Un vieil homme d'une main tremblante tenait cette lettre froisse tachée de larmes que sa chère amie, madame Alessandro, avait dû verser durant l'écriture de ses billets. Il lisait une nouvelle fois ce texte en sachant pour qui cela était destiné aux trois enfants adoptés par cette femme exceptionnelle. 

Un léger courant d'air s'engouffrait par la fenêtre entrouverte, rafraîchissant la pièce étouffante par les dernières chaleurs de cette journée du mois d'août.

Quelques feuilles disposées sur le bureau s'envolaient, tourbillonnant entre ses quatre murs d'un coloris pastel. 

Il soupira en rangeant la lettre dans une des pochettes de sa veste noire pour ensuite récupérer les autres qui se sont dispersées un peu partout. Elles s'étaient bien pliées d'une telle manière à ne pas révéler ce qu'elles contenaient à l'intérieur. Alors, il prit soin de ne pas les abîmer en les mettant avec l'autre bien camouflé. 

Il s'avança au pied d'un lit sculpté dans un vieux bois. Une femme d'un certain âge demeurait immobile, d'un teint pâle, ses yeux fermés pour l'éternité. Il l'observait d'un regard larmoyant, gardant en mémoire ses longs cheveux d'un noir corbeaux toujours coiffés impeccablement bien, sa peau de porcelaine devenue aussi blanche que la première neige hivernale.

Un petit sourire effleurait ses lèvres en voyant qu'elle avait choisi une tenue époustouflante pour son dernier jour. 

— Vous avez encore remporté une victoire contre la mort elle-même en choisissant votre propre euthanasie, murmura-t-il en étouffant ses sanglots dans une toux rauque.

Il prit délicatement une de ses mains, leur chaleur était un contraste saisissant entre le froid et le chaud. Ses lèvres charnues se poseraient sur le dos de la main de sa tendre amie pour déposer un baiser d'adieu. 

— Vous allez me manquer, ma douce Aliénor.

Ses mots s'échappaient dans un souffle de tristesse à la pensée qu'un nouveau chapitre s'ouvrait avec l'héritage qui pesait dorénavant sur les épaules de ses trois jeunes adultes destinés à accomplir des grands projets. 

Il ne jetait aucun regard en arrière pour avancer vers ce qui espérait un meilleur avenir. 

Ces lettres seront scellées pour toujours. Il n'était pas question que ça puisse interférer avec ses plans qu'il avait concoctés au fil des années pour réussir là où certains ont échoué, comme madame Alessandro. 

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