2- And Here You Are, Standing On The Ashes Of Our World
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Contexte : ce qui suit se situe dans le rp Harry Potter que je partage avec mes amies. Après la défaite de Voldemort, son bras droit Thomas Lancaster tente de relancer la guerre à sa façon. Il échouera et finira par disparaître, laissant 20 ans de paix relative... Jusqu'à ce qu'Eryx Hollows, un sorcier ayant combattu les Mangemorts jusqu'à en être laissé pour mort, refasse surface. Né dans les Catacombes, ville souterraine de l'allée des embrumes, ce grand mage noir avait pour volonté d'instaurer une nouvelle ère, pour permettre l'égalité, même au prix d'une nouvelle guerre. Et le cycle continua après sa défaite. Ce méchant vaincu ira donc tenter de parler à son successeur.
Peut-être en vain.
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Les rues de l'allée des Embrumes n'étaient plus les mêmes. En fait, la dénomination d'allée n'avait plus aucun sens, tout avait été reconstruit en une demi douzaine d'années seulement. Il ne s'y retrouvait plus, lui, sombre silhouette qui avait pourtant appartenu à ces murs pendant si longtemps. Tout comme lui, cet endroit avait vieilli. Mais les lieux ne semblaient pas s'être assagis.
Eryx Hollows avait passé la soixantaine et pourtant on lui aurait facilement donné dix ans de moins. La puissance de sa magie le préservait des laideurs de la vieillesse, mais pas de celles de la guerre, ni de celles du métier de Traqueur, qu'il s'efforçait encore d'exécuter. Ses cicatrices, ses veines trop sombres, détachées sur une peau d'albatre qui avait bleuté trop souvent sous les coups des Mangemorts ou du Ministère. Et surtout ses yeux. Ce regard vert tellement fier, tellement passionné, si horriblement éteint par les atrocités qu'il avait commises pour rien. Il avait l'amour et la tranquillité mais il n'aurait jamais le rêve auquel il avait consacré sa vie. Et sachant cela, les centaines de personnes mortes de sa main en trente années de guerre revenaient le narguer, de leurs petites voix mesquines, lui mettant sous les yeux le pont de cadavres qu'il avait construit entre lui et l'idéal de Raelyn, sa mère.
Son nom était inscrit pour toujours aux côtés de celui de Thomas Lancaster, l'homme qui aurait pu le tuer. Il ne devait sa sortie d'Azkaban qu'à la femme qu'il aimait, celle qu'il aurait dû suivre envers et contre tout. Cela lui aurait peut-être évité son premier tatouage. '' A6809. "
Aujourd'hui, il venait tenter de racheter ses propres erreurs, quelque part, parlementer avec quelqu'un qu'il n'avait connu que par les paroles de sa génitrice, mais dont il se sentait proche.
L'Allée des Embrumes, face extérieure de l'iceberg que constituaient les catacombes, était devenue sa simple cour d'entrée, avec de grandes portes et de grands accès vers la ville d'en bas, qu'Eryx devinait plus active que jamais. Ce constat lui arracha un amer soupir, mais il le savait déjà. Toute la zone avait été ravagée par Erell Caderyn et son dragon, après qu'Arlan Lancaster l'ait payée suffisamment. En train de perdre sa guerre, le fils d'Aleck avait donné sa propre solution finale au règne de son père mourant.
Eryx continua sa progression, étonné de voir des enseignes colorées et des familles manger joyeusement des spécialités des Catacombes, comme le Mont-Sentinelle, un gâteau crémeux au chocolat blanc et aux oranges, fait avec les fruits du verger des gardiens de la ville. Enfin, quand il y avait des Sentinelles. Il avait sous les yeux une parodie de ce qu'il avait espéré connaître. Des gamins qui jouent et qui sourient, dans l'innocence de leur sort, ne sachant pas qu'à leur tête se jouait une terrible guerre de pouvoir qui n'aurait pas d'autres issues qu'une nouvelle bataille... Avec le ministère, cette fois.
Sa guerre à lui avait pris fin le jour où, acculé, il avait abandonné. Mais presque aussitôt après, on apprenait que l'allée des embrumes était en feu et que les flammes lechaient la ville d'en bas. R s'était battu pour les droits d'un monde qui voulait les prendre par lui-même, d'un univers à la recherche de son gouverneur qui semblait avoir trouvé l'homme idéal en la personne de Mace Black-Lincoln. A l'époque, il était bien peu connu des autorités, beaucoup plus dans le monde du crime. Jeune prodige de la magie noire, père d'une famille de deux enfants eue avec la sœur d'Eryx, Yara, il s'était imposé comme l'homme de la situation. Puissant. Malin. Cruel. Et prêt à tout.
Quelque part, Eryx lui-même ne pouvait pas se prononcer sur les agissements du fils de son amante. Ce dernier avait bien sûr peur pour sa progéniture, en plus d'avoir un projet pour l'endroit qu'il réclamait. D'un autre côté, comment pouvait il rester impassible face à quelqu'un de proche de lui, en train de marcher sur ses pas ?
'' Mace. Nous n'avons jamais été un père et un fils, ni un beau-frère et un mari, ni quoi que ce soit. Mais avant de lancer tes hommes à la poursuite d'un ministère véreux, je t'en conjure... Accepte de me rencontrer. ''
Le corbeau qui lui était revenu ne portait qu'un seul mot, et une date, un lieu. Eryx avait grimacé en lisant l'adresse de ce qui avait été la Tour des Sentinelles, prise d'assaut par les Mangemorts dans l'un de leurs derniers coups d'éclat. Était-ce une volonté cruelle du sombre souverain du monde du crime ? Ou bien une ironique coïncidence ? Il n'aurait qu'un moyen d'en avoir le cœur net, même si cela lui tordait les boyaux d'imaginer sa propre sœur au milieu de cet enfer ou même de devoir rapporter de terribles nouvelles à la femme qu'il aimait.
En montant les trop longues marches de la tour, Eryx se surprit à jouer avec la bague à son annuaire. C'était Avery qui lui avait offert, lors de leur premier soir après sa sortie d'Azkaban. Quoi que cette bague ait voulu dire, ils ne l'avaient encore jamais concrétisé, et peut-être ne le feront ils jamais. Leur vie paisible serait visiblement toujours de courte durée.
Chassant ces images heureuses, l'homme se retrouva dehors. Obligé de lever la tête pour l'apercevoir.
Lui.
L'homme qui avait fait plier les cataphiles.
Le sorcier qui avait conquis le monde du crime.
Le mage noir le plus puissant d'Angleterre depuis qu'on n'avait plus de trace de Thomas Lancaster ou de Regulus.
Mace Black-Lincoln posa ses yeux d'aciers sur son aîné, transpercé par ce gris qu'il ne connaissait que trop bien.
Gris comme ceux d'Avery, qui l'aimait.
Gris comme ceux de Thomas, qui l'avait tué.
Gris comme ceux de Penny, qui aurait pu le pardonner.
Et désormais gris comme ceux de Mace, qui le ferait peut-être plier.
Le sorcier en face de lui n'avait plus rien d'un adolescent, aussi puissant était-il durant cette période. Plus grand, plus musclé, plus imposant qu'Eryx, Mace l'observait avec une sérénité presque impassible, en toute confiance en face de celui qui aurait pu détruire le monde quelques années plus tôt. La quarantaine, la guerre et la parentalité avaient raffermi le visage du jumeau de Jenna, dépeignant le sinistre personnage qu'il pouvait souvent incarner. Il n'avait que Yara et leurs enfants pour connaître encore la douceur et la fougue d'un tel magicien.
Avant qu'Eryx ait put ouvrir la bouche, ce fut sa voix rocailleuse et profonde qui se chargea d'engager la conversation, provoquant un léger choc à son interlocuteur. Il n'avait pas en face de lui le fils de Avery, mais le roi d'un monde dans lequel il n'était plus que l'invité.
— Je t'attendais, Eryx Hollows. Enfin, non pas que j'attendes grand chose de toi. Des nouvelles de ma mère, peut-être. Des grands discours sur ta propre défaite. Elle était prévisible cela dit. La simple existence de ma famille a réussi à avoir raison de ta volonté. Tu viens ici en ami, tenter de me raisonner. Mais je n'en serais pas ici sans toi, sans ta petite guerre qui a réduit en bouillie les maigres avancées dont tu as été incapable de te satisfaire.
Silence.
Comment avait il seulement osé ?
Son sourire en coin lui renvoyait la réponse comme si elle était écrite sur un panneau lumineux. Ils étaient égaux. Non, c'était plus que ça. Ils étaient deux adultes mais Eryx n'était plus d'ici. Il avait été leur espoir puis leur martyr, et maintenant il n'était rien. Ils avaient trouvé plus motivé que lui. Désormais il était un mythe, un sans visage dont on racontait l'histoire aux enfants. Fut un temps où il aurait écrasé son poing contre la figure de Mace. Un autre où il l'aurai condamné à déguerpir au risque d'un duel mortel.
Il était tellement fatigué, aujourd'hui.
Et pourtant il avait tant de choses à dire. C'était deux symboles réunis dans la même tour, celui d'un échec passé et celui d'un avenir aussi resplendissant que sanglant. Le premier fixait le second, réalisant enfin l'ampleur de sa bêtise lorsqu'il avait cru que la paix reviendrait. Elle n'avait jamais été prévue, ne serait-ce qu'une seule seconde. Arlan et Mace en étaient les seuls responsables, ayant mené leur propre guerre, et ce alors que le premier avait combattu R et l'autre rejointe. Eryx ne dit pas un mot. Laissant régner le triste silence de ce constat, qui laissait entrevoir du sombre futur de leur monde à tout les deux. Si le ministère mettait la main sur Mace ou si ce dernier finissait par se rendre, une autre voix se lèverait à sa place.
Comme Thomas Lancaster pour Grindelwald.
Comme lui-même pour certains des Mangemorts.
Comme Mace pour lui.
Le sombre seigneur qu'était l'enfant d'Avery, c'était lui qui l'avait créé. Sans jamais le vouloir ou y réfléchir sciemment, tout avait été inconscient, mais c'était désormais impossible à nier.
Ses noires réflexions furent interrompues à nouveau par la voix de Mace. Ramenant leurs yeux à se rencontrer une nouvelle fois, à prendre à nouveau ce choc de l'âge et de la terreur pour Eryx. Sa volonté avait été d'éviter que les choses s'enveniment. Il voyait maintenant qu'il aurait dû le faire quinze ans plus tôt.
— Te murer dans le silence ne changera rien à ce que je dis. Aujourd'hui, mes fils, tes neveux, sont en danger. Ma fille est réfugiée loin d'ici. Notre famille est divisée par nos ennemis, par des gens cupides qui voudraient faire de cet endroit le purgatoire de leurs crimes, ou bien l'effacer, condamnant ainsi le travail de tes ancêtres. Tu as beau vivre avec ma mère en haut, je sais que tu tiens à cette ville plus qu'à tout.
— Tu ne me feras pas ployer ainsi, grogna l'ancien chef de R. Tu ne m'auras pas sur mes attachements ou mes sentiments, tu ne sais rien d'eux. Tu parles de famille mais tu te derobes à la tienne depuis une dizaine d'années, tu laisses ta mère dans l'incompréhension et ta sœur dans la détresse. Tu te dis homme honorable, protecteur des tiens, mais tu envoies tes hommes contre ton propre frère. Je venais ici en ami. En compagnon d'une femme qui ne reconnaît plus son enfant et qui a peur. En mage noir ayant pris le même chemin que toi et l'ayant amèrement regretté. Ne perpétue pas le cycle de la haine, Mace. Tu peux faire mieux que ça.
Un bruit tonitruant déchira la fin de sa phrase. L'orage venait d'être déclaré en haut, tandis ce qu'en bas, un duel éclata. Mace y jeta un œil, voyant qu'il s'agissait d'Amarys Black et d'un homme inconnu. Un sourire en coin naquit sur ses lèvres. Sa cousine était autrefois éprise de justice et d'honneur, elle avait fini par comprendre qu'elle ne les trouverait pas en politique. Elle était devenue les yeux et les oreilles de son cousin, punissant durement les déplorables et protégeant à la mort les innocents. Tout les héros ne finissent pas honorables, après tout.
— Que ma mère apaise ses inquiétudes... Si elle me voit changé, elle ferait mieux de repasser ses propres souvenirs de mon enfance. Je n'ai pas changé de cap depuis mon retour de France, souffla il, alors que l'intonation particulière acquise là bas refaisait un peu surface, se mélangeant abruptement au phrasé dur des cataphiles et à l'anglais des campagnes où il avait grandi.
L'homme s'était retourné vers Eryx, et s'en était approché. Il le dominait par la taille et la stature, bien que l'ancienneté du Traqueurs et son charisme naturel n'étaient pas en reste. C'était un duel de titans. Celui du passé et celui du présent.
—J'ai toujours été celui en marge. Je ne t'ai pas combattu. Je t'admirais en fait. Je crois que je t'aurais rejoint si j'avais été quelqu'un de plus apaisé dans ma jeunesse. Mais j'avais peur de trop décevoir les miens. Encore aujourd'hui, ça me tiraille. Mais cette fois ci je ne ferais pas la même erreur.... J'ai des gens ici. Je ne pretend pas être une solution universelle, mais un meneur tolérable et suffisamment doué pour rassembler les foules. Combien de cataphiles étaient derrière toi, Eryx ? Combien d'hommes et de femmes ont cru en toi ? En ton projet ? Je ne me vois pas tyran. Je veux briser le cycle de la haine. Et pour cela je mènerais la dernière guerre. Pour que plus jamais il n'y ait de conflit ici.
Ses rêves et ses aspirations passées lui faisaient mal. Elles se révélaient à nouveau, dansant devant ses yeux, narguant celui qu'il avait été, lui hurlant que l'autre avait raison, que peut être il allait finalement tout arranger. Mais comment ? Il portait la haine des Aurors, du ministère, la rage de la guerre et la soif du pouvoir. Il le voyait dans ses foutus yeux gris, ceux qui denotaient de toutes les facettes de sa part d'ombre. Sa cruauté, son goût de revanche, son appreciation de sa propre puissance, conséquence évidente de l'époque où on l'avait oublié dans tout les articles, toutes les interviews, toutes les cérémonies. C'était effrayant pour Eryx de se reconnaître autant dans un personnage plus jeune que lui et pourtant déjà plus dangereux qu'il ne l'était au même âge.
— Tu ne donneras pas la paix à cet endroit en l'isolant du monde d'en haut, Mace. Tu seras roi d'un empire de cendres et de braises.
Eryx sursauta lorsque le sorcier saisit sa gorge, œil contre œil avec lui. Et cette voix trop sérieuse qui murmurait :
— Tu sais autant que moi que l'équilibre a été permis parce que le ministère ne foutait pas son nez dans le coin. Peut-être que toi aussi, tu es devenu faible, Eryx Hollows. Dommage.
Et dans un éclat rouge, Eryx apparut hors de l'allée des embrumes et des catacombes. L'homme chancelait encore sous la puissance du maléfice qu'il venait de recevoir... Un sortilège de bannissement suffisamment puissant pour l'envoyer ici.
Un pas en avant.
Il avait encore l'espoir de se tromper mais la brûlure qui irradia son corps le détruisit immédiatement. Son beau-fils et beau-frère lui avait coupé, temporairement au moins, l'accès à toute son enfance. Plus que ça, il l'avait rejeté et mènerait à nouveau le monde dans la guerre. Eryx eut une soudaine pensée pour Avery, pour Yara, pour toutes les personnes qui aimaient cet homme et qui allaient le voir dériver, comme ça avait été le cas pour lui.
Le sorcier ne put retenir une larme solitaire.
Il était le premier à comprendre que la paix était terminée.
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