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La fuite

Nawel avait une situation financière plutôt stable, comparée à Sirine. Elle avait emporté toutes ses économies, qui lui servaient surtout à acheter de la nourriture. Les deux amies voyageaient de jour, en bus le plus souvent, ou à pieds. Elles devaient aller jusqu'à Haverfordwest, à Wales, puis à Nolton Haven, une ville cotière. Là, elles prendraient un bateau et traverseraient l'océan Atlantique. Arrivées en Amérique, elles traverseraient le continent par le canal de Panama et reprendraient leur route vers l'ouest. Leur voyage ne s'annonçait pas simple.
Heureusement, elles progressaient vite et les bus étaient calmes, aussi elles pouvaient dormir et Nawel commençait la lecture du Hobbit, du Seigneur des Anneaux et du Silmarillion. Tout se passait comme elles l'avaient prévu et elles parvinrent rapidement à Haverfordwest, après environ 6h30 de trajet.
C'était une ville plutôt classique, qui avait dû être belle avant que les tremblements de terre ne la défigurent. Comme partout, des travaux ralentissaient énormément la circulation, ce qui avait provoqué le retard de Nawel et Sirine. Elles descendirent à leur arrêt. L'océan s'étendait devant leurs yeux grands ouverts, noir et agité. Une épaisse et menaçante couche de nuage planait au dessus.

- Vous d'vriez pas rester là, leur lança une vieille dame qui montait dans le bus. Avec l'temps qui fait, ça m'étonnerait pas qu'y est un p'tit raz-d'marée. Presque tout le monde est parti maintenant. Vous savez, avant la mer s'étendait pas jusque là. Elle est montée de plusieurs kilomètres, elle a tout bouffé. Puis les départs en bateaux ont été interdits parce que c'était trop houleux, par les temps d'orage.

- Vraiment ? s'étonna Sirine en se tournant vers leur interlocutrice.

- Ouaip, toutes manières, pas qu'y est encore des bateaux assez résistants...

Sur quoi le bus klaxonna et elle monta. Au moment même où le transport se remit en marche une goutte de pluie s'écrasa sur la manche de la jeune femme. Elle se tourna vers Nawel.

- On f'rait mieux de s'mettre à l'abri. Il faut qu'on trouve quelqu'un pour nous filer une coque.

Elles coururent jusqu'à la première maison qu'elles trouvèrent, mais elle s'avéra vide, comme toutes celles auxquelles elles toquèrent. Enfin, vers les plus éloignées de la côte, un jeune homme avec une cigarette vint leur ouvrir.

- Vous êtes qui vous, j'vous ai jamais vu ? Et qu'est-ce que vous foutez là ? Vous avez vu le temps ?

- C'est pour quoi ? demanda une voix éraillée de l'intérieur de la vieille demeure.

- Ch'ai pas. Deux étudiantes étrangères.

- Nous venons de l'université d'Oxford, répondit calmement Nawel avec une diplomatie admirable que Sirine était loin d'avoir. Nous demandons l'asile pour la nuit.

- L'asile ! C'est ça, et puis ch'uis fils de pêcheur tiens !

- Mais tu es fils de pêcheur ! se récria la voix à l'intérieur.

- Ouai, bon, bref, peut importe, vous voulez quoi ?

- Nous vous avons déjà répondu, déclara posément Nawel. Seulement un lit et un repas chaud. Est-ce trop demandé à votre hospitalité ?

- Laisse les entrer ! grinça la voix.

L'homme à la cigarette s'écarta et les deux femmes pénétrèrent dans la maison rongée par l'humidité. Sirine jeta un coup d'oeil au type. Il était très grand, musclé et massive, large d'épaules, le teint mate, l'oeil méfiant et les sourcils froncés. Il portait un débardeur à rayures bleues typiques de la marine et un pantalon léger à poches, malgré la pluie et le froid. La jeune femme lui lança un regard mauvais. Elle n'était pas tranquille.

La maison empestait le tabac, le sol était sale et grinçant, et certaines dalles de pierres avaient été retirées. En face de la porte, un escalier de bois menait à un petit couloir droit avec quatre portes, deux de chaque coté. Au rez-de-chaussée, la salle de gauche était un petit salon visiblement déserté et transformé en débarra. Dans la pièce de droite, un vieil homme avec une casquette, une salopette avec un tee-shirt à manches courtes, était assis à une table de bois branlante, un verre de vin devant lui et la pipe à la bouche. Les chaises de bois, il y en avait quatre autour de la table, semblaient sur le point de céder au premier poids. Le vieillard ricana en voyant les deux femmes arriver.

- V'là d'jolies chose qu'arrivent.

Les deux invitées lui lancèrent un regard cinglant d'avertissement.

- Nous venons chercher de l'aide, pas des ennuis.

- Mais allons ! rit le type à la pipe. Jack, sers donc le ragout et ces deux charmantes invitées.

Le premier gars, celui à la cigarette, disparut dans une petite pièce à l'arrière de la salle à manger.

- Installez-vous, les invita le plus ancien et les deux fuyardes s'assirent avec méfiance et lenteur. Je ne vais pas vous manger, allons ! Vous aimez le ragout ? Dites-m'à, qu'est'ce vous faites là ? Tout l'monde est parti. Vous comprendrez qu'on s'soit posé des questions, mon fils et moi, quand vous êtes arrivées. Alors, vous êtes qui ?

- Je suis Nawel et voici mon amie Sirine. Nous venons de l'université d'Oxford. Nous avons fui les conditions déplorables et les dix années d'études obligatoires.

- Ah je vois... Moi c'est Ernest et mon fils que v'là c'est Jack, hein Jack ? Avant, on était pêcheurs, toute ma famille a fait c'métier là, mais avec les tsunamis, les montées des eaux et tout l'bataclan, vous voyez...

Le dénommé Jack revint avec une grosse marmite de ragout, deux assiettes et des couverts. Il les disposa devant les deux dames et leur servie le repas, puis il alla se poster comme un sentinelle dans un coin sombre de la pièce. Repas pas très ragoutant, d'ailleurs. Le bouillon ressemblait d'avantage à une soupe rouge-orangée, avec de gros morceaux informes dedans. Sirine était la plus méfiante mais celle habituée aux plus mauvaises conditions de vie. Elle renifla le mélange, l'examina, le gouta, et, ne détectant aucune sorte de poison ou autre, elle en avala plusieurs bouchées-grogées. Nawel eut plus de mal, mais elle se força à ingurgiter un peu du contenu de son assiette.

- Vous êtes pêcheur...  Ou vous l'étiez, reprit Sirine avec intérêt. Vous possédez donc... un bateau ?

- Pourquoi ? Z'êtes intéressées par une coque de noix ? Alors, oui, j'en ai une, sourit Ernest.

- Nous... hum... pensions aller voir en mer... Ce qu'il y a... répondit Sirine en choisissant bien ses mots.

- Vous voulez savoir c'qui a en mer ? Y'a rien. RIEN ! Juste de l'eau et de l'eau et de l'eau à perte  de vue. C'est à vous faire déprimer, ou flipper selon les caractères.

- Nous aimerions quand même voir tout ça par nous même, renchérit Nawel.

Ernest se pencha vers elles et baissa la voix, mais un sourire narquois restait accroché à son visage ridé et tailladé de plusieurs cicatrices.

- Qu'est'ce vous cherchez ? De l'or ? Une terre abritée ? Vous trouv'rez rien ! Rien du tout !

Le regard de Sirine se durcit.

- Ce que nous cherchons ne vous concerne pas, pas plus que nos raisons.

Elle se leva et s'apprêta à sortir de la pièce, mais Ernest, retombant sur sa chaise, lança :

- Sauf que pour aller en mer, vous avez besoin d'un bateau. Et le seul à proximité, c'est l'mien. Les affaires d'ma coque de noix, c'est mes affaires. Donc, si, ça me concerne.

La jeune femme se figea et serra les poings de colère. Ses yeux pétillèrent, mais elle se contint. De la manipulation. Et elle ne pouvait aller que dans son sens. Piégée. Elle sortit un crayon, griffonna sur un bout de papier et en fit un avion en papier qu'elle envoya au pêcheur.

- Nous cherchons le Pays d'Aman, la Terre des Dieux et des Elfes, à l'Ouest et nous la trouverons !

Ernest sourit en lisant le message puis fit signe à Jack.

- Montre leur la chambre et prépare le lit.

Le colosse se mit en mouvement et monta à l'étage, suivi des deux invitées. Le plafond était fissuré, de même que les murs pourris par l'humidité. Il indiqua du doigt les deux portes de droite.

- Ma chambre et celle de mon père.

Il désigna ensuite la porte de gauche du fond.

- La salle de bain.

Puis il ouvrit la porte de gauche la plus proche. C'était une petite chambre avec un lit de fer en mauvais état, une fenêtre cassée avec des rideaux poisseux juste au dessus et une minuscule table de nuit. Il y avait un énorme trou au milieu du plancher.

- Faites gaffe de pas tomber, dit simplement le gars en partant chercher des draps et des couvertures à peu près propres.

Sirine se pencha aussi au dessus de la fissure, assez large pour laisser passer un adulte.

- Regarde ! murmura-t-elle. Le bateau est juste en dessous !

- Tu ne compte quand même pas le voler ? souffla Nawel.

- Tout dépendra de leur coopération...

Elle se releva au moment où Jack revenait. Il leur donna draps et des couvertures.

- Nous ferons notre lit nous même, le remercia Nawel en récupérant la lingerie. Merci de votre hospitalité, nous nous coucherons de suite.

Elles s'installèrent puis se blottirent l'une contre l'autre dans l'étroit lit. Le vent tempêtait et la pluie n'avait pas cessé, s'engouffrant par la fenêtre sans vitre. Là, Sirine s'endormit vite car ces conditions n'étaient pas si différentes de celles qu'elle avait avant. Nawel eut plus de mal et tourna un moment mais le sommeil finit par l'emporter.

***

Sirine marchait. Elle se trouvait dans une belle et ancienne forêt qui respirait la lumière, la vie et la gloire passée. Elle était pieds nus, ne portait d'une pâle robe blanche et large, volant au vent. Tout était calme et serein. Même si les sous-bois étaient sombres, la lumière filtrait largement. Sirine laissa sa main courir le long de l'écorce d'un arbre. Elle laissa ses yeux vagabonder. Elle était comme un spectre dans cet endroit abandonné. Ses pas la guidaient. Elle se dirigea vers une clairière, petite, et entourée de statues rongées par le lierre et les intempéries, leurs visages presque entièrement effacés. Il y en avait quatorze. Elles étaient voilées, leurs mains jointes devant leur visage et la tête courbée. Mais malgré tout, toutes étaient debout, toutes étaient tournées vers une statue centrale qui levait les mains au ciel et qui portait une étoile sur sa couronne. Sirine fut frappée par sa beauté et ses traits ses vivants. Les plantes courraient autour d'elle mais de manière harmonieuse, semblaient se plier devant elle. Devant les quatorze, d'autres, plus petites, à genoux, ou allongées mais qui semblaient éblouies par une lumière trop intense et celle-ci venait sans doute de la sculpture centrale. Le tout était si harmonieux et rayonnant et Sirine se demanda comment c'était même possible et qui avait fait ça. Alors il lui sembla discerner quelque brillance voilée. Il y avait des symboles la pierre du milieu. Sirine se retourna et s'élança vers l'une des quatorze et arracha les plantes qui la recouvrait. La même lueur cachée. Elle fit le tour et remarqua que c'était le même phénomène chez les quatorze. Mais les plus petites, au sol, ne présentaient pas ces symboles. Alors seulement, Sirine remarqua une autre statue. Elle se trouvait à l'écart des autres, dans le sous-bois et semblait entourée d'une ombre épaisse. Des végétaux l'avaient aussi recouverte, mais moins, et une trace brûlée l'entourait. Si les autres avaient des expressions rayonnantes ou d'adoration, de vénération, celle-ci semblait en colère et en dissonance avec les autres. Elle semblait aussi plus vivante, car ses yeux miroitaient d'une étrange façon et elle présentait aussi une sorte de brillance mais différente de celle des autres. A ses côté, une autre sculpture, plus petite, à l'air aussi mauvais, qui lui tenait le bras, mais qui ne présentait aucune brillance.

Alors le soleil se coucha et les étoiles illuminèrent la nuit naissante. A cette instant, Sirine sut d'où venait la lumière voilée, qui leva son voile. Une douce mélopée s'éleva dans la clairière, sans qu'on sache trop d'où elle vienne, sinon des sculptures. Au sommet de la couronne de la statue centrale, une étoile apparue et illumina les sous-bois. Tendis que sur son corps et celui des quatorze, apparurent des partitions. Des notes de musiques, des rythmes, des clés, le tout pour former une harmonie parfaite. Sur la sculpture à l'écart, une musique apparut, aussi mais différente, indépendante. Tendis que dans la clairière, une lumière blanche éclairait doucement la nuit, l'excentrée rayonnait de rouge. A la lueur des étoiles, il sembla à Sirine que son regard se faisait moins maléfique, de même que celui de son second, et qu'ils se regardaient. Sirine sentait. Il y avait quelque chose. Elle connaissait tous ces personnages... Elle était sur le point de mettre le doigt dessus... Un central, quatorze autour, et un autre à l'écart et enfin plusieurs autres, prosternés...

Mais voilà, Sirine se réveilla, car ce n'était qu'un rêve. C'était toujours la nuit et Nawel était relevée sur un coude, l'oreille aux aguets. La jeune femme cligna des yeux, bailla et fronça les sourcils.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai entendu des voix, répondit son amie.

On toqua soudain à la porte et Jack entra.

- Désolé de vous déranger, dit-il, faut vous tirer d'ici.

- Pourquoi ?

- Vous nous avez bien dit que vous aviez fui les études obligatoires ?

- Oui.

- Deux flics viennent d'entrer, ils interrogent mon père, qui les retarde. Ils savent que vous êtes ici. Ils vous ont suivies.

Sirine et Nawel se sentirent stupides de ne pas y avoir pensé. Il désigna le trou.

- Passer par là. Il y a une corde sur la table de nuit. Servez vous-en, prenez le bateau. Filez avant qu'ils vous attrapent.

- Pourquoi nous aidez-vous ?

- Parce qu'on aime pas bien les flics et qu'on s'est brouillés quelques fois avec eux. Grouillez-vous !

Encore enveloppées par les vapes du sommeil, les deux fugitives se levèrent, et suivirent les instructions de leur hôte et, ayant pris leurs affaires, se laissèrent tomber par le trou. Le gars les suivit.

- Avec l'orage dehors, la mer a du monter d'au moins dix mètres.

- Dix mètres ? s'étouffa Nawel en l'entendant.

- Ce sera à notre avantage, on aura pas à trainer cette coque de noix trop loin.

- Vous êtes sur qu'on ne risque rien dedans ?

- Ca devrait suffire à vous faire passer la nuit, mais j'vous garanti pas qu'vous reviendrez. Mais c'est ça ou vous vous faites choper. De toutes manières, mon père est trop vieux pour pêcher et je prendrais pas l'relais. On comptait vendre l'bateau d'ici peu. Grouillez-vous !

La mer était presque aux portes de Jack et son père ce qui leur permis de ne pas avoir à pousser le navire trop loin. Il était très lourd et ils avançaient très difficilement mais sans relâche. C'était un bateau à moteur, mais avec une voile repliée. Il avait vieilli mais Sirine songea qu'il ferait parfaitement l'affaire.

Soudain deux hommes en uniforme avec des matraques sortirent en trombe de la demeure et coururent vers eux. Les deux jeunes femmes avaient presque de l'eau jusqu'à la taille.

- Allez-y ! hurla Jack pour couvrir le bruit du vent et il courut au devant des hommes.

Sirine ne se retourna pas et sauta à bord mais Nawel voulut le suivre. Son amie l'en empêcha et, ayant par miracle, lu un livre sur les navires, mit en marche le moteur. La petite coque partit avec ses deux occupantes, ballotée par les flots agités et le tonnerre se déchaina autour d'elles tendis qu'elles disparaissaient entre le noirs du ciel et de la mer.



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