Prologue
Les portes du bureau de la reine de Olympe s'ouvrirent dans un grincement désagréable, laissant passer la silhouette du Mage. Ce dernier était, comme à son habitude, masqué par des dizaines de pièces de tissu réparties un peu aléatoirement, de couleurs marrons à gris. Il balaya du regard la vaste pièce, s'arrêtant sur le massif bureau en bois ancien trônant au centre, ou encore sur les énormes fenêtres qui laissaient passer la lumière jaune du soleil artificiel de Olympe. A chaque coin de la salle se dressaient de massives colonnes en marbre qui soutenaient un plafond décoré d'or, d'argent, ainsi que d'un curieux métal rouge. Sur les murs étaient inscrites de splendides fresques racontant l'histoire de l'île.
Mais la chose la plus intéressante de la pièce était sans conteste la personne assise derrière le bureau. Il s'agissait d'une très grande femme, ne semblant pas avoir beaucoup plus de trente ans. Ses cheveux gris descendaient dans son dos en une longue tresse. Elle portait une robe écarlate fendue au genou tissée avec le plus grand soin, qui descendait jusqu'à ses pieds. Un ruban blanc enserrait sa taille, rappelant sa condition de reine. Autour de son cou était attaché un pendentif constitué d'une chaîne en argent, ainsi que d'un rubis encastré dans un entrelacs de fils de bronze et d'or. Son visage d'une pâleur mortelle se tourna vers l'arrivant, exposant ses traits très fins à la lumière matinale. Ses deux yeux aux iris rouges fixèrent le Mage avec autant de répulsion que d'admiration. Elle se leva, avança vers la seule créature mâle d'Olympe, et déclara d'une voix d'une douceur inhumaine :
- Mage. Aujourd'hui est le jour. Le jour où vous devez vous acquitter de votre devoir.
Les paroles rituelles résonnèrent dans la pièce. Le Mage se contenta de hausser les épaules d'un air fatigué. Dans la mesure où il s'agissait de la trois-millième fois où la reine répétait les mêmes mots, la Mage avait cessé de faire semblant de prendre cela au sérieux. La reine, sans se départir de son calme, poursuivit :
- Aujourd'hui est donc le jour où, chaque année, vous allez chercher cinq jeunes filles pour que notre population reste stable. Cette année est particulière, car pour la première fois depuis un siècle, la pays désigné est la France.
Un grognement s'échappa de la menaçante silhouette toujours plantée à l'entrée du bureau. Les dernières françaises qu'il avait amenées ici avaient causé un grand nombres de troubles, et il n'avait pas envie d'être de nouveau tenu responsable de ses choix. Sans dire un mot, il se retourna, ouvrit de nouveau la porte, et se glissa dans le couloir.
Ce dernier était splendide, alors que la lumière du matin s'engouffrait par les larges fenêtres. De là, la Mage pouvait observer une petite ville de style grec qui s'étendait sous ses pieds. Les nombreux braseros présents dans les rues commençaient tout juste à s'éteindre. Une large population s'activait dans les rues, accomplissant ses tâches quotidiennes. Toutes des femmes, humaines ou vampires. Pas un seul homme en vue, et c'était tant mieux, songea la créature tout en s'arrachant à cette vision et en s'engouffrant dans de nombreux couloirs.
Il continua ainsi son chemin, évitant soigneusement tout le monde. Il ne serait de retour que le lendemain, et ramènerait avec lui cinq personnes. C'était sa tâche. Au détour d'un couloir, il entraperçu quelques courtisanes, mais fit un petit détour. Il n'aimait pas parler. Il n'avait pas parlé depuis si longtemps qu'il ignorait s'il avait toujours une voix, et cela lui allait très bien.
Finalement, après une dizaine de minutes, il émergea dans une froide et obscure cave. Là, dissimulé dans l'ombre, se trouvait un énorme chariot en métal noir tiré par deux gigantesques chevaux noirs comme la nuit et aux crinières rouges flamboyantes. Les deux créatures s'ébrouèrent, heureuses de repartir en mission. Le Mage se hissa dans le chariot, et devant lui s'ouvrit une étendue de pure obscurité qui cachait bien des dangers. La créature soupira, songeant aux multiples horreurs qui n'attendaient que de se repaître de lui et de son chargement. Il se redressa, frappa du pied, et les chevaux partirent au triple galop tandis que leur maître commençait à accumuler de l'énergie. Les ennuis arriveraient bien assez tôt.
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