Chapitre 55. Et moi, je deviens quoi ?
✯Luna✯
Les rayons du soleil caressent ma peau, réchauffant chaque centimètre de mon épiderme. Mes doigts parcourent le clavier, martelant les touches, tandis que les pensées se bousculent dans mon esprit. L'inspiration me pousse à écrire toujours plus. À cette allure, l'article sur Becky G devrait être terminé avant midi.
La musique de Cristina se diffuse dans les haut-parleurs, m'embarquant dans chacune des paroles. Le nouvel album de Sebastián est une pure merveille. Chose que je n'ai d'ailleurs pas manqué de lui dire au cours de notre dernier échange de mail. Il sera bientôt de retour en ville et compte sur moi pour un nouvel article. J'ai hâte de le revoir. Quand je pense que l'une de mes idoles est devenue une amie, je me dis que mon boulot est quand même fantastique.
Relevant le nez, je scrute intensément l'horizon. Même si l'idée d'aller vivre à Miami m'enchante au plus haut point, Buenos Aires va énormément me manquer. Des tas de souvenirs sont rattachés à cet endroit. Mon amitié si précieuse avec Aly, mon premier boulot, mes retrouvailles avec Christopher. C'est ici que ma vie a pris un nouveau tournant. Un sentiment de nostalgie s'empare de mon cœur en repensant à tout ça.
Notre recherche d'appartement fait du surplace depuis quelques semaines. Nous avons visité quelques logements, mais aucun d'eux ne répondait à nos exigences. Chris doit aller en voir un dans l'après-midi. J'espère que ce coup-ci, ce sera le bon. Vivre loin de lui, ne m'est plus envisageable. Ma perte de mémoire m'a fait prendre conscience que notre bonheur peut basculer à tout moment et qu'il faut que je profite de chaque moment passé à ses côtés.
La sonnerie de mon téléphone me tire de ma rêverie. Je souris en lisant le nom de l'identifiant : Aly.
— Salut, meilleure amie de mon cœur, m'exclamé-je en riant.
— Coucou ! répond-elle sur le même ton. On déjeune ensemble à midi ?
— Si tu veux ! On va manger un bout chez Miranda ?
— Ça roule ! Je te retrouve là-bas vers midi quinze.
— Impeccable, à tout à l'heure, ma belle.
Quand je raccroche, la culpabilité s'empare de moi. Alyana n'est toujours pas au courant du fait que je veuille quitter Buenos Aires. Le courage m'a manqué chaque fois que j'ai voulu lui en parler. Ça fait un mois que je suis rentrée de Miami, et depuis, je ne cesse de lui cacher la vérité sur mon départ imminent. Pourtant plus j'attends et plus ce sera difficile. Chassant mes mauvaises pensées, mon esprit se replonge dans mon article.
Peu avant l'heure du déjeuner, je quitte mon appartement pour rejoindre le restaurant de ma propriétaire. En y repensant, il y a des semaines que je n'ai plus eu de ses nouvelles. J'espère que tout va bien. Arrivée devant l'entrée, l'étonnement s'empare de moi. Peu de voitures sont stationnées devant la bâtisse.
Étrange pour un jour de semaine.
Jetant un coup d'œil à ma montre, il me reste encore dix minutes avant que ma meilleure amie n'arrive. Prenant les devants, je décide d'aller nous prendre une table avec vue sur l'océan. Doucement, je pousse la grande porte vitrée. Le tintement de la sonnette attire l'attention des quelques clients présents, qui se retournent vers moi. D'un pas rapide, un homme d'une trentaine d'années arrive dans ma direction. Sa mine est triste et guère accueillante. Malgré moi, j'arque un sourcil d'incompréhension.
— Bonjour ! dit-il précipitamment. C'est pour déjeuner ?
— Euh... oui, réponds-je décontenancée par son empressement.
— Très bien, je... euh... Je peux vous proposer une table dans le fond !
Sa voix déraille par moment. Clairement, il cherche à retenir ses émotions. Toute cette situation me paraît étrange. Miranda n'aurait jamais confié son enseigne à un homme aussi peu qualifié que celui qui se trouve devant moi.
— Où est Miranda ? demandé-je.
Il déglutit, essayant tant bien que mal de ravaler un sanglot. Soudain, je comprends. Une boule se loge dans ma gorge, alors que j'attends une réponse de sa part.
— Miranda nous a quittés. Elle est décédée hier matin.
Cette annonce me fait l'effet d'une gifle.
— Mais elle m'avait dit que toutes ses analyses étaient bonnes ! Qu'elle était en rémission !
— Nous le croyions aussi, mais son cancer a fait un retour foudroyant. Il y a un mois elle a été admise à l'hôpital. Les médecins l'ont placée dans le coma et hier matin, son cœur a lâché.
— Toutes mes condoléances ! soufflé-je, encore abasourdie.
— Je vous remercie. Vous connaissiez bien, Miranda ? Je suis Mickaël, son fils.
En disant cela, il mime des guillemets. Une nouvelle fois, je reste sans mot. À croire que je ne connaissais pas Miranda aussi bien que je le croyais. Je ne savais pas qu'elle avait un fils.
— J'ignorais que Miranda avait un fils, désolée. C'était ma propriétaire et une bonne amie. Elle m'a épaulé quand je suis arrivée en ville.
— Elle n'avait pas d'enfant, mais elle s'est occupée de moi quand mes parents biologiques sont morts. Elle m'a prise sous son aile et m'a presque élevé. Nous n'avions pas le même sang, mais elle était ma mère malgré tout. Vous êtes Luna ?
— Oui, c'est moi.
— Elle me parlait souvent de vous, avoue-t-il, rêveur.
— Quand auront lieu ses funérailles ?
— Jeudi à dix heures.
— Très bien, j'y serai.
— Vous désirez tout de même déjeuner ? me demande-t-il gêné.
— Non, désolée. Je n'ai plus très faim.
— Je comprends. Bonne journée.
Je lui offre un sourire qui se veut compatissant, avant de tourner les talons et de rejoindre le parking. Alors que je sors du bâtiment, je bouscule ma meilleure amie.
— Bah, Luna, tu fais une tête bizarre !
— Je viens d'apprendre une mauvaise nouvelle.
— Oh !
Sa bouche s'ouvre en un « O » de surprise, puis ses yeux me détaillent, cherchant une explication.
— Miranda est décédée.
— Oh, ma belle ! se lamente-t-elle.
Sans en dire plus, ma meilleure amie me prend dans ses bras. Quelques larmes m'échappent, tandis que le souvenir de ma rencontre avec cette femme adorable me revient en mémoire.
Ça faisait tout juste une semaine que je bossais pour le journal et deux que j'étais arrivée en Argentine. J'étais une gamine totalement perdue. Mon meilleur ami me manquait atrocement et je me retrouvais seule dans un pays que je ne connaissais qu'au travers des paysages de cartes postales.
Nina avait insisté pour que nous allions manger un bout après l'entrevue avec Ricky Martin. C'était la première célébrité que je rencontrais et pour être honnête j'avais été très impressionnée. Arrivées devant le restaurant, la devanture ne payait pas de mine, pourtant la vue, une fois sur le balcon, m'avait coupé le souffle. Cet endroit était tout simplement magique. Miranda était venue à notre rencontre, saluant amicalement ma directrice de stage. Tout en discutant, elle m'avait appris qu'elle était propriétaire d'un appartement dans le centre de Porto Madero. Il ne m'en avait pas fallu plus pour sauter sur l'occasion. Par la suite, Miranda m'avait prise sous son aile, en m'aidant à m'installer. Elle m'avait aussi aiguillé dans toutes les démarches administratives que j'avais dû faire pour que mon installation sur le sol argentin soit validée.
Miranda était une femme dotée d'un cœur en or. Les premiers mois quand mon salaire n'était pas mirobolant, elle ne m'avait pas fait payer le loyer de l'appartement. Elle tenait simplement à ce que je participe aux charges. Je m'en veux de ne pas l'avoir rappelée ni même d'avoir pris de ses nouvelles. Elle va énormément me manquer.
Quand mes larmes se sont taries, nous convenons de nous retrouver ce soir. Elle doit repartir bosser et moi, j'ai un article à publier et des photos à traiter sur Lightroom.
Ma concentration n'est pas exceptionnelle cet après-midi. Beaucoup de souvenirs avec Miranda me reviennent en mémoire, obscurcissant chaque fois un peu plus mes pensées. Une fois le traitement des photos terminé, je m'affale dans le canapé en attendant l'arrivée d'Aly. Vu l'heure, elle ne devrait pas tarder à franchir le pas de la porte.
Toujours assise sur le sofa, je regarde ma meilleure amie qui s'affaire en cuisine pour nous servir deux verres de pinot blanc. Le bruit des verres qui s'entrechoquent me ramène à l'instant présent. Une nouvelle fois, je m'étais égarée dans mes pensées. Son sourire est radieux. Nul doute que son beau Cubain en est une nouvelle fois la cause. Et plus je la regarde, plus je me sens coupable du secret que je lui cache. Les jours défilent et chaque fois, le courage m'abandonne un peu plus. Ce que j'ai à lui dire risque de ne pas lui plaire du tout et je sais qu'une dispute va être inévitable. Bien qu'au fond j'espère qu'elle va comprendre
— Comment tu te sens ? me demande-t-elle.
— Je pense beaucoup à Miranda, c'était une personne fantastique et elle va me manquer.
— Au moins, elle ne souffre plus.
— C'est bien vrai. Son cancer était très agressif la première fois et le revers qu'elle a subi a dû être brutal. Je m'en veux de ne pas avoir pris de ses nouvelles, mais avec tout ce qu'il s'est passé entre Chris et moi, j'ai un peu perdu le sens des réalités.
— Ne t'en veux pas, ma belle. Si on avait conscience de la finalité des évènements, nous agirions tous différemment et nous craindrions tous notre avenir. Nous nous contenterions alors de survivre au lieu de vivre pleinement.
— Depuis quand Alyana Balsano est-elle devenue aussi philosophe ?
— Depuis cet instant, rit-elle.
Sa remarque me fait sourire.
— Luna, dit-elle en redevenant sérieuse. Tu me sembles étrange depuis quelques jours, tu es sûre que tout va bien ?
Et voilà.
Le moment que je redoutais vient d'arriver. Elle vient de me tendre la main pour que je lui parle de mes projets d'avenir et en particulier celui qui inclut de quitter la ville.
— Tu as raison, il y a quelque chose dont il faut que je te parle.
Impossible de reculer maintenant.
Allez, Luna, jette-toi à l'eau.
— Oui, répond-elle la mine inquiète.
— Chris et moi avons beaucoup discuté et pour moi, il serait plus logique d'aller vivre à Miami.
Les yeux d'Alyana s'ouvrent en grand. Portant son verre à ses lèvres, elle boit une longue lampée d'alcool, avant de reposer le contenant un peu brutalement sur la table.
— Tu es... Tu es en train de me dire que tu comptes aller vivre aux États unis ?
— Aly... tenté-je.
— Non, non, non... Tu vas partir à Miami ? Et moi ? Et notre promesse de toujours rester ensemble ?
— Aly, ce n'est pas contre toi, mais mon boulot pour les garçons sera plus facile si je suis avec eux, tu comprends ?
— Non ! rétorque-t-elle sèchement. Je ne comprends pas. Tu vas me laisser toute seule ici ? Je fais quoi, moi ? J'attends que ton emploi du temps de ministre s'allège pour qu'on puisse se voir ? s'énerve-t-elle.
— Ne sois pas méchante, s'il te plait. Tu sais que je fais ça pour une question de praticité.
— Je n'en ai rien à faire de ta praticité ! Tu t'en vas parce que Chris est là-bas, me reproche-t-elle violemment.
Sa réflexion me fait mal. Sa réaction est compréhensible, mais ses paroles n'en restent pas moins dures.
— Bien sûr que j'y vais aussi pour Chris. Alyana c'est mon copain, et je pense qu'on a assez souffert comme ça. On a besoin d'être ensemble.
— Tu n'as pas pensé à moi ! dit-elle, visiblement blessée.
— Viens avec moi, Erick sera heureux de t'avoir avec lui.
— Nous n'avons jamais évoqué cette option. Je crains que notre relation n'en soit pas encore là et puis... Et puis ici, j'ai mon père. Je ne peux pas tout abandonner comme toi, tu es en train de le faire.
— J'y ai beaucoup réfléchi. Mon blog peut se faire de n'importe où et mon boulot de photographe me pousse à être au plus près des garçons. Ne m'en veux pas, Aly, ajouté-je triste.
Ma meilleure amie me regarde, les larmes aux yeux, puis se lève sans dire un mot.
— Aly, l'interpellé-je.
Sans m'adresser un regard, elle quitte mon appartement. La porte claque après son passage. Quelques secondes plus tard, je l'entends jurer depuis le palier. Un long soupir de frustration, mêlé à de la culpabilité m'échappe. Mon corps, lui, s'affaisse dans les coussins du canapé. Rattraper le coup entre elle et moi ne va pas être simple.
🌸Hola mi gente🌸
Eh bien nous y voilà, il ne nous reste plus que 9 chapitres avant la fin de l'aventure. Préparez vos petits cœurs, mes petits chats 🐱❤
Ici, nous retrouvons notre Luna pour un moment difficile. Elle vient d'apprendre une mauvaise nouvelle et Aly lui fait la tête. Eh bah, on est bien !!!! C'est la mer** !!! *Audrey a encore frappé*
Je vous embrasse et je vous dis à mercredi ❤😘
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