(6) L'autre monde
Cynthia se leva en sursaut. La lumière de la Lune de Olympe passait à travers les fenêtres de la chambre que la reine Cordélia leur avait prêté en tant que nouvelles arrivantes. Dès l'annonce de la reine, les habitantes avaient cessé de leur envoyer des projectiles à la tête, mais les regards haineux les avaient accompagnées jusqu'à ce qu'elles rentrent dans la maison. Cynthia avait passé la majeure partie de la soirée à écouter les respirations régulières des autres et à s'interroger sur tout et n'import quoi, comme la provenance des blessures de Anaïs, ou la maigreur presque surnaturelle de Sarah. Elle avait finit pas succomber au sommeil, mais un bruit étrange venait de la réveiller.
Elle se tourna vers la porte de la chambre. Elle n'entendait plus rien. Même plus de respirations. Elle se leva. Ce silence n'était pas normal. Elle fit quelque pas et sortit de la pièce. Une autre série de mouvements, et elle était parvenue dehors. Une brise silencieuse soufflait. Le paysage avait complètement changé. La ville toute entière était en ruines. Toutes les lampes, éteintes, reposaient au sol. Le palais sur la colline avait perdu la moitié de son volume. Au loin, Cynthia pouvait apercevoir le forêt morte qui recouvrait l'île.
Un bruissement d'aile. Furtif. Une voix s'éleva de derrière elle, une voix reconnaissable à sa tonalité enrouée :
- Salutations.
Elle se retourna. Elle avait reconnu la voix du Mage, mais pourtant...Une créature était assise sur le rebord d'un toit, les pattes dans le vide. Grande, la créature était semblable au croisement entre un corbeau et un humain. Ses longues plumes noires lustrées reflétaient la lumière pâle de la lune. Un instant, elle hésita, avant de sauter du toit et d'atterrir en douceur. Elle était vêtue d'un simple manteau en plumes noires comme son corps, ce qui faisait qu'on ne le voyait presque pas. Cynthia recula d'un pas, et demanda :
- Qui êtes-vous ? Quel est cet endroit ?
- Moi ? Mais tu me connais enfin ! Je suis le Mage !
- C'est....C'est vous ?
- Bien deviné....Quand à l'endroit, nous nous trouvons actuellement dans le Miroir.
- Le Miroir ? C'est....Une sort de dimension parallèle je présume ?
- Bien joué ! Je savais que je ne t'avais pas choisie par hasard...Le Miroir est une dimension figée représentant ce qu'il adviendra d'Olympe après le passage des Abysses.
- Les Abysses ?
- Il s'agit d'une autre dimension, remplie de créature peu recommandables. Un jour, les Abysses découvriront un moyen d'entrer dans Olympe. Alors, elles se déchaîneront. Nous mourrons alors tous. Moi, les Vampires, les Humaines....Tous. Alors, Olympe deviendra ce que tu contemples...
- Et c'est inéluctable ? Aucun moyen d'échapper à cela ? Comment pouvez-vous être aussi calme en pensant que vous mourrez un jour, et ce de manière inéluctable ?
- Ce n'est pas si différent des mortels, simplement ma vie à moi est beaucoup plus longue. Je ne connais pas le moment de ma mort, comme n'importe quel humain. Et non, ce n'est pas forcément inéluctable, et c'est là que tu rentres en jeu...
- Pardon ? Comment pourrais-je sauver une île entière si vous n'en êtes pas capable ?
- C'es simple en réalité...
L'homme-corbeau se dirigea vers le palais, obligeant Cynthia à le suivre. L'être faisait de grands pas. Ils traversèrent un jardin rempli de plantes mortes, entrèrent dans le palais en ruine, puis s'immobilisèrent au centre d'une colossale salle. La moitié des colonnes qui soutenaient le plafond effondré étaient brisées, mises à terre. La poussière et les décombres avaient cachés une bonne partie des gravures présentes sur les murs de la salle, excepté dans un cercle éclairé par la lumière de la Lune.
- Voilà, annonça d'une voix contentée le Mage.
- Voilà quoi ?
- Voilà la fresque qui explique en détail ton rôle dans cette histoire. Vois-tu, au moment où il a été prédit que les Abysses envahiraient un jour Olympe, il a été également dit que cette destinée pouvait être évitée, mais il faudrait pour cela que je mette mon orgueil de côté en acceptant d'enseigner à quelqu'un l'art de la magie.
Il marqua une petite pause en grattant un mur avec ses serres.
- Je...Je ne comprends pas....Vous voulez dire que vous voulez m'enseigner la magie ? bafouilla Cynthia.
- Je dis que dans l'optique où tu l'accepterais, je t'enseignerai à créer, détruire, donner la vie, tuer, le tout aussi facilement que si tu soulevais une plume.
- Pourquoi ne pas l'avoir fait plus tôt alors ? Pourquoi ne pas avoir choisi une apprentie avant, si c'est si crucial ?
- L'orgueil, l'orgueil ! C'est mon plus grand défaut....Je ne voulais pas admettre qu'il était temps de léguer mon savoir à une personne beaucoup plus jeune que moi...
- Et qu'est-ce qui a bien pu vous faire changer d'avis ?
Le corps d'oiseau fut parcouru par un frisson. Le Mage se laissa tomber sur une colonne, et dit d'une voix tremblante :
- Hélas....les Abysses sont sur le point d'intervenir....Elles ont placé sur cette île une personne qui va assassiner la reine, je l'ai vu..Elle sera trahie par quelqu'un en qui elle avait confiance.
- Minute....C'est vous qui avez fait la prédiction qui a valu notre lapidation ?
- Il y a bien longtemps....Mais il est tard, même en ce lieu. J'attendrai ta réponse demain soir.
Cynthia sentit ses paupières s'alourdir, et elle s'écroula au sol.
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