Chapitre 46. Une pièce du puzzle
✯Luna✯
Ce bâtiment est immense. Le blanc immaculé de la façade contraste à peine avec le bleu du ciel. Si Zabdiel savait que je me trouve sur sa terre natale, il serait fou. Le soleil est à son zénith et il fait une chaleur étouffante. Le baromètre ne doit pas être loin de frôler les trente-cinq degrés. Devant le Coliseo, une foule de fans se presse contre les barrières, alors qu'il n'est que neuf heures du matin. Le concert n'aura lieu qu'à vingt et une heures. Je crois que je ne comprendrai jamais le délire de poireauter devant un bâtiment de la sorte. Surtout que pour une fois, toutes les places sont numérotées, et donc attribuées. Les ouvreuses seront là pour placer les gens.
No stress, les gars.
Un rire m'échappe en voyant une gamine de quatorze ans s'agiter dans tous les sens. Elle a l'air d'une folle et à en croire le regard de l'agent de sécurité à l'entrée du bâtiment, il pense la même chose que moi. Cette situation est tout à fait grotesque. Ce que je peux détester ce genre de fans ! Pour moi, ce n'est rien d'autre que des groupies, dont les hormones sont en surdoses.
À pas rapide, je contourne la bâtisse pour me rendre à l'entrée des artistes. Là, un autre gorille garde la porte. Lorsqu'il me voit, il se raidit et affiche un air sévère sur son visage. Croyez-moi, il n'en a pas besoin, il fait suffisamment flipper comme ça. Poliment, je me présente et lui indique que je suis attendue par l'artiste jouant ce soir. Perplexe, il saisit son talkie-walkie pour contacter un confrère à l'intérieur. Celui-ci lui répond par l'affirmative, et l'homme devant moi se détend un chouïa.
— Allez-y, il vous attend à l'intérieur.
Pour simple réponse, je lui offre un petit sourire auquel, il ne prend même pas la peine de répondre. Il m'ouvre la porte et je m'engouffre dans le bâtiment.
— Luna ! s'exclame une voix dans mon dos.
Je me retourne et découvre mon interlocuteur. Je n'ai pas le temps de lui répondre, qu'il me prend dans ses bras et m'offre une longue étreinte. Nous restons ainsi quelques instants. Je suis heureuse de le revoir. Depuis son coup de téléphone au début du mois de février, je n'avais plus eu de ses nouvelles.
— Salut, Sebastián ! m'enjoué-je.
— Comment vas-tu, ma belle ? me demande-t-il.
— Très bien et toi ?
— Ça va super ! Je suis surexcité à l'idée de me produire ici, ce soir !
— Tu m'étonnes ! C'est grandiose. Combien de personnes sont attendues ?
— Vingt milles !
Ma bouche s'ouvre en un « o » de surprise. C'est extraordinaire. Remarque, rien de bien surprenant au vu du talent de mon ami. Sebastián attrape mon bras et m'entraîne faire un tour du propriétaire. Il m'explique l'histoire des lieux. En fin de matinée, il se met en place pour les soundchecks. Assise dans les premiers rangs, je ne perds pas une miette de cette répétition. Sortant mon matériel, il m'est indispensable de capturer ces moments où Sebastian ne fait aucun chichi, où il est juste lui sans aucune pression. J'en profite aussi pour faire quelques story pour informer mes abonnés Instagram de ma présence au Coliseo.
La vidéo à peine postée, Zabdiel m'envoie un message en me disant de profiter. Il me promet aussi qu'un jour, il me fera visiter son pays. Je lui réponds que je n'attends que ça. Porto Rico est un lieu fantastique qui regorge de merveilles à découvrir et le faire avec lui serait extraordinaire.
Après que les essais sons soient terminés, Sebastian me rejoint. Il m'invite à le suivre dans sa loge, pour que nous puissions déjeuner tranquillement et profiter d'un moment tranquille pour faire notre interview.
— Alors, dis-moi, c'est quoi tes projets pour la suite ? le questionné-je.
— Eh bien, une tournée en Europe, ainsi que ma première tournée américaine. J'ai vraiment hâte de vivre tout ça. Quand j'ai commencé à chanter en 2010, vivre, tout ça m'était totalement impensable.
— Je me doute, enfin... je peux imaginer.
— Et pourquoi pas faire une collaboration avec les CNCO, me sourit-il. Mon manager est en pleine négociation avec leur maison de disque et Kevin, qui est leur... hésite-t-il.
— Le deuxième manager, dis-je. Il est beaucoup moins commode que Renato, mais tout aussi bon professionnellement parlant. Si tu veux, je tenterai d'en toucher un mot à Renato quand je le verrai ?
— Oui, volontiers. J'aimerais vraiment faire quelque chose avec eux.
— Je pense sincèrement qu'ils seraient partants, eux aussi.
Un sourire naît sur mon visage à la simple idée de penser que mon idole et mes amis pourraient collaborer. Ce serait totalement fou.
— Bon et toi, Luna ?
— Quoi, moi ? demandé-je, étonnée.
— Tu as quelque chose de changé, ma belle, annonce-t-il.
— Ça se voit donc tant que ça ?
— Tu es complètement éteinte, triste et je dirais même perdue. Tu n'es plus la même. Ça ne va pas mieux ici ?
Il me montre sa tempe, pour me faire comprendre qu'il me parle de mon amnésie.
— Non, réponds-je en baissant la tête.
Délicatement, ses doigts glissent sous mon menton pour me le soulever. Son regard noisette capte le mien.
— Ne t'en fais pas, ça va aller.
— Vous me dites tous la même chose, mais moi, tout ce que je vois pour l'instant c'est que plus ça va plus je m'enfonce. Christopher m'a tourné le dos et franchement... je le comprends.
— Luna, ma belle !
Sebastián attrape ma main dans la sienne et la presse avec délicatesse. Son pouce caresse ma peau, me faisant lever les yeux vers lui.
— Je te connais depuis quoi ? Presque deux ans ?
Je hoche la tête pour confirmer ses dires.
— Et s'il y a bien une chose dont je sois sûr, c'est que tu es une femme forte. Une vraie battante. Regarde quand Christopher a déboulé une nouvelle fois dans ta vie, tu as mené un combat acharné pour arriver à lui pardonner son abandon et après, vous avez lutté tous les deux contre son manager... Donc ne te fais pas de soucis, ta mémoire te reviendra. Et puis, comment pourrait-il en être autrement ? Tes souvenirs ne se sont pas envolés, ils sont juste très bien cachés dans ton esprit.
— Merci, Sebastián.
— À ton service !
L'après-midi est passé à une allure folle. Pendant que Sebastián est allé se reposer à son hôtel, j'en ai profité pour me prélasser sur le sable fin de la plage. Toujours dans le but de stimuler ma mémoire, j'ai regardé toutes les performances de Christopher durant l'émission qui lui a permis de rejoindre le groupe. Et s'il y a bien une chose qui soit indéniable, c'est qu'il a un talent fou. Sa voix à la fois douce et puissante lui permet de s'adapter à toute sorte de chanson. Alors que la vidéo de sa dernière performance à la banda commence et que la musique de Hoy tengo ganas de ti débute, mon esprit est une nouvelle fois parcouru par un flash spontané et bref. Une douleur lancinante me parcourt le crâne, me faisant grimacer.
Lorsque la douleur s'estompe et que je repends mes esprits, je lance une nouvelle fois la chanson. J'ai la nette impression que ces flashs sont des signaux envoyés par mon cerveau, qui commence doucement à faire du tri dans mes souvenirs. Mais ces bribes sont beaucoup trop floues pour arriver à discerner quoi que ce soit.
Rangeant mon téléphone dans ma poche, il est temps pour moi de rejoindre le Coliseo. Les journalistes et photographes sont priés de se présenter deux heures avant le show afin de pouvoir s'installer comme il se doit et puis, il faut que je récupère mes affaires dans la loge de Sebastián.
Il est vingt heures. Les portes sont ouvertes au public depuis presque une demi-heure et déjà une foule impressionnante s'amasse dans les gradins. De mon côté, tout est opérationnel. Sebastián a veillé à ce que l'on m'accorde la meilleure place pour que je puisse faire de fabuleuses photos. Ça va être grandiose.
Une heure plus tard, les lumières s'éteignent et les spots de la scène s'éclairent. Les musiciens viennent prendre place. Ils jouent quelques notes, celles des chansons les plus connues de Seb. La foule est dans un état d'hystérie incroyable. Certains applaudissent, d'autres pleurs, tandis que d'autres entonnent déjà à pleins poumons les paroles de quelques chansons. Il me semble par moment reconnaître le rythme de Traicionera.
Puis, Seb finit par faire son entrée sur scène. Appareil photo en main, je mitraille mon ami tandis qu'il se donne à trois cents pour cent pour son public. Il enchaîne entre balade et mélodie entraînante. Pendant près de deux heures, il met le feu. S'il y a bien une chose que nous ne pouvons pas lui reprocher, c'est que lorsqu'il est sur scène, Sebastián ne ménage pas ses efforts.
À la fin du concert, mon ami m'invite à me joindre à eux pour fêter la réussite du show, mais je dois décliner l'invitation.
— Pas de soucis, ma belle ! On se voit bientôt ?
— Dès que tu passes à Buenos Aires, fais-moi le savoir ! souris-je.
— Ça marche ! Et Luna ?
— Oui !
— N'oublie pas ce que l'on s'est dit ce matin !
— Ne t'inquiète pas !
Sebastián me fait un clin d'œil, avant de me prendre dans ses bras pour me souhaiter une bonne fin de soirée et un bon retour à la maison.
*****
Il est vingt heures lorsque je passe la porte de mon appartement. Dire que je suis fatiguée n'est pas assez fort comme mot. Le vol a été atrocement long et ne parlons même pas de l'escale à Bogota où les contrôles de sécurité ont été un enfer. Après avoir déposé ma valise dans un coin de ma chambre, je lance une playlist sur mon téléphone et tout en me déshabillant, je gagne ma salle de bain.
L'eau chaude, presque bouillante, détend mes muscles qui sont aussi tendus que la corde d'un arc. Quelques paroles de Think about us m'échappent, tandis que je me savonne. Une fois rincée, j'enroule une serviette autour de mon corps, puis sors de la douche.
En pyjama, c'est ordinateur et carte SD en main que je file m'installer sur mon lit. Avec entrain, je fais défiler les photos du concert de Sebastián sur l'écran de mon ordi. Elles sont splendides, mais après traitement, elles seront sensationnelles. Rapidement, j'envoie un message à Seb pour le remercier de l'invitation au concert et pour tout ce qu'il m'a dit. Sa réponse ne se fait pas attendre et il me dit avoir hâte de voir le résultat final des clichés. Demain à la première heure, mon objectif sera de les traiter et d'écrire un super article. Un artiste aussi fantastique que lui, mérite le meilleur des articles. Plutôt satisfaite par mon travail, une fois les photos toutes importées, je retire la carte SD de l'encoche et me lève pour aller la ranger.
Alors que je dépose le petit objet sur le plateau en verre de mon bureau, mes yeux sont attirés par quelque chose de singulier, d'unique. Ma main attrape ce petit bijou. Un joli bracelet que le temps a poli. Il est par endroit un peu abîmé, mais en reste pour le moins magnifique. Soudainement, un flash traverse à nouveau mon esprit.
Il faisait agréablement doux en cette journée de décembre et c'était tant mieux. Papa et maman étaient enfin rentrés. Six mois sans les voir, ça avait été très difficile. Heureusement que Piedad et Yenny étaient là pour prendre soin de moi. C'était avec le sourire aux lèvres que je m'étais levée. C'était mon anniversaire. Mes parents avaient prévu de fêter ça en grand. Quelques membres de la famille devaient être présents, tout comme quelques-uns de mes amis les plus proches, dont David, Emett, Yam et Jackson.
Après avoir passé la journée à tout installer, nous étions fin prêts à accueillir nos convives. Je terminais de me préparer quand la sonnette retentit une première fois. Une voix familière me parvient jusqu'aux oreilles. Cette voix si pure si cristalline, je saurais la reconnaitre entre des centaines d'autres. Christopher. En vitesse, j'enfilais mes chaussures et descendis rejoindre mon ami dans le salon. Je le trouvais accoudé à la rambarde des escaliers, son téléphone dans les mains. Par surprise, j'arrivais derrière lui et sautais sur son dos. Il se mit à rire. Son rire si communicatif entraîna le mien. Quand il m'avait reposé sur le sol, je m'étais permise de le détailler. Il portait un jeans noir, troué au niveau des genoux, avec un tee-shirt blanc. Par-dessus, il avait passé une chemise en jeans, dont il avait laissé les boutons ouverts.
— Bon anniversaire ! avait-il claironné.
Me prenant dans ses bras, les effluves de son parfum ambré vinrent me caresser les narines. J'adorais quand il portait ce parfum. Mon ami me fit un bisou sur la joue.
La fête était fantastique. Tous les gens auxquels je tenais m'avaient fait l'honneur de leur présence pour partager avec moi ce repas d'anniversaire. Au moment de souffler les bougies, Christopher se tourna vers moi et me tendit un petit écrin en velours rouge grenat.
— Je voulais quelque chose qui te représente... Quelque chose qui te rappelle tous les jours que...
Le flash s'arrêta à cet instant.
Oh bordel de merde.
Un sourire naît sur mon visage quand je comprends que mon cerveau vient de débloquer un souvenir. Celui correspondant au jour où, Christopher m'a offert ce bracelet. Il m'avait parlé de ce jour-là, le soir du réveillon, quand je lui avais demandé de me venir en aide. C'est le cœur au bord des lèvres que je repars dans ma chambre pour prendre mon téléphone. Composant son numéro, je porte le combiné à mon oreille. Il doit savoir. Il a le droit de savoir que le premier fragment de mon passé a refait surface. Pourtant, il ne me répond pas. Je réessaie, mais rien.
— Bordel, Christopher, pesté-je.
Ne me dégonflant pas pour autant, j'ouvre la boîte de dialogue sur WhatsApp. Mes doigts glissent sur l'écran à la vitesse d'une fusée. Je ne tiens tout simplement plus en place. Tout est enfin en train de se remettre en ordre dans mon esprit. Si ce souvenir est revenu, les autres suivront, je n'en doute plus.
À Christopher :
Chris,
Je sais que tu as voulu prendre tes distances avec moi, mais crois-moi, je n'essaierais pas désespérément de te joindre si cela n'était pas important. Chris ! Un premier souvenir m'est revenu. Celui de mon anniversaire. Celui de mes quinze ans, ce jour où tu m'as offert le bracelet. Je m'en souviens clairement. Je me rappelle l'étreinte que tu m'avais donnée après que je t'ai sauté sur le dos. Ce soir-là, tu portais le parfum ambré que j'aimais tant. Je sais même que tu portais ta chemise en jeans préféré avec un pantalon noir dont les genoux étaient troués. Ta grand-mère détestait que tu le mettes.
Pour l'instant, c'est encore un peu le chantier dans mes méninges, mais ce souvenir c'est le début, Chris... je sais... je le sens ! Tout va me revenir !
Rappelle-moi, s'il te plait ! Je voudrais te parler.
Xx Luna.
Après avoir relu ces quelques mots, je repose mon téléphone sur ma table de chevet, croisant les doigts pour qu'il me rappelle rapidement. Maintenant, plus que jamais, j'ai besoin de lui pour tout faire remonter à la surface.
Coucou mes petits Pandas 🐼
Comment allez-vous ? Votre rentrée s'est bien passé ?
Ça y est on y est !!!!! 🤩 Luna a eu un flash, un souvenir... on dirait bien que le verrou de son esprit vient d'être ouvert 😍 Moi je dis, les prochains chapitres promettent d'être intenses 😍🥺♥️
🎶Petite pause musicale🎶
Voici la chanson qui aide Luna à se souvenir 😍
[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]
Besitos 😘😘😘😘
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