Chapitre 47. Loja
🎶Christopher 🎶
Mes yeux parcourent ce message, son message pour la centième fois en trois jours. Quant à mon cerveau, lui, ne sait plus vraiment où il en est. Répondre à Luna m'a tout simplement été impossible. Les mots n'étaient jamais les bons, parce qu'au fond de moi, je ne sais pas ce que je ressens face à cette révélation. Ce souvenir lui est clairement revenu. Elle se souvient du moindre détail de cette journée, jusqu'au parfum que je portais ce soir-là. Je devrais être heureux, et pourtant, je n'arrive pas à l'être. Il y a un truc qui cloche chez moi, c'est certain. Y'a un mois, j'aurai tout donné pour qu'elle se souvienne, ne serait-ce que d'un infime détail, et maintenant, impossible de réagir.
Je suis un crétin. Certes, mais un crétin au cœur anesthésié par la peur de souffrir une nouvelle fois.
Après encore quelques secondes d'hésitation, je pose mon cellulaire sur la table de chevet, et file rejoindre mon frère, ma mère et ma grand-mère dans le salon pour le petit déjeuner.
— Bonjour, annoncé-je en arrivant.
— Bonjour, mon chéri ! répond ma mère.
J'embrasse maman et ma grand-mère, puis salue mon frère, avant de m'installer autour de la table.
— Tu as bien dormi ? s'inquiète maman.
— Ouais, en le disant vite !
— Il va falloir que tu arrives à te reposer, Christopher, sinon tu ne vas pas tenir longtemps.
— Je sais, maman ! Mais je n'y arrive pas. Mon cerveau turbine bien trop fort pour me permettre de fermer l'œil.
Elle me regarde avec des yeux remplis d'amour et de compassion. Je sais qu'elle s'inquiète pour moi. Après tout, c'est son rôle de mère. Tendrement, je prends sa main dans la mienne et la serre.
— Ça va aller, ne t'en fais pas. Le temps fera son œuvre !
Elle m'offre un faible sourire qui suffit à réchauffer un peu mon cœur.
— Tu veux faire quoi aujourd'hui ? intervient Jonathan, en terminant son café.
— J'avais pensé que nous pourrions aller faire du quad dans les terres.
— Très bonne idée ! On part quand tu veux !
— Je file prendre une douche et je te rejoins.
— Ça roule ! Allez, bouge tes fesses, petit frère !
Après avoir pris une douche rapide et m'être habillé simplement, je file au garage où mon frère m'attend. Enfilant nos casques, nous prenons place sur nos quads respectifs.
Ça fait déjà presque deux heures et demie que Jonathan et moi roulons dans les bois de Loja. Ce sentiment de liberté est tellement agréable. Mes idées noires ont été reléguées au second plan, laissant le temps de quelques heures, mon cœur en paix. Nous nous arrêtons sur un petit pic rocheux. Retirant mon casque, je m'assois sur le bord de la falaise, les jambes dans le vide et mon regard se fixe sur l'horizon. L'air frais me balaie le visage. Soudain, un cri s'échappe de ma gorge, faisant sursauter mon frère à mes côtés. Là, face à l'immensité, toutes les émotions qui se bousculent dans mon cœur depuis trois mois explosent et je hurle à m'en déchirer les poumons. Ici, je libère toute la pression que j'ai subie.
— Tout va bien, Chris ? me demande mon frère.
Je me tourne vers lui. Son regard sur moi se veut inquiet.
— J'ai connu des jours meilleurs, mais j'essaie d'avancer. C'est d'ailleurs pour ça que je suis ici. Être avec vous me fait du bien.
— C'est à ça que sert une famille !
— Ce n'est pas faux ! souris-je.
— Tu n'as pas de ses nouvelles ? À moins que tu n'en veuilles pas ?
—Bah, en fait, j'ai reçu un message il y a quelques jours, mais je n'ai pas eu le courage de lui répondre. Elle s'accroche et je ne sais pas pourquoi. Il y a des semaines, j'aurais donné ma vie pour qu'elle m'accorde de l'attention et maintenant que j'ai accepté le fait qu'elle ne se souviendrait peut-être jamais de moi, la voilà qui lutte pour rester près de moi. Je suis totalement paumé.
— Ça peut se comprendre. C'est dur ce qui vous est arrivé. À Luna, parce que son accident aurait pu être dramatique et à toi, parce que tu as l'amour de ta vie qui t'a complètement zappé de sa vie. Mais tu ne crois pas qu'il aurait mieux valu que tu restes à ses côtés ? Je veux dire, Luna et toi c'est une histoire vieille de vingt-deux ans et s'il y a bien une personne qui peut l'aider, c'est toi !
— Je n'en sais rien, Jonathan, mais ce dont je suis sûr c'est qu'il faut que je protège mon cœur, qui a suffisamment morflé comme ça.
La main de mon frère se pose sur mon épaule et la presse, en signe de compréhension. Avec Jonathan, ça n'a pas toujours été l'amour fou, mais depuis que l'aventure CNCO a commencé, il est un de mes plus fervents supporters. Entrer dans le groupe m'a permis d'intensifier ce lien fraternel entre nous.
— Allez viens, on rentre !
— Je te suis !
Jonathan se lève et me tend sa main pour m'aider à faire de même. Sans que je m'y attende, il m'offre une étreinte fraternelle.
De retour à la maison, nous aidons Buela à préparer le repas de midi. Maman ne devrait pas tarder à rentrer du boulot. Tandis que, je m'occupe de la sauce pour la salade, mon téléphone se met à sonner. Lâchant les couverts, ma main l'extirpe de la poche arrière de mon pantalon. Un sourire naît sur mon visage quand je vois l'image de mon meilleur ami s'afficher.
— Salut, dis-je en décrochant.
— Hey ! s'enjoue Zabdi. Comment vas-tu ?
— Ça va un peu mieux, mais je n'arrive toujours pas à dormir ! avoué-je.
— Christopher, il faut que tu arrives à te reposer sinon je ne donne pas cher de ta santé.
— Je sais, mais qu'est ce que tu veux que je te dise ! Bon sinon, toi, comment ça va ?
— Bah écoute, nickel. Je profite de ces derniers jours de vacances.
— Vous êtes toujours à Buenos Aires ? demandé-je curieux.
— Non... Enfin Erick, oui. Il est resté avec Aly, mais Joël et moi on est rentré. Richard a fait une halte à New York pour voir un peu sa fille. Il devrait nous rejoindre à la fin de la semaine.
— D'accord ! De mon côté, je pense rentrer quelques jours avant le festival. Donc début de semaine prochaine.
— Ça marche !
Quelques secondes s'écoulent sans qu'aucun de nous deux ne parle. Une question me brûle les lèvres, mais je m'abstiens de la poser. C'est mon meilleur ami qui prend les devants.
— Tu as des nouvelles de Luna ? me demande-t-il.
Je sens dans sa voix que la réponse à sa question est déjà en sa possession, mais il veut me l'entendre le dire. Il veut que je lui dise, que le message, qu'elle m'a envoyé, est resté sans réponse. Un soupir s'échappe de ma bouche, tandis que je m'affale dans les coussins du canapé.
— Pourquoi je te répondrais puisque tu connais déjà la réponse mon pote.
— Bah je ne sais pas, peut-être pour me dire que tu es un crétin et que tu vas lui donner des nouvelles dans l'heure ?
— Je ne le ferai pas !
— Pourquoi ? m'engueule-t-il.
— J'en sais rien, Zabdi, j'en suis incapable.
— Mais, Chris ?
— Quoi ? m'agacé-je.
— Bah, elle s'est souvenue de quelque chose d'important quand même ! Ce n'est pas un truc anodin.
— Ça lui est sans doute revenu, parce que je lui ai raconté ça. Ce n'est rien d'exceptionnel.
Mensonge, hurle ma conscience.
Elle a raison. Au contraire, c'est important. Ce souvenir lui est revenu de façon très nette et je crois que c'est ça qui me fait peur. Qu'elle arrive à se souvenir, mais que ses sentiments ne reviennent pas. Elle pourrait très bien se souvenir de moi comme d'un très bon ami et rien de plus. Et franchement, la friendzone, très peu pour moi.
— Tu es vraiment un idiot, Christopher ! Tu ne te dis pas que c'est peut-être le début, que son amnésie s'estompe et que ton souvenir est en train de lui revenir ?
Je reste silencieux. Sa question a-t-elle vraiment besoin d'une réponse ? Mon silence parle pour moi.
— Christopher, s'il te plait, fais-moi plaisir et envoie-lui un message. Dis-lui, que tu es heureux et que tu espères que ce ne soit que le commencement. Et puis, franchement, dis-lui qu'elle te manque, parce que je sais que c'est la vérité. Tu fais ton dur à cuire, mais au fond elle te manque atrocement. Je te connais depuis le temps.
— Bien sûr qu'elle me manque ! Ne me fais pas dire, ce que je n'ai pas dit !
— Eh bah alors ! Je ne comprends pas ton raisonnement, là !
— Je ne comprends pas moi-même ce qu'il se passe dans mon cerveau... et surtout dans mon cœur.
— Je peux comprendre... enfin non je ne peux pas comprendre, mais je peux imaginer. Bon, je dois te laisser, Joël veut aller faire un tour à la plage !
— Pas de soucis, à plus !
— À plus, mon pote.
Nous raccrochons de concert.
Après le repas, il est l'heure pour moi de rejoindre mon ami d'enfance. David. Il est de retour à Loja pour quelques jours et pour une fois que nos venues respectives coïncident, nous allons en profiter pour passer un moment ensemble. Ça fait une éternité que je n'ai plus eu l'occasion de le revoir. Mais David est le genre d'ami, que même si vous ne le voyez pas souvent, quand vous le retrouvez c'est toujours pareil entre vous. Sortant la voiture du garage, je ne cesse de penser à ce que Zabdi m'a dit un peu plus tôt. Peut-être qu'il serait temps que je mette ma fierté de côté et que j'avoue à Luna, que je suis heureux que ses souvenirs reviennent, et surtout, que quoi que je fasse ou quoi que je dise, elle me manque. Ce soir, je lui écrirai une réponse.
Garé devant la maison d'enfance de mon ami, je sors de la voiture et monte les marches du perron. À peine ai-je le temps de sonner que David ouvre déjà la porte.
— Salut, Chris ! s'exclame-t-il.
Nous échangeons une accolade amicale, et il se décale pour que je puisse entrer. La dernière fois que nous nous sommes vus, je venais juste de remporter La Banda et l'aventure de CNCO commençait à peine. Nous nous étions vus à Miami, avec ma famille comme il était venu assister à la finale.
— Bon alors, raconte-moi, comme ça va le succès ? s'enquit-il.
Je me mets à lui raconter les dernières aventures du groupe, ainsi que celle à venir. Bien sûr, il vient à me parler de Luna. Il a appris par Jonathan que j'avais retrouvé sa trace. Donc, me voilà en train de lui narrer les péripéties que nous avons traversées, elle et moi. David est très attristé par l'accident et encore plus par le fait que Luna m'ait oublié.
— C'est dur, ça ! Vous qui étiez inséparables.
Je hoche la tête et fais dévier le sujet de la discussion sur lui, pour faire diversion et ainsi lui cacher ma peine.
En milieu d'après-midi, nous nous retrouvons sur la terrasse à jouer de la guitare. L'idée nous est venue de faire une petite vidéo musicale comme nous le faisions avant. David décide de refaire une vidéo que nous avions déjà faite, il y a sept ans. C'est ainsi que nous commençons à jouer les premières notes que Te fuiste de aquí.
Au bout de vingt prises et quelques fous rires, la vidéo est enfin enregistrée. Mon ami se dépêche de la mettre en ligne pour la faire partager à ses abonnés, puis il m'envoie le lien pour que je puisse la partager sur mes réseaux sociaux. En quelques minutes, les réactions s'enchaînent. Les fans sont visiblement ravis de cette petite surprise et certains de leurs commentaires, me font vraiment chaud au cœur.
À mon retour, la maison est vide. Maman et Buela sont partis faire une promenade et Jonathan est rentré chez lui. Je file donc prendre une douche avant de me poser sur mon lit avec mon ordinateur. Il faut que je réserve mon billet de retour. Alors que l'ordinateur termine de s'allumer, mon téléphone se met à sonner. Malgré moi, une grimace se dessine sur mon visage quand le nom de mon manager s'affiche sur l'écran. Je sens que mes plans pour les prochains jours vont tomber à l'eau.
— Allô ! dis-je sans conviction en décrochant.
— Bonjour, Chris ! Comment vas-tu ?
— Ça va mieux, merci. Je crois que j'avais vraiment besoin de repos.
— Tant mieux ! Tu vas revenir en forme, c'est très bien, ça ! Si je t'appelle, c'est qu'une super opportunité vient de s'offrir à nous.
Qu'est-ce que je disais ?
— Je t'écoute !
— Le producteur du festival de Talca m'a contacté ce matin ! Le groupe qui devait clôturer le festival dimanche soir vient de les planter. Ils n'ont personne et presque soixante mille personnes sont attendues. Il m'a demandé si vous étiez intéressé ?
— Et qu'est ce que tu as dit ?
— Que j'allais voir avec vous... Enfin, surtout avec toi, je sais que je t'avais promis trois semaines de repos, mais c'est vraiment...
— C'est bon ! Je vous rejoins là-bas samedi.
— Vraiment ? Ça ne t'embête pas ?
— Bien sûr que ça m'embête, Renato, mais c'est aussi une opportunité en or pour le groupe et je sais où sont mes priorités.
— Tu es génial, Christopher !
— Ça va, n'en fait pas tout une montagne non plus ! ris-je.
— Oh que ça fait bien de te sentir plus détendu ! Bon allez on se voit samedi. Je me dépêche de t'envoyer ton billet dans la soirée.
— Super ! À plus, Renato !
— Bye.
Je raccroche et jette mon téléphone sur la couette. Comment toujours, notre planning se retrouve chamboulé à la dernière minute, mais c'est le jeu. Quand on devient célèbre, il faut accepter de voir son emploi du temps bouleversé régulièrement et puis, le festival de l'indépendance de Talca, c'est juste un des plus grands festivals de tout le Chili.
Hello Hello ❤️
Comment allez-vous ?
Notre Christopher se ressource auprès de sa famille et de ses amis 😊 On espère qu'il va nous revenir en forme ☺️♥️
Besitos 😘😘😘
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