas comme si j'étais tombée dans un ravin.
Mon père entra dans la salle d'eau et vint poser sa main sur ma joue, comme pour me demander si j'allais bien. Je lui répondis en lui offrant un petit sourire. Il se décala et alla se placer à côté de Grayson.
-As-tu besoin d'aide, jeune homme ? demanda mon père à Gray.
-Auriez-vous de la chlorhexidine diluée ? Il va falloir désinfecter son bras, quand les quinze minutes se seront écoulées, expliqua-t-il à mon père.
Mon père se pencha et chercha dans le placard à pharmacie. Il en sortit un flacon et des compresses.
-Il nous faudrait aussi une crème cicatrisante, ajouta Gray'.
Mon père refouilla dans le placard et en sortit ce que Grayson lui avait demandé.
-Comment va ton bras, Ali ? demanda le blond.
-Je ne ressens quasiment plus rien, avouais-je.
-Super ! s'écria-t-il. Tu peux donc enlever ton bras et mettre l'autre sous l'eau.
-Oui mais pour ça il faudrait que tu me lâches peut-être, lui fis-je remarquer.
Il s'écarta alors de moi et indiqua à mon père de maintenir mon avant-bras sous l'eau, tandis que Grayson désinfectait le premier avec la solution que mon père avait sortie. Le contact de la compresse contre ma brulure n'était pas agréable, mais la main de Grayson, elle, l'était, tout simplement parce qu'il était doux.
Chacun de ces gestes était calculé, de manière à ce qu'il ne me fasse pas mal. Je l'observais faire, laissant mon regard suivre les mouvements de ces mains, puis le gonflement de ses muscles de bras. Ses biceps se contractaient, montrant l'effort qu'il fournissait pour ne pas me faire mal. Son épaule et son cou étaient les parties les plus bronzées de sa peau que je pouvais voir. Je remontais mon regard vers sa bouche et ses yeux concentrés sur moi.
Ses cheveux en bataille tombaient sur son visage. Je n'avais qu'une envie remettre ses mèches rebelles derrière son oreille, mais ayant mes deux bras maintenus, j'étais impuissante face à tant de désir.
Lorsqu'il eut fini de désinfecter, il appliqua de la crème sur ma brûlure, propageant une sensation de froid le long de ma peau. Des frissons me parcoururent alors, ce qui le fit rire.
-Je vois que je te fais de l'effet, murmura-t-il en plongeant ses yeux dans les miens.
-Tes doigts peut-être, mais toi, pas tellement, répliquais-je.
-Mes doigts font partis de moi je te rappelle. Mais si je te fais de l'effet simplement en faisant ça avec mes doigts j'imagine très bien dans quel état tu seras quand je ferais bien plus, que ce soit avec mes doigts, ou avec ma langue, ou bien avec... continua-t-il.
Ses yeux ne quittant pas les miens, il laissa ses doigts exercer certaines pressions sur ma peau, faisant redoubler d'intensité mes frissons. Tout en continuant son manège avec ses doigts, il se mit à passer sensuellement sa langue sur ses lèvres. IL DEVENAIT URGENT QUE JE DETOURNE LE REGARD !
Pourtant je n'en fis rien, j'en oubliais presque mon père qui continuait de tenir mon bras sous l'eau, je laissais mes yeux percés ses yeux, comme si je tentais d'entrer dans son cerveau pour voir ce qu'il serait capable de me faire...
-Monsieur je pense que les quinze minutes sont terminés, annonça Grayson en détournant son regard du mien, mettant fin à toute la tension sexuelle qui s'était répandue autour de nous.
Mon père hocha la tête et laissa sa place à Grayson. Ce dernier retira mon bras de sous l'eau et réitéra la même opération qu'il avait faite sur mon autre bras.
-Je vais voir s'ils n'ont pas besoin d'aide en bas, nous annonça mon père en sortant de la salle de bain comme s'il se sentait de trop, ou inefficace.
Ce fut seulement à ce moment-là que je réalisais que ma mère, Connor et Blake étaient partis.
-Mais t'es complètement malade d'avoir dit ça devant mon père, m'écriais-je en tentant de le frapper avec mon bras libre.
Il le bloqua immédiatement et se plaça devant moi. Mon regard se déplaça de ses lèvres légèrement ouvertes, à ses muscles tendus, à ses yeux assombris par quelque chose que je n'avais jamais, voire quasiment jamais vu dans son regard. La main qui ne maintenait pas mon bras, vint se poser sur ma cuisse, exerçant une légère pression qui me poussa à les écarter.
Il se faufila alors entre cet espace, s'approchant encore plus de moi. Sa main se retrouva sur ma joue et elle se mit à la caresser en formant des petits cercles.
-Ne me frappe pas, Ali... Pas alors que tu as mal... Fais-moi tout ce que tu veux, tant que tu ne te fais pas mal, me chuchota-t-il.
Je m'approchais davantage de son visage, posant mon front contre son front.
-Tu sais Gray', il ne faut pas que tu t'imagines des choses, des choses entre nous. Tout simplement parce qu'il n'y en a pas, qu'il n'y en a jamais eu et qu'il n'y en aura jamais. Tout ce qui se passe, là, entre nous, toute cette histoire autour de notre lien, toute cette attirance, tout ceci est faux. Cette attirance et cette tension qui est décuplée depuis que nous sommes au courant que nous partageons le même mot, tout ceci est faux. Ça a été créé par le sérum, c'est le but du sérum, celui de nous faire ressentir des tensions que l'on n'aurait jamais ressenties avant.
-Tu es en train de me dire que selon toi, tout ce que tu ressens actuellement, tout ce que tu ressens lorsque je pose ma main sur ta cuisse, sur ta joue, lorsque je mords ma lèvre, ou lorsque je te regarde, tout ceci est causé par le sérum... N'est-ce pas ? me demanda-t-il.
J'hochais la tête.
-Sauf que le problème, Ali... Le problème c'est que je n'ai jamais bu ce sérum. Toi je n'en sais rien, mais moi je ne l'ai jamais bu... Alors tout ceci n'est pas faux.
-Pas faux dans ton cas, mais dans le mien si. Ça a été simplement créé par la prise de ce sérum.
-Dit la fille qui jurait ne l'avoir jamais pris, me fit remarquer Gray' en arquant son sourcil droit.
-Quelqu'un a très bien pu me le verser dans mon verre par mégarde..., ajoutais-je.
C'était la seule idée qui m'était venue à l'esprit pour expliquer la prise de ce sérum.
-Très bien, conclut Grayson en s'écartant de moi et en terminant de s'occuper de mon bras.
Je sentais que je l'avais blessée. Je m'en voulais, mais d'un côté ce n'était pas ma faute... Il l'avait cherché.
-Désolée, murmurais-je malgré moi.
-Désolée pour quoi ? me demanda-t-il.
-Désolée de t'avoir blessée en te disant la vérité, répondis-je.
-Tu ne m'as pas blessée en me disant la vérité, Ali... Tu m'as blessée parce que tu ne veux pas admettre ce que tu ressens. Tu préfères te cacher derrière une vérité fausse, aboya-t-il.
Il se rinça les mains et se dirigea vers la sortie de la salle de bain.
-Où vas-tu ? m'écriais-je.
-J'ai fini, Alison. Je sors. Je retourne en bas. A moins que tu aies quelque chose à ajouter, soupira-t-il.
Un silence s'étira entre nous, mais il le coupa en franchissant la porte de la salle de bain.
-Non attends, Grayson ! m'écriais-je.
Il s'arrêta et se tourna vers moi, une once d'espoir dans le regard.
-Merci... fut la seule chose que j'arrivais à dire.
Il ferma les yeux, soupira et s'en alla, me laissant seule avec mes remords. Je descendis de mon support et remarquais instantanément un vide autour de moi. Je m'étais habituée à sentir sa présence à mes côtés. Je me tournais vers le miroir et observais mon reflet. J'étais dans un état assez déplorable. Mes joues creuses montraient mon manque de sommeil, mes cheveux étaient détachés et tombaient en désordre contre mes épaules.
Mes lèvres étaient sèches, ce qui augmentait l'idée que je n'avais pas bu depuis longtemps. Je passais mes doigts sur mes joues comme pour retracer les lignes et le passage que ses doigts avaient tracé. Je remarquais seulement maintenant qu'un voile rosé couvrait mes joues, comme si j'avais mis du blush. Je me détournais de mon regard et dévalais les escaliers de ma maison, pour aller directement dans la cuisine, qui était vide.
J'allais par la suite dans la salle à manger, où tout le monde était assis et m'attendait. Connor était assis à côté de Grayson, ma mère assise à côté de Blake, il ne restait que la place face à celle de mon père. Je m'asseyais donc en bout de table et m'excusais de mon retard.
Blake se leva alors et me tendit une jolie rose blanche.
-J'étais venue cet après-midi dans l'idée de te la donner... Finalement je le fais ce soir, m'annonça-t-il.
Je le remerciais et posais la fleur à côté de mon assiette, puis je distribuais les plats de manière à ce que tout le monde puisse se servir en nourriture. Ma mère avait confectionné en entrée plusieurs types de salades, de la salade de tomates à la salade de pâtes, en plat : un rosbif, suivi de sa ribambelle de petits légumes et pour terminer une tarte aux pommes et un plateau de fromage.
Le début du repas se fit dans le plus grand des calmes, jusqu'au moment où mon père se racla la gorge, attirant tous les regards sur lui, et annonça :
-Si ma femme vous a invité à manger, chez nous, ce soir, c'est en partie en raison de l'importance que vous allez avoir, ou non, dans la vie de ma fille. Votre but ne doit pas être celui de m'amadouer, ni de chercher à me charmer, loin de là, sinon je vous aurais invité à un dîner aux chandelles, rigola-t-il. Je tiens à mettre les choses, au clair, mon avis ou celui de ma femme n'aura aucun impact sur la décision que devra prendre ma fille. Elle ne sera d'ailleurs même pas obligée de la prendre. C'est sa vie et non la nôtre. Quant aux questions que je compte vous poser, je souhaite si ce n'est que j'exige que vous soyez les plus francs possibles. Me suis-je bien fait comprendre ? demanda mon père en se tournant vers chacun de mes âmes sœurs.
-Oui monsieur, lui promit Blake.
-La vérité et rien d'autre ? demanda Grayson.
-Vois-tu autre chose que la vérité, jeune homme ? questionna mon père.
-La vérité, le désir, ou les rêves ne sont pas la même chose pourtant tout ceci peut être sincère, annonça Grayson. Donc dois-je quand même les énoncer ou suis-je obligé de me cantonner à la vérité ?
-Tant que tu es sincère, cela me va, répondit mon père, lui offrant un sourire poli.
-Dans ce cas je vous jure d'être le plus sincère possible.
-Alison ? Ais-je ton autorisation pour commencer ?
-Je pense que je suis en quelques sortes obligée non ?
-Exact.
-Dans ce cas, oui papa, je te donne mon autorisation.
Il me remercia d'un hochement de tête et apporta à sa bouche sa fourchette, au bout de laquelle se trouvait une tomate. Après l'avoir mâchée, tout en prenant son temps et l'avoir avalée, il posa sa fourchette dans son assiette et releva la tête. Son regard se posa d'abord sur le brun puis sur le blond avant de venir se poser sur moi. Il inspira un bon coup.
-Qui êtes-vous ? demanda-t-il finalement.
-Blake Lower. J'ai 17 ans, je suis en première ES.
-C'est tout ? questionna mon père.
Blake hocha la tête.
-Grayson ? interrogea Connor.
-C'est une question assez étonnante, monsieur. Comment peut-on définir qui nous sommes, tout en restant sincère ? Nos points de vue diffèrent d'une personne à l'autre, rendant toute description fausse en fonction de la personne étudiée. Et puis d'ailleurs votre question pourrait se poser dans le cas de qu'est-ce que l'homme. Dans ces cas-là, je pense que personne n'est capable de répondre à votre question.
Un sourire amusé vint étirer les lèvres de mon père.
-Et si je rajoute selon toi à ma question ?
-Dans ce cas, je dirais que je suis, selon moi, un garçon de 17 ans, nommé Grayson Sky, en première S, et que je suis un fanatique du sport et de tout ce qui a un rapport avec la vie.
-Avec la vie ?
-Oui vivre comme si demain était notre dernier jour. Vivre en ayant le moins de regret possible et vivre tout en profitant de chaque seconde ! s'écria-t-il.
-Très bien... Que pensez-vous de la vie commune ? Etes-vous pour le mariage ou simplement vivre tel un couple marié, sans avoir officialisé votre vie commune à la mairie ?
-Le mariage, répondit de but en blanc Blake.
-Personnellement je suis pour le mariage, après une certaine durée de vie commune, mais je pense qu'une discussion privée entre les deux personnes du couple est importante avant de juger réellement si on est plus pour tel choix que pour l'autre, répondit Grayson.
-Quel est le rôle d'une compagne, mariée ou non ?
-Le rôle... Maintenant les femmes ont un rôle à jouer ? demanda Grayson.
-Pas dans ce sens-là, jeune homme.
-Dans ce cas, je pense que son rôle serait de se satisfaire elle-même et de satisfaire son mari, conclut-il.
-Selon moi, une compagne doit savoir gérer les crises et savoir écouter. Etre attentive, heureuse et présente à tout moment, énonça Blake.
-Quels sont vos objectifs dans la vie ?
-Faire le métier que je veux, vivre avec la personne que je veux et être heureux, répondit Grayson.
-Mes objectifs s'apparentent à ceux de Grayson, avoua Blake.
-Quelles sont les trois choses que vous voudriez accomplir dans un futur proche ou dans le long terme ?
-Finir mes études, avoir mon diplôme, et partir en voyage, sont les trois choses que je souhaiterais pour un futur proche et pour le long terme, ça serait avoir le métier de mes rêves, établir une relation sérieuse avec une femme et fonder notre famille, résuma rapidement Blake.
-Quant à moi, je pense que pour le futur proche, je voudrais profiter de ma jeunesse, avoir mon diplôme et emmener ma petite sœur dans un parc d'attraction. Pour le long terme, je pense que mon objectif est de te plaire, avoua Grayson en me lançant un regard, finir ma vie avec une femme pour laquelle je serais prêt à tout et fonder une famille.
Mon père récupéra sa fourchette dans son assiette et avala quelques bouchées de sa salade de pommes de terre avant de poser la question suivante.
-En parlant de famille, comment est votre famille ?
-J'ai une petite sœur de 14 ans et une autre de 6 ans. J'habite dans une maison à quelques pâtés d'ici avec mes parents. Si je devais décrire ma famille je dirais que l'on est soudé et solidaire.
-Moi je vis avec mon petit frère de 12 ans, mon grand frère de 20 ans et ma mère dans la ville voisine.
-Vos parents sont séparés ? demanda mon père.
-Papa, m'écriais-je. Cela ne nous regarde pas.
-Mon père nous a abandonné quand nous étions jeunes, révéla Blake.
-Donc votre mère est seule ? ajouta mon père.
-Oui, mais pourquoi cette question, monsieur ?
-Je me demandais simplement si j'avais mes chances avec elle, révéla mon père affichant un sourire amusé. Au cas où, ma femme ne me supporterait plus.
Grayson, ma mère et Connor explosèrent de rire, tandis que Blake répondit en rigolant légèrement.
-Je ne pense pas qu'une femme telle que la vôtre puisse ne plus vous supporter.
Ma mère rougit légèrement, tandis que mon frère et moi nous regardions.
-Toi arrête de charmer ma mère, s'énerva Connor.
-Connor, rouspéta ma mère. Un peu de tenue envers nos invités.
-Changeons de sujet... tenta mon père.
-Non mais regarde le, maman ! Il essaye de te draguer pour avoir des points en plus.
-Ce qui est marrant maintenant, c'est que faire un compliment à une femme est considéré comme de la drague, se moqua Blake.
-Sauf que ce que toi tu fais, ce n'est pas des compliments, mais du rentre dedans ! hurla mon frère en se levant.
-Si tu ne sais pas faire la différence entre de la politesse et du rentre dedans tu dois avoir de gros problèmes avec les filles, renchérit Blake en restant assis.
-Connor aide moi à débarrasser, s'il te plait, lui ordonna ma mère en se levant à son tour.
Ils s'éloignèrent de la cuisine, malgré la volonté de Connor de rester et de se battre avec Blake.
-Excusez-moi, ma blague n'était pas très drôle, s'excusa mon père. Je vais donc enchaîner avec une autre question. Que faites-vous durant votre temps libre ?
-Je vis, répondit Grayson ne trouvant pas d'autre raison plus sincère que celle-ci.
-Je travaille, je fais de la musique et je fais des shooting photos, nous révéla Blake.
-Êtes-vous portés sur la lecture, la culture, la musique, l'art ?
-J'écoute beaucoup de musique et je lis quelque fois, répondit Grayson.
-J'adore tout ce qui est cinéma, musique, lecture un peu moins. Si vous considérez que la photo est un art, dans ce cas, j'adore ça.
Mon père s'apprêtait à poser une nouvelle question lorsque j'intervenais.
- Papa, laisse-les manger et respirer au moins un petit peu.
Mon père hocha la tête et attendit le retour de ma mère pour se remettre à poser ses questions.
-Seriez-vous prêt à pardonner quelqu'un ? Et si oui au bout de combien de temps.
-Oui, l'erreur est humaine et le pardon est divin, voire humain, rigola Blake. Je pense que je pardonnerai, seulement lorsque la personne concernée se sentira réellement mal de m'avoir blessée.
-Non... Je ne pardonne pas. Sauf pour des petites erreurs. Mais selon moi, il n'y a pas de petites erreurs, tout est à la même taille, même trahison. Je ne vois pas comment il est possible d'accorder à nouveau sa confiance à quelqu'un qui l'a déjà brisée.
-Tu as une vision assez sombre de la vie et de l'homme, Grayson, fit remarquer ma mère.
-Je suis désolé, madame. Mais je suis un tout et non une personne qui se démembre pour satisfaire ou pardonner les erreurs de quelqu'un. Je m'implique dans tout ce que je fais et je souhaite que les personnes avec qui j'évolue fassent de même.
-Comment prenez-vous des décisions importantes ?
-J'en parle aux personnes qui m'entourent, annonça Blake. J'en parle aux personnes concernées et j'avise par la suite.
-Je laisse mon corps s'exprimer, en général. Après je pense que cela dépend du type et du niveau de la décision, avoua Grayson.
-Imprévisible... chuchota mon père comme s'il prenait note. Comment réagissez-vous lorsque vous êtes en colère ?
-J'ai tendance à avoir envie de tout péter autour de moi, avoua Grayson. Mais je me contiens et je vais tout extérioriser en faisant du sport.
-J'arrive toujours à relativiser. Il y a toujours un moyen de ne pas s'énerver contre quelqu'un ou de trouver une autre solution pour faire disparaître une quelconque once de colère.
-Très bien... annonça mon père avant de se servir une tranche de rosbif et des légumes.
Il fit passer le plat, pendant que je commençais à manger. J'avais faim, ou tout du moins j'essayais de trouver un prétexte pour ne pas regarder les personnes qui m'entouraient. Centrer mon regard sur mon assiette était probablement la meilleure source d'intérêts dans toute la pièce.
-Chérie, as-tu des questions à poser ? Je t'avoue être un peu à court, demanda mon père.
-Voulez-vous des enfants ? Et si oui combien et surtout vous sentez-vous capables de les élever et de vous occuper d'eux ? questionna alors ma mère.
-Oui je veux avoir des enfants, 4 pour être plus précis. Je me sens parfaitement capable de m'occuper d'enfants. Je suis baby-sitter lors de mes temps libres, nous informa Blake.
-Alors bien sûr que oui ! Je souhaite avoir des enfants, notamment car ils correspondent à l'avancée et au futur de l'humanité, c'est pour cela que je compte leur donner une éducation exemplaire ! Pour le nombre, je vous avoue que je n'en ai aucune idée... Et quant au fait de me sentir capable de les élever. Je pense que oui, j'ai l'habitude de m'occuper de mes petites sœurs...
-De ma sœur, coupa Connor en faisant référence à tout à l'heure.
-En effet, d'ailleurs merci beaucoup d'avoir réagi avec tant de brio, le remercia mon père.
-Mais c'est avec plaisir ! Donc pour terminer, je voulais ajouter que le fossé entre être capable et que tout se passe bien reste toutefois assez important. C'est pourquoi je peux que supposer que j'y arriverais, termina Grayson.
-Très bien... Sinon définiriez-vous votre caractère ? enchaîna mon père.
-Imperturbable, déterminé et surtout émotif, répondit Blake ne laissant pas le temps de répondre à Grayson qui avait néanmoins ouvert la bouche.
-J'ai un caractère de merde, il faut le savoir, rigola-t-il. Mais je pense que vous devez avoir l'habitude avec Alison, se moqua-t-il. Sinon je suis résigné, combattif et je n'abandonne jamais. J'aime avoir raison et montrer au monde qu'il a tort.
-Vos défauts ? Qualités ? ajouta ma mère relançant le débat.
-Je suis un peu trop réservé, annonça Blake. Quant aux qualités, je dirais que je suis charmeur, intelligent et gentil.
-Tu vois quand je disais que tu charmais ma mère ! Connard, s'écria Connor faisant sursauter ma mère.
Ma mère leva alors son doigt d'un air menaçant, Connor baissa alors les yeux, apeuré... Une vraie tapette ce gosse !
-Mes défauts sont probablement ma volonté d'avoir toujours raison, ma franchise et ne jamais abandonner. Quant à mes qualités, ce n'est pas à moi de les énoncer, répondit Grayson.
-Fumez-vous ? Buvez-vous ? Vous êtes-vous déjà drogués ? demanda mon père, cette fois-ci posant un regard intransigeant sur le brun et le blond qui se trouvaient à ses côtés.
-Je ne fume pas, je bois de temps en temps un petit verre. Quant à la drogue, il est hors de question que je touche à cette saleté ! s'exclama Blake.
-Je fume de temps en temps, seulement parce que j'aime la sensation de respirer quelque chose de différent. Je bois généralement en soirée, tout en veillant à m'imposer des limites et pour la drogue je n'ai jamais été attiré par ça, avoua Grayson.
-Madame votre rosbif est absolument excellent ! s'écria Blake.
-Merci beaucoup, pourtant la sauce est un peu ratée, n'est-ce pas Alison, fit remarquer ma mère en me lançant un regard de reproches.
-Mais c'est Connor qui a commencé ! ripostais-je.
-Mais n'importe quoi ! C'est toi, tu m'as poussé ! s'emporta Connor.
-Arrête de mentir ou je te pousse et te fais tomber de ta chaise ! le menaçais-je.
-Mais viens la naine y a pas de problèmes ! se moqua mon frère.
-Je ne suis pas une naine ! m'énervais-je.
-Non t'es juste une petite fille, rigola mon frère.
Grayson tapa alors l'arrière du crâne de mon frère qui se tourna vers lui éberlué.
-Mais mec ! Pourquoi tu fais ça ? s'insurgea Connor.
-Elle va te foutre une raclée, mec ! Alors je te sauve la vie, sois un minimum reconnaissant, lui révéla Grayson.
Je remerciais d'un mouvement de tête Gray' tandis que Connor restait stupéfait.
-Super mon pote se met du côté de ma sœur ! conclut-il avant de se remettre à manger.
Ma mère se leva et ramena les plats dans la cuisine essuyant au passage la proposition d'aide venant de Blake. Elle revint quelques instants plus tard avec le plateau de fromage et la tarte aux pommes. Mon père s'était mis à parler de sport avec les garçons, tandis que je jouais avec les pétales de ma rose.
J'étais totalement fatiguée et je n'avais qu'une seule envie que se termine ce repas pour que j'aille retrouver mon lit. En plus j'avais cours le lendemain. Le dessert passa rapidement, le dialogue toujours orienté vers le sport ou vers la photo.
Le repas prit rapidement fin et mes parents proposèrent de ramener Grayson et Blake chez eux. Les garçons refusèrent et remercièrent mes parents pour le repas, tout en accentuant sur le fait que ma mère était une grande cuisinière.
-Grayson j'aimerais te parler individuellement, intervint mon père avant que celui-ci s'en aille.
-Très bien monsieur, acquiesça Gray' en me lançant un regard d'avertissements.
Il voulait me dire que quoique mon père aille lui dire, il n'abandonnera pas.
-Blake j'aimerai te toucher deux mots aussi, peux-tu attendre mon retour, s'il te plait, le pria mon père.
-Pas de problèmes.
Grayson salua mon frère. Puis Il s'avança vers ma mère qui se mit sur la pointe des pieds pour lui faire la bise. Il se tourna par la suite vers moi, j'étais déjà dans les escaliers, prête à courir dans ma chambre après leur départ. Il attrapa d'un geste rapide mes avant-bras et les examina
-C'est propre, me révéla-t-il en plongeant son regard dans le mien. Demain tu viens me voir pour que je vérifie et que je désinfecte à nouveau.
-Je peux le faire, lui fis-je remarquer tentant de faire taire la petite voix dans ma tête qui me disait que je n'avais surtout pas envie de le faire toute seule.
-A deux c'est plus marrant, tout est plus marrant à deux quand tu regardes bien, me sourit-il son regard se remplissant d'un lourd désir.
-Désolée mais je préfère être solitaire, pas de déception, pas de mauvaise surprise, pas de fausses promesses, me moquais-je.
-Nick ne doit pas être un bon coup dans ce cas... remarqua-t-il.
-Qu'est-ce que tu en sais ? Tu n'as qu'à l'essayer. Peut-être que tu assumerais pour la première fois ton penchant homosexuel, le taquinais-je.
Il rigola alors d'un rire franc et sincère, avant de m'attirer dans ses bras. J'eus un moment de surprise et hoquetais.
-Bonne nuit ma sauterelle, me murmura-t-il avant de poser ses lèvres sur mon front.
Je souris et le laissais s'écarter de moi. Il sortit en dehors de la maison et fut suivi de mon père qui ferma la porte derrière lui. Je m'asseyais alors sur les marches de l'escalier et sentis Blake s'asseoir à mes côtés.
-Ça va tes bras ?
J'hochais la tête.
-Je suis désolé pour hier... Si je n'étais pas parti, rien de tout ça ne te serait arrivé, s'excusa-t-il.
-Mais non t'inquiète ! le rassurais-je. D'ailleurs comment va ton petit frère ?
-Il va bien, il est privé de sortie et s'est fait passer un savon, mais ça va.
J'hochais à nouveau la tête. Oui je suis rarement une grande bavarde, lorsque je suis fatiguée, ce n'est pas contre Blake, mais plus contre le fait que je sois toujours debout, alors que mon lit m'appelait d'un cri désespéré.
Le silence s'installa entre nous, simplement coupé par nos respirations. Ma mère et mon frère étaient partis dans la salle à manger, me laissant seule avec le brun.
-Tu es toujours OK pour un premier rendez-vous ? me questionna-t-il.
-Bien sûr que oui, répondis-je malgré mon envie de rester silencieuse.
-Super... Je vais nous organiser un truc énorme ! me prévint-il.
Je lui souris et relevais la tête vers la porte où mon père apparut, avec un regard satisfait.
-A ton tour, Blake, lui révéla-t-il.
Blake se tourna vers moi, m'attira dans ses bras. Son odeur s'insinua dans mes narines. Son parfum aux effluves divines me figea sur place. Je n'avais qu'une envie le respirer sans m'arrêter.
-Bonne nuit Alison.
-Bonne nuit Blake, sois prudent en rentrant.
Il acquiesça et se leva rejoindre mon père dehors. Dès que la porte claqua je me levais et courais jusqu'à mon lit. Je me changeais rapidement en me mettant en pyjama et me glissais sous la couette.
Le sommeil m'assaillit instantanément, me faisant oublier cette journée et m'entraînant dans un monde onirique, où James était là.
**
Je fus réveillée par le bruit d'une porte s'ouvrant et l'impression d'être observée. J'ouvris les yeux et me relevais. Je découvris alors mon père, un pied en l'air, les paumes des mains parallèles au sol et une expression de voleur.
-Oups je ne voulais pas te réveiller, me révéla-t-il s'excusant à moitié.
-Papa ? Mais qu'est-ce que tu fais dans ma chambre en mode ninja ? lui demandais-je, m'interrogeant en même temps si je ne rêvais pas.
Il changea alors de position, arborant une position plus naturelle et vint s'asseoir sur le bord de mon lit.
-Je voulais venir te voir dormir, me révéla-t-il.
-Tu sais que c'est assez bizarre dit comme ça, rigolais-je.
-Oui c'est vrai, confirma-t-il.
-Tu voulais voir quoi, au juste ? Je suis la même en dormant qu'en étant éveillée, lui fis-je remarquer.
-Je ne sais pas vraiment, concéda-t-il
J'hochais la tête, légèrement perdue.
-Tu ne m'en veux pas trop pour l'interrogatoire ? me questionna-t-il finalement.
-Non je trouve que tu as été assez soft, je m'attendais à autre chose...
-Ah ouais quoi ?
-Quelque chose de plus explosif, plus dangereux et plus dérangeant.
Il rigola doucement avant d'ajouter.
-Je n'en avais pas réellement besoin...
-Pourquoi ? lui demandais-je curieuse.
-Parce que je pense déjà avoir une idée de ce ou celui que tu vas choisir...
-Ah bon et tu penses à quoi ? l'interrogeais-je.
-Ah non ! Je ne te dirais rien, sinon tu vas changer d'avis juste pour me contredire, s'écria-t-il en mettant ses mains devant lui et en les secouant. Très peu pour moi.
-Tu n'as pas totalement tort, rigolais-je.
-Tu as changé Alison, tellement rapidement... Je ne m'attendais pas à ce que tu deviennes une femme aussi rapidement. Tu t'es métamorphosée en une journée ou quoi ? s'exclama-t-il.
-Non papa, tu n'as juste jamais voulu me voir autrement que comme ta petite fille. Mais tu sais, je n'ai pas réellement changé... Je suis toujours moi-même.
-En partie, ajouta-t-il.
J'arquais un sourcil, ce qu'il remarqua malgré l'obscurité dans ma chambre.
-Tu n'es plus la même depuis qu'il est partie, m'avoua-t-il craignant ma réaction.
Je fermais les yeux et soupirais, comme pour éloigner ses paroles et les empêcher d'atteindre mon cerveau, où elles feraient apparaître une ribambelle de souvenirs que je ne serais pas prête à réveiller.
-Tu as le choix entre deux garçons exceptionnels Alison, me fit remarquer mon père en changeant brutalement de sujet après s'être rendu compte du mal que ça me faisait.
-Tu trouves ? lui demandais-je.
-En fait, je ne sais pas... Je suis toujours perdu entre le fait de savoir si c'est toi qui a de la chance de les avoir ou si c'est eux qui n'ont pas de chance de t'avoir, me taquina-t-il.
Je rigolais alors, ce qui libéra mon esprit de mes sombres souvenirs.
-Je pense plutôt que nous n'avons pas de chance qu'une étude aussi mensongère est pu être acceptée par le gouvernement, accordais-je.
-Alala Alison, soupira mon père. Tu es tellement forcenée dans cette idée que l'amour n'existe pas, que lorsqu'il va te tomber dessus tu ne vas rien comprendre, se moqua mon père.
-L'amour n'existe pas papa, donc ne t'inquiète pas je ne me ferais pas mal en tombant, puisque je ne tomberais pas, rigolais-je.
-Si tu ne crois pas en l'amour, alors que penses-tu qu'il y a entre ta mère et moi ?
-De l'attachement et une certaine alchimie, lui répondis-je.
-Donc pour toi l'amour n'est pas l'alchimie ?
-Non. L'alchimie c'est un art... Un art de purifier tout ce qui est impur, tout ce qui mérite d'être purifier. Le but d'une alchimie est de parfaire la matière, une personne en imitant et en accélérant les opérations de la nature, définis-je en me rappelant d'une définition que j'avais lu dans un dictionnaire.
-Donc selon toi, vivre en couple c'est ne plus être soi-même ?
-Chaque personne est unique, mais ce n'est pas pour autant qu'être unique va faciliter la vie commune. Des personnes ne vont même pas accepter l'authenticité de quelqu'un. Vivre à deux, va forger les personnes, les faire changer et les modifier. Donc non selon, moi vivre en couple implique le fait de ne plus être soi-même, cela implique le fait d'avoir bien voulu se laisser dompter pour se faire changer.
-Un jour tu te feras dompter Alison, et ce jour-là tu remarqueras que l'amour existe, conclut mon père amusé par ma manière de pensée.
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Bonjour, Bonsoir,
Comme vous devez déjà le savoir, certains départements de France sont et étaient sous vigilance orange à cause du risque d'inondation. Habitant à côté de la Seine, le risque d'inondation chez moi était jusqu'à hier très important. La Seine continuant de monter ne fait qu'accroître la probabilité de me retrouver les pieds dans l'eau. Mais trêve de bavardage, je voulais tout simplement vous parler de ce que j'ai vu hier, hier lorsque j'ai décidé d'aller voir le niveau de la Seine.
J'ai vu un homme, un sans abri, tiré sur la route le peu de choses qu'il possédait, tirer son vélo sur lequel il avait essayé de réunir ses maigres affaires. Je l'ai vu tirer son vélo, comme s'il tirait derrière lui les vestiges de sa vie. J'ai vu cet homme se faire klaxonner, parce qu'il se trouvait sur la route, ne pouvant pas aller sur les trottoirs déjà inondés. Je l'ai vu pleurer, mais tirer, en puisant dans toutes ses forces, ses affaires. Je vous assure que je me sentais mal pour lui, mal du fait qu'il n'ait pas de chez lui ou que le petit chez lui qu'il s'était entrepris de construire, se retrouve sous l'eau et qu'il soit obliger de l'abandonner.
J'avais mal du fait de voir un homme, un homme quelconque se retrouver dans cette situation. On parle d'égalité, notre devise le clame, d'ailleurs, haut et fort, mais quant au fait de la faire respecter, les politiciens fuient très rapidement.
Je me suis éloignée avec mon père pour aller nous entretenir avec des policiers, pour rapidement apprendre que les habitants de la rue voisine à la nôtre avaient été délogés.
Je vous assure qu'à ce moment-là, la première question qui vous vient à la tête est que si je devais, à cause d'une malheureuse circonstance quitter ma maison, et que j'avais le choix de prendre rapidement quelques affaires, lesquelles choisirais-je?
Je vous avoue que je n'en ai aucune idée... Et vous? Si vous vous trouviez dans cette situation qu'auriez-vous pris?
Par la suite je suis retournée chez moi et j'ai recroisé le sans abri, qui s'était arrêté dans une ruelle, incapable de continuer à pousser son vélo. Il était en pleurs. J'aurai voulu l'aider, lui donner de l'argent pour qu'il aille dormir dans un hôtel, ou qu'il s'achète à manger. Mais je n'avais rien sur moi et je devais me dépêcher de rentrer chez moi. J'aurais voulu l'aider, mais je ne pouvais pas et je m'en veux beaucoup.
Si je vous raconte ça ce n'est pas pour bénéficier d'un quelconque soutien, c'est dans un premier temps parce que je trouvais ça important de le dire, de le raconter et surtout j'en avais le besoin. C'est peut-être égoïste, et j'en suis désolée en tout cas, j'espère que vous allez bien, que vos familles vont bien et que vous n'avez pas été touchés directement ou indirectement par les inondations.
Juste pour vous donner une idée, l'arbre fait bien 12m et là où il y a de l'eau il y avait une piste cyclable et des jardins auparavant.
Sur ce bonne journée, bonne soirée, bonne nuit.
J'espère que le chapitre vous aura plus! J'ai essayé de vous faire apprendre certaines choses sur Blake et Grayson, vous montrez certaines parties de leur caractère et vous donner quelques informations sur eux. N'hésitez pas à voter, à commenter...
Bon week-end!
Morgan.xx
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