Chapitre 57. Paperasses
✯Luna✯
— Tout est parfait, Mademoiselle Perrida. Votre dossier est complet. Je vais soumettre tout ça au service en charge de la délivrance des visas et vous aurez certainement une réponse sous trois à six semaines. En attendant, munie de votre passeport vous pouvez toujours voyager sur le sol américain pour des séjours de moins de deux mois.
— Très bien, merci. D'après vous, quelque chose pourrait poser un problème ?
— À première vue, non. Vous êtes employé par une des plus grosses maisons de disque du pays, donc pour moi, il n'y aura aucun souci à l'obtention d'un visa permanent.
— Merci !
L'homme en face de moi se lève, m'invitant ainsi silencieusement à faire de même. Il me tend sa main, que je saisis avant de la serrer fermement et de le saluer. L'agent de l'ambassade américaine me prévient qu'il me contactera dès lors qu'il aura reçu le retour de l'administration au sujet de ma demande.
Alors que je sors de l'ambassade, mon téléphone se met à sonner dans mon sac à main. Tout en râlant contre le fouillis qui s'y trouve, je farfouille à l'intérieur pour en extirper le petit combiné. Quand enfin je finis par le trouver, la sonnerie s'arrête.
Trop tard ! se moque mon petit diable.
Tout en le déverrouillant pour tenter de joindre à mon tour mon petit ami, je m'avance vers ma voiture.
— Salut ! s'exclame-t-il, gaiement à l'autre bout du fil.
— Bonjour, mon cœur, comment vas-tu ?
— Eh bien, ça va très bien ! Et toi, ce rendez-vous à l'ambassade ?
— Ça s'est super bien passé. Et puis soyons honnête, la lettre que Renato m'a faite à peser lourd dans la balance... enfin ça et le fait que je bosse pour le boys band le plus en vue du moment, ris-je.
— Tu aurais peut-être dû préciser que ton petit ami était un des membres.
— Crois-tu vraiment qu'il m'aurait cru ?
— J'en doute ! rigole-t-il.
Que c'est agréable cette légèreté entre nous. Depuis que ma mémoire est revenue, tous nos moments sont dénués d'angoisses et de stress. C'est simple et tellement évident.
— Au fait, je pense que j'ai trouvé notre futur chez nous.
— Non ! m'exclamé-je. Sérieux, l'appartement était bien ?
— Il était génial, tu veux dire ! Tu verrais le paysage. Il est au seizième étage, sans aucun autre bâtiment pour nous cacher la baie de Miami. Il y a une vue imprenable sur l'océan et les plages. C'est calme, reposant.
— Tu as dit quoi au mec de l'agence ?
— Je l'ai réservé et je lui ai dit que nous reviendrons le voir dans quelques jours quand tu arriveras en ville.
— Wow ! Serions-nous sur le point de trouver notre cocon, Monsieur Vélez ? demandé-je joueuse.
— On dirait bien, Miss Perrida ! me répond-il sur le même ton.
Son exclamation m'arrache un sourire. Il me manque énormément, mais dans quelques jours je serais près de lui, pour une durée indéterminée. Le lancement de la nouvelle collaboration va nécessiter une énième tournée promotionnelle et l'arrivée de l'été annonce aussi la tournée des plus grands festivals.
— J'ai une autre bonne nouvelle !
— Ah oui, laquelle ?
— Prépare tes valises en conséquence, car nous partons pour une tournée européenne. Les dates viennent de tomber. Nous parcourrons l'Europe au cours du mois de mai. Ça va être démentiel. Et je sais que tu rêves d'un voyage en France depuis des années, eh bien, ton rêve va se réaliser. Nous serons à Paris le 23 mai.
Un instant, je reste sans voix. Il y a deux ans quand nos routes se sont recroisées, je ne pensais pas que vivre à ses côtés m'offrirait autant de belles opportunités. J'ai vu plus de pays en deux ans qu'au cours de toute ma vie.
— Ça va être extraordinaire. Je suis tellement fière de vous. C'est incroyable que votre musique dépasse ainsi les frontières de l'Amérique latine. Vous êtes les meilleurs.
— Merci, mon cœur.
Nous discutons encore un long moment, avant de raccrocher. La journée ne pouvait pas mieux commencer. Deux belles nouvelles et une demande de visa qui est sur le point d'aboutir. Le compte à rebours est lancé. D'ici quelques semaines, la page de ma vie à Buenos Aires se tournera et une nouvelle s'ouvrira. De belles aventures m'attendent aux côtés de mes amis et de l'homme de ma vie.
Tandis que je gare ma voiture dans le parking privé de l'immeuble, mon regard se porte sur une silhouette que je ne connais que trop bien. Alyana. Ma relation avec ma meilleure amie est toujours au point mort depuis notre dispute l'autre soir. Elle m'évite et ne répond à aucun de mes messages. À la hâte, je m'empare de toutes mes affaires puis sors de ma voiture.
— Aly, tenté-je pour le retenir.
Peine perdue. Elle passe la porte de la cage d'escalier. Je presse le pas, espérant la rejoindre avant qu'elle n'atteigne la porte de son appartement.
— Alyana ! pesté-je. Attends-moi !
Ma parole, elle est plus têtue qu'une mule pour le coup. Elle m'agace.
— Bordel, Alyana ! hurlé-je. C'est bon, j'ai compris que tu m'en voulais, mais ne crois-tu pas qu'il faudrait qu'on se parle !
— Et pour dire quoi ? rétorque-t-elle.
Elle parle.
Miracle.
— Tu as pris ta décision. Tu t'en vas, qu'est ce que je pourrais dire de plus ?
— Aly, bon sang, soufflé-je. Je n'ai jamais voulu qu'on se dispute comme ça. Tu me connais, tu sais très bien que ma décision a été murement réfléchie et que c'est le mieux pour moi. Et puis, soyons honnêtes, tout pourrait être plus simple...
— Ah oui ? Je ne vois pas comment !
— Tu pourrais venir avec moi. Reprendre ton job de styliste auprès du groupe et je suis certaine qu'Erick serait ravi de t'avoir auprès de lui.
— Tout n'est pas aussi facile, Luna ! Nous n'avons pas tous ton statut. On ne peut pas tout plaquer du jour au lendemain, comme toi, tu es en train de le faire.
Son ton est sec et cassant. Jamais auparavant, je ne l'avais vu dans un tel état de colère. Ça me tord le ventre de la voir aussi bouillonnante de rage. Avant que je n'aie le temps de rétorquer quoi que ce soit, elle me tourne le dos et entre dans son appartement. La porte claque après son passage. Je l'entends cracher une sorte d'onomatopée. Dépitée et triste, c'est à mon tour que j'entre dans mon appartement. Quelques cartons traînent par-ci par-là. Sur le comptoir de la cuisine, je dépose mes affaires, avant d'ouvrir la porte du réfrigérateur pour me servir un verre de soda.
Tout en buvant une gorgée, je file dans ma chambre pour terminer de boucler ma valise. Demain matin, j'embarque pour Miami. Les garçons m'attendent de pied ferme et j'ai hâte d'y être.
*****
Miami se tient sous mes pieds alors que l'avion amorce sa descente sur la ville. Le ciel est clair, ce qui offre une vue incroyable. Daniel assit à mes côtés, règle les derniers détails de notre arrivée. Mon déplacement a été tenu secret, donc la sortie de l'aéroport ne devrait pas être trop compliquée.
Une fois sur le tarmac, je range toutes mes affaires. Renato va être ravi de découvrir les photos du dernier concert caritatif des garçons. Elles sont superbes. Notamment celles en noir et blanc. Je suis plutôt fière de moi.
— On y va ? me questionne Daniel.
— Je te suis, cher garde du corps ! ris-je.
— Ça me fait plaisir de te voir comme ça. Tu as retrouvé ta bonne mine et c'est génial. Je suis vraiment ravi de pouvoir recommencer à veiller à ta protection.
— Merci ! souris-je.
Daniel est un amour. Il est le grand frère que je n'ai jamais eu. Et c'est vrai que je suis ravie de le retrouver. Nous avons développé, bien plus qu'une relation de protéger à protecteur nous sommes devenus de vrais amis et c'est extraordinaire.
Sac sur l'épaule et lunettes sur le nez, nous sortons de l'aéroport. Un petit groupe de cinq fans est présent. Elles sont calmes et tout à fait courtoises. Je prends plaisir à échanger un petit moment avec elle. Elles me remettent quelques cadeaux que je promets de donner aux garçons. Une idée me traverse l'esprit. Ce serait vraiment génial. M'approchant de mon garde du corps, je lui murmure un truc à l'oreille et il me sourit, puis je me retourne vers les fans.
— Les filles, j'ai une idée. Venez avec moi.
Surprises par mes paroles, elles finissent quand même par m'emboîter le pas. Nous entrons dans un des salons privés de l'aéroport. De mon sac, je sors mon ordinateur que j'allume rapidement. Ouvrant l'application Skype, je lance une conversation. Christopher décroche rapidement.
— Mon cœur, que me vaut cet appel ? demande-t-il intrigué.
— Serais-tu avec les garçons par hasard ?
— Oui ! Les mecs rappliquez, Luna veut nous parler.
Dans un ramdam impressionnant, les voilà qui se pressent autour de mon beau brun. Leurs sourires sont rayonnants.
— Seriez-vous d'accord pour faire plaisir à vos fans ? demandé-je.
— Toujours, me répondent-ils en chœur.
— Dans ce cas, dites bonjour !
Je tourne mon ordinateur en direction des demoiselles assises en face de moi. Leur regard est ébahi, mais rapidement elles se reprennent et entament une discussion avec les garçons. Armée de mon appareil photo, je capture quelques images. Un sourire se dessine sur mon visage, pas peu fière de la réussite de mon idée. Ce genre de fans mérite d'avoir la chance de partager un moment avec leurs idoles et c'est avec grand plaisir que je contribue à cette opportunité.
Une petite demi-heure plus tard, les fans et moi nous disons au revoir. Je les remercie pour le soutien qu'elles apportent aux garçons, puis emboîte le pas à Daniel.
— C'est bien ce que tu as fait ! me dit Daniel. C'était un très beau geste.
— C'était tout naturel et puis, si je peux les rendre heureuses c'est génial. Les fans comme ça méritent qu'on leur accorde de notre temps.
— Je suis tout à fait d'accord avec toi, mais pas tout le monde aurait pris le temps de le faire. Franchement, ton attitude est exemplaire.
— Merci.
J'offre un sourire rayonnant à Daniel, qui me le rend avant de reporter son attention sur la route.
Quand nous arrivons devant l'immeuble, c'est avec empressement que je sors de la voiture. Bagages en main, je me hâte vers les ascenseurs. Devant la porte d'entrée, ma main passe sur ma robe pour la défroisser et mes doigts glissent dans ma chevelure pour la remettre en ordre. Pressant le bouton de la sonnette, je patiente quelques instants, avant que la porte ne s'ouvre enfin. Christopher apparaît devant moi.
Lorsque mes yeux se posent sur lui, mon esprit prend conscience qu'il m'a manqué bien plus que je ne voulais le dire. Abandonnant toutes mes affaires sur le palier, je me jette dans ses bras. Les miens s'enroulent autour de son cou. Son parfum vient amplifier le sentiment de plénitude qui m'enveloppe à cet instant précis. Là, dans les bras de mon homme, c'est le meilleur endroit du monde.
— Bonjour, mon cœur, finis-je par dire en me détachant de lui.
— Bonjour, vous ! me répond-il.
Ses lèvres se posent sur les miennes dans un baiser tendre. Des cris de joie nous interrompent, alors que nos amis déboulent dans le vestibule. Comme chaque fois, c'est un flot d'embrassade et de rire. Zabdi me prend dans ses bras, m'offrant ainsi une étreinte fraternelle. C'est fou ce qu'ils peuvent me manquer quand je ne suis pas avec eux. Bien plus que mes amis, ils sont tout simplement ma famille.
Je les aime.
— Tu as fait bon vol ? me demande Richard, en s'occupant de mes valises.
— Oui, c'était long, mais bon !
— Comme chaque fois ! rit-il.
— Tout à fait ! Chaque fois, je me plains, mais ce n'est pas pour ça que ça change quelque chose, rigolé-je à mon tour.
Tout en riant, nous nous affalons sur le canapé. J'ouvrirai mes valises plus tard.
Au loin, je vois la mine triste d'Erick. Lançant un regard à mon petit ami, il se déplace pour me laisser m'asseoir auprès de notre ami.
— Bah, alors petit cubain, ça ne va pas ? demandé-je curieuse.
— Aly, me manque !
— Tu lui manques aussi !
— Dans ce cas, pourquoi n'est-elle pas venue avec toi ? me demande-t-il, en levant les yeux vers moi.
— Nous nous sommes disputées à cause de mon déménagement ici. Elle croit que je l'abandonne et refuse de me parler. Tu sais comment elle est quand elle est fâchée.
— Pourquoi tu ne lui as pas dit de venir vivre ici ?
— Je l'ai fait, mais ne crois-tu pas que ce serait plutôt à toi de lui demander ? réponds-je en souriant.
Mon ami me regarde, surpris dans un temps, puis pensif. Ses pupilles caraïbes me fixent sans vraiment me voir.
— Tu crois... enfin... Tu penses qu'elle voudrait bien venir vivre ici, avec moi ?
Son air soudain inquiet, le rend mignon à souhait.
— Elle est folle de toi, avant même de te connaître. Erick, avec tout ce que vous avez vécu et votre séparation, n'attends pas. Force-là à venir ici. Elle pourra retourner à Buenos Aires autant de fois qu'elle le souhaite, mais sa place est ici, auprès de nous. Avec toi.
— Je vais l'appeler ! dit-il du tac au tac.
Mon ami dépose un baiser sur ma joue, puis m'offre un immense sourire, avant de se diriger vers sa chambre. Espérons qu'avec lui, elle sera moins agressive et qu'elle reconsidèrera la question de déménager.
En fin de journée, Renato nous explique le programme des prochains jours et nous n'allons pas nous ennuyer. Une fois le planning énoncé, j'accapare l'attention du manager pour lui dévoiler les clichés que Kevin et lui m'avaient demandé. Avec les producteurs, ils sont en train de travailler sur le livret du nouvel album et Renato désirait des photos en noir et blanc.
— Toutes ces photos sont extraordinaires ! Bravo, Luna !
— Merci !
— Transfère-moi tout ça, s'il te plait. Demain matin, j'ai un rendez-vous avec les producteurs, je leur ferai voir et nous te dirons lesquelles nous prendrons.
— D'accord ! Je te fais ça de suite. Au fait, Renato ?
— Oui ?
— Merci pour la lettre que tu as faite pour l'ambassade.
— De rien, je l'ai fait avec grand plaisir. À ce sujet, le label aimerait revoir ton contrat pour t'offrir plus. En plus des couvertures des concerts et des photoshoots, il souhaiterait que tu suives les garçons partout. C'est-à-dire dans chacun de leur déplacement, que ce soit aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore n'importe où dans le monde. Tu acquerrais véritablement le statut de photographe officielle pour le groupe.
Je reste sans voix. Cette opportunité est incroyable. Vivre de ma passion pour la photo était inespérée, mais en plus de ça, vivre tout ça avec mes amis c'est merveilleux.
— Oh ! Je ne sais pas quoi dire...
— Bah dis que tu acceptes ! rit-il.
— Bien sûr que j'accepte, Renato ! Je serais folle de refuser une telle opportunité.
— Super ! Eh bien, je vais faire revoir ton contrat et dès que tu auras ton visa, tu signeras tout ça !
— Merci, infiniment.
— Avec plaisir !
Renato me sourit amicalement, avant de quitter la pièce.
Assise sur le canapé, je réalise qu'un avenir radieux est en train de s'offrir à moi et je compte bien profiter de chaque seconde.
Hello Hello mes loulous ❤️
Comment allez-vous ?
Qu'avez vous pensé de ce chapitre ?
Pleins de bisous 😘
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