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Le clapotis de l'eau

Sirine s'enferma dans la cabine avec Nawel, mit des draps dans les éventuelles ouvertures dans la porte et s'efforça de bloquer celle-ci. Puis elle se rassit et attendit de nouveau. Le Silmarillion dansait distraitement entre ses mains rugueuses. Elle ferma elle aussi les paupières et se laissa aller contre le mur. Le bateau tanguait de tous côtés, des grondements venus de l'extérieur leur parvenaient étouffés, les vagues roulaient sur la coque avec un doux clapotis qui semblait irréel dans cette tempête.

Combien de temps passa, Sirine n'aurait su le dire, mais quoi qu'il en soit, elle finit par comprendre que c'était la dernière étape de son périple. Elle se leva.

- Où vas-tu ? demanda Nawel, les yeux mi-clos, dans un murmure.

- Je regarde le ciel une dernière fois.

Dès qu'elle ouvrit la porte, une vague l'aspergea, elle et le contenu de la petite salle. Elle referma la chambre et s'avança sur le pont. Quelque chose avait changé. Certes, le radeau était presque entièrement immergé - en marchant sur le pont, Sirine avait de l'eau jusqu'aux genoux - mais il y avait comme autre chose. Un son, une odeur, une lumière.

Les pleurs d'une mouette. La forêt et la terre humides après la pluie. La lumière blanche et dorée comme il n'y a qu'un endroit où elle existe.

Et puis une vague, plus grosse que les autres, s'abattit sur elle et Sirine s'effondra. L'eau lui fit comme un doux matelas, l'accueillit avec affection. Ses courants l'entouraient, ses murmures la berçaient. C'était comme le clapotis des vagues. Elle ne pouvait plus rouvrir les yeux, plus bouger, plus rien faire. Alors elle attendit, encore une fois, et elle songea qu'elle avait peut être trop attendu. Il était trop tard cependant.

Les sons se turent, le froid s'insinua sous sa peau, rampant lentement jusqu'à son coeur qui se démenait faiblement. Les courants cessèrent de la mener de-ci de-là, ou, s'ils continuèrent de le faire, elle ne les sentit plus. Elle les oublia. Elle oublia tout.

Mais elle se réveilla, Sirine, je ne sais pas pourquoi, mais elle se réveilla. Elle trouva la force de soulever ses paupières salées, de passer sa langue sur ses lèvres salées, de porter une main à ses cheveux salés pour les écarter de son visage salé. Elle trouva que la lumière était bien vive. Il n'y avait plus signe d'un orage ou d'un bateau. Un autre corps gisait, plus loin. Sirine se traina jusqu'à lui. Elle prit ce qui restait de Nawel et la serra dans ses bras en caressant ses cheveux. Nawel ne se réveilla pas.

En fait, Sirine ne sut jamais ce qu'était cette terre où elle s'était échouée. Elle arpenta ses plages, longtemps, longtemps, sans plus songer à manger, à dormir ou à faire quoi que ce soit d'autre que marcher de long en large. Elle n'était plus qu'une ombre, l'ombre d'elle même, l'ombre d'une Sirine d'autrefois, perdue dans un océan de livres et de solitude. Peut être avait-elle atteint Aman finalement ? Ce n'était pas le paradis qu'elle avait imaginé. Et si c'était le cas, elle avait trop perdu pour en profiter. Ou alors elle avait atteint les Amériques, ce qui était une possibilité tout à fait crédible. Ou alors elle était juste morte. Morte. Au paradis, en enfer, aux Cavernes de Mandos, qu'importe par ERU ILUVATAR ! ERU ILUVATAR ÉTAIT UN ABRUTI ET IL LES AVAIT ABANDONNÉES, ELLE ET NAWEL ET CE MONDE IL LES AVAIT TOUS ABANDONNES ! Et il ne faisait rien pour les aider, parce que ERU ILUVATAR ÉTAIT UN ABRUTI A LA FIN ! POURQUOI EST-CE QUE PERSONNE N'AVAIT ÉTÉ FICHU DE LES PRÉVENIR ?! POURQUOI EST-CE QUE TOLKIEN N'AVAIT PAS TOUT SIMPLEMENT ÉCRIT : "Au commencement, il n'y avait qu'un pauvre imbécile qui n'était pas fichu de se soucier du sort de ses enfants et de sa terre." ?

C'était à peu près la seule pensée cohérente qu'avait réussi à formuler Sirine, au début de son réveil. Mais elle n'avait jamais réussi à la prononcer à haute voix. Et puis elle avait oublié. L'oublie apaise tout : quel doux repos pour la conscience : plus de doutes, plus de regrets, plus de remords, plus de colère, de peur, de désespoir. Plus de passé, de présent ou de futur. Plus rien.

L'océan a emporté le corps de Nawel. Personne n'a témoigné avoir revu Sirine et personne n'a reparlé d'elles. Les humains les ont oubliées. Et leur lutte contre eux même, contre Eru Iluvatar, contre Arda a continué.

Ils ont fini par oublier pour quoi ils se battaient.

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