✯Luna✯

Une larme coule sur ma joue, alors qu'armer de mon rouleau de scotch, je ferme un énième carton. Quand la décision de quitter Buenos Aires s'est présentée à moi, je ne pensais pas que cela me ferait autant de mal d'abandonner tout ce que j'ai bâti ici. Après l'avoir déposé avec ses pairs, mes pas me mènent devant la grande baie vitrée du salon. Bras croisés sur ma poitrine, mon regard s'égare sur la vue qui s'offre à moi. Les rayons du jour déclinant teintent de rose le ciel, annonçant ainsi l'espoir d'une belle journée pour demain.

Cette vue avait été, la raison principale de mon attrait pour cet endroit. Les arbres du parc rendaient l'endroit ombragé, alors qu'au loin se dressait l'eau bleue de l'océan atlantique. Dire que j'avais eu le coup de cœur pour cet appartement était un doux euphémisme.

— Voilà le dernier carton, mademoiselle Perrida ! avait annonçait le déménageur, me tirant de ma rêverie.

— Merci beaucoup ! Voici votre chèque ! réponds-je en lui tendant une enveloppe.

— Je vous remercie, bonne installation.

Il m'avait lancé un sourire sincère et chaleureux, avant de disparaître, faisant claquer la porte après son passage. Plantée devant la baie vitrée, j'avais autorisé mon esprit à rêver de mon futur, qui pour une fois depuis des mois semblait s'éclaircir. Fuir Loja avait été l'une des meilleures idées que j'avais eues. Après la victoire de Christopher dans cette émission de malheur, il m'était clairement impossible de rester dans un lieu qui me ramenait sans cesse à nos souvenirs ensemble. À ce moment-là, tout ce que je souhaitais c'était l'oublier et me reconstruire ici, sans lui. Le sourire aux lèvres, je m'affairais à déballer mes cartons. Grâce à Miranda, j'avais pu mettre de côté l'argent que je comptais utiliser pour me payer des meubles. Ceux présents ici allaient très bien faire l'affaire. Tout en me déhanchant sur une des musiques qui était présente sur mon téléphone, j'avais passé le reste de la soirée à ranger et prendre possession des lieux.

Le bruit de la sonnette retentit me sortant ainsi rapidement de ma nostalgie. Je me précipite dans l'entrée. À la hâte, j'ouvre la porte pour découvrir ma meilleure amie droite comme un I.

Précautionneusement, je m'approche d'elle. Pourtant, elle ne bouge pas, se contentant de me détailler de haut en bas. Je ne pensais pas qu'il soit possible pour nous deux de rester en froid aussi longtemps. Ça va bientôt faire deux mois que je lui ai annoncé mon souhait de quitter Buenos Aires pour rejoindre Christopher à Miami, et nous ne nous reparlons que depuis quelques jours. Une certaine tension persiste, mais chaque jour nous faisons un pas en avant. Elle a refusé la demande d'Erick d'aller vivre à Miami. Il m'a expliqué qu'elle n'est pas encore prête à franchir cette étape-là. Elle ne veut pas tout abandonner, comme moi.

Ce sont ses mots, non les miens.

— Salut, dis-je.

— Salut, me répond-elle solennellement.

Sérieusement ?

Je pars demain et ça me rend malade de savoir qu'elle m'en veut autant. J'aimerais retrouver ma meilleure amie. Passer une soirée simple en sa compagnie, avant que mon aventure argentine se termine.

Je me décale pour la laisser entrer dans mon appartement qui est quasiment vidé de tous souvenirs. Fermant la porte après son passage, je la rejoins en deux enjambées avant de la contourner pour aller poser mes fesses contre le dossier du canapé. Alyana fait un tour sur elle-même, toujours silencieuse. Ce silence d'église entre nous est devenu monnaie courante depuis deux mois. À chaque fois ça me serre un peu plus le cœur.

— Bon Aly, j'en ai marre ! m'emporté-je.

Elle me regarde, interloquée.

— C'est bon, j'ai compris que tu m'en veux ! Je pars et tu as l'impression que je t'abandonne, mais il n'en est rien. On continuera de se voir. Je reviendrai te casser les pieds inlassablement. Tu n'arriveras pas à te débarrasser de moi. Et puis, tu viendras nous voir. Ton beau Cubain ne va pas te lâcher comme ça. Tu me manques et franchement je ne me vois pas passer ma dernière soirée ici à me disputer avec toi. Alors soit, tu restes, on commande chinois et on profite l'une de l'autre, soit tu traverses le couloir et tu rentres chez toi. Ça me fait mal de te parler comme ça, mais...

En un instant, Alyana part dans un fou rire monumental, me coupant ainsi dans mon monologue. À la fois vexée, mais aussi totalement perdue, je la regarde en arquant un sourcil.

Elle est sérieuse ?

Je suis en train de lui passer un savon et elle, elle est clairement en train de se foutre de ma gueule.

— Ce n'est pas drôle, Alyana ! ronchonné-je. Ça fait deux mois qu'on ne se parle plus à cause de ça. Je sais que tu m'en veux, c'est bon le message est passé ! Mais je dois suivre mon cœur. Ma place est à Miami avec Chris, tu le sais tout autant que moi, ajouté-je pour tenter de la convaincre.

Son fou rire ne semble pas se calmer. Contrariée, je croise mes bras sur ma poitrine, la foudroyant du regard.

— Et ma place est avec toi ! dit-elle simplement, en reprenant sa respiration.

Quoi ?

— Pardon ? demandé-je, interloquée.

— Ma place est avec ma meilleure amie, continue-t-elle un sourire en coin.

— Tu veux dire que tu pars avec moi ?

— Pas de suite, mais dès que mon visa sera accordé. Renato m'a fait une lettre tout comme il a fait pour toi.

Je regarde ma meilleure amie, les yeux et la bouche grands ouverts. Si je ne me retenais pas, je serais en train de pleurer comme un bébé.

— Tu viens vraiment avec moi ? répété-je, abasourdie.

— Tata licorne débarque à Miami ! s'exclame-t-elle en se déhanchant devant moi.

Je lui saute dans les bras, tandis que ma meilleure amie explose de rire dans mes oreilles.

— Quand as-tu pris cette décision ?

— Le jour où Erick me l'a demandé. J'en ai pleuré tellement c'était beau. Il a fait ça dans les formes, je n'étais pas certaine, mais j'en ai discuté avec mon père et c'est lui qui m'a poussé à dire oui. Je ne peux pas continuellement vivre aux crochets de papa. Je dois prendre mon indépendance et vivre ma vie. Et ma vie est avec vous, toi et Erick, sans oublier les garçons et il était hors de questions que je reste ici toute seule.

— Alors pourquoi tu ne m'as rien dit ? m'inquiété-je.

— Je voulais te faire mariner un peu, rigole-t-elle. Luna, ça m'a vraiment blessé que tu ne m'en parles pas avant. Je sais mieux que quiconque que ta vie est auprès de Christopher, je n'en ai jamais douté, mais je pensais que l'on se disait tout et j'ai été triste que tu ne me dises rien jusqu'à ce que tu y sois obligée.

— Je suis désolée, Aly. Te faire du mal n'a jamais fait partie de mes plans.

— C'est bon ! C'est oublié ! Tu sais bien que je ne peux pas rester fâchée éternellement contre toi. Je t'aime trop pour ça. Tu t'en vas demain, alors on va profiter. Ce n'est qu'un au revoir, ma belle ! Bientôt, nous serons réunies.

— Humm ! Alors comme ça, tu vas vivre avec ton Cubain ?

— Oui ! On m'a dit qu'il était plutôt sympa comme mec, répond-elle en riant.

Le cœur au bord des lèvres, tant mon excitation est grande, je serre une nouvelle fois ma meilleure amie dans mes bras. Pour la première fois depuis deux mois, elle me rend enfin mon étreinte. Nous restons ainsi pendant un moment, profitant seulement de la présence de l'autre.

— Bon on se le commande ce chinois ? rit Alyana à mon oreille.

Après un coup de téléphone au traiteur du coin de la rue, nous nous affalons sur le canapé. Il en a entendu des histoires celui-là. Il en a vécu des choses aussi. Même si mon cœur ce soir est lourd, je sais que la prochaine étape de ma vie ne sera que meilleure.

*****

La nuit a été courte. Alyana a quitté l'appartement à plus d'une heure du matin et mon cerveau ne s'est mis sur pause qu'aux alentours de trois heures. Il est sept heures et j'ai vraiment l'air d'un zombie. Les déménageurs ne devraient pas tarder à arriver. L'inconvénient quand on quitte un pays c'est qu'il est impossible d'embarquer tous les meubles. Tout reste ici. Michaël, le fils de Miranda, est d'accord pour que je laisse l'appartement comme ça. Il m'a même proposé de ne pas lui payer le dernier loyer en échange des meubles.

Alors que je termine la dernière gorgée de mon café, la sonnette retentit, me faisant sursauter. Posant le gobelet en carton sur le comptoir de la cuisine, je file ouvrir. Alyana se tient devant moi, en tenue de combat, les cheveux négligemment relevés et les poings sur les hanches, prête à m'aider.

— Tu croyais vraiment que j'allais te laisser faire ça toute seule ?

— T'es la meilleure !

— Je sais !

Elle me fait un clin d'œil, avant de faire claquer ses lèvres sur ma joue. Nous entrons dans l'appartement, quand un instant plus tard l'interphone retentit.

Après presque trois heures de chambardement, le camion rempli de mes affaires vient de s'engager dans la circulation. Je retrouverai tout ça dans deux jours à Miami. Même si cela m'a coûté un bras, je suis bien contente d'avoir trouvé cette société de déménagements qui accepte de sortir de la limite du pays et surtout de prendre en charge l'envoi par avion et la réception une fois sur place.

— Allez je te propose d'aller manger un bout et après on passe le reste de la journée ensemble !

— Vendu !

*****

L'heure du départ a sonné. Ma valise trône dans l'entrée. Mon cœur est lourd. Lentement, mes pas me mènent dans chaque pièce. Cinq ans de souvenirs sont renfermés dans ce cocon que je quitte aujourd'hui. Doucement, les premiers rayons du jour commencent à percer au travers des volets croisés, baignant ainsi l'appartement d'une jolie couleur ocre. Quelques larmes m'échappent. Je ne pensais pas que ça aller être aussi dur. De retour dans le salon, mes doigts effleurent le dossier du canapé.

Après avoir vérifié que les arrivées de gaz et d'eau sont bien coupées, je disjoncte le compteur d'électricité. Un coup d'œil à ma montre m'indique qu'il est l'heure d'y aller. Prenant une grande inspiration, qui me donne un tant soit peu de courage, ma main abaisse la poignée de la porte. Valise en main, je sors dans le couloir. Mon regard se porte une dernière fois vers le salon, puis sans réfléchir plus longtemps je ferme la porte. Tournant la clé dans la serrure, tout devient réel et un flot d'émotions me submerge me faisant fondre en larme.

Il est encore tôt, mais je toque quand même chez Alyana. Je ne peux pas partir sans lui dire au revoir. Elle ouvre avec une rapidité déconcertante. Quand elle voit mon état, elle me prend dans ses bras.

— Ma belle, c'est une page qui se tourne... mais une autre s'ouvre et elle promet d'être encore plus belle !

Je renifle peu élégamment, alors que ma meilleure amie me frotte énergiquement le dos, tentant de calmer mes sanglots.

— Chris t'attend impatiemment. Je suis certaine qu'il a hâte que vous commenciez à vivre cette vie à deux, cette vie de couple si importante pour vous deux.

— Merci !

— Pourquoi ?

— Pour être toi ! Je ne sais pas ce que je ferais sans toi !

Alyana rigole avant de m'embrasser sur les joues. Je lui rends ses embrassades avant de lui tendre le trousseau de clés de l'appartement. Elle est chargée de les remettre à Michaël.

— Fais bon vol, ma belle ! On se voit très vite !

Un sourire se dessine sur mon visage, puis lançant un dernier regard vers ma porte d'entrée, je saisis ma valise et prends la direction des escaliers.

Daniel m'accueille chaleureusement et m'aide à mettre mon bagage dans le coffre de la voiture de location. Alors que nous nous mettons en route, mon regard ne lâche pas mon immeuble, jusqu'à ce qu'il ne soit plus que point dans le paysage.

Au revoir Buenos Aires.

🌟Hola Hola🌟

Comment allez-vous ?

Ici, nous retrouvons une Luna qui est en train de préparer ses derniers cartons avant de quitter définitivement l'Argentine. Elle a le coeur gros de laisser son appartement, mais ce qu'elle ne sait pas c'est toutes les belles aventures qui l'attendent quand elle arrivera à Miami ❤❤❤ Et puis, vous voyez tout s'arrange avec Aly. Elle aussi débarquera bientôt en Amérique. 

Le compte à rebours est lancé pour la fin de l'aventure !!! Il ne nous reste plus que 3 chapitres ❤

Je vous fais pleins de bisous, et je vous dis à samedi ❤❤❤❤❤

🎶Nouvelle bombe musicale des garçons🎶

https://youtu.be/M7j3J1sTDFc