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1.

C'était un vendredi pluvieux et misérable. La masse nuageuse noire tourbillonnant lentement en de curieuses et grotesques arabesques avait de cela comme unique mérite que de changer de l'habituelle grisaille habituelle du ciel. L'on pouvait deviner, avec quelque chance et quelque coup d'œil avisé, le soleil entre deux trouées créées par une bise glaciale, ce globe à la froide lueur blanche. Cela faisait si longtemps que l'astre n'avait pas été chaleureux, tant d'années déjà.

De la pluie gouttant de son avant-toit et venant tremper le sol terreux et sombre, seul le bâtiment de la salle villageoise avait ses fenêtres éclairées, et c'est un bien grand mot pour quelques bougies offrant de vagues halos pathétiques à peine agréables à voir. Absolument tout le village respirait la fatigue et la monotonie, à commencer par son emplacement.

Mussé à l'est contre une haute falaise de pierre grisâtre plantée d'un dense bois de sapins dégoulinants et rachitiques qui tombaient parfois jusque dans l'enceinte du village, le petit hameau d'Aloth, dont le nom figurait sur bien peu de carte et n'était desservi par aucune route pavée, même en gros. Il se trouvait même à une centaine de kilomètres de la Grand'Voie, ce qui en faisait un village bien en retrait et oubliable. La petite centaine d'habitants y vivait en paix et très simplement, peut-être à cause, justement, de leur isolement. Des chaumières en bois de sapin sombre, des avenues de terre battue et deux ressources locales autres que l'agriculture à laquelle tout le monde participait : une forgeronne travaillant le métal et le cuir et une herboriste soignant les villageois.

En ce vendredi, comme chaque vendredi depuis bien des années, toutes les femmes, hommes, filles et garçons du village se tenait sous les avant-toits des bâtisses entourant la place principale, large d'environ une vingtaine de mètres. La pluie tombait en une bruine non pas cinglante mais fatiguée, des nuages d'embruns emportés par une brise faiblarde assombrissant les façades des bâtiments et trempant jusqu'aux os les personnes réunies à un point tel que certains tremblaient.

Il fallait dire pour leur défense que les demeurants se divisaient en deux catégories. Ceux du avant et ceux de l'après. Ceux de l'avant étaient de solides bonshommes et bonnes femmes, aux membres épais et peut-être un peu gras mais musculeux, tannés par le soleil et taillés par le travail, qu'il soit manuel ou domestique, l'un n'enviant pas l'autre. En revanche, les individus étant nés après que le monde ait changé, étaient maigre, car les cultures avaient en partie dépéri, et la peau pâle, les hommes ayant des membres relativement longs pour allant de pair avec une grande taille mais étiques, et les femmes, contrairement à leurs semblables ayant connu l'astre du jour, des seins petits pour une taille haute. Néanmoins, malgré ces aspects significativement différents, la plupart des visages se ressemblaient tous, gris et renfermés, sans expression particulière, sauf pour quelques-uns que l'on devinait venant d'ailleurs, surtout des personne de l'après cela dit.

De plus, tous portaient des frusques solides mais en guenilles : des pantalons de paysan usés et tachés accompagnés de bottes de cuir patiné et crottées. Par ailleurs, leur torse était vêtu d'une tunique de bourre grossière dans un pareil état retenue à la taille par une cordelette fermée grâce à un genre de bout de bois taillé, le seul art ancestral d'Aloth. Le tout, dans une sinistre concordance avec les environs, dans des tons brunâtres et fangeux.

Cette plèbe réunie visiblement de manière pressée, certains tenant encore leur outil de travail, semblait attendre dans la répétition d'une habitude monotone. Il y avait bien quelques murmures dans la langue pauvre et triste des gens de ce genre-là, mais tous parlaient de ce qu'il fallait faire après, de l'inutilité d'attendre, sans pour autant mentionner la chose, comme s'il y avait quelque tabou abscons à son propos. Un proverbe ancien dit bien que nommer une chose la renforce ; aussi ces rustres ont-ils peut-être eu, dans leur glorieuse sagesse paysanne, les prémices de cette pensée complexe et ont adopté cette règle dans les fondements de leurs habitudes.

Après quelques instants, l'on put ouïr venant d'après le solide et large portail de bois faisant office d'entrée au village, le son de cloches à main ; mais même ce son, qui venait percer le silence assourdissant de la pluie, paraissait fade, comme fait par un claquedent, il s'en mêlait même abjectement avec la grisaille sonore emplissant l'air, sans vraiment en ressortir.

Comme bien d'autres en ce temps-là, Aloth était entouré d'une haute barrière de bois usé, couvert de marques pourrissantes, haute de bien trois mètres. Il fallait bien cela pour contrer à ces êtres décharnés tentant de s'introduire dans la localité, ces vulgaires et bestiaux personnages vêtus de haillons à la peau grise et aux yeux vides, véritables cadavres parasitant la vie elle-même. Certains pourraient y voir la métaphore de ce bas monde s'essoufflant mais la plupart ne ressentait que répulsion par rapport à ces êtres faibles mais hostiles, une aversion semblant remonter par-delà les âges et les mentalités, comme une tige basse d'une plante dont les fétides racines trouvaient leur pitance dans les bas-fonds de l'humanité.

Dans une lente procession ponctuée de ces pernicieuses cloches, des personnes ô combien en adéquation avec la réalité des choses se montrèrent. Deux femmes voûtées portant d'amples robes et quelques babioles de métal sale et au visage caché par un chapeau à grand bord assises sur le banc d'un chariot d'attelage brinquebalant en encadrait une troisième, qui tenait les rênes d'un cheval maigre au regard mort dont les sabots semblaient traîner plus que se lever. Les sons provenaient de deux pauvres hères marchant à côté du véhicule. Ces derniers, portant de vulgaires haillons sombres de crasse, avaient leurs membres maigres apparents et dans un analogue état de souillure, leurs seuls attributs quelque peu décents dans le monde de ce temps-là étaient un poignard à la lame tordue et au pommeau sombre pendant contre la cuisse et une simple chaîne en argent à leur cou ords. Parfois, suivant les hasards et les faiblesses des roues de l'attelage, la paroi de bois vieilli venait frapper ces faire-valoir, mais jamais ils ne s'arrêtaient de faire sonner leurs damnées cloches, les traces de sang séché noirâtre sur certaines parties de leur corps témoignaient de leur ferveur folle.

Une certaine insanité zélée se dégageait de du cortège, augmentant grotesquement lorsqu'il passa le portail, qui avait été ouvert quelques instant auparavant par deux paysans ayant dû manœuvrer de lourds verrous. D'une certaine façon, le silence de la foule rendait cette démence rationnelle. On devinait l'habitude dans le regard des gens, mais également une pointe de peur. Peur atteignant les prémices de la crainte déraisonnable quand la femme qui étaient aux rennes les lâcha pour descendre, sa collègue de gauche s'écartant, et posa ses bottes au cuir fatigué sur le sol graveleux.

Maintenant, la tenue de la cheffe, comme l'indiquaient les quelques ornement en plus qu'elle avait par rapport à ses consœurs, était propices aux songeries macabres. Totalement en noir, elle avait des pièces d'armures de basse facture au niveau de la poitrine et du dos, par-dessus sa robe en partie déchirée. Son chapeau, fait dans un feutre gros et peu esthétique, paraissait ne pas lui sied parfaitement, comme s'il n'avait pas été fait pour elle ; mais il contribuait à exprimer une véritable volonté de faire peur. Sans parler de son visage, qui, comme celui des deux autres, paraissait celui d'un cadavre tant les pommettes étaient saillantes, les joues creuses et le regard luisant de pensées délétères. A sa main, un ouvrage à la couverture sombre et à la tranche abîmée se couvrait d'une fine bruine en raison du temps.

Enfin, après de longues minutes à scruter la plèbe, la femme parla, parla d'une voix aigre et réellement haineuse.

- L'Eglise Noire est vraiment déçue de vous, misérables paysans. Vous n'avez aucun avenir en ce monde, la terre a tourné aigre. Pourtant, abrutis que vous êtes, vous ne vous abandonnez pas à son salut. Envoyez-nous vos jeunes, je ne me répéterai pas ! Eux ont un avenir, au sein de l'Eglise. Pourquoi ne le faites-vous donc pas, accepter ce que le monde est devenu, sombrer dans les ténèbres, est gage d'immortalité !

A ces mots, un des paysans, typiquement de l'après, s'avança, sa fourche à la main. Il semblait particulièrement remonté à en juger l'expression pâle de son faciès, bien que voilée par son chapeau squalide. Sa voix, lorsqu'il déclama ses paroles, était bourrue et rustre, sans beauté mais honnête.

- M'dam, v'là ben des années qu'vous vous permettez de v'nir ici pour faire vot' officine. Vous nous emmerdez ben, nous autres paysans. Les temps sont ben durs et vous nous faites perdre not' temps ! D'jà que vous nous apprenez point d'choses nouvelles si ce n'est votre propagande ! Changez d' discours ! Nos jeunes, y rest'ront au village, on a b'soin d'jeunes bras pour not' économie !

- Vile créature que vous êtes...

D'un geste souple de la main, son interlocutrice ouvrit son livre et en feuilleta les pages. Elle s'arrêta après quelques instants et eut un sourire grave et féroce.

- Vous n'êtes qu'un rebus, un presque mort, vous êtes né sans avoir connu le soleil. Vous ne méritez pas de vivre, vous autres êtres de l'après. Hors de ma vue !

Elle tendit son bras vers celui ayant osé parlé et déclama ce qui pouvait sembler être des grattements de gorges et des syllabes indistinctes et grotesques de par leur ressemblance avec des cris d'animaux. En raison de ces dires, si on peut les nommer ainsi, certains frissonnèrent d'effroi.

Alors que la femme parlait, une masse brumeuse noire chargée de particules plus claires s'éleva de son grimoire, lancinante et bâtarde. L'apparition flotta quelques bêtes instants autours du membre tendu de la femme, tel un vulgaire vautours dépenaillé, puis, lestement, s'insinua dans la bouche et les narines de l'homme, ses mouvements semblant presque gluants e dégoûtants, qui sembla ne rien subir d'autre que de la surprise pendant quelques secondes.

Ce n'est qu'après que l'horreur s'éveilla, avec une banalité presque sotte.

Le paysan se mit soudain à hurler, hurler comme un damné, les tendons de son cou bandant sa peau pâle et un bras tendu vers la femme alors que ses jambes lâchaient. Une fois à genou, ses cris gagnèrent encore en puissance et en chaos, ce qui était un genre de prouesse en soi ; et sa cage thoracique éclata, des débris d'os et de chair osseux volant en tous sens et des gerbes de sang venant colorer le sol d'une teinte incarnat. Beaucoup dans la foule hoquetèrent et plus personne n'osa ne serait-ce que bouger. Seules les personnes du convoi paraissaient ne pas être gênées par l'acte ; les deux autres femmes affichaient une expression neutre alors que les deux mendiants jubilaient et glapissaient d'une joie crasse, leurs mâchoires aux chicots pourris étant des plus déplaisantes à voir.

Une fois le cadavre de sa victime tombé en arrière, les bords déchiquetés de la perforation remplaçant son torse petit à petit nettoyés par l'averse, la femme se délaissa de son sourire et se tourna vers la foule, son regard ne traduisant que dégoût.

- Ne m'en tenez guère rigueur, plébéiens. Ce n'était qu'un être misérable, un pauvre être bon qu'à ramper et à implorer. Maintenant, que ceux voulant suivre nos enseignements se manifestent ! fit-elle en se dardant son regard tortueux sur la foule.

Parmi eux, un jeune homme, pas plus de seize ans, se manifesta. Il serpenta sans grâce entre les gens, en poussant certain, jusqu'à se retrouver à quelques pas du premier rang, proche de la femme. Son apparence était rebutante tant il se tenait voûté vers l'avant, les yeux si enfoncés dans leurs orbites qu'il semblait être un rat.

- Madame l'inquisitrice, dit-il avec un effort de politesse palpable dans la voix, prenez-moi avec vous ! Je ne peux plus supporter ces pouilleux, je veux apprendre vot' magie sombre !

- Encore un gosse de l'après... enfin, viens donc, fils. Dans le cas où tu ne saurais être capable de quoi que ce soit, tu serviras de nourriture à nos familiers !

Il y avait quelque chose en plus que l'excitation soudaine dans sa voix. Non pas de la détermination, la sienne était faiblarde, non, une chose bien plus suprême. De la crainte.

Alors que l'inquisitrice riait sans joie, le visage du gamin pâlit encore plus que sa teinte usuelle. Une peur crasse se lisait dans son regard torve. Mais sa nature de miséreux reprit le dessus et il suivit la femme, qui s'éloignait vers le chariot avec nonchalance. Elle s'arrêta quelques pas avant son banc, se tournant vers un des gueux à la cloche et s'exprima à lui en des termes posés.

- Avec l'autre, allez enterrer dans un bosquet ma victime.

Voir ces deux grossiers personnages s'avancer avait tout d'une macabre scène d'horreur : leurs geste étaient désordonnés et presque bestiaux de par leur teneur purement instinctive, tout comme leurs glapissements dégoûtants. Le comble de cette vision était pourtant leurs yeux ; ils étaient comme emplis d'une rage et d'une envie primaire pitoyable et mesquine. L'un se saisit de la jambe du cadavre, ses doigts déformés perçant presque le tissu, et le traîna par à-coups jusqu'à un bouquet de bouleaux à l'écorce miteuse, suivi de son homologue tout autant dégénéré. Etonnement, cela ne laissa que de vagues traits rougeâtres sur le sol humide.

Les bruits qui suivirent, ces immondes bruits de chair déchirée, de mastication et d'humus retourné ne laissèrent aucun doute de la tournure que prirent les évènements, d'autant que les deux énergumènes ressortirent après quelques minutes avec des taches dont la nature ne faisait aucun doute.

Bien naturellement, face au traitement qu'avait subi leur ami, collègue ou parenté, certains firent mine de s'avancer mais furent retenus, par leurs pensées ou une main d'un voisin. Ils risquaient, en cas d'élévation contre l'inquisitrice, des représailles aussi morbides que celles qui avaient eu raison du bon Jean. Tout ce que purent faire ceux ayant du ressentiment était d'afficher une expression hostile. Tellement navrants, ces paysans pas même capables de s'élever contre une meurtrière impulsive, réduits à se voir gouverner officieusement et ôter toute réelle capacité d'un simple mot.

Ainsi s'en alla le méphitique cortège, les cloches sonnant de plus belles et avec quelque rage, dans un silence pas même troublé par le cri d'un animal. Les villageois retournèrent à leur besogne en murmurant. Certains petits groupes se formèrent, mêlant différents genres de personnes : ici un ensemble de matrones s'occupant de leur mieux d'une paysanne éplorée, visiblement la récente veuve. Son visage bouffi par les larmes retenues durant l'assemblé était maintenant congestionné d'une bien hideuse façon, la tristesse n'offrant souffrance et arrachant le peu de charme qu'il lui restait.

L'on pourrait résumer les idées principales de très simple manière, de celles revenant le plus, à savoir comment l'inquisitrice avait-elle pu tuer quelqu'un ou encore comment un enfant du village avait-il pu partir ? Enfin, même s'ils s'offusquaient, ils n'osaient pas tenter de monter une expédition contre l'Eglise. Après tout, cela faisait plusieurs années que nul n'avait attaqué Aloth, alors ce culte tenait en quelque sorte ses promesses, n'est-ce pas?

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