🤍chapitre 8🤍
👻une conversation désagréable aux sons de rires des hyènes👻
Je descends de mon perchoir pour aller à la salle de bain entrouverte : à l'intérieur, les miroirs sont encore embrumés par la vapeur de l'eau chaude de la précédente douche de Cassie. Je me déshabille sans me presser et mon regard reste fixe sur un point invisible pour ne pas croiser mon reflet qui me répugne à cet instant même.
Je donne un coup de pied dans le tas d'affaires que je délaisse sur le sol pour me diriger sous le jet que j'enclenche. L'eau brûlante coule sur ma peau qui devient rouge vif à son contact. Je prends un gant très doux et un gel douche qui sent à la vanille. Je verse un peu pour commencer à me laver, mes yeux fermés et ma tête penchée en arrière. C'est doucement que je me laisse aller aux sentiments nocifs qui s'éveillent à l'intérieur de mon être.
Je frotte chaque partie de ma peau avec un faible espoir d'enlever des traces de mon passé qui me rongent. Je sais que ce n'est pas possible, parce que ce que le destin m'a fait vivre. Va rester à jamais gravé dans ma peau impure par les coups et les touches qu'il y a longtemps j'ai subis. Bien que j'aie prononcé des faibles petits non, rien n'a pu empêcher ça.
Je sens mes larmes dégouliner sur mes joues pour se mélanger avec l'eau pure qui coule sur mon corps pour effacer un moment les cicatrices qui n'apparaissent pas sur ma peau, mais qui sont à l'intérieur.
Je passe mes mains sur mon visage une fois que l'eau est coupée et la salle de bain est un vrai sauna. C'est avec maladresse que, par chance, je ne me vautre pas pour attraper une serviette pendue à un coin du mur. Je m'enroule dedans celle-ci pour me sécher. L'eau dégouline le long de mon corps pour imprégner les tapis moelleux sous mes pieds.
Je demelés mes cheveux humides. Légèrement tracassée, parce que dans mon unique bagage en ma possession à l'intérieur, il n'y a que quelques affaires. Sûrement incorrect pour aller se prélasser et se faire dorloter dans cet endroit qui me donne la chair de poule. Je préfère encore largement me balader dans un cimetière que de vivre ce moment qui va me faire cauchemardesque.
Je me dirige vers ma valise, toujours à la même place qu'hier, délaissée dans un coin de la pièce. Je la prends par sa linière pour la déposer sur la table avec espoir de trouver mon petit bonheur. Hélas, petit à petit, cette flamme fond comme neige parce que je ne tiens dans mes mains qu'un jean simple et un pull à manches bouffantes bleu. Je ne pensais pas avoir besoin d'un maillot de bain dans un tel endroit.
Je mets ses vêtements, tant pis si Cassie n'est pas contente. Finalement, je vais peut-être bien réussir à échapper à ce programme grâce à mon manque vestimentaire. Je jette un coup d'œil à mon reflet dans le miroir encadré dans l'un des murs. Une jeune femme de taille normale et de corpulence correcte me fait face avec des longs cheveux légèrement bouclés et des grands yeux marron remplis de mystère.
Je ne me reconnais pas pourtant, ses vêtements m'appartiennent, mais cette perruque change beaucoup de choses. Celle-ci me donne du courage, parce qu'à ce moment précis, je ne suis plus Éléonore. Celle-ci s'est effacée pour laisser sa place à Estelle, cette jeune journaliste pleine de joie de vie et d'une folle envie de découvrir le monde avec ses merveilles. J'inspire lentement pour me fondre avec ce rôle et oublier la personne que je suis pour ce séjour à durée indéterminée.
Je sors avant de tourner les talons, c'est doucement que je passe la carte électronique pour verrouiller la porte et je monte dans l'ascenseur pour rejoindre rapidement Cassie. Sûrement que celle-ci doit s'impatienter, bien qu'au fil des années, elle doit être habituée à mon irrégularité.
Ce n'est pas tellement sa colère concernant ça qui m'inquiète, mais le fait que je ne vais pas pouvoir l'accompagner dans l'activité qu'elle désire ardemment de faire. Je ne pense pas y échapper à cela, car à mon plus grand désespoir, souvent elle réussit toujours à remédier à n'importe quelle situation.
J'observe les mosaïques qui décorent le plafond, perdue dans mes pensées, j'imagine ma vie bien différente de celle que je mène durement sur un chemin rempli d'embûches.
Dans de rares moments, j'envie Cassie. C'est une jeune femme avec un sacré caractère et son corps parfait est marqué par une cicatrice. Qu'elle porte depuis longtemps désormais, mais cela ne l'a jamais empêchée d'affronter les regards des autres avec un courage inné : elle a toujours su prouver sa valeur et ses compétences pour prendre les rennes de l'entreprise.
Je rêve qu'un jour, j'aurai le même courage pour garder la tête haute et ne pas me faire dévorer par mes peurs. Maintenant, dans la société actuelle, le jugement et la critique cohabitent ensemble pour abattre ceux qui sont différents ou bien juste des personnes avec des idéaux pas comme les leurs.
Quand les portes s'ouvrent avec un tintement de sonnette sur le hall d'entrée, c'est d'un pas hésitant que je m'avance en cherchant Cassie parmi certains clients regroupés devant la réceptionniste. Celle-ci a l'air déroutante par les demandes de ceux-ci, c'est avec résignation que je décide de trouver Cassie toute seule.
Quelques rires d'Hyène me font détourner de la porte principale pour me guider vers le petit salon de séjour joliment décoré de différents canapés et fauteuils. Dans des coloris raffinés, un bar est installé face à une baie vitrée qui donne vue sur un immense lac dont l'eau étincelle sous les rayons du soleil.
Mon regard se fixe discrètement sur un groupe de femmes distinguées installées dans un coin de la pièce avec une collation alcoolisée. Elles sont dans une conversation animée parce que chacune jacasse comme des poules pour se faire entendre et peut-être bien aussi pour attirer le regard des hommes sur elles.
Cela fonctionne parfaitement, car certains installés au bar se rincent l'œil sur leurs corps moulés dans leurs vêtements serrés pour faire ressortir quelques atouts pour enrouler dans leur filet ses hommes. Un court instant, mon imagination débordante me laisse entrevoir des sirènes envoûtantes pour charmer les marins et les entraîner avec elles dans les profondeurs de l'océan.
Cette situation me fait drôlement penser aux anciens contes que madame Alessandro me raconte pour me faire évader d'un monde qui me donne l'impression de ne pas être le mien.
Je lève la tête en sortant de mes rêveries pour continuer à observer ses femmes avec insistance, parce qu'installées confortablement dans un fauteuil. Cassie participe à la conversation en buvant une tasse qui contient probablement un café noir bien serré.
Je m'assois sur un des tabourets du bar pour me dissimuler derrière un grand colosse pour écouter leurs conversations avec discrétion. Elles ont l'air d'être captivées par ce que Cassie leur dit avec enthousiasme.
Celle-ci ne remarque même pas ma présence, bien trop occupée à divertir son petit public, pendue à ses lèvres d'un rouge intense. Elle est d'une beauté fatale, car sa lumière irradie comme un phare pour attirer n'importe qui.
Comparée aux autres femmes fades avec leur pot de maquillage et habillées si vulgaires, c'est avec certitude que je peux affirmer que les hommes présents ici n'ont d'yeux que pour Cassie. Je tortille mes doigts concentrés sur ce qu'elles disent, par curiosité, et comme on m'a toujours expliqué, c'est un vilain défaut qui peut souvent faire plus de mal que de bien.
— J'ai lu dans un article que sa secrétaire n'est même pas diplômée, elle a dû l'engager parce qu'elle a sûrement pitié d'une pauvre fille comme cela, dit une de ses quatre drôle de femmes. Elle est rousse avec de jolies taches de rousseur et ses yeux couleur marron sont aussi intenses qu'un coulant de chocolat.
Celle qui se tient à ses côtés passe son bras autour de sa taille de guêpe. Celle-ci est petite avec des longs cheveux bruns très fins et son sourire mesquin froid me donne des frissons.
— Il n'y a pas si longtemps, on m'a révélé que cette jeune femme est la pupille de madame Alessandro : celle-ci l'a élevée comme sa propre fille, certainement par charité. À ce que je sais, aucun journaliste n'a pu prendre des photos. Même sans rencontrer cette mystérieuse femme presque inexistante, murmure-t-elle en buvant quelques gorgées de sa boisson avec un mince espoir qu'elle puisse s'étouffe avec ce liquide aussi rose que ses lèvres pulpeuses.
— Sûrement parce qu'elle n'est pas à la hauteur de la prodigieuse mademoiselle Alessandro et aussi peut-être puisqu'elle est d'une laideur que les journalistes n'ont pas voulu risquer de casser leurs appareils photos, répondit une femme avec une élégance arrogante et son regard rempli de moqueries se délecte de cette conversation. La petite brunette hoche la tête pour approuver chaque mot venimeux de cette vipère.
— J'ai entendu des bruits de couloir affirmer que mademoiselle Alessandro n'a pas eu le choix que d'embaucher cette jeune femme parce que celle-ci était la petite protégée de sa tante. Elle l'avait pris sous son aile pour l'élever comme sa propre fille.
Ma lèvre inférieure se met à trembler retenant tant bien que mal les larmes, qui menace de couler en entendant le discours cruelle de celle prénommé mon ami.
— Quand madame Alessandro est décédée dans un de ses testaments, il était bien écrit que cette femme avait sa place dans l'entreprise. Je sais de source sûre que mademoiselle Alessandro ne l'appréciait pas par rapport au fait que sa tante a fait son possible pour laisser une part d'héritage à cette étrangère. Hélas, elle est obligée de la garder comme secrétaire pour ne pas perdre l'entreprise, murmure Cassie en buvant son café avec un petit sourire au coin, amusée d'avoir réussi à capter l'attention de son public.
Chaque mot qu'elle a prononcé est comme des coups de poignard qu'on enfonce violemment dans mon cœur déjà souffrant par les blessures du passé.
Je sens ma respiration devenir laborieuse parce que ce qu'elle a affirmé à l'instant même semble être tellement véridique.
Mon corps bouge contre ma propre volonté pour s'éloigner de ces conversations blessantes, comme Cassie continue à rajouter encore des sujets croustillants pour flatter sa spectatrice. Surtout, ce qu'elle raconte maintenant, ce sont des faits réels qui concernent ma vie privée.
Je sursaute en sentant mon dos heurter avec violence une membre du personnel qui renverse un plateau de verre à pied rempli d'un liquide rougeâtre, certainement du vin, qui doit coûter presque le prix de mon petit salaire. Mes baskets sont tachés par cette substance à l'odeur répugnante.
Mes yeux se posent sur le carrelage d'un blanc éclatant, car des flaques se déploient comme les pétales d'une rose. La pauvre jeune femme s'excuse immédiatement par crainte que je la sermonne, pourtant ce n'est pas sa faute. C'est entièrement de la mienne, parce que mon esprit s'est fait happer par les commérages, ce qui a détourné mon attention de l'environnement autour de moi.
Je me baisse pour l'aider à ramasser les gros morceaux de verre. Mon geste a ce suspense puisque les rires de moqueries derrière mon dos me rappellent des mauvais moments de ma vie. Le morceau que je tiens dans ma main me fait saigner légèrement tant que je le serre fort pour garder mon calme.
Je m'aperçois que la jeune femme panique de voir du sang couler abondamment de ma paume bien pâle. Mon nez se froisse à l'odeur de ce liquide qui sent fortement au fer rouillé. Ma tête tourne légèrement, bien que je sois habitué à me blesser. Ça n'empêche pas que ces senteurs créent dans mon être toujours un certain malaise.
Je me lève bien que mes pas soient un peu maladroits pour me diriger vers la sortie. Mon regard croise brièvement un instant celui de Cassie, d'un bleu électrisant, presque aussi nuageux qu'un orage près d'éclater.
Je peux entrevoir dans ses yeux l'inquiétude mélangée avec le regret et une touche de peur brille. Enfin, elle a pris conscience de ma présence et du fait que son petit spectacle n'a pas attiré que l'intérêt de ce groupe de pimbêche.
Je me perds dans ces pupilles aux profondeurs des abysses de ses émotions contradictoires. Je lâche le morceau de verre qui tombe avec fracas sur le sol souillé et mon corps se crispe parce que tous les regards sont focalisés dans ma direction. Cela fait que mon angoisse augmente énormément jusqu'à me donner l'impression d'avoir un manque d'air pour pouvoir respirer.
Mon souffle devient saccadé avec des palpitations incontrôlables ; cela me fait serrer mon cœur dans un étau d'émotions négatives. Mes yeux affolés se baissent pour observer un point invisible pour reprendre convenance et je parviens à faire demi-tour pour m'enfuir loin de ce désordre qui est entièrement de ma responsabilité : encore une fois, la culpabilité grignote mon cœur abîmé.
Je m'en vais du salon en direction des portes d'entrée déjà grandes ouvertes parce qu'un majordome fait rouler un chariot rempli de valises que je fais reverser dans ma fuite. Je n'ose pas relever les yeux pour affronter la réalité, préférant lâchement partir pour me faire oublier. Les rires moqueurs des personnes présentes me poursuivent jusqu'à ce que je me réfugie à la lisière de la forêt pour mettre assez de distances.
Ainsi, les voix teintes de méchanceté deviennent inexistantes, remplacées par les chants des oisillons bienveillants. C'est sans aucun regard en arrière que mes pas me guident à pénétrer dans ses sous-bois.
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